X
Anna avança dans le long couloir blanc et aseptisé de l'hôpital central de Céladopole. Elle avait son portable à l'oreille et gardait sa tête fatiguée dans une expression d'attente anxieuse.
Elle avait été amenée à l'hôpital l'avant-veille par les secouristes qui étaient arrivés dans l'appartement, et à l'instar de Flynn avait passé quelques heures en observation avant d'être libérée, en gardant comme souvenir de la rencontre avec le père d'Eliott une belle bosse sur le front. Elle avait pardonné à Flynn pour lui avoir infligé ce bleu, car il les avait tirés d'affaire. Quand elle repensait à ce qu'il s'était passé, elle en riait même franchement, surtout d'après le récit que lui avait fait le fils Kenny. Cherchant à l'écarter des griffes d'Armaldo il l'avait poussée contre le mur, l'assommant, et avait tenté un coup de pied acrobatique qui l'avait envoyé par terre.
Eliott avait eu moins de chance. Il était dans un état critique lorsque les secours avaient accouru. Il souffrait de multiples contusions, et gisait dans son sang au milieu du salon. Il était passé aux urgences et était toujours alité. Sa mère avait écourté ses vacances pour se précipiter à son chevet, et se mettre en quête d'un nouvel appartement. En partie à cause de Flynn, l'ancien avait été ravagé. Quand il avait voulu s'excuser pour ces dommages, Debra ne s'était pas fâchée mais s'était lancé dans un panégyrique frisant le ridicule pour louer la valeur de celui auquel elle attribuait la survie de son fils et l'arrestation de son mari. Ces louanges avaient arraché plusieurs douloureux hoquets de rire à Eliott.
Enfin, la tonalité d'appel cessa et une voix fatiguée fit au loin :
« Allo ? »
-Papa, c'est Anna.
« Anna ! Comment ça va ? »
-Assez bien… dit-elle serrant les dents.
« Le fils Kenny n'est pas trop chiant ? »
-Non… nous sommes presque devenus amis.
« Tant mieux. Il a capturé un shiney finalement ? »
-Oui. Ecoute, papa… je pense que je vais démissionner de ce poste.
« Quoi ? Mais pourquoi ? »
Anna énuméra mentalement les raisons qu'elle pourrait avoir de quitter son poste. Elle avait vu un incendie le premier jour, été victime d'une agression sauvage le lendemain…
-Mon boulot est fini ! Ca ne sert à rien de rester. C'était rapide, je sais, mais je pense que je vais demander à Marcus de financer mon doctorat dès son retour.
« Quoi ? Mais non, chérie, tu ne peux pas t'arrêter maintenant ! »
Le ton impérieux de son père glaça Anna.
-Comment ça ?
« Ecoute… Je sais que tu adorerais faire ton doctorat, mais… c'est simplement que ta mère et moi avons tellement besoin de cet argent ! Tu sais qu'on pourrait finir à la rue sans ta paye ! »
-Mais… tu délires ? Je vais emménager ! Vous n'aurez plus à me nourrir !
« Et nous paierons plus d'impôts ! Anna, pense à tes vieux parents ! »
-Papa, je peux penser à moi-même de temps en temps !
« Tu peux avoir la belle vie, si tu n'as même plus à t'occuper du fils Kenny ! Si c'est ton ami, demande-lui de faire croire à son père qu'il a besoin de toi pour capturer des shineys, et tu pourras garder le job plus longtemps ! »
-Mais papa… c'est nul ! se récria-t-elle.
« Ta mère et moi pensions à nous installer à Safrania… »
-Avec mon argent ?
« Oh, Anna… »
-Papa, de toute façon je n'ai pas besoin de ton accord pour ça. Je vais aller voir Marcus Kenny dès son retour et lui demanderais si je peux me servir de cet argent pour préparer ma thèse ! Je suis sûre qu'il acceptera et me réengagera à un salaire plus haut encore une fois doctoresse.
« Anna, je t'interdis de faire ça ! Je te l'interdis, tu m'entends ! »
Anna s'arrêta, sans voix devant le comportement de son géniteur. De dépit, elle raccrocha sans dire au revoir et retourna à la chambre d'Eliott, très en colère.
