II
-C'est ici...
Flynn et Eliott se tenait devant le bâtiment principal de l'université de Céladopole. Un bâtiment massif d'un mauvais goût flagrant, des vitres un peu ternes et sales aux hauts piliers autrefois jaunes pétant, aujourd'hui hideusement poussiéreux.
Devant l'université, une foule compacte d'étudiants se répartissait en petits groupes. Flynn chercha du regard des connaissances éventuelles.
C'est une connaissance qui vint à eux. La démarche tranquille mais l'air perpétuellement soucieux, le très grand Michel avait délaissé son escorte habituelle pour saluer personnellement ses deux camarades.
-Salut les mecs... il tendit une main fraternelle aux deux amis. Vous avez passé de bonnes vacances ?
-Au calme... répondit évasivement Eliott alors que Flynn s'abstenait de répondre.
-Je crois qu'on est dans le même groupe de travail cette année, Flynn, annonça-t-il à l'intéressé.
-Au moins je connaîtrais quelqu'un, se satisfit-il, quoiqu'il n'appréciât pas particulièrement Michel.
-Il y a des groupes de travail ? On peut en voir la composition ? demanda Eliott.
-Pour certaines licences, oui... je ne sais pas ce que tu fais...
-Sciences du Pokémon, parcours Soin et élevage, mon gars. Tu fais Combat et stratégie ?
Michel hocha la tête.
-J'ai dû prendre les mêmes options que toi, signifia-t-il à Flynn. On est dans un groupe de cinq...
-Je vois que l'université donne les meilleurs moyens de réussite à la future élite de cette nation, commenta Eliott, toujours prêt à rallier l'aspect élitiste de la formation choisie par Flynn.
-Mitch !
Un groupe de trois personnes, scolarisées au même lycée que Flynn, Eliott et Michel accoururent vers eux.
-Tes admirateurs... annonça Eliott emphatiquement.
Les deux filles et le garçon salua tout le groupe.
-On va au Crazy Kecleon ce soir ? demanda l'une des filles. Ils font une soirée spéciale rentrée étudiante...
-J'y comptais ! dit Michel. Vous venez ? (Il s'adressait en particulier à Flynn et Eliott.)
-Ma foi, dit Flynn. Ca me rappellera le lycée.
-Je suis un peu juste ces temps-ci... commença à s'excuser Eliott.
-Je t'invite, évidemment, précisa Flynn à son intention.
-Pour changer...
-C'est cool, dit le dernier arrivant. Ramenez tous un de vos nouveaux camarades...
-Ca revient à ramener presque toute notre classe, dit Flynn pour Michel.
Ce dernier acquiesça.
-Rentrons, les portes sont ouvertes...
La plupart des étudiants se dirigeaient à l'intérieur de l'université, dans le hall principal. Un grand tableau indiquait les amphis où il devaient se rendre selon leurs facultés respectives.
Avant de se quitter, Flynn prit le bras d'Eliott.
-Merci pour tout, mec, et à ce soir. Je crois que je vais rentrer chez moi.
Eliott n'eut pas de réaction.
-Comme tu le sens. Envoie un message si ça craint trop.
Michel, qui semblait avoir entendu la conversation, ne manifesta aucun étonnement et prit avec Flynn le chemin de l'amphi 003, située dans les sous-sols.
Ils s'assirent au milieu : ils étaient dans les premiers arrivants.
A mesure que les autres étudiants prenaient place atour d'eux, Flynn engagea la conversation.
-Tu... tu veux faire quoi plus tard ?
Pour toute réponse, Michel haussa ses larges épaules.
-Je ne sais pas trop. Peut-être professeur... Je me suis inscrit en stratégie parce que c'était là où j'étais le plus doué...
-Les places sont chères ! Tu dois être doué, commenta Flynn.
Il n'obtint pas de réaction de la part de Michel qui déclara après un bref silence :
-Je ne connais personne ici...
Flynn embrassa la salle du regard. Il devait tout au plus se trouver ici une cinquantaine d'étudiants, dont peu semblaient se connaître.
-Votre attention s'il-vous-plaît.
Le silence se fit dans l'amphithéâtre, les derniers étudiants s'assirent.
