Chapitre 7 : Dans son dos
Chapitre 7 : Dans son dos
« Aller, Soklar. Un petit bisou et on y va. »
« Je ne veux pas, je ne vois pas pourquoi je dois faire ça. » marmonne l'adolescent alors qu'il n'hésite pas à le faire quelques secondes après. Ce masque est vraiment bizarre. Lui permettre de l'embrasser sur la joue comme si de rien n'était.
« Car peut-être tu m'as fait la tête toute la semaine ? Mais maintenant si tu es prêt ... hum ? Qu'est-ce que c'est que ce sac, Soklar ? »
« Juste de quoi nous nourrir pour là-bas. » répond Soklar en tremblant un peu.
« D'accord, d'accord. Allez, tu me donnes la main ? »
D'accord, si elle le veut tant que ça, il va le faire. Il serre la main de sa sœur dans la sienne alors qu'ils quittent la demeure familiale. Ils se dirigent tous les deux vers la ville de Karak, une belle ville, qui donne l'impression de faire partie d'un temps des plus anciens à cause de son architecture. Les maisons sont faites de pierre, le décor est austère et il n'y a guère réellement de végétation qui pousse là-bas. La raison est simple : c'est une ville minière. Autour d'elle, de nombreux petits mont sont présents, des mines s'y trouvant, creusées dans la terre. Et quand on sait que des habitats sont proches de ces mines, rien d'étonnant à ce que l'économie principale de la ville soit basée sur cela.
« Ce n'est pas la première fois que je t'emmène ici, Soklar ? »
« Si ... si ... grande sœur. » bafouille l'adolescent, regardant autour de lui. C'est donc ça une ville ? C'est immense ! Rien à voir avec son village !
« Ne te perds pas hein ? Gardes ma main dans la tienne et ne la lâche pas. »
« Je ne suis plus un enfant, Melgana ! Je peux quand même me débrouiller seul ! On va directement au tournoi ? Je ne sais pas où c'est, moi. »
« Ne t'en fait donc pas, Soklar, ne t'en fait donc pas. »
L'arène n'est pas vraiment facile à ignorer donc bon ... C'est tout simplement un gigantesque bâtiment elliptique fait de pierre et qui permet d'accueillir les combats qui vont s'y dérouler. Ils arrivent jusqu'à un guichet, l'homme leur disant :
« Alors, le prix pour un jeune couple, c'est ... »
« Ma grande sœur. » dit l'adolescent aux cheveux bruns pour corriger le vendeur, celui-ci s'arrêtant dans ses paroles avant d'hocher la tête.
« D'accord, d'accord, alors le prix pour ... »
Il n'écoute même plus le vendeur, regardant autour de lui. Il y a des hommes et des femmes de tout âge et classe sociale. Il voit aussi des personnes avec un pokémon qui les accompagne. Des participants ? Il ... enfin bon ... wow ...
« Grande sœur, je peux prendre mon ticket ? J'aimerai visiter les alentours. »
« Hum ? D'accord, fais attention, normalement, nous avons les places l'une à côté de l'autre. Tu as paru gêné, non ? Quand il a dit que nous étions un couple. »
« Si c'était le cas, grande sœur, je n'aurai pas forcément beaucoup de chance. » dit l'adolescent en rigolant, Melgana ne comprenant pas sur le moment avant de crier :
« Attends un petit peu, toi ! Viens ici que je mette la main sur toi ! »
Mais elle le laisse partir sans chercher à le poursuivre. De toute façon, elle l'attrapera au moment où il viendra s'asseoir à côté de lui, c'est aussi simple que ça. Quelques mètres plus loin, l'adolescent perd son sourire, étant maintenant anxieux.
« Si elle apprenait avant ce moment ce que je compte faire, elle m'en voudrait à vie. »
Il se dirige vers un autre guichet, là où il y a bien moins de monde. Des personnes de tout âge encore une fois mais cette fois-ci, les adolescentes ou femmes portent des masques. Lorsqu'arrive son tour, l'homme lui dit :
« Où es ton tuteur ? Je ne peux pas accepter une inscription sans lui. »
« Je suis orphelin. Je n'ai pas de tuteur. » répond t-il. Il avait travaillé ce dialogue de telle façon que ça soit le plus naturel possible. L'homme le regarde avec suspicion.
