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» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 09/09/2012 à 17:24
» Dernière mise à jour le 09/09/2012 à 17:24

» Mots-clés :   Humour   One-shot

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SMF15 (Projet avorté)
SMIRNOFF : RENAISSANCE, 2ème recueil

Chapitre 1 – L'accident

« Un accident n'arrive qu'à quiconque veut inconsciemment le vivre. »
(Christine Latour)

« Nevermind, I'll find someone like you…
I wish nothing but the best for you, too
Don't forget me, I beg… »

(Adèle, Someone Like You)



La voiture fonçait sur la route. A l'intérieur, un mari trompé enragé…
… qui chantait du Adèle.

- She, she ain't real,
She ain't gonna be able to love you like I will..,


Roland chantait tout en remuant la tête sur le rythme de la chanson.

- She is a stranger,
You and I have history,
Or don't you remember ?


Partagé entre colère et larmes, Roland venait de tout quitter, de tout laisser derrière lui.

- Sure, she's got it all,

Bien qu'étant au volant, Roland se sentait si mal qu'il baissa la tête, ne regardant plus la route, ruminant son chagrin embué de rage.

- But, baby, is that really what you want ?...

La pause de la chanson fut l'occasion pour la voiture de faire une méchante embardée dans le fossé, juste à côté d'une station-service. L'auto en profita pour faire une bonne dose de tonneaux dans le champ.

Ainsi mourut la parfaite fuite de Roland Smirnoff…

Bless your soul, you've got your head in the clouds
(Bénie soit ton âme, tu as la tête dans les nuages)

Roland était inconscient dans l'épave de la voiture.

You made a fool out of you, and, boy, she's bringing you down
(Tu t'es bien fourvoyé, et mec, elle t'entraine vers le fond)

Malcolm se réveilla sur le côté de la route.

- Rol… ROLAND ??? ROLAND, MERDE !!!!! MEEEEEEEEERDE !!!!

Malcolm frappa l'herbe, fou de rage de ne pas avoir été capable de retenir son meilleur ami.

« Je suis trop naze !!! Je suis une sous-merde !!! J'vaux rien, putain, Roland, merde !! »

Malcolm releva la tête et aperçut la fumée noire. La fumée noire de l'accident.

- Roland ! ROLAND !!!

She made your heart melt, but you're cold to the core
(Elle a fait fondre ton cœur mais au fond de toi tu es froid)

- Mais qu'est-ce qui s'est passé bon sang ?!

Léopold suivait le brancard, brisé. Finn agita les bras.

- Comment dire… Longue histoire, disons que mon beau-frère a pété les plombs…
- Pété les plombs ? La route est fendue en deux, on a été obligés de faire un détour ! Vous savez qu'on va être obligés de prévenir la direction régionale des routes ?
- En attendant vous êtes ambulancier, contentez-vous d'ambulancer… soupira Estelle.

Le type regarda la vieille dame, distraite et légèrement traumatisée.

- Pardon ?
- Laissez-la, elle ne sait pas ce qu… marmonna Kate.
- J'ai dit ferme ta gueule, espèce de petite main à la con, fais ton boulot et ne t'avise pas de sermonner qui que ce soit, sac à merde !

L'ambulancier ouvrit grand la bouche. Kate serra les dents. Finn soupira.

- La petite vous avait prévenu…

Now rumour has it she ain't got your love anymore…
(Maintenant la rumeur dit qu'elle n'est plus ton grand amour…)

- Tout le monde va bien ?!

Apparemment oui, tout le monde était sorti de la maison en ruines sans dommages. Claire hocha la tête rassurée. Par réflexe, elle se tourna vers Rachel qui était dans les bras de Lily. Etienne et Linda étaient assis dans un coin, choqués. Claire se tourna vers la route.

« Malcolm… »

***

Comme souvent, notre histoire commence…
Dans un hôpital.

Denis Truman caressait doucement la tête de David Smirnoff qui s'était perdu en sanglots sur les couvertures. Il en avait même éloigné les infirmières les plus intrépides. Denis observait son petit fiancé perdu dans un chagrin infini.

- David…

Denis perdait son temps, il n'y a rien qu'il eut pu faire pour calmer les sanglots de son promis. David pleurait depuis une bonne heure déjà. Denis regarda sa jambe qui ne lui faisait pas vraiment mal. Après tout, il était bien trop occupé à veiller sur son David.

- David, s'il te plait…

David releva son nez des couettes, tout morveux, les yeux rouges, le visage déglingué par la tristesse.

- D… David, essuie-toi… Pas dans mes dr… fais comme tu veux… « La pauvre infirmière qui va s'arrêter ici va regretter les diarrhées de bébé… »
- C'est… Sniff… C'est Roland…
- … Il y a un souci avec Ethan ?!
- Roland est parti…

Denis ne sembla pas plus attristé que ça.

- … et ?
- Et ? Denis, c'est mon frère !
- Ah, oui, pardon. Ô Rage, Ô Désespoir, vite, organisons un suicide collectif…

David regarda Denis, éberlué.

- Excuse-moi, j'essayais juste d'être aussi dramatique que le reste de ta famille. Il est parti... loin ?
- M… Pourquoi tu prends pas ça au sérieux ? C'est mon frère quand même…
- On a déjà eu cette discussion, David, je ne veux pas qu'on l'ait de nouveau !

David regarda Denis qui lui tenait la main depuis tout ce temps. David acquiesça.

- E… Excuse-moi… Il est parti parce que Rachel…

Téléphone, de nouveau. David se releva. Denis soupira.

- La suite au prochain épisode, c'est ça ?
- Allô ? Lily ? Hein ? Euh…

David regarda autour de lui.

- Denis, c'est quoi le nom de l'hôpital ?
- J'ai oublié de regarder, entre le moment où je me tenais la jambe en hurlant « argh, argh, j'ai mal » et le moment où on m'a posé des tiges en métal dans la jambe, j'étais un peu occupé…
- Arrête d'être aussi cynique ! C'est sérieux !
- J'y peux rien, c'est toi qui m'y obliges, tu poses des questions idiotes !

David reprit le combiné.

- Euh, je sais pas…

Denis soupira et appela une infirmière qui arriva de suite. Une grosse infirmière.

- Oui ?
- On est où, là ? Quel hôpital ? demanda Denis.
- Là, on est à l'hôpital Belmont…

Denis regarda David qui hocha la tête.

- Hôpital Belmont, Lily, pourquoi… HEIN ?... VR… Euh… Je… Je sais pas trop si je dois me réjouir ou… euh… Hm… hm…

Denis regarda David, intrigué.

- Il faut que je change vos draps, c'est dégoûtant, c'est trempé et plein de morve !
- Oui, s'il vous plait… marmonna Denis, embarrassé.

David prit congé de sa sœur et s'assied à côté de Denis, l'air de réfléchir très profondément.

- … Un problème ? Oui, je vois bien…
- … Roland a eu un accident de voiture en partant… et il a apparemment été transporté dans le même hôpital que toi…

Denis plissa les yeux alors que David semblait préoccupé.

« Et pourquoi il était parti, alors ? Je sais toujours pas, moi… »

***

Lily, Finn, Etienne, Linda et Estelle se précipitèrent à la réception.

- Roland Smirnoff, s'il vous plait !!

Rachel était restée avec Claire et Malcolm, dehors. Malcolm parce qu'il avait peur, Rachel parce qu'elle se sentait affreuse, Claire parce qu'elle n'allait pas les laisser seuls.

Dimitri gardait Ethan.

- Pourquoi on va à l'hôpital, Mitri ?

Rachel ferma les yeux. C'était insoutenable d'entendre Ethan parler. Cela en devenait horrible. Elle voulait tellement le retrouver hier encore, et là elle voulait presque qu'il soit loin d'elle pour éviter de lui rappeler tout ça.

- Il… Il faut que je m'asseye…
- Ca va aller ? s'étonna Claire.
- Oui, oui…

Claire guida Rachel jusqu'à un banc. La jeune femme s'y assit, légèrement désorientée.

- Rachel, tout va bien ? s'étonna Malcolm.
- …
- Rachel…
- Vous devriez la laisser respirer…

Malcolm se retourna vers Dimitri qui haussa les épaules.

- Enfin, moi, c'que j'en dis…

Malcolm s'éloigna aux côtés de Dimitri qui le regarda alors que Claire restait silencieusement assise aux côtés de Rachel.

- Et toi, t'en penses quoi de tout ça ? demanda Malcolm à voix basse.

Dimitri haussa les épaules.

- Pas grand-chose… Maintenant c'est à monsieur Smirnoff de voir… et à votre sœur de voir aussi…

Ethan ne comprenait absolument rien à ce qui se passait. Malcolm le regarda.

- J'espère que Roland va bien…

Dimitri hocha la tête.

- J'ai… J'ai été horrible avec lui…

Malcolm sortit la lettre de sa poche. Il la déchira en morceaux.

- Euh…
- J'avais ça sur moi quand je me suis réveillé, hors de question que je lise son prêchi-prêcha hitlérien à deux balles !!
- Vous devriez vous calmer, monsieur Heine…
- ME CALMER ??? TU DEBARQUES OU QUOI ???

Claire et Rachel regardèrent Malcolm qui… pétait gentiment un câble.

- ROLAND A ETE IGNOBLE… ET RACHEL… RACHEL MAIS JE COMPRENDS MEME PAS QUE TU AIES PU FAIRE CA A TA FAMILLE !
- Merci, je me sens BEAUCOUP MOINS COUPABLE !
- C'est MAINTENANT que tu as des remords ??? BON SANG mais qu'est-ce qui t'a pris !!
- Malcolm !! s'offusqua Claire.
- Reste en dehors de ça ! Rachel, tu vas me faire le plaisir de m'expliquer un peu ce qui t'a pris de faire ce que tu as fait !! Dans une telle situation, en plus !!
- Je n'ai AUCUN COMPTE A TE RENDRE ! hurla Rachel.

Un sanglot s'éleva. Ethan pleurait sur l'épaule de Dimitri. L'adolescent regarda les adultes et il soupira, dépité.

- Vous êtes contents ?

Dimitri et Ethan se dirigèrent vers l'hôpital. Malcolm se passa une main sur le visage. Rachel regarda par terre. Claire était désemparée. Elle prit son téléphone par acquis de conscience.

- … Léopold ne m'a pas appelé…
- Oh mon Dieu j'espère que Charlie va bien… geignit Rachel.

Malcolm allait dire à sa sœur « Ça, il fallait y penser avant de… » mais il s'abstint. Le temps était étrange, un peu humide, il faisait presque nuit. Rien n'était clair. Tout le monde était à l'orage.

***

- A priori tout va bien…
- Faites tous les examens possibles !! Vérifiez tout ! Vous lui avez fait passer une IRM ???

Yann regarda Amy en hochant la tête.

- Bienvenue dans ma famille…
- Je vois ça… admit Amy.
- Oh mon Dieu, et si il avait une vertèbre déplacée ?? Vous avez fait venir un chiropracteur ???
- … Monsieur Finsbury-Maloney, les chiropracteurs ne sont pas reconnus par l'ordre des médecins pour commencer…
- Oui mais…
- Ensuite, un chiropracteur ne peut pas établir de diagnostic précis pour ce que votre… mari pourrait avoir.

Léopold comprit, à cette hésitation, que le médecin le prenait de haut. Yann et Amy s'éloignèrent.

- Quoi ? s'étonna Amy.
- Tu vas voir…
- JE VAIS VOUS EN FOUTRE, MOI ! COMMENT OSEZ-VOUS ME PARLER COMME SI J'ETAIS UN SOUS-HOMME !! JE VOUS ORDONNE DE FAIRE TOUT VOTRE POSSIBLE !! MON MARI, OUI JE DIS BIEN MON MARI, OUI, UN HOMME, S'EST PRIS UN COUP DE POING DE LA PART D'UN TARTARD, D'UN TARTARD APPARTENNANT A UN SALE ENFOIRE QUI AURA DE MES NOUVELLES SI JE LE RETROUVE, LUI ET SON PETIT CUL DE MERDEUX, ALORS VOUS ETES PRIES DE FAIRE TOUT CE QUI EST…

Etait-il bon de préciser que Léopold balançait tout ce qui lui tombait sous la main sur le docteur en question ?
Oui ?
Alors c'est précisé. Les infirmières s'étaient mises à couvert, Yann et Amy faisaient genre « on le connait pas » et Léopold s'étonnait lui-même de la puissance destructrice de son attaque Dégommage.

- …EN VOTRE BON DIEU DE POUVOIR POUR LE SAUVER AU MIEUX !! SINON JE VOUS DEMOLIS ! VOUS M'ENTENDEZ !!! J'AI UN SORBEBE ET JE N'HESITERAIS PAS A M'EN SERVIR !!!
- Oh non, il menace les gens avec son Sorbébé… soupira Yann.
- C'est pathétique, non ? marmonna Amy.
- Le mot est faible… geignit Yann.

***

Lily entra dans la chambre de Denis.

- Ça va ? demanda-t-elle à Denis.
- Tout baigne, Lily, tout baigne.
- Il va bien ? geignit David.
- Les médecins sont encore sur lui, la voiture a fait quelques tonneaux et apparemment il n'avait pas sa ceinture…
- Oh non…
- Tu t'en fais vraiment pour lui ?

David regarda Lily, effaré. Denis haussa un sourcil également.

- B… Bien sûr, Lily, enfin, c'est notre frère !
- Il a quitté Rachel de la plus odieuse des manières, il a dit à Ethan que sa mère était une pute, il a traité Rachel de tous les noms, tout ça parce qu'elle a eu le malheur de coucher avec un autre homme hier soir !

David grimaça.

- Comment elle a pu lui faire ça…
- David, on s'en fiche, la réaction de Roland est disproportionnée !
- Oui mais… pourquoi elle est allée…

Denis regarda le frère et la sœur, du fond de son lit d'hôpital, un peu intrigué.

- David, DA-VID ! Roland, parti, horriblement grossier ! Il a détruit sa maison avant de partir ! Tu n'y étais pas mais c'était horriblement violent et choquant !
- … Si Rachel n'avait pas fait ce qu…
- David, je vais te coller une gifle ! grommela Lily.

David s'immobilisa.

- Rien de ce qu'a fait Roland n'est excusable, c'est clair ?
- …
- … rien de ce qu'a fait Rachel non plus…

David et Lily regardèrent Denis.

- Je pense que vous devriez prendre de la distance, ne pas prendre parti et les laisser régler ça, sinon ça va vous bouffer. Je dis ça sans volonté de me fâcher avec aucun d'entre vous, mais surtout, je ne voudrais pas que vous finissiez fâchés pour une raison aussi bête !

David hocha la tête. Lily acquiesça.

- Tu as raison…
- Hm… admit David.

Finn entra.

- Wow… Ça va aller, jambe pétée ? Tranquille ?
- … c'est mon nouveau surnom ?! grommela Denis, vexé.
- Ouais. Lily, y'a tes parents qui sont serrés l'un contre l'autre et ta tante qui n'arrive pas à joindre ses gosses, tu peux…
- J'arrive. David, reste avec Denis, je te préviens si on a du nouveau.
- Hm… ok…

Lily et Finn partirent. David s'assied aux côtés de Denis, l'air un peu assommé. Denis regarda David, silencieux. David regarda Denis.

- Tu… tu crois que je suis trop dépendant de mon frère ?

Denis se mordilla les lèvres et acquiesça.

- … Tu… tu me trouves idiot de m'inquiéter plus pour lui que pour toi ?
- Tu as le droit de t'inquiéter pour lui, mais je peux aussi m'inquiéter avec toi.

David hocha doucement la tête. Il se pencha pour rester front contre front avec Denis.

- Excuse-moi d'être un idiot… chuchota David.
- Excuse-moi d'aimer les idiots… sourit Denis.
- Je peux me coucher sur toi ?
- DAVID !
- Quoiiiiiiii ? Tes draps ont été changés !
- David, j'ai la jambe enflée, sanguinolente et endolorie alors honnêtement, là, je pense à tout sauf à toi et moi sur ce lit !

David hocha la tête. Denis leva les yeux au ciel.

- Si tu savais ce que j'avais envie, avant-hier soir ! Mais non, monsieur était fâché !
- On ne va pas revenir là-dessus !!
- Pour ton bien, non ! grogna Denis.

***

Rachel restait dehors, sur le banc devant l'hôpital. Colin, Aude, Kate et Bernice arrivèrent.

- Euh…
- Allez-y, chambre 188… souffla Rachel.

Colin, Aude et Kate entrèrent. Bernice resta dehors. Rachel la regarda. La jeune femme vint s'asseoir à côté d'elle.

- … tu…
- Nan. Hors de question. Si tu veux savoir pourquoi, j'ai pas de réponse à te donner.

Rachel acquiesça. Bernice s'alluma une cigarette.

- … tu fumes ?
- Ca fait quatre ans que j'ai pas fumé.
- … ne fais pas ça…
- J'suis trop énervée, il me faut un calmant. C'est ça ou un rail de coke…
- J'comprends… moi j'aimerais boire vingt litres de vodka… là, d'un coup…
- Ca se tient, ouais…

Rachel soupira, désespérée.

- Tu veux une clope ?
- Je sais pas trop…
- Ca peut pas te faire de mal, au point où t'en es…
- Je suis enceinte, Bernice !
- Raison de plus…

Rachel acquiesça et accepta ce qu'on lui tendit.

***

- Ca va maman ?

Linda soupira et prit le thé que Lily lui tendit.

- Ca va…
- Pourquoi tu pleures ?
- Parce que… parce que ton frère… je… il était devenu tellement gentil… j'avais retrouvé mon fiston chéri…

Estelle, d'habitude si loquace, était complètement effarée. Kate la soutenait comme elle pouvait. Etienne somnolait à moitié. Finn observait tout ce petit monde, stupéfait par la tournure des évènements. Colin et Aude arrivèrent.

- Il va bien au moins ? J'demande ça comme ça… marmonna Colin.
- Il est inconscient mais il va bien, a priori… marmonna Lily.
- Et, euh… comment il faudra… réagir ? se demanda Aude.

Lily se posa la question également. Etienne résuma posément les choses.

- On… On lui dit qu'on est contents qu'il aille bien. C'est tout. C'est déjà très bien…
- Rachel devrait être la première à le voir.

Tout le monde regarda Malcolm qui était sûr de lui.

- C'est Rachel qui doit l'accueillir à son réveil.
- Malcolm… soupira Claire.
- Juste pour qu'elle réalise et pour qu'il réalise. Tous les deux qu'ils réalisent. Tout ce qu'ils auraient pu foutre en l'air.

Dimitri tenait Ethan. Personne n'avait demandé Ethan, d'ailleurs, et il était le seul enfant sur les lieux.

- Le petit dort… marmonna Dimitri.

Tout le monde réalisa la présence d'Ethan. Nouvelle vague de déprime.

Un médecin sortit.

- Je suis le docteur Stoley. Roland Smirnoff est tiré d'affaire et il est conscient…

Une violente onde de chaleur envahit tout le monde. Le fils aimé était devenu un embarras général.

- Il… m'a donné une liste de trois personnes qu'il aimerait voir au cas où…

Tout le monde acquiesça.

- Numéro 1 : Le Président de la République du Brunei, Numéro 2 : Aretha Franklin, Numéro 3 : Le dalaï-lama habillé en femme… je vous le lis tel que c'est écrit.

Etienne soupira et se leva.

- J'y vais…
- Il ne veut voir personne, je crois que c'est clair… marmonna le docteur.
- Je suis son père !

Etienne entra dans la chambre. Roland était allongé dans le lit, fou de rage.

- Putain, non, sors de là, dégage !!!

Etienne ferma la porte derrière lui.

- Hors de question.
- FOUS le CAMP !
- Non.
- Papa, putain de MERDE !!
- Non ! Tu vas rester allongé et tu vas écouter ce que j'ai à te dire !

Roland soupira, sévèrement fâché. Il avait quelques coupures et des pansements, et visiblement des bandages sur le corps.

- Rachel va venir.
- Dans ce cas, je la tuerais avec mes dents !
- CESSE D'AGIR COMME UN GAMIN STUPIDE ET IMMATURE !!!

Roland lançait ce même regard fixe, furieux, à son père.

- Tu te rends compte qu'à l'heure actuelle, même ton frère, que tu as passé ta vie à traiter de bébé, a un comportement mille fois plus adulte que toi ?
- Mon frère ne s'est pas fait tromper par sa connasse de femme alors qu'on avait perdu notre enfant depuis une semaine !!
- Ton frère, pour rappel, s'est fait tromper et déposséder de sa fille le même jour ! Et il s'en est plutôt bien sorti, non ?

Roland grommela.

- C'est pas comparable. Les pédés, ça se déboîte et ça se remboîte aussitôt…

Etienne grimaça et leva les yeux au ciel.

- Je vois, alors on a complètement régressé, hein ?
- Va te faire foutre, papa, ok ? Là, pour le moment, j'ai de leçons à recevoir de personne ! ET CERTAINEMENT PAS DE TOI !

Etienne regarda son fils, atterré.

- Eh bien… Reste donc ici, la prochaine personne qu'on te ramènera, ce sera ta femme.
- Mon ex-femme. Ma pute de salope d'ex-femme qui peut crever, je m'en tape.
- Si tu le dis…

Etienne sortit et regarda le médecin.

- Sanglez-moi ce petit con.
- … vous êtes vraiment son père ?!
- Oui ! Etienne Smirnoff. En tant que père je vous ordonne de sangler mon fils à son lit. Il serait capable de s'enfuir quand il sera capable de se lever…

Linda regarda Etienne qui secoua la tête.

- Roland 101. Buté, amer, violent, insultant…
- Oh non… soupira Claire.
- Seigneur… geignit Linda.
- Estelle, tu ne veux pas essayer…

Kate regarda sa mère qui secoua la tête.

- Je… non, Etienne, désolée…

Elle se leva.

- Je… je crois que je vais aller voir si Charlie va bien… Où est-il ?
- Trois étages plus bas, service des urgences, informa Colin.
- Quelqu'un vient avec moi ?

Petite hésitation. Lily, Finn, Claire, Kate, Colin et Aude se levèrent avec elle. Linda retint Colin qui la regarda, surpris.

- La… La chambre de Denis ?
- 135, maman, c'est au bout du couloir ! signala Lily.
- Merci…

Linda s'y pressa. Etienne comprit ce qu'elle avait besoin d'y faire. Colin rejoignit Lily qui était derrière Estelle.

- J'veux pas en rajouter, mais…
- Hm ?
- …

Il voulait lui dire. Lui dire quel désespoir il avait vu dans les yeux de Linda. Lui dire qu'il avait vu dans ses yeux la même sensation qu'il avait eu sous la statue de la Ligue Pokémon qu'il aurait pu faire exploser, foutant sa vie en l'air par la même occasion.

- … ouais nan j'vais pas en rajouter.
- Ca va aller, Colin, Roland est redevenu un sale con, on n'a pas à épiloguer, te prends pas la tête.
- … ouais…

***

- Vous ne sentez rien ?
- Pas grand-chose du moins… Je crois que c'est grâce à mon petit mari ! sourit Denis.
- Non, je crains que ce soit la Vicodin.
- … c'est pareil ! affirma Denis.
- Ca veut dire que le traitement fait effet. Vous pensez que vous pourrez surveiller la posologie tout seul ?

Denis regarda David et regarda le docteur Sullivan.

- … Non.
- D'après votre dossier médical, en effet… ancien toxicomane…
- Hm…
- Il est préférable que votre petit ami soit en charge des prescriptions…
- Je… suis médecin pour Pokémon…
- Vous savez utiliser les médicaments, non ?
- Oui…
- Alors ça ne posera pas de problème…
- … c'est vous qui le dites…
- David… Tu peux le faire.

David acquiesça, pas convaincu.

- Je sais que tu peux le faire, assura Denis.

David acquiesça.

- Je… je ferais ce que je peux.
- Tu feras très bien.
- Je vais repasser pour m'entretenir avec vous, David. A plus tard.
- Hm.

Le docteur Sullivan partit, croisant Linda qui entrait.

- Maman !
- Bonjour Linda…

David courut vers sa mère et la serra dans ses bras.

- M… Maman…
- Tout va bien mon chéri…
- Comment va Roland ?
- C'est lui qu'on a entendu crier tout à l'heure ? s'étonna Denis.

Linda acquiesça. Denis grimaça, compatissant.

- David, est-ce que tu peux nous laisser, moi et Denis ?

David regarda sa mère, puis Denis. Denis haussa les épaules.

- Je… oui, vas-y, maman…

David sortit de la pièce en regardant Denis, intrigué. Linda ferma la porte et se plaça face au lit de Denis, surpris.

- … excusez ma tenue, je sors d'une opération… sourit Denis.

Linda sourit à son tour. Plus mélancolique, elle releva la tête, défaite.

- Je sais que tu aimes vraiment mon fils. Que tu feras tout ce qui est nécessaire pour lui.
- Là, vous me gênez, Linda…
- Je voulais juste te dire que… tu es un garçon bien et que je te fais confiance pour prendre soin de David.
- En ce moment c'est plutôt lui qui doit prendre soin de moi ! assura Denis.
- Mais au moins vous vous aimez, ça, j'en suis sûre.
- Oui, oui, soyez-en sûre, Linda, je l'aime et je sais qu'il m'aime…

Linda acquiesça.

- J'ai le sentiment que vous deux ça peut durer toujours.
- … c'est… le but… même si on a eu des différends récemment…
- Oh David est têtu mais il est aussi très gentil.
- Je sais ça, Linda. J'aime votre fils, j'aime notre fille et… aussi étrange puisse-t-elle être, j'aime votre famille !
- Très bien. Très, très bien. A plus tard.
- Oui… tout va bien, Linda ?
- Oh, oui, oui…

Linda sortit de la chambre. David alla vers elle.

- Il est tout à toi !
- Hm… tout va bien, maman, j'veux dire, Roland…
- Oh, ton frère se calmera bien un jour.
- Je sais pas ce que je ressens à son égard, d'un côté… Ce qu'il a fait est exagéré, mais Rachel a sa part de faute, et ce qu'il a dit à Denis, et ce qu'il m'a dit et…
- Ton frère était en colère, David… Et là, effectivement il l'est encore plus… mais ça lui passera… Oh, au fait, tu rendras visite à Charlie, il est aux urgences.
- Aux urg…
- Ton frère l'a attaqué avec son Tartard.

Linda s'éloigna. David resta éberlué.

- Wow…

***

- Si je pouvais me lever, je te claquerais la face, Léo !
- Mais Charlie, le vilain médecin était tout insolent !

Charlie regarda Yann et Amy qui secouèrent la tête, désapprouvant Léopold.

- Tu exagères comme d'habitude…
- Mais non, mais… au moins ils ont pu faire ce qu'il fallait, tu avais une vertèbre légèrement déplacée, mais grâce à mon opiniâtreté…
- Tu as balancé des tas de trucs sur un médecin et tu l'as menacé de le geler avec ton Sorbébé qui sait à peine refroidir du thé glacé tiède !
- … je voulais juste que les médecins fassent tout leur possible...
- Tu as abusé. Tu iras t'excuser auprès de ce brave médecin grâce auquel mon dos va rester en place !

Léopold acquiesça.

- Pardon Charlie…
- Au moins, quand tu fais ce genre de choses, c'est par amour, donc je te pardonne…

Amy regarda Yann.

- Si mes parents avaient été aussi pragmatiques…
- Les miens le sont beaucoup trop au contraire…
- Oh, regarde qui arrive ! Eh !

Estelle, suivie par ses enfants, Lily, Finn, Claire et Aude.

- Charlie, tout va bien ?

Léopold se plaça de l'autre côté du lit.

- Tout va bien, Estelle…
- Vous connaissez la nouvelle ? Roland a eu un accident, il est dans cet hôpital… marmonna Lily.

Léopold haussa les sourcils.

