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Le Champion déchu de Rasrey



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» Auteur : Rasrey - Voir le profil
» Créé le 18/08/2012 à 15:37
» Dernière mise à jour le 29/08/2012 à 13:02

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Chapitre 8 - Turbulences à Caeli-Ville, partie 2/4
A vingt heure tapant, Ethan quitta sa chambre d'hôtel pour rejoindre le hall deux étages plus bas. Il avait attendu ce moment fébrilement, faisant les cents pas dans sa chambre pour savoir ce qu'il dirait si elle en viendrait à aborder "le" sujet. Finalement, et comme il s'y attendait, il n'avait rien trouvé. Ce qui explique entre autre pourquoi il n'était plus du tout aussi motivé qu'il y a quelques heures pour régler les choses. Il descendait les escaliers en traînant les pieds, espérant trouver une éventuelle réplique qui solutionnerait le problème en un rien de temps, une inspiration divine, une illumination, n'importe quoi. Alors qu'il venait de poser le pied sur la dernière marche, il était toujours aussi indécis que quelques minutes plus tôt. Rien n'était venu. Il allait devoir y faire face avec les moyens du bord.

Il balaya le hall du regard, mais n'aperçut pas Melody.
"Elle est peut-être sortie prendre l'air."
Ethan décida de vérifier tout de suite, il était inutile de retarder encore une fois la sentence. Il trouva Melody dehors, en train d'observer l'horizon, appuyée contre le mur du centre de repos. Le petit bruit provoqué par l'ouverture automatique des portes extirpa la jeune femme de ses rêveries, et elle vit Ethan s'avancer vers elle. L'ex-championne lui adressa un sourire, qu'il lui rendit aussitôt.
"Avec un peu de chance, je peux peut-être faire en sorte que la conversation reste centrée sur Flore et Caeli-Ville."
- Comment vas-tu, Ethan ?
- Comme quelqu'un qui vient de perdre son titre de champion. Tu vois de quoi je veux parler.
- Malheureusement, oui...
- Je suis désolé Mel, je sais que ça comptait beaucoup pour toi.
Melody dévisagea Ethan, et lui posa l'index de sa main gauche sur le front.
- Depuis quand es-tu si prévenant avec les sentiments des autres ? Apparemment, cette Flore a un bon effet sur toi.
Ethan prit la main de Melody, et la remit sur son autre main. Il soupira, et dit :
- Ne dis pas n'importe quoi. Avec Marc, vous êtes les deux seules personnes à qui je tiens vraiment, cette petite cruche n'a jamais eu rien à voir là-dedans.
- Oui, à ce propos...
- D'ailleurs, l'interrompit Ethan qui avait deviné où elle voulait en venir, tu crois à son histoire ? Le Cartel Lazard, tu y crois ?
- Bien sûr que j'y crois.
- Comment peux-tu être si sûre de leur existence ?
- Celui qui m'a pris mon titre il y a quelques mois était habillé comme le tien, semble-t-il. Et probablement tout aussi puissant qu'Alvis, s'il a battu Terrakium. Ça m'a tout l'air d'être une organisation.
- Ils pourraient agir en duo...
- Non. Cet homme... Celui qui m'a battu... Je le sais, c'est lui qui me l'a dit, ce n'est pas Flore.
- Il aurait délibérément divulguer des informations sur son organisation secrète, tu veux dire ? Ça ne tient pas debout !
Melody était gênée, Ethan le voyait bien. Il y avait quelque chose qu'elle lui cachait.
- Tu comprendras quand on y sera, Ethan.
Ce dernier décida de ne pas insister pour le moment. Il connaissait Melody, et savait qu'elle ne lui révélerait rien, même s'il le lui demandait toute la nuit. C'était le genre de personne à qui on pouvait confier un secret en toute confiance.
- Apparemment, il vous est arrivé pas mal de choses à Caeli-Ville. C'est vraiment sans danger pour vous d'y retourner maintenant ?
- Pour être honnête, moi-même je n'ai pas très bien compris pourquoi nous étions pourchassées. Le pire, c'est que nos poursuivants étaient des membres de l'Illustre Promotion.
- Quoi ? Mais qu'est-ce que ces jeunes ont à voir là-dedans ? Qu'avez-vous fait exactement ?
- C'est à Flore qu'il faut poser la question. A en croire le professeur Hector, c'est après elle qu'ils en ont. Le problème, c'est qu'elle n'a aucun souvenir de l'année de ses quinze ans, et c'est là tout le mystère.
- Laisse-moi résumer : Après ta seconde défaite à l'arène il y a trois jours, vous vous êtes rendues compte que vous étiez poursuivies par des membres de l'Illustre Promotion qui en veulent à Flore pour une raison dont elle-même ne peut pas se rappeler ?
- Tout à fait. S'ils sont toujours dans le coin, ce n'est peut-être pas très sûr de retourner à Caeli-Ville maintenant, mais Flore a raison. C'est le seul endroit où nous pouvons débuter nos recherches, car je connais plusieurs personnes qui peuvent nous aider à en apprendre plus sur le Cartel Lazard. Et il faut qu'on te montre celui qui m'a battu à l'arène.
- Je vois... Quelle histoire. Une fois là-bas, il faudra être prudent.
Le silence s'installa. La douce brise nocturne et l'ambiance naturelle et tranquillisante de la nuit aidait Ethan à se sentir mieux. Maintenant, il pouvait s'il le voulait orienter immédiatement le sujet vers Flore, et le fait qu'ils auraient facilement pu faire parler Alvis en faisant semblant de kidnapper sa sœur. Ou bien il pouvait attendre que Melody se remît à parler, et il n'avait aucun doute quant au sujet qu'elle aborderait. Apaisé par la nuit et le magnifique coucher de soleil qu'ils pouvaient admirer de là où il étaient, Ethan décida de se taire.

