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A l'aube du pouvoir (T.1) de Raishini



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Informations

» Auteur : Raishini - Voir le profil
» Créé le 24/08/2012 à 15:20
» Dernière mise à jour le 25/07/2013 à 14:45

» Mots-clés :   Fantastique   Hoenn   Présence de poké-humains   Sinnoh

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Chapitre 16 : Ce que les années n'effacent pas.
L'arbre qu'ils avaient devant eux était exactement ce qu'ils recherchaient : grand et feuillu avec de nombreuses branches, noueuses et épaisses. Il ferait office d'abri idéal pendant la nuit et Jérémie ne put que se sentir protégé à la vue d'une telle ramure. Outre cela, il l'armerait lui-même avec des pièges pour en faire une véritable forteresse végétale. La nuit promettait d'être sereine en comparaison de leur journée.

Jérémie puisa dans ses maigres ressources pour créer des barbelés autour d'eux. Ainsi, quiconque souhaiterait monter en paierait le prix fort. Certes la glace était voyante, mais la rajouter comme défense restait plus judicieux qu'insensé. On ne se montrait jamais assez prudent, après tout.

Ce fut non sans soulagement que Jérémie se lova dans une dépression de l'arbre. En face de lui, Cyril fit de même et l'observa profondément. Jérémie sentait qu'il brûlait d'envie de l'assaillir de questions. Lesquelles ne tardèrent pas :

- Vas-tu enfin me dire par quel fichu moyen t'as déboulé sur le toit, pile quand il le fallait ?

- Ah... ça ? fit Jérémie d'une voix égarée. Eh bien je me battais contre un gardien et son Coatox. Lorsqu'il m'a balancé à la figure que tu allais être mis à mort, je me suis énervé. Une espèce de glace liquide est alors apparue. Elle a détruit le plafond en montant vers les étages supérieurs. Puis elle est revenue et m'a soulevé jusqu'au toit. Comme une espèce d'ascenseur.

Suite à ce récit, Cyril demeura coi une bonne minute. Jérémie eut un rire d'excuse :

- Oui, je sais, ça paraît tiré par les cheveux exposé comme ça. Mais ça l'est pas plus que le tourbillon d'eau qui nous a sauvés, ou même que le message télépathique de Naïa, ajouta-t-il, comme pour se défendre.

- Et puis, non, pas tant que ça, remarqua son vis-à-vis en souriant d'un air pâlot. Regarde, quand tu m'as trouvé, je n'étais pas en train de détruire les Éoliennes juste parce que j'avais peur ? Vu ce que nous vivons, je crois bien que la normalité est la chose la plus farfelue qu'on puisse se permettre.

Cette étrange réalité amusa Jérémie qui laissa son regard se perdre au loin, quelque part entre deux poignées d'étoiles scintillantes. C'est vrai qu'ils n'étaient plus des humains normaux. Ils avaient beau ressentir les mêmes peurs et les mêmes joies, une chose en eux avait fondamentalement changé. Une chose qui les démarquait nettement.

- Il n'empêche, on a pas vraiment mûri malgré toutes ces épreuves, reprit-il. Toi, t'es toujours à te plaindre que tu veux pas mettre les autres dans l'embarras, et moi je te cours toujours après pour te sortir des problèmes. Au fond, quoi qu'on fasse, on restera fidèles à nous-mêmes.

- N'oublie pas que tu n'arriverais à rien si je ne me décidais pas à t'aider à chaque fois, souligna Cyril en ricanant. Je suis lent à la détente, c'est vrai. Mais une fois que tu m'as secoué, tout marche comme sur des roulettes. De ton côté, t'es fort pour remuer les gens, mais c'est surtout parce que t'aimes pas faire les choses seul. C'est peut-être ton côté le plus égoïste d'ailleurs.

D'autres auraient pu s'offusquer. Mais pas Jérémie. Après tout, Cyril le connaissait suffisamment pour se permettre cette remarque. Il était venu sauver son ami plus par peur d'être seul que par courage.

- Oui, tu as raison, avoua Jérémie en soupirant. Je crois parfois que je préférerais mourir plutôt que d'être seul. Mais ne va pas croire que je t'ai sauvé par pur intérêt. Tu es mon ami et nous nous sommes promis l'entraide. Tant que je pourrai t'aider, je le ferai.