- Ah ? Où ça ?
- Chambre 188 ! informa Claire.
- Oh ! Je vais aller lui rendre une petite visite ! sourit Léopold.
- Ok !

Yann plissa les yeux. Charlie pencha la tête sur le côté.

- Lui rendre visite ? Léo…
- Cela ne me prendra que cinq minutes ! Au moins pour voir s'il regrette ! sourit Léopold.

Léopold s'éloigna, le regard sombre. « J'espère pour Roland Smirnoff que je ne vais pas trouver un scalpel entre ici et le troisième étage… »

Yann regarda son père partir, intrigué.

- Je vais bien, ne vous en faites pas… Je sais que Roland était en colère, y'a pas de lézard. Je suis persuadé qu'il s'excusera le moment venu… marmonna Charlie.

Claire ne sembla pas si convaincue. Estelle agita la tête. Lily se mordilla les lèvres. Finn suivit Léopold, l'air de rien.

***

Léopold n'avait pas de but précis. Il comptait faire du mal à Roland. Quitte à se prendre des gnons lui aussi, mais Roland devait payer pour ce qu'il avait fait à Charlie. Et à Malcolm. Et à Kate. Et…

Arrivé à l'ascenseur, il tourna la tête sur les côtés. Personne ne le suivait, a priori.

Deux personnes arrivèrent derrière lui.

- …

Léopold les aperçut dans le reflet de l'ascenseur.

- Papa ?

Léopold ne se retourna pas. Yann et Amy regardaient Léopold.

- Monsieur Finsbury, ça va ?
- … tout va très bien.
- Papa, t'es en colère, je le vois bien, tu as ta tête typique des mauvais jours !
- Je vais bien, Yann.
- Ca m'étonnerait que vous vouliez aller voir la personne qui a frappé Charlie en toute courtoisie, personnellement, vu ce que vous avez fait au docteur pour un mot de travers… marmonna Amy.
- J'approuve et je dirais même plus : Tu vas faire une bêtise, papa.
- Quelle bêtise je pourrais faire ? Tu penses que je vais faire du mal à Roland ? Comment le pourrais-je ?

Yann souffla.

- Papa, tu t'es énervé sur un médecin parce que tu pensais qu'il ne faisait pas assez bien son travail pour papa. Tu es dans un état de tension qui ne me permet pas de dire ce que tu vas faire ou pas.
- Eh bien dans ce cas, ne te lance pas dans des tentatives d'explications.
- Monsieur Finsbury…

Amy et Yann reculèrent. La porte de l'ascenseur s'ouvrit.

- Papa…
- Monsieur…

Amy et Yann se collèrent au mur.

- Papa, bon sang, qu'est-ce que tu vas faire !!

Léopold se retourna avec Mime Junior entre les bras.

- Je ne blesserais personne. Rassure-toi… sourit Léopold, serein.

La porte de l'ascenseur se referma. Yann et Amy furent libérés de l'emprise de Léopold.

- Ça va ?
- Oui ! Il faut qu'on l'arrête, ça se voit à des kilomètres qu'il va faire une connerie ! Y'a qui encore là-haut ?
- Euh… David est dans la chambre de Denis, Linda est encore là-haut, Dimitri et Ethan, Etienne, Malcolm… et Roland.
- Réfléchissons… Que peut faire ton père, au pire, à Roland ?

Yann chercha, l'air à moitié amusé.

- … à part lui geler les miches avec son Sorbébé… grommela Amy.
- Pourquoi tu crois que je pensais à ça ?!
- C'est l'impression que donnait ton expression faciale. Yann, on devrait parler.
- De ?
- De toi et moi.

Yann s'étonna en regardant Amy.

- Tu crois que c'est le moment ?
- Je sais pas, depuis que cette espèce de cataclysme est arrivé, on se comporte comme un petit couple marié, là…
- Et alors ?
- Ca me déplait un peu…
- On va passer l'été loin l'un de l'autre, j'en profite ! Au cas où ça n'aurait pas été assez clair, j'aime ta compagnie ! souffla Yann.
- Je sais pas, c'est peut-être le fait d'être resté collés ensemble après notre première nuit d'amour… J'avais jamais fait ça avant.
- Ne me parle pas de tes ex, pitié…
- Ah loin de moi l'idée, mais il va falloir qu'on passe un peu de temps séparément, histoire d'apprécier de se retrouver ensuite.
- T'es une fille bizarre !
- Non, je me prépare juste à ce qui va devenir une évidence.

Yann regarda Amy, déçu, puis ils prirent la direction des escaliers. Pendant ce temps, Finn avait été plus rapide. « Il y a une chance sur deux que j'arrive à temps, tout dépend de comment son arrivée là-haut va s'agencer… »

***

- Je me sens… comme la reine des connes. J'étais désespérée, je me sentais seule, ce… connard d'inspecteur me semblait être ce qu'il y avait de plus séduisant sur le moment, j'étais dans une espèce de position de faiblesse absolue, parce que genre mon enfant avait disparu, Roland m'avait dit que lui et moi c'était une relation superficielle basée sur le sexe… Et me voilà à attendre… à attendre je sais pas quoi, je sais même pas ce que je fous ici, putain !

Bernice regarda Rachel qui tira une taffe sur sa cigarette.

- Tu… attends ton mari. Ton connard de mari, mais ton mari quand même !
- Eh bah quand je le verrais, bah… je sais pas ce que je vais lui dire mais…
- Tu vas quand même pas t'excuser…
- Je crois que je vais attendre qu'il se calme. C'est ce que tout le monde a de mieux à faire je pense, moi la première. Mais j'échapperais pas aux jugements à l'emporte-pièce des autres… et mon pauvre petit bout…

Bernice soupira.

- Ethan a cinq ans, dans quelques années il aura complètement oublié tout ça.
- Je peux pas en être sûre… Pourquoi j'ai été faire cette connerie, moi, merde ! Je suis dans une merde pas possible maintenant… On n'a plus de maison, notre couple… notre famille… nos familles… Pfffffffffff…
- Relax, soupira Bernice. Qu'est-ce qui peut arriver de pire !

***

- Finn !

Il reconnut la voix et se retourna vers elle.

- … C'est quoi ce bordel ? Pardon… Qu'y a-t-il, belle-maman ?

Linda sourit.

- Je vous aime beaucoup. Je vois tout le bien que vous faites à ma fille qui se sent infiniment plus libre grâce à vous.

Finn plissa les yeux.

- C'est… quoi ce délire, vous essayez de me dire quoi, là ? Madame Smirnoff, c'est pas parce que Roland est en furie que vous devez vous sentir obligée de vous rapprocher de moi… ou de Denis puisque j'imagine que vous êtes allée à sa chambre pour lui parler, si vous me parlez maintenant…

Linda acquiesça.

- Je… viens juste de réaliser que j'avais de très beaux enfants qui avaient choisi de très belles personnes pour les accompagner dans la vie.

Finn plissa les yeux.

- Ok, euh, si vous permettez, je suis pressé, mais… je vous aime beaucoup aussi, vous êtes adorable comme femme… Linda. J'ai toujours autant de mal à vous appeler par votre prénom.
- Je comprends.

Finn partit intercepter Léopold. « A croire qu'elle l'a fait exprès… »
Finn se retourna vers Linda qui… n'était plus là.

« … cette famille devient de plus en plus bizarre, v'la que belle-maman est un ninja… »

***

Léopold arriva près de la chambre.

- Etienne… Malcolm… Où est Dimitri ?
- Parti se balader avec Ethan… marmonna Malcolm.

Léopold entendit les cris dans la chambre.

« Chier ! Laissez-moi sortir putain ! Merde !! Bordel ! »

- Pauvre petite chose… marmonna Léopold. On a presque envie de l'aider.

Etienne souffla avec un maigre sourire. Malcolm grimaça.

- Vous permettez ?

Malcolm regarda Léopold. Etienne releva la tête. Léopold entra dans la chambre de Roland et referma derrière lui aussi sec.

- L… Léo ! LEO !! s'étonna Malcolm en fonçant sur la poignée.
- Mais qu'est-ce que… Mais… s'étonna Etienne en se relevant.

***

Dans la chambre, Roland s'était figé. Léopold bloquait la porte, fixant son objectif.

- Toi…
- Qu'est-ce que tu viens faire là, sac à foutre ?
- …
- Réponds, putain…

Léopold sortit Simiabraz. Roland inspira, accumulant la rage.

- Ton Pokémon est trop chochotte pour me casser la gueule.

Le Pokémon se contenta de bloquer la porte.

- Si j'avais un Pokémon Acier, ce serait plus facile. Tu sais, avec la Clause Pierre.
- Fais pas ton malin. Si jamais j'arrive à enlever ces sangles à la con, je te démolis la gueule.

Léopold acquiesça.

- Tu as de la chance, Roland Smirnoff. Parce que malgré la rage qui te remplit en ce moment, tu as là, dehors, des gens qui n'ont qu'une envie, c'est de te sauver. De t'aider. De te recouvrir de nouveau d'amour et de te sauver ainsi.
- … Vous êtes vraiment une bande de cons.
- Oh, je n'ai jamais dit que je voulais ça !

Roland regarda Léopold, intrigué. Celui que Roland avait toujours pris pour un personnage de cartoon dans la réalité devenait soudainement humain… presque diabolique en fait. Roland ignorait à quel saint se vouer. La confusion, empreinte de fureur, se lisait dans ses yeux.

- Roland Smirnoff… je voudrais que tu crèves.
- …
- Tu as fait du mal à mon Charlie. Tu as failli blesser cette brave Kate. Tu n'as aucun respect pour les sentiments de Malcolm ni même pour ton enfant. Et par-dessus tout, tu n'as aucun sens des réalités. Ta femme te trompe ? Plutôt que d'en discuter, prend donc la fuite ! Bien sûr. C'est si simple ! Plus simple que d'avoir une vraie discussion… Tiens, j'ai l'impression de parler à ta place !
- Approche un peu que je te crache à la gueule…
- Rien de tout ça. Mon but ici n'est pas de te blâmer, en fait.
- Alors c'est quoi ?

Léopold souffla, l'air badin.

- Ces gens, dehors. Je sais que s'ils y mettent tout leur cœur, ils te ramèneront sur le droit chemin. Ils arriveront peut-être même à… te remettre avec Rachel.

Roland ricana.

- Ils peuvent toujours essayer…
- Hm. Je refuse que tu bénéficies de leur amour, de leur affection. Tu ne la mérites pas. Tu ne mérites rien, Roland Smirnoff, rien d'autre que de crever la gueule ouverte dans la fange avec les Cochignon.

Roland se redressa sur son lit, prêt à cogner Léopold qui leva les mains, protégé par les sangles.

- Hey ! Calme, Roland ! Calme ! Je suis dans ton camp ! Je veux te libérer pour que tu te casses.
- … me quoi ?
- Je veux que tu quittes cet endroit, que tu partes à tout jamais et que tu nous foutes la paix une bonne fois pour toutes. Fini, les crises de Roland, finie la violence, fini de vivre dans la peur d'une de tes stupides crises d'égo ou de je ne sais quoi ! Je te libère, et en échange tu pars et tu ne reviens plus jamais.

Roland regarda Léopold qui était sûr de lui.

- … Tu me surprends, Finsbury-Maloney… je ne te savais pas aussi machiavélique.
- Ce que je fais est terrible pour toi, en fait. Parce qu'en te laissant partir, je sais que tu vas devenir une sous-merde, probablement boire et te droguer jusqu'à ce que mort s'ensuive. Parce que, honnêtement, tu vas faire quoi, une fois dehors ?
- Au départ je comptais aller aux Etats-Unis, me la couler douce en gagnant plein de fric dans les stades…
- La parfaite vie de sac à merde, cool ! Eh bien, fais donc ça.

Léopold sortit Sorbébé et le leva au-dessus du lit. Le Pokémon diffusa une brume glacée au-dessus de Roland.

- La glace va attaquer les sangles. Au bout de cinq à dix minutes, tu pourras te détacher tout seul.
- Je vois qu'on avait tout prévu…
- Si j'avais été au bout de mon plan, tu serais sorti de cette chambre en tant qu'eunuque !
- … lopette !

***

- Bernice, appelle Kate, on va dans un bar, j'ai envie de me biturer.
- … et ton gamin ?
- Ses grands-parents se feront un plaisir de le garder…

Un bout de papier vola sous le porche de l'hôpital. Par un hasard des plus étranges, il atterrit dans les mains de Rachel.

- Hm ?!
- Wow. Bizarre ! sourit Bernice.

Rachel ouvrit le mot.

« Mes meilleures pensées. Sans rancune la moindre
L.S »


- … C'est quoi ce bin's ?! s'étonna Bernice.
- Aucune idée… marmonna Rachel.

***

Linda, sur le toit de l'hôpital, remercia Gardevoir et la rappela.

La vieille femme regarda Nénucrique. « Hoenn, je savais que je finirais mes jours ici… »

Linda monta sur le rebord du toit, tremblotante à cause du froid et de la hauteur. Et aussi, elle était pieds nus.

« … peut-être pas comme ça, mais au moins ici… »

Linda regarda en bas. Parking presque vide de l'hôpital. Toutes les voitures étaient garées partout sauf juste devant l'hôpital.

« Au moins, je ne finirais pas sur une voiture… c'est une très bonne chose… »
- Ne faites pas ça…

Linda se figea. Dimitri était derrière elle.

- Pas devant votre petit-fils.

Linda leva la tête au ciel, ramenée à la réalité.

- J'ai déjà essayé, en plus et… ça marche pas. La grande marée noire en bas va vous rappeler à l'ordre. Et au dernier moment, pouf, vous serez sauvée.

Linda recula, renonçant à son idée de départ.

- … désolée.
- C'est pas grave, je comprends ça.

Linda se tourna vers Dimitri.

- Tu… es le jeune garçon qui a été l'élève de Roland ?
- Oui madame.
- … Mon fils est… devenu un monstre… je… je suis une mère affreuse…
- Mais non, ne dites pas ça… vous en avez deux sur trois qui sont très bien !
- Mais combien de… de souffrances… de moments durs… d'horribles douleurs ont-ils dû endurer pour… arriver là où ils sont ? Et Roland qui est plus âgé et qui… qui n'arrive même pas à se battre pour garder sa famille…
- Madame c'est pas grave, vous ne devez pas vous suicider parce que votre fils est… incapable de vivre en société… ça arrive à tout le monde de se retrouver un jour en bas de l'échelle. Je suis sûr qu'il va s'en sortir.

Linda soupira.

- Je ne suis plus sûre de rien concernant cette famille… plus le temps passe et plus… je me demande si je n'aurais pas mieux fait de mourir dans ce stade qui s'effondrait…

Dimitri plissa les yeux.

- Pendant la guerre…
- Oui, voilà…

Dimitri se mordilla les lèvres.

- Madame, je ne vous connais pas bien et vous ne me connaissez pas bien, mais… ne souhaitez plus jamais que quoi que ce soit de bon ai pu aboutir de quelque chose d'aussi moche. S'il vous plait.

Linda acquiesça. Dimitri à son tour, puis il passa Ethan à Linda qui remettait ses chaussures.

- Oh que tu es lourd mon bonhomme…
- Voilà. Maintenant, vous ne pouvez plus vous jeter dans le vide. J'ai gagné.

Dimitri redescendit dans l'hôpital.

- Grand-mère…
- Oui, mon poussin…
- … est-ce que mon papa est fou ?

Linda se mordilla les lèvres.

***

- Léopold mais enfin t'as fait quoi ???

Le blond était sorti de la chambre, et il repartait vers les urgences.

- Vous devriez vous éloigner de la porte.

Léo reprit l'ascenseur. Yann, Amy et Finn arrivèrent par les marches.

- Mac ! Monsieur Smirnoff !!
- Où est allé Léopold ?
- Dans la chambre de Roland… marmonna Etienne.
- Il vient d'en sortir, il a repris les ascenseurs…

Finn regarda vers les ascenseurs. Yann allait ouvrir la porte de la chambre de Roland, mais Finn l'en écarta.

Et il fit bien. La porte vola hors de ses gonds. Etienne se couvrit, sidéré. Malcolm recula. Amy, morte de trouille, se réfugia derrière Yann.

- On peut dire ce qu'on veut des pédales…

Roland sortit de la chambre, accompagné par Tartard qui le suivait.

- … elles sont serviables quand il le faut.
- Roland… balbutia Malcolm.
- Toi, on en a assez discuté.

Etienne n'osa pas bouger. On se serait cru à la fin du film « La Mouche ». La créature émergeait du téléporteur, infâme et répugnante, une erreur de la nature à corriger immédiatement.

- Putain… souffla Finn.

Roland, en robe d'hôpital, entreprit de sortir et marcha d'un pas assuré bien qu'incertain du fait de l'accident récent. Personne ne le retint, comme s'il était couvert d'acide.

Yann prit les choses en main. Le téléphone, plutôt.

- … Tante Claire, c'est Yann !... Il faut que vous rattrapiez Roland, il s'échappe de l'hôpital !
- Qu'est-ce que tu branles !! grommela Malcolm.

Yann raccrocha.

- Quoi ?
- Quoi, quoi ! Petit con, d'où tu appelles ma femme pour faire le sale boulot ?
- … m… mais, mais je pensais juste que…
- T'es pas content, tu le faisais, le sale boulot… grommela Finn.

Malcolm regarda Finn, surpris.

- Ca va être la merde si Roland est vraiment aussi en colère qu'on le pense…

***

- Quoi ?!
- Roland s'est échappé de sa chambre !! geignit Claire.

Charlie enfonça sa tête dans l'oreiller, les yeux vers le plafond. « Léopold, putain de merde… »

- Qu'est-ce qu'on peut faire ?!! soupira Aude.
- Rien… on ne peut rien faire… marmonna Estelle.

Elle s'assied auprès de Charlie qui la regarda. Colin, Aude, Kate, Lily et Claire la regardèrent.

- Laissez tomber, laissez-le partir… soupira Estelle. On… On ne peut rien faire, il est perdu, je l'ai vu, je l'ai lu dans ses yeux…

Charlie grimaça. Estelle secoua la tête.

- Cette fois-ci il est irrécupérable…

Claire secoua la tête.

- Roland souffre, on ne peut pas le laisser partir. Avec moi, vous tous, on va le ramener !

Kate sembla hésitante mais elle acquiesça. Colin souffla, pas certain mais d'attaque. Lily acquiesça, persuadée. Aude suivra Colin quoi qu'il en soit. Le groupe allait partir.

- ATTENDEZ ! cria Charlie.

Colin et les quatre filles se tournèrent vers le champion de Jadielle, fiévreux.

***

- Monsieur ! Vous n'avez pas le…

Les infirmières s'effondraient au passage de Roland.

- C'est presque à croire que je sens mauvais…

Le sifflement de Phyllali était décidément efficace. Devant lui, Roland avait Tartard en pleine séance d'hypnose.

- C'est presque trop facile, également…

Il rappela ses Pokémon, conscient qu'il était presque arrivé à son but.

***

- Je vais chercher à boire, tu veux quelque chose ? demanda Rachel.
- Si y'a du jus de pomme j'en veux bien, ouais…

Rachel retourna dans le hall de l'hôpital. Il était étrangement vide. Elle chercha des yeux un distributeur, mais ce qu'elle vit près de la réception…

- Comme on se retrouve…

Les regards de Roland et de Rachel se croisèrent…




















Chapitre 2 – La fureur de fuir

« Qui d'amour se prend, de rage se quitte. »
(Proverbe provençal)

« … I remember, you said…
'Sometimes it lasts in love,
But sometimes it hurts instead' »

(Adèle, Someone Like You)



Rachel.
Roland.
Elle le regarde, impassible.
Il la regarde, empli d'une colère sourde.
Elle semble à la fois nue sur une banquise et totalement invulnérable. Les frissons de culpabilité se transforment vite en sursauts de courage pour lui faire face.
Lui n'est animé que de mots brutaux, de violentes diatribes. Il a juste envie de la démolir. S'il la serre dans ses bras, ce sera pour la griffer, la déchirer, lui piétiner le cœur comme elle a piétiné le sien.

- Je ne veux pas parler, juste sortir.
- Ca tombe bien, moi je voudrais qu'on parle.
- Tu ne peux rien y faire, je vais me casser et tu vas me laisser passer.
- Non, Roland. Tu ne peux pas fuir à chaque fois qu'il y a un problème. J'ai commis une erreur, mais rien n'est irréparable…
- POUR MOI C'EST IRREPARABLE !!!

Rachel regarda Roland, silencieuse, mais la tête haute. Hors de question de baisser la tête devant lui. Bernice avait bien vu ce qui se passait, mais elle resta à l'écart quand même, dehors, derrière la porte vitrée automatique. « Surtout ne pas l'ouvrir… »

Roland saisit une Pokéball. Rachel de même.
L'attente était insoutenable.

Elle n'osait pas trop y aller, elle, la reine du combat.
Lui non plus, alors que d'habitude…

Rachel envoya Charmina. Roland balança Tartard. Regards de glace. Ils ne savaient même pas vraiment pourquoi ils se battaient en fait. C'était plus pour éviter de parler qu'autre chose.

Elle, Coupe Psycho.
Lui, Vibraqua.
Il espère faire fondre ses attaques dans la sienne, mais les lames de Rachel sont puissantes, elles transpercent l'air et font des bruits sifflants. Tartard esquive comme il peut. Minotaupe est sortie.

Griffe Acier. Il saute vers Charmina. Rachel plisse les yeux et pense immédiatement que Roland est bien fourbe d'appeler deux Pokémon comme ça. Charmina repousse tout. Autour de lui, c'est la Psyko qui règne. Minotaupe et Tartard sont tenus à distance.

Roland regarde Rachel qui soutient son regard. Hors de question pour elle de fuir quoi que ce soit, elle assumera ce combat jusqu'au bout. Elle saisit une seconde Pokéball. Musteflott.

Le Pokémon Loutre fonce à travers la Psyko de son confrère. Roland comprend dix mille choses à la fois, la Psyko n'est là qu'en couverture, Rachel l'atténue forcément pour laisser passer Musteflott, tout ça n'est qu'un leurre.

Tunnelier pour parer l'Aqua Jet. Les deux Pokémon restent là à se charger mutuellement dans les airs. Minotaupe est recroquevillé en vrille, Musteflott est enrobé d'eau, et en position de charge. Roland regarde Rachel, toujours. Elle n'en démord pas.

- Cesse de me fixer ainsi.
- Toi, cesse.
- C'est TOI, la fautive, dans l'histoire !
- J'en suis CONSCIENTE, si tu pouvais prendre cinq minutes pour m'écouter au lieu de réagir comme un gamin immature en voulant à tout prix te barrer !
- Je veux me barrer parce que ta seule face de pute me donne la gerbe !
- Eh bah tu vas rester et gerber devant ma sale gueule de pute parce que je ne compte pas te laisser partir.
- Oh, bah voyons, parce que…
- OUI, je t'aime encore !

Roland serra les dents.

- Hypocrite, hypocrite, hypocrite…
- Ca n'est pas parce que j'ai eu un moment d'égarement que je renie ces cinq années avec toi.
- Et Ethan, merde !
- Raison de plus pour que tu cesses de t'énerver ! Il y a un, non, DEUX enfants dans la balance ! N'oublie pas ce que j'ai dans le ventre.
- Tu aurais dû y penser avant de laisser l'Inspecteur Gadget mener une enquête approfondie !
- Tu redeviens drôle. Sale mais drôle. Ça veut dire que tu es encore humain, j'ai une chance de te faire rester ici.

Roland fronça les sourcils.

- Jamais de la vie, salope. Et pour qu'on se remette ensemble, tu peux crever.
- Super, ça veut dire qu'Ethan va vivre avec des parents divorcés.
- Ca, ma vieille…

Tartard repoussa la Psyko de Charmina avec la sienne.

- … il fallait y penser…

Minotaupe prit le dessus sur Musteflott et le repoussa contre le mur de l'entrée de l'hôpital.

- … avant d'aller VOIR AILLEURS !
- Tu ne sais même pas comment ça s'est passé !
- Laisse-moi deviner ! « Rachel, les seules personnes que nous n'avons pas interrogées sont tes trompes de Fallope, tu PERMETS que je leur tende mon MICRO ? »
- Bordel, ce que tu peux être con !
- Bordel, ce que tu peux être une salope !

Rachel envoya Donphan, furieuse.

- PARCE QUE…

Donphan utilisa Séisme. L'attaque fit trembler tout l'hôpital. Rachel était furieuse ce qui augmentait l'intensité de l'attaque. Roland avait du mal à tenir debout.

- …TU CROIS QUE…

Donphan commença à fissurer des murs et à faire tomber des bouts de plâtre du plafond. Roland observait avec une indifférence crasse les dégâts matériels que causait sa femme.

- … J'AI FAIT CA PAR PLAISIR ? PAR PURE EGOISME ??? ROLAND, MERDE !!!

Roland regarda sa femme, impassible, alors qu'elle était au bord d'un ravageur chagrin. Le séisme cessa. Poussière et débris tombant du plafond.

- J'étais complètement PAUMEE, BORDEL !!! On ne retrouvait pas Ethan, les recherches ne donnaient RIEN, toi et moi on en venait à se demander si notre couple aurait une valeur au-delà du sexe et d'Ethan ! Le JOUR AVANT, Roland, souviens-toi de cette conversation qu'on a eue lors de notre dernière nuit !!

Roland soupira.

- A part ça, tu as quand même écarté les cuisses devant ce…

La coupe Psycho frôla Roland qui fut touché à l'épaule.

- Aaaaaah ! Sale…
- Encore un mot et je vise tes putains de couilles !!

Roland regarda Rachel, bouillonnant.

- Tu es en train de prétendre que tu avais une légitimité ?
- Non, juste que sur le moment j'avais des circonstances atténuantes que tu ne peux pas ignorer !!
- Tu as pensé à moi pendant que toi et lui vous fricotiez ? A Ethan ? A ton frère ? Aux gens ?
- Et toi, à quoi tu pensais en disant à Ethan que j'étais une pute, tout à l'heure ? Tu penses que tu vaux mieux que moi, mais une fois que tu laisses la colère prendre le dessus, Roland, tu es un sac à merde aussi prévisible et abject que n'importe quel kéké de banlieue, alors ne me fais pas la leçon sur « à qui tu pensais » parce que toi tu ne penses à RIEN ni à PERSONNE !

Rachel était épuisée. Des deux, c'est elle qui morflait le plus, nerveusement parlant. Roland avait l'air d'encaisser sans rien dire.

- … alors je dois faire comme si ça n'existait pas ? Mais je peux pas, Rachel !!
- Tu pourrais si tu étais un putain d'adulte !
- C'est pas une question de ça ! Le sentiment de trahison, Rachel !! On… On donnait tout pour retrouver notre fils et quand j'ai compris que tu avais fait ça, dans ces conditions…
- C'est fait, c'est fait, inutile de ressasser.
- Et puis merde, quoi, encore cette foutue histoire qui recommence, encore… toujours pareil, impossible de…
- C'est quand même incroyable d'être hétérosexuel mais pour autant de toujours ramener ta mère sur le tapis !

Roland leva la tête vers Rachel.

- Tu peux pas comprendre.
- Non, en effet, acquiesça Rachel.
- Je pourrais jamais m'y faire, Rachel. A chaque fois que je te regarde, je vois cette enflure…
- Je me doute bien, crois-moi, je me sens sale aussi.
- Ca suffit pas !!
- Qu'est-ce qu'il te faut de plus ?
- Excuse-toi au moins !!
- Depuis le DEBUT, je te dis que je suis désolée, merde !!!
- Tu es désolée envers toi-même.
- Ah ça c'est ce que tu veux bien croire, parce qu'au fond RIEN de ce que je pourrais dire ne fera l'affaire, hein ?

Roland hocha la tête.