Que son père lui interdise de démissionner, elle trouvait cela étrange. Mais de surprendre une phrase comme « Ta mère et moi pensions à nous installer à Safrania » dans la bouche prolétarienne de l'auteur de ses jours, cela l'horrifiait proprement. Jamais, de toute sa vie, M. Chester n'avait un instant pensé mettre les pieds à Safrania. Cette ville, en plein milieu de Kanto, et dont le nombre d'habitants rivalisait autrefois avec celui de Céladopole, était constituée de grands immeubles haussmanniens qui laissaient la place aux abords de la ville et dans sa banlieue à de larges pavillons occupés par de jeunes cadres dynamiques dont l'ambition était de s'offrir à la fin de leurs jours un 100 m² dans un des anciens hôtels particuliers du centre-ville.
Bien sûr, son père n'aurait pas pu se permettre une habitation de ce genre à Safrania, qui évidemment n'avait pas que des quartiers extrêmement aisés. Mais il y avait un certain état d'esprit qui poussait à s'installer dans cette cité lorsqu'on n'y travaillait pas. Et Anna se demandait ce qui poussait son père à vouloir aller là-bas, lui qui était né à Argenta, passé à Azuria et fini à Lavanville en se contentant tout à fait de la vie qu'il y menait. Si c'était pour être plus près de son lieu de travail, Céladopole et ses tranquilles quartiers est étaient équidistants, et plus plaisants. Chester aurait pu obtenir pour moins cher un logement plus grand que celui qu'il aurait pu louer à Safrania. Dans l'esprit d'Anna, son père cherchait juste à faire disparaître le surplus d'argent qu'Anna apportait.
Elle poussa un long soupir en s'imaginant un long cordon ombilical qui la reliant à ses parents à Lavanville, passait par Safrania. Elle entra dans la chambre où Flynn discutait avec Eliott.
Celui-ci, emmitouflé dans ses couvertures dont seuls dépassaient sa tête et son bras accordé à une perfusion, affichait sa sempiternelle expression calme rendue presque comique par la force de ses yeux au beurre noir et de ses dents manquantes.
-Pas trop mal ? demanda Anna timidement.
-Non, dit Eliott. Je crois que les infirmières sont généreuses sur le sédatif…
-Pas trop en manque ? persiffla Flynn.
Eliott le foudroya du regard.
-Regarde mon bras…
Au-dessus du pansement qui cachait la perfusion, au niveau de son épaule, un patch gris était accroché.
-J'en ai parlé au médecin et plutôt que de m'autoriser à fumer, il m'a collé ça en disant que je profiterais de mon séjour pour arrêter de fumer. Je n'ai pas osé lui dire que je ne manquais pas seulement de tabac…
Anna sourit. Flynn s'assit sur le lit inoccupé à côté.
-Ton père est en prison…
-Etonnant…
-Il va être bientôt jugé. Tu vas assister au procès ?
-J'en sais rien, répondit Eliott après une hésitation. Si je suis appelé en tant que témoin…
-Je crois qu'il va être définitivement radié de la Confrérie…
-Génial… qu'est-ce que je m'en tape, dit-il avec désinvolture. Ouais… à propos, Flynn… tu as bien capturé un shiney ?
-Ouais, c'est vrai.
Un ange passa.
-J'ai un peu honte…
-Il y a de quoi ! l'admonesta Eliott. Je trouve ça plus grave que ton frère qui vend de la cocaïne. Qu'est-ce que tu vas en faire ?
-Je vais le garder, Eliott. Tu te doutes bien que je vais pas le foutre sur le marché.
-Manquerait plus que ça. Ca m'a foutu un coup d'apprendre que t'avais attrapé un shiney, vieux.
-C'est pour la bonne cause…
Anna fronça les sourcils.
-Comment ça ? intervint-elle. Flynn, tu n'as pas fait preuve d'une grande détermination à empêcher la capture…
-J'ai capturé un Wattouat parce que tu m'avais menacé de couper l'électricité. Si tu me demandes un autre shiney avec le même ultimatum, je branche un groupe électrogène sur la fourrure de Watts.
Anna secoua la tête.
-Dans ce cas, un Wattouat lambda aurait fait l'affaire, dit-elle. Je pense que tu as réfléchi à ce que je t'ai dit devant l'arène et conclu que ton opposition à la chasse au shiney ne relevait que de la posture…
Flynn réalisa avec effroi qu'être shiney n'était pas une obligation pour alimenter un groupe électrogène.
