Chapitre 1 : Echappée sauvage
Premier axe : Frère et sœur
Chapitre 1 : Echappée sauvage
« Attends un peu qu'on t'attrape, Soklar ! Tu vas voir ce que tu vas prendre ! »
« Je vous rappelle que c'est vous qui avez encore voulu me frapper ! Vous pensez vraiment que je vais me laisser faire ? Et puis quoi encore ? Je ne suis pas stupide ! »
Galopant à toute allure, un adolescent aux cheveux blonds jette à peine un regard en arrière. Deux autres adolescents de son âge sont en train de le poursuivre, cherchant à l'attraper pour lui causer mille misères s'il se fait prendre.
« Arrête de courir ! On te promet qu'on ne va pas te faire de mal ! »
« Tu crois vraiment que je vais tomber dans un piège aussi stupide ? »
Il sait comment se débarrasser d'eux. C'est bien simple. Ils tomberont dans le panneau comme d'habitude. Lui, il ne cherche pas les ennuis, c'est eux qui viennent ! Mais encore une fois, ils vont tomber dans le panneau.
Il s'arrête au détour d'une ruelle, faisant un grand sourire avant de se retourner. Devant ses yeux, plusieurs sacs d'ordure sont entassés les uns sur les autres, une odeur nauséabonde émanant d'eux. Pourtant, il ne bouge pas, les bras croisés.
« Alors ? T'as enfin fini ? On te promet qu'on ne va pas te faire trop de mal. Tu faisais un peu trop le fier devant les autres non ? » dit l'un des adolescents avec ironie.
« Je ne faisais que distraire les vieilles personnes. Ca les amuse et au moins, ça m'occupe. »
« Et pendant ce temps, tu nous insultes ! Tu crois qu'on ne t'a pas entendu ?! »
« Désolé d'avoir confondu le Groret de monsieur Féralo avec toi. Vous avez le même visage, c'est pas de ma faute ! On aurait dit deux jumeaux ! » rétorque Soklar en ricanant.
« Attends un peu, tu vas voir ! Suis-moi ! Il ne pourra pas nous échapper ! »
Soklar prend appui sur ses pieds, se mettant en position d'attaque, les poings en avant. Les deux autres adolescents s'avancent vers lui, mais dès qu'ils sont à quelques mètres, l'un des deux adolescents percute quelques morceaux de bois au sol, les sacs poubelles venant s'effondrer sur eux. Quelques secondes plus tard, des cris se faisant entendre.
« AIIIIIIIIIIIE ! Mais ça fait mal tout ça ! Au secours ! Nous sommes coincés ! »
« Hahaha ! Ca vous apprendra ! Ne comptez pas sur moi pour vous délivrer hein ? Vous pouvez continuer à crier et … »
« Idiot. » dit une voix derrière lui, un poing vint percuter son crâne, lui arrachant un cri de douleur. Il gémit, se retournant avant de sursauter et faire un pas en arrière. Aie, aie, aie ! C'est normal qu'il souffre alors !
« Je peux savoir ce que tu as encore fait comme bêtises ? »
« Rien de bien spécial, grande sœur. J'ai juste puni ceux qui me voulaient du mal. »
« En faisant tomber des ordures sur eux ? »
Sans chercher à écouter l'adolescent aux cheveux blonds, un être emmitouflé dans un tissu brun vient s'approcher des sacs d'ordures, les soulevant avec une certaine aisance. Les adolescents remercient la personne avant de pousser des hurlements :
« Ah non ! C'est elle ! Elle est déjà revenue ! »
« C'est comme ça que l'on récompense les bonnes actions ? » soupire l'être encapuchonné avant de se retourner vers Soklar.
« Tu vois ? Ce sont des idiots ! Ils ne cherchent même pas à comprendre les blagues que je fais pour faire rire les vieilles personnes du village. » s'écrie Soklar.
