« C'est la sélection des détails et non pas leur nombre, qui donne à un portrait sa ressemblance. »
(Alexis Carrel)
« J'ai pas demandé à venir au monde
J'voudrais seulement qu'on m'fiche la paix »
(Complainte de la serveuse automate)(Premier contrôle de routine)
- Pas de gangrène, pas d'infection…
Denis soupira.
- Vos résultats sanguins sont tout à fait convenables… Votre petit ami surveille bien vos dosages…
Denis souffla.
- C'est tout ce qu'il sait faire…
David baissa la tête. Le docteur Sullivan se mordilla les lèvres.
***
- Tu n'avais pas à dire ça devant lui !!
- Quoi, c'est la vérité, nan, et dans ta famille on adore la vérité ! Je suis de la famille maintenant !
- Denis, putain, qu'est-ce qui m'empêche de te laisser sur le trottoir, toi et ton putain de fauteuil roulant, et de rentrer chez nous ?
- Chez toi tu veux dire. Monsieur a eu son appartement grâce à tout le gringue qu'il a fait aux champions d'Ogoesse…
- TU VAS ARRETER AVEC CA ?***
- Et là le type masqué enlève son masque et révèle sa véritable identité !
Wallace fit mine d'enlever son visage devant un Firmin ébahi.
- C'était le petit scout gentil du début !
- Haaaaaaaaan !!!
- Tu t'y attendais pas à celle-là !
- Mais tonton Wallace, c'est complètement débile !!
- T'as raison, bonhomme. Et c'est toute la leçon de cette histoire : Tu ne dois jamais lire de fictions commerciales. Cela te tuera un jour. Retiens bien ça. C'est une inestimable leçon de vie !
- Tu peux… arrêter de lui raconter des conneries ?!
Wallace releva la tête vers Perrine.
- Je suis là parce que MADEMOISELLE n'a pas tenu à remplir son rôle de grande-sœur et a préféré se faire une dégoutante soirée pyjama avec Naomi !
- Ouais, t'es dégoutante ! cria Firmin.
- Firmin, ne me crie pas dessus ! On regarde des séries pour nénettes, ça ne t'intéresserait pas !
- Y'a des personnages gays dedans ?
- Evidemment, des tas !
- BERK ! Les personnages gays écrits par les femmes sont ignobles, je les hais !!
- Berk ! geignit Firmin.
Perrine soupira, prit les branches de céleri et le houmous puis repartit dans sa chambre. Naomi était sur le lit avec Queulorior, devant l'ordinateur portable.
- Tu aimes jouer avec ta vie, Perrine… marmonna Naomi.
- Je sais, mais je ne pouvais pas décaler ça vu que tes parents ne te laissent pas sortir souvent… Malheureusement pour nous, mes parents sont allés voir un film, et donc Wallace garde Firmin…
- Tes parents sont allés voir quoi, déjà ?
- Une comédie romantique. Précisément, ils vont revenir déprimés et… câlins et il vaudra mieux qu'on mette les casques audios quand ils rentreront parce que ça risque d'être assez moche !
- Ta vie doit être horrible !
- Moins que la tienne. Pourquoi vous vous chicanez avec Walter ?!
Naomi soupira.
- Tu vois ma famille ?
- Hm ?
- Bah disons qu'il me rappelle mes parents, à ne jamais me lâcher, toujours à chercher la petite bête, du coup il m'énerve.
- Oh… Bon, on continue ?
- Hm.
Perrine appuya sur lecture. Roland mit le post-it sur son front et envoya Chovsourir.
Naomi s'étonna.
- C'est bizarre, ce Pokémon n'est pas sur la liste officielle des douze Pokémon qu'il a utilisé à la zone de combat…
- C'est pas ça, le plus important. Regarde.
L'écran montrait le Chovsourir mettant une raclée à un Boréas. Naomi passa par toutes les expressions faciales.
- Dingue… C'est une vraie humiliation publique… Comment Ulrich Trafalgar a pu accepter d'intégrer le quintet de chefs de cabinets après ça ?
- C'est une des questions auxquelles nous devrons répondre… Un autre détail qui m'intrigue c'est Direction Dresseurs qui est apparue juste au moment où Roland Smirnoff revient à Poképolis. C'est là qu'on doit vraiment accentuer notre recherche, parce qu'il y a forcément un lien. On sait beaucoup de choses sur Roland mais assez peu finalement à propos de Direction Dresseurs. C'est un groupe d'action, ils ont des liens avec l'école, mais à part ça… Or le lien semble évident, tellement évident…
Naomi acquiesça.
- Pourquoi on ne fait pas ça avec Wallace ?
- … Je tends à penser qu'il vaut mieux ne pas trop l'impliquer dans les histoires de Roland Smirnoff vu la proximité qu'il entretient avec mes parents.
Naomi acquiesça.
- Et à l'inverse qu'il serait bon que je t'implique un peu plus.
- En tout cas ses combats sont passionnants, ce type avait vraiment un style à lui… Et un égo énorme…
- J'ai un vague souvenir de lui étant gamine... Il était… différent de ce qu'il y a sur cette vidéo. Rangé, posé, père de famille…
- Sur la vidéo on dirait un fou enragé mégalomane… Il y avait donc une différence criante entre son attitude sur le terrain et son attitude dans la vie…
Perrine acquiesça.
- Et c'est peut-être même ce qui l'a rendu fou au point de revenir à Poképolis pour instaurer un règne de terreur présidentielle sur l'association Pokémon…
- La contrariété entre son caractère profondément égotique et la surface propre et lisse !
- Tu as tout compris.
Naomi acquiesça.
- On va retranscrire ça dans nos notes immédiatement.
- Bien parlé. Heureusement qu'il y a les filles pour faire le travail des hommes…
***
- David, tu es incorrigible !
- J'y peux rien ! J'avais pas pleuré comme ça depuis Philadelphia…
- Mais c'était super mignon de te voir pleurer comme ça !
- Oh arrête, Denis ! Quand tu as sorti ton téléphone, j'ai cru que c'était pour prendre des photos en plus !!
- Nan c'était pour vérifier mes mails, je me faisais savamment chier !
- Denis !!
- C'est giga barbant ces histoires à l'eau de rose… même avec deux hommes !
David désigna le canapé. Firmin s'était endormi sur Wallace qui dormait également… devant une émission de téléréalité cradingue.
- Parfois je me dis que Perrine choisit très mal ses fréquentations…
- On va le réveiller doucement !
Denis gratta la tête de Wallace qui se réveilla dans un sursaut.
- Hmph… Oh, Monsieur Truman ! Vous êtes revenu seul ?
- N… nan !
- Oh. Cool. Je… vais mettre Firmin au lit !
- Ca aurait dû être le cas il y a quarante minutes déjà ! grommela David.
- Il dort depuis quarante minutes, j'ai juste eu la flemme !
Wallace se releva avec Firmin dans ses bras.
- Gnnnn… Veux dodo sur Wallace !
- Quand tu auras dix-huit ans, future bombasse ! sourit Wallace.
David fit de gros yeux. Denis secoua la tête.
Wallace alla déposer Firmin dans son lit et revint au salon.
- Bon, bah, je vais y aller…
- Attends, Wallace, reste, on comptait se prendre un petit apéritif ! proposa Denis.
- Grgnff… soupira David.
- Quoi ? s'étonna Denis.
- … rien, on va dire que ce soir j'ai la migraine… grommela David.
- Euuuuh… j'peux pas j'ai… un rencard… avec un mystérieux philippin… à une fête privée…
- On a du rosé au pamplemousse !
Wallace eut un sourire malicieux.
***
- C'est délicieux ! Et je suis à peine pompette après quatre verres !!
- Je savais que ça te plairait ! sourit Denis.
- J'ai cru remarquer que ça te plaisait de plus en plus de garder Firmin… marmonna David.