-Quel idiot… marmonna-t-il.
-Anna… dit Eliott. L'opposition à la shasse n'est pas une posture. Je suis aussi contre que Flynn sur ce point et chez moi, ça ne tient pas de la crise d'adolescent… Ma mère a d'ailleurs fondé une association anti-shiney hunters. Regardez mon père… même si ce n'est pas un très bon exemple, c'est un poivrot… Enfin, le problème avec les shiney hunters n'est pas tant leur fascination morbide pour les Pokémons chromatiques ou dans le cas du père de Flynn leur propension au braconnage, mais la rhétorique barbare qu'ils sont capables de développer autour de leur activité. Pour eux, seule la traque des Pokémons brillants importe et rien d'autre. Tout leur est permis tant que cela sert la Quête. Ca peut paraître fou, mais c'est ainsi que beaucoup de shiney hunters pensent… Et c'est même le credo officiel de leur « Confrérie »… Alors, s'ils jugent que quelqu'un gêne leur plan de capture de shineys, ils ne reculeront devant rien pour faire taire cette personne. Tu comprends ?
Ce discours trouva un écho profond chez Anna. Elle hocha lentement la tête.
-Comme beaucoup de shiney hunters sont des capitaines d'industrie, des politiciens, ou des membres importants d'administrations puissantes, cela crée un Etat dans l'Etat potentiellement dangereux. Un autre problème est celui des shiney hunters qui voient l'appareil se retourner contre eux… Comme mon père. Car dès qu'ils s'éloignent du sentier tracé par la profession, ils deviennent eux-mêmes nuisibles à ses intérêts et doivent être arrêtés.
Flynn se félicita d'avoir lancé la discussion.
-Ca te fait changer d'avis sur mon père, pas vrai ?
-Je dois bien avouer que oui, concéda Anna.
-Sans compter que c'est chiant de s'entendre dire ce qu'on doit faire par ses parents à un âge… avancé.
Ils quittèrent l'hôpital quelques minutes plus tard. Le soleil de midi, en la fin de septembre, dispensait ses rayons sur la ville. C'était à cette époque de l'année qu'on pouvait apprécier le mieux leur douce brûlure sur la peau, alors que l'air se glaçait de jour en jour.
On était dimanche. La veille, samedi, William était venu dévaster l'appartement, et le lendemain, les cours reprendraient pour Flynn.
-Qu'est-ce que tu comptes faire ? demanda-t-il à Anna quand ils rentrèrent dans la voiture de Frédéric qu'ils utilisaient maintenant pour leur moindre déplacement. Tu veux rester à la maison ?
-Non, je crois que je vais faire un doctorat, répondit-elle sèchement en prenant le volant.
La voiture de sport fit une embardée spectaculaire à travers les rues de Céladopole, réduisant les bâtiments à des traînées lumineuses.
Anna battit son record de ralliement de la ferme, chronométrée par Flynn.
-Onze minutes quatorze secondes, dit-il admiratif quand elle eut coupé le moteur.
-Il y avait peu de circulation…
-J'imagine que mon frère est déjà passé en-dessous de dix minutes.
Ils descendirent et gagnèrent la dépendance des Kenny. Anna et Flynn allèrent dans l'annexe de gauche et se firent une ratatouille. Rien ne vint briser leur silence entrecoupé de bruits de fourchettes.
Anna alla dans la chambre que son père voulait la voir garder encore un moment et s'allongea sur le lit en regardant le plafond, rêveuse.
Pendant ce temps, Flynn mettait un peu d'ordres et relisait des notes qu'il avait prises au cours d'Anastasie Lindbergh. Le cours avait porté sur les choix stratégiques de matches enregistrés de la Tour de combat.
Son ancien portable, dans lequel il avait mis la carte SIM de celui que William avait détruit se mit à sonner. Flynn prit l'appel.
-Allo ?
« Flynn, c'est ton père. »
-Papa… salut…
« J'ai appris l'heureuse nouvelle et je tiens à te féliciter. Je suis enfin fier de toi ! »
-Sympa…
« Bref, tu sais que je suis en déplacement et je ne reviendrais que dans deux semaines. »
-Dans deux semaines ? Qu'est-ce que tu fais exactement ?
