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Qui va à la pêche... la repêche de gafladoss



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» Auteur : gafladoss - Voir le profil
» Créé le 27/08/2012 à 21:33
» Dernière mise à jour le 28/08/2012 à 12:20

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Chapitre 1 – Pétard mouillé
_Écrit par Sanaito

_____Couché sur la plage, baignant à moitié dans le lac Vol d'Anges, un vieux tronc d'arbre pourrit depuis près d'une décennie. Juste à côté, un Pokémon suit son exemple. Il y a deux ans, il s'est installé sur le sable, a trempé sa queue dans les flots... et c'est tout. Mais quand on se dit qu'il s'agit là d'un Ramoloss, soudain, on réalise que celui-ci a une vie plutôt trépidante.
_De temps en temps, on peut le voir faire l'immense effort de se déplacer – en rampant – jusqu'au buisson situé non loin, il suffit de monter le faux-plat pour rejoindre la lisière de la forêt s'étendant derrière l'immense point d'eau. Une fois cet exploit accompli, il peut enfin compenser sa perte d'énergie grâce aux baies Remu poussant sur le bosquet. Sustenté, il se laisse rouler jusqu'en bas et reprends sa place de pêcheur, facilement repérable puisque l'empreinte de son corps ne parvient même plus à être balayée par la brise.

_Tout un programme pour une créature si paresseuse, si molle, si ennuyeuse qu'à côté Garfield est un chat relativement svelte et hyperactif. Ce mode de vie convient néanmoins parfaitement à notre héros. Les journées se ressemblent toutes, les seules fantaisies qu'elles s'accordent parfois sont de faire pleuvoir, venter, neiger, grêler, etc.
_Par conséquent, notre protagoniste ne se pose que deux questions par jour. Le matin au réveil, il se demande si la pêche sera fructueuse cette fois-ci. Le soir, il s'interroge sur le temps qu'il fera le lendemain. Il est très heureux de n'avoir que cela à l'esprit, car il n'a même pas besoin de réfléchir davantage. Il lui suffit d'attendre pour connaître la réponse. Pas de claquage du cerveau à l'horizon. Quitte à douter qu'il en ait un.

_Aujourd'hui est en apparence un mardi comme un autre. Il n'est rien arrivé d'inhabituel depuis le lever du soleil. Nonchalamment étalé sur la plage rendue chaude par l'été, Ramoloss ronfle un peu, en reniflant très élégamment à chaque fois que du sable lui entre dans les narines. Sa queue n'a toujours pas reçu la visite marquante d'un Kokiyas. Son propriétaire ne désespère pourtant pas.
_En fin d'après-midi, il saisit distraitement le son de petits pas feutrés, suivi par des clapotis dans les douces vagues. Le bruit d'un plongeon, puis plus rien. Il lui faut dès lors plusieurs secondes pour réaliser pleinement ce qu'il vient d'entendre. Tant de secondes que cela dura un quart d'heure. Au bout de celui-ci, il ouvre doucement les yeux en se disant :

_« ... Mais en général, il n'y a personne à part moi ici... c'est bizarre... »

_En effet, cet endroit est peu connu : c'était le repère secret de sa grande sœur, et à présent le sien. En se souvenant de sa frangine, il a régulièrement envie de regarder le collier qu'elle a passé autour de son cou quand il était tout jeune. Sauf que son museau est si volumineux qu'il est bien incapable de contempler le pendentif en baissant la tête, tout comme un Ronflex ne peut pas voir ses pieds à cause de son ventre.
_Alors il prend son courage à deux mains et agite ses petites pattes terminées par une unique griffe pour mettre en mouvement ses pauvres muscles devant supporter le poids de sa graisse. Il se retourne afin de faire face au lac, s'approche et voit son reflet, ainsi que celui de son bijou. Il s'agit d'une Eau Mystique, décuplant les attaques aquatiques.