Wallace réfléchit à sa réponse.
***
- Génial, grâce au fric que les Truman m'ont donné pour la garde du moutard, j'ai pu renouveler ma garde-robe de strings, et maintenant j'en ai un de chaque couleur !!
Walter, qui était en train de manger avec Wallace à la cantine, manqua de recracher ses pâtes.
- Ca va pas, Walt ?
Walter avala péniblement ce qu'il mangeait.
- … si si, tes déboires budgétaires… sont fascinants…***
- Ouais, ce gamin est super cool. Je crois que ça me fait du bien de m'en occuper… Tout comme je suppose que ça vous a fait du bien !
Les deux parents hochèrent la tête.
- Pourtant on l'a eu à une période où on se disputait pas mal… à cause de moi.
- Denis, voyons, cette jambe cassée, c'était pas ta faute !
- J'étais horrible pendant cette période, tu le sais, David. Toujours est-il que Firmin, effectivement, a apporté un rayon de soleil dans notre foyer.
- Hm. C'est presque comme s'il était sorti de mon ventre…
Denis regarda David.
- Tu vas pas recommencer !
- Je suis sérieux, Denis… C'est pour ça que je suis aussi strict avec toi sur la conduite à tenir avec lui !
Wallace acquiesça, voyant le sérieux de David.
- S'il arrivait quoi que ce soit à Firmin… Maintenant je comprends ce que pouvait ressentir Roland…
- Pardon ? s'étonna Wallace.
David haussa un sourcil. Denis lui tapota l'avant-bras. David regarda Denis qui plissa les yeux.
- Rien. Rien.
« … Denis, vous êtes sexy mais parfois vous êtes casse-couille… »
- Est-ce que tout va bien pour Perrine à l'école ?
- Ouaiiiis. Elle est super cool.
- En fait avec Denis on se… pose quelques questions depuis quelques temps…
Wallace plissa les yeux.
- On se demande si Perrine… a une vie romantique ! marmonna Denis.
- Ou même si elle y pense !
- Voilà !
- Simple curiosité parentale, hein ! assura David.
- Oui on préfèrerait évidemment lui demander, ou qu'elle nous le dise, mais…
- Elle a toujours eu du mal à nous parler de sa vie personnelle…
Wallace hocha la tête.
- Très bien, j'enquêterais pour vous. Mais ça va vous coûter 25% en plus sur ma paie de ce soir !
- Cela va de soi ! acquiesça Denis.
- T'es bien filou pour profiter du fait qu'on soit arrosés au rosé pamplemousse ! marmonna David.
- En même temps je doute que vous m'auriez fait cette demande sans rosé au pamplemousse ! sourit Wallace.
***
(Seconde visite de contrôle)
- Monsieur Smirnoff, c'est vous que j'ai tenu à rencontrer.
David s'étonna. Il s'assit face au bureau du docteur Sullivan.
- Les… examens de Denis…
- Sont tout à fait corrects, la seconde visite est souvent plus routinière qu'autre chose… Est-ce que vous allez bien ?
David souffla.
- Merci de demander… Je… J'en parle parfois avec mon cousin mais… il n'est pas très causant, il préfère qu'on fasse la tournée des bars ou même qu'on joue à la console… Je peux même pas lui en vouloir… Ma cousine est plus loquace mais elle n'a pas beaucoup de temps pour moi…
David baissa la tête.
- Je me sens tellement seul, je… je n'arrête pas de travailler…
- Et votre fille ?
David regarda le docteur, défait.
- Vous… ce qui est dit ici, ça… ça reste entre nous, hein ?
- Bien sûr…
- … ça m'arrive d'oublier qu'elle est là. De… de la zapper complètement de mon existence… et… et quand je me souviens d'elle, qu'elle existe, je… je me rappelle aussi qu'un jour elle va m'en vouloir terriblement et je vais payer ça, je vais… je vais me reprendre toute cette ignorance de ma part en pleine figure… je le sais…
Le docteur Sullivan s'étonna.
- C'est… c'est comme ça, c'est tout, c'est… inéluctable…
***
- Qu'est-ce qu'il te voulait le docteur ?
David souffla.
- Discuter.
- T'as pleuré ?
- Nan, je suis un peu fatigué, je crois…
David se frotta les yeux une dernière fois.
- Je… je suppose que tu es conscient qu'on devrait arrêter de se disputer… moi j'en suis conscient.
- J'en suis conscient aussi, David, mais tu sais que c'est impossible.
- Hm… Qu'est-ce qu'on va faire ?
Denis souffla.
- J'ai… pas mal de temps pour réfléchir en ce moment et… j'ai réfléchi à ce que ce serait si on se séparait…
David grimaça.
- Je… redeviendrais probablement un junkie vu que tu ne seras pas là pour me surveiller, et toi…
- Je crois que moi je… je pourrais pas supporter…
- C'est un peu ce que j'avais en tête aussi.
- Alors…
- Alors on va devoir se supporter jusqu'à ce que j'aille mieux et jusqu'à ce que… la douleur et les médicaments cessent d'influencer notre relation.
David acquiesça.
- Putain quelle guimauve, j'ai envie de dégueuler !
David et Denis regardèrent la femme à côté d'eux.
- Euh…
- Oh, c'est Eve Shears ! Elle est sevrée, elle cherche à arrêter le crack pour la quatrième fois !
- TROISIEME ! Ferme ta gueule !! C'est pas ma faute, chaque fois que je m'échappe, ils me retrouvent !
Denis sourit.
- Elle était là à chacun de mes contrôles, c'est une marrante !
- T'es juste moins insupportable que le reste de la clique !
David acquiesça.
- Bonjour…
- Alors c'est lui ton giton ? Berk !
- C'est mon fiancé, Eve !
- Ouais bah il a l'air bien couillon !
- Eve, David est le plus gentil des garçons qui soient !
- J'en ai connu des mecs gentils, ils ont tous fini sur ma banquette arrière !
Denis regarda David en souriant.
- Tu veux vraiment mon avis ? geignit David.
- Elle est un peu rude mais quand on la connait bien elle est super cool !
- Elle me rappelle ma seule et unique ex, Denis.
- … la fameuse Samantha ?!
David hocha sinistrement la tête.***
Wallace approcha de Perrine qui vérifiait son casier.
- Mademoiselle Perrine…
- Monsieur Wallace. Tiens, il faut qu'on parle.
- Moui…
- J'ai pris une décision concernant le devoir. On va diviser le groupe en deux. Moi et Walter on va s'occuper de Roland Smirnoff et toi et Naomi de Direction Dresseurs.
Wallace haussa les épaules.
- Quoi ? Mais… Roland Smirnoff ça m'intéresse beaucoup plus !
- Justement, pour qu'on comprenne tout de A à Z, il faut qu'on examine chacun un aspect du problème pour au final tout regrouper et en tirer les bonnes conclusions.
Wallace hocha la tête.
- D'accord, très bien. Dites-moi, Perrine Truman, avez-vous déjà songé à avoir un petit ami ?
Perrine continua de façon tout à fait neutre à ranger son casier.
- J'ai franchement autre chose à penser…
- Ça te ferait du bien !
- Dans ta bouche ça sonne très mal !
- Disons que ça te changerait ! Regarde. Imagine-toi avec un des garçons de la classe !
Perrine haussa les sourcils.
- Tu tiens vraiment à ce que je le fasse ?
- Imagine-toi avec… Francis !
Perrine plissa les yeux.
- Ah, Francis, je suis si heureuse d'être avec toi !
- Perrine, je t'aime éperdument… mais je suis toujours dans un couple trouble avec Quinn, nous sortons ensemble sans sortir ensemble !
- … c'est… terrible !Perrine secoua la tête.
- Atroce !
- Alors avec Clive !
- Ouh mon Dieu !!!