- Fumier. Ça va faire comme avec ta mère, c'est ça ? Je vais devoir attendre trente ans que tu mûrisses un peu ?
- Excuses-toi au moins auprès d'Ethan.
- Oh oui bien sûr. Bonjour, mon fils de cinq ans. Tu vois, maman a eu un moment de connerie et d'égarement, elle a laissé un autre monsieur que papa lui faire l'amour. Tu es content ? Tu veux un hochet ?
- Oh, arrête, je suis sûr que tu y as pensé. Tu as pensé à ce qu'Ethan pourrait penser de toi, hein ?
- Ah bah ça, c'est sûr, quand son père lui dit que sa mère est une immonde salope…
- Faut bien que je l'avertisse, pauvre gosse.
- Tu devrais aussi demander à David et Denis de lui faire des cours d'homosexualité, ça lui évitera tous les problèmes que posent les femmes aux hommes dans le futur.

Roland soupira.

- C'est ça, fais comme si c'était moi l'irresponsable qui est allé baiser avec un autre !

Roland sortit Absol. Rachel plissa les yeux.

- Je n'ai pas été irresponsable !
- Coupe-v…
- Attends, Roland !! Je n'ai pas été irresponsable ! En cela que jamais, en faisant ce que j'ai fait, je n'ai engagé notre couple, notre famille et notre vie commune ! C'était une grosse connerie, c'est clair et net, mais je n'avais aucune intention de te quitter ou de partir après ça ! En revanche, toi, en partant, tu fous tout en l'air !
- BAH VOYONS C'EST MOI LE SALAUD MAINTENANT !
- OUAIS !

Roland et Rachel se tournèrent vers Lily.

- Ouais, exactement.
- Lily, reste en dehors de ça ! ordonna Rachel.
- Tu vois, Roland, si tout le monde t'en veut à l'heure actuelle, c'est parce que tu es parti, mais Rachel, personne ne lui en veut !
« J'suis pas aussi certaine que toi… » songea Rachel.
- Pourquoi ? Parce que ton acte à toi est lâche et irresponsable. L'acte de Rachel est une énorme connerie, certes, mais…
- Arrête la langue de bois politique, merde ! Elle n'a aucune morale, elle a été faire ça alors qu'Ethan était encore dans la nature, Dieu sait où, en faisant ça à ce moment précis elle montrait qu'elle s'en foutait complètement ! Aucune morale !! grommela Roland.
- Parce que toi tu en as une ? Roland avec une morale, j'aurais tout vu ! souffla Lily.

Roland regarda sa sœur, furieux. Lily eut un pas de recul.

- COUPE-VENT !

Absol repoussa Rachel et ses Pokémon. Par chance, Rachel passa la porte automatique et fut rattrapée par la conjonction de Miradar et de Mushana, Bernice ayant observé à distance le combat et s'étant tenue prête à intervenir.

- Ça va ?
- Oui, merci. Il faut que j'y retourne !
- Pourquoi…

Roland frappait à la porte automatique.

- Oh non, l'idiote !! cria Rachel.

Lily avait sorti Alakazam qui bloquait l'accès à Roland.

- Bordel de… Merde…
- Il est hors de question que tu sortes et que tu fuies tes responsabilités ! Tu as un fils, Roland !
- DE QUOI TU TE MELES, PUTAIN !!!
- Roland, bon sang, regarde-toi, regarde ce que tu es en train de faire !

Roland avança vers sa sœur, menaçant. Alakazam ne pouvait pas l'attaquer. Lily prit peur. Bien qu'elle l'ait vu passer par tous les états dans leur jeunesse, elle ne l'avait jamais vu aussi diabolique, aussi monstrueux. « Si je m'écoutais, je dirais presque qu'il a mûri dans sa fureur, qu'elle a atteint un stade abouti… un point de non-retour… »

- Euh…
- Grande nouvelle, Lily, un Pokémon, aussi puissant soit-il, ne peut pas attaquer son dresseur…

Roland saisit Lily à la gorge. La jeune femme regarda son frère, stupéfaite. Le geste, d'abord, lui semblait anti-Roland, mais surtout que ce soit son frère qui la violente de la sorte…

- Ro…
- … actuel comme ancien.

Alakazam semblait perdu. Absol lui sauta dessus et le mit hors combat avec Tranche-Nuit. Lily, étranglée, regardait son frère droit dans les yeux, impressionnée et impuissante.

- … R… R…
- La prochaine fois tu t'occuperas de tes fesses, espèce de donneuse de leçons, trainée, morveuse, putain…
- LAISSE-LA !!

Ninjask allait frapper Roland mais Minotaupe l'intercepta et le contrecarra avec Griffe Acier. Rachel s'avançait vers Roland, suivie par Donphan, Musteflott et Charmina. Roland repoussa Lily qui retomba dans un fauteuil de l'accueil, choquée. Roland monta sur Absol et cavala dans les couloirs pour trouver une autre issue. Rachel aida Lily à se relever.

- Ca va, ça va, t'en fais pas…
- Lily, je suis… pardon, c'est…

Rachel regardait Lily, au bord des larmes. Lily se ressaisit et rassura Rachel d'une main calme et d'un hochement de tête.

- Oublie ça. On va le stopper. Il n'ira pas loin.

***

- Tu as QUOI ???

L'électricité était vacillante aux urgences, après le Séisme de Rachel. Léopold était face à Charlie.

- Je… J'ai fait ce qui m'a semblé le plus juste ! Rachel ne mérite pas d'être avec un homme qui part à la première déconvenue, elle vaut mieux que… Roland. Alors autant qu'il se barre…

Charlie regarda Léopold, atterré.

- … Il t'a frappé, Charlie ! Il est dangereux, je… je peux pas laisser qui que ce soit te faire du mal !
- …
- Comprends-moi, Charlie…
- J'ai… de plus en plus de mal, Léopold, j'avoue…

Léopold grimaça.

- Tu crois que les autres vont réagir comment à ton petit acte égoïste ? Ils vont laisser partir Roland aussi ?
- …
- Ce tremblement de terre, là, tu crois qu'il vient d'où ?
- Ch… Charlie, je…
- Il n'y a pas de CHARLIE ! LEOPOLD, BON SANG, MERDE !!!

Le blond recula face à la sévérité de son mari.

- ILS VONT ESSAYER DE LE RETENIR, EVIDEMMENT !!! ET J'AURAIS FAIT PAREIL !
- Mais… mais il t'a…
- Roland est en COLERE !! Evidemment qu'il a fait et qu'il va faire n'importe quoi !! Bon sang, on le connait depuis assez longtemps !! Etienne va essayer de le retenir, Malcolm, Claire, Lily, David, autant de GENS que toi et moi nous AIMONS et qui peuvent être blessés dans la colère déraisonnable de Roland, et TOI tu libères ce type, avec toute sa rage, et tu le lâches sur eux ???

Léopold ne savait plus quoi dire.

- Laisse-moi seul.
- … charlie… murmura Léopold, blessé et triste.
- Léo, si jamais qui que ce soit est blessé, frappé, heurté en essayant de retenir Roland que TU as laissé partir, toi et moi, c'est fini !

Léopold frissonna.

- T… Tu n'es pas sérieux !
- J'ai l'air de plaisanter ?! Plus les années passent et plus… plus je te trouve complètement irrationnel, Léopold ! Mais là c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase, et en PLUS je ne peux pas me déplacer pour réparer tes bêtises !

Léopold tomba des nues.

- Réparer… mes bêtises ???
- OUI ! COMME D'HABITUDE ! J'AI L'IMPRESSION QUE C'EST CE QUE JE FAIS DEPUIS QU'ON EST ENSEMBLE !
- M… Mais je pensais que tu aimais… que… c'était un part de moi que tu appréciais !
- Au début oui, mais très honnêtement ça commence à me gaver.
- J… Je voulais juste…
- Me venger ? Eh bah ça c'est pas un comportement que le Léopold que j'aime aurait eu. Tu as… Tu as changé, Léo. « Vengeance » ce n'est pas un mot qui fait partie de ton vocabulaire.

Léopold regarda Charlie et fronça les sourcils.

- Alors là, tu es injuste !!
- Pardon ?
- Tu sais pourquoi je suis aussi vindicatif !
- … Ne fais pas porter le chapeau à ce qui t'est arrivé pendant la guerre !!
- EH BAH SI ! Quand tu es dans une situation ou ta propre vie est en jeu, tu fais des choses extrêmes, et quand l'homme que j'aime est blessé, moi, désolé, je fais n'importe quoi pour lui !!

Charlie secoua la tête.

- Tu allais mieux, Léo, ta thérapie t'avait aidé, ne me dis pas que tu fiches ces mois, ces années de travail sur toi en l'air à la moindre petite anicroche…
- Tu avais perdu connaissance, il t'avait frappé, tu étais inconscient… gémit Léopold, tentant de se justifier.
- Eh bah je peux régler mes affaires tout seul, je n'ai pas besoin de toi. Va-t'en, Léopold.

Le blond se mordilla les lèvres.

- Je t'aime, Charlie…
- Je t'aime aussi, c'est juste que par ta faute, des gens que nous aimons, Yann, Dimitri, Ethan, Claire, par exemple, pourraient être blessés.

Léopold réalisa toute l'étendue de son erreur.

- … et si Yann est blessé, là… Là, Léopold, je ne te le pardonnerais jamais, crois-moi.

Léopold baissa la tête et laissa les sanglots courir.

***

Lily espérait que Roland se dirige vers le couloir où Claire, Kate, Colin et Aude l'attendaient pour lui tendre un piège.

Il n'en fut rien, et Roland préféra tenter le coup des ascenseurs, toujours sur le dos d'Absol. « Je me doute que les autres vont essayer de me niquer dans le couloir, autant passer par le premier ou le second étage… »

Sauf qu'il se heurta à ceux qui descendaient les escaliers. Yann, Malcolm et Finn.

Trop effrayée, Amy était restée avec Etienne qui était en léger état de choc.

Dans les marches, Yann avait appelé Dimitri pour le prévenir que Roland était parti en mode Berserk. Résultat, celui-ci attendait avec Linda en lui parlant, assis dans les escaliers afin de la préserver de tout ça. D'un autre côté, Dimitri gardait en tête qu'il pouvait très bien calmer son maître, mais une autre part de lui se rappela le caractère irascible de Roland Smirnoff, et le jeune homme se résigna à laisser les choses se faire sans lui, non sans une certaine amertume.

Denis et David avaient ressenti le séisme également mais avaient choisi de rester ensemble.

- Roland, putain !!

Roland, en robe d'hôpital, blessé à l'épaule, monté sur Absol, regarda Malcolm, Finn et Yann, tout aussi éberlués.

- Vous faites chier, merde ! Laissez-moi partir, putain !!

Yann regarda les ascenseurs. Il sortit Elecsprint. Roland s'apprêtait à sortir Minotaupe, mais Yann fut plus rapide.

- Coup d'Jus !!

Malcolm et Finn reculèrent, intrigués par l'acte du jeune homme… qui électrisa simplement les ascenseurs.

- M… Mais bon dieu de…
- Comme ça, tu peux plus monter par-là ! assura Yann.

Malcolm balança la Pokéball de Bastiodon dans les escaliers.

- Et c'est fermé par là aussi !

Roland serra les dents, fou de rage.

- Vous me faites CHIER !

Feuiloutan sortit de sa Pokéball, juste devant Yann.

- ATTENTION !!! cria Malcolm.

Trop tard. La Casse Brique…

… frappa Malcolm qui fut projeté sur le côté. Le professeur de Mathématiques s'était interposé pour éviter à Yann d'être blessé. Finn regarda Malcolm qui était par terre, tentant de se relever.

- MAC !! cria Yann. Mais ça va pas non !! grommela Yann en direction de Roland.

Plus loin, Claire regarda Colin qui sommait la rousse de rester à sa place. La sortie de secours au bout du couloir allait forcément attirer l'attention de Roland à un moment donné.

Malcolm se releva, le nez en sang.

- Même pas mal.

Roland regarda son meilleur ami, entre rage et peine. Roland ne voulait pas faire de mal à Malcolm. C'était la seule personne qu'il voulait épargner dans son œuvre destructrice.

- Je lis dans tes yeux, Roland, toi et moi, nous sommes liés, tu le sais, et je vois clairement que…

Malcolm s'essuya le nez du revers de la manche.

- Tu ne voulais pas me faire de mal. Mais tu voulais frapper le petit.
- Evidemment, ce sale con a niqué les ascenseurs !
- La police va arriver pour t'emmener, salopard… grommela Finn.
- Quoi, tu m'as vu étrangler Lily, tout à l'heure ? Chapeau, tu as une vue encore meilleure que ce que je pensais !
- Bordel de m…

Finn tenta de se jeter sur Roland, retenu par Yann.

- Ne rentre pas dans son jeu ! cria le rouquin.
- LACHE-MOI PUTAIN ! JE VAIS LUI ARRACHER LES YEUX A CE FUMIER !

Roland fit volte-face vers la sortie de secours au bout du couloir.

- On se retrouvera en enfer, les ploucs !

Finn regarda Roland, furieux, puis il se dirigea vers le hall. Quand il y arriva, Lily pleurait dans les bras de Rachel, soutenue par Bernice. Rachel s'éloigna et Finn s'occupa de Lily.

- Ça va ? Il ne t'a pas…
- Non, il a juste été un peu brusque, rien de grave, ça va… C'est juste…

Lily sanglota.

- Ses yeux… ses… ses horribles yeux pleins de… de rage !

Roland allait atteindre la sortie de secours, quand la Telluriforce d'un Triopikeur le stoppa violemment. Roland et Absol furent repoussés.

- Bordel de merde !!!

Colin se montra.

- Tu restes là.
- Dégage ! Si y'a bien une personne que ça concerne pas ici, c'est bien toi, sale ouvrier attardé de merde !!
- Ouais d'un côté je m'en fous, mais d'un autre côté…
- TA-GUEULE. Laisse-moi passer !!

Claire serra les dents. Kate n'y tient plus. Elle s'éloigna et sortit du plan, sous les yeux surpris d'Aude.

- Roland, tu dois te calmer…
- J'ai tout sauf envie de rester ici, alors foutez le camp, merde !! Qu'est-ce que ça peut vous foutre !!
- Tu es notre famille, Roland, on ne peut pas te laisser tomber.

Roland sortit Kapoera.

- Tu veux tester ? Tu as vu ce que Feuiloutan a fait à Malcolm tout à l'heure ?
- ARRETE !

Claire s'interposa entre Colin et Roland, en larmes.

- Roland, arrête, je t'en SUPPLIE !!
- Ecarte-toi, bon sang !
- Tu ne veux pas nous faire de mal, je le sais, tu n'es pas comme ça !

Roland acquiesça.

- Je ne suis pas comme ça. Hm. C'est moi le méchant dans l'histoire alors que c'est Rachel qui a détruit notre mariage.
- Tout ça c'est dans ta tête, c'est la colère qui parle pour toi ! Prends quelques jours de recul, tu vas voir les choses autrement ! grommela Colin.
- Il a raison, tu te montes le bourrichon pour rien, Roland ! Je t'en supplie…

Claire contourna Kapoera et approcha Roland.

- CLAIRE NON !! cria Malcolm.

Yann se leva, prêt à bondir.

Claire saisit le visage de Roland qui la regarda, stupéfait.

- Je t'en prie, Roland. Regarde-moi dans les yeux et dis-moi que tu veux à ce point t'en aller, nous laisser tous et abandonner tout ce que tu as ici ! Ta femme, ton fils, votre vie…

Roland se mordilla les lèvres.

- Je suis désolé, Claire.

Kapoera donna un coup de Mawashi Geri dans le ventre de Colin qui fut projeté contre la porte de la sortie de secours. Aude, apeurée dans le placard où elle s'était cachée, se saisit le visage. Roland repoussa Claire d'un bras dédaigneux.

- Roland…
- Ne tente rien que tu regretterais.
- Roland, je t'en…
- ENFOIREEEEEEEEEEE !!!

Yann saisit Roland par derrière, lui agrippant le cou.

- PUT…
- SALE FUMIER, LA TOUCHE PAS TU M'ENTENDS !!!

Roland tomba en arrière, faisant lâcher Yann. Il se retourna, gifla le gosse et tenta de l'étrangler.

- TOI ET TOUS LES AUTRES… VOUS ME FAITES SAVAMMENT…
- ROLAND, ROLAND NON !!! geignit Claire, affolée.

Yann repoussa Roland d'un coup de genou. Roland allait se relever, mais Yann fut plus rapide et lui colla un coup de pied dans la face.

- Ca c'est pour Rose, connard !!
- Urf…

Roland sortit Phyllali.

- SIFFL'HERBE, A FOND !! grogna le jeune homme, blessé dans son orgueil.

Le Pokémon émit un grand sifflement puissant. Yann s'endormit, trop proche. Malcolm, à terre, s'endormit également. Claire, qui était recroquevillée contre une porte, s'endormit également. Kate, dans le couloir, ne résista pas et s'effondra contre un mur, glissant au sol.

- Eeeeeet voilà... Beaucoup de bruit pour rien…

Roland se permit même de cracher sur Yann.

- Petit con. Bon, allez… hasta la Windows Vista…

Un zombie émergea d'un placard. Roland sursauta.

- Put… Toi ?!!

Aude. Elle chancelait, un peu apeurée.

- Je me suis bouchée les oreilles quand j'ai commencé à entendre le sifflement. Comme j'étais dans le placard le son a mis plus de temps à m'atteindre…
- … ça change quoi ! Sifl… EH !

Phyllali était désorienté. Roland vit Muciole et Lumivole marcher par terre et saluer.

- Onde Folie et Attraction… Celle de Muciole a marché, je suppose.
- Pétasse !
- Ouais, ouais. Tu ne peux pas sortir comme ça.
- Qu'est-ce que tu en as à foutre, toi ?
- Rien, en fait, mais vu ce que tu as fait à mon mari, je préfèrerais que tu te fasses arrêter par la police, qui se trouve à l'entrée.
- C'est un hôpital, il y a des fenêtres, des couloirs, des sorties de secours…
- Si tu veux sortir, passe par l'entrée et va te faire arrêter. C'est le seul compromis que j'accepterais.

Roland ricana.

- Et c'est toi qui va m'en empêcher ? Avec quoi ? TIPLOUF ? MUCIOLE ? LUMIVOLE ? Ma pauvre fille. Même ton abruti de Carmache est incapable de m'arrêter.

Aude acquiesça.

- C'est vrai. Moi je ne peux pas, mes Pokémon non plus. Mais et d'une, tu as frappé mon mari, et oui, je fais une fixette tout comme toi, et de deux, j'ai fait une promesse à quelqu'un qui est sur un lit d'hôpital à cause de toi.
- … Eh, c'est pas ma faute ce qui est arrivé à Denis, faut pas char…

Aude sortit Frison. Roland s'étonna. « Charlie… »

- PEIGNEE !!!

Le Pokémon agita la tête de droite à gauche, créant une violente onde de choc. Roland recula. « Ouh la vache, merde !!! »

Roland rappela ses Pokémon et recula. Aude était satisfaite de son effet. Elle se retourna et sortit Cizayox.

- Pisto Poing, bloque toutes les issues, comme Charlie t'a dit !

Le Pokémon rouge hocha la tête et bloqua une à une les issues vers l'extérieur.

« D'après Charlie, il suffira de rappeler Cizayox pour stopper le processus… »

Roland enfourcha Absol et se dirigea vers les escaliers. Kapoera et Tartard frappèrent Bastiodon pour forcer le passage vers les étages. Aude se reporta sur Colin, encore endormi.

***

- Tu n'es pas obligé de faire ça…

David reposa l'oreiller tout remis bien derrière la tête de Denis qui s'y enfonça .

- Merci mon petit loup.
- Je crois que je vais être obligé de m'habituer à ce surnom…
- Oui… parce que tu es mon petit loup d'amour !

David sourit et se pencha pour embrasser Denis.

- Eh ! T'es encore tout crasseux de ton gros chagrin dans mes draps !! David ! Je t'embrasse pas comme ça !
- … oh ! Pardon…
- Bah oui quand même ! Je croyais que tu étais allé te débarbouiller pendant que ta mère me parlait !
- Désolé, je voulais pas te laisser…

Denis haussa les sourcils.

- … me laisser ?
- J'ai… pas beaucoup fait attention à toi ces derniers jours, j'étais plutôt absent… ou plutôt… méchant… je veux plus m'éloigner de toi…

Denis caressa le visage de David.

- Je veux t'embrasser mais tu es tout collant. S'il te plait, mon chéri, va t'essuyer.

David acquiesça. Denis sourit.

- J'aime l'homme que j'ai sous les yeux. C'est un adulte avec qui j'ai envie de finir mes jours.

David sourit, ému et touché. Il serra Denis dans ses bras, heureux.

***

Il dût s'essuyer plutôt deux fois qu'une après cela. David se regarda dans la glace. C'est vrai qu'il avait le sentiment d'être devenu plus mature. Le temps, évidemment, faisait son œuvre, mais surtout il changeait. Cette relation avec Denis le changeait.

En sortant des toilettes, il tomba sur Roland, à dos d'Absol.

- Eh merde.
- R… Roland…
- Eloigne-toi. Ce crétin de Cizayox est en train de bloquer toutes les issues, je dois rejoindre le toit pour m'échapper avec Scorvol. Pourquoi j'ai été donner Rhinolove à Ethan…

David secoua la tête.

- Roland, je… je suis désolé pour la façon dont je t'ai parlé, mais comprends-moi, j'étais en colère, Denis était blessé…
- Oh pfff ! C'est vieux ça. Dégage de mon chemin.
- N… Non, je veux pas que tu partes !
- Et moi je veux partir, tu piges ?

Le ton de Roland était sarcastique, comme s'il s'adressait à un gamin. David recula, terrorisé par son frère. « Ah ça, David, pour ce qui est de défendre ton petit ami… mais dès que c'est pour toi… »

- Roland, tu dois…

Roland, excédé, se retourna vers David qui se mordilla les lèvres.

- Tu dois faire face à ce qui t'arrive en ce moment, je sais ce que tu traverses…
- Bah voyons.
- Tu as peur, tu te sens abandonné, trahi, perdu… tu ne sais plus à qui faire confiance, tu te sens désabusé, tu as l'impression que tu ne peux pas faire face à toute cette douleur qui est en toi…
- Oh, ta gueule, David, ok ? Ton blabla de pisseuse, je m'en branle, ok ? Et pas « branle » comme t'aime !

David grimaça.

- Roland, s'il te plait…
- Va chier, pédale…

David en resta muet de stupeur. Roland s'en alla vers les escaliers menant au toit. David regarda son frère qui venait de l'injurier de la pire des manières, alors que lui n'avait fait que lui apporter son soutien.

Il était temps de couper le cordon.

C'est une barrière de corail qui bloqua le passage de Roland.

- Tu ne passeras pas !! cria David.

Roland se retourna vers son jeune frère.

- Tu me la joues Gandalf ? Tu te rappelles de ce qui arrive à Gandalf, dans le film ?
- Roland, tu ne passeras pas. Je ne veux pas que tu fasses de mal à papa, maman ou même Ethan, ou même Lily, ou même Rachel.
- Tu es dans son camp ?
- Y'a pas de camp !
- Je pensais que toi au moins tu me soutiendrais !
- Bah… au début je me disais qu'effectivement tu devais souffrir de cette situation, mais à te voir, là…
- Je souffre, David, pourquoi tu crois que je veux me casser ?! Ça me fait CHIER d'être ici avec vos gueules compatissantes ou embarrassées !
- Tu peux nous en parler, tu sais qu'on t'écoutera…
- JUSTEMENT JE VEUX PAS EN PARLER, JE VEUX JUSTE ETRE SEUL, MERDE !

David commença à sangloter.

- Roland, s'il te plait, laisse-moi t'aider…
- Je l'ai dit et je le répète : Va chier, pédale !
- Tu es grossier parce que tu ne veux pas que je t'aide.
- Mais MERDE QU'EST-CE QUE TU PIGES PAS DANS VA CHIER, DAVID, BORDEL DE MERDE !!!!

David avançait en sanglotant vers son frère, déstabilisé. On lui avait tout fait sauf ça. Roland allait sortir Phyllali.

- Roland, je t'en prie…

Lui, monstre de violence, était face à son pire ennemi, le monstre de tendresse et d'affection. Un petit homme de vingt-trois ans, en larmes, qui ne voulait que le soutenir, l'aider, le réconforter.

- Roland…
- … arrête de m'appeler ! Tais-toi !
- Roland, tu sais que ta famille t'aime, tu sais que je serais toujours là quoi qu'il arrive…

Roland sortit Phyllali qui commença à siffler. David sortit un mouchoir. Arme fatale. En se mouchant, David se déboucha les oreilles. Il n'entendait plus le Siffl'herbe qui était sur une fréquence trop basse.

« Le petit fumier, il fait de la stratégie défensive de première classe sans le savoir !! »

- R-Roland, pense à ta famille, pense à notre famille !
- …
- J't'en prie, Roland…
- …

Roland se mordilla les lèvres. Impossible d'être violent face à David…
A moins que…

- Tartard !

David ferma les yeux par peur de se prendre une Hypnose.

- … VIBRAQUA !

Le Pokémon envoya une puissante volée d'eau sur David. Lequel fut violemment repoussé. Roland se tourna vers le corail.

- Kapoera, Casse-Briques !!

Le Pokémon s'attaqua à la barrière. David se releva, triste et résigné, une Pokéball à la main.

- Maestro, attaque Psyko !

Symbios créa une ambiance pesante pour Tartard et Kapoera. Les deux Pokémon convulsèrent et s'effondrèrent, mal en point. Roland regarda David, stupéfait.

- Fils de PUTE !
- Tu me laisses pas le choix…
- Même pas capable de te battre comme un homme, merde !!
- Sthéno… Pardon, Roland…

Corayon forma une barrière entre David et Roland, ce qui isola la furie du reste de l'hôpital.

- EH !!! C'EST QUOI CE BORDEL ! DAVID !
- J'te demande vraiment pardon, Roland…

Roland n'avait pas d'issue. Le troisième étage étant également l'accès au toit, il y avait peu de chambres, et la porte des toilettes avait été obstruée.

Il était bloqué entre deux barrières de corail, entre deux murs imparfaits, faits d'enchevêtrements de barres de corail solide, dans un couloir avec de vrais murs.

Roland sourit. « J'ai toujours Phyllali… »

- Désolé, Roland, je suis vraiment… désolé… marmonna une dernière fois David.
- Peuh ! Désolé de quoi, d'être une pauvre fiotte incapable de se battre correctement ? « Phyllali n'a qu'à trancher dans le corail et… »

Phyllali s'effondra, raide. Roland s'étonna.

- Hein ?! Mais…

En se tourna vers le mur que David avait dressé entre eux, Roland s'aperçut qu'une fumée orangée envahissait l'endroit, peu à peu.

« ……. SON PARASECT !!! OH LE PETIT ENFOIRE !!!! »
- DAVIIIIIIIIIIID !!! SALOPIOT !!! PUTAIN DE MERDE ! SCORVOL… MERDE !!! METAMORPH ! OUI, METAMORPH VA ME SORTIR DE LA !!!

David, trempé, respirait bruyamment. Il observait Parasect qui faisait son travail, insinuant la Spore entre les failles du corail avec l'aide de Piqure. David soupira, conscient que même lui n'avait pas pu gagner la bataille contre son frère autrement que par la fourberie.

- DAVID, PUTAIN !!! J'TE CROYAIS DE MON COTE !!!
« Non, c'est fini, Roland. Je ne t'écouterais plus… »
- DAVID ! DAVID MERDE… Merde… merde…

Plus rien. David recommença à sangloter. Ces deux derniers jours avaient vraiment été trop éprouvants pour lui, entre la découverte de Rose, la réconciliation avec Denis suivie du bris de sa jambe, puis tout ça, avec Roland…

***

(Digimon Frontier - Aban)

C'est ce jour-là que Roland Smirnoff, mal réveillé et sous calmants, fut emmené par la police… dans une camisole de force.

