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A l'aube du pouvoir (T.1) de Raishini



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Informations

» Auteur : Raishini - Voir le profil
» Créé le 11/08/2012 à 13:31
» Dernière mise à jour le 16/11/2013 à 14:44

» Mots-clés :   Fantastique   Hoenn   Présence de poké-humains   Sinnoh

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Chapitre 15 : Prendre la tangente
Jérémie surgit plus violemment qu'il ne l'aurait pensé. Un bruit mât, un craquement, un fracas épouvantable puis un éclair dans le ciel tempétueux... Plusieurs sons se succédèrent indépendamment les uns des autres sans qu'il ne comprenne l'origine de certains.

Devant lui un homme se relevait en armant sa hache ensanglantée. Malgré le nuage de givre que le garçon avait généré, ses yeux ne pouvaient l'abuser. Instantanément, Jérémie décocha à l'individu un puissant coup de pied, brisant le manche de son arme par la même occasion. Le bourreau poussa un grognement étouffé et s'écroula.

Quelque part derrière, plusieurs rumeurs étouffées et affolées lui parvinrent. Des gens couraient en désordre et emplissaient l'atmosphère d'un charivari indescriptible. Plus intense encore, le crépitement de la pierre brisée - qui retombait en fine poussière - dominait. Une surprenante phase d'apathie s'ensuivit, comme si l'on attendait que le panache cendré se dissipe.

Durant cet intervalle, Jérémie souffla. Son arrivée remarquée sur le toit devait avoir interrompu l'exécution. Du moins l'espéra-t-il en observant le bourreau inanimé. Rien n'indiquait que la hache ait fait son œuvre, car le sang n'était pas frais. Cela fit sourire Jérémie à pleines dents.

Partagé entre bonheur et surprise, il sentit une vague d'espoir le réchauffer. Paradoxalement, son cœur n'avait de cesse de tambouriner contre sa poitrine. Après tout, les dirigeants d'Orowind n'en resteraient certainement pas là. Et donc, aussi grande que fût sa joie, elle serait de courte durée s'il n'agissait pas immédiatement.

En bon seigneur, le vent souffla le nuage et révéla ce qui se passait. Au même instant Jérémie tâtonna dans le vide et sentit sa main toucher une épaule. Un nouveau sourire malicieux étira ses lèvres lorsqu'il reconnut les épais cheveux roux, le regard bleu et l'expression infantile de Cyril.

- Que... ? balbutia ce dernier en le dévisageant, abasourdi.

- Quoi, ce n'est pas évident ? répliqua son ami, presque vexé. Je suis venu te sauver !

Alors que Cyril s'apprêtait manifestement à dire quelque chose, une voix douce mais tremblante résonna :

" Veuillez excuser mon incursion, mais je dois vous communiquer un fait important. Non, vous n'êtes ni fous, ni surmenés. Je suis Naïa Solrei et m'adresse à vous par télépathie. Certains d'entre vous sont mes ennemis, d'autres des alliés potentiels. Pourtant, nous avons tous un ennemi commun. Cet ennemi est non seulement capable de détecter notre énergie, mais aussi de voler nos pouvoirs. Moi-même j'ai dû la dissimuler pour le prendre par surprise. Mais je n'ai pas osé le tuer.

" Autant vous le dire tout de suite. Pour l'avoir vu à l'œuvre, je peux vous garantir que sa force est démentielle. Maître de la lumière et également détenteur du pouvoir du Cristal de Puissance... je veux bien évidemment parler de Tobias ! "

Jérémie cilla. La voix provenait directement de son esprit. Et pourtant c'était bien réel. Naïa Solrei... n'était-ce pas la femme de Hyde ? Celle qu'il avait vue pieds et poings liés au Mont Couronné ? Pourquoi leur parlait-elle de Tobias ?

" Pour prouver la véracité de mes propos, je tiens à vous dire que Tobias a tué celui qu'on appelait Murdoch et a pris son pouvoir de Type Combat. Si vous ne me croyez toujours pas, fermez les yeux et observez. "

L'image de Tobias et d'un de ses hommes - que Jérémie se rappelait avoir vu une fois - s'imposèrent à son esprit. Fronçant les sourcils à nouveau, le garçon assista à la mise à mort de l'homme par Tobias. Tout cela dans une effusion de sang et de rires déments. La scène était triste de réalisme et Jérémie grimaça en inspirant un bon coup. Puis le décor s'effaça et la voix de Naïa cessa de se manifester.