- Ah, Clive, je suis si heureuse d'être avec toi !
- Perrine… je peux t'appeler Bella ?- Wallace, je peux savoir POURQUOI tu me demandes de ruiner ma cervelle avec des idées pareilles ?!!
- Et avec Robbie ?
- Je-ne-veux-pas imaginer QUOI QUE CE SOIT avec QUI QUE CE SOIT !
- Tu as peur !!
- Je… Je ne suis pas intéressée en ce moment ! Plus tard peut-être !
- Allez, imagine comment ce serait avec Robbie !
- Nan !
- Ah, Robbie, je suis si heureuse d'être avec toi !
- Perrine, tu es consciente que je suis beaucoup trop parfait pour être vrai ?Wallace regarda Perrine.
- Alors ? Ça te semble crédible ? Tu t'imagines au lit avec ?
- Tu es énervant.
- Et Steven ?
Perrine éclata de rire.
- Au moins je m'amuse bien aujourd'hui… Où est Walter ?
- Je l'ai monté ce matin, il est allé directement à la médiathèque.
- Et Naomi est avec Mike… super, les choses sont tout à fait fluides et sympathiques. Tu vois, avec tout ça, je n'ai PAS le temps de penser à des choses pareilles !
Wallace plissa les yeux.
- Mais euh, les problèmes de Walter et Naomi c'est les problèmes de Walter et Naomi ! Tu as le droit de penser à toi et de prendre du bon temps !
Perrine soupira.
- C'est pas du bon temps d'avoir un petit ami, Wallace. C'est surtout, du peu que j'en vois, beaucoup de prise de tête !
- Bien parlé.
- Et toi aussi tu pourrais penser à avoir un petit ami !
- Je ne compte pas, je suis homo, nous les homos on n'est pas fait pour les relations amoureuses !
- Je vois qu'on a une conversation intéressante…
Wallace et Perrine se tournèrent vers Santana.
- Bonjour Santana… marmonna Perrine.
- De quoi je me mêle ! grommela Wallace.
- Désolée, il s'avère que mon casier est juste à côté de celui de Perrine.
- Tiens, Santana, t'en penses quoi de Perrine ?
Santana regarda Wallace, narquoise. Perrine leva les yeux si fort qu'elle en déforma son crâne.
- … pourquoi tu me demandes ça devant elle ?
- Elle manque de confiance en elle et elle refuse d'essayer d'avoir un petit copain !
- Qu'elle refuse d'avoir un petit copain sous ton impulsion c'est normal, logique et même encourageant pour les droits de la femme.
- Merci Santana… souffla Perrine.
- Cependant c'est vrai que tu devrais prendre confiance en toi, Perrine. Tu ne vas pas rester dans ton coin éternellement. Quant à ce que je pense de Perrine… elle est moins chiante que la plupart des autres filles de la classe.
Perrine sembla complimentée. Wallace regarda Santana s'éloigner en grognant comme un bouledogue.
- Elle m'énerve cette fille, je sais pas pourquoi, elle me sort par les yeux !
- Elle a le mérite d'être franche.
- On va changer le pari.
- Quel pari ?! J'arrive pas à te suivre… On avait parié ?!
- Avant la fin de la journée, tu dois sympathiser avec un garçon, manger avec lui ce midi et éventuellement lui voler un baiser sur la joue ce soir !
- Wallace Gribble, c'est la pire chose que vous ayez faite cette semaine, vous êtes un être tellement machiavélique ! souffla Perrine, désabusée.
Elle s'éloigna.
- Penses-y, tu n'as que quatre heures pour trouver un mari !!! cria Wallace dans le couloir.
Perrine plissa les yeux. « Naomi, Naomi, trouver Naomi… »
Perrine repéra Naomi avec Mike. Le visage de Perrine se teinta de gêne. « Argh !! Non… Si j'y vais, je vais l'embarrasser… Mais là j'ai besoin d'elle… Allez Perrine, courage ! »
Perrine s'avança gracieusement vers le duo.
- J't'avouerais que moi, les séries télés, à part les trucs policiers…
- T'es pas fan des grandes intrigues quoi… marmonna Naomi.
- J'aime pas devoir regarder tout à la suite et dans l'ordre pour tout comprendre, je préfère des trucs qui se regardent dans le désordre sans problème, c'est plus sympa quand même, t'es pas obligé de t'embêter à tout retenir… marmonna Mike.
Perrine arriva. Les deux adolescents la regardèrent.
- Hey…
- Je… dois parler à Naomi…
- J't'en prie.
Perrine regarda Mike qui ne s'éloignait pas. Perrine hocha la tête.
- Wallace me propose un pari déplacé et qui va compromettre ma position sociale et mon intégrité physique !
- … Il veut te faire prendre de la drogue ?! s'étonna Naomi.
Mike sourit. Perrine secoua la tête.
- Nan, il veut que j'essaie de… me rapprocher d'un garçon !
- C'est horrible mais plutôt que de te battre avec lui, tu feras mieux de lui clouer le bec en réussissant !
Perrine plissa les yeux.
- Je… vais essayer…
- Tu n'as rien à y perdre !
Perrine acquiesça et s'éloigna. Naomi regarda Mike.
- Oui, on est comme ça, on aime bien se lancer des paris idiots !
- J'ai… cru remarquer…
- Je me demande avec qui elle va tenter son coup… Et comment elle va faire. J'ai hâte qu'elle me raconte ça !
- Hm… Et sinon, ça te dit qu'on mange ensemble ce midi ?
- Ouais !
Mike sourit en hochant la tête.
- Avec mes potes hein !
- … Ouais ! sourit Naomi, légèrement embarrassée.
Perrine regarda les garçons de la classe, étalés dans le couloir devant leurs casiers.
D'abord Clive et Andréa.
- Clive, je déteste quand tu mets ces lentilles éclaircissantes, tes yeux sont trop bizarres !
- Tu veux dire que mon regard a gagné en caractère.
- … si tu veux… mais même pour moi tu es flippant !
« Ils sont tout le temps ensemble, Clive est inaccessible. Et surtout il est beaucoup trop bizarre même pour moi. On pourrait peut-être devenir amis mais pas sortir ensemble… »
Ensuite Francis, Quinn et Lucy.
- C'était un simple Zigzaton qui regardait par ta fenêtre, Francis, arrête de dire que tu es espionné par un pervers !
- Mais ces grands yeux jaunes…
- Zigzaton ! souffla Lucy.
- Et ce masque noir !
- Zigzatoooooon… grommela Quinn.
« C'est certain qu'il sort avec Quinn, ou au moins qu'il y a un truc bizarre entre eux… pourtant je crois que Francis est mon genre, en quelque sorte… »
Puis Lilian et Léon, les jumeaux.
- Léon, attention, tu as du caca dans les yeux !
- Hein ? Argh !
Lilian retira soigneusement la saleté de l'œil de son frère ce qui arracha une grimace dégoûtée à Perrine. « Pitié que je ne devienne JAMAIS comme ça avec Firmin… qu'est-ce que je raconte, je lui ai déjà changé ses couches ! »
Elle repéra ensuite les geeks.
« Pas de fille à l'horizon… »
« Pas de comportement cradingue… »
« … tente ta chance Perrine !! »
Perrine approcha des geeks.
- Salut les garçons ! « J'ai TROP L'AIR D'UNE CONNE ! »
- Coucou Perrine ! sourit Robbie.
- Hey ! salua Tristan.
- Salut… marmonna Tino.
- B'jour… salua Benjamin.
- Coucou… marmonna Orson.
Perrine plissa les yeux, semblant faire une sélection dans sa tête.
« Robbie – Beaucoup trop bien pour moi.
Tristan – Gay.
Tino – Il a l'air super méfiant.
Benjamin – Il me fait peur.
Orson… »
- … Orson, on peut se parler cinq minutes ?