Rachel était soutenue par David. Le reste de la famille regardait son ex-membre le plus émérite partir pour un endroit qu'il n'avait jamais encore visité.

- Qu'est-ce qu'ils vont faire de lui ? se demanda Dimitri.

Non sans ironie. C'était lui qui était emmené pour un endroit inconnu il y a quelques mois.
Malcolm, un mouchoir ensanglanté sur le nez, haussa les épaules. Claire, à ses côtés, souffla.

- Je ne pense pas qu'il va aller en prison…
- Je crois au contraire qu'il va y avoir droit… admit Finn.
- Bien fait pour sa gueule.

Tout le monde se tourna vers Yann.

- Sérieusement, putain ! Il a dépassé les bornes…
- C'est clair… marmonna Colin. Ça va, maman ? T'as presque rien dit…

Estelle secoua la tête.

- Non, ça va… c'est juste… Je suis tellement déçue… tellement, tellement… déçue… je… je pensais que Roland était devenu mature… mais au final il est resté le même, il n'a jamais changé…

Tous les autres acquiescèrent. Etienne était resté avec Denis pour veiller sur lui à la place de David. Lily regardait son frère, silencieuse et figée.

Linda s'avança vers Roland avec Ethan. C'était la seule à avoir osé faire un pas, un dernier pas pour son fils qu'au fond elle aimait toujours. Comme elle l'avait toujours aimé.

- Attendez, messieurs… Roland, mon bébé…

Roland regarda sa mère, hagard. Il avait perdu la notion du monde. Qui était cette femme ? Ah, oui… Maman.

- Chéri, je crois que tu dois parler avec ton fils. S'il te plait, regarde-le dans les yeux et ose me dire que tu n'as pas l'espoir d'être un jour un bon père pour lui. Roland, s'il te plait, je sais que tu as ça en toi.

Roland regarda Ethan qui semblait ne pas vraiment comprendre ce qui se passait.

- Tu vas où, papa ? demanda le gamin désorienté.

Roland soupira.

- Hein papa ? Tu vas où ?

Roland regarda son fils, les yeux oscillant entre amour et douleur.
Après un petit silence, Roland ouvrit la bouche.

- Je…

Linda espérait qu'Ethan fasse réaliser à Roland ce qu'il était en train de perdre.

- … Je suis pas ton père, bonhomme.

Linda écarquilla les yeux. Ethan regardait, intrigué, son père qui était juste en train de le renier. Roland secoua la tête, déboussolé.

- Je suis pas ton père…

Linda, effarée, regarda Roland partir vers la voiture de police, serrant Ethan contre elle.

Le chef des policiers de Hoenn arriva.

- Je suis le sergent Zimmer. L'un de vous a-t-il une déposition à faire ? Une déclaration, un élément à apporter au dossier du prévenu, parce que pour le moment à part le trouble majeur à l'ordre public, on n'a pas grand-chose…

Aude, Colin, Kate, Bernice, Lily, Finn, David, Rachel, Linda, Ethan, Yann, Amy, Dimitri et Estelle se regardèrent.

Tous secouèrent la tête. Une fois que Roland fut dans la voiture, tout le monde retourna vers l'hôpital. Après tout, il y avait Charlie et Denis à veiller.




Chapitre 3 – Changer Bouger

« En période de paix, n'oublie pas le péril »
(Proverbe chinois)

« Une révolution, tous pour la même, même partition
Et la routine, pas que du bon, à moins de rêver »

(Mylène Farmer, Lonely Lisa)



Juin

Charlie soupira de soulagement. Finalement, il s'ennuyait moins qu'il ne l'aurait cru.

Son dos s'était vite rétabli, et il avait entrepris de déménager dans l'appartement de fonction au-dessus de l'arène de Jadielle. La séparation d'avec Léopold avait été quelque peu difficile, notamment à cause des mille excuses formulées par Léopold, mais en apprenant que Lily avait été saisie à la gorge, que Malcolm et Colin avaient été frappés, que David s'était fait asperger et que Rachel avait été rejetée physiquement hors de l'hôpital, et surtout que Yann avait été brutalisé dans l'histoire ; Charlie avait considéré que Léopold avait été trop loin.

Et donc, le voilà redevenu célibataire. Ce qui n'était pas pour lui déplaire.

Le jour, il était un respectable champion.
La nuit, Charlie trainait au Tranzi-bar (c'est un jeu de mot entre « transi » et « zanzibar »… et avec « bar » aussi, ndla), une boîte gay tendance de Jadielle. Plus pour faire des rencontres et pour sortir qu'autre chose. De temps en temps il rentrait avec un gros poisson pour s'amuser un peu. Il le ramenait à l'arène, prenait du bon temps et passait au suivant.

Si la fuite et la déconvenue de Roland avaient pu apprendre quelque chose à Charlie, c'était bien qu'il devait profiter de la vie. Charlie avait d'ailleurs plus ou moins rompu le contact avec le reste de la bande, et depuis un mois, le voilà devenu un gay fringant et volage.

- Monsieur le champion !
- M'appelle pas comme ça !! Comme d'habitude, un Cosmo !

Charlie attendit son cocktail en regardant la salle où tous les hommes dansaient. Il regarda à sa droite et à sa gauche. Quelques beaux morceaux.

Il allait faire son choix et se servir…

***

- Bah moi ça me fiche le bourdon… soupira David.

Denis se mangeait un pot de glace en compagnie de Perrine. Alité et presque immobile, il comptait bien profiter de l'été pour jouer les papa-gâteaux.

- Ah ouais ?
- Ils ont toujours été ensemble… et je les aime bien tous les deux !
- Tu les aimes bien…

David haussa un sourcil. Denis avait la jambe posée sur un coussin porté par un petit tabouret. David se mettait en quatre pour son Denis.

- … ensemble ! Ils sont tellement bien assortis ! Ça me fend le cœur, vraiment.
- Et tes parents ?
- Toujours un peu choqués, mais… a priori ça devrait aller… Lily dit que je devrais pas m'en faire pour eux.
- Et elle…
- Oh, elle supporte, c'est Lily, je m'en fais pas pour elle…
- Et toi ?

David soupira, résigné.

- C'est comme si on m'avait arraché un bras à mains nues…
- Gore !
- Mais ça va maintenant… faut juste que je m'y fasse. Tu voudras un thé après ça ?
- Tu voudrais pas te reposer plutôt ? Tu bouges tout le temps, arrête !

David acquiesça et se posa contre Denis qui soupira.

- Qu'est-ce que ça va être quand tu vas reprendre le boulot ! sourit le libraire.

David se mordilla les lèvres.

- Ca va, Perrine ? J'avais toujours pensé que tu n'aimais pas la fraise… s'étonna Denis.
- Si, si, ça va !
- Ah bon.

***

- « Mec raffiné cherche coloc amusante »… Mouais… ça pue le plan craignos…

Malcolm haussa les sourcils. Rachel cherchait une colocation à Kanto.

- Tu peux toujours tenter, tant que ça te fait un logement…
- Pas avec un mec, à moins que ce soit marqué « Gay rassurant et câlin » !
- T'es pas obligée de tomber amoureuse de tous les mecs que tu rencontres…

Rachel leva un œil vers Malcolm, désabusée.

- Mac, je te suis très reconnaissante de m'avoir hébergée, mais ça ne permet pas tout, ok…
- J'héberge Ethan, maman et Claire tiennent à t'héberger. C'est tout.

Rachel regarda son frère repartir au salon, un café à la main. Dans la cuisine, devant son ordinateur, Rachel soupira. « trouve vite un appart, Rachel, vite… »

- Ne l'écoute pas !

Rachel regarda Claire.

- Ne t'en fais pas, prends le temps qu'il te faudra, Rachel. Si Malcolm proteste, je sais comment lui forcer la main, ne t'inquiète pas. Porky, Buzz et Ivan surveillent les enfants.
- Merci Claire… mais je comprends Mac, ça doit pas être simple… pour plusieurs raisons.
- Oh oui, mais il n'a pas son mot à dire. Ta mère tient à ce que tu restes ici et moi aussi. Lui, il est juste en rogne parce qu'il croit que la solidarité masculine est une réalité immuable…
- Je vois le genre… mais il en est de même pour la solidarité féminine !

Claire pencha la tête sur le côté.

- … Non, je reste sensée, je pense... Un café ?
- J'ai pas fini mon lait au miel, mais merci.
- C'que t'es lente pour boire !
- Ah non, ça suffit les reproches, hein !!

Les deux femmes ricanèrent.

***

Yann et Amy étaient assis sur le canapé de l'appartement où Charlie et Léopold avaient passé presque quinze ans de vie commune.

- J'apprécie que ton père nous ait laissé crécher ici, mais…

Dimitri était en cuisine à préparer un petit quelque chose. Il regarda vers la chambre. Dans le salon résonnaient les sanglots de Léopold qui pleurait dans sa chambre.

- … comment dire, l'ambiance est un peu craignos…
- Je comprends que tu te dises ça… à côté, chez ton père c'est presque habitable ! soupira Yann.

Dimitri arriva avec les salades de fruits.

- Wow… s'étonna Amy en se relevant.

Dimitri avait préparé les salades dans des fruits découpés et vidés.

- Dingue… t'as appris à faire ça où ? s'étonna Yann.
- J'ai passé un mois dans cet hôpital. Y'avait un cours de cuisine. Et c'était très sympa.
- Et c'est super bon… Tu as fait quoi du contenu du fruit ?
- J'ai pressé et dilué dans de l'eau sucrée pour que ça atténue, et ensuite j'ai coupé des fruits sucrés que j'ai réparti dans les deux coupes. Y'avait le marché ce matin…

Yann était très surpris.

- Sérieusement, c'est trop fort. Tu devrais en proposer une à papa !
« Charliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii-hi-hi-hiiiiiiie… »

Yann, Dimitri et Amy jetèrent un regard inquiet vers la chambre. Yann soupira, prit la télécommande et alluma la télé.

- Ca va cinq minutes, quoi… allez, on mange !

***

- Re-déménager ?!
- J… je sais pas, cette maison…

Lily regarda autour d'elle.

- Cette maison, c'est tellement pas moi…
- Mais euh… Les gamins sont super bien ici, on a de l'argent, y'a l'école, et tout…
- Et si on allait habiter près de chez mon frère ?

Finn haussa les sourcils.

- Près de la prison ?!
- David, crétin !
- Ahon… euh, bah… j'sais pas… pourquoi ? Et ton boulot ?
- Je peux le faire dans n'importe quelle région, j'ai des franchises partout…
- Pourquoi déménager ?

Lily souffla.

- J'ai besoin de rapprochement familial, et tout sauf aller voir mes parents. Et David c'est ce qui se rapproche le plus d'une famille.

Finn haussa les épaules.

- Fais comme tu veux, c'est toi la chef… tant que ça perturbe pas les gosses…
- Mais non. Noé est solide…
- Noé est perturbé par le fait que son savon change de forme tous les jours !
- Et Flora est relax.
- Flora croit que ses peluches sont vivantes, Lily !
- Arrête de parler de nos enfants comme s'ils étaient débiles, Finn !

Flora courait après Noé.

- Maman, Flora ne s'est pas lavé les mains !!! Mamaaaan !!!
- Aaaaarh je suis toute sale !!

Finn tendit le bras vers les enfants. Lily leva les yeux au ciel.

***

Juillet

***

- Ca m'étonne presque que ça ait été aussi bien ! sourit Charlie.
- Ouais. Comme quoi y'a autre chose que les petits mecs blonds avec des torses de rêve !

Charlie acquiesça, un peu perturbé par cette référence. Son « coup d'un soir » était un mec ni trop beau, ni trop laid, brun, rencontré au comptoir du bar de la boîte où il se rendait. Depuis tout à l'heure, ils échangeaient des regards complices.

- C'était vraiment bien, ça te dirait qu'on se revoie ?
- Pourquoi pas… tu veux mon numéro ?
- Ouais, ouais… ça me ferait plaisir qu'on se revoie, vraiment… je sens qu'il y a quelque chose… sourit Charlie.
- Je… je suis pas vraiment fait pour les relations durables…
- Ah rien de tout ça, juste… prendre du bon temps ! Et en se protégeant bien, je sais. Tu l'as répété dix fois hier, au moins… et pas seulement avant qu'on fasse l'amour !

L'homme haussa les épaules.

- Je fais juste attention…
- Hm. Oh, Stanford, tu veux qu'on prenne une douche tous les deux ?

Stanford sembla dubitatif.

- Euh… je sais pas trop, plus tard peut-être, faut que j'y aille !
- … d'accord. A plus alors !
- Ouais. Merci encore pour hier soir !

Un petit baiser, et au revoir. Charlie soupira. « Ne retombe pas amoureux, Charlie… ça va te jouer des tours… »

***

- T'en fais pas, le patron a dit que dans les six prochains mois, c'était la période creuse, alors bon, t'as de la marge, prends ton temps pour te rétablir !

David, Denis et Perrine avaient invité Alban, le collègue de Denis, à manger chez eux.

- Hm… Mais bon, même dans six mois ça serait étonnant que je marche sans béquille. D'après le docteur, j'en ai pour l'année…
- On exagère toujours pour faire dramatiser le patient, pour qu'il fasse plus attention qu'il ne le faut à se soigner correctement ! assura David.
- C'est horrible, c'que tu dis là ! marmonna Alban.
- En fait ça marche mieux sur un dresseur quand ça concerne son Pokémon !
- David est un sadique caché ! sourit Denis.

***

David raccompagnait Alban après le repas. Owen sortait en même temps.

- Oh, salut…
- Bonsoir… marmonna Alban.

Alban prit le monte-charge en observant les deux voisins se regarder en chiens de faïence. Quand les portes de l'ascenseur se fermèrent, le dialogue se lança.

- Alors ça y est, tu crèches définitivement chez Denis…
- Oui.
- Ça se passe bien ?
- On ne peut mieux.
- Hm, on dit ça.

David leva les yeux au ciel.

- Je parie que tu te demandes ce que je fais là…
- Non, répondit très sérieusement David.
- Figure-toi que je chatte avec des mecs sur le net depuis quelques temps et… j'ai fait une rencontre. Un mec adorable. On a fait un plan cam, c'était génial…
- Je me doute… souffla David, gavé.
- Et il a une queue…
- Oui, oui, je me doute… assura David.
- Et puis bref, ce soir on a décidé de se rencontrer et de venir fêter ça chez moi !
- Oh.
- Ça doit te manquer de plus draguer…
- Autant que mes séjours à l'hôpital… admit David.
- Pourquoi t'es aussi froid avec moi ? C'est parce que j'ai été le premier amour de ton mec ?
- Ça doit être parce que je viens de manger… acquiesça David.
- Je pense que t'es juste jaloux.
- Affreusement… bonne soirée…
- J'espère qu'on vous réveillera pas !

David leva les yeux vers le ciel.

***

- Quelle petite chose pathétique… soupira Denis.
- M'en parle pas, je l'ai trouvé pitoyable…
- En plus il semble ne jamais s'apercevoir qu'il est ultra relou…
- Carrément… souffla David.

Assis dans leur lit, David et Denis entendirent le monte-charge remonter, des bruits de pas et quelques rires.

- Tapage nocturne… sourit Denis.
- J'ai été tellement dégoûté par la façon dont Owen m'a dit ça que j'ai même pas envie de les imiter ! souffla David.
- Tu peux pas vraiment, et en plus Owen a des goûts de chiotte en matière de mec…

David se serra contre Denis.

- C'est dans ces moments-là que j'apprécie le fait que notre relation soit saine et pas seulement sexuelle.
- Hm, parce que quand tu as des moments d'abstinence forcée, tu supportes mieux…
- Exactement.
- David, tu reprends quand, le travail ?

David mit un temps à répondre.

- Quand… je… me sentirais capable de le faire.
- Hm… presse-toi un peu quand même.

David acquiesça. On entendit des gémissements significatifs.

- Pourvu que Perrine dorme… souffla Denis.
- Tu m'étonnes… souffla David en se passant une main sur le visage.

***

- C'était très sympa en tout cas…
- Aucun souci…
- Un plaisir, même ! assura Théodore.

Rachel regarda Théodore et Marigold.

- J'arrive pas à croire que vous soyez ensemble, vous deux !

Marigold regarda Théodore et ils haussèrent les épaules.

- On se supporte ! admit Théodore.
- Disons que ça fait du bien de sortir avec un mec normal !

Claire, Théodore et Rachel regardèrent Marigold qui se couvrit la bouche.

- Oh… désolée… je suis une idiote !
- Ca va, Marie, c'est pas comme si je l'avais pas cherché dès le départ… admit Rachel.

Théodore regarda Marigold, pas très content de son comportement. Vincent, Will et la colocataire de Rachel arrivèrent avec des cartons.

- Eh bien eh bien eh bien, pour une femme qui était à la rue, vous aviez pas mal d'affaires, Rachel !

Tout le monde regarda Vincent qui sourit.

- Quoi ?
- Rien, à part que sans le savoir, tu en rajoutes… soupira Théodore.
- Malaise… geignit Vincent.
- Mais non, ça va, arrêtez de me prendre pour une poupée de chiffon !
- Exactement !

La coloc de Rachel avança avec son carton qu'elle posa sur une table. C'était une grande femme noire élancée, avec les tresses et tout le toutim.

- L'important c'est que toi et le petit vous soyez bien installés !
- Merci, Diane…
- Pas de problème. C'est le devoir des femmes que de s'entraider entre elles. Et je t'assure que je ne t'ai pas prise parce que tu as pleuré au téléphone !

Rachel regarda les autres, embarrassée.

- Elle plaisante !
- Pas du tout… cria Diane en partant à la cuisine.

Claire, Marigold, Théodore, Vincent et Will sentirent que Rachel était bien tombée. Yann et Dimitri arrivèrent avec les derniers cartons.

- Merci les garçons ! souffla Rachel.
- Rachel, tu devrais aller récupérer Ethan vite fait… marmonna Yann.
- Ouais, on a un peu peur que Léopold lui pleure dessus… admit Dimitri.
- Pauvre Léo… il faudra que j'essaie de l'inviter à dîner un de ces quatre...
- J'arrive pas à croire qu'ils soient séparés… souffla Marigold.
- Dire que Léo me faisait la leçon sur la vie de couple avant ça… soupira Vincent.

Regards atterrés des autres. Vincent leva les mains.

- Je suis le patron de Claire, j'y peux rien !! Au fait, Rachel, nous aurons le plaisir de vous voir en septembre ?
- Oh, oui, oui… si vous me reprenez…
- Evidemment ! Claire m'a dit que vous comptiez donner des cours à domicile, voyons ! J'ai un poste pour vous au département combat direct.
- … ça m'embête un peu, il y aura mon frère… mais bon, au moins il y aura Léopold…
- Monsieur Finsbury n'a pas renouvelé son contrat…

Claire, Rachel et Will s'en étonnèrent. Diane revint dans la pièce.

- Eh ! Qui se la coule douce, là ! Aidez-là à défaire ses paquets ! On est en été mais c'est pas une raison pour se relâcher !! Hop-hop-hop !

Tout le monde s'activa.

***

Charlie ouvrit à Léopold.

- Han non, dans la série déjà vu…
- J'étais sûr que tu étais là…
- Où serais-je allé. Comment vas-tu, Léo ?
- Je peux entrer ?
- Non, j'ai un invité.

Stanford approcha et dévisagea Léopold.

- Laisse-le entrer, voyons…
- C'est mon ex, on a presque vécu vingt ans ensemble !
- … wow ! Je vous laisse…
- J'arrive, j'en ai pas pour longtemps.

Léopold regarda Charlie, désemparé.

- A… alors…
- Eh oui, Léo, désolé…
- Tu as été drôlement rapide, j'te manque pas à ce que je vois…
- Léo, on s'est expliqués mille fois...
- Combien de fois faudra que je m'excuse !
- C'est inutile. Depuis qu'on n'est plus ensemble, je me sens très bien. Et Yann semble bien le supporter également.
- Ne me dis pas que tu as présenté Yann à ce… ce type, là !
- Stanford n'est pas un « type », c'est mon petit copain ! Tu devrais t'en trouver un aussi !
- J'en ai un ! grommela Léopold.
- Ah oui ?
- … oui !
- Yann ne m'en a pas parlé.
- … Yann est discret, tu le connais ! souffla Léopold.
- Je n'ai pas présenté Stanford à Yann parce que moi et Stanford ça fait à peine un mois !
- Charlie et Stanford ça va même pas bien ensemble !!
- Oh je t'en prie, tu es ridicule… On avait fait le tour de notre relation. Et honnêtement, ton comportement excessif commençait à me courir.
- On aurait pu en parler…
- Tu es sûr que tu as un petit copain ? Parce que tu es drôlement insistant pour un mec qui a un petit copain.

Léopold soupira.

- Je ne suis peut-être pas aussi mature que toi et peut-être pas aussi… structuré ou je sais pas quoi, mais moi aussi je peux avoir une belle vie !
- C'est tout le mal que je te souhaite.
- … On peut au moins rester amis ?
- Bien sûr Léo, c'est pas question de ça, sinon je t'aurais claqué la porte au nez, c'est juste qu'il fallait que je change d'air.
- … alors même le fait d'avoir Yann ça aura rien changé…
- Léopold…
- Ok, ok, je me casse… J'ai une vie aussi, tu sais, je vis des choses intéressantes !!
- Hm. Moi aussi.

Léopold partit. Charlie ferma la porte et alla rejoindre Stanford.

- Il m'énerve… soupira Charlie.
- Il a l'air sympa.
- Il l'est beaucoup trop… c'est une vraie éponge émotionnelle, quand il aime bien quelqu'un, il ne sait pas où s'arrêter… Enfin bref. Ce rally intercontinental !
- Oui !

***

- T'es sérieuse, Lily ?
- Oh, oui ! C'est tellement mignon !

La maison n'était pas bien grande. Finn plissa les yeux.

- J'veux pas faire mon bourge, mais bordel, quoi, ça change !
- Les enfants ont leurs propres chambres, il y a un grand jardin, un petit lac pour ton Milobellus…
- Ouais mais quand même…
- En plus vous êtes seulement à un kilomètre de chez nous !

Finn et Lily se tournèrent vers David et Perrine.

- Oui, en effet ! Y'a juste à descendre la rue et on peut se voir ! sourit Lily.
- Mouais… marmonna Finn.
- C'est quand même bizarre que tu aies déménagé, comme ça, si soudainement… s'étonna David.
- Oh, moi tu sais, au bout d'un moment j'ai besoin de changement…
- Hm, en ce moment ça fait un peu « changements à la manouche »… admit Finn.
- Dis-moi, David, tu sais s'il y a de bonnes écoles préparatoires dans le coin ?

David se mordilla les lèvres.

- Euuuh, il faut peut-être que tu descendes en ville…

Lily regarda David, intriguée. Le médecin baissa la tête, embarrassé.

- Je sais paaaaaaas !
- … j'aurais dû m'en douter… Attendez les enfants !! grommela Lily.

Finn approcha David.

- Euh… Désolé de casser tes espoirs, mais on déménage pas pour tes beaux yeux, Lily avait besoin de se rapprocher un peu de la famille, tu vois, vu ce qui est arrivé avec Roland…
- Oui, oui, je la comprends…
- Si toi, Denis et la petite, vous pouviez passer de temps en temps…
- Oui bien sûr… quand Denis sera transportable !
- Ouais… ça doit pas être simple, si en plus tu bosses…
- J'ai pas repris mon travail au cabinet.

Finn regarda David, surpris.

- Comment ça ?!
- … Je… Bah pour gagner de l'argent, j'ai un site internet…

Finn regarda David comme s'il portait une couronne de plumes roses.

- … médical !
- Hon ! Putain, j'commençais à m'imaginer des trucs !
- Bah non… grommela David. Je donne des diagnostics par Internet à des dresseurs et ils me payent pour ça.
- Mais euh… t'as le droit ?
- Pas vraiment… ça rapporte un peu moins que le travail au cabinet en plus…
- J'me doute…
- Mais j'peux pas laisser Denis tout seul comme ça…

Finn haussa les épaules.

- Faudra bien, à un moment. Là tu peux tenir parce que vous avez pas beaucoup de dépenses mais à un moment donné…

David acquiesça.

- Boh, j'suis sûr que Lily accepterait de te prêter de l'argent…

Finn s'avança vers la maison.

- Viens, j'te sers un café.
- Hm.

***

- C'est délicieux ! Vraiment ! acquiesça Charlie.
- Ah, ça, maman ne m'a pas appris grand-chose, mais j'ai su mettre à profit ! assura Diane.
- Vous êtes un cordon bleu !
- Oh, eh, le champion, tu me tutoies, ok !
- Oui, oui, pardon !
- Ca fait trois fois !
- J'ai toujours du mal ! geignit Charlie.
- Depuis qu'on est là, elle nous fait de ces petits plats ! sourit Rachel.
- Encore, Diane, encore !

Diane regarda Ethan, méprisante.

- Qu'est-ce qu'on dit, petit coquin ?
- S'il te plait Diane, encore !
- Aaaaaah mais je t'y inculquerais la vie, moi, à ce gamin !

Elle lui resservit des acras de morue alors que Charlie ricanait et que Rachel était offusquée.

- Ethan, voyons ! soupira Rachel.
- C'est bien, Ethan, te laisse pas faire par les femmes ! sourit Charlie.

Ethan regarda Charlie en souriant.

- Maman, caca !
- Ah bah tiens, qu'est-ce que je t'avais dit ! soupira Rachel en se levant.

Mère et fils quittèrent la table. Charlie regarda Diane.

- Wow. Tu l'as sortie de la tombe, vraiment ! Je sais pas si tu réalises dans quel état on l'avait laissée…

Diane acquiesça.

- Ne m'en parle pas, je n'ai jamais vu une femme aussi contente de partir de chez son frère !
- Oui, Roland, l'ex-mari de Rachel, était le meilleur ami de Malcolm, son frère, et vu que Roland est parti parce que Rachel l'avait trompé…
- Je vois le genre… soupira Diane.
- Il a été impossible à raisonner et du coup, il est en taule…
- Elle m'a raconté tout ça, quelle vie… souffla Diane.

Charlie acquiesça.

- Et sinon, tu veux te la faire ?

Diane se redressa, surprise.

- Y'a un poster avec une peinture de Frida Kahlo dans l'entrée, un CD de Mécano près de l'ordinateur et des fleurs dans presque toutes les pièces. Et surtout, tu travailles dans une salle de gym.

Diane balbutia. Charlie acquiesça.

- Ne sous-estime pas le gay-dar d'un champion d'arène homosexuel.
- … Elle n'est pas lesbienne, je…
- Franchement ? Tu pourrais tenter ta chance. Vu ce qu'elle a soupé avec les mecs, limite tu lui ferais du bien. M'enfin, ne lui fais pas non plus du rentre-dedans agressif, hein !
- Hm…
- Mais tu peux essayer.

Diane sembla un peu embarrassée. Charlie s'essuya la bouche. Rachel et Ethan revinrent.

- Vivement que tu puisses t'essuyer tout seul !
- Suffit de le garder enfermé dans les toilettes, au bout d'un moment il se servira bien du papier ! sourit Charlie.
- N'importe quoi !! ricana Rachel.
- Ah non, pas de ça dans mes toilettes ! geignit Diane.
- D'autant plus ! Ce serait malvenu quand même, on n'est pas tous seuls ! sourit Rachel.
- Oh, mais tu es chez toi aussi, après, fais ce que tu veux !

Charlie observa l'échange, amusé.

- Attends, on est en train de débattre si je dois enfermer Ethan dans les toilettes pour qu'il s'essuie tout seul ?
- C'est pas moi, c'est lui qui dit ça !
- Charlie, t'es pas bien ? ricana Rachel.
- Ah mais j'disais ça pour rire, moi, oh ! grommela faussement Charlie.

