« L'indifférence est notre béquille, à nous les misanthropes. »
(Léo Ferré)
« A la lumière obscure
Je te croise enfin
Mon dieu que tu es belle
Toi la seule toi l'ultime »
(Damien Saez, J'veux qu'on baise sur ma tombe)Santana détestait l'avion. Elle avait pris pour habitude de dormir, un bandeau noir sur les yeux qui cachait avec élégance ses yeux de la lumière toxique des avions. On lui tapota sur l'épaule.
- Réveille-toi ! Réveille-toi Santana !
L'adolescente enleva son bandeau et regarda sa mère, énervée.
- Quoi ?
- On va arriver !
- J'ai ma ceinture, je me reposais tranquillement mais non évidemment tu étais incapable de me laisser tranquille !
La mère de Santana soupira. Avec ses lunettes de soleil et sa coiffure asiatique fofolle, on aurait dit une sorcière toute droit sortie d'un Miyazaki.
- Toujours aussi désagréable...
- Toi toujours aussi chiante... ça te gratte depuis que l'autre chimpanzé t'a largué ?!
La mère de Santana frappa sa fille à l'épaule.
- Ne me parle pas sur ce ton !
- Aïe ! Maman arrête, sale folle !!!
Santana la tapa en retour. Les stewards se demandaient s'ils devaient intervenir.
- Je suis ta mère !
- Comporte-toi comme telle !!
- Ne me réponds pas !!
- J'peux pas m'en empêcher !!
Les deux femmes croisèrent les bras et cessèrent de se regarder.
- Si j'avais su, je serais partie en vacances toute seule ! grommela la mère.
- Si j'avais su, je me serais enfoncé un couteau de cuisine dans l'entrecuisse avant de partir, comme ça je serais morte dans l'avion d'une péritonite et tu aurais eu l'air vraiment conne !!
Mère et fille firent silence. La mère de Santana ricana.
- Oui c'est vrai, j'aurais eu l'air très conne !
Santana regarda sa mère et ricana à sa suite.
- On a l'air de quoi, là, on se dispute comme des folles et on rigole la minute d'après !
- Je suppose que c'est part du fait d'être une mère et une fille...
- Ouais... Khan sera bien chez grand-mère ?
- Oh ta grand-mère s'est mieux occupée de toi que moi-même quand tu étais petite. Tu ne te souviens pas ?
- ... un peu.
- J'espère qu'on va prendre du bon temps à Ho-Chi-Minh.
Santana plissa les yeux.
- Pourquoi toujours Ho-Chi-Minh d'ailleurs ? J'aimerais bien visiter Hanoi ou Da Nang...
- Ho-Chi-Minh c'est bien plus plaisant, Santana, crois-moi. J'y ai mes habitudes, les autres villes sont tellement banales...
- Si tu le dis...
L'avion atterrit. Santana soupira. Elle ne supportait vraiment pas ces néons.***
« La vie est compliquée. »Santana ouvrit les yeux. Elle regarda le réveil. Il était encore assez tôt. Elle se leva cependant.
« La mienne passe à mille à l'heure. L'an passé encore, ma mère était avec celui qu'elle appelait « l'amour de sa vie », « mon beau-père », « son étalon d'amour », et là elle se retrouve seule. Et tout passe très vite. Et c'est presque effrayant. »Santana prépara son petit déjeuner. Une fois tout en ordre, elle s'installa à la table et déjeuna toute seule dans la grande cuisine.
Une fois cela fini, elle alla s'apprêter dans la salle de bains.
« J'ai peur de la vitesse avec laquelle les choses arrivent. J'ai peur d'être un jour arrivée à vingt ans sans avoir rien accompli d'autre que de remuer mon petit monde avec mes sarcasmes. Pourquoi vingt ans ? Parce que trente, ce sera déjà trop. J'espère être morte à trente ans. »Sous la douche, Santana a pour habitude de rester cinq bonnes minutes sous l'eau chaude. Elle regarde devant elle et elle laisse couler l'eau. Comme pour méditer.
« Je sais que c'est con d'avoir peur de vieillir à seize ans. Je me sens très conne, rassurez-vous. Je suis Santana Lan, fille de Sara Lan, et je suis déjà terrifiée par l'évolution organique de mon corps alors que je sors à peine de la puberté. »Santana sort de la salle de bain dans un peignoir en satin. Qu'elle trouve ridicule. Mais bon, ça fait classe. Elle va dans le salon et se tient aux nouvelles. Sa mère arrive à ce moment.
- Bonjour Maman.
- Hm.
- Bien dormi ?
- ... y'a eu mieux.
Sa mère va vers la cuisine. Santana soupira.
« Avant, je ne comprenais pas le besoin obsessionnel de ma mère d'être avec quelqu'un. Maintenant, je le comprends. J'ai une cible en vue, et je ne compte pas la lâcher à moins d'être sûre qu'il y ait quelque chose à tenter. »Santana entendait sa mère préparer son déjeuner dans la cuisine.
- ... Santana, j'arrive pas à allumer le micro-ondes !
Santana leva les yeux au ciel.
***
Santana arriva à l'école, pas plus heureuse qu'à l'accoutumée.
« Quand les gens normaux arrivent à l'école, ils voient des gens. Moi je ne vois qu'un ramassis de tocards, des connards arrogants, des pétasses en minijupe. Les vrais gens, c'est dur de les voir. »Elle croisa Walter qui la salua. Elle le salua en retour, mais elle ne l'aida pas à monter sa rampe. Santana n'avait qu'une envie : Être à l'intérieur, se poser quelque part et attendre, un cours après l'autre.
Une fille bouscula Santana.
- Oups ! Pardon !
- Pardon ?! C'est tout ? Tu me rentres dedans et tout ce que tu trouves à dire c'est pardon, espèce de vache ?
La fille regarda Santana, étonnée.
- Dégage, pauvre truffe ! Une fille incapable d'en éviter une autre sur un chemin dégagé, j'appelle ça une méga godiche de première classe !!
La fille s'éloigna, soufflée. Santana soupira.
- La journée commence TRES BIEN !
Elle arriva vers la salle d'Histoire. « Vivement cet après-midi que je me farcisse une bonne option de derrière les fagots. »
Les jumeaux arrivèrent peu après elle. Ils ne la saluèrent même pas, pris dans une conversation de jumeaux. L'un des deux referma la fermeture éclair de l'autre. Santana plissa les yeux. « Ok, là c'est trop dérageant, même pour moi... »
Ce furent ensuite Mike, Steven, James et Fey.
- Grave, mec, je vais trop lui demander ! Dans la semaine au moins ! sourit Mike.
- Vas-y, tente ta chance, t'as rien à perdre ! sourit Steven.
- Evite quand même de te planter... marmonna James.
- Comment ça ?
- Tu peux être méga maladroit quand tu veux, Mike... marmonna James.
Fey leva les yeux au ciel. « Parce que monsieur est un modèle de délicatesse ?! »
Wallace arriva, suivi de Perrine, Naomi et Walter. Naomi salua Mike qui lui rendit son salut. Wallace remarqua Santana.
- Tiens, salut Yoko Ono !
« Je déteste ce mec. Je crois que je le déteste pour une simple raison... »- Bonjour à toi, Boy George de supermarché.
« Je pense que dans une autre vie, si on avait été hétéros tous les deux, on se serait sautés dessus dès notre première rencontre tellement on se ressemble sur le plan du caractère. Au lieu de ça, il est tellement gay et je suis tellement lesbienne qu'on est pire qu'un Mangriff et un Seviper... »- Tu sais, je suis toujours en pétard à cause de ma défaite de l'autre jour !
- Je suis ravie d'entendre que je comble astucieusement la solitude de tes nuits ! Ça fera au moins un homme que j'aurais comblé dans ma vie !
« C'est ce jour-là que j'ai commis une grave erreur. En fait je pensais qu'il savait que j'étais gouine. Mais a priori ce crétin est tellement crétin qu'il n'y avait même pas pensé. Et c'est ainsi que j'ai par inadvertance révélé à Wallace Gribble, mon ennemi juré, que j'étais lesbienne. »- Quoi... Q... Mais...
Santana écarquilla les yeux.
- La moindre réaction de ta part et je t'arrache les testicules avec mes ongles !!
- ... Ca explique beaucoup de choses !! sourit Wallace avec son air de diablotin.
- SI-LENCE !
- Wallace, voyons... soupira Perrine.