« Des blagues ? Encore des insultes cachées, je parie. On rentre au lieu de traîner ici. Je sens que je vais encore avoir des plaintes. »
« Pardon Melgana, je ne veux pas te créer de problèmes. »
« Tu n'as qu'à me prendre la main si tu veux te faire pardonner. » répond calmement la personne encapuchonnée alors qu'il recule un peu.
« Ah non ! Tu sais que c'est gênant ! Ils vont se moquer de moi s'ils me voient tenir la main de ma grande sœur comme ça ! »
« Pas d'objection. » dit Melgana en coupant court à la conversation, le forçant à placer sa main dans la sienne alors qu'elle porte des gants noirs.
Honteux, Soklar baisse la tête alors qu'ils sortent tous les deux des ruelles. Aussitôt, des murmures se font entendre, l'adolescent aux cheveux blonds ne sachant plus où se mettre. Il marmonne faiblement :
« Vraiment, t'es pas obligée, grande sœur. »
« Punition pour ce que tu as fait à ces adolescents. Qu'ils le méritent ou non, ça ne me concerne pas, Soklar. Néanmoins, si tu as des soucis, tu viens m'en parler. »
« Et puis quoi encore ? Je suis un homme. Je règle mes problèmes moi-même ! »
« Oh ! Qu'est-ce qu'il est mignon quand il veut se prendre pour un adulte. » répond t-elle en lui caressant le sommet du crâne.
Il devient encore plus rouge qu'auparavant, bafouillant quelques mots, ne sachant plus du tout où il peut se mettre. Il aimerait se faire tellement plus petit pour qu'on ne puisse jamais le retrouver mais c'est inutile. Des petits rires se font entendre. Melgana fait toujours une telle chose quand elle est de retour, juste pour le gêner.
« Nous voilà de retour à la maison. Tu rentres ou tu boudes ? »
« Je préfère bouder devant la porte. Tout le monde se moquait de moi, Melgana ! »
« Et donc, j'espère que tu comprends maintenant ce qu'ils ont ressenti quand tu as décidé de te moquer d'eux en agissant de la sorte, n'est-ce pas ? »
« Je continuerai quand même, jusqu'à ce qu'ils arrêtent de vouloir se battre avec moi. Ils sont fiers et prétentieux car ils peuvent utiliser leurs pouvoirs. »
« Qu'ils continuent, tu n'as pas à les écouter, voilà tout. Rentre donc. »
Elle le force, posant une main sur son épaule pour qu'il pénètre à l'intérieur de la maisonnette faite entièrement de bois. Elle n'est pas tellement éloignée des autres bâtiments du village mais elle est quand même à une distance respectable. Les meubles sont anciens mais peuvent encore servir et il y a juste assez de pièces pour chacun. Une chambre pour Melgana, une pour Soklar, un salon qui fait aussi cuisine et une petite pièce qui sert de bureau. C'est plus que suffisant.
« Je vais préparer le repas et AH ! Ça fait du bien de se débarrasser de tout cela. »
Le tissu brun qui recouvrait le corps de Melgana tombe au sol, dévoilant une chevelure auburn et hirsute. Si Soklar a des cheveux blonds plutôt courts, ceux de Melgana pourraient être plus longs mais ils préfèrent se livrer bataille. Elle porte des pièces d'armures sur son corps. Des brassards de métal vert ainsi que des épaulettes de même couleur. Ces dernières recouvrent le haut de sa poitrine de moyenne taille bien qu'il semble qu'elle n'a pas encore fini de grandir de ce côté. Elle a aussi des genouillères de métal bleu et la seule chose qui la recouvre en tant que tissu est un justaucorps de couleur rouge.
Le problème ne réside néanmoins pas dans sa tenue mais plutôt sa taille. Bien que le petit frère mesure déjà un mètre soixante, ce qui est une bonne taille pour ses quinze ans, Melgana en mesure un mètre quatre-vingt, ce qui est plutôt important pour une jeune femme à peine âgée de dix-huit ans. Alors, en plus d'être ridiculisé par sa sœur en public, il l'est aussi par la taille.