***

Août

***

- Et ça, c'est un tableau de la vieille époque. Regarde la juxtaposition entre la viande en décomposition et la belle jeune fille.
- Vanité, période baroque, je suppose…
- Voilà. Mais en même temps elle porte une robe noire.
- Donc elle aime ça…
- Dit autrement, elle est impure. Donc finalement, oui, elle aime être superficielle et passer sa vie à n'être rien d'autre qu'une femme inutile.

Charlie acquiesça.

- Décidément, les magazines people n'ont rien inventé…
- Je tends à penser que les journalistes de la presse people sont de grands amateurs d'art ! admit Stanford.
- Totalement. Aimer l'art c'est pareil que juger la robe de la fille de Tom Cruise.
- Hm. Ça m'étonne que tu veuilles qu'on passe du temps ensemble !
- Pourquoi ?

Stanford haussa les épaules.

- Bah… J'ai 43 ans, toi 36…
- Oh c'est pas la différence d'âge qui m'embête… sourit Charlie.
- On se connait pas tant que ça en plus, à part les soirées télé, les soirées sexe, les après-midi musée…
- J'veux pas me prendre la tête… J'ai passé vingt ans avec un mec adorable mais qui au final m'a déçu… pis on se trompait, on n'avait plus une relation « normale », on restait ensemble par habitude plus que par amour… J'ai été horrible avec lui, il supportait… alors que dès le moment où je l'ai trompé, on aurait dû se séparer nettement…

Stanford haussa les épaules.

- Tu sais, y'a pire que tromper quelqu'un…
- Tuer quelqu'un ?
- Par exemple ! ricana Stanford. Non, mais… Ce qu'on entend par tromper, dans notre société actuelle, c'est coucher… Y'a plusieurs formes de tromperie, la tromperie sentimentale, le mensonge délibéré, la vie secrète, la duperie…
- Hm…
- Je veux dire, une nuit avec quelqu'un, à côté de dix ans de vie commune et d'amour profond, ça ne veut rien dire !

Charlie acquiesça, pensant à quelqu'un de précis.

- Faudrait que je te présente à un de mes amis, ce serait intéressant…
- Charlie, il faut que je t'avoue quelque chose.
- Tu es marié à une femme ? sourit Charlie.

Stanford s'arrêta dans le musée. Charlie s'arrêta aussi, étonné par le sérieux soudain de la situation.

- … Stan ?!
- … Je… En fait au départ je comptais ne rien te dire parce que je sentais que toi et moi on gardait une distance saine, mais plus le temps passe et plus j'apprécie ta compagnie…
- Qu'est-ce que tu vas me sortir…
- Je suis séropositif.

Charlie ouvrit grand la bouche.

- … euh… quoi ?
- Je suis séropositif, Charlie, je vis avec le virus du S…
- Je sais, je sais ce que c'est, pas de gros mots…
- C'est pas un gros mot… J'ai fait attention, toutes les fois où…
- Oui, oui et ça aurait même dû me paraître suspect…
- J'espère que… ça changera rien…

Charlie regarda Stanford, incertain.

- … ça va changer quelque chose ?
- Je… il faut que… tu me laisses un peu de temps, peut-être, histoire d'encaisser.

***

- Non, elle n'habite plus ici…
« Ah zut… »
- Moi aussi je suis contente de t'entendre, Léopold…

Claire mangeait un bagel avec son café, déjeunant avec les enfants. Nell et Alexander regardaient leur mère. Léa mangeait sa purée de carottes avec les doigts sous le regard fâché de sa mère.

« J'aurais juste voulu avoir une discussion un peu… sérieuse avec elle, j'ai comme qui dirait besoin de me confier… ma vie est un peu compliquée »
- Je pense que Charlie serait ravi… Ça fait quand même deux mois qu'on n'a plus de nouvelles de toi, Léopold, tu réalises, quand même…
« Je sais, je sais, j'ai eu un peu de mal à… »
- Appelle Charlie.
« … Non ! »
- Alors au revoir.

Claire raccrocha. Nell semblait surprise.

- Un souci, jeune fille ?
- … Je savais pas que tu pouvais être méchante comme ça !
- Je ne suis pas méchante, je suis juste ! Je pratique la Justice Claire !

Alex et Nell se lancèrent un regard surpris. Malcolm entra dans la cuisine et ouvrit le frigo.

- Monsieur est bien devant sa télé ? sourit Claire.
- Hm-mm…
- Toi, les vacances, faut pas te les promettre, hein ?

Malcolm sourit en hochant la tête. Claire secoua la tête en souriant.

***

- Et vous installez Nancy à la pension de Vergazon. Pourquoi ? Parce que là-bas elle sera encadrée !

Finn passa dans le couloir et vit Lily en train de faire du repassage tout en parlant dans son appareil Bluetooth.

- Non je ne suis pas en train de dire que c'est une idiote, mais vous n'avez pas de directeur des ressources humaines !... Engagez-en un, bordel ! C'est au moins aussi important qu'une équipe de femmes de ménage !... COMMENT CA ??? Non mais attendez je vais vous révolutionner la place, moi !!

Finn acquiesça. « Bon, bah ça va mieux… »

***

- OH MON DIEU…
- Allez, un peu de courage !
- BON SANG…
- Tu peux le faire, allez !
- AH MAIS NON !
- Arrête de geindre !

Elles s'arrêtèrent finalement au bout du parc. Charmina et Shaofouine s'arrêtèrent avec elles, modérément épuisés. Diane regarda leur temps.

- Six minutes pour faire le tour du parc ! Woooo !
- TU-ES-FOLLE ! grommela Rachel, épuisée.
- Eh, femme blanche ! TU voulais m'accompagner pour mon jogging !
- Eh bien on ne m'y REPRENDRA plus ! souffla Rachel.
- C'est l'heure de vider ta bouteille d'eau, ma vieille !
- Oooooh oui de l'eauuuuu ! geignit Rachel en s'asseyant sur le banc.

Diane s'assied à ses côtés. Rachel la regarda, en sueur mais à peine essoufflée.

- T'es pas croyable !
- Ah, eh ! J'ai trente balais, faut que je m'entretienne ! Si c'est pour passer mon dimanche à ne rien faire devant la télé…
- On est en été !
- Et alors ? Je suis pas fonctionnaire, moi, je bosse !
- C'est vrai, pardon.
- Eh ! Arrête de t'excuser !

Rachel leva les mains.

- Ok, ok, je connais la chanson, sister, je suis une femme forte, etc…
- Exactement ! Inutile de te rabaisser. Je travaille dans une salle de sport, toi t'es prof, chacun son couscous !

Rachel ricana, manquant de recracher son eau.

- Arrête de me faire rire avec tes expressions à la manque !
- Ton fils adore mes expressions à la manque !
- Et je suis surprise d'à quel point Ethan s'est habitué vite à cette situation !
- Hm, il a pas l'air perturbé, le gosse… pourtant son père est en taule !

Rachel acquiesça. Diane se releva et la regarda.

- Là, c'est à moi de m'excuser !
- Non, non… J'évite d'y repenser… Depuis que lui et moi c'est fini, je me sens… étrangement libre, étrangement bien. Je dois pas être faite pour le mariage…
- En même temps t'as trente ans, mariée deux fois, un enfant plus un autre en route… Ça ira, chérie, tu vas te reposer un peu, nan ?
- Tu m'étonnes… souffla Rachel. Penser un peu à ma carrière, à ma vie, à moi, à mon petit bout…
- Tout à fait. Reste à appliquer ces judicieuses résolutions. Motive-toi, adopte une hygiène de vie. Comme je le dis si bien : Il n'y a que quand tu bouges ton cul que tu apprécies vraiment de le poser sur le canapé ensuite !

Rachel secoua la tête en souriant.

- T'es vraiment une meuf bizarre !
- Eh, comment tu parles à la coloc qui t'héberge !
- Pourquoi tu avais besoin d'une colocataire au fait ? T'as l'air de t'en sortir financièrement…
- J'avais. Disons que moi aussi j'ai été larguée, du coup j'avais besoin d'argent, donc d'une personne en plus…

Rachel acquiesça.

- Ca explique mieux pourquoi tu m'as pris, après la façon dont j'ai craqué au téléphone…
- Y'a pas de lézard, on est des êtres humains, on pleure, on rit, c'est pareil… C'est toujours dur les ruptures.
- Oh, je ne pensais pas que des choses aussi banales pouvaient sortir de ta bouche !
- T'es d'attaque, on refait le tour du parc ?
- Oh non, Diane, pitié ! Non !!
- Allez, on se lève !
- Je suis enceinte, Diane !!
- Raison de plus, t'as des kilos à perdre d'avance !!

***

Perrine restait cachée dans sa « chambre » du moins dans le fond de la salle d'entrainement de Denis qui lui servait de chambre.

- MAIS BON SANG TU COMPTAIS ME LE DIRE QUAND ???
- J'ai fait ça pour rester auprès de toi !
- D… SI TU AVAIS TRAVAILLE, ON AURAIT EU DE QUOI ME PAYER UNE INFIRMIERE !
- Je voulais pas qu'une inconnue s'occupe de toi, Denis…
- Mais bordel… En plus tu as perdu un poste que tu avais eu du mal à trouver, qui te plaisait…
- J'allais pas non plus faire ça toute ma vie… et puis…
- DANS CE CAS LA, TU AURAIS DU CHERCHER UN BOULOT DERRIERE au lieu de jouer les… docteurs sur le web ! David, merde !!

David baissa la tête, pas très à l'aise dans les disputes.

- Euh… tu pourrais parler moins fort, Perrine est ici…
- Ah oui pardon. PERRINE, TES PAPAS NE SE DISPUTENT PAS A CAUSE DE TOI !
- Ok ! répondit la gamine à l'autre bout de l'appartement.

David grimaça. « Zut, ma super tactique pour éviter la dispute a été découverte… »

- Tu vas me faire le plaisir de reprendre un travail ! Je me fais pas chier à envoyer un mail toutes les deux semaines à mon patron pour lui rappeler de me garder ma place pour que toi tu foutes ta vie en l'air en voulant m'aider !
- Denis, j'ai juste fait ça pour t'aider !
- C'est très gentil, le sacrifice de soi c'est une valeur à laquelle j'adhère à fond, mais David, non, quoi ! Là, tu as abusé !

David acquiesça. Un petit rire se déclara de l'autre côté de la grille d'entrée.

- Bah putain, ça gueule aujourd'hui !

Denis leva les yeux au ciel.

- Owen, va te faire foutre !!
- J'y compte bien !

Denis secoua la tête alors que le jeune homme brun prenait le monte-charge.

- Qu'est-ce qu'il sort en ce moment…
- Hm, c'est bizarre qu'il ne nous ait pas collé son nouveau mec sous le nez… acquiesça David.
- N'essaie pas de détourner la conversation…

Perrine, qui avait tenté une approche pour aller fouiller le frigo, repartit vers sa chambre, apeurée.

- Va au frigo, ma chérie, papa ne va plus crier ! grommela Denis.
- … On dirait pas ! marmonna Perrine.

Perrine s'avança quand même. Denis regarda David.

- Retrouve un travail. En hôpital, en clinique, en pharmacie, quoi que ce soit, mais trouve quelque chose et travaille ! Mon indemnité d'assurance et tes diagnostics par mail ça va pas régler les factures ! Et Perrine est trop jeune pour travailler !
- Même dans un cirque ?

Denis et David regardèrent leur fille, médusés. Perrine haussa les épaules tout en tenant la brique de lait dans laquelle elle venait de boire.

***

- Diaaaane…
- Quoi, Ethan ?
- Je peux avoir du jus de fruits comme hier s'il te plait ?

La jeune femme secoua la tête.

- C'est le jus de fruits du goûter, Ethan, tu sors de table, oh ! Tu en auras à seize heures. Va regarder la télé.
- Oui Diane… Je peux avoir des chips s'il te plait ?
- Quatre mots, Ethan : Tu sors de table !
- Oui Diane…

La femme noire leva les yeux au ciel. « Il va finir obèse ce gosse ! »
Elle acheva sa vaisselle, jeta une boîte vide dans la bouche de son Miamiasme installé dans un coin de la cuisine et retourna dans le salon pour voir que Rachel n'y était pas.

- Bah… elle est où, ta mère ?!
- Dans la chambre…

Diane se dirigea vers la pièce. Rachel était assise sur le lit, dos à la porte.

- … Rachel ?!
- Hm ? Oh, excuse-moi, j'étais un peu…

Diane approcha et vit bien que Rachel rangeait quelque chose.

- Tu…
- C'est rien, on est le vingt, c'est l'anniversaire de mon mar… ex-mari, il… il me manque un peu.
- Oh. Prends le temps qu'il te faut, le petit est tranquille dans le salon.
- Merci Diane.
- C'est normal, voyons…
- Non, merci, vraiment. Pour tout. J'aurais jamais cru que je serais contente de revenir vivre à Kanto, surtout à Safrania.

Diane acquiesça.

- Tant mieux si t'es bien.
- En plus avec tout ce qui va arriver, le bébé, comment Ethan va réagir…
- On verra ça après.

Diane repartit. Rachel soupira, face à sa vie instable et changeante.

***

- Vivement la rentrée, qu'on se voie facilement…

Yann acquiesça, un peu désolé de cet état de fait.

- Ca me tue qu'on n'ait pas pu se voir comme on voulait cet été… Qu'est-ce que mes parents ont été se séparer…
- Des choses qui arrivent.

Yann hocha la tête. Amy sourit, amusée.

- Ouais, on va dire que ça nous fait un point commun de plus.
- Exactement ! sourit Amy.

Yann ouvrit la porte de l'appartement de Léopold.

- ATTENDEZ, ATTENDEZ, N'OUVREZ PAS !

Yann ferma la porte, apeuré. Amy fit de gros yeux.

- Ce moment embarrassant où tu réalises que tu as des parents homosexuels…
- Qu'est-ce qu'il faisait ?! s'étonna Amy.
- Je ne VEUX PAS le savoir ! Papa, il est quinze heures, je t'avais dit qu'on venait manger avec Amy !

Léopold ouvrit, un pantalon très vite enfilé, les cheveux en bataille, légère barbe, chemise débraillée.

- Je n'avais pas oublié ! Héhé…
- … Tu faisais quoi, bordel ?
- Rien ! Rien de… rien !

Yann secoua la tête, ne cherchant pas à comprendre.

- Papa a raison, tu devrais te trouver un mec !

Léopold se mordilla les lèvres en laissant son fils entrer. Amy suivit.

- Monsieur Finsbury…
- Bonjour Amy…

Léopold entra alors que son fils et sa petite amie se pressaient en cuisine pour déposer leurs affaires. Léopold rouvrit son ordinateur et ralluma Skype.

[Désolé, j'ai dû couper, mon fils…]
[Ok, pas grave, c'était super ;-p]
[Ouais, t'étais pas mal aussi…^^]

- Papa, tu viens nous aider ?!
- Oui, oui, oui !

[A samedi !]
[Samedi, beau gosse !]

Léopold ferma son ordinateur et alla rejoindre son fils. Amy lui retira les légumes de sa portée.

- Hep, hep, hep !

Yann regarda Amy, surpris.

- Allez prendre une douche, ou au moins vous laver les mains !
- Hein ?!
- Si vous ne laissez même pas votre fils entrer, je me doute que vous ne faisiez pas du jonglage !
- Amy ! s'étonna Yann, offusqué.

Léopold acquiesça.

- En… en effet, pardon. J'y vais, à tout de suite.
- Hm !

Léopold alla dans la salle de bains. Yann regarda sa petite amie, stupéfait. Elle le regarda.

- Quoi ? Il nous empêche d'entrer, il arrive habillé à la va-vite et la première chose qu'il fait en revenant dans la pièce c'est se précipiter sur l'ordi ! Faut pas être sorti de Mauville !

Yann frissonna.

- J'espère qu'il fait pas des trucs dégueulasses…

Amy tira Yann et lui montra un caleçon sous le bureau où était placé l'ordinateur.

- Uuuuuuuuuuuuuuuh !!! geignit Yann.
- Je n'te l'fais pas dire… souffla Amy.
- Comment tu fais pour rester avec moi ? Ici ? Dans cet appart ?!!
- Oh, je me réjouis à la perspective qu'un jour je rirais de tout cela.

Yann ne sut que faire : En rire ou frissonner à nouveau.

- Mais par contre hors de question de faire un câlin ici maintenant que je sais ce que je sais ! soupira Amy.
- J'approuve ! assura Yann.

***

- Je suis vraiment, vraiment désolé, c'est pas une question… de peur ou de dégoût, c'est juste que j'aurais trop l'impression de rester avec toi par culpabilité, tu sais, vis-à-vis de… la mort qui arrive, tout ça…

Stanford acquiesça, un peu déçu. Charlie avait pris son courage en main et était allé le voir directement chez lui.

- Ok… je comprends…
- Juste que… ce serait pas bon ni pour toi ni pour moi.
- Hm. C'était sympa le temps que ça aura duré.
- T'es pas trop déçu ?
- Je profite de la vie, Charlie… tu me quittes, c'est pas grave, y'en aura d'autres.

Charlie acquiesça.

- Hm, je suppose que ça ira…
- Bien sûr, t'en fais pas.

Charlie acquiesça et repartit, un peu peiné.

***

Septembre

***

- Au moins il est de bonne humeur, tu vois…
- Hm.
- On s'est pas beaucoup vus cet été avec ton emploi de serveur dans un fastfood… Ça a été, au fait ?

Dimitri soupira. Avec Yann, dans un café à Hoenn étant donné qu'ils reprennent possession aujourd'hui des lieux.

- Eh bien… En faisant ce travail, je comprends l'esclavage et toutes les ségrégations de peuples dans l'Histoire.
- … Nan ? Point Godwin au Burger King ?
- En quelque sorte. Tu vois passer des gens dont tu te demandes comment ils subsistent dans la vie, c'est à t'en rendre hautain et élitiste…
- Hm… Tu devrais tenter ta chance en cuisine, Dim, même Amy me suppliait que tu nous refasses à manger…
- J'sais pas trop, après mon diplôme peut-être.
- Pour en revenir à Léo, il voulait pas trop me parler de ce qui lui arrivait… Au début, je pensais qu'il allait en boîte…
- Logique.
- Mais on rentre pas de boîte à quatorze heures au plus tôt !
- Hm.
- D'après Amy, il a un mec qui habite loin. Mais… je vois pas trop qui. Sûrement un gros dégueulasse qu'il a rencontré sur le net.
- Beuh…
- J'suis pas rassuré, en fait… Et avec Amy, on n'a pas trop pu vérifier vu qu'on n'osait pas toucher son ordi.
- Logique aussi.
- Ouais… Tu la sens bien cette année ?
- C'est déjà un miracle qu'on m'ait autorisé à passer le rattrapage pour que j'aie mon année, et je pense que cette année ne pourra pas être pire que la précédente… Après on ne sait pas ce que nous réserve le karma…

Yann hocha la tête.

- J'espère qu'Amy n'est pas trop embarrassée, chaque fois qu'on allait à la maison, y'avait un blème avec Léo… Et Charlie était pas super bavard, la plupart du temps on finissait par le regarder se battre à l'arène – ce qui est sympa mais sans plus quoi…
- T'as peur qu'elle te quitte à cause de la séparation de tes parents ?
- … On n'a pas eu de dispute claire mais je sens que ça l'a un peu gavée.
- Oh. Pourtant on dirait pas…

Dimitri désigna Amy qui arrivait, lunettes de soleil, habits d'été relativement légers.

- Oh put…
- J'osais pas le dire ! admit Dimitri.

Amy arriva près des garçons.

- Salut Dimitri ! Coucou Yann !

Elle se pencha pour l'embrasser, ce qu'il fit, puis il la regarda.

- C'est quoi ces fringues ?!! C'est la première fois que je vois ton nombril en plein jour !!
- Moi c'est la première fois tout court… marmonna Dimitri.
- Oh j'ai renouvelé ma garde-robe, j'en avais marre des longs trucs noirs, j'voulais des choses un peu plus colorées…
- D'après la loi de la série télé, ce changement de comportement va provoquer ton rapprochement des filles superficielles et populaires de la faculté… marmonna Dimitri.

Amy retira ses lunettes de soleil et s'assied.

- C'que vous pouvez être vieux jeu !
- J'espère qu'on voit pas ta culotte quand tu t'assois !
- Non mais eh, oh ! Tu serais pas jaloux, toi ?!
- C'est pas ça mais quand même, Amy !!

Dimitri regarda Yann, intrigué.

- C'est marrant, Yann, tu parles comme mes clients au Burger King !
- ………… c'est très, très insultant, Dimitri !
- Merci Dimitri ! sourit Amy.
- Mais toi tu es habillée comme elles ! admit Dimitri.

Yann hocha la tête et leva la main pour un tope-là… qui ne lui fut pas rendu.

- Je vous déteste ! grommela Amy.
- Moi je t'aime ! sourit Yann.
- Et moi je sais pas… lâcha Dimitri.

***

- J'arrive pas à croire que je suis heureuse de retourner travailler… et en plus j'ai une baby-sitter normale cette fois-ci avant qu'Ethan n'entre à l'académie.
- T'es sûre que tu peux compter sur cette Marigold ?! s'étonna Diane.

Rachel acquiesça.

- On peut compter sur elle plus que sur n'importe qui. Je vais travailler l'esprit léger… Et puis ça me fait plaisir de reprendre un contact régulier avec elle. D'avoir une vie sociale tout court.
- Il te manque plus qu'un mec. Allez, va chercher bonheur !
- Ah non, manquerait plus que je gâche tout ça…

Diane haussa les sourcils.

- Ah alors ça y est, madame ne fait plus confiance en l'amour !
- … Ah non c'est pas ça… L'amour, ok, mais les hommes pour le moment…
- Tu peux avoir l'un sans l'autre !

Rachel regarda Diane, étonnée.

- … j'y avais pas songé sous cet angle… mais ça ne m'a honnêtement jamais tentée… J'dois être trop féminine ! En plus ça perturberait trop Ethan…
- Bah voyons, il a vécu avec nous deux tout l'été, il a vachement l'air perturbé !

Rachel regarda Diane, intriguée. Diane haussa les épaules.

- Fais ce que tu veux, ma vieille !
- Hm… Je sais pas trop, mais… j'y penserais !

Rachel se dirigea vers la sortie.

- Bon j'y vais !
- Hm, à ce soir !
- Yep, bon courage à la gym !
- Hm.

Rachel partit. Diane soupira.

- Soit elle adore parler en double sens, soit elle m'a dit que je pouvais tenter ma chance… Elle est compliquée quand même pour une double divorcée enceinte…

***

Charlie regardait son appartement où il se sentait un peu seul.

- Hmmmmph…

***

- Oh la pauvre choute, ça me tue qu'elle doive faire sa rentrée… J'espère que ça ira pour Marigold et Théo pour s'occuper d'Alex et Léa… J'ai croisé Rachel et sa colocataire d'ailleurs…
- Tu peux arrêter de me parler de Rachel ?

Claire et Malcolm s'arrêtèrent dans le hall de la faculté.

- Mais…
- Juste… s'il te plait, Claire ! Ok ? Je suis content de savoir qu'elle va bien, mais… sans plus ! Ok ?
- … Malcolm, quand même…
- Et aujourd'hui je ferais mon possible pour ne pas la croiser ! Tu vois ? La vie est belle !

Claire soupira en voyant Malcolm partir vers son couloir.

- Hanlala…
- Salut Claire !

Claire regarda Rachel, souriante. Claire grimaça.

- Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de Rachel ?
- Oh, ça va hein !
- Je plaisante, ça me fait plaisir de te voir comme ça, si seulement ton frère pouvait être un peu plus souriant, loquace…
- Faut le comprendre, il a morflé et… c'est normal qu'il pense que c'est ma faute.
- Hm… malheureusement… soupira Claire.
- Ça ira mieux, je vais pas le brusquer, je vais le laisser faire sa colère, pour une fois qu'il a une bonne raison…
- Rachel…
- Nan, ça ira… tu vas en cours ?
- Ça fait longtemps que je n'ai plus cours, Rachel, je suis doyenne, maintenant ! Je me contente d'assurer quelques cours libres de temps en temps histoire de garder la main…
- Oh, Claire, tu es décevante !
- Tu diras, ça te fait un boulevard pour te faire de nouveaux amis, tu te plaignais que Roland t'empêchait de sociabiliser !
- Eh, t'es pas bête toi !
- En tout cas n'hésite pas à venir entre deux cours, peut-être pas là au début de l'année, mais après, avec plaisir !
- Ok pas de soucis, à plus !
- Oui !

Rachel et Claire se séparèrent.

***

Malcolm rejoignit son casier assez vite. « Bon, prends vite tes affaires avant qu'elle n'arrive… »
« Bon sang, c'est ta sœur, tu te comportes comme un con… »
« Alors que Roland… »
« Finalement qu'est-ce que Roland t'a apporté de bon ? »

Téléphone. Malcolm posa ses livres et répondit.

- Oui ?
« Malcolm Heine ? »
- Lui-même…
« Bonjour, ici la prison centrale de Mérouville, est-ce que nous pourrions nous entretenir avec vous quelques minutes ? »
- C'est à propos de Roland Smirnoff ?
« Précisément. »
- Dites-lui d'aller se faire foutre.
« … pardon ? »

Malcolm raccrocha. Presque essoufflé. Presque choqué par ce geste. Il rangea rapidement ses affaires et allait sortir. Il croisa Rachel qui entrait dans la salle des professeurs.

- Hey, Mac !
- Hm, salut…

Rachel regarda Malcolm partir vers sa salle de cours. « Bon, au moins, il me parle ! »

***

David ouvrit le courrier. Denis arriva derrière lui, en fauteuil.

- C'est ta lettre ?
- Oui c'est ma réponse pour l'hôpital de Nénucrique…
- J'espère que ce sera bon, c'est le seul CV que tu as envoyé !

David prit la lettre et balbutia.

- Oh mon Dieu… J'ai un entretien !
- Mazeltov !
- … pour être urgentiste !
- Aouch ?
- Je vais avoir des horaires de fou…
- L'important c'est que l'un de nous deux travaille. Il faut subvenir aux besoins de Perrine, payer le loyer… Ça m'étonne que tu aies été aussi irresponsable dans cette histoire.

David baissa la tête, coupable.

- Même si ça partait d'une bonne intention, mais ne refais plus ça, David.
- J'suis désolé, c'est juste que je voulais bien faire…
- Je sais, mon petit loup.
- Et pis quand je vois que même Charlie et Léopold ont pu se séparer, même mon frère et Rachel… J'me demande si ça va pas nous arriver à nous… d'autant plus avec ta jambe blessée, moi qui n'ose pas te laisser entre les mains d'une infirmière…
- David, David, David… Il est hors de question qu'on se sépare !
- Mais l'autre fois tu as crié…
- Oui parce que j'ai de grands espoirs en toi, je t'aime et je veux que tu fasses ce que tu aimes, tu aimes soigner des Pokémon ! Soigne des Pokémon ! Moi j'aime les livres, je suis libraire, ainsi devrait aller le monde !

Le téléphone de David sonna.

- Oui, allô ?... euh… hm… Vous… vous avez fait un faux numéro… Au revoir.

David éteignit son téléphone avec une sorte de rage. Denis regarda David.

- Bon. C'est quand ton entretien ?
- Vendredi.
- Tu as le temps de me masser la cuisse, j'ai des fourmis c'est horrible !
- Oui bien sûr.
- Et ne doute jamais de tout le bien que tu me fais, David. Le seul fait que tu sois ici avec la petite, ça me fait énormément de bien.
- Heureusement qu'elle est à l'académie juste à côté maintenant…
- Tu m'étonnes… ça aurait été une gageure de l'emmener à l'ancienne avec ma jambe…

***

Lily, Finn, Noé et Flora mangeaient tranquillement.

