« Un médecin n'est pas un bon médecin s'il n'a été lui-même malade. »
(Proverbe arabe)
« Réussir sa vie quand d'autres l'ont meurtrie, et
Réussir sa vie même si comprendre ne guérit pas »
(Mylène Farmer, Redonne-moi)L'étrangère. L'intruse. La pièce rapportée. C'est ainsi qu'elle se qualifiait d'elle-même dans sa tête depuis son arrivée dans l'académie d'Ogoesse. Elle n'avait eu de cesse de changer d'établissement scolaire afin de satisfaire les caprices d'adultes en pleine révolution sexuelle.
Se plaindre ?!
De quel droit Perrine Bethmont-Tennant-Hadley-Smirnoff-Truman irait se plaindre ?! Elle a traversé la guerre, elle a traversé la tentative de meurtre par ses propres parents biologiques à coup de gâteau empoisonné, elle a échappé à l'emprise d'un papa obsédé et menteur, elle s'est retrouvé avec deux papas, elle a assisté à la tentative de suicide d'un futur ministre, et en ce moment, œuf au plat sur le croque-monsieur, elle subit les engueulades répétées de ses papas pour des histoires de jambe cassée, de médicament mal dosé et de « manque d'affection ».
Si Perrine daignait se plaindre, elle provoquerait une émeute. Du moins dans sa tête c'était comme ça. Alors elle fermait sa gueule, elle laissait couler. Une stratégie efficace qui lui a permis de tout traverser jusque-là.
J'ferme ma gueule et j'm'en fous. Ça va passer. J'ai vécu plus grave.
Le matin à la maison, David était très affairé à préparer des médicaments. Et Perrine, son petit déjeuner ?
- Désolé ma chérie, je dois faire l'infusion de ton père...
Soit. Perrine avait développé sa propre mécanique de petit-déjeuner. A 11 ans, elle était la seule élève de sa classe à savoir faire un thé, des tartines au grille-pain et même à savoir utiliser un four, une machine à laver, un lave-vaisselle et un percolateur. Pour servir le café à ses parents, pour rendre service quoi.
Ses nouveaux parents adoptifs s'apparentaient à une formation en travaux domestiques, et Perrine était bien partie pour sortir première de sa promotion.
Le soir venu, c'était l'agitation qui primait.
- Tais-toi ! CESSE de me prendre la tête avec le dosage, Denis, MERDE ! Tu es LIBRAIRE !! Tu t'y connais autant en dosage de médicaments qu'en confection de bombes artisanales !!
- Je suis quand même bien placé pour savoir que ça ne fait aucun effet !!
- CA FAIT EFFET ! C'EST TA STUPIDE ADDICTION QUI PARLE !
- Arrête de me traiter de drogué !
- J'AI PAS PRONONCE CE MOT, MERDE !
Devinez quelle bonne fille faisait ses devoirs toute seule comme une grande à la table de la cuisine en faisant bieeeeen semblant de ne rien entendre ?
M'enfin, ça vous le saviez déjà. Vous saviez comme Perrine était une femme indépendante à la maison et qu'elle était mille fois plus adulte que ses gros neuneus de parents.
Mais à l'école, qu'en était-il ?
- C'est la grosse fille.
- Elle est tellement moche...
Perrine entendait, bien sûr, mais elle ne pouvait pas répondre. Que pouvait-elle dire ? « Arrêtez » ? Elle avait vécu des choses bien pires que les injures débiles d'élèves immatures. « C'est pas vrai » ? Bof. C'est pas comme si elle n'en pensait pas moins.
- Elle vient d'où ?
- J'en sais rien, elle est tellement bizarre...
- Elle dit rien, elle sourit jamais !
Perrine acheva de prendre ses affaires. Elle prit son sac et partit nonchalamment. Un gamin l'arrêta.
- Stop !
Perrine regarda le gosse. C'était un petit péteux, le surveillant des couloirs. Drapé de l'autorité, il se permettait d'être un petit chef, le dictateur du corridor. Et il était évidemment ridicule.