La vieille dame qui venait de prendre la parole, debout devant l'estrade, était à un distance trop grande pour permettre à Flynn de la détailler. Derrière elle, une haie était formée de divers adultes qui devaient être les professeurs.
-Bonjour à tous. Vous êtes les étudiants en première année de la licence de Combat et stratégie, l'une des formations les plus prestigieuses de Kanto et même de l'archipel.
L'aréopage eut droit à quelques minutes de cet éloquent discours d'où suintaient l'élitisme, la fierté et le patriotisme. L'oratrice se présenta comme étant une grande dresseuse autrefois premières aux classements internationaux, et remplaçante officielle du conseil des quatre de la Ligue Indigo.
Pendant ce temps, Flynn notait son nom pour vérifier plus tard si elle avait été cliente de son père ou un shiney hunter de son entourage, ce qui était souvent le cas de grands dresseurs, et Michel avait engagé la conversation avec la fille qui s'était assise à ses côtés.
-Vous allez maintenant être répartis par groupe, avec vos chargés de TD responsables... Souvenez-vous que le groupe ne changera pas du semestre, et presque pas jusqu'à l'obtention de votre licence... (ce qui signifiait : « certains abandonneront ».)
Tour à tour, les chargés de TD s'avancèrent pour inviter à les suivre les étudiants de leur groupe. Chaque groupe était constitué de quatre personnes, trois ou cinq dans de rares cas.
Flynn se pencha vers son co-équipier.
-C'est quoi le numéro de notre groupe ?
Il n'avait pas remarqué qu'il dérangeait Michel dans une discussion passionnante, mais celui-ci ne lui en tint pas rigueur.
-C'est Flynn, dit-il à l'intention de son interlocutrice, qui sourit.
-Salut... marmonna le présenté.
La fille était jolie, de longs cheveux blonds détachés encadraient son visage marmoréen. Flynn eut du mal à détacher son attention de cette apparition, mais la peur de manquer l'appel du chargé de TD l'incita à sonder son compagnon du regard.
Michel tentait de conserver son coutumier air détendu, mais la position de ses sourcils trahissait une préoccupation similaire à celle de Flynn.
-Je ne m'en souviens plus... avoua-t-il. Tant pis, nous ne ferons pas Combat et stratégie !
Rires appuyés à la gauche de Michel, qui prit soin d'afficher aussi peu que possible sa satisfaction.
-Attendons qu'un chargé de TD s'étonne de ne pas voir toutes ses recrues... suggéra Flynn.
-Brillant, entérina Michel.
Un homme d'une quarantaine d'années et au passé sûrement violent s'avança, alors que plus de la moitié des groupes avait déjà quitté la salle.
-Le groupe huit ! convoqua-t-il.
Michel se leva par principe de précaution, mais Flynn le fit se rassoir. Quatre autres personnes s'étaient levées et se dirigeaient vers la brute chargée de TD.
Michel avait interloqué la vieille dresseuse-directrice et beaucoup d'autres étudiants. Il avait également déclenché de nouveaux gloussements chez sa voisine.
Non peu fier d'un tel succès, il se rassit en défiant la vieille du regard.
-Le groupe neuf, lança une autre vieille dame, mais dont le grand âge n'avait pas encore blanchi les cheveux.
Michel se leva encore, et comble de chance, à l'unisson avec la blonde du rang.
-Rassis-toi, Mitch, le pria Flynn une nouvelle fois.
Quatre autres personnes s'étaient levées, rendant l'équation impossible. Michel l'infortuné dut laisser miss faculté voguer vers son destin, non sans œillades insistantes, sous l'œil courroucé de la directrice.
-Tu viens d'allumer des feux dans deux cœurs différents, résuma Flynn en s'amusant de l'agacement de la directrice.
-Elle m'a dit qu'elle viendrait au Crazy Kékléon ce soir, dit Michel la voix plein d'espoir.
-C'est à nous je pense.
Le dernier chargé de TD se contenta d'un :
-Suivez-moi, le reste.
-Désolé, nous ne saurons donc finalement pas notre numéro de groupe... feignit de regretter Michel, suscitant cette fois les rires de Flynn.
