[Arc II: Changement] Chapitre 32: Jours de Pluie.
La pluie tombe de manière abondante, d'un ciel dont l'orage et la foudre ont prit le contrôle. Les Grands bâtiments de l'Institut des Biotechnologies, voient leurs sommets être menacés par le climat lui-même. Cette pluie fut soudaine, presque surnaturelle.
A l'intérieur des locaux, quelque chose se tramait. Depuis quelques minutes, déjà, un son monotone et épuisant pour l'oreille, se faisait entendre. Quoi donc ? Une alarme. Une alarme qui retentissait jusque dans la salle, où se réunissait les membres principaux de l'Institut.
« Elle nous a retrouvé ? Comment ? Je pensais que tous ses souvenirs avaient été effacés ? » fit Taylor Bracfield, de sa voix faible. « Décidément, la journée n'est vraiment pas bien partie. »
« Personnellement, je la croyais morte, donc bon. » commenta Kaïran.
« L'heure n'est pas à la plaisanterie. Nous devons vite partir d'ici, elle ne va pas tarder à arriver jusqu'ici. » jugea bon de dire la jeune femme du nom de Séléna.
L'heure n'était pas réellement aux futilités, en effet. Elle était revenue, et si jamais elle se souvenait, ce qui semble probable, elle n'était certainement pas venue pour prendre une tasse de thé.
« Bien. Appliquons le protocole de sécurité. » annonça Taylor Bracfield.
Plus bas, la dénommée Sériane, montait les étages. Des cadavres de gardes dessinaient le chemin qu'elle avait parcouru jusqu'à présent. La jeune femme, était habillée comme lors de sa rencontre avec Miréna. Malgré les morts sur sa route, il n'y avait aucune trace de sang, sur son corps. Elle marchait d'un pas calme, regardant les longs couloirs qui s'offraient à elle. Depuis qu'elle était entrée, elle n'avait pas encore vu le moindre ascenseur. Pourtant, il devrait bien en y avoir un, vu le nombre d'étages et l'importance des bâtiments.
« Halte-là ! » cria la voix d'un garde.
La jeune femme se retourna, sans un mot. Un homme relativement musclé, en uniforme venait de l'interpeller. Mais ce n'était pas le plus important. Ce qui était essentiel, c'est qu'il tenait quand même une mitraillette dans les mains.
« Tiens ? Pourquoi des hommes tels que vous traînent-ils dans des lieux exclusivement réservés à la Science ? » demanda Sériane, d'un ton faussement interrogateur.
« Silence ! C'est moi qui pose les questions ! Qu'avez-vous fait à ces hommes ?! Et puis zut, mains en l'air ! » hurla l'homme, un peu confus, ne sachant trop ce qu'il devait faire.
« Les hommes de votre genre sont entrainés pour faire face à des situations difficiles, mais à chaque fois que c'est le cas, ils se dégonflent. » répliqua la jeune femme, plus sombre dans sa voix.
Cette dernière s'approcha du garde, qui pointait très distinctement son arme vers elle.
« Encore un pas, et je tire ! » clama t-il.
« Ne vous gênez pas, surtout. »
Comment ? Pourquoi était-elle si confiante ?! Il était armé, il était entraîné ! Soit ! C'était elle, qui avançait et qui lui forçait le pas, c'était de la légitime défense !
Son doigt s'appuya ferment sur la détente, et sa mitraillette tira à grands coups vers la jeune femme.
Quelque chose se produisit, évidemment. Une confiance pareille affichée, ne pouvait cacher que quelque chose de suspect. Et malheureusement pour le garde, cela s'avéra bien vrai dans ce cas là. Une aura bleue entoura la jeune femme, tandis qu'un véritable mur de d'eau, semblable à un geyser miniature, l'entoura, bloquant avec une certaine aisance, les balles tirées par le garde.
Ce dernier, n'en revenait pas. Il tremblait à pleine vue, son arme tomba de ses mains, tandis que ses yeux ne faisaient que traduire cette terreur qui le prenait.
« Les yeux sont les reflets de votre âme, c'est bien connu. Si je regarde bien, je ne vois qu'un petit crétin intimidé. C'est dommage pour vous, vous auriez dû rentrer chez vous au lieu de vouloir m'attraper. » annonça la jeune femme, en avançant vers lui.