Encore choqué parce que qu'il venait de voir, le garçon examina la situation. Il n'aurait jamais pensé que les choses prendraient une telle tournure. Mais c'était pourtant un fait. Il observa Cyril avec inquiétude : toute la compassion, toute la misère du monde passait dans son regard d'azur. Lui aussi devait avoir entendu le message de Naïa, et cela ne pouvait qu'empirer les chose. Jérémie ne saurait le supporter plus longtemps. D'autant plus que les hurlements enhardis gagnaient en intensité. Ses ennemis ne tarderaient pas à retrouver une complète lucidité.

Et alors, il serait trop tard.

Telle l'étrange incarnation d'un saint, Cyril restait là, imperturbable, les bras en étoile. Nul désir de se sauver, ni même celui d'exister. Rien de tout cela ne se lisait sur sa face blême et mélancolique. Mais il n'aurait pas le loisir de se plaindre, car Jérémie le sauverait. Il était temps de quitter les lieux, surtout si la menace mise en évidence par Naïa était réelle.

Sans faire mine de protester ou d'approuver, Cyril l'observa - non sans quelque surprise - passer une main sur sa combinaison en caoutchouc puis crisper les traits, en plein effort mental. Jérémie procéda alors à une étrange litanie, plus destinée à se rassurer qu'à avoir un véritable effet sur son acte.

Enfin, la combinaison fut parcourue par un souffle givré puis emprisonnée dans la glace. Au bout de quelques secondes, elle se craquela et tomba en morceaux. Il en fut de même pour les liens qui retenaient Cyril à l'échafaud. Sa propre chute ainsi que celle des fragments semblèrent le réveiller.

Jérémie avait mis tout son cœur à l'ouvrage et fut heureux de constater qu'il n'avait pas blessé son ami en gelant le caoutchouc. Son intégrité était entière et cela lui étira un soupir de soulagement. Quoique, ce ne fut pas sans regret qu'il scruta rapidement les ecchymoses de Cyril, désespérant de n'avoir pu les empêcher.

- Quoi ? croassa ce dernier en ayant l'air de sortir d'un rêve étrange. Mais tu es malade ! Pourquoi risques-tu ta peau alors que tu pourrais fuir ? Et puis par quel miracle es-tu arrivé comme si de rien n'était ?

Vigueur comme répartie semblaient à nouveau s'être frayées un chemin en lui alors qu'il se relevait. Ses joues s'étaient empourprées, devenant d'un rouge pivoine. Jérémie le connaissait assez pour savoir qu'il exagérait son ressentiment. Surjouer ne lui apporterait toutefois rien de plus. Le garçon avait pris une décision. Une décision irrévocable.

- Tais-toi et laisse-moi faire, dit-il d'un ton sec. Que tu le veuilles ou non, nous allons fuir. Fuir cette maudite prison.

Le vent cingla leurs chevelures lorsqu'ils coururent - Cyril de force - vers les parapets du toit. Les adolescents fendirent la foule médusée des gardiens - qu'un homme d'âge mûr mais colérique tentait de ramener à l'ordre - et poursuivirent leur chemin. Jusqu'à ce qu'un coup de feu ne les détourne de leur préoccupation première.

Si leste et rapide que fût sa réaction, Jérémie ne put s'empêcher de souffler. La nuée de glace qui le suivait partout venait de stopper la course d'une balle traîtresse. Et ce à quelques millimètres de son visage.

La balle transformée en cube translucide retomba avec un bruit de gros pavé. Jérémie percevait nettement ses forces déclinantes. Colère et peur avaient su lui apporter un second souffle, mais son épuisement total ne saurait tarder. Il devrait sans attendre se tirer de ce mauvais pas.

Ne prenant pas la peine de regarder derrière lui, Jérémie fit un geste souple et coordonné de la main. La nuée obliqua pour suivre la direction imposée, érafla le parapet en fer et se solidifia à partir de ce point d'ancrage pour former un toboggan grossier. A présent, les adolescents pourraient dévaler le sillon de glace et atterrir mollement dans le carré d'herbe que Jérémie avait sélectionné.