- Et si nous passions aux choses sérieuses ?
- C'est-à-dire ? demanda Ethan l'air absent, en s'efforçant de ne pas se trahir.
Melody laissa à nouveau quelques secondes s'écouler pendant lesquelles elle observait ses mains, avant de reprendre timidement :
- Tu sais, ça m'effraie autant que toi de devoir en parler. Je sais que ce n'est pas dans ta nature de t'intéresser à ces choses-là, mais c'est moi qui doit être la plus mal à l'aise actuellement, si tu y penses bien.
Cette fois, Ethan ne répondit pas. Elle avait incontestablement touché juste, mais le fait de savoir qu'elle était plus gênée que lui n'arrangeait rien à son embarras.
- Depuis qu'on ne s'est pas vus, il y a un froid entre nous. Ça fait cinq ans que ça dure, maintenant. Je pense qu'il serait temps d'y remédier...
- Il n'y aucun froid... dit Ethan.
- La dernière fois qu'on s'est vus, tu t'es enfuis à la seconde où mon regard s'est détourné de toi. Depuis, tu ne m'as plus recontactée. Et tu prétends qu'il n'y a aucun froid ?
- Comment voulais-tu que je réagisse ? Figure-toi que ce n'est pas tous les jours qu'on demande de m'épouser !
Nouveau silence, pendant lequel Ethan se frotta les temps comme à son habitude pour s'éclaircir les idées.
- Quand bien même, reprit Melody, tu as eu cinq ans pour y méditer...
Il soupira. Il ne savait décidément pas quoi dire pour arranger les choses. Il n'avait aucune réponse à lui apporter. A ce train-là, il fonçait dans un mur. Il décida donc de demander clairement à Melody :
- Qu'est-ce que tu attends de moi, exactement ? Que je réponde à la question que tu m'as posée il y a cinq ans ?
A la grande surprise d'Ethan, elle secoua la tête.
- Je veux savoir pourquoi tu t'es enfui.
- Désolé, mais pour l'instant, je ne peux rien te dire à ce sujet.
- Tu avais préféré t'enfuir que dire "non", c'est ça ?
- Non, pas du tout. Ça n'a rien à voir avec toi, en fait.
- Tu vas encore me faire attendre, après cinq ans ?
- Écoute, tout à l'heure tu m'as dit d'attendre qu'on soit à Caeli-Ville pour découvrir la vérité. Je te demande la même chose, patiente jusqu'à notre arrivée là-bas, et tu sauras tout.
- Tu ne vas pas encore te défiler, j'espère ?
"Une fois que le professeur Hector me verra, je n'aurai plus aucun moyen de me défiler, de toute façon."
- Je te le promets.
Ethan s'étira les bras, fatigué.
- Je vais aller me coucher, mais avant ça...
Melody le regarda d'un air interrogatif.
- Oui ? fit-elle.
- Tu veux savoir pourquoi je me suis enfui, mais pas ma réponse à ta question... Pourquoi ?
Elle hésita à répondre, mais finit par se lancer.
- J'ai... j'ai plus ou moins rencontré quelqu'un. Il est à Caeli-Ville, en ce moment.
Ethan encaissa le choc. Sans ajouter un mot, il partit se coucher.

Une fois allongé sur son lit, il décida de faire un bilan de la situation.
"Résumons... A Caeli-Ville, je vais découvrir qui est le nouveau champion d'arène. Nous allons même devoir le combattre si nous voulons en savoir un peu plus. Nous allons également devoir récolter des informations sur le Cartel à l'aide des contacts de Mel. Flore va devoir faire attention à ne pas se faire repérer par l'Illustre Promotion. Moi, je ne devrai pas me faire repérer par le professeur Hector, dans la mesure du possible. Et enfin... Non. Non, c'est tout."
Il entendit le bruit de la porte de la chambre à proximité claquer, signe que Melody était enfin partie se coucher. Maintenant, il était temps de profiter du peu de temps qu'il restait pour dormir.