Ce dernier était paralysé par la peur. Il n'avait jamais vu une chose pareille !
Un puissant jet d'eau vint le percuter de plein fouet, lui brisant les os des côtes, le projetant en plus sur un mur.
Soit ... voilà une bonne chose, qui était faîte. Maintenant, il allait falloir monter jusqu'en haut. Les minutes passèrent, et enfin, un ascenseur apparu, dans son champ de vision. Ce n'était pas trop tôt. Cependant, il était visiblement hors d'état de service. Les yeux bleus océans de Sériane se portèrent sur les cotés du couloir. Bon, il y avait une porte d'escalier, alors, visiblement, elle allait devoir l'emprunter pour pouvoir accéder aux étages supérieurs.
La jeune femme aux cheveux bleus, prit donc ce chemin. Il fallait monter. Et beaucoup d'étages, même.
Cela lui prit quelques minutes. Enfin, elle aperçevait le bout du tunnel, la porte menant à la dernière salle. Celle où se tenait les réunions du conseil. Ceux qui étaient à l'origine de tous ces projets infâmes. Ceux qui lui avaient donnés, cette folie. Ils n'étaient pas très malins, en tout cas. Ce n'était pas comme s'ils se cachaient, leur Institut est célèbre, et cela fut très facile, de les retrouver. Machinalement, elle avançait, et poussa la porte.
Derrière, il n'y avait plus personne. La grande table circulaire était vide. Sériane eu un petit soupir d'agacement. Ils avaient fuit, lâchement. Décidément ... bon. Ils n'allaient pas s'en tirer comme ça, malgré tout.
Une alarme plus forte que les autres s'enclencha alors, faisant presque sursauter la jeune femme. Une forte lumière rouge émana des lampes accrochées au plafond, tandis que de grosses portes blindées descendaient des ouvertures de la salle.
« Processus d'Extermination enclenchée. » fit une voix automatique, provenant des machines.
Tss. Qu'est-ce qu'ils imaginaient ? Qu'elle allait mourir avec ça ?
Des conduits d'aérations, un Gaz en sortit. Quel effet avait-il ? La femme aux yeux océans ne voulait, malgré tout, pas le découvrir. Ses yeux se fermèrent, tandis qu'une aura bleuté se forma autour d'elle. Des morceaux du sol commençaient à se détacher, tandis qu'elle créa instantanément une puissante trombe d'eau, dévastant les portes, explosant les vitres, détruisant les conduits d'aérations avec une facilité déconcertante.
Il y avait, une caméra, encore. Elle semblait en état de fonctionner. Sériane s'en approcha.
« Bien le bonjour. J'espère que vous vous portez bien depuis tout ce temps que vous ne m'avez pas vu. Depuis le jour où vous m'avez livré à la mort, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts, et c'est le cas de le dire. Je me suis souvenue de vous, il y a quelques temps. Vous ne m'échapperez pas. Je vous tuerais tous, jusqu'au dernier. » fit-elle, d'un ton sévère.
La caméra se fit ensuite, anéantir.
***
« Elle est devenue très violente, cette femme. » commenta la voix de Delgath.
Les Sept membres formant ce comité de scientifiques étaient déjà partis. Par la voie des airs. Les recherches technologiques qui ont lieu dans cette organisation a permit la création de nombreux appareils volants de ce type.
Quel type ? Un vaisseau permettant de voyager à grande vitesse. La Technologie a été inspirée des nombreux autres types d'appareils plus anciens de ce type, notamment ceux employés par la Team Magma, Aqua et Galaxy, dans leurs temps. C'est ici, une forme plus avancée. Le vaisseau est plutôt grand, faisant une vingtaine de mètres de long, de couleur assez sombre, des ailerons permettant l'équilibrage sur le coté, tandis que deux puissants réacteurs permettent la propulsion de la machine volante. Ces derniers ont une puissance variable, selon la vitesse à laquelle on voudrait se déplacer. Un mode de vol plus silencieux, et un autre de camouflage ont été intégrés, afin de rendre les déplacements moins visibles.
« Effectivement, sa puissance est assez problématique. » fit Taylor Bracfield.
« Que faisons-nous, maintenant ? » interrogea Séléna.