- Wallace, si tu t'en prends à elle sur ce point, tu seras tellement hypocrite que je refuserais de te prendre au sérieux par la suite ! admit Naomi.
- Pense à mes tantes !! grommela Walter.
Santana leva les yeux au ciel.
- Vous me débectez, tous les quatre, avec votre attitude bienpensante, c'est gavant !
Santana s'éloigna. Mais elle repéra Violette, Rebecca et Amélia.
- Je ne PEUX PAS y croire, Violette, comment as-tu osé !!!
- J'te demande pardon Rebecca, mais j'aime tellement la course !
- Non, non et non ! Je suis fâchée et il va falloir que tu mérites mon pardon !!
Violette baissa la tête.
« C'est une sensation que j'ai peu connue dans ma vie. Je ne suis pas une fille qui tombe amoureuse, j'ai eu des relations mais rien de très sérieux, rien de très tangible, aussi, au sens où c'était surtout basé sur une attirance physique, et sur le sexe, mais là... »Violette se mordilla les lèvres, subissant la vindicte de Rebecca.
- On était censées rester ensemble en gymnastique, zut ! A cause de toi je vais passer trois années horribles !
- Tu m'as toujours moi, Rebecca ! signala Amélia.
- ... Trois années horribles ! répéta Rebecca.
- Je suis vraiment désolée, j'ai pensé à ma note d'abord...
- Oui, tu as pensé à toi, comme un peu trop souvent... soupira Rebecca.
Violette se mordilla les lèvres. Santana plissa les yeux, observant comme un rapace.
« J'ai une mauvaise habitude, celle d'agir avec précipitation. »Elle se dirigea vers le groupe de filles.
- Mesdemoiselles, bonjour...
- Han non pas elle... soupira Rebecca.
Amélia esquissa un mouvement de la main. Violette salua en hochant la tête.
- Dans le cadre de notre travail commun, j'avais pensé qu'il serait fructueux que nous nous réunissions pour faire le point... Donc que vous veniez chez moi...
- Ha ! Alors ça c'est hors de question !
- Ou alors que je vienne chez l'une d'entre vous...
Amelia eut un petit rire. Rebecca secoua la tête.
- Non mais ma pauvre fille, tu débloques complètement !
Santana inspira.
- Très bien, Rebecca, nous aurons toutes les quatre un beau zéro à la fin de l'année. Ce n'est pas la première fois que je te le dis, mais bon, visiblement tu ne te laves pas beaucoup les oreilles parce que ça a du mal à rentrer...
- Rien ne m'oblige à t'écouter !
Rebecca partit, suivie d'Amélia. Violette regarda ses amies puis regarda Santana.
- ... Ce soir chez moi ? Après les cours ?
Le visage de Santana se déforma sous la surprise.
- ... Ok. Oui... D'accord.
Violette acquiesça et suivit ses camarades. Santana faisait de gros yeux.
« Et visiblement parfois la précipitation, ça marche ! »***
L'hôtel était ridiculement luxueux. Santana soupira.
- Un jour, maman, tu n'auras plus d'argent, et ce jour-là j'espère pour toi que j'aurais un travail de malade pour t'aider !
- On n'a qu'une vie, Santana... Cesse donc d'être aussi stressée et profite de la vie !
Santana haussa les épaules. « J'aimerais bien, oui... »
La mère de Santana ouvrit les rideaux et les grands quartiers d'Ho-Chi-Minh leur apparurent. Santana hocha la tête.
- Je suis obligée d'admettre que la vue est belle.
- Restaurant, ma grande ?
- Pas un trop cher, alors.
- Mais non.
***
Santana tomba des nues. Lions dorés, sol en marbre, aquarium faisant le tour du restaurant...
- Maman, bon sang !!
- Oh, mais ne sois pas si casse-bonbons ! La galerie marche du tonnerre en ce moment, tout le monde s'arrache mes toiles !
Santana leva les yeux au ciel. Mère et fille prirent une table.
- On va pouvoir avoir une grande conversation Mère-Fille ! Alors, comment tu envisages l'école l'année prochaine ?
- Ca va être génial, j'envisage même de tenter la jupe, rien que pour le fun.
- Ta vie, plus tard, comment tu l'envisages ?
- Différente.
- Un petit copain en ce moment ?
Santana soupira.
- Seigneur, maman, nous sommes tellement éloignées l'une de l'autre, parfois je pense qu'il nous faudrait une navette spatiale pour nous rejoindre.
- C'est toi qui fait l'embarrassée. Regarde, moi, j'ai des projets, je suis active, je bouge...
- Tu t'agites et tu fais comme si, mais au fond, maman, regarde ta vie, qu'est-ce que tu as accompli jusqu'à maintenant ?
Sara soupira.
- Qu'est-ce que tu appelles « accomplir » quelque chose ? J'ai du succès, je gagne ma vie, j'ai des amants, j'ai une famille...
- Tu te contentes de proposer tes peintures à des gogos béats qui achètent aveuglément tes moindres merdouilles, la plupart de tes peintures ne valent rien ! Et je ne parle même pas de ta tentative vers la sculpture, c'était tellement grotesque !!
- Et toi, qu'as-tu accompli ?
- ... Je suis trop jeune pour avoir accompli quoi que ce soit.
- A ton âge, je t'avais déjà toi !
Santana soupira.
- Et tu en es fière ?
- Bien sûr ! Tu es contente d'être en vie, j'espère !
- Là n'est pas la question, maman, tu m'as eue à quinze ans ! Tu m'as conçue à quatorze !
- Ce sont des broutilles, j'étais beaucoup plus grande que mon âge déjà à cette époque.
Santana soupira, assez dérangée à l'idée. Quelque chose la fit percuter.
- ... Je suis née ici, à Ho-Chi-Minh-Ville...
- Oui, bien sûr. A l'hôpital français, même !
Santana semblait perturbée.
- Un problème ?
- Rien du tout... Juste... ça ne t'embête pas de revenir ici ?
- Comme je te l'ai dit, j'ai mes habitudes.
Santana acquiesça, suspicieuse.
- Tu as toujours l'air en train de réfléchir ! Profite donc de la vie, Santana, tout n'est pas propice à se prendre la tête !
- ... Non, non, tu as raison.
- Je me fais du souci, pour toi, tu sais ?
Santana regarda sa mère, intriguée.
- Pourquoi ça ?
- Tu es tellement intelligente, tellement brave, parfois je me dis que la vie dans son ensemble doit tellement te décevoir... Tu te retrouves face à des gens qui ne te ressemblent pas, qui sont à des années-lumière de ta façon de penser – Moi la première ! – et je me dis que parfois tu dois être tellement malheureuse...
Santana secoua la tête.
- Non, non absolument pas, j'aime la vie. C'est juste que je suis très réaliste et... que j'ai du mal à admettre que les autres n'ont pas les mêmes standards que moi. Je sais que c'est à moi d'évoluer mais... J'aimerais avoir la preuve par quatre que j'ai tort et que tout le monde a raison. Et ça, c'est pas près d'arriver.
Sara hocha la tête.
- Tu devrais essayer de peindre une toile.
Santana ricana.
- Je serais nulle à ça !
- Mais tu as l'âme d'une artiste, Santana. Tu te poses des questions, tu es torturée, ça pourrait donner de très bonnes choses. On fera ça en rentrant.
- Tu n'as pas pris de toile vierge avec toi ?
- Je suis en vacances, Santana, enfin, je ne vais pas travailler en vacances !
Santana acquiesça doucement.***
Le cours d'histoire était toujours aussi passionnant.
- Votre professeur d'apprentissage technique sera opérationnelle d'ici la fin de la semaine, rassurez-vous... Si toutefois ça peut vous rassurer. J'ai eu vent par le régent de la médiathèque de votre petit tournoi, fabuleux ! J'encourage tout à fait ce genre d'activités à plusieurs, et je pense même que l'école devrait en organiser plus... M'enfin bon, je vais me taire.
La classe se prépara à suivre le cours.
- Alors... Où en étais-je... Oui voilà ! Cette semaine nous allons retourner dans le passé et revenir aux personnalités qui ont fait l'antiquité... Il s'agit de la Reine Ali. La Reine Ali était surnommée « La Cruelle » parce que c'était une adepte du châtiment immédiat. Elle a régné sur Poképolis à l'époque où c'était une seule et même gigantesque cité - probablement Atlantide. Je dis « probablement » parce qu'encore aujourd'hui on ne sait pas si... Oui Wallace ?
- Poképolis a été Atlantide ?