Caeli-Ville était une ville unique en son genre, puisqu'elle était ni plus ni moins perchée sur un immense Pokémon volant. Si on ignorait l'origine et le nom de ce Pokémon, tout le monde savait à Dehlio à quoi il ressemblait, car en plus d'avoir la taille d'une ville, il faisait sans cesse le tour du continent, sans jamais s'arrêter. Selon une légende, il faisait sa ronde depuis des siècles déjà. Caeli-Ville était au départ un simple lieu touristique, car il suffisait d'une journée à l'énorme Pokémon - qu'on surnommait "Aero" - pour faire le tour de Dehlio. Plus les années passaient, et plus ce lieu touristique se développait, jusqu'à devenir une véritable petite cité. Tout chez Aero faisait penser qu'il n'existait que dans le but d'abriter une population : son dos était plat, ou alors très, très légèrement courbé, et recouvert d'herbe. On pouvait arracher cette herbe, creuser, planter, sans que cela fît le moindre effet au Pokémon volant. Il y avait des arbres un peu partout, dont un en particulier, assez immense, qui semblait faire office de "corne" à Aero, mais personne ne s'aventurait là-bas, pour une raison évidente. Et enfin, là où il n'y avait pas de terre, il y avait des plumes. Et la disposition de celles-ci, sous forme de "crinière", protégeait Caeli-Ville des rafales de vent provoqués par la vitesse de vol du Pokémon.

Pour accéder à Caeli-Ville, le moyen était on ne peut plus simple. Les espaces de repos avaient tous ce qu'on appelait des "rampes de transfert" à l'étage le plus haut. Il s'agissait de chevaucher un Pokémon volant qui s'envolerait dès que la ville serait à proximité. Après avoir déposé le passager à l'espace de repos à l'entrée Caeli-Ville, le Pokémon ferait aussitôt demi-tour. Évidemment, chaque dresseur qui possédait un Pokémon de type Vol était invité à l'utiliser pour accéder à la ville par ses propres moyens, mais Flore n'en possédait aucun. Par ailleurs, les Pokémons volants refusaient généralement de porter une autre personne que leur dresseur, donc impossible pour Melody de lui en prêter un, alors qu'elle en possédait plusieurs.

"Mesdames, messieurs, Caeli-Ville sera accessible dans approximativement une demi-heure. Si vous désirez vous y rendre, rendez-vous dès maintenant dans la pièce réservée à cet effet, au dernier étage. Nous vous souhaitons une agréable journée. Je répète..."
La voix de l'annonce réveilla Ethan, qui, une fois qu'il était assez lucide pour comprendre le message, s'empressa de s'habiller et de préparer ses affaires avant d'aller toquer à la porte de la chambre 329.
- Flore ! Mel ! Réveillez-vous, on est en retard !
Ethan n'obtint aucune réponse, il en conclut donc qu'elles roupillaient toujours.
"Pas très étonnant, après avoir passé trois jours sans fermer l'œil..."
Il frappa la porte avec son poing pour être sûr de les réveiller. Mais là encore, il n'eut aucune réponse.
- Flore ! Mel !
"Peut-être que si j'appelle Mel avec mon téléphone..."
Il sortit le petit engin de sa poche, et commença à composer le numéro de son amie. Arrivé à la moitié, il se rendit compte de quelque chose. Il annula l'opération en appuyant sur le bouton à l'icône rouge de son téléphone, le remit dans sa poche, et leva la tête, sans bouger. Il resta immobile une bonne dizaine de secondes, à fixer la porte en face de lui.


"Flore et Mel ne répondent pas... Il n'y a aucun bruit dans le couloir... Et je sens une présence des deux côtés. Quelque chose cloche."
Il avait ses Pokéballs accrochées à la ceinture, mais n'osait pas en saisir une. Au moindre mouvement brutal, les individus qui bloquaient les deux sorties pouvaient agir. Il ne les voyait pas, mais il les sentait. Et ils étaient nombreux.
"Je n'ai pas le choix... Je vais devoir faire appel à un Pokémon si je veux m'en sortir."
Ethan entendit des bruits de pas. Ils approchaient.
"Terrakium ? Non, le couloir est trop étroit pour lui. Escroco, peut-être...?"
Les individus s'approchaient de plus en plus. Soudain, ils se mirent à courir.
"Plus le temps d'y réfléchir, on y va !"
Ethan se retourna brusquement et s'empara de deux Pokéballs au hasard qu'il lança aussitôt de chaque côté du couloir.