- Moi ?! Pourquoi ?
- J'ai juste envie qu'on discute !
Orson regarda Benjamin qui haussa les épaules. Le jeune homme suivit la jeune fille.
- Est-ce que ça te dit qu'on… mange ensemble ?
Orson haussa les sourcils.
***
(Troisième visite de contrôle)
- Ca m'a l'air d'aller mieux… La cicatrisation se déroule à merveille… On va bientôt pouvoir programmer l'opération pour le retrait des tiges métalliques.
Denis acquiesça. David lisait un magazine.
- On va passer aux tests physiques et on va donc aller en salle de rééducation.
- Bien. A tout à l'heure David…
- Hm, bon courage.
David resta à l'endroit où il était. Eve le regarda.
- Vous allez pas avec lui ?
- Je préfère le laisser tranquille quand on est ici…
- Votre nom c'est bien Smirnoff ?
David acquiesça.
- Vous êtes le frère de ce type qui a battu la zone de combat ?
David serra les dents.
- … oui…
- Vous devez être fier.
- Mon frère est un lâche et un monstre. Je ne suis pas fier, je suis… déçu qu'il ait persisté dans cette voie.
- Quelle voie, celle de la réussite et de la richesse ?
- Mon frère a quitté femme et enfant pour aller faire l'andouille à New York… alors honnêtement, y'a pas de quoi être fier… Je songe même à changer de nom, c'est dire.
- Vous pensez que c'est vrai, ce truc de revenir à Poképolis ? Vous pensez qu'il va faire quoi, monter une agence de malfaiteurs ?
David ferma son magazine.
- Est-ce que vous pouvez comprendre que je n'ai pas envie de discuter de ça ?
- Ok, ok, ça va !
- Vous… Vous n'êtes qu'une droguée insouciante et stupide qui gâche sa vie en prenant des produits détestables aux effets ridicules, alors n'essayez pas de me juger ou de juger mon stupide frère !
- Vous êtes jaloux ? De lui ?
David regarda Eve.
- Je… Non !
- Il est libre, il est riche, il fait ce qu'il veut… Vous avez un mec qui a la jambe broyée, votre assurance ne couvre que la moitié des frais médicaux et vous faites probablement un boulot minable et crevant comme tout le monde.
David regarda Eve, sonné.
- …
- Vous êtes en colère parce que vous êtes jaloux !
- … c'est pas vrai.
- Moi je serais jalouse.
David se mordilla les lèvres.
- Je suis en colère parce qu'il a fait souffrir des gens ! Sa femme, son fils… moi, notre sœur, nos parents… Et… Et il est capable de faire tout ça mais il est incapable de s'excuser… et… et quand je parle comme ça, j'ai conscience de parler comme lui et ça me met de plus en plus en colère…
David se renfrogna.
- … parce que je ne veux pas être comme lui. Je ne suis pas comme lui, je ne veux pas le devenir et je ne veux pas parler comme lui.
Eve hocha la tête.
- Et après c'est moi la camée foldingue, bah putain !
David sourit.***
- L'Histoire peut être résumée par les différentes grandes migrations des Pokémon. On l'a vu pendant la guerre précédente – mais si, rappelez-vous – quand 90% des Pokémon de Hoenn ont migré dans les trois autres régions. Et douze ans après cette guerre, la région reste la moins peuplée en matière de Pokémon sauvages, et l'écosystème est encore extraordinairement fragile. Mais, les guerres ne sont pas les seules responsables. Lors de nos grandes famines – je pense à celle de 1653 – la plupart des Pokémon ont fui vers d'autres contrées, parfois même en traversant la mer !
Wallace écoutait toujours aussi attentivement. Il observait Walter qui semblait quelque peu tendu. Wallace se jura de lui parler ce midi.
Perrine, quant à elle, semblait songeuse.
- Orson, maintenant que tu es devenu un grand ingénieur en informatique qui gagne des millions de dollars, j'espère que jamais tu ne me quitteras !
- Perrine, je t'idolâtre car tu es le mieux que je puisse avoir en matière de femme !Perrine haussa les sourcils. Elle écrivit à Naomi, juste à côté d'elle par MSN.
« Tu crois que je me sous-estime ?! »
Perrine regarda Naomi qui plissa les yeux.
« Toi ? Certainement, oui. »
« Je mange avec Orson ce midi, Wallace veut que j'essaie de fréquenter un des mecs de la classe, pour voir. »
« Riche idée. Et donc tu as choisi Orson. Je peux donc dire que oui, tu te sous-estimes. »
Perrine plissa les yeux, intriguée.
***
- Tu vas où alors ?
- En Gym, je suis obligée cette fois, c'est la seule option qui me reste… souffla Naomi.
Perrine acquiesça.
- Ecoute, Naomi, il faudra que tu fasses la paix avec Walter à un moment, tu en es consciente.
- Oui. Quand il s'excusera le premier.
Perrine leva les yeux en soupirant.
- Je mange avec Mike et ses amis ce midi !
- Ça promet d'être passionnant. Toi et Mike, c'est quoi, vous êtes amis, vous sortez ensemble ?
- On est… bons camarades de classe !
Perrine plissa les yeux.
- Et toi et Orson ?
- Je sais pas, Wallace m'a proposé ça pour je ne sais quelle raison…
- Il a envie que tu te décoinces.
- … je suis pas coincée !
Naomi regarda Perrine.
- Disons que tu commences à peine à sortir de ta coquille !
- On pourrait dire la même chose de toi !
- Je ne suis pas coincée, j'ai une éducation stricte. Toi à l'inverse tes parents sont très relax.
- Donc ça n'a rien à voir !
- On en reparlera si tu arrives à embrasser Orson avant la fin de la journée.
Perrine haussa les sourcils, stupéfaite.
- Tu…
- Je parle à Wallace par messagerie électronique aussi !
Perrine leva les yeux au ciel.
- Mon cours d'art, vite, pitié…
***
- Et donc elle et moi on va manger ensemble ce midi !
Benjamin haussa les sourcils.
- Mais… euh… toi et… une fille ?
- Bah oui ! Je sais pas ce qui va se passer mais ça s'annonce intéressant ! Et puis c'est pas une fille, c'est Perrine, une fille de notre classe !
Tino secoua la tête. Tristan le regarda.
- Un problème ?
- … Rien qui ne puisse être réglé.
- Oh.
- On écoute, messieurs !
Les élèves se tournèrent vers le prof d'informatique.
- Je sais que vous êtes déjà bien calés mais vous pouvez quand même me consacrer un peu de temps, nan ?
Les élèves se remirent au travail.
***
- Oh mon Dieu… Clive, vous avez un don pour les nuances sombres et l'aquarelle !
Perrine leva les yeux. « Il ne sait juste pas nettoyer son pinceau… »
La jeune fille s'appliquait à peindre ses violettes.
- Andréa, pourquoi du rouge dans l'intérieur des pétales ?
- Pour mettre une pincée de violence !
Perrine soupira en peignant. Odile Dulac, sa prof, passa derrière elle.
- Oooooh Perrine, quel tableau passionné !
Perrine avait juste peint la nature morte comme on lui avait dit de le faire.
- Euh…
- La lisière des pétales est claire et nette mais le centre de la fleur est rempli de couleurs, de rose, de jaune, de blanc, avec une pointe de rouge, noir et violet au milieu… C'est MERVEILLEUX !!!
Clive, Andréa et les autres élèves regardèrent le tableau de Perrine, toute gênée.
- Vous avez un sens du détail absolument prodigieux !
Perrine regarda son tableau.
« J'ai juste ajouté ces couleurs pour nuancer la surcharge de bleu ! »
« Je l'ai fait inconsciemment, sans m'en soucier, comme d'hab, c'est ce qui marche le mieux, quand on fait les choses sans en avoir l'air !! »
« Ce tableau n'a rien d'exceptionnel, c'est ce que je peins comme j'en ai l'habitude !! »
Perrine regarda sa toile et songea à la barbouiller de noir.