- ... Oui, l'ancien nom de Poképolis est Atlantide... tu as dû l'apprendre en histoire avant cette année !
- ... C'est bizarre comme nom !
- En fait non, c'est très logique, Poképolis se trouve au milieu de l'océan Atlantique... C'est quand il a été reconnu que Poképolis était la nation où sont nés les Pokémon
Wallace acquiesça. Santana leva les yeux au ciel en secouant la tête. « Pourquoi, chaque fois que l'on parle d'une femme puissante, un homme interrompt la conversation avec des banalités... »
« Je ne déteste pas les hommes. Au fond, je pense que certains sont intelligents, sensés, calmes, pondérés... mais la plupart sont de tels animaux ! »- Bref je continue. La Reine Ali était perverse et cruelle, collectionnant amants et amantes, ayant la mainmise sur tout et toute chose, elle était la première reine absolue de Poképolis. Et pour régner sur une si grande cité, il fallait ni plus ni moins qu'elle dispose d'un important réseau, construit sur des serments de confiance avec les familles. Evidemment, il est simple de deviner comment Ali a été déchue...
Helen se baladait autour de son bureau, observée par Preston, son Miradar.
- ... elle a été victime du destin. Elle a châtié un jour une femme. Cette simple femme était la petite amie d'un homme qui a ensuite tenté de la tuer, mais qui s'est fait châtier aussi vite... Oui Santana ?
- Comment châtiait-elle les gens ?
- Elle disposait d'un Pokémon particulier, un Solaroc qui avait pour singularité d'avoir un Zénith surpuissant qui lui permettait d'utiliser Lance-Soleil directement du ciel vers la terre. Donnant ainsi à son pouvoir une connotation divine. Nous avons déjà vu qu'en ces temps-ci, les dresseurs possédant des Pokémon surpuissants étaient considérés comme des envoyés de Dieu, comme des porteurs de la puissance divine, de la parole divine aussi – souvenons-nous de la Pythie à l'Avaltout qui se mettait dans sa bouche pour parler en son nom, prétendant ainsi, par elle-même dispenser la parole divine des hommes et sous le masque d'Avaltout, la parole divine des Pokémon. Toujours est-il que le petit ami en question avait une famille qui l'a vengé et ainsi de suite, elle s'est laissée prendre dans un cycle de haine et de vengeance qui l'a complètement emporté, si bien qu'au bout d'un moment c'est une armée entière qui la menaçait. On ne peut pas gouverner en pensant que tout nous est dû ou que tout nous est possible. Ali pensait avoir le droit de vie ou de mort, en réalité elle a achevé son règne en ayant pour ainsi dire la moitié de son peuple à décimer. C'était devenu ridicule, au final. Vous imaginez ? Un dirigeant obligé de tuer la moitié de sa population pour rester en place ? C'est absurde, non ?
Helen releva la tête.
- Ce qui nous amène donc à notre nouveau chapitre : Les prémices de l'anti-démocratie Poképolite. Partie 1 : Genèse de l'application des principes monarchiques.
***
Santana sortit du cours en même temps que les autres.
- Plus le cours avance, plus j'ai l'impression de vivre dans une ancienne dictature ! soupira Quinn.
- Et encore, toi tu ne fais pas des parallèles avec le pays de tes ancêtres ! souffla Lucy.
Santana leva les yeux au ciel, écoutant en filigrane. « Qu'est-ce que je devrais dire... »
- Santana...
La jeune femme se tourna vers Perrine et Naomi.
- Oui ?
- Ça te dit de manger avec nous ? demanda Naomi.
- ... en quel honneur ?
- Bah... comme ça, en fait, on voudrait bien faire ta connaissance !
- On l'a déjà fait avec Francis, Quinn et Lucy, Perrine a mangé avec Orson, moi avec Mike, on a décidé d'essayer de varier un peu nos invités !
Santana grimaça.
- En gros, tous les quatre vous vous prenez pour le centre du monde et de temps en temps vous invitez un plébéien pour faire une opération de communication afin de dire au monde : « Nous ne sommes pas bizarres, nous sommes humains » !
Perrine et Naomi haussèrent les sourcils. Santana soupira.
- J'accepte. C'est pas comme si vous étiez chiantes.
Santana se dirigea vers la cantine. Perrine et Naomi se regardèrent.
- Wallace va nous tuer !
- On s'en moque, il faut bien qu'on apprenne à connaître nos camarades ! Je refuse de passer pour une exclue misanthrope sous prétexte que Wallace en est un ! souffla Naomi.
Perrine plissa les yeux.
- Je me répète si je dis que je m'en moque, moi ?
- Perrine, ton indifférence crasse me sidère parfois.
- Eh, mon indifférence est très propre !!
***
« Je hais les situations où on me force à fréquenter des gens avec qui je ne veux pas être. Vous allez me dire : Mais Santana, grosse cruche, si t'es pas contente, fallait refuser l'invitation... »- Ils vendent peut-être juste des cakes et des boissons !
Walter regarda Wallace, contrit.
- Une organisation qui travaille étroitement avec l'école et qui distribuerait des boissons ?
- Ils le font, je les ai vus en donner à des élèves ! rétorqua Wallace.
- C'est sûrement un truc pour appâter les élèves naïfs... admit Naomi.
- L'un de nous devrait faire le test, mais c'est trop dangereux... marmonna Perrine.
- Moui, ça équivaudrait à dire « Oui » au mec qui s'arrête en voiture, t'accoste et te propose des bonbons ! admit Wallace.
« En même temps c'est ça ou manger seule, et manger seule, même pour moi, c'est craignos. J'aurais pu manger avec Andréa, c'est vrai qu'on a été dans la même classe pendant un temps, et plus si affinités, mais bon, elle est tout le temps fourrée avec l'autre Dracula du pauvre... Et me voilà coincée avec les quatre personnes les moins intéressantes de toute la classe, pris dans une passionnante conversation sur leur groupe de travail, moyennant un supplément noisette de références graveleuses de cet abruti de Gribble. Bah putain Santana, ta solitude, c'est une foutue plage de Hawaï en comparaison... »- Santana !
L'asiatique se tourna vers Naomi.
- Hm ?
- Parle-nous un peu de toi, qu'est-ce que tu aimes faire, comment tu as réussi à devenir aussi forte, ta famille...
Santana haussa les épaules.
- Bof... Y'a rien de vraiment intéressant... Je suis née à Ho-Chi-Minh, ma mère est artiste...
- Artiste ? s'étonna Perrine.
- Hm, Sara Lan.
Perrine manqua de s'étouffer.
- Tu es la fille de... Ca alors, j'avais même pas fait le rapprochement ?
- Ne me dis pas que tu aimes les croûtes de ma mère...
- ... Ce qu'elle fait est intéressant, son succès est compréhensible.
- Oh je t'en prie...
- J'adore son tableau « Ciel Rose »... Je n'ai absolument pas trouvé étonnant le fait qu'il ait fait fureur lors de sa dernière expo, c'est un tableau merveilleux...
Santana se crispa. Perrine pencha la tête, étonnée.
- Hm... A part ça, ce que j'aime faire... J'aime coudre et repriser mes habits ou même en faire...
- Tu fais tes propres fringues ? s'étonna Wallace.
- Ca m'arrive.
- Un peu trop souvent... marmonna Wallace en piquant dans son assiette.
Santana ne releva pas.
- Sinon j'aime lire, traîner sur le web... comme tout le monde. Je regarde la télévision de temps en temps, j'apprécie assez les débats et les talk-shows, les infos aussi et les magazines de société... J'aime voir le monde bouger.
- Tu es très forte, t'as un truc ou tu t'entraines de manière classique ? demanda Walter.
- Je m'entraine beaucoup, je me suis vite aperçu que quand on est forte, on se fait beaucoup mieux respecter. J'utilise la manière classique, peut-être que je m'y prends mieux ou pas, mais en tout cas je ne fais rien de spécial.
Naomi hocha la tête.
- Tu es beaucoup plus normale que tu n'en as l'air...
- Elle est lesbienne, c'est pas normal, ça ! signala Wallace.
- Wallace... soupira Walter.
- J'ai une question à mon tour... Vous faites comment pour le supporter ?
- Valium... marmonna immédiatement Perrine.
- Je suis l'amie de Perrine, je suis obligée... sourit Naomi.
- Wallace est cool... admit Walter.
- Eh ! N'essaie pas de me voler mes amis sous prétexte que tu n'en as aucun ! grommela Wallace.