- Et ma nouvelle maîtresse a dit « bordel » en classe.
- … dans quel contexte ? s'étonna Finn.
- Bah y'avait du bazar mais au lieu de dire « quel bazar », elle a dit « ah, quel bordel ! »
- Bah ça va, c'est pas comme si elle avait dit « Ah, bordel ! »

Lily regarda Finn, atterrée.

- Quoi ?
- Rien… Sauf que le jour où il ira voir un psy, on saura pourquoi et à cause de qui !
- A cause de sa mère qui bosse tout le temps !
- Non, à cause de son père qui lui inculque des âneries. Comment ça s'est passé au commissariat ?

Finn soupira.

- Je pourrais buter tous ces types avec une main dans le dos, mais non, je suis juste chargé des interrogatoires et de la paperasse !
- Tu voulais travailler !
- Ah bah ça, oui, je travaille…

Téléphone. Lily s'empara de l'appareil.

- Qui peut m'appeler là-dessus… Allô ?... … Ah non, non. Non merci… Eh bien non. Nous avons le même nom de famille mais c'est un pur hasard… C'est cela.

Lily raccrocha.

- Ah les représentants, je vous jure !

Finn plissa les yeux.

***

Charlie enfonça son visage dans ses mains.

- De toute façon, d'ici à ce qu'on ait des rues pavées…
- Ah, eh, oh, hein !! Ne montez pas sur vos grands chevaux, on a des priorités hein ! Les restaurants de la ville doivent régler ce problème d'intoxication alimentaire !
- Les services d'hygiène font leur travail. Le vrai problème c'est cette classe de cours préparatoire qui n'a pas de professeur ! Voilà un vrai problème ! Les enfants, personne ne pense aux enfants !
- Et les éboueurs ! Depuis qu'ils ont décalé les horaires, quelle galère !!
- Monsieur le champion d'arène, nous apprécions votre travail depuis sept ans, mais là quand même !
- Et il y a aussi le manque de moyens des pompiers ! On est à côté d'une forêt, je vous signale !
- Monsieur le champion d'arène ?
- HEIN, hein quoi…

Charlie s'était presque endormi.

- Euh, oui, oui, pardon…

***

- Bon… C'est... gagné… je pense…

La jeune femme et son Ectoplasma sourirent, ayant vaincu Charlie et son Frison.

- Beau travail, voici le badge Terre… Je doute que vous vous en sortiez à la Ligue Pokémon avec… Cage Eclair, Onde Folie, Attraction et Repos !
- Mais mine de rien, contre vous, ça a marché ! Au revoir, monsieur le champion !

Charlie soupira. « Pisseuse… »

***

Idem, au bar auquel Charlie aimait tant trainer, c'était la lassitude.

- Salut beau brun…

Charlie leva la tête vers le grand type musclé. Charlie soupira.

- Ouais, nan… Nan !

Charlie partit de la boîte, surprenant le type qui essayait de le draguer.

***

Charlie passait le plus clair de son temps chez lui à regarder la télé.

« Hmmmm… bah c'est pas la joie, hein… »

Le téléphone sonna. Charlie répondit.

- Oui ?
« Charlie Winchester ? »
- Exact.
« Bonjour, j'appelle du centre carcéral de Mérouville. »
- Hm.
« Roland Smirnoff dit que vous le connaissez. »
- Oui, son Tartard m'a cassé la gueule, on a sympathisé…
« L'ennui c'est que sa mise à l'épreuve s'est achevée… »
- … ça fait à peine quatre mois !
« C'était le deal, il n'y a aucune déposition, et Roland Smirnoff n'a aucun endroit où aller, alors depuis quelques jours j'essaie d'appeler les gens qu'il souhaite que j'appelle, son meilleur ami a refusé, son frère a refusé, sa sœur a refusé… »
- Essayez… ses parents !
« Roland ne veut pas les voir, son ex-femme non plus. »
- Voyez avec Léopold Finsbury, il est secrètement amoureux des convictions de Roland Smirnoff, il se fera un plaisir…
« C'est que Léopold Finsbury est injoignable… »
- Sérieux ?! Euh, j'veux dire, vraiment ?
« Oui, Roland Smirnoff voulait qu'on l'appelle mais apparemment Léopold Finsbury a changé de numéro… »

Charlie grimaça. « Mais pourquoi il a fait ça, ce con ?! »

« Alors, que décidez-vous ? »

Charlie regarda la télévision. Il était devant la chaîne parlementaire.

Il regarda la bouteille de rhum qu'il se vidait par cocktails.

Il regarda l'appartement vide. La chambre d'amis vide. Le canapé vide. La cuisine vide.

Vide, vide, vide, vide…

Il prit une grande inspiration.

- … Laissez-le en taule.
« Euh… »
- Vous m'avez bien entendu, personne ne veut de lui. Rallongez sa peine. Il n'a pas mérité de sortir. Personne n'acceptera de s'occuper de lui. Laissez-lui faire son temps, ça lui servira de leçon.

Charlie souffla. « Tout sauf me retrouver avec lui sur les bras. »

« M… Monsieur Winchester, vous êtes… »
- Sûr et certain de mon choix. N'appelez plus personne et dites à Roland Smirnoff qu'à présent il est seul dans sa merde et que c'est bien fait pour sa gueule.

Charlie raccrocha. Il hocha la tête, content de lui.

- Eh bah voilà ! J'ai retrouvé goût à la vie ! Hop, Nachos !!

***

Denis tentait de marcher en béquilles.

- Ça fait bizarre !!
- Ca fait quatre mois que tu ne t'es pas levé, évidemment que ça fait bizarre !
- Allez papa, allez papa ! sourit Perrine.

Denis parvint à poser son pied valide au sol.

- Equilibre en pliant le genou !
- Oui… Oui…
- C'est bon ?
- Presque…

David tenait Denis par derrière.

- Eh, t'as pas l'habitude d'être dans cette position !
- Tu crois que c'est le moment de plaisanter ?
- Oh David, quand ils me retireront les tiges en métal que j'ai dans la jambe, on reprendra cette position où on l'a laissée, hein ?
- Denis, Perrine est juste devant !
- Hm, et j'entends tout ! acquiesça la petite.

Denis arriva à se tenir et à avancer.

- J'y arrive !! J'y arrive ! Ouais !!
- Cool ! C'est génial !! sourit David.
- Vive papa ! sourit Perrine.
- C'est mes premiers pas, trop fort !! sourit Denis. J'vais pouvoir montrer ça à Lily et Finn !
- Bébé Denis va devoir marcher un peu mieux que ça quand même ! sourit David. Je doute que Lily et Finn soient impressionnés…

On entendit le monte-charge.

- Ça doit être eux ! sourit Perrine.
- Pourquoi elle est aussi impatiente ? s'étonna David.
- Perrine a peint un Skitty, elle veut le montrer à Flora !
- Oh… Perrine, et à nous, tu ne nous peins jamais rien !
- Et les deux mains jointes ? C'était un super beau tableau !

Perrine ouvrit la porte de l'appartement, mais la personne qui apparut…
David et Denis haussèrent les sourcils. Léopold avec une bouteille de vodka.

- Lé… Léo ?!! s'étonna David.
- … Mais, euh… qu'est-ce que vous faites ici ?! s'étonna Léo.
- On t'retourne la question !! s'étonna franchement Denis.

Owen ouvrit sa porte.

- Hey, bébé !
- Salut mon cœur !

Léopold embrassa à pleine bouche le voisin de David et Denis qui firent des têtes de cinq mètres de long. Perrine observa, impassible. Owen agrippa les fesses de Léopold.

- Hmmm ! Ça c'est à moi, ce soir !!
- Hmhéhéhé ! Euh, tu permets ?
- Tu les connais ?
- Ouais, ouais…
- Je t'attends, l'un d'eux est mon ex…
- Ahon…
- Ouais. Et il n'aime pas me voir dans les parages, je perturbe le fond de son pantalon…

Perrine regarda Denis qui la regarda, gêné.

- Mais non, mais non !!
- A tout de suite, beau gosse !
- Hm ! sourit Léopold.

Owen entra dans son appartement. Léopold se retourna vers la petite famille.

- Dites-moi pas que c'est pas VRAI ?
- … C'est toi, dis-nous pas que… c'est pas vrai ! grommela Denis.
- Mais enfin Léopold…
- On s'est rencontrés sur un tchat, on a commencé à discuter, à… faire des trucs devant nos webcams respectives et au bout d'un moment… Voilà quoi, aujourd'hui c'est le grand jour, je m'installe chez lui !

David et Denis se regardèrent.

- Bah c'est cool, on va être voisins !! On va pouvoir se faire des bouffes ! Yipee ! sourit Léopold.
- Yipee ! s'enjoua Perrine.

Denis soupira. Léopold le montra du doigt.

- Alors… comme ça, t'es sorti avec lui ?
- David, ramène un pouf sous mes fesses s'il te plait…

David alla chercher un pouf. Denis s'assied dessus et put enfin, après une envie qui le démangeait, frapper son front avec sa paume. David regarda Léopold qui se mordilla les lèvres et s'en retourna vers l'appartement de son nouveau « chéri ».

- David, je viens de rêver ce qui s'est passé ?
- Non, non…

Le monte-charge se rouvrit, libérant Finn, Lily, Flora et Noé.

- Coucou ! sourit Lily.
- Hey… marmonna Denis.
- Qu'est-ce qui se passe ?! s'étonna Finn.
- Euh… Pas grand-chose… J'espère… marmonna David.
- Tu as un grand sens de l'euphémisme… souffla Denis.

Lily regarda Finn. Ils haussèrent les épaules.
























Chapitre 4 – Here Comes a New Challenger !!

« La vie est un défi : Fais-lui face. »
(Mère Teresa)

« Where does everybody go when they go?
They go so fast I don't think they know
We hate so fast
And we love too slow »

(P!nk – Ave Mary-A)



Rachel se réveilla en pleine nuit. Cela faisait longtemps que cela ne lui était pas arrivé. Elle se demanda si elle était en plein cauchemar. Elle entendait quelque chose qui l'importunait. Réellement. Elle se leva, mit un peignoir et se dirigea vers la chambre d'Ethan. Il était assis dans son lit, en larmes, sanglotant.

- Ethan ?! Chéri ? En… Encore un cauchemar ?!

Elle vint s'asseoir auprès de lui. Le gamin regarda sa mère.

- Il est où, papa ?

Rachel grimaça.

- Papa, euh… Ton père est… quelque part. Il se fait… soigner en quelque sorte.
- Je veux le voir maman !
- C… C'est pas possible, mon chéri ! Tu comprends ? Papa est enfermé quelque part et… et tu ne le reverras pas avant longtemps parce que c'est comme ça… Mais tu le reverras un jour, c'est sûr !

Ethan tendit les bras vers sa mère qui le prit avec elle. Elle regarda l'heure : 4 heures. Bon, elle pouvait au moins rester avec lui pour les quatre heures restantes.

***

- Eh, ça va ce matin ?

Rachel était lessivée, alors qu'Ethan avait bien dormi.

- Ca va, ça va, juste que… Ethan a réclamé son…

Rachel fit des gestes assez éloquents. Diane hocha la tête.

- Jeeee vois. Ah bah ça c'était évident que ça allait arriver.
- Je sais… mais bon, ça me remet le moral dans les chaussettes…
- Ca va passer…
- J'espère… secrètement…

Diane acquiesça. Rachel était vraiment déconfite.

- Eh, la coloc squatteuse, là !

Rachel releva la tête, étonnée.

- Souris, sinon j'te vire de l'appart !

Rachel ricana en levant les yeux au ciel.

- Quoi ?
- Tu m'as entendu ! Mais t'as de la chance, tu viens de payer ton loyer de sourire pour aujourd'hui. Bonne chose !

Rachel plissa les yeux, intriguée. Diane repartit en cuisine alors que Rachel ne semblait plus bader autant que ce matin.

***

Charlie était devenu en ce début du mois d'octobre une véritable épave.
Enfin question de point de vue.
Il ne se nourrissait plus que de tortillas trempés dans du fromage fondu, ne buvait plus que du coca, passait ses journées devant Internet et la télé, ses soirées devant du porno sur Internet, bref une vie misérable mais dangereuse pour une seule personne : Charlie.

On frappa à sa porte. « Ça doit être… personne, tous ceux que je connais bossent… »

Charlie ouvrit à… son arbitre attitré.

- Bonjour Charlie !
- … Paxton ?! Mais, euh…
- Je viens juste vous prévenir que vous avez un challenger qui vous attend devant l'arène !
- Si tôt ? Dites-lui d'aller voir ailleurs, j'ai pas le temps !
- … Charlie, vous devez faire au moins dix combats par trimestre pour conserver l'arène, être payé et que vos employés soient payés ! Je suis un employé !

Charlie soupira.

- Ça fait chier !
- Oui et bah j'ai envie d'être payé, moi !!
- … Moi aussi, moi aussi… pffffffffffff…

Charlie descendit dans l'arène, suivi par son arbitre.

- Charlie, si vous ne voulez plus être champion, faites-vous remplacer !
- Ce n'est absolument pas question de ça ! grommela Charlie.

Charlie arriva dans l'arène. Paxton alla se placer à son poste. Le challenger était un jeune homme châtain, grands yeux clairs, sourire avenant… Charlie dut prendre un moment afin d'éviter de baver sur le sable de l'arène.

- Oulala…
- Bonjour ! Désolé d'être venu aussi tôt !
- C'est rien, c'est rien… « J'espère que je suis pas trop gras, vu mon rythme de vie je dois être affreux… »
- C'est ok pour un match ?!
- « C'est aussi ok pour un petit bain de minuit avec des Piña Colada… » Ouais, ouais !
- Vous êtes… vachement moins solennel que les autres champions…
- « C'est très solennel dans mon slip en l'occurrence… » Ouaaaaaaaaais j'aime bien être relax, j'me prends pas la tête.
- Non, j'veux dire…

Charlie était descendu dans l'arène avec… ses Nachos. La barquette de fromage et de tortillas trônait dans sa main. Il avait l'air ridicule. De plus il était mal rasé et assez mal habillé avec un pull super laid et un pantalon pas top. Et des pantoufles, n'oublions pas les pantoufles.

- ……….ohmondieu ! « CHARLIE BORDEL DE MERDE !!! »

Charlie chercha où poser ces Nachos. « TROUVE UNE FUCKING TABLE OU POSER CES FUCKING NACHOS !!! »

Il choisit de les poser par terre, négligemment, après une longue engueulade avec lui-même.

- Voilà ! Héhé ! « Tu passes à peine pour un gros clodo ! »
- Héhé…
- « Tu l'as fait rire ! Il a un sourire trop craquant ! Non, non Charlie, garde ton sérieux, c'est un challenger !! Tu dois le traiter comme n'importe quel autre ! » Eh bien…

Charlie s'avança sur le terrain.

- Prépare-toi, mystérieux challenger ! Je suis Charlie Winchester, champion de l'arène de Jadielle !! Me battre sera long et dur… « Charlie tu es une incorrigible salope ! » … mais au final tu pourrais bien remporter le badge Terre, huitième badge de la région Kanto !!

Le challenger acquiesça.

- Je suis Nicolas Murray mais tout le monde m'appelle Nick !
- « Nick ! C'est trop mignon !! » Ok, Nick, tu es prêt ?
- Oui !

Un Tortipouss se montra, auparavant caché derrière son dresseur.

- Oh !
- Mon premier Pokémon ! Il est toujours hors de sa Pokéball.
- Tu viens de Sinnoh, donc ? « Technique de séduction ! Récupération d'informations !! »
- Voilà, j'ai commencé mon voyage à 15 ans, quand j'ai compris que j'étais doué avec les Pokémon. Et ça fait six ans maintenant que je voyage…
- Tu as vingt-et-un ans ?!
- Ouais… pourquoi, je fais plus, moins…
- Non, tu as l'air…

« Apetissant ? Trop prédateur ! »
« Sexy ? Trop direct ! »
« Mature ? Va pour mature ! »

- Tu as l'air d'un jeune homme tout à fait mature !
- Ah ? Merci ! Au fur et à mesure de mes voyages, j'ai accumulé pas mal de Pokémon, de badges, de participations à des Ligues Pokémon…
- Combien ?
- Sinnoh, Johto et Hoenn. J'ai uniquement gagné à Sinnoh !
- C'est toujours plus sympa de gagner dans sa région natale ! « Award de la réponse la plus nulle ! »
- Oui, ce serait encore plus sympa d'avoir plus de coupes…
- Ca ne tient qu'à toi.
- J'y compte bien.
- Bon, six ans d'expérience… Trois Pokémon ?
- Je préfèrerais six ! J'ai toujours fait six !
- Vraiment ? Mais euh… c'est super dur ! J'ai une très bonne équipe !
- Et aussi : N'utilisez que vos meilleurs Pokémon ! Je suis chaud bouillant !

Charlie rougissait jusqu'aux chaussettes.

***

- Allez à ce soir Ethan !

Rachel serra son fils contre elle avant de le laisser entrer dans l'école préparatoire. Le gamin avançait lentement, à contrecœur, au milieu des autres gosses, avec sa mère qui le regardait l'air de se dire « bon sang mais arrête d'avoir l'air aussi malheureuuuuuuuux !! »

***

- Mais c'était pareil avec Nell ! Et depuis elle s'y est habituée !
- Mais mon pauvre Ethan, il a tellement l'air de souffrir de ce qui s'est passé… Je me sens idiote et coupable !

Claire acquiesça.

- Ca va s'arranger, il faut qu'il s'y fasse. Et tu dois lui dire la vérité pour son père. Qu'il est en prison, que toi et lui vous êtes séparés.
- Je peux pas lui dire toute la vérité, sinon je vais en faire un Roland 2…
- A toi de voir.

Rachel acquiesça.

- Sinon ça va les cours ?
- Je reprends peu à peu mes habitudes, dire que je pensais m'arrêter…
- C'est moi ou tu commences à prendre du ventre ?!

Rachel se caressa le ventre.

- Un peu oui… J'ai même pas envie d'avoir ce bébé…
- RACHEL !
- Tu crois que Marigold et Théodore en voudraient ? Ou Vincent et Will ?
- Rachel, c'est une idée idiote ! Crois-moi ! Oublie ça tout de suite ! Tu peux élever ces enfants !
- Claire, tu t'entends parler ? Seule ! Avec deux enfants ! Moi ! Alors que je me fais un sang d'encre pour Ethan qui entre à peine à l'école préparatoire !
- Ce sont des enfants, tu ne peux pas les laisser tomber comme ça, Rachel ! Sois un peu responsable !
- J'ai l'air d'une femme responsable ? Tu te rappelles pourquoi Roland est en prison actuellement ?!

Claire agita la tête.

- Tu n'as pas été irresponsable, disons que tu as été insouciante.
- Tu sais ce qui a été le pire ? Il l'a remarqué immédiatement.

Claire plissa les yeux.

- Roland. En un seul regard, il a compris que je l'avais trompé. Comme si… à son niveau c'était chimique entre nous. Comme s'il l'avait senti, tu vois ?
- Rachel, ce qui est fait est fait, tu ne peux pas revenir en arrière ! Arrête de culpabiliser et reprends-toi en main. Tu as réussi à t'en remettre personnellement, maintenant remets un peu d'ordre dans ta vie.
- Si Malcolm pouvait me reparler, aussi…
- Laisse du temps au temps. Moi j'aimerais que Léopold appelle plus souvent.
- Le pauvre, qu'est-ce qu'il devient ?!
- Eh bien David – qui lui, au moins, m'appelle – m'a dit qu'il était avec l'ex de Denis !
- Noooooooooon !
- Si. Et c'est justement leur voisin !
- Il FAUT que j'appelle David ! s'extasia Rachel.
- Tu m'étonnes, ça va te faire oublier tous tes problèmes, et aussi le fait que tu sois enceinte de cinq mois !

Rachel leva les yeux au ciel.

- Et Charlie ?
- Toujours seul et à ce que j'ai compris y'a du laisser-aller !
- Ah non, pas Charlie, il était tellement chou ! Le nombre de fois que j'ai rêvé de lui !
- RA-CHEL !! grommela Claire en souriant.
- Quoiiiiiii ! J'étais ado, c'était à l'époque où on parlait sur Internet ! J'ai des conversations avec lui, ma vieille…
- Oh, Rachel !!
- On se chauffait, tu crois quoi !
- Beeeeeeerk ! Coucou chéri !
- Hm.

Malcolm se dirigea vers son casier. Rachel le regarda.

- Salut, Mac…
- Hm, lut Rachel.
- … Tu as le bonjour de ton neveu ! sourit Rachel, embarrassée.
- C'est cool.
- …

Claire regarda Rachel en haussant les épaules. « Au moins il te parle ! »

***

- Tonnerre !!!

Raichu fonçait vers l'adversaire en courant. En face, Kaimorse semblait peu affecté par l'attaque à venir. L'électricité se chargea en Raichu. Charlie hocha la tête. « Il a une bonne technique… »

- Piétisol !!

Kaimorse piétina la terre, enfonçant le bout des pattes de Raichu dans le sol de l'arène.

- Ah !!
- Idéal pour stopper les attaques électriques ! Laser Glace !!

Kaimorse sembla inspirer et envoya un rayon glacé.

- Queue de Fer !

Raichu dévia l'attaque par un rapide dégradé de queue. Charlie acquiesça, impressionné.

- Ok, là, je vois que j'ai pas affaire à un débutant !
- Je suis pas un débutant, eh ! sourit Nick.
- Je plaisante, je plaisante ! Encore !

Kaimorse se leva et tapa dans ses mains, lançant Raichu dans une frénésie de la Queue de Fer.

- Prêt ? J'y vais !
- Si tu crois que je vais me laisser faire !
- Plaquage !

Kaimorse fonça vers Raichu en glissant. Le Pokémon électrique se déplaça et repoussa Kaimorse avec sa Queue de Fer.

- Tu ne m'auras pas, je suis plus tenace que j'en ai l'air !
« Je sais, je sais, la dernière fois que j'ai vu une telle fougue dans les yeux d'un homme… »

Raichu contrait Kaimorse avec une grande maîtrise de lui-même.

« C'était dans ceux de Matt… »

***

Yann n'avait pas cours ce matin, il était donc passé voir son père, ayant eu vent de son nouveau lieu d'habitation.

- Avec Owen j'ai enfin ce que je voulais depuis le départ. C'est ton père qui m'a entrainé dans ce truc de relation durable et amoureuse… avec Owen on se comporte comme des colocs qui ont le champ libre sur tous les mecs qui passent ! Les soirées ici sont juste géniales !

Yann acquiesça, rebuté.

- Ouais, je suis… content d'apprendre que… ta vie sexuelle va bien !
- Oh, Yann, je t'en prie, ne fais pas l'innocent ! Je suis sûr que ça y va avec Amy !
- Papa, je ne veux absolument pas discuter de ça avec toi !

Léopold regarda Yann qui semblait indisposé. Léopold regarda Owen qui était en slip en train de tapoter sur l'ordinateur.

- Owen, on a des bières pour décoincer Yann ?!
- Nan, faut aller en racheter.

Yann grimaça en regardant le type en slip.

- Papa, je vais pas boire de bière le matin ! J'ai cours cet après-midi ! Mais enfin qu'est-ce qui te prend ?!
- Oh ça va, hein ! Si on peut plus s'amuser… On est le matin ?
- Ouais, il est dix heures, papa !
- Oh…
- T'es complètement déphasé mon pauvre ! ricana Owen.
- Hm…

Yann soupira et prit ses affaires.

- Bon, je ne vous dérange pas plus longtemps…
- Tu nous déranges pas ! souffla Léopold.
- Hmm… marmonna Owen.

Yann sortit de l'appartement, l'air un peu gravement gavé. Owen regarda Léopold qui soupira et sourit.

- On va pouvoir s'y remettre ! Pourquoi tu restes en slip, toi, aussi !
- Comme ça je suis prêt pour te casser les pattes arrières !!
- J'aurais dû rester en peignoir ! geignit Léo.
- Comme quoi avoir un gosse, ça n'a que des inconvénients… souffla Owen.
- En ce moment, c'est pas faux… mais ça reste mon fils, quand même…
- A ce niveau-là, il n'a qu'à te donner rendez-vous quelque part… Ecarte tes fesses.
- Comme ça ?
- Parfait !

***

Yann appuya sur le bouton du monte-charge. Quelqu'un sortit de l'appartement d'en face : Denis, en béquilles.

- Attends, attends !
- … salut Denis…
- Tu étais venu visiter ton père ?
- Mouais, mais apparemment il en avait pas grand-chose à foutre…

Denis acquiesça.

- Owen…
- D'après Charlie, il est revenu à ce qu'il était à seize ans, c'est-à-dire une machine à baiser…
- Oui, ça explique cette bonne entente avec Owen, résuma Denis.
- Tu vas où ?
- J'vais juste voir le courrier, j'ai besoin de me dégourdir les béquilles. Tu veux remonter et prendre un thé ?
- J'sais pas… Papa m'a trop saoulé… soupira Yann.
- Si l'envie t'en prend, n'hésite pas. On a de la place et de quoi faire. Profites-en pendant que je cicatrise !
- Ca va au fait ?
- Bien, bien, t'en fais pas. J'ai plus mal, on m'a retiré les tiges, faut juste que j'attende avec ces bandages que je dois changer toutes les six heures. Le plus bizarre c'est de sentir l'os dedans !
- Ok, vous vous êtes donnés le mot pour me dégoûter ?!
- C'est possible, oui. Comment va Dimitri ?
- Il a bossé en fast-food cet été et cette année il suit un régime de rattrapage spécial pour essayer d'avoir son diplôme à temps compte tenu de ses circonstances atténuantes.
- Carrément. Vous vous voyez toujours autant alors ?
- Ouais et pis parallèlement j'essaie de faire fonctionner mon petit couple.
- T'as de beaux exemples autour de toi…
- Tu m'étonnes.

Yann et Denis arrivèrent en bas. Yann sortit du monte-charge.

- Bon, j'te récupère ton courrier et on se boit ce thé ?
- Okay ! sourit Denis.

***

Paxton n'en croyait pas ses yeux. Cela faisait quatre heures. Il était midi passé. Ils en étaient à trois KO de chaque côté. Charlie avait perdu Mackogneur, Cizayox et Kaimorse. Nick avait perdu Raichu, Pingoléon et Chartor.

Les deux hommes étaient épuisés et étaient déjà en t-shirt. Les combats avaient été âpres et rudes. Chacun était au maximum de ses possibilités. Les coups étaient échangés avec violence et sans compromis.

« Si je ne me bats pas à fond, ce serait l'offense ultime »
« J'étais certain que le dernier champion de Kanto serait un gros morceau… »

Nostenfer et Heledelle se livraient une lutte absolument acharnée. Charlie avait l'impression de ne jamais avoir autant tiré sur ses cordes intérieures, d'être vraiment au bout de ses compétences de dresseur.

- Je peux continuer le reste de la journée comme ça !
- Moi aussi ! C'est pas le pire combat que j'ai fait de toute ma vie !

L'arbitre s'était assis et mangeait un sandwich. « Bande de tarés… »

***

- Ca fait des années que j'y suis pas allée…
- Maintenant que j'ai une amie proche qui a une salle, c'est l'occasion ou jamais. Hey, Diane !

La jeune femme se tourna vers Rachel et Claire.

- Oh mon Dieu mais qu'est-ce que vous faites là ?

Claire regarda Rachel qui regarda Claire.

- Pourquoi tu me regardes comme ça ?
- Parce que tu as tenu à venir, Rachel, c'est à toi de parler !
- En fait on a un trou dans l'après-midi, de deux heures, et comme t'es pas loin de la fac…
- Oh… Pour Claire c'est ok, mais toi avec le bébé c'est hors de question !
- Même sur les tapis ?! Oh allez, Diane !

Claire leva les yeux au ciel.

- J'en étais sûre. Tu peux rester sur les bancs, Rachel, ça ira ! Je voudrais juste prendre un tapis pour une heure. En promenade.
- Ok. Rachel, prends un tapis de gym et…

Diane lui passa une brochure.