Cyril opina d'un air rendu malicieux par la discussion. La facette la plus agréable de sa personnalité resurgissait et Jérémie s'en félicita intérieurement. C'est ainsi qu'il aimait le voir : allègre et plaisantin, prompt à lancer la moindre pique affectueuse.

Lui-même savait - pour l'avoir regretté - que faire du mal à d'autres était une expérience épouvantable. Jérémie n'avait pas eu besoin de demander à Cyril ce qu'il avait fait. S'il avait tué. Car c'était le cas. Involontairement certes, mais véritablement. Le tas de cadavres brûlés - qu'il avait vu en se dirigeant vers les Éoliennes - restait une preuve assez éloquente du carnage. Un carnage dont Cyril était malheureusement à l'origine et qu'il ne pouvait oublier si facilement.

De fait, Jérémie comprenait aisément le trouble du garçon. Et il comprenait aussi qu'il n'ait pas protesté à l'idée de mourir pour ses actes. Certainement aurait-il ressenti la même chose à sa place. Déjà qu'il n'aimait guère l'idée de blesser, alors celle de tuer...

- Dis-moi, tu crois que Mathilde va bien ? demanda soudainement Cyril en perdant de sa superbe. Je m'inquiète de ne pas la savoir avec nous. Elle est si fragile...

Une boule s'installa au creux de l'estomac de Jérémie. Jusqu'alors, il avait tenté de refouler ses appréhensions. Être plongé au cœur d'une bataille tumultueuse l'avait détaché de la réalité. Maintenant qu'il se trouvait en période d'accalmie, ce n'était plus aussi simple. Ses angoisses profondes remontaient par vagues successives. Et cela engendrait en lui un sentiment détestable. Un sentiment à donner la nausée.

Mathilde, ses Pokémon, Ariane, son père, sa mère, son cadet à venir... et même Ratchet. Il eut une pensée conciliante pour chacun d'entre eux. Il avait beau ne pas savoir où ils étaient, Jérémie les espérait aussi sains et saufs que lui et Cyril.

- Entre nous, j'ai toujours trouvé que Mathilde n'était pas très bavarde, remarqua Cyril sur le ton de confidence. A part intervenir pour rétablir le calme quand les disputes éclatent, elle est constamment en retrait. Et c'est comme ça depuis que je la connais. Elle a toujours été dans ce genre là ?

Jérémie prit son temps pour réfléchir, les joues légèrement embrasées. Heureusement, la nuit dissimulait cette rougeur. Puis il expliqua :

- Tu sais, elle n'est pas dans le genre à se confier, même avec ses proches. A vrai dire, je crois qu'elle reste un mystère, autant pour sa mère que sa tante. Quand elle est arrivée à Bourg-en-Vol, personne n'est venu à elle. J'étais de ceux-là. Puis, par je ne sais quel hasard, nous avons trouvé l'occasion de nous rapprocher. Peut-être parce que, l'un comme l'autre, nous nous sentions seuls. Malgré notre amitié, malgré les années, elle m'a rarement confié ses secrets. Du coup je ne suis pas étonné qu'elle n'ait rien dit au sujet de son père.

Sa mine faussement espiègle étira un rire à Cyril. Il savait que ce dernier se demandait encore pourquoi Mathilde ne leur avait jamais rien dit sur Tobias. Rien dit à eux, ses amis depuis des années. Et pourtant, le garçon paraissait maîtriser ses émotions, se forçant même à rire.

Bêtement mais nécessairement, Jérémie et Cyril se forçaient à rire afin d'évacuer leur stress. C'était après tout un moyen comme un autre de se maintenir.

- Oui, tu dis ça, mais elle se montre quand même bien plus bavarde avec toi. Je l'ai vu durant notre voyage initiatique. Quand elle est avec toi, elle a moins de réticences. Comme si toutes ses barrières s'effondraient. Tu ne vas pas dire le contraire, n'est-ce pas ?

- N'oublie pas qu'elle est ma première amie, répondit Jérémie en éludant la question de Cyril. Il est normal qu'elle ait tendance à se confier à moi plutôt qu'à aucun autre. Tout simplement.

Dubitatif au possible, son vis-à-vis lui lança un regard suggestif. Puis il demanda :

- Honnêtement... est-ce que tu l'aimes ?