Santana soupira.
- C'est eux qui m'ont proposé de venir manger, crois-moi, si ça n'avait été qu'avec toi, j'aurais refusé.
- Et pourquoi t'as pas refusé, tu savais que tu serais avec moi !
- Je tends à penser – oui, je sais, je suis une jeune fille en fleur naïve et fleur bleue – que tu n'es pas le centre du monde et donc qu'il m'est possible d'ignorer ton existence pendant quelques minutes. Voire quelques heures. Qui sait, peut-être même un jour ou deux !
- Haha Haha. C'est pas tes sarcasmes qui vont te rendre intéressante ! Madame « Huh, j'ai un vagin, et ma copine aussi, et si on se frottait l'une contre l'autre ! »
- Wallace, mes tantes !!! grommela Walter.
- Oh mais pardon, monsieur « J'ai rien de mieux à faire de mon samedi soir que de lécher le trou du cul d'un vieil inconnu que j'ai rencontré dans un bar » !
- Oh c'est pas que le samedi soir, ma vieille !
- Y'a vraiment pas de quoi se vanter...
- Laisse-moi deviner, tu passes de longues soirées solitaires à regarder The L Word en version sous-titrée ?!
- Laisse-moi deviner, tu passes tes soirées à boire dans des bars craignos et à draguer le premier minet à tête d'attardé qui passe en espérant qu'il en ait une grosse et qu'il sache s'en servir. Waouh, passionnant !
- C'est déjà plus passionnant que ta vieille vie de lesbienne asiatique qui va mater les serveuses dans les restos chinois en espérant voir un téton qui pointe à travers un tablier !
- Tu es insupportable et puéril...
- Et toi t'es une sale garce !
- Oh, les insultes, maintenant !
- Ce qui m'énerve avec toi c'est que tu te crois supérieure à tout le monde !
- Parce que toi tu fais tout pour paraître inférieur ? Monsieur « Huuuh je pique une colère et je fais mon devoir sur Roland Smirnoff parce que je suis vraiment trop grognon » !
Wallace plissa méchamment les yeux.
- Connasse...
- Trouduc...
- Superbe idée, Naomi... marmonna Perrine.
- Toi, la ferme... grommela Naomi, tout aussi éberluée.
- Du calme, DU CALME ! souffla Walter. Santana, Wallace, vous êtes tous les deux de forts caractères, on a compris, vous ne pouvez pas juste vous entendre ? Vous êtes de formidables combattants, vous ne pourriez pas au moins vous respecter pour ça ?!
Wallace et Santana se regardèrent en chiens de faïence.
- Je ne peux pas avoir de respect pour quelqu'un qui ne peut pas se faire obéir par ses Pokémon.
- T'as un putain d'Anchwatt et tu parles ?!
- Au moins il m'ECOUTE !
- Ouais bah vu sa forme c'est PAS ETONNANT !
Santana sortit une Pokéball. Wallace fit de même.
- ... ON EST A TABLE ! grogna Perrine.
- Calmez-vous enfin !
Wallace sortit Manternel qui atterrit sur la table des geeks. Tristan, Tino, Benjamin, Orson, Robbie et Christina levèrent la tête.
- ... C'est inhabituel, ça... marmonna Orson.
- Merci, Captain Obvious... souffla Benjamin.
Le Moyade de Santana atterrit sur une table remplie de troisième année.
- ... eh, c'est pas genre interdit de se battre dans la cantoche ?!
- LA FERME ! cria Santana. Laser Glace !!!
L'attaque de Santana fusa à travers le réfectoire. Perrine regarda Naomi.
- Super idée d'inviter Santana...
- Perrine, une fois de plus, moule ta gaufre ! grommela Naomi.
Manternel esquiva l'attaque en sautant sur la table de Mike, James, Steven Fey et Ana. Le Laser Glace alla s'écraser sur un des piliers de la cantine.
- ... EH ! Y'A LA PATTE DE CE TRUC DANS MON ASSIETTE !! grogna Steven.
- Berk... geignit Fey.
- Ils sont sérieux, là ? s'étonna Mike.
- Attaque Tranch'Herbe !!
Manternel envoya les feuilles vers Moyade.
- Ball'Ombre !
L'attaque contrecarra les feuilles dans une explosion qui fit se baisser tous les autres élèves.
- Survinsecte !!
L'attaque fusa dans le réfectoire.
- ECUME !
Moyade contra les rayons avec la mousse... qui se projeta évidemment sur d'autres élèves, notamment les jumeaux.
- Eeeeeeh ! geignit Lilian.
- Oh non, mon île flottante !! geignit Léon.
Andréa s'était levée.
- Santana du calme ! Wallace, arrêtez !!
- Elle d'abord !
- Tu plaisantes ? Hors de question que je me fasse avoir comme la dernière fois !!
- Quand j'y repense, c'était bien joué, j'avais vraiment fait fort...
- EBULLITION !
- Oh non... geignit Andréa.
- Pitié, arrêtez !! grommela Walter.
L'attaque fusa droit vers Manternel qui esquiva là encore, se replaçant sur la table de son maître, les deux pieds dans le plateau de Santana. Laquelle s'empourpra de rage.
- ... LASER GLACE !!! LASER GLACE !!! PULVERISE-LE !
- Je parle dans le vide... souffla Walter.
- A qui le dis-tu... soupira Andréa.
- Tu ne fais pas le poids ! String, Lame Feuille !!!
Manternel se déplaça plus rapidement et frappa Moyade. Toute la cantine était debout ou sous la table.
- Ça devient n'importe quoi cette école ! J'aurais dû demander à être placée en école privée voire en institution catholique, ça aurait été plus calme ! grommela Rebecca.
Violette, Amélia, Gina et Holly ne purent qu'acquiescer.
Moyade parvint enfin à infliger un Laser Glace à Manternel. Le Pokémon Insecte fut repoussé. Francis arriva en catastrophe.
- Ça suffit ! Ça suffit ! Du calme !
Suivi par Robbie.
- Vous vous rendez compte de ce que vous faites ?! Cessez ça !
- Ils ont raison, Wallace, stop, c'est complètement stupide ! assura Naomi.
- Calmez-vous bon sang ! souffla Walter.
- Santana, rappelle Moyade ! ordonna Andréa.
Holland Tenorman, le proviseur et Helen entrèrent dans le réfectoire. Wallace et Santana haussèrent les sourcils.
- Les enfants... soupira Helen.
- MAIS ENFIN QU'EST-CE QUE C'EST QUE CA ??? grommela le proviseur.
Santana et Wallace se regardèrent.
- Dans le bureau du CPE MAINTENANT !!!
Léon se leva.
- Elle a fichu en l'air mon île flottante !!
Lilian lui somma de se rasseoir.
***
Sara ouvrit les rideaux de la chambre, réveillant Santana.
- Allez, le jour est là, lève-toi !
- Mmmmm... J'te hais... grommela Santana.
Sara secoua la tête.
- Quand cesseras-tu de détester tout le monde et d'accueillir l'amour dans ton cœur !
- Maman, arrête de parler comme si tu étais dans une secte...
- Haut les cœurs ma grande ! Aujourd'hui tu vas pouvoir aller faire du shopping toute seule !
Santana se releva.
- Toute seule. Chouette. Ma situation préférée. Tu vas où ?
- J'ai des affaires à régler.
- ... ne me dis pas que tu vas ouvrir une galerie au Viêt-Nam ?
Sara regarda sa fille, surprise.
- Ce serait une chouette idée, ça, Santana ! Tu vois que tu as de la ressource ! Non, j'ai des choses à faire...
- C'est d'une précision qui n'appelle aucune question supplémentaire.
Sara haussa les épaules.
- Tu es bien une femme, Santana... trop curieuse !
Sara partit. Santana sauta du lit et s'habilla promptement.
« Beaucoup trop, ouais... »
***
Santana n'en croyait pas ses yeux. Sa mère allait dans un vulgaire bar de banlieue. « On parle bien de ma mère, la femme qui n'aime que les restaurants chics ?! »
Santana avait mis un survêtement gris avec une capuche pour se faire discrète, et elle avait suivi sa mère. Une fois celle-ci entrée, Santana attendit une bonne dizaine de minutes, et elle entra à sa suite. Sa mère était assise, avec quelqu'un. « Un petit ami ? Un commanditaire ?! »
Santana repéra une place juste derrière sa mère. Elle alla s'y asseoir et commanda un truc pas trop alcoolisé.
- Les affaires marchent bien, à part ça.