« Et alors ? Ne me dit pas que tu me regardes encore parce que tu fais un complexe sur ta taille hein ? Tu n'as pas fini de grandir, Soklar. »
Sauf qu'il ne peut pas voir son visage. Celui-ci est camouflé par un vilain masque de métal d'une blancheur immaculée. Des fois, il aimerait bien le lui retirer mais il sait que c'est impossible, qu'il ne doit pas le faire. Sa grande sœur est une femme très forte, reconnue dans le village. Alors faire une telle chose serait stupide.
« J'aimerai surtout grandir le plus rapidement possible, c'est différent. »
« Il ne faut jamais être trop pressé, Soklar. Je pars faire la cuisine. Qu'est-ce que tu veux manger ? » demande-t-elle alors qu'il hausse tout simplement les épaules. Il ne sait pas, pas du tout même. Il se dirige vers la fenêtre, ouvrant les volets de bois avant de jeter un œil à la ferme au loin. C'est vrai qu'il peut voir plusieurs Ecremeuh qui broutent de l'herbe. Ces pokémons ne sont pas utilisées pour les duels, juste pour nourrir les hommes.
Il reste assis sur une chaise, observant sa grande sœur qui cuisine. Il devrait peut-être lui dire ça, ça serait bien mieux quand même. Il se relève, lui demandant :
« Melgana, ça ne serait pas mieux si tu retirais tes épaulettes non ? Tu as assez travaillé. »
« Tu t'inquiètes pour ma santé ? C'est très mignon de ta part, ça. »
« Je me fais juste un peu de souci, rien de plus. Puis bon, tu auras du mal à cuisiner avec les épaulettes. Attends, je vais te les retirer. »
« D'accord, d'accord. Pendant ce temps, je continue. »
Avec expertise, comme si cela n'était pas la première fois, il commence à travailler sur les épaulettes, finissant par pouvoir les extraire des épaules de sa sœur. Des épaules plutôt fines et élancées mais il sait que si elle est capable de porter une telle armure, les muscles sont bien présents chez sa sœur. Il se dirige vers la chambre de sa sœur mais Melgana lui dit :
« Non, non. Dépose plutôt l'armure devant la porte. Tu sais bien que tu n'as pas le droit de regarder dans ma chambre. Aller ! Hop ! »
« Pfff, d'accord, d'accord. Je sais bien que tu es une fille mais quand même. Puis, tu ne retires jamais ton masque aussi, ce n'est pas drôle. »
« Porter ce masque n'est pas fait pour être drôle, Soklar. Tu sais pertinemment ce qu'il représente pour moi, non ? »
« Je pensais que je représentais ton petit frère. Enfin, que j'étais plus important qu'un masque, c'est tout. On est seuls depuis plus de huit ans, tu sais … »
« Bon ! Je comprends ce que tu veux. Tu es vraiment pot-de-colle, n'est-ce pas ? » dit-elle avant de poser sa cuillère en bois, se dirigeant vers lui. Elle retire ses brassards avant de passer ses bras autour de son frère, le serrant contre elle.
« Arrêtes ! Tu sais bien que … » bredouille Soklar.
« Que tu voulais que je fasse ça, oui. Je le sais. »
C'est vrai. Il le reconnait. Ça lui manque un peu la chaleur maternelle alors il a celle de sa sœur. Il ferme les yeux, respirant bruyamment avant de se dire que ça pouvait bien durer plus longtemps non ? Pourtant, elle se sépare de lui quelques secondes plus tard.
« Aller, je vais terminer de faire à manger. Tu peux déjà t'installer. »
Il marmonne avec nonchalance avant de s'asseoir sur une chaise. Melgana porte encore ses cuissardes mais il préfère ne pas le lui dire. Il sait qu'elle le remarquera par elle-même bien assez tôt de toute façon. Le repas arrive quelques minutes plus tard, un peu de soupe mais avec quelques morceaux de viande et légume dedans. C'est une journée comme une autre.