_Tandis que des souvenirs remontent en lui, il aperçoit au loin un long drap blanc moucheté de noir porté par les ondes. Pas très curieux de nature, il s'apprête à s'en détourner quand un éclat rouge attire son attention.
_Il examine plus attentivement, ce qui lui permet de remarquer que le linceul est rattaché à une sorte de fine planche sombre surmontée d'une espèce de galet écarlate scintillant au soleil, le tout terminé par un gros ballon d'un vert sale à demi immergé... Oui, la description est floue voire ridicule, mais d'aussi loin, il ne peut pas distinguer mieux que ça, on ne va pas se plaindre.
_Le Pokémon Eau, après avoir cogité pendant plus ou moins neuf cents secondes, finit par s'approcher à la nage du mystérieux objet avec une lenteur qu'on peut croire exagérée si on ne se rappelle pas à temps qu'on a affaire à un fainéant. Il mord dans le simili linge et le traîne vers la terre ferme, pataugeant largement moins vite qu'à l'aller. Un Magicarpe le dépasse tel un bolide. Façon de parler.

_Le revoici enfin dans sa sympathique petite crique. Son fardeau a laissé sur son passage un sillon très profond... Ah non, c'est l'empreinte du derrière de Ramoloss repoussant le sable tandis qu'il s'escrime à le tirer à reculons. Il s'arrête, essoufflé, estimant qu'il s'est suffisamment éloigné pour que sa trouvaille ne soit pas emportée au loin par une vague – devoir parcourir deux mètres de plus pour la rattraper, quel calvaire...
_Il remarque soudain les fines jambes sous le drap sale, lequel s'apparente d'ailleurs davantage à une robe. Son regard remonte le long des courbes du corps inerte jusqu'à ce qui devait être la tête. Même de près, ça ressemble à une bouée ronde d'un kaki crasseux. Cependant, une partie du visage est visible, découvrant un œil clos marqué en dessous par des coulures noires gouttant sur ses lèvres nuancées de gris foncé.

_« ... Il est drôlement sale... », songe le Pokémon Eau.

_Il décide de le retourner afin de le mettre sur le dos. Il touche sa corne mouillée, donc glissante. Résultat, sa patte dérape et il s'étale de tout son long sur le torse de la créature qui recrache une gerbe d'eau avant de tousser comme une forcenée.
_Pour avoir une idée du choc, il faudrait accepter de recevoir violemment un sac de plus que trente kilos sur la poitrine ; pour se prêter à une telle expérience, il faut soit être masochiste, soit complètement stupide – cobaye idéal : le Pikachu de Sacha.

___Kof kof... Argh, putain... Aïe, mais AÏE ! gémit l'inconnu en ouvrant les yeux, alors que son sauveur involontaire se redresse avec difficulté en écrasant allègrement ses côtes.
___Pardon, pardon... s'excuse celui-ci.

_« D'après sa voix, il s'agit d'une femelle », raisonne-t-il assez rapidement pour une fois.

_Ce ton grave, froid et un peu sec est loin du soprano de sa frangine, mais ça demeure féminin.

___Je suis morte ?... questionne-t-elle en s'asseyant, une main, glissée sous sa mèche triangulaire, posée sur son front douloureux. C'est étrange, j'ai mal partout, et les anges ont une sale gueule.

_Elle ponctue cette remarque par une moue en esquivant les prunelles globuleuses du paresseux rose bonbon à ses côtés.

___... Bah non... t'es vivante... Je t'ai sortie de l'eau... réagit-il enfin.
___Tu m'as empêchée de me noyer ? s'étonne-t-elle.

_Un silence s'installe tandis qu'il esquisse un sourire plutôt niais, ses yeux s'exorbitant davantage. Mais oui ! Il est un héros ! Il a secouru une demoiselle en détresse ! Il se croyait déjà star d'Alerte à Malibu... le pauvre. Il reçoit un énorme coup de poing sur le sommet du crâne.

___Abruti ! Abruti, abruti, ABRUTI ! tempête-t-elle en lui piétinant le dos. Tu m'as fait rater mon suicide ! Je vais te transformer en carpette ! CRÈVE !
___Aoutch... se contente de répondre la future descente de lit. Mais pourquoi tu veux mourir ?
___Ça ne te regarde pas, idiot. Bouffe le sable et c'est tout, grogne-t-elle en continuant de lui sauter dessus.

_Elle remarque alors sa tenue poisseuse et grimace en cessant de tenter d'aplatir son samaritain non désiré – elle n'espérait pas réussir à en faire une crêpe de toute façon, vu son tour de taille.