- Hm.
- Et toi, tu es toujours aussi peu bavard...
Santana observa avec son poudrier. Elle vit que l'homme face à sa mère était plutôt âgé, asiatique, le visage buriné... un vieil homme visiblement pauvre.
- Je ne vois pas ce que je pourrais te dire. Je vis pour manger, chaque jour...
- Je peux t'envoyer de l'argent...
- Je sais que tu peux.
- Mais tu n'as pas d'adresse fixe !
- Précisément.
Santana s'étonna. « Maman veut lui envoyer de l'argent ? »
- ... A part ça, comment va Santana ? demanda l'homme.
Santana haussa les sourcils.
- Elle va bien. C'est bien ta fille, aussi revêche.
Santana tomba des nues.
- D'après ces photos, elle a l'air jolie.
- Elle est mignonne comme tout, mais je n'ai jamais vu un garçon à la maison !
- Laisse-lui du temps.
Santana était complètement dévastée. Elle reçut sa commande et paya le serveur immédiatement.
- Et puis elle est méprisante envers mes habitudes...
- Elle n'est pas comme toi. N'essaie pas d'en faire un clone.
- Je sais, je sais, tu ne sais pas ce que c'est, elle a seize ans, j'en ai trente et un, nos rapports sont conflictuels comme tout, et je sens qu'elle me regarde de haut...
- C'est normal, vous êtes deux femmes, vous vivez ensemble... Et puis admets que tu n'es pas facile non plus.
- C'est évident, mais elle n'y met pas du sien...
Santana sentit le malaise l'envahir.
« Elle est en train de parler avec mon père... »
« Bon sang »
« Mon père »
« Elle a toujours des contacts avec lui »
« Elle le voit régulièrement »
« Elle ne me l'a jamais dit »
« Mais enfin pourquoi ?! »
« Et pourquoi après tout ce temps elle le voit encore ? »
« Et bon sang qu'est-ce qu'il est vieux... »
Santana avala sa commande d'une traite et elle partit rapidement.***
- Bonjour ! Je suis monsieur Hubert Campton, le CPE !
Wallace et Santana grimaçaient face au type qui avait l'air d'être le fils caché de Casimir et de l'ensemble des Bisounours.
- Alors, j'ai appris que vous vous étiez battus dans la cantine... C'est pas très gentil, ça... Pourquoi vous battre dans la cantine alors que vous avez des terrains agréés à l'extérieur ?
Wallace et Santana se regardèrent.
- Je veux avant tout que vous compreniez qu'ici, nous sommes en terrain neutre. Mon but n'est pas de punir, c'est de comprendre. Je ne suis pas votre ennemi, je ne suis pas là pour poser des sanctions, juste pour comprendre.
Santana haussa un sourcil, absolument pas convaincue. Wallace était médusé.
- Alors, s'il vous plait, j'aimerais comprendre pourquoi vous avez ressenti le besoin de vous battre dans la cantine, au milieu de tous les autres élèves !
- Disons... qu'on était pressés et qu'on pouvait pas y aller, c'est comme quand vous avez une grosse diarrhée et que vous n'avez pas le temps d'aller aux toilettes ! admit Wallace.
Santana grimaça. Le CPE semblait circonspect. Wallace regarda Santana qui haussa les sourcils. Elle continua.
- Exactement, il est des choses tellement impérieuses qu'on ne peut pas les retenir. Combien de fois j'étais posée dans un parc, quand soudain un vieux monsieur met sa main dans son pantalon et la remue, je me dis : « Tu ne peux pas lui en vouloir, Santana, il ne pouvait pas rentrer à la maison pour se tripoter. C'était plus fort que lui ! »
Wallace eut du mal à se retenir de rire. Santana sourit, fière de son effet. Le CPE acquiesça.
- Je vois que vous êtes... des esprits vifs et provocateurs, mais je voudrais savoir ce qui vous a poussé à vous battre... Wallace, pourquoi vous battre contre votre camarade ?
Wallace regarda Santana.
- Elle... m'a volé mon Tchou-Tchou.
Santana éclata de rire. Le CPE pencha la tête, intrigué.
- Ton...
- Ma peluche de Pikachu porte-bonheur ! Elle me l'a volé !
Santana n'arrivait pas à s'arrêter. Wallace sourit fièrement. Le CPE secoua la tête.
- Je vois que vous ne prenez pas ça au sérieux... Santana...
L'asiatique cessa de rire et reprit son flegme.
- Santana, qu'est-ce qui vous a pris de répondre avec tant de violence ? Qu'est-ce qui vous a pris ?
Santana souffla en l'air.
- Je ne sais pas, j'étais probablement saoule ou sous l'emprise de Satan...
Wallace se plaqua dans son siège, hilare.
- ... ou alors c'était la bouffe, vérifiez, elle doit être pleine de drogue !
Wallace éclata franchement de rire. Santana le suivit dans un fou-rire incommensurable. Le CPE grimaça, embarrassé.
- Je... vois...
Le CPE appuya sur un bouton.
- Monsieur le proviseur...
Wallace et Santana reprirent leur sérieux autant que possible. Aloysius Grant arriva dans le bureau du proviseur.
- Monsieur Campton ?
- Nous... n'arrivons à rien...
- On vient de tous vous expliquer ! s'étonna Wallace.
- Mais oui ! assura Santana, faussement scandalisée.
- Vous m'avez dit qu'elle vous avait volé votre peluche, et vous, que vous étiez possédée par le démon !
Wallace et Santana regardèrent le proviseur qui regardait Hubert Campton.
- ... Campton, bon sang, prenez des vacances, ça fait quatre mois que vous vous faites entuber par les élèves !
- ... Mais monsieur le...
Le proviseur sortit, lassé. Santana et Wallace rirent de plus belle.
***
Les deux élèves sortirent du bureau du proviseur.
- C'était trop fort hein ! sourit Wallace.
- Je te considère toujours comme un connard !
Wallace plissa les yeux.
- Mais... on s'est bien marrés !
- Oui et je suis contente qu'on s'en sorte avec une simple réprimande, mais ça ne change rien, Gribble. Je ne t'aime pas et je sais bien que tu ne m'aimes pas non plus !
- Faut dire que t'es chiante.
- Faut dire que t'es rudement con !
- Donc on en reste là ? Ennemis jurés ?
Santana soupira.
- Je suis une fille, tu es un garçon, moi lesbienne, toi gay, on a tous les deux des caractères de merde, autant essayer de bien nous entendre, mais hors de question de fraterniser. Deal ?
Wallace serra la main de Santana.
- Deal. On se déteste en toute cordialité !
- Voilà. On ne s'aime pas, mais on est dans la même classe alors autant coexister en paix !
- Hm. D'autant que d'après tes antécédents chez le CPE, tu es une fille à problèmes susceptible de vomir sur tout le monde ! ricana Wallace.
- Et toi tu as un petit doudou, c'est trop mignon !
- Heureusement qu'on a option, ça va calmer les choses.
- Oui. Même si je dois admettre que tu dois être mon seul adversaire de valeur dans la classe.
- Arrête. Amélia nous poutre tous les deux les mains dans le dos... souffla Wallace.
Santana pouffa de rire.
- Arrête, je suis dans leur groupe de travail, faut se les trainer, les trois...
- Violette a l'air plus cool...
Santana haussa un sourcil. Wallace haussa les épaules.
- J'sais pas. Quand on s'est battus, elle et moi à la médiathèque, j'ai senti qu'elle était... plus sérieuse.
Santana hocha la tête.
- J'ai senti ça aussi au tournoi...
- Peut-être que finalement les gens qui n'ont pas l'air cool le sont un peu... Pourquoi tu me suis ?
- C'est toi qui va dans ma direction !
- Je vais en philo...
Santana leva les yeux au ciel.
- Sale enfoiré, tu as choisi la même option que moi !!
- QUOI ? C'est TOI la garce qui a choisi la même option !!
- Oh bon sang je te déteste...
- On se met côte à côte ?
Santana se retourna, courroucée. Wallace haussa les épaules.
- Je connais personne !!
***
- Je suis ravi de voir qu'il me reste une bonne partie des élèves !
Tristan, Tino, Benjamin et Orson suivaient attentivement. Le professeur Dominic Long agrémentait le cours de sa présence chaleureuse, un comble pour un prof d'informatique.
- Et parmi les plus sérieux en plus. Bien bien bien. Comme je vous l'ai expliqué, le but de ce cycle sera de créer un logiciel. Mais j'ajoute une contrainte : Ce devra vraiment être un logiciel utile. Qui devra vraiment servir à quelque chose !
