Chapitre 8 : La Bataille de Mauville [VLCMédia]
La nuit commençait à tomber sur Johto. De grandes traînées de couleur orange persistaient à l'ouest, tandis que l'astre du jour disparaissait peu à peu. Il avait été décidé que l'assaut se ferait de nuit. Un espion de l'armée avait eu pour ordre de pénétrer la ville, et d'ouvrir les portes de l'intérieur. L'individu en question venait de partir lorsque l'escadron de Tristan arriva au campement. Seules quelques tentes avaient été dressées, celles des officiers, sans aucun doute. Les sous-officiers, dont les soldats de base, dormaient à même le sol, enveloppés dans des couvertures. Le fait était qu'on ne pouvait déployer qu'un nombre limité de tentes, car la clairière dans laquelle s'était établie l'armée d'invasion n'était pas bien grande.
« On doit dormir comme ça ? Comment ils veulent qu'on récupère ? » pensa tout haut un soldat, qui découvrait le camp, lui aussi.
Alerté par cette plainte, le capitaine de l'unité s'immisça dans le rang, s'arrêtant devant le soldat en question. Ce dernier blêmit, adoptant une posture de garde à vous.
« Un problème ? »
« Aucun mon capitaine ! »
L'officier soupira. Ces jeunes recrues étaient vraiment insolentes. Il s'en alla d'un pas las. Vivement sa montée en grade...
« Le signal ! Le signal ! » beugla un guetteur, niché en haut d'un arbre.
Comme le reste de l'armée, Tristan abandonna ses activités et porta son regard en direction de la ville. Une colonne de flammes s'élevait dans les cieux, disparaissant au-delà de la couche nuageuse. Aussitôt, les officiers responsables s'agitèrent. Un clairon sonna le rassemblement. Les escouades se formèrent en un instant, faisant face à leurs chefs d'unité respectifs. Un homme, drapé dans une cape noire et or, assis sur un Galopa vigoureux, se plaça à la vue de tous. Tristan s'était toujours demandé comment on pouvait monter sur un Pokémon Feu comme un Galopa, sans se brûler...
« Fiers Kantois ! Soyez dignes de nos morts, abattons notre colère sur ces scélérats, qui ont osé nous attaquer lâchement, assassinant femmes et enfants, brûlant des villes entières sur leur passage ! Montrons-leur que le Peuple Kantois ne plie pas face à la perfidie, que nous nous battons pour préserver notre liberté ! Soldats, à l'assaut ! »
L'homme pointa son épée vers Mauville. Aussitôt, des cris de colère, certains sauvages, s'élevèrent. La bataille allait commencer. Tristan allait enfin pouvoir venger sa sœur ! Son Caninos aboya férocement, paré au combat, prêt à en découdre.
La grande porte avait été prise sans le moindre problème. La majorité des gardes avait été décimée par l'espion. Les survivants n'offrirent pas une bien grande résistance. Il fallait monter jusqu'à la place principale, raser la caserne, arrêter le gouverneur. Un petit groupe, dans lequel Tristan s'était retrouvé par hasard, se dirigeait vers le Poichigeonnier. Il fallait à tout prix empêcher l'ennemi d'appeler des renforts. Alors qu'ils débouchaient sur une petite place, une fulgurante attaque Pistolet à 0 surgit de l'une des rues, assommant un soldat Kantois. Trois gardes arrivèrent, suivis de leurs Pokémon. L'un d'eux, un Feurisson, lança une terrible attaque Déflagration. Un flot de flammes ardentes envahit la place. Par chance, un des Kantois avait eu le réflexe d'ordonner à son Alakazam d'exécuter une attaque Abri, qui engloba le groupe. Une autre groupe de soldats Johtois arrivèrent d'une autre allée. Il n'y aurait bientôt plus d'échappatoire possible.
« Toi, là, continue la mission seul, on peut pas trop se diviser ! »
Tristan acquiesça et profita d'une attaque Flash pour passer outre les rangs ennemis. Lorsque l'effet de l'attaque prit fin, le jeune homme avait déjà disparu.
Tristan courait aussi vite qu'il le pouvait, son Pokémon le talonnant de près. Soudain, au détour d'une ruelle, la tour du Poichigeonnier apparut, massive. Tristan considéra l'endroit un moment. Que devait-il faire désormais ? Brûler la tour ? Non, ça provoquerait un incendie général. Alors il fallait foncer dans le tas. Il entama un sprint vers la porte et entra en trombe dans le bâtiment. Deux gardes se réveillèrent. Apparemment, ils n'avaient pas été alertés de l'attaque de leur ville. Leurs Pokémon ne dormant pas avec eux, ils sortirent leurs épées, de longs coutelas d'acier. Le soldat le plus proche tenta d'asséner un coup latéral, qui fut bloqué par une attaque Queue de Fer. Un bruit strident résonna alors. L'arme se brisa en deux. Le Johtois n'eut même pas le temps de riposter qu'il gisait déjà au sol, victime d'une attaque Coup d'Boule. Un nouveau bruit métallique résonna. Le deuxième soldat tentait de briser la garde de Tristan, qui parait du mieux qu'il pouvait avec son épée courte. Caninos, soucieux pour son maître, mordit la jambe de son agresseur. Celui-ci tomba au sol. Le jeune homme l'acheva d'un rapide coup à la jugulaire. Il observa un moment sa victime, avec une espèce d'indifférence. Il croyait que ça le soulagerait de tuer des Johtois. Et pourtant, il ne ressentait rien de particulier. Il balaya cette pensée d'un revers de main, s'affairant à gravir l'échelle qui menait au sommet de la tour.