***
(Quatrième visite de contrôle)
- D'ici environ un mois, on pourra envisager les béquilles.
Denis et David poussèrent un gros soupir de soulagement.
- Enfin !
- On va enfin retrouver une vie normale !!
Le docteur Sullivan se retint de dire qu'ils abusaient un peu.
- Ouais, une vie normale, sauf que vous serez toujours des homos !
David et Denis regardèrent Eve qui haussa les épaules.
- Eh ouais. J'sais pas pourquoi, ils me donnent rendez-vous en même temps que vous !
- Sûrement parce que tu nous aimes bien en fait ! sourit Denis.
- Ouais, elle peut plus se passer de ses compagnons de chambre préférés !
Eve secoua la tête.
- Si j'avais le droit de prendre quelque chose, je m'assommerais pour pas subir votre guimauve !
- Pourquoi tu te droguais, Eve ?
David regarda Denis qui semblait intrigué. La jeune fille haussa les épaules.
- J'sais pas. J'étais jeune, j'avais des amis, j'en voulais encore plus. C'était un bon moyen de pas passer pour une sainte-nitouche.
- Oh. Moi c'était par amour que j'ai commencé… avant de découvrir que c'était la plus mauvaise des raisons de se droguer.
- La vache, tu parles de tes exs devant David sans gêne ? T'as pas honte !
- David sait ces choses-là, on se parle beaucoup !
- Entre deux disputes… marmonna David.
- On se parlait beaucoup ! assura Denis.
Eve hocha la tête.
- Je vois je vois. Ca baise plus beaucoup, on dirait.
- Dheu… ça ne te regarde pas ! grommela Denis.
- Oui et pis avec sa jambe en miettes, on peut pas faire grand-chose…
- DAVID ! grommela Denis.
- Pardon…
Eve ricana avant de se consacrer à l'infirmière qui venait la voir.
***
Voiture. Denis regarda David.
- Quoi ?
- C'est juste moi ou tu te lâches devant Eve ?
- Elle est cool !
- Mouais…
David et Denis se regardèrent.
- Tu me détestes ?
David haussa les sourcils.
- Quoi ? Non !!
- T'aurais le droit…
- Denis, après tout ce qu'on a enduré l'un et l'autre et l'un avec l'autre, comment veux-tu que je te déteste ? On… on a eu des mots un peu forts mais vu la situation, qui n'en aurait pas eu !
- Quoi qu'il en soit, tu dois… ignorer ce qui se passe avec ta famille, avec ton frère, tu dois cesser d'y prêter attention parce que ça va nous démolir.
- C'est vraiment pas simple…
Denis regarda David, peiné.
- Mais tu vas y arriver. Tu m'as prouvé plus d'une fois que tu étais plus fort que ce que tu laissais entendre.
David acquiesça.
- Ouais.
- On y va ?
David hocha la tête.***
- Et toute la difficulté de l'exercice consiste à connecter les rails ensemble de telle façon qu'il n'y ait ni faux contact ni court-circuit. Ensuite on connecte le train aux rails et tout roule.
Perrine acquiesça. La cantine était bien remplie. Et à la grande surprise de Perrine, la compagnie d'Orson n'était pas désagréable.
- Et tu… fais des trains toi-même ou…
- J'achète des maquettes préalables – j'économise sur mon Allocation Jeune Dresseur – mais un jour je pourrais peut-être faire moi-même mes propres trains électriques.
- Et pour plus tard, des idées ?
- Hein ?
- Ton avenir, tu as bien un métier qui te tente… Travailler dans une gare ?
Orson sembla songeur.
- Je sais pas trop. Si je pouvais faire un métier qui combine mes deux passions – les ordinateurs et les trains – je pense que je m'y précipiterai sans hésiter. Et toi ?
- Oh j'ai un avenir tout tracé dans la décoration, si je décroche mon diplôme à la fin de l'année avec la certification en Arts, je pense pouvoir entrer dans un cabinet de décorateurs avec la spécialité Fresques Murales.
Orson sembla impressionné.
- Ouah… Je… j'ai l'air bien piteux avec mes esquisses de rêveries !
- Tu as encore le temps d'y réfléchir, je t'en parle comme ça mais honnêtement c'est juste à l'état d'ébauche !
- Hm… mais au moins tu y as pensé !
Walter et Wallace, à une autre table, observaient.
- Je ne sais pas si je dois être impressionné ou au contraire dégoûté par ton sadisme.
- Elle a l'air de s'en sortir nickel ! admit Wallace.
- Tu es obligé de lui faire ça ?
- Tu promets de garder le secret ?
- Je suppose que je suis obligé… marmonna Walter.
- Ses parents m'ont demandé de tester la fibre romantique de Perrine.
Walter haussa les sourcils.
- Je doute qu'oncle Denis et surtout oncle David t'aient demandé une chose pareille !
- Sauf après quatre verres de rosé pamplemousse !
- … tu es le diable, Wallace Gribble.
- Si j'avais reçu cinq Pokédollars chaque fois qu'on m'a dit ça…
Quelqu'un se délectait du spectacle.
- Je suis CERTAINE qu'elle l'a payé. Ou l'inverse, il l'a payée pour faire croire qu'une fille pouvait tomber amoureuse de lui !
Amélia souriait. Violette grimaça.
- Si ça se trouve ils sont juste amis…
- Juste amis ? Violette, ta débilité me sidère. On ne mange pas entre amoureux quand on est juste amis ! Bon sang, tu t'écoutes parler ?!
Amélia acquiesça. Violette semblait plus dubitative.
- Je me demande de quoi ils parlent… marmonna Benjamin.
A la table des geeks, Benjamin était incapable de manger, Tino était méfiant, Tristan plutôt indifférent et Robbie tout à fait normal.
- Est-ce que… c'est censé nous intéresser ? marmonna Tristan.
- Très honnêtement je préfèrerais savoir de quoi il en retourne… souffla Tino.
- Je veux dire, c'est Perrine, on sait pertinemment qu'elle ne lui fera pas de mal, mais bon, Orson est tellement naïf… soupira Benjamin.
- Je m'occuperais de ça, t'en fais pas…
Tristan regarda Tino.
- T'occuper de ça ?
- Oui.
- Tino, je ne sais pas si tu dois « t'occuper de ça », connaissant ta façon de « t'occuper » des choses…
- Ca va aller, j'ai juste besoin de voir Perrine cinq minutes et tout ira bien…
Robbie haussa les sourcils.
- Un problème ?
- Tino se prend encore pour un super héros… soupira Tristan.
- Oh…
- Quand je pense que ton super héros préféré c'est Batman… souffla Benjamin.
- Oui en effet, c'est le cas… admit Tino.
Benjamin regarda Tino, dépité.
- Orson me manque ! geignit le jeune homme.
Non loin de là…
- C'était trop cramé que Phillips allait se planter ! ricana Mike.
- Tout à fait d'accord, mais il aura au moins eu le mérite d'essayer ! admit Naomi.
James, Fey, Steven, Gina et Holly écoutaient la conversation.
- N'empêche qu'il a ridiculisé son équipe.
- Question de point de vue, je pense au contraire qu'il a transformé cette humiliante défaite en tentative héroïque de gagner jusqu'au bout.
James et Fey mangeaient tranquillement et en silence, profitant de la présence de Naomi. Steven semblait carrément embarrassé. Mike se tourna vers lui.
- Ca va, mec ?
- Hm. T'inquiète.
- Tu as regardé le match, Steven ? demanda Naomi histoire de lancer la conversation.
- Ouais… La présentatrice avait de super beaux pare-chocs !
Naomi grimaça. Mike donna un coup de coude à son pote.