Tino haussa les épaules. Benjamin et Orson hochèrent la tête. Tristan souriait, dans son élément.
- Je vais donc pour cette première « vraie » séance, vous demander de personnaliser votre session. Ok ? On fait comme ça ? Allez !
Les élèves se mirent au travail. Dominic passait dans les rangs.
***
- Pour ce premier cours, je vais être brève, vous allez me peindre un tableau personnel. Allez-y.
Perrine entama la peinture de la bataille tonitruante d'une nuée de feuilles d'arbres contre un océan déchaîné. « Maudit Wallace... »
Néanmoins elle était contente d'étrenner un des nombreux coffrets de peinture qu'on lui avait offert à ses multiples anniversaires.
***
- Je vous demande une liste des romans que vous avez lus avec votre avis, brièvement en dessous.
Walter et Naomi, côte à côte, s'y attelèrent. Quinn semblait réfléchir. « J'm'en souviens plus !! »
Ana étalait sa connaissance de la littérature russe tandis que Fey sortait ses meilleurs poètes antillais.
***
Rebecca, Amélia, Holly et Gina officiaient en gymnastique. Aujourd'hui, exercice rythmique sur « Girls just wanna have fun » de Cindy Lauper.
- Violette est vraiment lourde !
- A ce point ? Elle a juste l'air d'avoir pris des hanches...
- Au sens figuré !! Je ne sais pas ce qui lui arrive, après tout ce que j'ai fait pour elle, elle me lâche comme une vieille chaussette !
Amélia haussa les épaules tout en tournant autour de sa plate-forme de step, part de la chorégraphie.
- Bah c'est pas grave, t'as qu'à trouver une autre copine.
- Amélia, c'est pas si simple du tout ! Violette et moi ça fait trop longtemps, ça peut pas se casser comme ça, j'aimerais juste qu'elle m'explique ce qui lui passe par la tête en ce moment !
- Aaaaaah. Mais sinon, moi, je peux devenir ta meilleure copine !
- Amélia, tu es épuisante ! soupira Rebecca.
Gina écoutait Holly.
- Steven est trop sympa, il m'emmène dans plein d'endroits sympas et on fait plein de trucs sympas ! Et devine quoi !
Gina secoua la tête, ne pouvant pas deviner.
- Le week-end dernier je l'ai autorisé à m'embrasser... quel ouragan ! pouffa Holly.
Gina acquiesça. « Attends un peu qu'il te saute sur la table de ta cuisine, là, tu vas le voir, l'ouragan ! »
- Je pense que ça peut aller loin... Tu sais ce qui me fait le plus vibrer ?
Gina ne répondit pas.
- C'est que je vois des côtés de lui que personne d'autre dans la classe ne peut voir !
« As-tu vu son engin de dix-sept centimètres ? J'en doute, ma vieille. »
- Ca me fait plaisir d'être tombée sur un mec bien pour une fois !
Gina haussa les sourcils. « Toi, il ne t'a jamais fessée en te traitant de grosse cochonne... »
***
- Steven, merde, t'es chiant en ce moment ! soupira Mike.
Les sportifs étaient en plein échauffement. Francis s'y mettait sérieusement, écoutant à moitié la conversation, bien que les trois garçons l'aient presque adopté comme un des leurs.
- Ouais, Fey commence même à presque t'apprécier ! admit James.
- Ma vie est genre méga compliquée en ce moment ! soupira Steven.
- A cause de Holly ?! Vieux, cette meuf a l'air chiante comme la pluie ! soupira Mike.
- Dit celui qui sort avec Miss « Je suis une bonne petite fille respectable ! »
Mike leva les yeux au ciel. Francis plissa les yeux. « J'apprends des choses ! »
- On parle pas de moi, on parle de toi ! On n'a même plus le droit à tes histoires de salopes !
- Ouais, c'est ce qui faisait que t'étais cool, mec ! grommela James.
Steven soupira.
- Si vous voulez tout savoir, je tâte encore de la salope !
- Ooooh !
- Sérieux ?!
- Tu fais cocu Holly ? Avec qui ?!
Francis haussa les sourcils. « J'apprends TROP de choses ! »
- J'peux pas vous dire !
- Hein ? Steven, tu ne nous as jamais épargné aucun détail de ta vie, et t'en a jamais rien à foutre de rien ! Dis-nous ! grogna Mike.
- Ouais, même moi j'te l'ordonne ! grommela James.
Steven soupira.
- Les temps changent, les mecs ! J'ai grandi !
Mike et James plissèrent grandement les yeux. Francis lui-même faisait la tête de quelqu'un qui avait entendu la plus grosse connerie jamais énoncée.
***
Christina attendait ce moment depuis des siècles.
- Le but de cette option est de développer votre curiosité, votre sens critique, votre observation, votre notion de l'enquête et de la recherche ! Ainsi, évidemment, que votre talent pour l'écriture. Le travail que vous aurez à faire sur trois ans sera la création d'une revue de presse spécialisée.
Robbie haussa les sourcils. Lilian acquiesça.
- Critiques, faits divers, pages télé, actualités politique, comme vous voulez, mais je veux une revue cohérente, organisée, mise en page et surtout commentée.
« Oui ! Oui ! Oui !! C'est tout ce que je voulais !! » trépignait Christina.
- A côté de ça, votre but est évidemment de procéder à la rédaction d'articles pour le journal de l'école, mais également les bulletins d'information concernant l'école. Vous aurez aussi l'occasion parfois de rédiger des discours ou des lettres pour le compte de l'établissement. C'est aussi à nous de rédiger l'almanach annuel. L'option Journalisme est très diversifiée et très importante au sein de l'établissement et je vous rappelle que c'est la seule dont vous pouvez être exclu, puis renvoyé en Littérature. Est-ce clair ?
La quarantaine d'élèves acquiesça. Le professeur hocha la tête.
- C'est parti, tous sur les ordinateurs, on va créer les sessions et commencer le travail !
Christina s'attela à un PC. Robbie se plaça à côté d'elle et Lilian à côté de Robbie.
- Eh bé, ça va pas être trois années de tout repos... souffla le blond.
- Du travail, du travail, du travail !! souriait Christina.
- Je me demande comment Léon s'en sort... songea tout haut Lilian.
***
- Je me... demande... comment Lilian s'en sort... Ffff...
Léon courrait comme tous les autres élèves de première année ayant choisi l'option course. Violette et Lucy courraient côte à côte, en silence. Le professeur observait les coureurs, ravi d'avoir autant d'élèves sur son option.
***
- C'est bizarre.
- Hm ?
Lucy haussa les épaules. Violette la regardait.
- Rien, juste que... ici, tu as l'air dans ton élément.
Violette plissa les yeux.
- C'est-à-dire ?
- Je ne sais pas, c'est comme si... tu avais deux personnalités.
Violette soupira.
- N'importe quoi.
- Je ne pense pas être la seule à l'avoir...
- Je n'ai pas à t'écouter !
Lucy s'étonna alors que Violette la quittait pour rejoindre le vestiaire. Léon rejoignit Lucy.
- Qu'est-ce qu'elle a ?
Lucy inspira.
- Quelque chose me dit que sans sa jumelle, elle est perdue...
- Je sais ce que c'est, là, je me sens privé d'une jambe, d'un bras et d'une moitié de la tête ! geignit Léon.
Lucy regarda Léon.
- Le vestiaire des garçons, c'est de l'autre côté...
- ... Oh, oui, bien sûr...
Lucy secoua la tête, désabusée.
***
Wallace et Santana sortirent du cours de philosophie.
- C'était dingue. Et du coup maintenant je comprends vachement mieux mon Tiplouf.
- Ciel, ce cours va-t-il réussir l'exploit herculéen de te faire obéir de tes Pokémon ? Rien n'est moins sûr.
- Ca ne te fait pas réfléchir, toi ?
- Aucun de mes Pokémon n'est issu d'un œuf, donc non, pas spécialement.
- Et pis c'est pas comme si toi et moi on allait spécialement se reproduire un jour, hein ?
- De ton point de vue, c'est une bénédiction... admit Santana.
Wallace s'arrêta, injurié. Santana partit devant.
- Tu m'excuses, j'ai à faire ce soir.
- Mouais. Joyeux frotti-frotta avec Insérez le nom d'une fille quelconque !
- Pff...