- Tu peux pas passer !
- ... pourquoi ?!
- Si tu essaies de passer, le sol va s'écrouler sous tes pieds !
Les autres élèves se mirent à rire. Le petit chef, satisfait de sa performance, croisa les bras en souriant.
- ... ah.
Perrine tourna le dos et décida de passer par un autre endroit, ce qui fit rire de plus belle les autres élèves.
- Oh non mais regardez-là !
- Qu'est-ce qu'elle est bête !
Perrine, malgré toute son indifférence, ne put ignorer le léger sentiment d'humiliation qui l'envahissait peu à peu.
Le petit chef repassa devant elle.
- Hep Hep Hep ! Là non plus !
Perrine poussa un soupir résigné. Par ce soupir, elle signifiait « Très bien, j'accepte d'être retenue en otage aussi longtemps que possible. Faites de moi n'importe quoi. »
- Qu'est-ce qui se passe ici ?
La voix avait été autoritaire. Perrine frissonna. « Oh non, pas un prof ou un surveillant, pitié... »
Une fillette noire arriva.
- C'est quoi ce délire ?
- Naomi, regarde, la grosse fille elle bouge pas quand on lui dit de pas bouger !
Naomi regarda Perrine qui la regarda, toute intimidée. La fille noire leva les yeux au ciel.
- Jojo, t'as des problèmes respiratoires ?
- ... euh bah non...
- Cool.
Naomi pinça très fort le nez du surveillant de couloir et prit Perrine par le bras. La fille de David et Denis suivit sa défenderesse.
- AÏE !! NAOMI, J'VAIS LE DIRE !!!
- Ferme-là, petit crétin ! Cette fille est dans ma classe, et quand j'aurais raconté au proviseur ce que tu lui faisais, c'est TOI qui auras chaud aux miches !!
Perrine n'osa pas le dire sur le moment, mais elle était vraiment reconnaissante envers cette fille qu'elle ne connaissait pas.***
- Eh bien des week-ends comme ça, on devrait en faire plus souvent !
- Exactement ! Hein Firmin ?
- Ouiiiiiiiiiii !
Perrine sourit en mangeant une frite. La petite famille s'était réunie au fast-food après des courses à la galerie marchande d'Ogoesse.
- Je ne suis vraiment pas certain à propos de ce polo que j'ai acheté... marmonna David.
- Ça te va parfaitement, c'est parfait pour ta conférence de lundi.
Perrine en tremblait d'avance. Son père dans son école pour parler santé. Comme il n'y avait pas d'option médecine avant le cycle suivant, le proviseur avait généreusement autorisé ce type de conférences.
- Mouais... Une conférence qui aurait pu être bien inutile...
- Oh je t'en prie, David...
- Enfin, je dirais ce que je pense lundi.
- Pas trop fort, s'il te plait... sourit Perrine.
- Et je n'humilierais pas ma fille lors de mon passage, c'est promis !
- Mais tu ne m'humilies pas du tout ! sourit Perrine.
- Je sais que tu penses que ton vieux papa...
- ... qui n'a même pas trente ans... sourit Denis.
- ... va venir t'embêter sur « ton » territoire, mais je me ferais le plus discret possible !
Perrine leva les yeux au ciel.
- Mon territoire, bah voyons...
- Les options, ça avance ?
Perrine soupira.
- Je suis vraiment pas faite pour la littérature... Naomi avait l'air subjuguée, moi...
- Tu seras bien meilleure aux Arts, ma puce... acquiesça David.
- Quant à savoir si je pourrais en faire mon métier...
Denis fronça les sourcils, agacé.
- Ma chérie, combien de fois t'ai-je dit que tu ferais une divine décoratrice d'intérieur ? Regarde ce que tu as fait aux chambres ! Je résiste envers et contre tout à te demander de nous faire une fresque dans le salon !
Perrine acquiesça en levant les mains.
- Ouais, mais... Est-ce que c'est vraiment ce que je veux faire, là est la question !
- Et qu'est-ce que tu veux faire alors ? demanda David.