___Oh merde, mon maquillage et ma teinture ont coulés... Fais chier...

_Elle se frictionne dans le lac, se débarrassant de toutes les marques grisâtres en proférant nombre d'injures qui n'auraient jamais dû être prononcées par une jeune femme. Elle quitte le Vol d'Anges en regardant ses bras vert pomme, ses traits se figent dans une expression d'écœurement. Qu'est-ce qu'Arceus a avec les couleurs flashy dans cette satanée région ? Nauwaire ne connaît pas le noir ?

___Merde, quoi ! J'ai exploré pendant des mois cette île à la con, et c'est bien ce que je pensais, y en a pas ici ! RAH !

_Elle continue de s'égosiller face au soleil, les paupières plissées à cause de la lumière. Ramoloss la fixe en silence, immobile. Il ressemble vaguement à un psychopathe attardé, la bouche entrouverte et les pupilles tremblotantes.

___... Tu cherches des Kokiyas ? finit-il par demander.

_Elle interrompit son charmant monologue pour lui offrir son air le plus blasé possible.

___Et qu'est-ce que j'en ferais à part mon dîner, gros malin ? Je m'en contrefous des coquillages !
___Ah bon... Moi, j'attends qu'un d'entre eux vienne me faire évoluer. Je pêche ici depuis deux ans.

_La damoiselle se met à glousser, avant de laisser s'échapper son rire retentissant. Elle se plie en deux pour se reprendre, et hoquette :

___T'as passé deux années à lézarder dans ce trou pour choper un Kokiyas ? T'es un boulet, sérieux ! Ces bêtes-là, ça vit dans la mer ! Oh le crétin...

_Pendant qu'elle continue à se moquer de lui, le Pokémon Crétin – il porte bien son nom, c'est indéniable – essaie néanmoins de cogiter. Alors comme ça, il ne pourra jamais réaliser son rêve en restant dans sa baie adorée ? Il doit aller jusqu'à la mer ?... Il devra ramper combien de fois pour s'y rendre ?

_« C'est loin... », comprend-il.

___Tu peux m'emmener ?

_Elle manque de s'étrangler, plus du tout amusée par la situation.

___Et puis quoi encore ? J'ai pas de temps à perdre avec...

_Elle s'interrompt et son cerveau se met en marche, beaucoup plus efficacement que celui du mâle qui patiente, semblant toujours légèrement rêveur – bel euphémisme.

___Si je t'aide à aller jusqu'à la mer pour que tu parviennes à tes fins, en échange, tu devras me la faire traverser pour que j'explore une autre région. Si je ne trouve pas ce que je cherche, tu m'emmènes encore sur une autre île, etc. Ok ?
___Euh...

_Voyager sur les flots ? Mais ça ne l'intéresse pas ! Lui, il comptait ensuite revenir ici, chez lui... Cependant, il se sent bien incapable de se passer de l'aide de cette étrange dame pour rejoindre le large. Après tout, il n'est jamais allé plus loin que son buisson à baies.
_Au-delà, c'est l'Inconnu. Avec un grand "I", si vous n'aviez pas remarqué.

___... Bon... bah... d'accord.

_Il s'aperçoit alors qu'il fait déjà nuit. Il a mis deux heures à réfléchir. Toutefois, l'étrangère ne dort pas. Elle est allongée sur le ventre, sa corne écarlate enfoncée dans le sable. Elle se tient la tête et les doigts de sa main gauche pianotent sur sa joue. Elle annonce en soupirant :

___Donc c'est parti, on y va.
___Mais il fait nuit...
___Je suis une nocturne, moââââ...

_Dit en bâillant, tout à coup, c'est moins crédible. Elle enrage un instant avant de rouspéter :

___Rho, c'est bon, d'accord, comme tous les Gardevoir, je suis diurne ! Peuh, c'est juste que je n'aime pas le jour. Je veux être une créature de la nuit, moi. Mais apparemment, c'est pas ici que j'y parviendrai.

_Elle n'obtient pas de réponse. Elle dévisage la figure ridicule de son désormais partenaire. La bave aux coins des babines, il ronfle bruyamment.

_« Oh le salaud, il s'est permis de s'endormir pendant que je lui causais ! Tu verras bien ce que je te ferai quand je serai parvenue à devenir une Darkrai ! »

_Plus question de suicide, maintenant. Avec un Type Eau pour l'assister, tout redevient possible ! La mer n'est plus un frein à ses ambitions quelque peu... extravagantes.
_... Si elle savait tous les problèmes qui les attendent sur le chemin, la malheureuse...