Le garçon sourit devant ce geste qui témoignait d'une volonté de confort : au vu de leur situation, c'était plus que dérisoire, et plutôt ridicule.

Il força Cyril à monter sur le parapet au mépris de sa propre sécurité. Malgré un concert de protestations, ce dernier obtempéra et se laissa glisser.

Jérémie évita une nouvelle salve de balles et les observa avec effroi passer à deux doigts de son crâne. Dans son dos, les cris redoublèrent d'intensité et il jugea opportun d'emprunter à son tour le toboggan.

- Que l'on abatte ces deux vauriens ! hurla une voix agressive, semblable à un rugissement de lion furieux. S'il le faut, utilisez des kamikazes, mais je veux leurs cadavres à mes pieds ! Et puis non... je vais m'en charger moi-même !

Quelques répliques étouffées mais emplies d'angoisse furent ainsi échangées avec l'homme au timbre léonin. Jérémie n'y prêta guère attention et rompit le toboggan de glace sitôt qu'il fut à terre et bien campé sur ses jambes. La fontaine de givre tourbillonna majestueusement dans l'air avant de se lover sur ses épaules, telle une étrange caricature d'animal.

Dans son sillage, elle avait laissé choir quelques cristaux de glace provoqués par la pluie. L'espace d'un instant, Jérémie n'eut d'yeux que pour cette neige localisée et miroitante qui l'entourait. Puis il décida de se reprendre lorsqu'un cri lointain lui rappela la précarité de leur situation.

Pendant ce temps, Cyril s'époussetait en lui jetant parfois un regard absent voire rancunier. Jérémie sentait qu'au plus profond de lui, il se maudissait de l'avoir contraint à venir le sauver. Et qu'il ne pouvait donc se réjouir d'être sain et sauf. Pourtant, le garçon aurait dû lui faire confiance, d'autant plus qu'il était lui-même profondément impliqué dans cette histoire depuis le début.

- Écoute, nous traverserons cette tempête ensemble ou pas du tout ! lui asséna Jérémie en espérant le motiver. Maintenant tu me suis, point barre. Hors de question que je te laisse. Que je sois venu à ta rescousse ou pas n'y fera rien : les gardiens d'Orowind me poursuivront quand même ! Mets-toi bien ça dans le crâne et cesse un peu de croire que tu es la cause universelle du mal !

Cyril ouvrit des yeux ronds et son expression se détendit, comme s'il comprenait soudainement. Un changement semblait s'être opéré et lui avait manifestement rendu un soupçon de raison. Ses bras crispés tombèrent le long de son flanc et il dévisagea Jérémie comme s'il le voyait pour la première fois.

- Je... je suis désolé, dit-il à ce dernier en plantant dans ses yeux un regard embué. Tu dois me trouver bien stupide de penser ça. Mais je reste convaincu que m'aider ne t'apportera que des ennuis. Et puis honnêtement, il n'y aurait pas beaucoup de monde pour me regretter.

Alors que Jérémie s'apprêtait à répliquer vertement, un hurlement strident emplit l'atmosphère de ses notes mystiques et envoûtantes. Une lueur flamboyante nimba le sol de reflets orangés et aveugla le garçon. Ses pupilles s'étrécirent tandis qu'il essayait vainement de voir quelque chose au milieu de cette multitude. Une silhouette couleur de miel se découpa contre le ciel noir. A l'étrange chuintement qui ponctuait chacun de ses mouvements, Jérémie devina qu'il s'agissait d'un Pokémon de feu. Un Pokémon de feu plus statufiant que tout ce qu'il aurait pu imaginer.

Ainsi qu'il le pensait, le Pokémon émettait une chaleur telle que la pluie battante s'évaporait avant même de le toucher. Lorsqu'il se fut habitué à la clarté quasi solaire, Jérémie aperçut un volatile environné d'un brouillard de vapeur. Le nuage grisâtre rendait ses contours incertains mais n'empêchait en rien de distinguer les flammes vigoureuses qu'il générait sur la bordure de ses ailes. Ni même celles qui embrasaient la totalité de sa queue et une partie de son crâne.

Le pire fut certainement quand Jérémie nota la présence d'un cavalier en tenue ignifuge sur le dos de l'oiseau. Interdit, il ouvrit une bouche aux mâchoires pendantes et la referma aussitôt. Qui donc était assez fou pour chevaucher une monture incendiaire ?