Wallace plissa les yeux, attristé. « Elle m'a pas répondu !! »
***
Sara revint dans la chambre. Santana lisait sur son lit.
- Aaaaaah ! Quelle journée ! J'ai réfléchi à ton idée de galerie et je pense que ça serait un excellent moyen d'améliorer mon capital social ici, vraiment...
Santana hocha la tête.
- Pas de sacs, pas de nouvelle coiffure, pas de nouveaux vêtements, accessoires ou bijoux...
Sara regarda sa fille.
- J'ai été visiter un musée pour trouver l'inspiration !
- Oh. Un musée.
- Oui !
Santana regarda sa mère, tranchante.
- Tu pues la clope et l'alcool.
- Les musées de Ho-Chi-Minh sont très mal entretenus !
Santana secoua la tête en grimaçant.
- Maman, j'ai entendu des pétasses écervelées inventer de meilleurs mensonges !!
Sara regarda sa fille, surprise. Santana lâcha son livre et regarda sa mère.
- Pourquoi tu vois toujours mon père ?!
Sara regarda sa fille, stupéfaite.
- ... espèce de sale petite fouine...
- Ce n'était pas une réponse.
- Comment oses-tu...
- C'est mon PERE ! J'ai le droit de savoir !
Sara secoua la tête.
- Absolument pas.
- BAH VOYONS ! Mais PUTAIN, MAMAN !!!
- SUR UN AUTRE TON !
Santana serra les lèvres.
- Je suis toujours ta mère, jeune fille !
- ...
Santana fit quelque chose qu'elle faisait très rarement.
Elle se mit à pleurer.
- Pourquoi tu m'as caché que tu savais qui c'était ?!
Sara grimaça.
- Je suis assez grande, merde ! Tu n'avais pas à me cacher ça, maman ! Tu n'avais pas...
- Nous ne devons pas parler de ça, Santana, ok ? On va dîner au restaurant, habille-toi correctement.
Santana regarda sa mère partir vers la salle de bains.
- J'ai besoin d'une douche...
- MAMAN !!!
Santana, entre deux sanglots, se leva et alla dans l'embrasure de la porte.
- MAMAN, MERDE !
- Ne sois pas vulgaire !
- Maman, je suis LESBIENNE !
Sara regarda sa fille, neutre.
- Tu as un autre scoop de ce genre ? La lune est dans l'espace ? Il fait froid au Pôle Sud ? Santana, je t'en prie ! Laisse-moi, je vais me doucher !
- On en reparlera !
- Ah ça non, c'est ta vie...
- De papa !
Sara grimaça.
- Ne l'appelle pas comme ça...
- Je peux au moins savoir quel est son nom ?
Sara leva les yeux au ciel.
- Luan Binh-Minh ! Je peux me doucher ?!
Santana fronça les sourcils et hocha la tête.
- J'te le pardonnerai jamais.
- Comment ?
- Je ne te pardonnerai jamais de ne m'avoir rien dit.
- ...
Sara allait répondre quelque chose, mais elle agita la main et laissa sa fille fermer la porte.***
Violette entra la première, suivie par Santana.
- C'est sympa.
- Merci.
Un grand homme aux cheveux noirs avec des lunettes sortit sa tête de la cuisine.
- Vivi, tu invites quelqu'un ?
- Santana, je te présente Mitch, mon beau-père. Mitch, voici Santana, une camarade.
- Monsieur...
- Bonjour mademoiselle... elle reste manger ?
Violette regarda Santana qui agita les mains.
- Non...
- Je ne voudrais pas déranger ! assura Santana.
- D'accord...
- On a du travail... marmonna Violette.
- Bien, bien, bien.
Les filles se dirigèrent vers la chambre.
- Ta maison est très sympa...
- Merci.
Santana entra, Violette de même, puis elle ferma derrière elle. La chambre de Violette était relativement girlie tout en étant studieuse.
- Waouh. Rien à voir avec la mienne. Tu as des posters...
- Je sais, c'est très classique. On se met sur le lit ? Ce sera plus confortable.
Santana haussa un sourcil, quelque peu intriguée. Violette alla chercher des notes. Santana s'assit en tailleur sur le lit après avoir retiré ses chaussures. Elle sortit ses propres notes. Violette vint s'asseoir devant elle.
- Alors... J'ai fait des recherches sur Danse-Lune, Trou Noir et Frappe Psy.
Santana haussa les sourcils.
- Hm...
- En fait j'ai fait Danse-Lune et Trou Noir parce que je trouve le duo Darkrai-Cresselia assez fascinant... Le mauvais et le bon côté de la lune, c'est assez troublant quand on y pense.
Santana ne put qu'acquiescer.
- Alors... D'après certaines légendes, Danse-Lune n'est autre qu'une représentation figurative de la brièveté du clair de lune. J'ai trouvé un poème sur l'attaque qui date des années 1600.
Santana était vraiment surprise.
- B... Bien !
- Avec un passage notamment : « Cresselia se meurt de n'être qu'un réceptacle / Bannie des cieux, lumière temporaire, spectacle / Sa dernière lumière, danse lunaire, flamboie ardent / Déchéance de la cavalière des cieux de nuit. »
Santana hocha la tête, sincèrement surprise.
- Excellent, c'est très bien trouvé...
- Pour Trou Noir, c'est l'inverse ou presque, et cette attaque et sa symbolique ont divisé les scientifiques et les philosophes...
- En fait je pensais m'occuper de Trou Noir moi-même...
Violette regarda Santana qui semblait gênée.
- Je me suis dit que ce serait... trop compliqué.
- Oh pas vraiment. La division se fait uniquement sur le fait de savoir si on peut associer le sommeil à la mort perpétuelle du clair de lune. Au début je me suis un peu pris la tête, est-ce que ça veut dire qu'il n'y a pas de réponse... En fait, pas de réponse, c'est aussi une réponse, non ?
Santana ne put qu'acquiescer.
- Voilà. Donc je pense...
- On traitera principalement de ce débat sur l'opposition et la symbolique.
- Voilà. Et enfin pour Frappe Psy... l'attaque a été découverte plus récemment et la seule source c'est un ancien membre du gouvernement de l'association Pokémon...
- Ulrich Trafalgar...
- Voilà, mais ses notes sont imprécises...
- On actualisera, l'attaque est trop récente.
- Hm... En gros il la décrit comme un Choc Psy infiniment plus puissant... Donc il y a peu de détails concrets.
Santana hocha la tête, stupéfaite.
- C'est... dingue !
- Hm ? Quoi ? s'étonna Violette en reclassant ses notes.
Santana agita les mains, abasourdie.
- T... Comment une fille aussi intelligente, aussi brillante, aussi éveillée que toi peut trainer avec... une fille... si on peut appeler ça comme ça, une fille comme Rebecca !
Violette balbutia.
- M... B... Rebecca est ma meilleure amie depuis l'école préparatoire !
- Ta meilleure amie ? J'ai plutôt l'impression qu'elle te traite comme sa servante, ou comme une vassale obligée de rire aux blagues navrantes de son seigneur !
- Santana, je ne te permets pas ! Rebecca et moi sommes les meilleures amies du monde !
- Vous ne ressemblez pas à des amies.
- Ah oui ? Qu'est-ce que tu en sais...
- Je sais, je n'ai pas d'amis à proprement parler, mais c'est parce que j'estime que ça n'est pas quelque chose d'anodin. Un ami c'est quelqu'un avec qui on peut partager ses souffrances et ses doutes sans peine, un ami c'est quelqu'un à qui on peut se confier, quelqu'un en qui on a confiance, qu'on va traiter avec respect et qui nous traitera avec le même respect.
Violette regarda Santana, confuse. Santana leva les yeux au ciel.
- Pas quelqu'un qu'on suit uniquement pour ne pas être seul.
- Je ne suis pas Rebecca pour ne pas être seule, ça fait plus de dix ans qu'on se connait.
- Et au fond, ça remonte à quand la dernière fois que tu lui as confié quelque chose d'important ?
Violette sembla chercher. Santana secoua la tête.
- Excuse-moi, je suis un peu dure.
- Oui, un peu...
- Désolée, je suis toujours comme ça... Mauvaise habitude.
- C'est rien. Tu... étais super pendant ce combat, au tournoi, c'était vraiment... sympa.
Santana hocha la tête.
- Oui... sympa. Tu te débrouilles vraiment bien aussi, admit Santana.
- Merci. J'ai vraiment de l'attachement pour mon Pokémon Académique.
- Ça se voit, vous faites un super duo.