- Aouch !!
- P'tain mec, j't'ai dit de te tenir à carreaux !
- J'y peux rien putain, c'est ce que je pense !
Naomi regarda Fey qui semblait consternée, et sembla compatir.
***
(Cinquième visite de contrôle
Premier jour)
- Prêts à passer trois jours de rêve ici ?
- Je sais pas trop… souffla Denis.
- J'espère que tout se passera bien… stressa David.
Denis regarda David.
- Tais-toi ! Je t'interdis de stresser !
- Je sais, je sais, je sais !!
- Ne me refais pas le coup du malaise cardiaque, la dernière fois c'était bien assez flippant ! souffla Denis.
- J'espère que ça ira pour Perrine chez les parents de Naomi... La mère avait l'air sortie d'un traité sur la dictature…
***
- Perrine, sache que chez nous on ne sort de table que quand on a fini de manger !
Perrine hocha la tête.
- Quant à ton matériel de peinture que ton père a absolument tenu que tu emmènes, je te demanderais de ne pas t'en servir dans la maison, sinon ça va faire des tâches !
Perrine acquiesça poliment. LaBarbara hocha la tête et regarda Naomi.
- C'est bien, au moins ton amie est obéissante !
Naomi ne put qu'hocher la tête en signe d'accord total. Elle regarda Perrine qui haussa les épaules. Le père de Naomi arriva.
- Bonjour mademoiselle !
- Bonjour !
- Chérie, Justin m'a appelé, j'ai une affaire importante à régler.
- Oh, ça a l'air important ce projet !
- Ça l'est !
***
Denis se retrouva à attendre dans la même salle d'attente. Eve était dans un lit, blême.
- Hey, Eve ! salua David.
- Coucou ! sourit Denis.
Eve les regarda.
- Hey les filles…
- Ca a pas l'air d'aller… marmonna Denis.
- T'as pas rechuté au moins ?
- Mais nan, sinon elle aurait pas l'air aussi peinée !
Eve se releva.
- Tout va bien les filles, aucun souci.
- Ah bon…
- Ouf.
- Des… aigreurs d'estomac ! Rien de plus !
Denis acquiesça. David pencha la tête.
- Ca va s'arranger quand même, hein ?
- Oui, oui, bien sûr… assura Eve.***
Après le repas, Tino se précipita vers Perrine.
- Je… peux te parler ?
- Hm ? Oui…
Perrine s'éloigna d'Orson qui retrouva Benjamin.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Ecoute, je ne sais pas ce que tu trafiques, mais si jamais tu fais souffrir Orson, crois-moi, tu t'en mordras les doigts.
Perrine sembla totalement éberluée. Tristan arriva en renforts.
- Tino, Tino, ça va, ok, elle a compris…
- Mais euh…
- Je t'ai à l'œil, Perrine Truman !
- Tinoooooooo… grommela Tristan.
Les geeks s'éloignèrent, Robbie se retournant vers Perrine en haussant les épaules, aussi intrigué qu'elle.
- … j'ai… rien compris !!
***
- Bon retour dans votre cours préféré…
Les élèves semblaient en effet ravis d'être en cours de combat direct.
- Alors, pour le combat d'intro… J'ai plus beaucoup de choix… Oh allez soyons fainéante… Les jumeaux !
- Ouaiiiiiiiiis !! cria Lilian.
- Contre qui, contre qui ?! demanda Léon.
Blandine haussa les sourcils.
- Bah… L'un contre l'autre !
Les deux adolescents semblèrent dépités.
Perrine regarda Wallace.
- Tino m'a menacée !
- Ah bon ?
- Oui, tout ça parce qu'il avait peur que je fasse souffrir Orson !
- J'en étais sûr qu'ils couchaient ensemble, tous les deux !
Perrine colla un uppercut à Wallace.
Du moins elle aurait aimé.
- Tu crois que ça m'a fait plaisir d'être menacée par un gringalet tout ça parce que j'obéis à monsieur, je fais comme si j'avais un petit ami ?
- T'étais pas contente, tu m'obéissais pas, ma vieille ! souffla Wallace.
- Oui, tiens, d'ailleurs, pourquoi je t'ai écouté !
- Eh bah vous romprez à la médiathèque tout à l'heure, et tu auras perdu ton pari !
Pendant ce temps, un Tritonde et un Darumarond s'affrontaient dans l'indifférence générale.
- Lilian, je veux pas t'affronter !!
- Moi non plus Léon, mais il le faut !!
- Deux frères, ça devrait jamais s'affronter !
- Ah ça non ! Arrête d'esquiver, Léon !
- Tes coups sont trop lents et trop efficaces sur moi, Lilian !
Du coup toute la classe révisait ses cours.
- Mais QUEL PARI ? Tu voulais que je me lâche, que je me décoince !
- Ça a marché, nan ? Tu as mangé seule avec un garçon ! Il t'a parlé de quoi, de son unité centrale, de sa bande passante, de sa virginité qu'il s'évertue à garder depuis toujours ?
- Il m'a parlé de ses trains, c'était très intéressant. Contrairement à ce match.
- En même temps, les jumeaux ne parlent à personne d'autres qu'à eux-mêmes, donc bon… De ses trains, sérieusement ?
- Oui !
- … et ça t'a intéressé ? s'étonna Wallace.
- Oui, c'était sympa, je ne pensais pas qu'il y avait autant de façons de construire des maquettes de trains électriques.
Wallace s'étonna.
- Perrine, ça peut pas sérieusement t'avoir intéressé !
- Je te promets que si !
- C'est comme si Naomi me disait qu'elle s'était éclatée avec Mike, Steven et James !
- C'était très sympa également ! admit Naomi.
Wallace plissa les yeux.
- Vous deux, vous êtes en train de vous éloigner de moi et je n'aime pas ça !
- Oh tu entends, Wallace nous aime ! sourit Naomi.
- Oui, il a peur de perdre ses deux grandes sœurs chéries ! sourit Perrine.
- N'importe quoiiiiiiiiiii !!! grommela Wallace.
Walter agita la tête, plus dubitatif que Wallace.
Pendant ce temps, à la Silicon Valley…
- T'es complètement dingue !
- J'ai juste mis les points sur les I.
- Tu t'es ridiculisé, c'est une des rares personnes de la classe qui ne nous prend pas pour un tas d'obsédés des ordis ! soupira Tristan.
Benjamin regarda Tristan.
- Est-ce que tel un juif antisémite, tu nous ferais le coup du geek qui se déteste ?
Tino regarda Tristan.
- C'est vrai, ça, il t'arrive quoi en ce moment ? C'est comme si tu en avais marre de trainer avec nous !
- Mais… Mais nan !
- J'ai juste voulu défendre Orson !
- J'en avais pas besoin… On a eu une super conversation elle et moi ! sourit Orson.
- Tu devrais être plus suspicieux, Orson, Perrine est également une amie de Wallace, et il peut très bien la manipuler pour te faire une blague !
- Tu crois pas que tu pousses la théorie du complot un peu loin, là ?
Tino regarda Robbie.
- Euh…
- Laisse les choses se faire, s'il s'avère que Wallace est derrière tout ça, eh ben… tu auras eu une bonne intuition.
Tino croisa les bras.
- Mouais…
Tristan plissa les yeux, pas très rassuré.
Darumarond l'emporta sur Tritonde.
- Hmph, tout ce que tu as fait c'est esquiver ! grommela Lilian.
- C'est pas ma faute, tes coups étaient super efficaces sur moi ! geignit Léon.
- J'le dirais à maman !!
- Passionnant… soupira Blandine. On commence le cours…
***
(Cinquième visite de contrôle
Deuxième jour)
David était totalement ébahi. Denis marchait à nouveau sur des béquilles, sans plâtre, juste avec un bandage et un atèle de maintien.
- Tu marches, tu marches, tu marches !!