Perrine réfléchit.
- Je... sais pas... vraiment... Je pensais passer le restant de mes jours dans un grenier à peindre, à la Van Gogh, et ensuite me suicider de façon spectaculaire – après vos décès respectifs bien sûr – afin de remporter un grand succès à titre posthume !...
David et Denis écarquillèrent les yeux.
- ... mais vous avez raison, décoratrice d'intérieur, ça peut être super aussi ! rectifia Perrine.
- Je... préfèrerais ça pour toi, oui... marmonna Denis.
- Ma chérie, parfois je me demande vraiment ce qu'il y a dans ta tête... s'inquiéta David.
- La passion de la peinture ! sourit Perrine.
Firmin regarda sa grande sœur.
- Et moi, tu vas me peindre ?
- ... si t'es pas sage, ouais !
- Papa, Perrine va me peindre !!
- Et elle aura raison si tu ne finis pas tes frites !
- Mais papa, ça fait grossir !
David et Denis se regardèrent, intrigués. Perrine se frappa le front.
***
La sonnerie de l'école retentit. Wallace rangeait son casier quand il se prit une tape sur l'épaule. Il se tourna vers Perrine.
- Tu as dit QUOI à FIRMIN à propos des frites ?
- ... Rien... Je n'ai rien dit pour influencer son opinion à propos des frites, juré !
- A propos de la nourriture en général ?
- Que... s'il en mangeait trop, il allait grossir !
- Wallace Gribble, bordel de merde ! Mes parents ont dû lui expliquer pendant des heures que c'était pas grave !
- Ils ont fait ça pour être gentils avec toi !
- Je dois te gifler pour que tu arrêtes de te foutre de ma gueule ?
- Je dois t'embrasser à nouveau pour que tu arrêtes de me parler comme si on était un vieux couple ?
Perrine grimaça.
- Firmin est cool, je lui ai juste dit de pas trop manger sinon il allait être malade. Il m'a dit « malade comment ? » Et je lui ai dit « tu vas être gros ! » Réjouis-toi, j'aurais pu rajouter « Comme ta sœur » !
- Je vais tellement te tuer que ton existence va être effacée de la surface du monde et même de l'Histoire !! grommela Perrine.
- Moi aussi...
Wallace et Perrine se tournèrent vers Walter et Naomi.
- Personne n'était là pour me monter tout à l'heure ! Heureusement que Naomi était là !
- Non pas que ça m'ait spécialement déplu, mais...
- Désolée, j'étais pressée ! souffla Perrine.
- T'as qu'à marcher un peu, pour changer ! grommela Wallace.
Walter plissa les yeux, désabusé.
- Ok, ils se disputent...
- Ouais, vaut mieux s'éloigner... admit Naomi.
Walter et Naomi s'éloignèrent de la zone de contamination.
- Truman, merde, à cause de toi, tout le monde va croire que je suis hétéro et que je sors avec toi ! Double honte !!
- Arrête de corrompre mon petit frère avec tes conneries !!
- Je l'éduque, nuance ! En tant que baby-sitter, je suis à vingt pour cent son père !
Perrine balança un livre sur Wallace.
- Argh !
- Tiens ! On dirait bien que monsieur « Je me contente de peu » se dispute avec sa copine !
Wallace et Perrine regardèrent Rebecca et ses deux zombis accompagnateurs.
- Tu sais, Wallace, si tu veux sortir avec quelqu'un de convenable, tu peux tout aussi bien sortir avec la benne à ordure à côté de l'école !
Violette et Amélia ricanèrent à la suite de leur leader. Wallace regarda Perrine qui semblait s'en foutre.
- Ou alors avec toi, au moins la benne à ordure aura forme humaine ! admit Wallace. Néanmoins la benne a plus de conversation... Dilemme !
Rebecca prit la mouche.
- Ne sois pas stupide. Je ne vais pas me rabaisser à sortir avec une punaise de ton espèce...
- Même chose de mon côté ! Faut croire que les punaises s'accordent pas entre elles.
