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La rage de vaincre de Don d'ARCEUS



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» Auteur : Don d'ARCEUS - Voir le profil
» Créé le 13/10/2012 à 15:22
» Dernière mise à jour le 13/10/2012 à 15:23

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Résolution
À la fin du match, la plupart des filles gagnèrent le vestiaire pour se changer ; seule Éliana n'y alla pas. Alors qu'elle allait pénétrer dans le vestiaire, Morgane le remarqua et l'interpella :

« Hé ! Tu ne viens pas te changer ?
– Mes affaires sont chez moi.
– Viens au moins prendre une douche ! Tu dois être en sueur après t'être autant donnée !
– Je prendrais une douche chez moi.
– Pudique, hein ?
– M... moi ? P... pas du tout ! »

Morgane acquiesça lentement avec un sourire en coin avant d'ouvrir la porte du vestiaire pour y entrer.

« C'est pas non plus comme si j'habitais à des kilomètres d'ici ! » fit d'ailleurs remarquer Éliana en grommelant avant de se diriger vers la sortie du gymnase.

Alors qu'elle refermait la porte sur elle, une voix dans son dos lui demanda :

« Dis-moi, à quoi tu joues ? »

L'adolescente se retourna brusquement, le cœur battant la chamade. Evanetas était adossé à un arbre non loin. Rassurée, Éliana s'apaisa avant de répliquer :

« Non, toi, à quoi tu joues ? »

Le garçon la regarda avec un air incrédule qui contrastait avec la lueur d'amusement présente dans ses yeux.

« Pour être franc, je ne cherche rien d'autre que d'essayer de mieux te connaître.
– Voyez-vous ça ? Et peut-on savoir la raison de ce vif intérêt pour ma personne ?
– À vrai dire, c'est ce que j'aimerais comprendre moi aussi... répondit Evanetas sur un ton des plus mystérieux.
– Mais encore ? »

Le jeune homme baissa les yeux, visiblement gêné par la tournure que prenait la conversation.

« Allons bon, un original ! » pensa Éliana en s'éloignant.

« Hey ! Où vas-tu ? fit Evanetas en la rattrapant.
– Ça te regarde ?
– Non.
– Bon. »

Et elle reprit sa route.

« Mais je n'ai pas fini...
– Vraiment ?
– Tu n'as pas envie de savoir comment j'ai fait ?
– Non.
– Mais... pourquoi ? »

Il commençait à lui casser les pieds, lui.

« Parce que j'en ai rien à faire, voilà tout ! »

Il la laissa partir sans mot dire. Mais il n'en pensait pas moins...

***
La vie met parfois d'étranges personnes sur votre chemin. Cette fille-là fait partie de cette catégorie de personnes. J'en suis intimement persuadé. Et c'est pour m'en convaincre plus qu'intimement que je me mets à la suivre, le plus discrètement possible. Au bout de dix minutes de marche, je me demande si elle ne s'est pas aperçue de ma présence. Sa façon de marcher n'a pourtant rien perdu de son naturel... mais peut-être est-elle très bonne comédienne ?

J'en viens presque à regretter mon initiative de la filer lorsque je me rends compte que nous nous rendons en direction de quartiers de mauvaise réputation. Est-il possible qu'une fille pareille puisse vivre dans un milieu qui colle si peu à son image ? ...apparemment oui : elle vient de pénétrer à l'intérieur d'un immeuble. Je me sens bien bête, tout à coup ; je n'avais pas envisagé qu'elle puisse vivre dans un appartement à elle seule... alors que c'est pourtant le cas de la majorité des élèves de l'école. Mais qui parmi eux aurait songé à choisir un endroit aussi reculé... et si peu amène ? Cette fille avait forcément quelque chose à se reprocher... ou, du moins, à cacher. Mais quoi ? Est-ce le mystère qui l'entoure qu'elle souhaite enfouir au fond de ce quartier aux allures sordides ?

« Bon, et maintenant ? je me demande. Je n'ai quand même pas fait tout ce chemin pour rien ? »

Je reste caché là, à attendre de voir si une pièce s'illumine – il fait presque nuit – et si je reconnais à l'intérieur cette fille intrigante. Toujours en quête d'une réponse, et comme aucun appartement ne s'illumine, je me rends au pied de l'immeuble dans lequel la fille a disparu. Aucun récent locataire ne semble avoir emménagé dernièrement – on le devine aisément à l'usure des étiquettes portant leurs noms – à l'exception d'une seule personne que je devine être celle qui m'intéresse. Elle s'appelle Séverine Éliotas. Prénom peu répandu... à moins que j'aie eu la malchance de ne rencontrer aucune Séverine jusqu'ici. De toute façon, c'est certainement toujours plus connu qu'Evanetas.

***
Pendant que le garçon s'interrogeait sur ce qu'il allait faire à présent, Éliana-Séverine était en proie à un vif désespoir... ce même désespoir qui la saisissait à chaque fois qu'elle se retrouvait seule. Ce désespoir qui s'était abattu sur elle le jour où elle avait quitté Célinda et Vitalio... et sa famille. Tous lui manquaient terriblement. Il était inutile de se voiler la face. Mais Éliana s'était crue assez forte pour remonter la pente, pour surmonter cette épreuve que constituait leur absence... Elle avait peur de s'être surestimée, pour la première fois de sa vie. Oh, que ne donnerait-elle pas pour être à nouveau en compagnie de son amie de toujours ? Bien sûr, elle pouvait remonter le temps, mais elle avait un amour-propre ! Cette tentation n'aurait pas raison d'elle ! Elle avait toujours justifié ses voyages dans le temps par des raisons solides... jamais dans son intérêt. Elle regrettait tellement de ne pas avoir accepté de vivre un seul jour de plus avec Célinda et Vitalio qu'elle s'était sentie sur le point de flancher plusieurs fois depuis leur séparation. Mais elle avait tenu bon.