« Bah, toute façon, je m'en fiche. Nom ? Tu possèdes bien le pouvoir de la roche hein ? Pas de la terre, c'est pas pareil, je te préviens. »
« Soklar. Et oui, je possède le pouvoir de la roche. »
« Numéro 97. Quand on t'appelle, tu te ramèneras dans l'arène. Si tu as une arme, tu la donneras à l'un de nos spécialistes des pouvoirs psychiques. Il la rendra bien moins dangereuse. On ne voudrait pas de morts inutiles si c'est possible cette année. »
Gloups. Il déglutit avant d'aller rejoindre les autres. Il n'y a qu'une dizaine de vestiaires et il est maintenant entouré de nombreuses personnes. Pourtant, il préfère n'en regarder aucune. Il peut encore se rétracter non ? Abandonner maintenant ? Il a plutôt peur de se rendre ridicule. Il sait à peine se battre ! Et il a caché l'arme offerte par le forgeron à Melgana.
« Ton arme, s'il te plaît. »
Une femme âgée d'une trentaine d'années tend la main. Il voit ses yeux qui sont complètement roses alors qu'elle ne porte pas de masque. Il sort deux katars, la femme haussant un sourcil avant de dire :
« Ben tiens, ça, c'est pas vraiment banal. »
« Je pense que c'est ce qui conviendrait le mieux face à de grosses armures ... enfin, j'ai essayé de réfléchir à ce tournoi. »
« Je n'ai pas à donner mon avis à ce sujet mais même si tu ne perceras pas la chair avec ce que je vais appliquer sur tes armes, il y a des chances que tu puisses faire de sacrés dégâts si tu sais te débrouiller. »
« Euh ... merci ? »
« De rien, je n'ai fait que parler à voix haute à ce sujet. C'est rare les personnes utilisant des katars pour se battre. Bien trop rare pour être signalé. Voilà, ça devrait être bon. Essaies de bien te débrouiller avec. »
Il ne sait pas trop quoi dire maintenant. Il baisse la tête, un peu gêné par les propos de cette femme. Oui, il va faire de son mieux. Au moins, qu'après avoir menti à Melgana, il ferait mieux de ne pas se tromper et se louper.
« Où est-ce qu'il passé bon sang ? Les premiers combats ont commencé. »
Elle regarde autour d'elle. Bien sûr qu'il n'allait pas se perdre ! Quelle idiote ! Elle n'est vraiment pas intéressée par ces combats ! C'est juste pour faire plaisir à Soklar. Rien de rien, elle ne le voit même pas en train de chercher où elle était.
« Bon ... Les combats, rien à faire, je vais aller le retrouver. »
« Numéro 97 : Soklar ! Numéro 98 : ... »
Le bruit autour d'elle vient de disparaître. Elle aimerait avoir rêvé, avoir mal entendu mais elle ne peut être sûre de rien. Soklar ? Elle a bien entendu le nom de ce dernier ? Elle voudrait rêver. Elle voudrait ignorer cela mais elle tourne avec lenteur son visage vers l'arène. La rentrée d'une trentaine de combattants ... dont l'adolescent.
« C'est une blague hein ? C'est une blague hein ? »
Elle se dit ça à elle-même alors qu'elle reste debout. Comme si l'adolescent avait ressenti sa présence, il tourne son visage vers les gradins, la voyant tout de suite. Difficile de l'ignorer puisqu'elle est la seule personne debout dans les environs. De loin, il a même l'impression de voir ses yeux, comme si le masque venait de se retirer à ce niveau. Des yeux qui le fixent avec ardeur et colère. Il baisse la tête pour ne plus la voir, un homme à côté de Melgana disant :
« HEY ! Tu peux t'asseoir ?! Tu déranges ! »
Elle retourne s'asseoir mais sa main posée sur la pierre servant de siège la sert avec violence. La pierre se fissure dans ses mains, explosant en morceaux quelques secondes après. L'homme s'éloigne sur la gauche, apeuré.
« D'accord, d'accord, j'ai compris ! »
Il n'est pas le seul, les personnes autour d'elle mettent maintenant deux à trois bons mètres de distance. Soklar ... lui a désobéi. Non ... PIRE ! Il lui avait menti délibérément.
« La punition que je vais lui infliger ne serait pas assez grande pour cet affront. »