- Et toi, est-ce que tu aimes Ariane ? répliqua Jérémie en éludant à nouveau la question.

- Touché, avoua Cyril en rigolant comme un enfant. J'aurais dû me douter que tu m'opposerais le coup du " et toi ? ".

Un long silence s'ensuivit, ponctué par le bruit de quelque insecte lointain. Soupirant, Jérémie osa enfin aborder un sujet qui le tenait à cœur :

- Dis-moi, puisque nous en sommes aux aveux... Quel est le rapport entre toi et Tobias ? Ne me mens pas, j'ai bien vu ta réaction quand je t'ai montré le journal.

Jérémie lança un regard qu'il voulait pénétrant au garçon. Cyril Seko, le neveu du célèbre professeur Seko, était aux premiers abords un personnage exubérant, haut en couleur. Un personnage qui semblait fanfaron, voire agaçant quand on ne le connaissait pas. Toutefois Jérémie avait vite appris à apprécier sa joie de vivre. Apprécier ses larges connaissances dans le domaine Pokémon et scientifique. Apprécier ses coups de gueule dignes de figurer dans une anthologie. Apprécier... son amitié.

Cyril avait été son premier ami garçon. Le deuxième à le comprendre plus que quiconque en dehors de Mathilde. Et même s'il subsistait chez lui d'étonnantes parts d'ombre, - après tout, pourquoi avait-il été élevé par son oncle, par exemple ? -, Jérémie l'aimait comme le frère qu'il n'avait jamais eu.

Mais à présent, il voulait savoir. Tout savoir. Ne laisser aucun mystère entre eux.

Son ami baissa le regard. C'était un regard peiné, empli de rancune. Cyril remuait visiblement d'atroces souvenirs qui le taraudaient.

- Je t'en prie, quoi que je puisse dire, ne m'en tiens pas trop rigueur, lâcha-t-il enfin, à la grande surprise de Jérémie.

Il ne s'était pas attendu à ce que Cyril capitule si rapidement. Les larmes qu'il pouvait voir perler dans ses yeux d'azur lui étreignirent le cœur. Alors il comprit. Comprit que Cyril pleurait vraiment. Purement et simplement, sans retenue. A cette vue poignante, Jérémie croisa les mains avec amertume. Peut-être aurait-il dû se taire finalement...

- Tobias... le Gènhomme... dit Cyril en reniflant. Ce type a ruiné ma vie. Lui et tous les mecs qui ont voulu le suivre. Honnêtement, j'aurais préféré ne plus jamais avoir à en reparler. Tu te souviens quand j'ai tué Borg pour l'empêcher de s'en prendre à Chronos ?

- Comment oublier ça ? répondit Jérémie, les lèvres tremblotantes. Je ne t'avais jamais vu dans un tel état. Si triste, si différent, si... dégoûté de toi-même.

Une montée de larmes soudaine brouilla sa vue. Ressasser ces cruels souvenirs le démoralisait. Plongé dans une vague de remords et de nostalgie, il préféra rester muet et écouter Cyril :

- Quand je l'ai vu pointer ce sabre sur Chronos, j'ai tout de suite revu la scène... du meurtre de mes parents.

Avant cela, Jérémie sentait ses entrailles se tortiller en tous sens. Désormais, il avait l'impression de ne plus en avoir du tout. Depuis le temps qu'il connaissait Cyril, il n'avait jamais émis de doutes, jamais imaginé d'une façon ou d'une autre ce scénario. Pendant toutes ces années... il ne l'avait pas réalisé.

Il n'avait pas été là quand il le fallait. Et il avait laissé Cyril enfermé dans sa sombre et secrète douleur.

Entendre cette vérité profondément enracinée le laissait en plein désarroi. Comment avait-il pu passer devant l'évidence sans même la voir ? Comment ?!

- Mes parents étaient de brillants chercheurs - mais tu dois t'en douter puisque mon oncle en est un aussi. Tellement brillants que des personnes pas très recommandables demandaient souvent leur aide. A chaque proposition, mes parents refusaient. Mais ça a fini par leur attirer des ennuis. Pourquoi ? Parce que leurs travaux sur la génétique intéressaient tout le monde, dont Tobias.