- J'adore comme madame le gros boudin ne dit rien !
Perrine soutint un instant le regard de Rebecca.
- Ma pauvre Perrine, si tu savais comme j'ai de la peine pour toi ! Tu n'auras jamais une vie normale, coincée dans ce gros corps dégoûtant, condamnée à fréquenter des loosers... Eh, écoute-moi quand je te parle !!
Perrine continuait à ranger son casier.
- ... En plus d'être une grosse vache crasseuse, tu es sourde et malpolie !
- Personne t'a rien demandé alors fous le camp !
Rebecca regarda Wallace qui s'était interposé, furieux, les bras croisés. La rousse eut un soupir hautain.
- Evidemment, une punaise ça a forcément des réactions de cro-magnon !
- Une dernière fois avant que je me fâche : Dé-gage ! grogna Wallace.
- Hmph !
Rebecca, Violette et Amélia s'éloignèrent avec prétention. Wallace regarda Perrine.
- Ça va ?
- Oui, bien sûr.
- Elle est juste idiote, l'écoute pas, elle a pas de vrais amis, elle se contente de...
- Wallace, je ne l'ai pas écoutée. Elle n'en vaut pas la peine. Je sais que je suis grosse, je sais que je suis pas jolie, ça va quoi. Au pire elle ne fait que me rappeler des choses que je vois dans le miroir chaque matin.
Wallace plissa les yeux, carrément affligé.
- J'ai le droit d'avoir de la peine pour toi quand tu me dis ça ?!
- Non. Evite de dire ce genre de bêtises à Firmin, ça le perturbe ! Mes parents ont mis ça sur le dos de la cantine de sa garderie, mais franchement...
- Oooooh mais ça va ! C'est bizarre, y'a que deux choses qui te font réagir.
Perrine plissa les yeux.
- Mes bêtises et Roland Smirnoff.
- ... et alors ?
- Bah par exemple, si je te traite de fille mollasse et sans répondant...
- Tu... ne m'apprends rien.
Wallace leva les yeux au ciel.
- PERRI-NEUUUUH !!! Défends-toi !
- A quoi bon...
- T'es quand même pas croyable ! Dès qu'on évoque le nom de Roland Smirnoff, tu te soulèves comme un millier d'hommes, et dès qu'on t'insulte personnellement, t'es pire que mon Chartor ! T'en as rien à battre !
- C'est peut-être que je suis quelqu'un de très raisonnable !
- T'es un paillasson. Je serais à la conférence de ton père cet après-midi.
- QUOI ? Ah non !!!
- Le frère de Roland Smirnoff qui fait une conférence sur une option que Roland Smirnoff a supprimé du cycle secondaire ? Je - va-lide !
- Wallace, premièrement, ferme-là, je ne veux pas qu'on sache que mes parents sont liés à ce type ! Deuxièmement ne va pas à cette conférence !
- Pourquoi ?! Ça m'intéresse aussi, la médecine basique, tout ça, c'est intéressant ! Hey, Clive !
L'élève blond très pâle, accompagné d'Andréa, se tourna vers Wallace. Perrine haussa les sourcils.
- Hm ?
- Tu vas à la conférence de médecine ce midi ?
- ... non, je ne suis pas idiot au point de sacrifier une heure de libre, nos emplois du temps sont bien assez chargés avec les options en ce moment...
Andréa ne put qu'acquiescer.
- Pourtant il y aura le père de Perrine !
Perrine se frictionna le visage, souhaitant qu'Emet Brown arrive en DeLorean avec le plutonium des libyens afin de l'emmener quinze minutes dans le futur pour éviter de vivre ce moment plus longtemps.
- ... toujours pas intéressé... et personnellement, si mon père venait ici, je me cacherais dans un trou et j'éviterais de le faire savoir à quiconque...
Andréa acquiesça de plus belle. Perrine leva les yeux au ciel. Wallace se retourna vers Perrine.
- Moi j'y serais !
- Et je te MAUDIS pour ça !
- Te plains pas, je pourrais rameuter Walter et Naomi !