« Je suis à Vermilava. Tu n'es pas sans savoir qu'une séance plénière de la Confrérie se tiendra ici… »
-Si, j'étais sans le savoir, dit Flynn. Et je dirais même plus : je m'en moque.
Marcus Kenny grogna.
« Toujours aussi insolent ! A croire que ça ne t'a pas changé de capturer ton premier shiney ! Enfin, je veux que tu viennes à Vermilava dans deux semaines. »
-Quoi ? mais pourquoi, je ne fais pas partie de la Confrérie. Je n'ai pas le droit d'assister aux réunions. Au cas où tu aurais oublié…
« Bien sûr, mais la réunion de la Confrérie ne se déroule pas entièrement en huis-clos. C'est un rassemblement, il faut rencontrer ses homologues avant les séances, conclure des alliances… »
-Qu'est-ce que ça fait mafieux ton truc… Et tu as besoin de moi pour ça ? Laisse-moi rire !
« C'est sérieux, Flynn. Si tu veux intégrer le métier, il faut que je t'inculque quelque chose. »
-Au fait, tu es avec Fred ?
« Oui… pourquoi ? »
-Pour rien. Ca faisait un bail que je ne l'avais pas vu.
« C'est bien la première fois que tu t'inquiètes pour ta famille. »
-Je n'ai pas dit que j'étais inquiet. Il y aurai des raisons d'être inquiet ? glissa sournoisement Flynn.
« Pas du tout. Je veux que tu viennes à Vermilava avec ta mère et avec la jeune Chester. »
-Anna ? Quoi, tu veux la former, elle aussi ?
« Je pourrais. Elle était bien avec toi quand tu as eu ton Wattouat ? »
-Oui… tu sais qu'elle m'a forcé à l'attraper. Merci papa pour me l'avoir envoyé !
« Parfait. J'aurais besoin d'elle pour attester ton record. »
-Mon record ? s'exclama Flynn.
« Exactement… je crois que tu as battu le record de la shasse la plus rapide en brûlant la forêt pour faire échapper un troupeau entier. Je dois avouer que c'était une idée géniale ! Tellement géniale que ça m'étonne que personne ne l'ait eue avant. Bien sûr, ça tient aussi à la chance, mais elle est toujours bienvenue chez les shiney hunters. »
-Et qu'est-ce que tu ferais avec ce record ? Tu as quelque chose à prouver à tes copains, papa ? Puisque je te dis que je ne veux pas être shiney hunters !
« Du calme, fiston. Ce n'est pas la question. »
-Bien sûr que si ! C'est encore une tentative de m'enrôler !
« Flynn, je pourrais te faire quitter la maison ! Tes petites rébellions ne m'amusent plus du tout ! »
-Passe à l'acte, papa… Je n'attends que ça…
« Enfin, quoiqu'il en soit, tu viendras à Vermilava. »
-On verra ça… soupira Flynn. Et, à propos d'Anna, je pense qu'elle préfèrerait finir ses études que devenir shiney hunter… et elle compte sûrement te demander un soutien financier.
« Je ne peux rien lui refuser. Mais je verrais ça avec elle. Allez, bonne semaine, fiston… »
-A plus…
Flynn se remit au travail mais les analyses de la vieille Lindbergh ne l'intéressaient pas énormément. Après quelques vagabondages spirituels, il rangea ses affaires, persuadé qu'il ne pourrait pas réviser, et jeta un œil à son emploi du temps. Il allait effectuer sa première permanence de l'année dans un Centre Pokémon mardi soir, avec Michel. Valmont ne leur avait donné aucune indication supplémentaire et il ne savait pas qui les accueillerait là-bas. Un chargé de TD leur avait déjà dispensé plusieurs cours sur les méthodes de soin élémentaires, mais les centres de Céladopole étaient réputés et toutes sortes de Pokémons avec des blessures graves ou anormales leur était confiées.
C'est alors que le portable de Flynn se remit à sonner. Il regarda l'écran : Karen. Flynn prit une mine contrite et décrocha.
-Allo ?
« Flynn, salut ! Désolée pour avant-hier soir, je me suis endormie aux toilettes ! »
-Ah… pas grave…
« Mais j'aimerais qu'on sorte ensemble ! On pourrait se voir mardi soir ? On se fait un restau ? »
Flynn était étonné au plus haut point qu'une fille comme Karen montre tant d'empressement à sortir avec un type comme lui, elle qui faisait languir Michel depuis quelques semaines.