- Quoi... le directeur, Monsieur Notfair ? balbutia Cyril à sa droite, plissant les yeux pour observer le visage à peine discernable de l'homme.

- Mais on dirait bien le vieux à la voix super flippante ! remarqua Jérémie, fixant un regard horrifié sur le binôme qui volait vers eux à une allure croissante. Et on dirait bien aussi... qu'il veut nous voler dans les plumes !

Les adolescents eurent tout juste le temps de s'allonger pour éviter l'oiseau, qui effectuait un rase-motte en vue de les heurter. Quelques braises ardentes voletèrent autour de Jérémie et il grimaça quand l'une d'elle lui effleura la joue.

A mesure que ce dernier observait l'oiseau de feu, son instinct s'agitait et tordait ses entrailles. Ce Pokémon lui évoquait quelque chose...

La réponse lui vint quand le volatile décrivit une volte pour revenir à l'assaut : Sulfura, l'oiseau légendaire que l'on prétendait à l'égal du Soleil. Dans son regard - aussi aiguisé que son bec et ses serres -, Jérémie devina un fort tempérament. Mais aussi une volonté bouillonnante. Celle de les anéantir.

- Allez, réduis-les en cendres ! gronda Monsieur Notfair en flattant le dos de sa monture. Fais-toi plaisir !

Poussant un cri assourdissant, le Pokémon entrouvrit son bec et le pointa sur Jérémie et Cyril. En l'espace de ce qui lui parut un temps infime, le premier vit défiler devant lui une succession d'images floues. Sulfura trônant fièrement sur le monticule qu'étaient devenus leurs cadavres... Monsieur Notfair riant comme un bossu, ivre de joie après sa victoire sur eux...

Ce furent tout autant de visions fatales qui l'assaillirent et le poussèrent à se ruer devant Cyril pour le protéger.

Le cri de celui-ci se perdit au milieu du déluge de flammes vomi par Sulfura. Gigantesque et dévorante, cette langue orangée déferla sur eux, prête à les engloutir. Jérémie scruta brièvement le visage de Cyril. Il était livide et tremblant.

Donc, lui-même n'avait pas le choix. Il devait le faire. Son ami semblait ne vouloir ni agir, ni bouger. Et il ne pouvait le laisser périr sans rien faire. Sinon, à quoi bon les sacrifices auxquels il avait consentis ? Tout ce chemin parcouru serait alors vain.

Malgré l'effroi qui lui hérissait le poil et les gouttes de sueur qui perlaient au-dessus de ses arcades, Jérémie s'interposa. Obéissant docilement à un moulinet de sa part, la gerbe de glace dont il était désormais indissociable vira et fit obstacle aux flammes. Étonnamment, les deux éléments parurent se tenir mutuellement en échec. Dans un concert de chuintements semblables à ceux d'un sifflet de locomotive, ils livraient férocement bataille.

Puis la main de Jérémie trembla et son coude se plia légèrement, contre sa volonté. Bien que la pluie concourût à affaiblir l'attaque de Sulfura, sa fontaine gelée perdait du terrain. Lentement mais sûrement, la glace fondait sous l'action destructrice du brasier. Jérémie se sentait défaillir...

- Pour en revenir à ce que tu disais... dit-il brusquement en tournant vers Cyril un regard lumineux. Cr... crois-tu vraiment que tu ne manquerais à personne ? Moi je te regretterai énormément, et puis Mathilde et ton oncle aussi. Ariane, mon père... même Ratchet serait déçu si tu rendais l'âme maintenant, alors que nous avons si cruellement besoin de toi ! Tu crois peut-être que ça nous soulagerait que tu te sacrifies pour nous ? Tu crois vraiment que c'est ce qu'il y a de mieux à faire, alors que tu pourrais te battre à nos côtés ? Alors que tu pourrais te défausser de tes problèmes en prenant appui sur nos épaules ? Non, crois-moi, personne ne veux te voir partir, tu m'entends ? PERSONNE !

Le jeune homme s'enfonçait progressivement dans le sol meuble, tremblant des pieds à la tête. Se rapprochant dangereusement, les flammes de Sulfura léchaient presque ses membres. Cyril le scruta d'un air abasourdi, le front moite.

- Jérémie... dit-il simplement.