Hélas, elle redoutait qu'un jour, bien avant que le bouquet de fleurs que lui avaient offert ses amis ne fane, elle n'en puisse plus de ce constant effort de volonté à fournir pour renoncer à modifier le passé. Et elle en était d'autant plus certaine que, depuis qu'elle avait quitté Vitalio et Célinda, elle n'avait de cesse de revivre de mémoire l'aventure qu'ils avaient vécue ensemble ces dernières vacances, allant même jusqu'à rêvasser en cours... et si jusqu'ici elle avait évité de trop s'attarder sur ces moments de pure complicité que Célinda et elle avaient partagés certaines nuits, elle savait que tôt ou tard, elle replongerait dedans. Et qu'elle les revivrait avec le plus d'intensité possible. Comment effectivement ne pas en être assurée lorsque l'on commençait à se demander si, durant cette nuit où la jeune femme s'était presque abandonnée entre les mains de son amie la plus chère, Ténébrax n'avait rien eu à voir avec les gestes fébriles de Célinda mais qu'Éliana avait inventé de toute pièce cette excuse plausible parce qu'elle commençait à paniquer ?

Alors que la tentation de replonger dès maintenant dans ces souvenirs qu'elle avait jusqu'ici soigneusement évités se faisait de plus en plus forte, Éliana entendit du bruit dans sa chambre. Fouineur était sorti de sa Pokéball tout seul !

« Fouineur ! Oh je... je suis vraiment désolée, je t'avais complètement oublié je... tu as faim ? »

Le Fouinette acquiesça. Tout en poursuivant ses excuses, Éliana alla préparer quelque chose pour le Pokémon de son amie de toujours. Alors qu'elle posait le plat sur la table en proférant d'énièmes excuses, Fouineur bondit dans sa direction avant de lui assener une claque monumentale avec sa queue. Pensant d'abord que c'était dû à son inattention, la jeune femme ne songea pas à s'énerver étant donné que cela était justifié. Mais, tandis que son esprit se faisait plus clair, elle lut dans les pensées de Fouineur que celui-ci l'avait giflée pour justement lui redonner ses esprits. Incrédule, Éliana contempla avec une certaine reconnaissance la petite boule qui entamait son repas avec un appétit vorace. Mais Fouineur semblait à présent ignorer sa nouvelle dresseuse, comme si elle n'était plus là. Célinda avait dit vrai ; ce Pokémon à première vue parfaitement ordinaire pouvait se révéler étrangement amical...

La jeune femme se fit dès ce jour la promesse de ne pas penser plus que nécessaire à ses amis, et de se concentrer davantage sur le présent... en accordant davantage d'attention à ses nouveaux amis. Pour commencer, elle dorlota Fouineur comme jamais personne n'avait dorloté un Pokémon en lui faisant prendre un bain, le lavant, le séchant, le brossant... Lorsqu'elle eut terminé sa toilette, Éliana avait presque oublié qu'elle en avait également besoin d'une. Cependant, en se voyant dans le miroir, elle comprit aussitôt pourquoi Morgane avait essayé de la provoquer pour l'inciter à prendre une douche au gymnase. Dire qu'elle avait une mine affreuse était en deçà de la réalité. Éliana eut presque des regrets en réalisant qu'elle avait négligé bien des choses – dont son apparence – en s'abîmant dans le silence et le désespoir. Mais cela ne se reproduirait pas. Car Célinda et Vitalio devaient goûter les joies de la vie avec une intensité toute particulière, depuis son départ. Et ils devaient sans aucun doute penser que leur amie s'était déjà très bien intégrée dans sa classe, pensant avec mélancolie à eux mais jamais sans regretter leur séparation.

La jeune femme fut contente d'avoir définitivement coupé les ponts avec eux ; ils n'auraient ainsi pas l'occasion de s'apercevoir à quel point elle avait déçu leurs espoirs. Mais tout ça était terminé ; à partir de maintenant, elle reprendrait sa vie en main, et bien que l'Éliana que Célinda avait jadis connu ne pouvait plus exister du fait des différentes épreuves qu'elles avaient récemment traversées ensemble, elle ferait de son mieux pour retrouver tout ce qui faisait d'elle cette personne si particulière pour laquelle Célinda s'était éprise d'amitié dès le premier regard. Forte de cette conviction, la jeune femme fit sortir le Pokémon Espion de la salle de bain avant de remplir la baignoire et de préparer tous ces produits de soin dont on vous rabâchait les précieuses vertus à la télévision ou sur les panneaux publicitaires afin de les acheter. Lorsqu'elle eut terminé, Éliana se prépara un dîner léger – elle tombait littéralement de sommeil – avant de rejoindre son lit sur lequel roupillait déjà Fouineur. Elle éprouva un sentiment de bien-être intense à serrer tout contre elle cette petite boule toute chaude, seul témoignage – avec les roses – de son ancienne vie... et, fallait-il le préciser, seul être vivant avec qui Éliana pensait alors pouvoir discuter de leur aventure. Fouineur lui donnait également le sentiment étrange mais réconfortant d'être un peu plus proche de Célinda. Pour la première fois depuis – trop – longtemps, la jeune femme dormit d'un sommeil paisible. Le réveil la trouva d'ailleurs le sourire aux lèvres et en bien meilleure forme que d'habitude.