Arrivé à l'étage supérieur, Tristan dégaina son arme. Mais il était trop tard. Un volatile venait déjà de partir, un message accroché à sa patte. Le responsable de la communication, qui venait de le lâcher, se retourna, souriant à pleines dents.
« C'est trop tard, Kantois ! D'ici quelques instants, des renforts arriveront et ils vous balaieront d'un revers de main ! Voilà plusieurs jours que nous vous gettions...Pourquoi croyez-vous que vous êtes entrés à Johto si facilement ? Votre progression était suivie depuis un bon petit moment ! Les troupes du Roi ne sont qu'à quelques kilomètres et n'auront aucun mal à venir ici. Vous avez perdu. Oh, et maintenant que j'ai fait ce que j'avais à faire, je n'ai plus qu'à te tuer ! Rattatac, Croc de Mort !
Le Pokémon Rongeur sortit de derrière une table, courant vers Caninos, les crocs sortis. Ce dernier esquiva sans peine, avant de répliquer avec une attaque Flammèche, qui ne toucha que son adversaire. Le Pokémon Feu tenta une Charge, mais son ennemi l'immobilisa d'une attaque Plaquage.
« Croc de Mort ! » ordonna le soldat Johtois.
Alors que les incisives du Pokémon Normal allait pénétrer la chair du chiot, une volée de flammes les engloba tous les deux. Par instinct de survie, Caninos avait usé d'une attaque, Roue de Feu, malgré l'interdiction formelle de son maître. Aussitôt, la charpente s'embrasa. Une chaleur suffocante imprégna immédiatement les lieux. En ayant terminé avec son adversaire, et tenant un tant soit peu à la vie, le jeune homme attrapa son compagnon et descendit l'échelle. Celle-ci craqua sous son poids. Tristan atterrit violemment sur le dos. Une vive douleur lui envahit alors la région des omoplates. En effet, une éclisse s'était fichée entre sa colonne vertébrale et son omoplate gauche. Il l'enleva d'un coup sec et entreprit de sortir du bâtiment. Derrière lui résonnaient les cris de souffrance de celui qui fut son adversaire.
Il réussit à rejoindre avec peine la place du marché. Les combats n'avaient pas encore débuté, ici. Au loin, une colonne de fumée s'élevait. La caserne avait dû prendre feu, comme prévu. Pour le moment, tout se passait bien, même s'il n'avait pas pu empêcher le Poichigeon de s'envoler avec la demande de renforts...
« Ils sont trop nombreux ! » hurla un soldat.
Tristan se retourna vers l'origine de la voix. Les membres de son groupe déboulaient d'une sorte de galerie marchande. Par réflexe, il ordonna à son Pokémon de brûler la charpente, qui ne manqua pas de tomber sur l'ennemi dans un craquement sec. Un des Kantois, qui avait sans doute été blessé au pied, fut enseveli également sous les décombres brûlants.
« Merci, on te revaudra ça ! Viens, on va rejoindre le corps principal ! »
Alors qu'ils s'apprêtaient à repartir, Un éclair de feu s'abattit sur la ville, depuis le ciel. Un rugissement terrible, caractéristique des Pokémon Dragon, retentit.
« Merde, les renforts commencent à arriver ! On doit se replier ? »
« Aucune idée ! Mais si nous sommes en infériorité numérique, à présent... je pense que le commandement ne refusera pas de récupérer quelques... vétérans. Surtout si on doit affronter ça »
« Ce que tu penses n'aura aucune valeur pour eux, Barnabé ! Mais, je dirais qu'on n'a pas trop le choix... »
Le son d'une corne de brume résonna soudainement. Il provenait du camp.
« Tu crois qu'ils nous ont entendus ? »
Tous firent une mine grave, qui rendit mal à l'aise celui qui venait de parler. L'heure n'était pas à la plaisanterie. Ils battirent en retraite sans attendre davantage.
----------
« Seulement dix-sept survivants, sur les deux cents vingt-sept de départ ? » s'enquit le général, alors qu'il contemplait ce qu'il restait de son armée.
Hormis les treize rescapés du groupe de Tristan, seuls quatre soldats avaient réussi à s'extirper de cet enfer. Le regard du général se porta sur le jeune homme, qui affichait une mine occupée.
« Le rapport de votre chef d'unité m'indique que vous avez secouru vos camarades, en éliminant dans la foulée une trentaine de Johtois. C'est un acte qui ne peut passer inaperçu. Je me charge donc de vous nommer Sergent, sur le champ, pour votre action... audacieuse. » continua-t-il, tout en s'approchant de Tristan.
C'est ainsi, que sous l'œil fier de ses camarades, et sous l'air éberlué des autres, le général, en personne, épingla deux étoiles de bronze sur son uniforme.