- Walter et Naomi sont de tellement bons amis pour moi qu'ils savent que je ne veux pas qu'ils viennent !!
- Alors je suis un mauvais ami ?
Perrine soupira et regarda Wallace, fâchée. Wallace acquiesça.
- Je vois. C'est plus facile de t'énerver sur moi alors que je suis ton ami que de t'énerver sur Rebecca...
Perrine ferma son casier et partit, furieuse. Wallace haussa les sourcils et la suivit.
- On va au même cours, on est dans la même classe, bouffonne !!
***
« Hein ? Oh, pardon. Je suis Perrine Truman. »- Je déteste ma vie. Pourquoi, pourquoi, pourquoi c'est à moi de faire des heures supplémentaires pour combler vos trous pendant la semaine des options !
« Je pense honnêtement que j'ai de la chance. Par rapport à Wallace et sa famille, par rapport à Walter, par rapport à Naomi et ses parents carrément psychorigides... »- Brrrrref. Aujourd'hui, cours au rabais, on va parler du combat en double, je dois donc choisir quatre volontaires...
Les jumeaux Lilian et Léon levèrent la main avec enthousiasme.
- ... pas qui vivent ensemble depuis la couveuse, si possible...
- Ooooooh... s'écrièrent en chœur les deux adolescents.
« Je sais que j'ai de super parents, une famille très cool, qu'ils me laisseront toujours faire ce que je veux et être comme je veux, alors ne comptez pas sur moi pour geindre. »- On va prendre les deux poulettes en haut.
Gina et Holly se désignèrent, surprises.
- Ouais, celles que j'entends jamais, là... Avec... Tiens, les deux geeks qui se battent tout le temps !
Rires dans la salle. Benjamin et Orson se regardèrent.
- Nous deux ?
- En double ?!
Tristan, Tino et Robbie les regardèrent se lever.
- Ils vont pouvoir faire quelque chose ensemble ?! s'étonna Robbie.
Tristan et Tino secouèrent tristement la tête.
- Inutile que je vous rappelle les règles, je suppose...
Orson et Benjamin, intimidés par le fait d'être face à la classe, étaient placés devant Gina et Holly, narquoises.
- Vous pouvez commencer.
- Snubbull, Go ! cria Gina.
- Mélofée !! envoya Holly.
Les deux Pokémon firent face à leurs adversaires.
Benjamin et Orson se regardèrent, suspicieux.
Temps de latence. Wallace, Walter, Naomi et Perrine penchèrent la tête.
- Définitivement : N'envoie pas ton stupide Chuchmur ! lança Benjamin.
- Chuchmy n'est pas stupide ! grommela Orson.
- On s'en sortira bien mieux si tu appelles Tic !
- Et toi, tu vas faire quoi avec ton stupide Limonde !
- Orson, mes Pokémon valent mille fois les tiens !
- Je pense au FUTUR ! Tes Pokémon ont une bonne puissance maintenant mais en avançant dans la vie, tu vas déchanter !
- MOI ? Tu crois qu'un Chuchmur en grandissant, ça devient un Deoxys ?!
- Arrête avec ce fantasme de Deoxys, t'es ridicule !!
- Appelle ton Pokémon, j'appelle le mien, on se débrouille après !
- Mais pourquoi on se dispute de toute façon, leurs Pokémon sont nuls !
Gina et Holly haussèrent les sourcils. La prof allait intervenir mais les deux garçons prirent finalement leurs Pokéballs.
- On est décidés alors ?
- Bah oui, que veux-tu qu'on fasse d'autre !
- Ca y est, les gros nazes, on s'est décidé ? soupira Gina.
- Vous allez voir ce que les Pokémon « nuls » vont vous faire ! grommela Holly.
Orson plissa les yeux.
- Elles nous ont traité de gros nazes, Benjamin !
- Tu aimes les trains électriques, Orson, bien sûr que tu es un gros naze.
- Elles ont parlé au pluriel ! Et pis les Rubik's Cube c'est pas mieux !