Les foudres oculaires de la directrice, auxquelles s'ajoutèrent les sourds grondements orageux d'un raclement de gorge entendu, se tournèrent vers lui. En plus d'être une grande dresseuse, la vieille femme devait être une experte intraitable du savoir-vivre en amphithéâtre.
Les deux compagnons dévalèrent les marches pour faire face au responsable. C'était un homme de stature moyenne, avec des cheveux sagement coupés courts, et des grosses lunettes devant ses petits yeux inexpressifs.
-Bonjour monsieur, dit Michel. Michel Theury.
Flynn déclina de même son identité. Du coin de l'œil, il lui semblait que la directrice de la section les écoutait pour retenir leurs noms. Le responsable se contenta d'hocher la tête.
-Je m'appelle Marc Valmont.
Cela fit une désagréable impression à Flynn : son prénom ressemblait par trop à celui de son père.
Les trois autres étudiants arrivèrent à leur tour : il y avait là deux garçons et une fille, Baptiste, Pierre et Elise.
Le responsable les amena hors de l'amphithéâtre et ils montèrent ensemble au troisième étage, dans lequel ils parcoururent quelques longs couloirs jusqu'à échouer dans une petite pièce intitulée : CS010.
Selon toute apparence dédiée à leur groupe, elle contenait des chaises et tables d'écoliers, un bureau sur une estrade et une armoire.
Marc Valmont invita ses étudiants à s'assoir sur les chaises et s'installa lui-même derrière le bureau, où il sortit de son attaché-case une pile de documents administratifs.
-Très bien, dit-il machinalement et rien que cela horripila Flynn, peu amène envers cet homme.
Valmont s'avança vers eux et leur distribua à tous quelques papiers.
-La paperasse, dit-il sommairement, le syndic étudiant, l'assurance maladie et d'autres trucs. Et voici... votre emploi du temps.
Le document tant attendu, dont dépendait le sort des journées du semestre, arriva en main des étudiants.
-Il varie en fonction de vos options, comme vous n'avez pas tous exactement le même groupe. Faîtes attention, vous êtes tous de permanence un soir dans la semaine dans un centre Pokémon de Céladopole, et vous avez des heures à vous acquitter à l'arène.
Flynn regarda son emploi du temps. Il était de garde au centre le mardi soir. Les cours commençaient au plus tôt à onze heures mais pouvaient ne s'achever qu'à neuf heures du soir.
La dresseuse-directrice les honorerait de deux heures de cours théorique de stratégie par semaine, le reste étant des travaux pratiques ou dirigés (c'est-à-dire des séances d'entraînement et de combat) sous la responsabilité des chargés de TD, des rencontres avec des dresseurs célèbres étant prévues chaque mois.
-Vous recevrez les dates des partiels et des oraux dans le courant de novembre. Nous allons maintenant à l'arène...
L'arène était à quelques rues de là. Les groupes de la licence Combat et stratégie y avaient leurs cours et travaux, faute de place suffisante dans la seule université, et dans le cadre du partenariat avec la Ligue.
Marc Valmont leur fit visiter les salles d'entraînement. Au cours de la visite, leur groupe rencontra celui de la très belle jeune femme que Michel avait approchée lors du discours inaugural, à la plus grande joie de ce dernier.
Flynn s'ennuyait ferme et détestait déjà Valmont. Au terme de la visite, ils eurent droit à un autre discours de la championne Erika, encore plus emphatique que le dernier, puis le chargé de TD les congédia pour la journée, leurs cours ne commenceraient que le lendemain.
Michel invita Flynn chez lui. Ne sachant que faire d'autre (il était midi), il accepta.
Michel habitait dans une grande maison à quelques arrêts de tramway du centre. Flynn n'était jamais allé dans son quartier mais il le savait huppé ; aussi il demanda devant le grand pavillon de son nouvel ami :
-Que font tes parents ?
-Mon père est diplomate, et ma mère doctoresse... et les tiens ? demanda-t-il pour faire bonne figure.
-Shiney hunters... prononça Flynn entre ses dents.
Michel fit une mine étonnée.
Ils échouèrent dans une immense cuisine. Michel appela son M. Mime qui se mit aux fourneaux.
Flynn s'assit et Michel lui proposa une quantité incroyable de boissons, dont il ignorait l'existence de certaines. Il se contenta d'une bière.