- Pas encore parfaitement, marmonna le docteur Sullivan, mais ça va se remettre en marche très vite.
- J'ai l'impression que mon bassin sort d'un bloc de ciment ! souffla Denis.
David regarda Denis, tout ému.
- Mon amour…
- Ca va aller beaucoup mieux, David…
- D'autant qu'on vous supprime les antidouleurs dès votre sortie.
Denis s'étonna et regarda le docteur Sullivan qui haussa les épaules.
- La douleur doit être devenue tout à fait gérable, le peu qu'on vous a fait prendre après l'opération c'était juste pour gérer le processus cicatriciel… Mais là vous allez beaucoup mieux.
- J'ai pris du poids, docteur !
- N'importe quoi… soupira David en levant les yeux au ciel.
- Je… n'y peux rien ! sourit le docteur.
Denis souffla, soulagé.
- On va enfin reprendre une vie normale !
- A peu près, tu te déplaces toujours comme un handicapé !
Denis plissa les yeux alors que David souriait.
***
En revenant en salle d'attente, ils virent qu'Eve était transportée au bloc.
- Mais…
- Qu'est-ce qu'elle a ?! demanda David à un médecin.
- Justement on ne sait pas… elle s'est plainte de douleurs au ventre et apparemment ça a l'air plus grave que ça…
Denis regarda David qui serra les dents.
***
- Vous ne pouvez pas entrer monsieur...
- … Truman, David Truman. Je suis le demi-frère d'Eve Shears ! Qu'est-ce qu'elle a ?!
- Mademoiselle Shears a fait un déni de grossesse, il semble qu'elle va accoucher sous peu.
David s'étonna.
- Quoi… ?! Mais c'est impossible, elle était suivie médicalement…
- La faute est à imputer au centre médical qui l'a suivie, nous ne faisons qu'accorder des probations et lui faire passer des entretiens psychologiques…
- Je… je peux la voir ?!
- Comme vous êtes de la famille, oui, je peux vous faire entrer.
- Merci...
David passa le couloir et entra dans la chambre. Eve était dans le lit, terrorisée.
- Fillette !!
- Eve, ça va ?
- Tu déconnes ? J'ai un chiard qui va me sortir du bide !!
- … c'est… merveilleux !
- Ouais, tu parles… Au moment où je commençais à peine à remettre de l'ordre dans ma vie, voilà que cette saloperie se pointe !!
- Eve, voyons…
- Dites, les filles, vous ne voulez pas le prendre, ce môme ?
David haussa les sourcils.
- QUOI ? Eve, voyons !!
- J'en veux pas !! C'est à peine si j'ai retrouvé un boulot, j'ai un petit appart, j'ai pas de fric, c'est à peine si j'en veux ou si je l'attendais… et honnêtement j'aurais su plus tôt, je me serais faite avorter parce que là…
David semblait mortifié.
- Allez, prenez-le, s'il vous plait !
David secoua la tête, interdit.***
Après le cours…
Tristan se dirigea vers Wallace.
- Wallace !
- Urh… Walter, utilise tes super pouvoirs pour le repousser !
- Pour la onzième fois, je ne suis pas le professeur Xavier…
Tristan arriva au niveau de Wallace. Perrine et Naomi suivaient le mouvement.
- J… J'ai besoin de savoir, est-ce que c'est toi qui a orchestré le fait que Perrine et Orson mangent ensemble ?
- … Pas spécifiquement.
- Tu ne manipules pas Perrine pour qu'elle fasse tourner Orson en bourrique ?
- … putain y'a de la drogue dans la compote que tu prends au dessert ?!
- Je fais juste ça pour me sociabiliser ! assura Perrine.
Tristan hocha la tête, soulagé.
- Ouf, parce que Tino était très en colère… Si c'est juste Perrine qui essaie de se faire des amis, tout va bien !
Tristan s'éloigna. Wallace regarda ses amis.
- Piqure de rappel, c'est qui, Tino ?
- Un des geeks… marmonna Walter.
- Lequel ? Pikachu, Statler et Waldorf, Gay Junior ou l'autre crétin inintéressant avec son monsieur Mime ?
- Pikachu ?! s'étonna Walter.
- Ouais, Robbie, le grand blond, là…
- Gay Junior c'est mignon pour Tristan ! fit remarquer Naomi.
- J'ai de la compassion pour les pauvres bêtes ! souffla Wallace.
- Toujours est-il que…
Perrine frappa Wallace.
- Sale CON, à cause de tes CONNERIES, je passe pour une CONNE !!!
- Quel langage châtié ! souffla Walter.
- Mais quelle exploitation remarquable des déclinaisons du mot « con » ! admit Naomi.
Naomi et Walter se regardèrent, puis se rappelèrent qu'ils ne se parlaient plus, et détournèrent les yeux l'un de l'autre.
- Vous pourriez pas vous réconcilier ? souffla Wallace.
- Ne détourne pas la conversation ! Du coup moi je passe pour une méchante, pour rester polie ! grogna Perrine.
- Pour une salope tu veux dire ?
- C'est ce que j'entendais par rester polie !
Le groupe entra dans la médiathèque et passa devant Denis.
- Coucou les enfants !
- Salut ! salua Wallace.
- B'jour Papa.
- Coucou tonton…
- Monsieur…
Denis regarda le groupe, surpris, alors qu'ils allaient rejoindre une table comme tous leurs camarades.
- Oooook…
La petite troupe s'assit à la table. A peine cela fut fait qu'Orson arriva à proximité.
- Euh… Est-ce que je peux vous emprunter Perrine ?
- D'accord mais tu nous la rends après ! suggéra Wallace.
Perrine se leva et alla voir Orson qui s'isola avec elle.
- Oui Orson ?
- Euh… Je sais pas trop comment te dire ça… J'arrive pas à mettre des mots sur ce qui s'est passé aujourd'hui, c'était très différent de ce qui se passait d'habitude, je ne mangeais pas avec les mêmes personnes, je t'ai dit des choses, tu m'as dit des choses…
Perrine plissa les yeux.
- Ecoute, Perrine, je… j'espère que ce que je vais dire ne va pas trop heurter tes sentiments, mais…
- …
- Je préfère qu'on reste simples camarades de classe !
- … Très bien !
- C'est trop perturbant pour moi de fréquenter quelqu'un d'aussi près.
- … Je comprends.
- Alors… sans rancune ?
- Non, absolument pas. Ça a été un plaisir de manger avec toi ce midi !
Orson rougit. Perrine s'étonna. « Wow, je peux provoquer ce genre de réactions chez quelqu'un ?! »
- Tu… tu le penses vraiment ?
- Bah oui, sinon je ne te le dirais pas.
- … M… merci, ça… me flatte… Alors on…
- Tu retournes à tes amis, je retourne aux miens, mais si tu as besoin de moi un jour, n'hésite pas.
- Ok, d'accord… Toi aussi !
- Hm, t'en fais pas !
Orson hocha la tête. Il approcha de Perrine et lui donna un baiser sur la joue.
- A… A plus !
Orson repartit en trottant vers son groupe de travail. Clive, Andréa et Benjamin le regardèrent sourire tout béatement.
Perrine n'était pas moins perturbée, et elle s'en retourna à son propre groupe, toute déboussolée.
***
- Elle veut QUOI ?
- Qu'on… ait la garde du bébé à naître !
- M… mais elle est folle !!
- C'est ce que je lui ai dit, Denis, mais elle a l'air décidée !
Denis semblait tout faire défiler dans sa tête.
- Humainement ce serait possible, on a cette chambre d'amis qui ne sert que pendant les fêtes…
- Denis, enfin…
- Et puis… on peut aisément l'accueillir, la maison est bien, tu travailles, je vais me remettre à travailler dès que cette satanée jambe me lâchera les baskets…
- Denis, tu es sérieux ?