- Amène un peu une de tes maquettes de train électrique ici, qu'on compare !!
- ON S'EN TAPE ! cria Wallace, énervé.
La prof et les quatre autres sur le terrain sursautèrent, mais la prof ne put qu'approuver. Et le reste de la classe aussi, terrassée par l'ennui.
- Il a raison, co-mmen-cez !
- Vortente, à TOI !
La plante carnivore apparut en tournoyant. Orson hocha la tête.
- Tic, go !
Les deux engrenages apparurent en tournoyant. Le reste de la classe sembla profondément intrigué par ce Pokémon.
- Orson je suis désolé de te le faire encore remarquer mais ton Pokémon académique est vraiment stupide !
- Parce qu'un Vortente et un Limonde c'est une équipe de rêve !
- Je vous colle un ZERO si vous continuez à débattre sur du vent ! grommela la prof.
- P... Pardon madame ! geignit Benjamin.
- Désolés ! souffla Orson.
- Snubbull, Morsure !
Snubbull partit vers ses adversaires. Benjamin soupira.
- Attaque simpliste. Fouet Lianes !
Vortente attrapa Snubbull et le balança dans les airs.
- Simple et efficace !
- Tic, Verrouillage !
Tic sembla viser précisément Mélofée.
- Encore, Mélofée ! lança la blonde Holly.
Mélofée frappa dans ses pattes. Benjamin frappa Orson sur la tête.
- BOUGRE D'ÂNE !!! Tu pouvais pas te douter qu'elle ferait Encore ?!!
- P... Pas vraiment !! Je pensais qu'elle opterait pour Poing Météore... C'est une attaque beaucoup plus cool !
- Tsss !! Vortente, Mégafouet !
C'est un Fouet Lianes normal que Vortente lança sur Mélofée.
- Ehhh !!!
- Snubbull, Charme !
Le Pokémon de l'hispanique Gina fit un tour sur lui-même et les yeux doux à Vortente. Son Fouet Lianes fut encaissé comme du petit lait par Mélofée
- Euh...
- Hm... Nous les avons sous-estimées... admit Orson.
- C'est pas parce qu'on est de grandes et belles filles qu'on est forcément nulles ! sourit Gina.
- Ouais, la prochaine fois, laissez vos préjugés dans vos disques durs ! ricana Holly.
- ... Eh, mais comme elles n'ont pas fait Encore sur Tic, ça veut dire que je peux lancer Elecanon sans problème !!
Benjamin regarda Orson, atterré. Le jeune homme mit une demi-seconde à s'apercevoir de son erreur.
- Oh... Bah...
- Snubbull, Crocs Feu !
- Mélofée, Métronome !
- Tic, attaque Luminocanon !
Les engrenages s'alignèrent et se comportèrent comme un canon pour envoyer une charge d'énergie blanche.
- Bravo, Orson, tu fais fi de ta peur de l'attaque Métronome pour attaquer !
- Ne te moque pas de moi, le hasard, c'est tout ce que je déteste !!
Gina et Holly se regardèrent, l'air de dire qu'elles avaient de gros nazes en face d'eux.
- Vortente, Fouet Lianes, stoppe Snubbull !
Mélofée envoya son attaque : Coup d'Main. Le Croc Feu frappa gravement Tic. Le Luminocanon fut encaissé par Mélofée.
- Oh non, Tic !
- Zut, zut, zut !
- Benjamin, pourquoi ton crétin de Vortente ne connait pas Lance Soleil ou d'autres attaques puissantes ?!
- Primo parce que mon Vortente est un attaquant physique, deuxio parce que JE SUIS SOUS ENCORE ET QUE JE NE PEUX FAIRE QUE FOUET LIANES !!!
- Ne me crie pas dessus, c'est ta faute !
- Putain, mais les Feux de l'Amour c'est PASSIONNANT en fait... grommela Wallace assez haut.
Le reste de la classe ainsi que Gina et Holly ne purent qu'acquiescer.
- Réveil Forcé !!