Interdit, Jérémie demeurait pendu aux lèvres de Cyril. Le ton malheureux de ce dernier le faisait frissonner. Et pourtant, en dépit de ce que cela paraissait lui coûter, il continuait son récit :

- Je n'avais que cinq ans à l'époque, mais je me doutais que quelque chose clochait. Mes parents recevaient des lettres. Elles leur conseillaient de coopérer s'ils ne souhaitaient pas de problèmes. Et un soir, un homme a débarqué.

A cette annonce, Jérémie trembla de plus belle. Il n'avait pas besoin d'être confronté à la personne évoquée pour en avoir une peur viscérale. C'est comme si la peur de Cyril était communicative.

- Devant leurs refus, il... il a... il a...

La voix de Cyril se perdit quelque part dans sa gorge. Jérémie n'imaginait hélas que trop bien ce qui avait suivi et réprima un haut-le-cœur.

- La mort de mes parents m'avait traumatisé - et d'ailleurs elle me traumatise encore. A l'époque, nous vivions à Jadielle, une petite ville de la région de Kanto. Je suis parti et je me suis finalement perdu dans la forêt de Jade. Si tu savais à quel point cette journée était horrible ! Et pour rien au monde je ne te souhaite de connaître ça. Mes parents étaient morts et autour de moi, il y avait des bruits effrayants. Un Dardargnan aurait très bien pu m'attaquer. sans que je puisse rien faire.. Cette nuit-là, je crois bien que je n'ai pas pu fermer l'œil. Je tremblais sans cesse en pensant à la scène que j'avais vue. Quand j'ai finalement compris que mes parents avaient disparu pour de bon, j'ai pleuré.

Une vague de compassion naissait en Jérémie. Jamais il n'aurait pu suggérer que Cyril ait vécu une chose si horrible. Même la galaxie de son esprit était à mille lieux d'appréhender un tel conflit intérieur. Cyril avait su endosser la responsabilité de cet immense fardeau, chose pour laquelle Jérémie le respectait. Cela démontrait - si besoin est - à quel point il était forgé de bravoure et d'abnégation.

- Le lendemain, j'ai alors eu la chance - si on peut le dire comme ça - d'être découvert par une bande d'adolescents qui vivait dans la forêt. Ces adolescents avaient juré de bannir les adultes de leur vie et de réparer leurs erreurs. Ils s'appelaient les " Shadow Dream ". Leur chef, Fabien, m'a proposé de vivre avec eux. Ne sachant pas qu'il me restait encore de la famille, j'ai accepté. Pour moi, c'était comme une nouvelle vie.

Obscur, Jérémie hocha la tête. La fraîcheur nocturne était mordante, mais pas autant que ces révélations sinistres. Cyril poursuivit, le timbre un peu plus joyeux :

- C'est là que j'ai rencontré Ariane. Elle était là depuis un an déjà et personne ne lui parlait. Pour une raison que j'ignore, elle a semblé se prendre d'affection pour moi et j'en reste fier.

" Seulement voilà, notre petite vie ne pouvait pas rester tranquille. J'avais d'autres amis. Des amis qui s'appelaient... Elvyre et Matthias. "

Une fois de plus, Jérémie eut la vision des personnages que citait son ami.

- Elvyre c'est celle qui taquine les gens et a un anneau en forme de serpent ? supposa-t-il. Et Matthias c'est le gars à tête de fouine qui semble ne jamais avoir vu de douche ? Ils ne sont pas frère et sœur ? Du moins si j'ai bien compris ce qui s'est dit pendant la cérémonie.

Cyril confirma sombrement. Ses cheveux pendaient tristement par endroits... Jérémie ne se rappelait pas de l'avoir jamais vu dans un tel état. Et la fatigue n'y était pour rien.

- Nous nous étions rapprochés - ils étaient à peine plus vieux qu'Ariane et moi. Les quelques mois que nous avons passés ensemble ont été géniaux. Pourtant, c'était trop beau pour durer. Nos camarades se rendaient régulièrement en ville pour faire des " crasses " aux adultes, comme ils aimaient le dire. Et un jour... ils en ont ramené un pour le torturer.