Ses yeux s'agrandirent brusquement lorsque son ami plia un genou à terre et hurla, brûlé au bras droit.

- Pathétique riposte que celle-ci ! ironisa Monsieur Notfair, sa barbe frémissante d'excitation. Tes espoirs sont futiles, gamin de glace !

- Arrêtez ça...

La voix de Cyril n'était plus qu'un murmure, à peine moins faible qu'un souffle de vent.

- Arrêter quoi ? ricana le directeur en descendant de Sulfura, lisant visiblement sur ses lèvres. Tu n'as strictement aucune pitié à espérer de ma part. Je vous ferez périr dans un enfer de flammes brutes !

- J'ai dit... ARRÊTEZ !

Monsieur Notfair s'immobilisa et dévisagea Cyril comme s'il le considérait sous un angle nouveau. Ses yeux pareils à de sombres glaciers perdirent leur assurance et brillèrent de façon inaccoutumée. Jérémie entrevit un flash puis une série de décharges vinrent faire obstacle au feu de Sulfura. Elles étaient d'un bleu comparable à celui de sa propre glace. Et surtout... elles venaient en renfort !

Le jeune homme ne put réprimer son envie de comprendre et il regarda en arrière. Un sourire complice se dessina alors sur ses lèvres quand il comprit que Cyril n'avait pas abandonné. Contre vents et marées, contre tous ses doutes, il s'était battu. Peut-être le fait de réaliser qu'on le souhaitait vivant plutôt que mort lui avait-il rendu sa lucidité ? Ou peut-être voulait-il encore manifester là son agaçante tendance au sacrifice ?

Quoiqu'il en soit, les deux garçons étaient à présents côte à côte et opposaient une résistance farouche à Sulfura. Leur bras de fer mêlant feu, glace et foudre crépitait en projetant des rais multicolores. Néanmoins, Jérémie se savait éreinté plus qu'il ne pourrait bientôt le supporter. Et il ne voyait vraiment pas comment se sortir de ce guêpier.

- Cyril, tu penses pouvoir créer une distraction quelconque, le temps que je forme un barrage grâce à la pluie ? haleta-t-il en suffoquant sous l'effort. Tu t'en sentirais capable ?

- Oui, si ça peut nous permettre de nous échapper, souffla son équipier, les bras parcourus de petites étincelles. Il est clair que nous ne pourrons pas vaincre ce type et son Pokémon. Sont bien trop balèzes pour ça.

A défaut d'être aussi fort qu'auparavant, Cyril avait au moins le mérite d'exercer un contrôle stable sur ses capacités. L'électricité se limitait au périmètre du rayon qu'il opposait à Sulfura. Pas une seule particule ne s'aventurait vers Jérémie, ce dont il fut reconnaissant. Le garçon avait déjà pris des " coup de jus ", comme on disait. Et il n'était pas prêt de vouloir retenter l'expérience.

- Maintenant ! hurla Jérémie en se retirant du bras de fer.

Avant même qu'il ait pu faire quelque chose, une sorte de tourbillon d'eau s'abattit contre le barrage de flammes et d'étincelles. Cette colonne ondoyante au grondement de cataracte eut tôt fait d'annuler le Lance-Flamme de Sulfura, qui demeura hébété.

Incrédules mais ravis, Jérémie et Cyril ne s'éternisèrent pas et prirent leurs jambes à leurs cous. Derrière eux, ils entendirent le tonnerre d'injures proférées par Monsieur Notfair. L'eau salvatrice n'avait pas seulement annihilé l'attaque adverse : elle avait aussi gelé à cause de l'attaque de Jérémie, formant un dôme qui emprisonnait Notfair et Sulfura.

Avec un sourire moqueur, Jérémie accéléra le pas. Le temps que leurs ennemis se libèrent, ils seraient déjà hors de portée. Lui et Cyril descendirent une allée bordée de hêtres. Au bout du chemin, ils s'enfoncèrent dans la jungle luxuriante qui s'offrait à eux et disparurent.

Les cris des gardiens lancés à leurs trousses résonnèrent en échos. Pus d'inquiétude majeure à avoir cependant : bien qu'éreintés et transpirants, ils étaient déjà loin. Loin d'Orowind, loin de ses hommes impitoyables, loin des problèmes.

Loin de tout.

Pokémon #146