Le Mélofée de Holly chargea et frappa Tic qui n'en supporta pas plus. Les deux Pokémon se concentrèrent sur Vortente.
- Benjamin, mon Tic est KO !
- J'avais remarqué merci ! Il serait temps que tu le fasses évoluer !!
- Oui, tout comme tu devrais faire évoluer ton Vortente !
- Tu sais bien que... Gnnnnnnnn !!!
- Hahahah ! se gaussa Orson.
- Crocs feu... soupira une Gina lassée.
Snubbull frappa Vortente qui ne résista pas à l'attaque du Pokémon de Gina. Les deux garçons rappelèrent piteusement leurs Pokémon.
- Bien joué les filles... Les garçons, je ne vous félicite absolument pas...
- C'est la faute d'Orson...
- N'importe quoi !!
- J'en ai rien à faire, à vos places ! On commence le cours...
Gina et Holly remontèrent fièrement à leurs places. Les deux garçons semblaient quelque peu déconfits.
- Si vous arrêtiez un peu de vous écharper pour rien, vous auriez largement pu les battre ! soupira Tino.
- C'est pas moi, c'est Orson !
- Ça te va bien de me prendre pour excuse... grommela Orson.
Tristan leva les yeux au ciel et secoua la tête.
***
Les options mirent ensuite tout le monde d'accord.
- Ce cours n'est pas à propos du fait d'écrire ou de lire, il est à propos du fait d'analyser, de comprendre, d'appréhender le contexte métaphorique d'un récit. Avec ce cours, vous allez éclairer votre compréhension du monde qui vous entoure et au choix, devenir de grands écrivains ou de grands lecteurs. L'option Littérature est celle qu'il vous faut si vous aimez lire et comprendre ce que vous lisez, mais aussi si vous aimez écrire et faire lire ce que vous écrivez.
Walter et Quinn acquiescèrent. « C'est quand même plus intéressant que l'informatique... »
Tino galérait. « C'est d'un ennui... »
***
- Je suis Jacob Andrews et je suis le régisseur de l'option Journalisme !
Christina semblait aux anges. Robbie déjà plus tenté que par le combat direct intensif. Ana et Naomi semblaient moyennement convaincues. Lilian, l'un des jumeaux, semblait assez intéressé.
- Cette option va vous permettre de développer votre sens de l'information. Le but de l'option est de développer le site d'information partenaire de l'établissement avec diverses informations recoupées ailleurs que vous aurez reformulées dans votre style – et sous couvert de sources, évidemment. Le tout ensuite republié sur un billet distribué aux élèves !
Christina était définitivement chez elle. Robbie acquiesça, convaincu. Naomi et Ana se regardèrent. « Pas pour nous, cette option-là... »
***
- Et puis mes parents sont un peu durs, mais bon, finalement, je les adore. Tout comme mon frère. Parle-moi un peu de toi !
Perrine, à table, regarda timidement Naomi. La jeune fille était à peu près le seul objet humain qui l'avait traitée comme une égale et comme quelque chose ressemblant de près ou de loin à une amie. Autant dire une rareté.
- Euh... Bah...
- Tu as forcément une vie intéressante en comparaison de la mienne.
- ... j'ai deux papas.
Naomi haussa les sourcils et acquiesça.
- ... Je viens de Hoenn, avant j'étais à Kanto... encore avant j'étais... aussi à Hoenn... mais c'est fini à cause de la guerre...
- Sacrée période pourrie... marmonna Naomi.
- ... J'ai...
Perrine baissa la tête. C'était trop dur à dire en regardant quelqu'un dans les yeux.
- ... j'ai l'impression des fois que j'existe pas.
Naomi regarda Perrine avec une sorte de considération importante. La fillette noire n'avait jamais entendu une phrase aussi lourde de sens dans la bouche d'une autre enfant.
Cela lui fit penser que Perrine était probablement exceptionnelle, Naomi elle-même ne s'étant jamais posé de question sur son existence.
- Bah, je te vois devant moi, c'est bien que tu existes...
- Hm... Peut-être...