Michel, qui avait aussi pris une bière, prit place en face de son ami.
-Shiney hunter... tu dois avoir le même train de vie que moi...
-Moui...
-Et tu connais des techniques pour chasser le shiney ?
-Je ne m'y intéresse pas vraiment, à vrai dire...
Michel remarqua que c'était un sujet délicat et orienta la conversation ailleurs. Flynn en fut soulagé.
Il était neuf heures lorsque Michel et Flynn, rejoint par d'anciens élèves de leur lycée dont Eliott, franchirent l'entrée du Crazy Kecleon, un night-club du centre de Céladopole assez BCBG. Michel, pour l'occasion, avait revêtu ses plus beaux effets et avait même employé son M. Mime à lui faire une nouvelle coupe de cheveux, selon une méthode assez amusante impliquant les pouvoirs psychiques du Pokémon, mais aux résultats assez concluants : ses épais cheveux blonds semblaient briller.
La fête battait déjà son plein à l'intérieur. La piste de danse était zébrée de lumières rouges, vertes et jaunes, il n'y avait plus grand monde au zinc et aux tables. Michel faussa tout de suite compagnie au groupe pour aller voir sa belle. Les autres allèrent se commander une boisson qu'ils se dépêchaient d'engloutir avant d'aller danser. Eliott partit derechef au coin fumeur.
Flynn se retrouva seul au bar. Les autres l'avaient complètement oublié et il n'avait pas envie de danser. Il commanda un « Jus de Spinda », un cocktail à la mode, puis un deuxième, puis un troisième, et bien que la tête commençât à lui tourner, il n'arrivait pas à se défaire du nœud dans l'estomac causé par la vive inquiétude qu'il éprouvait à l'idée de rentrer chez lui.
Les accoudés au bar, d'habitude si statiques, mettaient un point d'honneur à se montrer mouvant : ils allaient et venaient dans des gestes incohérents, se servaient au bar des plateaux garnis de shooters, le laissaient au hasard des mouvements sur la piste de danse, quand ils ne les renversaient pas tous, et s'achevaient en fous rires hystériques et incontrôlables, dans des endroits aléatoires ; une ivresse commune gagnait les lieux et les occupants. Dans un coin de la salle, Flynn aperçut Michel qui avait coincé sa cible de ce matin et lui parlait avec force sourires.
Pour 95 pokédollars, un montant considérable pour beaucoup (mais il tenait à dilapider l'argent de son père), il acheta une bouteille d'Absolut rouge avec accompagnement à volonté et alla s'assoir seul à une table. Eliott le rejoint, les yeux explosés. A la vue de la bouteille, il alla se cherche un shooter et revint alors, prêt à écluser son contenu avec son ami.
-Ca va pas, mec ? demanda-t-il en servant un shoot.
Il le but cul sec avec satisfaction. Flynn ne lui répondit pas et tenta de se servir un shoot à son tour. Il renversa la moitié à côté.
-Du calme mec ! l'enjoignit Eliott. Il servit pour lui.
Flynn but lentement son shoot, il ne sentait plus la gorge lui brûler lorsqu'il avalait le liquide.
C'est ce moment que choisit Michel et l'étudiante de ce matin, qui était avec une de ses amies pour arriver à la table, sûrement attirés par la bouteille.
-Eh, mec ! lança Michel en lui décochant son plus beau sourire. Tu permets ? et il empoigna la vodka.
Il était déjà allé se procurer des shooters pour lui et ses copines : il servit tout le monde même Eliott et commença à discuter. Flynn s'amusait de la vision trouble avec laquelle il devinait tous ceux qui l'entouraient. Il lui semblait que la nouvelle arrivante à l'identité inconnue le dévisageait : il envisagea alors de se présenter.
Eliott partit chercher des cacahuètes. Flynn se servit un shooter impeccablement et en proposa à toute la tablée. Le sourire de la belle étudiante, sous l'effet des néons et de sa vision déclinante, lui apparaissait comme une lumière immaculée. Il se mit à bouger sur le rythme de la musique, à boire sa bouteille au goulot, et à s'empiffrer de cacahuètes. Eliott disparut, suivi par Michel et sa prochaine conquête. Flynn, qui continuait à boire en compagnie de sa dernière convive dont il percevait la seule présence en oubliant le peu qu'il savait sur elle, resta peu de temps encore puis se lança dans une danse déchaînée. Tout s'accéléra dans sa tête, le goût d'eau salée, le frottement de tissus et de multiples accrocs avec des personnes qui ne lui étaient plus que des silhouettes dans un océan de couleurs agressives.