Denis souffla.
- On a le choix ? C'est ça ou l'assistance publique. Ce bébé a besoin d'un foyer et on peut lui en donner un.
David acquiesça.
- Si… si tu es sûr de toi…
- Je sais ce qui te tracasse, mais on va faire ça de façon claire, nette et stricte et on aura la garde totale, sans compromis.
David hocha la tête, stressé.
***
- Bien, je relis le contrat de cession : « Je soussignée Eve Shears, déclare avoir donné la garde exclusive et totale de son fils à David Anicet Smirnoff et Denis Joseph Truman sans aucune possibilité de le reprendre par quelque moyen que ce soit. Toute tentative de sa part donnerait lieu à des poursuites judiciaires immédiates. »
Eve hocha la tête. Denis secoua la sienne.
- Eve, tu es certaine… ça me désole que ça se finisse comme ça…
- Mais oui…
David plissa les yeux.
- … avec vous il sera beaucoup mieux qu'avec une conne de junkie comme moi.
- Tu es certaine ? ajouta David.
- Mais oui. Il a même pas de nom, faut lui en donner un…
Denis et David se regardèrent.
- Euh… J'ai aucune idée…
- Moi pas vraiment, c'était plutôt inattendu d'avoir un enfant ici !
- … J'ai un grand-oncle qui s'appelle Timothy… on pourrait… encore que…
- Mon grand-père paternel s'appelle Firmin… marmonna Denis.
David hocha la tête.
- Firmin, ça c'est un nom cool !
- Ouais, ouais… Firmin, ce sera Firmin !
Eve souffla.
- Allez, débarrassez-moi…
- Une dernière fois…
- JE-VOUS-LE-LAISSE ! Combien de fois faudra que je me répète ?!
- Autant de fois qu'il le FAUDRA !
L'avocat, Denis ainsi qu'Eve sursautèrent. David avait frappé sur la table, excessivement tendu. Il se mordilla les lèvres.
- Je… Je ne veux rien laisser passer, ok ? Tu nous laisses l'enfant mais je veux que JAMAIS, je dis bien JAMAIS tu n'essaies de le récupérer. Je veux ta parole d'honneur que tu ne reviendras JAMAIS nous le reprendre. Et si JAMAIS tu tentais quoi que ce soit…
- David… murmura Denis en signe d'apaisement.
- Donner un enfant ça n'est PAS un acte anodin ! Un enfant c'est une chose PRECIEUSE !!! PRECIEUSE, tu m'entends, Eve ?!!
- Je… je sais…
- Alors ne nous le rebalance pas comme un sac à patates en espérant pouvoir le reprendre plus tard. Quand tu nous le donnes, tu nous le donnes. C'est définitif.
- Oui…
- Si jamais tu reviens, je te jure que je ferais tout ce qu'il faut pour protéger Firmin de toi. A compter de maintenant, nous ne sommes plus en contact, tu es persona non grata. C'est clair ?
Eve haussa les sourcils.
- Ok, si c'est ce que tu veux…
- Ce n'est pas ce que je veux, c'est ce qui va se passer. Tu nous cèdes Firmin, ok. Mais Firmin est à nous. Définitivement.
Eve hocha la tête, apeurée. David se leva et prit le couffin.
- Voilà. C'est fini, on est bien d'accord ?
Denis regardait David, absolument stupéfait. Il pensa même l'espace d'un instant « Quelle connerie j'ai faite en me mettant avec ce mec ? »
- Oui, oui… avoua Eve en murmurant.
- Très bien. Merci pour ce cadeau. Cela nous touche vraiment. On y va, Denis.
Denis se releva sur ses béquilles. Il salua Eve qui semblait assez secouée.***
Tino avait observé l'entrevue entre Perrine et Orson. Il semblait satisfait.
- Bon. Au moins tout est rentré dans l'ordre.
Tristan secoua la tête, comprenant les motivations de Tino mais se refusant à les commenter.
- Alors ? demanda Wallace.
- Alors quoi ? Sang, larmes, déchirement… souffla Perrine.
Wallace sourit.
- Il va falloir célébrer ça en chantant une vieille chanson de rupture… Nevermind I'll find someone like youuuuu, I wish nothing for the beeeest for you toooo don't forget me…
- On n'est pas censés bosser ? marmonna Walter.
- Je m'en fiche, j'ai rempli ma part du contrat ! assura Perrine.
- I beg, I remember you said… Sometimes it lasts in love, but sometimes it…
- Tu veux pas la FERMER ?!
Tout le monde se tourna vers Santana qui sourit.
- Merci ! Crétin…
Wallace grommela.
- Je reviens, je vais la tuer !
Wallace s'éloigna alors que Santana sortait Anchwatt pour repousser les assauts de l'homme en chemise. Walter et Naomi soupirèrent. Perrine regarda Wallace, songeuse.
« Ouais… peu importe, un jour, je trouverais quelqu'un comme toi, Wallace Gribble… »
***
Kansas - Dust in the Wind (Instrumental Cover)David serrait Firmin dans ses bras.
- Mon poussin, tes papas reviennent très vite, je te le promets !
- Je sais papa, je sais !
- On sort juste voir un film, Firmin, on sera pas longs, promis ! sourit Denis.
David reposa son fils.
- A tout à l'heure, Wallace ! cria David.
- Vous en faites pas, ça ira ! Au pire y'a Perrine ! sourit Wallace.
- J'espère vraiment qu'il va être bien, ce film romantique débile... soupira Denis.
- On peut sortir, alors profite ! grommela David.
Perrine servait Wallace en cuisine.
- T'es vraiment douée pour recevoir !
- Haha-haha ! Naomi va bientôt arriver, je ne fais que te donner un thé.
- En plus tu te rappelles que j'aime le thé au gingembre…
- Je suis ce genre de personne qui fait attention à ce qu'on lui dit.
Wallace acquiesça.
- Je sais ça.
Firmin arriva vers Wallace.
- Wallace, j'ai faim !
- On va se gaver de chips tout à l'heure, promis Firmin ! assura Wallace.
- Ouaiiiis !
- Va te mettre en pyjama, Firmin ! somma Perrine.
- Oui grande sœur...
Firmin partit en dandinant sur ses pieds. Perrine soupira. Wallace haussa un sourcil.
- Ca va ?
- Tu n'as qu'une grande sœur, Wallace, tu es le plus jeune, tu ne sais donc pas ce que c'est d'avoir un petit frère qui… Je devrais pas me plaindre !
- Bah… si, vas-y.
- Non, c'est vraiment trop malsain, j'ai une belle vie, je serais vraiment mal avisée de me plaindre.
- On est entre amis, si on peut se parler crument parfois, on peut aussi se parler sincèrement ! Regarde, moi ça me fout vraiment en l'air que ma mère ne m'ait pas adressé la parole directement depuis un an et demi.
Perrine acquiesça.
- Et en plus, tu es bien plus à plaindre que moi.
- C'est pas une raison, Perrine, lâche tout.
- … C'est dur de voir mes parents aussi différents avec mon frère qu'ils le sont avec moi… Je sais pas si c'est parce que c'est un garçon ou si c'est parce que c'est le deuxième ou si c'est parce qu'ils l'ont eu plus jeune, mais…
Perrine se retourna vers Wallace qui l'écoutait attentivement.
- J'ai le droit d'en avoir marre, dis ?
- Tout à fait.
- … mais de le dire, ça fait bizarre, ça…
- C'est parce que c'est pas des choses qui se disent, mais à moi tu peux les dire, t'en fais pas. Si tu veux, on instaure ça, l'heure de plainte de Perrine !
Perrine sourit. Wallace sourit en retour. Elle allait dire quelque chose d'autre mais Naomi sonna à la porte et Firmin revint de son escapade pyjama.
- Je… vais ouvrir.
- Oui, oui…