- Fais ça. Etirements de femme enceinte.
- Connasse ! Tu me traites comme une handicapée !
- Eeeeeeeeh oui !
- C'est de la discrimination ! J'irais me plaindre !
- De quoi ? La femme noire maltraitant sa coloc enceinte ? Mais fais-moi un procès, chérie !

Elles ricanèrent toutes les deux alors que Rachel allait se trouver un tapis. Claire s'installa au tapis, près du comptoir de Diane.

- Elle a l'air de t'adorer ! s'étonna Claire.
- Ouais, on s'entend bien.
- Rachel est très affectueuse mais elle a été tellement chahutée dans sa vie, je me demande pourquoi elle n'est pas plus… revêche. Faut croire qu'elle ne se laisse pas atteindre…
- Sauf quand ça concerne son gamin… marmonna Diane.
- Ah oui, oui, bien sûr… Mais des fois je me dis qu'elle veut trop jouer la fille solide… Elle devrait se dire aussi qu'elle peut être fragile, qu'elle peut se laisser aller, tu vois !
- Je vois, ouais. Mais ça n'a pas l'air d'être sa priorité… souffla Diane.

Claire secoua la tête, embêtée.

- Il est réglé sur promenade ?! dit-elle en désignant son tapis.
- Ah oui ma belle ! Pourquoi ?
- Ca va vite quand même !
- Eh, c'est la promenade, pas la marche à pied !
- Oh lala… geignit Claire.

***

- Tu as vraiment l'air… bien.

Yann acquiesça alors qu'ils étaient en pleine interclasse.

- Tu remercieras Denis pour ça. Ce mec sait y faire avec les gens.

Amy grimaça. Yann haussa un sourcil.

- Socialement parlant !
- Oui, j'avais bien compris… Denis, c'est…
- Oh ! Le petit ami de David Smirnoff.
- Ah oui ! J'ai cru que c'était quelqu'un d'ici.
- … Il a quoi, trente ans !
- Yann a des vieux potes ! Ouuuuh !
- Oh ça va hein… Léo se comporte comme s'il en avait rien à foutre de moi…
- Aow… Pourtant…
- Je sais, oui… Je sais pas trop, d'un côté il a l'air bien… Sous acide, mais bien… et d'un autre c'est comme s'il était devenu une personne différente.

Amy haussa les épaules.

- Tu as besoin d'un temps d'adaptation, voilà tout.
- Ou alors il a besoin de se faire pardonner vite fait… Pour un peu c'est comme si je le faisais chier.
- Je suis sûre que non.
- J'en suis moins certain…
- Oh, Yann…

Yann soupira, un peu peiné. Il regarda dans le vide. Amy le regarda.

- Ça reste ton papa, tu sais. C'est pas ta faute s'ils se sont séparés.
- Je sais, mais… j'crois que c'est plus compliqué quand c'est deux hommes dont le mariage n'a pas vraiment de valeur légale ici, à Poképolis. Entre l'un qui est à des kilomètres dans son arène et l'autre qui pense qu'à se faire cuisiner…
- Charmant…
- J'étais poli !
- Je crois avoir vu, oui ! Yann, maintenant c'est peut-être un peu à toi de reprendre ton indépendance. Hm ?

Yann hocha la tête.

- Ce ne sont que de mauvaises années à passer.
- Jusqu'à ce que…
- Tu aies ton diplôme !
- Oh, je pensais que tu allais me parler de ma convention obsèques.
- … crétin… soupira Amy.

***

Gallame contre Ludicolo.

Le combat était acharné. Et cela durait, durait…
Les deux hommes étaient torses nus et en sueur. Charlie se démenait comme cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas fait. Nick semblait n'avoir jamais rien vécu d'aussi exaltant. La ténacité des deux dresseurs était mise à l'épreuve autant que la puissance de leurs Pokémon qui était phénoménale.

- COUPE PSYCHO !
- CONTRE AVEC CASCADE !
- LAME FEUILLES !
- TRANCH'HERBE !!
- OMBRE PORTEE !
- SURF !

Les attaques s'enchaînaient dans un ballet impressionnant. Paxton attendait le dernier duel pour réagir, l'arbitre étant complètement blasé par un match qui durait déjà sept heures.

- Tu ferais mieux d'abandonner, tu n'es pas de taille !
- Jamais, putain, jamais de la vie !! grommela Nick.
- Je plaisante, hein ? J'ai jamais vu quelqu'un être autant « de taille » à m'affronter !
- Merci. Tu n'es pas mal non plus.

Charlie sourit. Gallame attaqua avec Aéropique, ce qui repoussa Ludicolo une fois de trop.

- Ludicolo !!
- …

Le Pokémon chancela mais se reprit.

- Bien !! EBULLITION !
- PLAIE-CROIX !!

Gallame traversa le champ de bulles et dans un ultime effort, il terrassa le Pokémon Insouciant. Charlie tomba des nues, mais Gallame s'écroula aussi. Paxton releva la tête.

- Hmmm… Cette manche sera décisive, évitez d'y passer plus d'une heure… soupira l'arbitre.
- Tortipouss, à toi de jouer !!
- Frison, go !!

La Tortue de plante et le taureau chevelu se firent face. Charlie hocha la tête.

- Tu vas déchanter, et ce petit sourire d'ange va disparaître de ta belle petite gueule… sourit Charlie.
- Ah ouais ? Moi je crois que tes adorables mains vont devoir frictionner tes grands yeux quand tu vas pleurer pour cette défaite ! sourit Nick.

Les coups partirent. Paxton soupira. « Eh merde, on y sera encore à minuit, j'appelle ma femme… »

***

- Ca a été ?

Ethan hocha la tête. Rachel acquiesça.

- En même temps vous ne devez pas faire grand-chose… apprendre à lire, à compter…

Rachel attacha Ethan à l'arrière de la voiture. Elle monta ensuite à l'avant. Une fois face au volant, elle soupira.

- Ethan, ton père est en prison.

Rachel se mordilla les lèvres.

- Il est en prison parce qu'il… a fait du mal à beaucoup de gens, et il a mis en danger la vie de beaucoup d'autres. Et tout ça c'est ma faute, c'est parce que… J'ai blessé ton père, je lui ai fait beaucoup de mal…

Rachel serrait le volant de plus en plus fort, les larmes lui coulant des yeux.

- Tu ne reverras probablement pas ton père avant… un an, deux ans… Il me manque à moi aussi, bien sûr, mais… Je suppose qu'on doit payer tous les deux, à notre façon. Et je suis désolée que ça te retombe dessus, mon chéri. Je… Je t'aime et je ferais tout ce qu'il faut pour te protéger, et justement tu ne peux pas voir ton père pour le moment. Tu comprends ?

Rachel se retourna vers Ethan, un peu gravement bouleversée. Le gamin, impassible, se contenta de hocher la tête.

- Tu as le droit d'être en colère, Ethan.

Le gamin hocha de nouveau la tête. Rachel le regarda.

- Tu… Tu n'es pas en colère ?

Ethan secoua la tête.

- Nan maman.
- … vraiment ?
- Nan ça va. Papa va revenir un jour, c'est pas grave.
- … si tu as besoin d'en parler, je suis là mon chéri, d'accord ?
- Hm.

Rachel hocha la tête et reprit le volant. « Bon, il doit avoir l'ADN de Malcolm… avec beaucoup de sédatifs… »

***

Neuvième heure de combat.

Les efforts se font de plus en plus difficiles. Nick a été autorisé à prendre les nachos (froids) de Charlie entre deux envois de Pokéball. Tortipouss et Frison se livraient une lutte acharnée. Le petit Pokémon esquivait facilement les coups du gros et le frappait avec adresse. Au vu du comportement offensif de Charlie, Nick avait vite compris que Frison n'avait pas Herbivore, c'était donc à coups de Canon Graine qu'il harcelait la créature. Charlie tentait tous types d'offensives dans des mouvements souples et adroits.

- Tu es excellent… assura Charlie.
- Merci, mais j'ai de quoi exceller avec un tel adversaire.
- Stop les flatteries, là, j'ai un honneur de champion à garder.
- Un honneur de champion ? Tu es torse nu, tu transpires comme un malade et je vois tous tes poils !
- Moi je vois ton absence de poils ! assura Charlie.
- N'est-ce pas ? Tortipouss, Retour !

Le Pokémon atterrit au sol et se projeta droit dans le ventre de Frison. Le Pokémon encaissa lourdement.

- Frison !!
- Je vais gagner, Charlie, désolé !! Canon Graine !!

L'attaque fusa. Charlie réagit rapidement.

- Peignée !!

L'attaque dissipa le Canon Graine. Pire, Frison était parti dans une charge monumentale vers Tortipouss, une charge qu'il ne pourrait pas esquiver tant l'onde de choc était énorme.

- REPLI !

Tortipouss tenta de se protéger mais l'attaque était trop puissante et il fut emporté.

- T… TORTI…
- …

Lorsque l'attaque cessa de faire son office, Frison tenait debout. A peine, mais il tenait. Et Tortipouss était à terre. Charlie s'étonna. « J'ai gagné ?! »

- TORTIPOUSS !!!

Nick ramassa son Pokémon qui reprit connaissance.

- Tortipouss, tu vas bien ?

Vanné, le Pokémon se contenta de frotter son nez contre la joue de son dresseur. Paxton se releva.

- Victoire de Charlie Winchester. Je rentre chez moi, il est tard !

L'arbitre partit. Charlie approcha de Nick qui était dévasté par la défaite et l'épuisement.

- Nick…
- Uuuh… On… On a fait tellement d'efforts…
- Nick c… c'était un très beau combat.

Le challenger regarda le champion qui était sincèrement désolé de la défaite de son adversaire. Mais en même temps fier de lui et content d'avoir été ainsi tenu en haleine. Charlie tendit la main.

- Relève-toi, je crois que tes Pokémon et les miens ont besoin d'être soignés, on a besoin d'une bonne douche, et je pense que tu peux faire une pause dans ton voyage initiatique pour dormir chez un champion d'arène !

Nick sourit.

- Tu auras des occasions de recommencer, Nick, j'te le promets.

Nick hocha la tête et essuya ses larmes de colère envers lui-même. Il se releva avec son Pokémon et serra Charlie contre lui. Le champion enlaça son challenger.

- Ne t'en fais pas, pour rester parfaitement objectif, je ne tenterais rien sur ta personne ce soir !

Nick sourit.

- Je le mériterais vraiment au moment où j'aurais eu mon badge, n'est-ce pas ?
- T'as tout compris ! Allez viens. En plus tu n'as mangé que ces horribles nachos froids…
- Oh c'était pas si mauvais…
- Je vais te préparer une quiche, ça te dit ?
- Ouais, parfait ! J't'ai fait une si bonne impression ?
- Disons que oui et que… Je me suis revu en toi, plus jeune !
- Ah. Donc je suis traité comme un roi !
- Je te rassure, je ne traite comme des rois que les dresseurs qui tiennent neuf heures face à moi et ils sont peu nombreux !

Les deux hommes montèrent dans l'appartement de fonction du champion de Jadielle.

***

Diane rentra et trouva Rachel avec Ethan devant la télévision.

- Eh bah quelle journée ! Heureusement que vous êtes venues, les filles, j'aurais pété un câble !
- Ah oui ?
- Tu peux pas savoir comme c'est chiant une horde de sportifs qui parlent de vitamines et d'hormones…
- C'est un peu censé être ton métier en même temps…

Diane souffla.

- Quand même, je préfèrerais parfois juste donner des cours de step !
- Tu le fais, non ?
- Seulement le jeudi ! M'enfin j'vais pas te plaindre, toi, t'es prof !
- Toi au moins tu n'as pas à supporter des gamins geignards et insolents !
- Hm, parfois je préfèrerais des gamins !
- Crois-moi : Non !

Les deux jeunes femmes se sourirent. Diane partit en cuisine. Rachel vint la rejoindre.

- Diane…
- Oui ma belle ?
- Euh… J'y réfléchis de plus en plus et plus le temps passe plus je me demande si…
- Si ?
- Si ça va aller quand… le deuxième enfant sera là.
- Pourquoi, ça ira très bien ?
- Bah oui mais quand même… Déjà en colocation avec un enfant c'est un peu chaud, alors avec deux…
- Mais ça se passera très bien, arrête de t'en faire… Tu sais bien que je t'aiderais ! Et puis il y a Claire, Marigold, les homos…
- Hm… Ça m'énerve d'être une Blanche Dubois, de toujours devoir m'en remettre aux autres !
- T'as pas vraiment le choix en même temps. Et puis, toute seule, tu te ferais chier !

Rachel plissa les yeux et acquiesça.

- N'empêche dans quelques semaines je vais devenir une baleine !!

Rachel sortit de la cuisine. Diane hocha la tête.

- Hm. Mais tu seras toujours aussi jolie… marmonna Diane face à son plat.

***

Charlie vint s'installer dans son lit aux côtés de Nick avec un saladier de chips, tous deux douchés et nourris, en train de regarder la télé.

- Chips ?
- Volontiers ! En plus devant une rétrospective Léonardo Di Caprio…
- Yes, yes, yes ! Héhéhé ! J.Edgar, hmmm !
- Hmmm ! Héhé !

Petit silence. Ils se regardèrent, souriants, puis regardèrent de nouveau la télé.

- Etant donné…

Charlie regarda Nick qui lui parlait tout en regardant la télé.

- Etant donné qu'on ne peut rien faire de sexuel qui ruinerait ton objectivité de champion d'arène…
- Et elle est TELLEMENT facile à ruiner !
- Héhé… Raconte-moi ta vie !
- Ok… Je suis le fils de Lindbergh et de Lucy Winchester, qui sont tous les deux morts…
- Ow… pendant la guerre ?
- Non. Ma mère d'un cancer, bien avant, mon père après, d'une pneumonie. J'ai deux sœurs, Marine et Christine, qui sont mères de famille et un peu en froid avec moi…
- Comment ça ?
- En fait j'étais un peu rude avec mon précédent petit copain, ce qui a ulcéré Christine…
- Au moins elle tolère ton homosexualité !
- Certes. Quant à Marine, elle m'accuse d'incorrection parce que j'ai comme qui dirait fait une partie à trois juste après la mort de mon père.

Nick acquiesça.

- Ah ouais quand même... Ton précédent petit copain…
- Vingt ans de vie commune, mariage, un fils.
- Cool… et… long, intense, dis donc…
- Au final on ne se supportait plus, j'étais mauvais pour lui, il me tapait sur les nerfs. Mauvais mélange.
- Oh. Ton fils ?
- Yann, il a dix-huit ans, c'est un brave garçon et il est en fac à Hoenn.
- Il a quatre ans de moins que moi ?!
- Yep. Et j'ai terriblement envie de te sauter dessus ce qui me pose très peu de problèmes de déontologie, tant en tant que champion d'arène qu'en tant que père !
- Tu es champion depuis…
- Environ dix ans maintenant !
- Ouah !! Cool !
- N'est-ce pas ! A toi.
- Ok, je suis le fils de Holland et Marcia Murray qui sont morts pendant la guerre opposant les quatre régions de Poképolis…
- Désolé pour ça.
- Pourquoi ? C'est pas ta faute…
- Hm… J'ai été impliqué d'assez près en fait…
- Ah…
- J'ai essayé de l'empêcher, attention, hein !
- Oui, oui, je… je me doute… Bref, j'ai un grand frère qui est plus… sédentaire que moi, qui est posé, avec sa famille…
- Le genre chiant.
- Absolument !

Charlie sourit.

- J'ai été placé chez mon oncle et ma tante à Bonaugure… mais… j'avais quoi, 16 ans, j'avais envie de liberté. Le professeur Sorbier l'a bien compris, alors il m'a donné Tortipouss et il m'a dit : « Casse-toi de ce bled pourri, tu vaux mieux que ça ! »
- Et l'école…
- J'ai fait ce que j'avais à y faire, la fac c'était pas pour moi. La vie de dresseur par contre, c'est méga cool.
- C'est presque une vie de SDF !
- Mais en plus fun ! assura Nick.

Charlie sourit.

- Des petits copains ?
- Sur ma route, ouais… deux ou trois sérieux, pas mal de coucheries à droite à gauche… rien de fixe, évidemment.

Charlie hocha la tête.

- Et… là je me pose des questions…
- Je… m'en pose aussi. En théorie c'est très incorrect ce qui se passe, là.
- Les champions d'arène n'ont pas le droit d'être homos ?
- Les champions d'arène, comme c'est édicté dans le Saint Document des Lois de l'Association Pokémon…
- Dis-moi que ça ne s'appelle pas VRAIMENT comme ça !
- Non, ça s'appelle juste « Règlement de l'Association Pokémon », ce document stipule que les champions d'arène n'ont pas le droit d'avoir des relations avec leurs challengers. C'est une abomination. Lévitique !
- C'est vrai ?
- Hm, en théorie c'est à peine si j'ai le droit de t'inviter ici. Et si on apprend que je t'ai donné ton badge sans que tu aies eu à me battre ou sans que tu aies été mon disciple, je peux être mis en procédure de dessaisissement de mon titre.

Nick haussa les sourcils.

- Ah, mince !
- C'est très sérieux. L'association Pokémon, tout ça…
- J'ai jamais trop bien compris en quoi ça consistait.

Charlie ricana.

- Pourtant tu en es part intégrante !
- Ouais, j'ai cru entendre ça…
- L'association Pokémon c'est l'organisme politique qui régit toute cette règle des huit badges. A la base, c'est un évènement symbolique : Si cette ville a une arène avec un badge, c'est une ville importante. A Kanto, seule Lavanville n'a pas de badge. A Johto, Irisia a été dépossédée de son arène suite à la défection de Chuck et Ville Griotte a été promue au titre de Ville Blasonnée. Le badge est le blason de la ville, il la représente et lui confère sa réputation. Toi et les autres Dresseurs en voyage initiatique – d'ailleurs à la base le terme Dresseur était utilisé exclusivement pour qualifier ceux qui, comme toi, voyagent avec un Pokémon qualifié de Starter…

Nick avait laissé tomber sa tête sur les cuisses de Charlie qui lui caressait les cheveux.

- … votre rôle est de mettre à l'épreuve et d'attenter à la fierté de ces arènes en récupérant les badges. On considère que plus une arène offre de résistance, plus elle est courue, plus elle a une bonne réputation. L'arène d'Argenta par exemple a une excellente réputation parce que la plupart des dresseurs qui s'y frottent se heurtent à un véritable mur et n'y reviennent qu'après une lourde préparation.
- J'ai connu ça, ouais.
- Pourtant c'est la première arène. Il y a des calculs compliqués, des coefficients de victoire ou de défaite, des questions de positionnement qui entrent en compte… Le Président de l'Association Pokémon est cependant ce qu'on peut appeler un sale con.
- Je sais même pas qui c'est ! s'étonna Nick.
- Dans chaque région, il y a ce qu'on appelle une sommité scientifique, un professeur représentatif de l'association dans chaque région, qui a vraiment un rôle emblématique et tout sauf politique. Ils élisent à vie un président qui reste jusqu'à sa mort. Notre actuel président est… ce qu'on peut appeler vulgairement une grosse feignasse et un gros con.
- Vraiment ? ricana Nick.
- Hm…

***

« Son nom est Archibald Pringle »
« … comme les chips ? »
« On peut dire ça comme ça… D'ailleurs tout le monde l'appelle Pringle. »

Dans les couloirs du siège Social de l'Association Pokémon à Unys, un grand bonhomme aux cheveux courts, gris et dressés sur la tête. Il avait l'air un peu saoul, les yeux las. Grand costume trois pièces à motifs écossais vert, chaussures de ville…

Il entra dans la salle, précédé par son assistante, une petite femme noire avec lunettes et chignon dans une robe très stricte descendant jusqu'à ses chevilles. L'air impassible, mutique, comme si elle ne sourcillait jamais.

« On peut dire, en cela, que l'association est à la fois entre de bonnes et de mauvaises mains, parce que nous avons à la fois… »

- Eh bien, mademoiselle Ludges, l'Association a rendu sa décision…
- Oui…

Kate attendait une réponse qu'elle n'attendait pas vraiment, en fait. Elle avait fait ça quand la responsable des concours Pokémon à l'association était décédée, elle avait décidé de briguer le poste pour éviter qu'il ne disparaisse, connaissant la personnalité volubile du Président.

- … Vous avez votre siège au Conseil de l'Association, vous êtes des nôtres.
- Très bien !

« … absolument incorruptible et parfaitement irresponsable. Un dosage qui peut apparaître dangereux, mais qui tel la nitroglycérine, est parfaitement viable. »

***

Nick haussa les sourcils.

- Dit comme ça…
- Il faut avoir rencontré l'homme pour comprendre.

***

Pringle eut une flatulence alors qu'il serrait la main de Kate. Celle-ci, connaissant le bonhomme, fit mine de rire avec lui.

- Hahaha ! Décidément, on ne m'arrête pas !
- Oui, hihi…

« Il passe son temps à rire d'un rien. Les pires balourdises sont monnaie courante avec lui. Il pète ? C'est drôle. Il rote ? Idem. Quand il a le hoquet c'est le fou-rire absolu. »
« Je me doute… il est… bizarre ! »

- Aaaaaah… En tout cas, j'espère que vous assurerez votre place aux prochaines réunions. Ne vous inquiétez pas, on ne fait pas grand-chose…
- Sauf décider des politiques budgétaires… marmonna Kate, sarcastique.
- A plus taaaaaaaaaard !

Pringle s'en alla. Kate leva les yeux au ciel.

« Au moins, il n'est pas méchant, pas vicieux ou pervers. On ne lui connait AUCUNE conquête amoureuse ni aucune affaire de harcèlement ou de clientélisme de la prostitution, RIEN. Ce qui renforce son caractère incorruptible, impossible d'avoir quoi que ce soit contre lui. »

- Vous êtes un cas, quand même, monsieur Pringle.
- Oh, taisez-vous, Wefa !

***

Nick se redressa.

- Bon, c'est pas tout ça, mais on devrait dormir.

Charlie hocha la tête.

- Ouais. Demain, je t'entrainerais un peu pour que tu puisses me battre.
- Vraiment ?
- Ouais ! Tu me prends pour un menteur ?
- Non, mais… t'as le droit ?!
- Pas vraiment. Mais avec toi c'est différent.

Nick sourit. Les deux hommes mirent de côté leur nourriture, éteignirent la télévision et se couchèrent, dos à dos.

- Bonne nuit Charlie.
- Bonne nuit, Nick.

Charlie eut un léger sourire bienheureux avant de se coucher.

***

- Tout le monde est au lit… Léa fait de meilleures nuits que je pensais…
- Hm.

Claire regarda Malcolm qui lisait.

- Est-ce qu'il y a un problème, Malcolm ?!
- Non.
- La dernière fois que je t'ai vu comme ça, c'était après la naissance de Nell.

Malcolm regarda Claire.

- N… Non, non, ça n'a rien à voir.
- Explique-moi tout de suite alors sinon je pars vivre chez Vincent et Will.
- … ouh… ok… D'accord. Roland me manque.

Claire grimaça.

- Roland te manque ?!
- Roland me manque. C'est si étonnant que ça ?
- I… Il t'a frappé !
- Son Kapoera m'a frappé.
- Il a étranglé sa sœur, il a failli noyer son frère !
- David a été aspergé et Lily à peine saisie à la gorge !
- Il aurait pu s'en prendre très violemment à Rachel ! Il a craché sur Yann et il l'a roué de coups !!
- Tu exagères.
- Et toi tu minimises !! Rachel a énormément souffert de cette situation !
- Rachel n'avait pas à faire ce qu'elle a fait.
- MALCOLM !
- Quoi ? C'est vrai, non ! Si toi tu me trompais j'aurais une réaction identique. En moins violente, mais je serais parti aussi.
- … Mais tu te rends compte ?! E… Et les enfants ?
- Claire, la question n'est pas sur la table, alors…
- Si, Malcolm ! Elle l'est ! Tu veux dire que tu tiens si peu à moi qu'à la première erreur, tu partirais comme… comme un gros lâche !

Malcolm regarda sa femme.

- Oui. Je ne pourrais pas supporter ça. Ce serait trop dur de me dire à chaque fois… quelqu'un d'autre l'a touchée, l'a… aimée. Et… et cette personne a profité de ma femme. Claire, dis-moi que si je te trompais tu n'aurais pas une réaction ?
- Je serais furieuse.
- Hm, tu vois.
- Mais j'essaierais de comprendre. Et de faire avec.
- Bien sûr. On voit comme ça a réussi aux parents de Roland.
- Evidemment.
- Et à mes parents.
- … Cela leur a réussi, du peu que j'ai vu.

Malcolm soupira. Claire souffla.

- Tu sais, ma mère a pardonné à mon père aussi, personne n'est mort.

Malcolm regarda Claire, vaincu.

- Alors c'est comme ça ? Un jour nous aussi, on va se tromper ?!

Claire regarda Malcolm qui semblait effrayé à cette idée. Claire vint se mettre au lit avec lui.

- Malcolm…
- Je veux pas que ça arrive !
- Mais moi non plus, Mac. C'est juste que tu ne peux pas… imaginer ce que ça sera si un jour ça arrive. Regarde, Charlie et Léo… Enfin, regarde Charlie et Léo qui sont restés ensemble malgré tout… enfin tu vois ce que je veux dire.

Malcolm acquiesça et embrassa sa femme.

- D'accord, d'accord.
- J'éteins et on dort ? Je suis éreintée, je crois que c'est ma dernière année de doyenneté.
- Tu dis ça chaque année depuis cinq ans !
- Oh ça va hein !

Le couple se coucha. Juste avant de dormir, Malcolm marmonna :

- N'empêche que Roland me manque.

Si Claire n'avait pas été aussi fatiguée, elle aurait répondu, mais elle préféra laisser couler et dormir.
Malcolm, lui, ne dormit pas, et laissa libre cours à son amertume.















Chapitre 5 – Bande à part

« Les pires exils sont intérieurs. »
(Anne Dandurand)

« Et j'ui ai dit
'Toi tu m' fous les glandes
Pis t'as rien à foutre dans mon monde
Arrache toi d' là t'es pas d' ma bande
Casse-toi tu pues
Et marche à l'ombre' »

(Renaud, Marche à l'Ombre)



- Pfouuuuu… Et voilà. Tout est en ordre.
- C'était pas gagné… soupira Claire.
- Mais au moins c'est fait ! Les dossiers des élèves sont TOUS en ordre !

Claire et Vincent levèrent les bras en l'air, soulagés.

- Chaque jour de travail est une victoire !
- Monsieur Hadley, j'aimerais avoir votre vitalité parfois… Et c'est vous le plus âgé d'entre nous deux !

Vincent sourit.

- C'est grâce à l'amour, Claire… L'amour sauve les gens comme moi qui ne peuvent pas vivre seuls.

Claire s'étonna.

- Tiens donc.
- Quoi ?
- Rien, vous… insinuez seulement que certaines personnes sont faites pour rester seules !
- Hm, oui… Vous ne le pensez pas ?
- Personnellement avec la vie que j'ai maintenant je ne pourrais pas être seule.
- Je préfère penser que l'amour est nécessaire à certains, pas à d'autres. Par contre, l'amitié…
- C'est pour tout le monde !
- Oui !

Claire sourit.

- Ca, c'est une belle pensée.
- Tout comme la fraternité. Je n'ai pas de frères ou de sœurs, mais… je pense que c'est indispensable pour tout le monde d'avoir de bons rapports familiaux.

Claire acquiesça.

- Hm… Oui, c'est… c'est vrai.

***

- C'est pas vrai, c'est pas vraiiiiii !!!

Finn observa Lily qui était en train de fouiller dans son bureau.