-Non… je peux pas mardi… Je suis de permanence dans le Centre Pokémon du quartier du manoir, désolé…
Il se demanda s'il fallait rajouter : « mais un autre jour de la semaine, avec plaisir ! ». Il n'avait aucune idée de ce qu'il fallait répondre à Karen, mais était sûr d'une chose : il n'avait aucun sentiment pour elle.
« Merde ! Un autre jour, alors ? »
-Pourquoi pas… Qu'est-ce que tu proposes ?
« Moi je suis de permanence le mercredi soir… Mais on peut faire ça jeudi ! »
-Ca marche ! répondit Flynn. Salut, à demain !
« Salut ! »
Flynn avait déjà eu plusieurs petites amies mais les perdait toutes par négligence au bout d'un moment. Il n'avait jamais connu ne serait-ce qu'une esquisse d'amour et était trop occupé à suivre Eliott pour entretenir un timide début de véritable relation. Bien qu'il en fût inconscient, Flynn avait hérité de son père une libido dévorante, et à sa grande honte, c'était la seule chose qui le poussait à accepter de sortir avec Karen. Il s'allongea sur son lit et se demanda si elle l'embrasserait en le voyant lundi.
Pendant ce temps, Anna parcourait le site de l'Université de Céladopole pour connaître les modalités exactes d'une reprise de ses études au niveau du doctorat. Les désagréables paroles de son père résonnaient encore dans sa tête.
L'après-midi se déroula ainsi. Les deux compagnons restèrent cloîtrés jusqu'à ce que le soleil se couchât. Ils jeûnèrent tous deux, trop perdus dans leurs pensées pour songer à se rassasier.
Il y avait une personne, dans la ferme, qui contrairement à son habitude, ne somnolait pas. Depuis quelques jours, Maria Kenny, la mère de Flynn était très active. Après le départ d'Archibald, elle était montée jusqu'au troisième étage, pour réinvestir le poussiéreux endroit qu'elle utilisait auparavant comme bureau, avait mis en place plusieurs équipements informatiques sophistiqués autrefois utilisés comme matériel par Marcus dans ses shasses, avec l'aide de Raspoutine, et, satisfaite, avait allumé l'ordinateur.
Elle lança le programme PsySpy dans la barre de lancement des programmes et contempla béate l'écran d'ordinateur. A ses côtés, Raspoutine qui lorgnait également le moniteur, poussait des grognements furieux.
Depuis, elle se replongeait dans ses manuels de stratégie, faisait sortir ses Pokémons pour les entraîner, et plusieurs fois par jour, montait dans son bureau observer l'ordinateur qui tournait sans discontinuer.
L'écran était noir et l'ordinateur ne diffusait que du bruit. Mais quand Raspoutine se tenait devant et se concentrait, on pouvait voir l'intérieur d'un petit appartement où évoluaient un Dimoret un homme silencieux au visage rude. De temps en temps, l'émetteur placé dans la poche du manteau de Black transmettait des éclats de voix. Mais rien d'intéressant au sens de Maria.
Alors qu'Anna et Flynn s'endormaient tranquillement, elle regardait son Alakazam combattre un Tritosor shiney qu'elle avait subtilisé à la ferme.
Son portable, qu'elle gardait en permanence sur elle ces derniers jours, vibra.
-Allo ? demanda-t-elle.
« Maria ? » fit la voix de Marcus après une pause.
Le shiney hunter ne pensait pas que son épouse répondrait.
« Je suis à Vermilava. Je prépare la réunion de la Confrérie. »
-Je sais, dit-elle en sentant sa bague sur le combiné.
« Il faut que tu amènes Flynn et Anna avec toi quand tu viendras. »
-Qui ? Anna ? Qui est-ce ?
« Tu demanderas à Flynn. Et j'ai quelque chose à te demander… puisque tu as l'air d'être complètement lucide, est-ce que tu voudrais combattre un peu ? »
Maria sourit de l'aubaine.
-Je ne demande que ça, avoua-t-elle.
« Génial. Je voudrais que… »
Intriguée, l'ancienne dresseuse de compétition écouta attentivement les instructions de son mari.