« Partons dans les autres bases. L'Institut des Biotechnologies n'est que la partie visible de l'Iceberg, après tout. » rétorqua Raiden.
Les autres acquiesçèrent. C'était la meilleure chose à faire. Aux commandes du vaisseau, le dénommé Kaïran poussa sur l'accélérateur. Les choses évoluaient de manière assez intéressantes. Et surtout, imprévues. Il en ria, sous les regards anxieux de ses égaux.
***
« La grande Tour principale de l'Institut des Biotechnologies a été sévèrement touchée la nuit dernière. De nombreuses victimes sont à déplorer, la destruction matérielle a été relativement importante. Nos équipes de journalistes sont actuellement sur place afin de découvrir plus de détails quant à cette mystérieuse déstruction. Robert, vous êtes là ? »
« Oui oui, nous sommes bien présents ici à Crystal City. Les dégâts sont très impressionnants, regardez donc vous-mêmes ! Nous avons pu noter une présence très importante et étrange d'eau ici. Il est vrai qu'on a pu assister à des pluies anormalement violentes sur cette zone là hier soir, et non prévues par la Météo. Et je voudrais aussi ajouter que ... ah ! Monsieur le policier, pouvez vous répondre à nos questions ? S'il vous plaît, monsieur, ce ne sera pas l... »
« Notre communication a été coupée. Robert ?! Vous êtes là ? ... Aucune réponse ? Bien, en attendant des nouvelles de notre envoyé, nous allons donc parler de la montée du chômage ... »
La télévision se coupa. Cela avait été suffisant. Mydreï jeta la télécommande sur le lit, et s'y allongea, la tête posée vers le plafond. Quelques jours avaient passés depuis qu'Aryen avait mit un terme à l'existence de Karl sur terre. Mais, tout était encore frais dans sa tête. Cette impuissance totale, à pouvoir toucher Aryen, cette impuissance totale face à Miréna ... il était clairement énervé, toujours contre lui-même.
La Mission ? Il ne l'a pas accomplie. C'était sûrement ces types du laboratoire qui tuaient ceux qui s'aventuraient trop loin, avant que leur planque ne soit découverte. Après ces fameux évènements, Mydreï et Miréna avaient reprit leur barque pour repartir immédiatement dans l'île Syksrein. Ils ont traversés la forêt sans rencontrer de problèmes particuliers, avant de se poser dans un hôtel, depuis quelques jours. Le silence était devenu roi entre eux, et en même temps, leurs émotions étaient clairement affichées, chacun se sentant coupable dans son coin.
Dehors, symbole de cette ambiance, la pluie avait fait son apparition, dans un ciel sombre et gris. Quelques éclairs dessinaient des courbes parmi les nuages, de temps à autres. Il y avait peu de monde, dans les rues. Logique, par un temps pareil.
Miréna, était malgré tout, toujours là. Devant la fenêtre, la jeune femme était également plongée dans un profond mutisme. Il n'y avait quasiment plus de paroles, depuis ce jour là. Elle regrettait la tournure des choses. Des larmes, elle en avait versée, et elle continuait, de temps à autres. En silence.
Mydeï se leva d'un coup, sous le regard de la jeune femme aux cheveux blonds.
« Où ... vas-tu ? » demanda t-elle, presque gênée de devoir parler.
« A la source. Je vais en finir avec eux. »
Par « eux », Mydreï parlait sans nul doute de la fameuse Institut des Biotechnologies, mais apparemment, la tour avait été anéantie. Malgré cela, il en était convaincu. Ils étaient toujours là. Ceux qui tiraient les ficelles, de toute cette histoire. C'était même évident. Restait à les trouver, chose plus difficile.
« Comment vas-tu le faire ? »
« En cherchant. » rétorqua froidement le jeune homme.
L'ambiance n'était pas vraiment au rendez-vous, entre les deux jeunes personnes. Il faut dire que les circonstances n'aident pas tellement.
« Mydreï ... je suis désolée. » annonça finalement la jeune femme.
Le jeune homme s'arrêta devant la porte de la chambre.
« De quoi ? » rétorqua t-il.