- Chérie ?!
- PAS MAINTENANT !
- Mauvais jour du mois ? Je sais que l'entrée de Noé en cours préparatoires t'a un peu secouée, mais…
- J'AI eu mes règles il y a quelques jours mais CA N'A RIEN à voir avec là, maintenant !
- Comme d'habitude je suis super content de connaître l'emploi du temps de ton utér…
- C'EST TOI QUI DEMANDE !

Finn plissa les yeux.

- Où est CE PUTAIN de dossier TRUMB !!
- T'avais pas mis les dossiers dans l'étagère de notre chambre ?!

Lily regarda Finn qui haussa les épaules.

- Dieu merci tu sais faire autre chose que des enfants !
- … c'est… gentil ?
- Je suis en colère parce que mes PARENTS vont venir ici ! Ils vont prendre le train EXPRES !
- Dur.
- Ca m'énerve ! Et il faut que j'invite David et sa famille en plus.
- Ici ? C'est méga petit, pourquoi on va pas faire ça chez eux ?!

Lily regarda Finn qui haussa les épaules. Elle lui sauta dessus.

- EEEEEEEEH !!!
- Tais-toi et enlève ton PANTALON !!!

On sonna à la porte. Lily poussa un hurlement.

- Aouch… geignit Finn en se tenant les oreilles.
- QUI QUE CE SOIT, JE LE TUE !!! OUI, QU… Léopold ?!
- Bonjour, ex-patronne ! Je dérange ?
- N… Non !
- Si grave, mais elle osera pas te le dire.

Léopold acquiesça. Lily balança des rayons lasers de la mort sur Finn qui explosa en mille petits morceaux de viande.

Du moins Lily aurait aimé que cela se passe ainsi.

- Euh, tu… veux entrer ? s'étonna Lily.
- Non, en fait je voulais juste savoir si tu n'avais pas besoin d'un éleveur dans une de tes entreprises.

Lily grimaça.

- Tu cherches du boulot dans la région ?!
- Oui, Owen va se remettre à travailler et il faut bien que je subsiste…
- Je ne sais pas si j'ai de la place pour toi, on a un turn-over terrible en ce moment…
- S'il te plait, s'il te plait, s'il te plaiiiiiiiit !

La petite Flora, tout juste réveillée par les hurlements précédents de sa mère, arriva avec son doudou.

- Je pourrais garder ta fille, ça vous ferait du temps libre !

Lily regarda Finn qui secoua la tête.

- Vu ce que Denis nous a raconté sur ton… mec et sur vos activités quotidiennes, je préfère encore enfermer Flora dans un bac à fumier quand on veut être seuls ! assura l'ex militaire.

Léopold grimaça.

- Sale homophobe ! grommela le blond.
- Sale pédé ! rétorqua Finn.
- Oh, oh, oh, y'a une petite fille qui écoute, là !
- Maman, caca culotte…

Lily soupira.

- J'essaie de te trouver une place.
- MERCIMERCIMERCIMERCI LILY !!! Je veux dire… Madame Meadow !
- De rien… si ça te fait plaisir…

***

Claire entra dans la salle des professeurs.

- Bonjour madame Heine !
- Bonjour !
- Merci d'avoir autorisé les repas ici !
- De rien. Coucou mon chéri !

Malcolm se retourna vers Claire.

- Salut.
- Tu vas bien ?
- Hm.
- Dis voir, on pourrait inviter Rachel à dîner !

Malcolm plissa les yeux.

- Tu… es sûre que c'est une bonne idée ? Elle est enceinte, ce… n'est pas bon pour le bébé…
- On n'aura qu'à aller la chercher en voiture ! Ou alors Diane l'amènera.
- Diane ?
- La colocataire de Rachel !
- Oh… euh… Oui mais ce week-end je vais être très occupé, j'ai fait des évaluations à mes premières années…
- Les premières années, ceux à qui tu fais apprendre par cœur la précision de base des attaques ?
- … C'est très compliqué à corriger, ils écrivent très mal !
- Tes évaluations de 1ère année sont des QCM, Mac…
- … J'ai changé de système !

Claire regarda Malcolm, consternée. Le prof de maths soupira.

- J'ai moyennement envie de la voir ! D'autant plus avec sa coloc, j'la connais pas !
- Malcolm, dans ce genre de situation, je reconnais l'homme que j'ai épousé et dans le même temps je me demande aussi POURQUOI je l'ai épousé parce que… Ouuuuuh !! Quelle tête de nœud tu fais !
- Claire…
- Je veux voir mon neveu ! Voilà, c'est dit !
- Je peux comprendre, mais…
- Tu ne veux pas voir ton neveu ? Tu te moques d'Ethan ?
- Mais non, Claire, ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit !
- Pourquoi tu es aussi froid à l'égard de Rachel !
- Pour les mêmes raisons que d'habitude ! Laisse-moi un peu de temps ! C'est… c'est dur pour moi d'avoir perdu mon meilleur ami à cause d'elle.
- Roland s'est perdu tout seul, Malcolm.
- Claire…
- Il n'a pensé qu'à lui, il n'a même pas emmené son fils et il lui a dit des choses horribles avant de partir.
- Claire, sur le moment…
- Je ne sais pas ce qui s'est passé quand il est parti et que vous êtes allés le chercher, mais quelque chose me dit qu'il n'a pas été des plus amicaux avec toi.

Malcolm plissa les yeux.

- Euh…
- Pourquoi tu agis comme ça, alors ?!
- …

Claire fut abordée par une jeune femme.

- Madame Heine ?
- Oui, excusez-moi ?
- Je crois que je suis la nouvelle prof d'histoire, la remplaçante de monsieur Tixier, Helen Clover.

Claire regarda la jeune femme qui semblait avoir son âge, grosso modo, blonde avec les cheveux légèrement ondulés.

- Euh, oui, venez je vais vous diriger vers votre casier et votre salle. On en reparlera, Malcolm !
- Hm, hm…

Malcolm soupira et s'en retourna vers son casier.

« Elle a raison… Je rejette tout sur Rachel, mais c'est Roland qui est parti… C'est Roland qui a pété un plomb… C'est Roland qui a eu un comportement merdique… je le pensais aussi, jusqu'à ce qu'il devienne fou, là j'ai pensé que ça allait trop loin pour n'être que du Roland… Et ensuite j'ai compris que c'était forcément aussi un peu sa faute à elle… »

Rachel arriva. Elle regarda Malcolm mais ne chercha pas trop à entériner.

***

- Tes Pokémon doivent en revenir aux bases. Quand on a fait le tour d'un entrainement, on doit revenir aux sources pour se redécouvrir soi-même. Ainsi parla Etienne Smirnoff.

Charlie et Nick faisaient un pique-nique dans l'arène alors que les Pokémon de Nick effectuaient un parcours du combattant.

- Merci pour tous tes judicieux conseils !
- Ce soir tu réessaieras d'avoir ton badge, avec moins de Pokémon histoire qu'on ne dérange pas trop Paxton !
- Le pauvre, oui. En tout cas je m'en souviendrais de la récupération de mon huitième badge de Kanto !
- Oui c'est sûr que c'est pas tous les champions qui vont faire ça !

Nick sourit et reprit du fromage.

- Dommage !
- Héhé, oui…
- Ca rendrait les matches plus intéressants…
- Certainement. Après ça, tu passeras à l'entrainement aux cibles.
- Oui, maître Winchester !

Charlie sourit.

- M'appelle pas comme ça !
- Quoi, c'est de bon ton, nan ? Tu es mon maître !
- Je suis le champion, tu es mon challenger. Et dans le civil, tu es un garçon qui m'intéresse !

Nick sourit.

- Vivement, alors.
- Vivement quoi ?
- Vivement que j'aie mon badge. Qu'on puisse… s'intéresser mutuellement !
- Hmmm ! J'aime ce genre de propos qui sous-entendent plein de trucs ! sourit Charlie.
- On dirait que tu as seize ans et qu'on vit une idylle adolescente !

Charlie grimaça légèrement. « Evidemment, super, ramène-moi à ça… »

- Disons que ça me réjouit assez tout ça… Tu me plais et… je sens que je te plais aussi, donc ça s'annonce intéressant !
- Pas de plans sur la comète, hein ! On a juste combattu ensemble !
- Pendant neuf heures ! Et on s'est racontés nos vies ! sourit Charlie.

Nick acquiesça.

- Et tu sors de vingt ans de relation.
- … Oui… oui… oui…

Silence. Les Pokémon de Nick achevaient leur parcours. Charlie se leva.

- Je vais installer les cibles.

***

- Qu'est-ce qu'on a…

David regarda le Limonde qui avait visiblement été brûlé par un fer à repasser. Il regarda sa maîtresse qui semblait peu au fait des choses.

- Je… J'ai pas compris, l'instant d'avant, le fer à repasser était sur la planche à repasser et l'instant d'après…
- Laissez-moi deviner, le fer tombe, Limonde se débat et se brûle…
- Exactement !

David regarda les deux médecins qui travaillaient avec lui aux urgences. Il soupira.

- Ce Limonde a probablement des blessures internes graves, on va devoir le garder en observation…

La maîtresse hocha la tête.

- Comme le Pokémon est plat, les brûlures se sont implantées plus profondément…
- Hm-hm…
- Et si on ne fait rien, il risque d'être handicapé à vie…
- Hm. Hm…
- Et si on le hache menu, il fera un délicieux pâté !
- Hm, oui, je… Quoi ?!

Les médecins sourirent. David leva les yeux au ciel.

- C'est juste moi ou vous n'en avez rien à faire ?
- P… Pardon mais ce n'est pas de ma faute, ce stupide Pokémon n'avait pas à sauter sur la planche à repasser comme ça !!
- Sa stupide maîtresse n'avait pas à le laisser hors de sa Pokéball en plein repassage !
- Pardon ?! Vous venez de m'insulter ?!

Les deux médecins regardaient le docteur David Smirnoff qui était… survolté.

- Tout à fait ! Vous êtes une idiote et je devrais vous signaler pour que vous soyez placée sous surveillance ! Vous savez quel effet ça peut avoir dans votre réputation et pour votre travail, je suppose, d'être accusée de maltraitance et de négligence sur son Pokémon ?
- N… M… Je ne l'ai pas fait exprès, j'ai dû m'absenter quelques minutes pour vérifier si mon repas était prêt…
- Et alors ? Vous aviez besoin de votre Limonde dehors ?
- M… M…

La femme fondit en larmes. David hocha la tête, satisfait.

- Bon ! Au moins elle en a quelque chose à faire maintenant !
- Smirnoff !!

David se tourna vers le chef des urgences qui l'interpellait, furieux.

- … Je vous ai à l'œil !

David se tourna vers ses assistants.

- Emmenez ce Limonde au bloc !
- Oui docteur !
- Oui !

En allant vers un autre patient, David haussa les sourcils. « Je devrais être en manque de sexe plus souvent, ça me donne la patate ! »

Son téléphone sonna. Lily.

- Oui sœurette ?
« David, j'ai une mauvaise nouvelle à t'annoncer. »

David se décomposa.

- … oh non…
« C'est au sujet de papa, maman et tante Estelle. »

David secoua la tête, au bord des larmes.

- Mais qu… qu'est-ce qui…
« Ils vont venir dîner, et on doit tout faire chez vous, chez nous c'est trop petit ! »

David grimaça.

« HAHAHAHA J'IMAGINE TA TETE !!! »
- … j'te déteste !!

***

- Je pense qu'il faut juste que… j'y pense pas !

Amy hocha la tête, l'air absolument gavée.

- En tout cas faudra que j'aille voir Charlie, histoire de. Ce week-end, peut-être.
- Ce week-end, on est censés aller avec Dimitri faire la queue pour prendre les réservations pour le Comic-Con ! grommela Amy.
- … ah oui c'est vrai… Ça va être d'enfer, ça, d'ailleurs. J'irais voir Charlie plus tard. C'est pas comme si l'arène allait s'envoler. J'espère quand même qu'il est toujours célibataire, qu'est-ce qu'on s'était marrés la dernière fois !

Amy agita la tête. « Est-ce que je dois lui dire qu'il est méga lourdingue à toujours parler de ses parents qui sont séparés ? Oui, non… »

- Quant à Léo j'essaierais de l'inviter seul à seul dans un café, parce que là… Je t'ai raconté comment ça s'était passé…
- Des centaines de milliers de fois ! soupira Amy.
- … un problème ?
- Non, je viens de le dire, une centaine de milliers !

Yann pencha la tête sur le côté. Amy leva les yeux au ciel.

- Quand mes parents ont divorcé, moi, je ne me rappelle pas m'être plaint auprès de toutes mes copines, je leur ai dit une fois, et après basta ! Toi ça fait cinq mois et tu t'en plains tout le temps !!
- M… ça me perturbe, Amy, quand même, ils m'ont adopté après la guerre, j'avais vraiment besoin d'eux et maintenant…
- Oui mais ça n'est pas la mort ! Et surtout, sans aucune homophobie déplacée de ma part j'en ai marre de t'entendre parler de leurs histoires de couple ! Soit c'est dégueulasse soit c'est glauque !
- Ok, ok, j'arrête !
- Merci, au nom de dieu, merci !
- A ce point ?!
- Tu ne t'en rends pas compte mais tu es très obsessionnel parfois ! Où est Dimitri au fait ?
- Il a ses cours, non ?

***

Dimitri rangeait ses classeurs. Il commençait à se dire que sa vie était un peu monotone, et tout le toutim. C'est alors qu'arriva la bande qui allait changer sa vie.

D'abord, le leader, Justin. Justin Rieber. Le mauvais garçon le plus bad boy de toute la fac. Blouson en cuir, cheveux bruns et dressés sur la tête, regard langoureux… Un cador !

La fille de la bande, Laura Scherzinger. Blonde, légèrement gothique sur les bords, vêtements de cuir également, maquillage prononcé mais pas vulgaire.

Enfin Zachary Taylor, un jeune homme à la peau sombre avec des dreadlocks, vêtu de manière bien moins policée que ses camarades.

Ils étaient connus comme les badass de la fac. Se frotter à eux, c'était se mettre en danger.

- Corbin… Tiens, tiens…
- Oh, salut, Justin… marmonna Dimitri. Laura, Zach…
- 'lut.
- Lut.

Justin s'adossa au casier de Dimitri.

- Dis-moi, tu caracoles en tête du classement des meilleures notes de la classe, pas mal pour un mec qui a essayé de se suicider l'année dernière.

Dimitri regarda dans le vide puis hocha la tête.

- Oui on peut dire que je l'ai échappée belle ce jour-là…
- Ouais. Ecoute, ça me fait grave chier que tu joues les coqs dans la promotion alors que t'es juste un pauvre timbré.
- Ah.
- … ouais, tu vois, c'est pour ça que tout le monde te déteste, mais surtout moi en fait. Bref, j'te lance un défi, on va se battre devant toute la classe, au prochain cours de combat direct. Et j'te ferais mordre la poussière. T'as pigé ?
- Oui.
- Arrête de répondre comme ça, tu te prends pour qui ?
- Dimitri, c'est mon nom.
- Quelle tâche… soupira Zach.
- Grave… soupira Laura.
- Au prochain cours, t'es mort. Pigé ?
- Pigé !

Le petit groupe partit. Dimitri soupira.

- J'ai rien compris…

***

Claire étant occupée à manger avec le proviseur, Malcolm mangeait seul. Une situation loin de l'embêter.

Et puis arriva sa sœur.

- Hey, frangin !
- … Rachel…
- Je t'ai vu tout seul, je me suis dit… Tiens, pourquoi pas !
- Hm, pourquoi pas en effet…
- Tout va bien ?
- Oui, ça va, le moral va. Et toi ?
- J'ai eu un peu de mal mais ça va, je suis retombée sur mes pieds.
- Eh ben tant mieux.

Rachel pencha la tête. Silence, Malcolm ne semblait pas vouloir entériner.

- Tu m'en veux encore, c'est ça ?
- … pour ?
- Parce qu'à cause de moi, Roland est parti, donc tu m'en veux parce que c'est ma faute.

Malcolm hocha la tête et tendit une main vers Rachel.

- C'est bien, au moins tu es lucide, sœurette.
- Oh mon Dieu, et tu crois que je me sens propre ? Bien dans ma tête et dans ma peau ?
- Ca va mieux en tout cas.
- C'est difficile, Malcolm ! Ethan réclame son père et je suis enceinte ! J'ai un peu toutes les raisons d'y penser tous les jours ! Et je ne te parle pas du sentiment de passer pour une conne, d'avoir fait la pire connerie de ma vie…
- Tu l'aimes toujours ?
- Bien sûr. C'est lui qui est parti, je te rappelle. J'aurais fait n'importe quoi… n'importe quoi pour qu'il me pardonne… ou même pour qu'il ignore que j'avais couché avec ce type, mais il l'a senti… Il… Il m'aimait tellement qu'il l'a senti…

Malcolm regarda Rachel, moins furieux qu'au départ.

- … tu… es allée voir Roland ?

Rachel fondit en larmes. Malcolm grimaça.

- R… Rachel !
- Excuse-moi ! J'te demande pardon, Mac ! J… J'me sens tellement conne !
- … je… je me doute…
- J'ai pas osé, en plus avec le petit, avec le bébé…
- Oui, oui…
- Je sais même pas ce que je vais en faire !
- Rachel, voyons !! geignit Malcolm d'une façon très inhabituelle chez lui.
- J'ai besoin de toi, Malcolm ! J… J'ai besoin de toi, s'il te plait !

Malcolm serra sa sœur dans ses bras.

- Désolé d'avoir été aussi froid…
- Désolée d'avoir été une garce !
- Mais non… T'as agi dans la chaleur du moment, c'est tout…
- Merci d'être cool, j'ai cru que tu allais faire comme d'habitude et faire ton enfoiré…

Malcolm haussa les sourcils. « V'la pas la réputation de merde que je me tape ! »

***

- Bien, cours de combat direct, on va commencer doucement…

Rachel manipula son ordinateur et diffusa des images sur le projecteur. Yann et Amy étaient comme à leur habitude côte à côte avec Dimitri à leurs côtés.

- Tu dis plus rien ! s'étonna Amy.
- J'ai plus de sujets de conversations, j'ai passé les derniers mois à me prendre la tête à propos de mes parents… soupira Yann.
- … tu es impossible !

Dimitri haussa les sourcils. « Bon, visiblement tout est normal… »

- EXCUSEZ-MOI, MADAME SMIRNOFF !

Tout le monde se tourna vers Justin Rieber. Rachel grimaça.

- C'est… Heine, maintenant.
- Vous avez divorcé ?! s'étonna le jeune homme.
- … non, je suis devenue féministe, j'ai décidé de reprendre mon nom de jeune fille pour me délester des chaînes de l'oppression masculine !
- C'est pas comme ça que je m'en rappelle… marmonna Dimitri.
- Chhhhht ! grommela Yann.
- Madame, je souhaiterais provoquer Dimitri Corbin en duel pour le combat du jour !

Etonnement dans la salle. Yann regarda Dimitri, stupéfait.

- Qu'EST-CE que tu as ENCORE fait ?
- Tu m'as laissé tout seul, quand tu me laisses tout seul, il m'arrive toujours des embrouilles !
- Il a raison ! admit Amy.
- Bah oui mais la dernière fois t'as essayé de te suicider, je pensais que tu avais retenu la leçon et que tu étais devenu prudent !
- Ils sont venus vers moi, Justin m'a provoqué, il m'a appelé Bébé…
- Il appelle tout le monde bébé ! grommela Yann. Bébé, bébé, bébé, c'est son truc !
- Même moi ! admit Amy.

Yann regarda Amy, scandalisé, puis il regarda Dimitri.

- … déchire-lui le gros intestin !!
- C'est comme si c'était fait… au sens figuré bien sûr !
- Evidemment ! grommela Yann.

Rachel invita les deux garçons à venir en découdre. Justin descendit sous les applaudissements. Dimitri se leva en soupirant. Amy regarda Yann.

- Même pour encourager Dimitri, tu fais des métaphores gays !
- Je devrais demander à Wilfried s'il ne veut pas m'initier, aussi, non ? grommela Yann.
- Je plaisante, je plaisante, tu prends tout au premier degré… T'es pire que Dimitri en fait !

Yann secoua la tête. « Non mais écoutez-la… »

Dimitri et Justin se mirent face à face. Dans l'amphi, des groupies encourageaient Justin.

- ALLEZ JUSTIN !!!
- WOUUUUUUUUUUUUUH !!!!
- JUSTIN, JUSTIN, JUSTIN !!
- N'importe quoi… souffla Yann.
- Faut avouer qu'il est plutôt beau garçon… marmonna Amy.
- Quoi ? J'ai vu plus viril dans les pornos de mes parents !

Amy lança un regard halluciné à Yann qui la regarda.

- Au moins maintenant t'arrêtes de regarder sa petite gueule de con !

Amy leva les yeux au ciel, désabusée.

- T'es prêt, monsieur le boss de l'école ?
- Je n'ai jamais réclamé ce titre, tu peux le prendre…
- Ton attitude m'énerve.
- Tu n'es pas le premier à me dire ça.
- Tu fais chier… A toi, Coxyclaque !!!

L'insecte arriva en jeu, prêt à en découdre. Dimitri acquiesça.

- Coxyclaque !!! Yeaaaaaaaah !!! crièrent les filles.
- Ok, euh…

Petit temps de latence.

- Un problème ? s'étonna Rachel qui s'était posée en arbitre.
- Je réfléchis… marmonna mollement Dimitri.
- On voit bien que tu as été chez les fous, t'es complètement mongol !
- Si j'appelle Nidoking, je te bats en trois coups. Si j'appelle Vaututrice en deux, trois grand max, un si j'ai de la chance. Si j'appelle Mastouffe, j'aurais du mal, il me faudra être rapide. Si j'envoie Crabaraque, ce sera facile aussi. Si je sors Spinda je peux m'en tirer facilement. Et Brouhabam, ce sera compliqué mais je m'en tirerais aussi.

Justin pencha la tête sur le côté. Le reste de la classe était étonné. Dimitri se dirigea vers un tableau blanc.

- Je peux ?

Rachel haussa les épaules. Justin s'étonna.

- Hm…

Dimitri inscrivait les noms des membres de son équipe et évaluait leurs chances de victoire avec des pourcentages.

- Ca lui a réussi, l'hôpital psychiatrique… marmonna Amy.
- Ca lui a surtout permis de développer son vrai potentiel intérieur. Il dépote, notre Dimitri, maintenant… marmonna Yann.

YANNOU : 55%
KOKOMO : 45%
BOTOX : 80%
LUCKY : 30%
BERNIE : 80%
JACQUELINE : 70%

- Les pourcentages bas sont uniquement dus à des problèmes concernant la vitesse de Coxyclaque, cela joue beaucoup. Il faut également que je tienne compte de la puissance de tes attaques. Si j'en juge par le brillant de la carapace de ton Coxyclaque…

Justin regarda son Pokémon qui le regarda également.

- Ce Pokémon est bien entrainé et tu as tout concentré sur son attaque et sa défense spéciale – classique chez un Coxyclaque. Je pense que tu vas chercher à m'embêter et à placer des murs pour épauler les Pokémon suivants. Il se peut aussi qu'il maîtrise des techniques climatiques, là encore ça épaulerait les suivants…

Justin avait les oreilles qui fumaient. Dimitri était en pleine réflexion.

- Et si tu avais des attaques élémentaires comme Poing Eclair ou Poinglace…
- C… C… C'EST JUSTE UN PUTAIN DE COXYCLAQUE !!! BATS-TOI !!!

Dimitri claqua des doigts et désigna son adversaire.

- Ca y est. J'ai compris ta stratégie. C'est juste un Pokémon que tu envoies en guise de leurre. Il n'est pas puissant, pas spécialement utile dans ta stratégie, mais tu l'envoies pour me jauger. Je pense que ton attachement à ce Pokémon est réel mais qu'il n'est pas très fort en combat donc tu le prends en éclaireur. Tes Pokémon suivants sont très forts, ils feront le travail pour lui.

Justin tomba des nues.

- … sale… petit…
- BOTOX, GO !

Nidoking apparut.

- ATTAQUE DIRECT TOXIK !

Nidoking allait frapper Coxyclaque mais le rapide Pokémon esquiva. Justin vit clairement que Dimitri était sérieux. Très sérieux.

- Mach Punch !!

Coxyclaque fonça sur Nidoking en ligne droite. Dimitri haussa les épaules.

- Botox, Lame de Roc…

Nidoking leva la patte et conjura des rochers qui frappèrent Coxyclaque de plein fouet. Justin écarquilla les yeux.

- Est-il nécessaire de continuer ?
- …
- J'ai été l'élève de R… D'un puissant dresseur !

Rachel baissa la tête, démolie par le rappel.

- Pardon ! geignit Dimitri en regardant sa prof.
- chmnrieeeen… grommela Rachel.
- J'ai une façon de faire bien à moi, une discipline et quand je me bats, je prends tout très au sérieux. Trop au sérieux peut-être.
- … MORPHEO !

Le Pokémon nuage fit suite à la coccinelle. Dimitri acquiesça et rappela Nidoking.

- Grêle !

Rachel s'éloigna. Une zone grêleuse se créa sur l'estrade. Dimitri envoya Vaututrice.

- Envelocape empêchera Vaututrice d'être atteinte.
- C'est super utile ! Laser Glace !

Morphéo, ayant revêtu les apparats du type Glace, souffla un puissant rayon glacé. Vaututrice encaissa le choc.

- Hm ! Elle ne tiendra pas longtemps à ce rythme !
- Non en effet. Atterrissage !

Vaututrice renforça sa prise au sol. Dimitri acquiesça.

- Et alors ? Cela ne fait que retarder l'échéance !
- Ouais, aussi. Mais au moins ton Blizzard est moins efficace. Et ma Vaututrice a de sacrées défenses, donc maintenant…

Vaututrice s'entoura de flammes bleues. Morphéo et Justin s'étonnèrent. Les groupies de Justin s'étonnèrent.

- Que va-t-il faire au beau Morphéo de Justin ?!
- Oh non !!

L'attaque Rapace frappa Morphéo de plein fouet. Le Pokémon vacilla gravement. Justin serra les dents.

- Bon sang…
- Voilà, voilà.
- Ne me dis pas « Voilà-Voilà ! »
- On n'a même pas décidé c'était combien contre combien ! s'étonna Dimitri.
- ONIGLALI !!!

Le Pokémon Face apparut.

- CE sera AUTANT de Pokémon que je le DIRAIS !!!
- Reviens, Jacqueline !

Justin s'étonna. Dimitri haussa les épaules.

- Comme tu veux. Bernie !

Crabaraque fit face au visage glacé. Justin grommela.

- Reviens, Oniglali !
- …
- A toi, Porygon-Z !!! Hahaha ! Tu ne t'y attendais pas à ça, hein !!

La créature déjantée de l'informatique faisait tournoyer sa tête. Dimitri acquiesça.

- Il est cool !
- ATTAQUE TONNERRE !!!

Porygon-Z s'attela à frapper Crabaraque, mais le Pokémon résista plutôt bien à l'attaque.

- Bravo, Crabaraque !
- Hmph !!
- Plaie-Croix !

Crabaraque s'avança vers son ennemi qui encaissa sans esquiver. Dimitri s'étonna.

- Oh…
- Adaptation 2 !!!

Porygon-Z changea son type. Justin ricana.

- Petit crétin, tu as perdu ! Porygon-Z est devenu de type Feu !! Il va dégommer ton stupide insecte !!! HAHAHAHA !!!

Silence gêné dans l'amphi. Yann serrait les dents, Amy levait les yeux au ciel. Laura et Zach grimaçaient l'air de dire « mais il est con celui-là ! »

Rachel elle-même était embarrassée. Justin la regarda et regarda la salle, consternée.

- Quoi ? Quoi ?!

Un Roc-Boulet et un caca nerveux atroce plus tard, Justin tenta de reprendre son calme.

- PHARAAAAMP !!!
- Je vais pas ressortir Nidoking quand même…
- ATTAQUE POING DE FEU !

Pharamp fonça vers Crabaraque.