La température de minuit et une acre odeur de fumée l'excitèrent un peu : il était sorti du club, en compagnie d'Eliott. Celui-ci s'était allumé une cigarette qui ne contenait, à en juger par l'odeur, pas que du tabac.
Flynn s'affala par terre pour regarder les étoiles. Il ne fit pas attention à la vive douleur au crâne. Eliott se pencha vers lui et énonça :
-T'es complètement bourré...
Flynn prit une de ses pokéballs et appela Woody. Altaria s'élança en l'air, et il essaya de lui agripper une serre pour se hisser sur son Pokémon.
Il lui sembla brailler quelque chose, puis Altaria s'éleva, alors qu'il tanguait dangereusement.
-Eh ! l'interpella Eliott. Descends, tu vas te tuer !
-Descends Woody ! hurla Flynn, soudain désespéré.
Il lâcha alors prise et fit une chute d'une dizaine de centimètres, en riant aux larmes. Eliott le prit par les épaules et l'aida à se positionner correctement sur le dos de Woody.
Altaria vola à découvert au-dessus du centre de Céladopole. C'était tout à fait illégal, mais dans son état, Flynn prenait des risques inconsidérés. Il donna des coups de pieds dans le flanc de Woody pour qu'il pousse sa vitesse au maximum, et il dut bien se cramponner pour ne pas tomber, et enfouir sa tête dans le cou du Pokémon pour parvenir à respirer.
Par une chance extraordinaire, il ne fut pas interpellé. Il arriva sans encombres à la ferme, en un temps record de quinze minutes.
Woody le déposa devant sa chambre : une ombre devant la porte lui fit regagner toute inhibition.
-Pa... papa ? hasarda-t-il.
Il sentit Woody grogner à ses côtés.
-Heureusement pour toi, non, et comme il avançait, il distingua les traits de son frère Frédéric à la clarté de la lune.
Frédéric était l'aîné de la fratrie mais Flynn le dépassait d'une tête. Fred était bâti en largeur, avec des épaules larges, un visage dur et des cheveux coupés à ras.
-Fred ? Qu'est-ce que tu fais là ?
-Je te rends ça...
Il mit un objet dans la main de Flynn : celui-ci mit un certain temps avant de reconnaître, au toucher, son ancien portable.
-Archie est revenu ?
-Papa n'est pas là pour quelques jours, mais laisse-moi te dire qu'il était assez furieux quand il a appris ta fugue. Il a parlé de te couper les vivres, de donner ton signalement à la police pour que tu reviennes...
-Je suis majeur...
-Et tu n'as pas de boulot ! lui rappela Frédéric. Tu vis à nos crochets, Flynn, tu critiques sans arrêt nos activités mais tu en profites allègrement ! Ces 3000 pokédollars que tu as retirés de peur d'être dans le manque pendant ta rébellion...
Flynn se tut, car c'était vrai.
-Un jour tu ne pourras plus tenir deux langages et te servir dans la caisse en minaudant ! continua son frère bien en verve. Tu devras choisir... et je doute que tu renonces à ton petit confort.
Flynn rappela Woody et se fraya un chemin jusqu'à la porte. Son frère l'arrêta d'un bras.
-Mais... tu pues la tize... constata-t-il.
Rageusement, il bouscula son petit frère.
-Je me demande si tu es vraiment digne de devenir un shiney hunter, déclara-t-il. Ou même de t'appeler Kenny.
A ces mots, il s'effaça dans l'obscurité.
-Tu ferais bien de prier pour que le voyage de papa se prolonge, entendit-il, et pour ne pas le croiser avant longtemps. Tu l'as vraiment mis en colère.
Méditant ces propos, Flynn se réfugia à l'intérieur de sa dépendance le portable à la main. Il s'endormit aussitôt, très fatigué par la soirée.