« Pour ce qui est arrivé à Karl. »
Mydreï se retourna vers Miréna. Il ne pouvait, malgré tout, pas laisser les relations entre eux se désagréger ainsi. Ils s'étaient bien entendus, malgré tout. Il est aussi vrai, qu'il ne la connaissait pas depuis bien longtemps.
« Oublie cette histoire. Ce n'est pas de ta faute. » répondit la voix du jeune homme.
« Mais ce n'est pas la tienne non plus. » répondit Miréna, en fixant Mydreï de ses yeux bleus.
Ce dernier semblait quelque peu irrité, par la réponse de la jeune femme. Et pourtant, n'était-ce pas là, la vérité ?
« Si, c'est de ma faute. Si j'avais mieux veiller sur lui, rien de tout cela ne serait jamais arrivé. Si j'avais été plus responsable, et si j'avais été assez fort, il n'aurait pas été ... »
« Arrête. Je sais ... que tu souffres. Mais ce n'est pas de ta faute. S'il y a un responsable, c'est sûrement cet homme. Ne te fais pas de mal, pour rien. »
Surprise, oui. Elle l'était presque de ses propres paroles. Elle n'aurait jamais pensée, tenter de réconforter quelqu'un. La raison est simple, elle ne sait pas du tout, comment s'y prendre. Son trouble passé, explique en grande partie cette grande zone d'ombre.
Aujourd'hui, ce furent quasiment la première fois que le sujet de la mort de Karl fut abordé entre eux, depuis ce jour.
Mydreï baissa légèrement la tête. La haine l'animait depuis lors. Il ne pouvait laisser passer de pareilles actes. Il avait déjà envoyé un message à son employeur, pour lui dire qu'il n'allait pas être disponible « pour un moment ». Aryen, il allait le payer. Vraiment le payer.
« Tu n'es pas obligée de rester avec moi, Miréna. Je retourne rapidement à Kreinland. Tu pourras aller voir ton père, il répondra probablement à tes questions. Pour ma part, j'irais faire des tâches dangereuses, je préfère autant ne pas t'impliquer là-dedans. » dit le jeune homme.
Miréna le regardait, sans réellement exprimer quoi que ce soit.
« Je ne sais. » rétorqua t-elle. « Je verrais ... »
Son père, elle voulait le revoir. Mais était-ce réellement possible ? La jeune femme aux cheveux blonds soupira. Cette histoire avait été vraiment très épuisante. Pendant ces derniers jours, elle n'avait pas eu le temps de penser à sa propre histoire, mais sa mémoire avait encore de manière très précise les mots d'Aryen, lorsqu'elle était captive. La jeune femme se regarda dans la vitre.
« Il y a quelques mois, tu as eu en effet une faculté de destruction par décharge électrique, alors que personne ne t'a donnée quoi que ce soit. »
« Oui, Miréna Vrayden, tu n'es pas une humaine normale. »
Ces mots raisonnaient encore fort, dans son esprit. Aryen ... il ne lui avait pas tout dit. Elle en était persuadée. Elle ne pouvait pas se résumer à une simple « chose » ... elle ne voulait pas, être ainsi. Son père, elle devait le voir. A tout prix. Pour qu'enfin, cette zone d'ombre, disparaisse.
***
Kreinland était frappée par la pluie et l'obscurité, désormais. La nuit était tombée depuis quelques heures. Dans la ville, une ombre traînait. Ses yeux rouges perçants étaient inquiétants. Cette ombre, était toujours le deuxième Exterminateur, Aryen. Ses pas le faisaient avancer dans la ville, jusqu'à atterir devant une maison plutôt luxueuse. De hautes grilles empêchaient les visiteurs inopportuns d'entrer.
Tss. Comme si c'était ça, qui allait l'arrêter.
« Aryen ? » fit une voix, dans les écouteurs que portaient l'Exterminateur.
« Je suis bien là. »
« Bien. N'oublie pas ta mission. Nous avons eu des problèmes avec le premier Projet qui nous a retrouvé sans trop de soucis. Alors, il faut maintenant à tout prix que tu coupes les liens possibles entre P-M-5 et nous. Dépêches-toi de tuer Roy Vrayden. »
« Bien reçu. Ce sera fait rapidement. » rétorqua l'Exterminateur, en reportant son regard sur les bâtiments qu'il avait en face de lui.
Cela n'allait pas être bien compliqué.