Violette acquiesça en souriant. Santana s'avança et posa ses lèvres sur celles de Violette. La jeune fille haussa les sourcils, surprise. Santana posa une main sur l'épaule de la fille aux cheveux courts. Violette se laissa faire étonnamment trop longtemps pour elle. Santana s'éloigna et observa la réaction de Violette qui était... tétanisée.
- Oh mon Dieu...
- ...
- ... Sors de chez moi, tout de suite !
Santana s'étonna.
- Je... Tu... ?
- Je t'en supplie, pars de chez moi !
- J'avais cru... pensé... enfin, que...
- Non, non, non, pitié Santana, sors !
- Ok, ok... Ecoute, je suis désolée...
Santana remit ses chaussures. Violette semblait complètement prise au dépourvu, elle frissonnait, presque au bord des larmes.
- Je ne voulais pas te... enfin, te déstabiliser ou te prendre en traitre, j'ai...
- Santana, pars.
Santana fit deux pas. Elle regarda Violette et ne put se retenir de lâcher un :
- J'avais jamais ressenti ça comme ça pour personne...
- Sors !
Le dernier mot de Violette avait été aigu et semblait dit sous le coup d'une certaine émotion. Santana, voyant sa camarade toute rouge, ne chercha pas plus loin et prit la porte. Violette se mordilla les lèvres, décontenancée.
***
Emeli Sande – Read all about itYou've got the words to change a nation
But you're biting your tongue (Tu as les mots pour changer un pays mais tu te mords la langue)
Le lendemain matin, Santana se leva comme tous les jours. Elle semblait tout aussi éteinte que les autres jours. Sa mère se leva en même temps, un enfant dans les bras.
You've spent a life time stuck in silence
Afraid you'll say something wrong(Tu passes une vie coincé dans le silence de peur que tu dises quelque chose de mal)
Même séance de méditation sous la douche. Cette fois, ça dure un peu plus longtemps. Santana regarde fixement devant elle, se demandant si ça vaut vraiment le coup d'aller à l'école aujourd'hui.
If no one ever hears it how we gonna learn your song?
So come, on come on, come on, come on(Si personne ne l'entend, comment allons-nous apprendre ta chanson ?)
L'établissement n'impressionne plus Santana. Aujourd'hui, elle passera la journée en roue libre. Sans regarder ce qui se passe autour. Sans parler à qui que ce soit.
You've got a heart as loud as lions
So why let your voice be tamed?(Tu as un cœur bruyant comme un lion, alors pourquoi laisser ta voix bridée ?)
Les autres élèves avaient l'air d'avancer en accéléré alors que Santana marchait nonchalamment jusqu'à la porte de l'école. Elle ne repéra même pas Wallace, poussant Walter, qui l'observaient alors qu'elle passait.
Baby we're a little different
There's no need to be ashamed(Bébé, nous sommes un peu différents, il n'y a pas de raison d'avoir honte)
Arrivée à son casier, elle fut quelque peu dévisagée par Christina et Perrine qui cessèrent quand elles s'aperçurent qu'elle était en mode automatique.
You've got the light to fight the shadows
So stop hiding it away... Come on, Come on(Tu possèdes la lumière pour combattre les ombres alors cesse de la cacher...)
Santana releva la tête, soupirant. Au loin, la clique de Rebecca semblait en pleine agitation. Santana ne se donna pas la peine de les regarder.
I wanna sing, I wanna shout
I wanna scream till the words dry out(Je veux chanter, je veux hurler, je veux crier jusqu'à ce que les mots se dessèchent)
En fermant son casier, Santana regarda vers elles.
So put it in all of the papers, I'm not afraid
They can read all about it, read all about it...(Alors mettez-le dans les journaux, je n'ai pas peur, ils peuvent tout lire à ce propos)
A sa grande surprise, Violette regardait vers elle également. Santana haussa les sourcils, surprise.
At night we're waking up the neighbours
While we sing away the blues(La nuit, nous réveillons les voisins en chantant notre blues)
Violette se mordilla les lèvres. Rebecca et Amélia s'éloignaient en papotant. Violette salua Santana d'un geste de la main, sans sourire.
Making sure that we remember yeah
Cause we all matter too(Et on s'assure de s'en souvenir, oui parce que nous comptons aussi)
Santana salua à son tour, tentant de cacher son émoi face à cette réponse somme toute positive.
If the truth has been forbidden
Then we're breaking all the rules
So come on, come on, come on, come on,(Si la vérité a été interdite alors nous briserons toutes les règles)
Violette rejoignit ses amies, fusillée des yeux par Santana alors que Violette lui rendait son regard.
Let's get the tv and the radio
To play our tune again(Laissons la télé et la radio jouer notre chanson encore)
Santana se retourna pour continuer à regarder Violette qui lui tournait le dos.
It's 'bout time we got some airplay of our version of events(Il est temps que nous fassions écouter notre version des évènements)
Santana souriait. « Bah zut alors, ces trois ans s'avèrent soudain bien prometteurs... »
There's no need to be afraid I will sing with you my friend
Come on, come on(Nul besoin d'avoir peur, je vais chanter pour toi mon ami)
Santana fut interrompue dans sa rêverie par Wallace.
- T'en as pas marre de porter du rose ?!
Santana se retourna, folle de rage. Walter plissa les yeux.
- Cours, elle va nous tuer !!
I wanna sing, I wanna shout
I wanna scream till the words dry outRetour à la maison. Santana passa devant la porte de l'atelier de sa mère. Sara peignait un tableau rose avec du blanc.
- ... tu peins en rose ?
- Oh, Santana... Oui, je... Tu te rappelles que je voulais que tu peignes un tableau ?
Santana hocha la tête.
- J'ai décidé d'en peindre un pour toi en fait, un qui... représente ce que je pense de toi, et la seule chose que j'ai trouvé, c'est... de faire du symbolisme sur ton Viskuse.
- C'est un Moyade maintenant... marmonna Santana.So put it in all of the papers,
I'm not afraid- ... Oh... Je suis vraiment une piteuse mère, hein...
Santana agita la tête. Sara soupira.
- Ton père est un pauvre type. Au sens propre. C'est un miséreux. Je le vois, je garde ce contact avec lui pour l'aider. Parce que mine de rien, c'est grâce à lui que je suis maman, donc bon...
- Maman, dis-moi que ce type n'a pas abusé de toi !
Sara haussa les sourcils.
- Absolument pas !
- Il est super vieux !
- Il n'a jamais que quinze ans de plus que moi, c'est pas grand-chose !
Santana grimaça affreusement.
- Je préférerais que tu ne le connaisses pas. C'est un pêcheur, il n'a aucun intérêt pour toi, quand je suis partie, il a haussé les épaules et il est parti à la pêche...
Santana hocha la tête.
- Je vais exposer ce tableau dans ma prochaine expo... Tu portes souvent du blanc et du rose, j'ai toujours trouvé ça rigolo par rapport à ton Vi... Moyade. Je compte l'appeler « Ciel Rose ».
Santana haussa les épaules.
- Tu me pardonnes, Santana ? Tu te doutes que je n'avais pas trop le...
Sara se retourna, mais Santana était partie.They can read all about it
Read all about it, ohAu milieu des autres élèves, Santana semblait quelque peu endormie. Mais bien. Comme si elle avait bon espoir en l'avenir. « Ca faisait longtemps... »
Yeah we're all wonderful, wonderful people
So when did we all get so fearful?(Oui, nous sommes des personnes merveilleuses. Alors quand sommes-nous tous devenus si craintifs ?)
Perrine et Naomi étaient côte à côte, silencieuses. Mike arriva aux côtés de Naomi.
- Excuse-moi d'être en retard...
- Mike, bon sang, je t'ai attendu !
Perrine haussa les sourcils.
Now we're finally finding our voices
So take a chance, come help me sing this(Maintenant nous trouvons enfin nos voix, alors tente ta chance et viens m'aider à chanter ça)
- On parlera de ça plus tard, ok ? Là, on n'aura pas le temps ! assura Naomi.
- Ok, ok, à toute.
- Hm.
Perrine regarda Naomi, étonnée.
Yeah we're all wonderful, wonderful people
So when did we all get so fearful?- T'as... un truc à me dire ? demanda Perrine.
- On sort ensemble, ça fait une semaine.
Perrine fit des yeux ronds comme des soucoupes.
And now we're finally finding our voices
So take a chance, come help me sing thisSantana suivit le rang et entra en classe.