" Je dois dire que l'idée m'a dégoûté. A part Tobias et ses hommes, je ne détestais pas les adultes. Mais ça semblait être le cas d'Elvyre et Matthias. Devant nous, ils ont frappé et tailladé l'homme avec tout ce qui leur tombait sous la main. Ariane et moi nous sommes mis d'accord et avons fui. Nous aurions pu réussir si Elvyre et Matthias ne nous avaient pas rattrapés.

" Nous avons tenté de leur expliquer les raisons de notre départ. Mais ils se sont énervés, ils n'ont pas voulu comprendre. Ils se sont même montrés violents, surtout Matthias. Il m'a poussé du haut d'un talus. Je suis tombé et je me suis fait mal. Je ne pouvais pas bouger alors je les ai appelés à l'aide, mais ils ne sont pas venus et sont partis avec Ariane. Comme si j'étais un sac poubelle. Ils ont dû penser que j'étais inutile, que ma blessure serait peut-être mortelle... En tout cas, j'ai vraiment eu très peur. Et je te rappelle que je n'avais que cinq ans à l'époque. Après ça, j'ai été retrouvé par un Scout qui passait par là et je n'ai plus eu de nouvelles d'Ariane...

" Puis j'ai été élevé par mon oncle avec qui j'ai effectué un long voyage pour me former. Nous sommes revenus à Bourg-en-Vol et je vous ai rencontrés, toi et Mathilde. Comme tu le sais, j'ai revu Ariane pendant notre voyage. C'était la première fois depuis dix ans. "

Jérémie sentit une vague de souvenirs remonter en lui. Lorsqu'il avait vu Ariane, elle était en mauvaise posture contre un dénommé Fabien. Maintenant, il savait exactement qui il était.

L'homme avait retrouvé Ariane sur le chemin d'Autequia. Mu par une rancœur tenace et un amour refoulé pour la jeune fille, Fabien avait vaincu Ariane puis l'avait torturée avec ses Pokémon. Si, à ce moment-là, Cyril n'était pas intervenu, il y aurait eu fort à parier que la pauvre dresseuse ne serait plus de ce monde. Vaincu et ligoté, Fabien avait fini par être mis en détention, et on avait alors plus entendu parler de lui, ni d'aucun autre membre des " Shadow Dream ".

Peu après ces sombres événements, Cyril avait proposé à Ariane de voyager avec eux, ce qu'elle avait accepté avec un unique sourire, signe de sympathie plutôt inhabituel de sa part. A ce moment-là, Jérémie se rappelait que son teint blême avait semblé s'illuminer brièvement, comme une étoile filante vient fugitivement éclairer le ciel. Peut-être, au fond d'elle-même, n'était-elle pas si froide et distante que cela.

Quoiqu'il en soit, Jérémie connaissait assez bien Cyril pour supposer qu'il nourrissait de forts sentiments à l'encontre Ariane. Ses regards furtifs, le sourire qui parfois flottait sur ses lèvres, la façon cajoleuse qu'il avait de s'adresser à elle... Tout cela l'amenait à cette hypothèse.

Pour sa part, Jérémie s'était beaucoup amusé de cette attitude. Il en avait discuté avec Mathilde chaque fois que les deux concernés étaient trop loin pour les entendre.

Ah, il était tout de même reculé, le temps où les petites anecdotes de ce genre venaient régulièrement alimenter leurs discussions...

- Merci de m'avoir confié tout ça, reprit Jérémie en brisant le silence comme le cours de ses pensées nostalgiques. Je suis très touché.

En l'instant, il n'aurait pu être plus sincère. Sa voix tremblait d'émotion et ses yeux encore humides étincelaient d'admiration en se posant sur son ami. Il avait pris la décision de lui confier ce lourd secret, de lui confier en quelque sorte une part intime de lui-même. Et cela, il lui en était infiniment reconnaissant.

- C'est normal, répliqua aussitôt Cyril en essuyant ses pleurs. Tu es un frère pour moi. Je n'ai rien à te cacher. Du moins plus maintenant, pas après tout ce que tu viens de me prouver. Et oui, si tu veux savoir. Je l'aime. Je l'ai aimée dès l'instant où je l'ai vue.

Jérémie amorça un geste, comme pour consoler son ami. Il se ravisa. Au fond de lui, il s'en voulait de ne pas pouvoir faire la même chose, de ne pas pouvoir lui dire la vérité à son sujet. Car tout simplement... il ne la connaissait pas.

Pokémon #373