Naomi regarda Perrine qui continuait à manger. Naomi acquiesça et pinça sa camarade.
- Aouch !
- Tu vois, tu existes puisque tu as mal.
Perrine regarda Naomi, étonnée.
- Si tu ressens des trucs c'est que tu existes. Tu as quoi comme Pokémon ?
Perrine s'étonna. C'était la première fois que quelqu'un lui posait cette question typique de fille. Et c'est à ce moment-là qu'elle comprit qu'elle s'était faite une vraie amie.***
« J'ai des moments comme ça où je me demande si ma vie est censée s'écouler comme ça. Si je suis censée avoir autant de chance, si je suis censée avoir rencontré des gens aussi bien pour m'empêcher d'être une vilaine petite chose indigente et vide de sens. »- Y'a même un buffet gratooooos !
Perrine leva les yeux au ciel. Ils étaient à la conférence de médecine. David Truman allait bientôt arriver, le public souhaitant y assister était présent. Wallace savourait les délices du buffet.
- Comme ça, on n'a même pas à manger ! Hein Perrine !
- Ces gens pensent à tout, décidément... soupira l'intéressée.
- Oh, vous êtes là, les enfants !
Wallace et Perrine se tournèrent vers Helen Clover, leur professeur d'histoire.
« Il ne manquait plus que ça... » soupira Perrine.
- Madame ! Cool ! Vous allez bien ?!
- On se verra demain en cours d'histoire, Wallace, je ne suis pas portée disparue... marmonna la prof.
- Bah ouais mais avec tous ces cours ajoutés, supprimés, à l'essai, on vous avait plus vue depuis longtemps...
- J'en suis désolée... Tu voudrais des cours supplémentaires ?
- Ah nan !
Perrine regarda Wallace en souriant.
- Pourquoi êtes-vous là, je pensais que cette conférence n'intéresserait pas vraiment les élèves... Il y en a quelques-uns mais peu de première année...
Wallace regarda Perrine qui soupira.
- David Truman est mon père.
- Ton p... je croyais que Denis Truman était ton...
Helen hocha la tête.
- Oh ! D'accord, très... bien... je... n'étais pas au courant...
- Heureuse de savoir que ce n'est pas consigné dans mon dossier scolaire... soupira Perrine.
- Ca aurait pu, c'est presque drôle pris d'un certain angle ! sourit Wallace.
Perrine arracha la tête de Wallace et but son sang dans la blessure béante au sommet de son torse. Le mot « FATALITY » s'inscrit en rouge au-dessus d'eux.
- Pourquoi tu me regardes comme ça ?! s'étonna Wallace.
- ... parce que j'ai soif !
Elle se retourna vers le buffet et ne vit pas passer le proviseur et son assistant Tenorman.
***
- Ils sont vraiment allés à cette conférence ?
- On dirait bien... marmonna Walter.
- Ce qui fait...
- Qu'on est seuls pour manger !
- Ah, ça c'est original...
- Ça t'embête ?
Naomi haussa les épaules.
- Pas vraiment, c'est juste inhabituel.
- D'accord.
- Ca va nous permettre de faire un peu plus connaissance !
- Ouais, ouais...
- Alors, tu es le cousin de Perrine.
- Exact...
Naomi posa les plateaux superposés, décala la chaise, laissa Walter s'installer et prit la chaise en face.
- Donc tu connais sa super famille de tarés...
- Voilà. Des cousins aux amis proches.
- Y compris...
Walter hocha la tête.
- Y compris la partie Smirnoff.
- Ce qui est on ne peut plus logique et y'a pas de quoi se vanter je présume.
- En effet.
- Sinon, les options !
- L'informatique c'est mort... souffla Walter.
- Comment tu as pu croire que c'était fait pour toi ?!
- J'me débrouille avec les ordinateurs en théorie... J'aime bien aller sur Wikipédia ou Google !
- ... ahon... marmonna Naomi, peu convaincue.
- Quoi ?
- Bah, ça c'est pas de l'informatique, sinon je suis une grande informaticienne !
- La littérature c'est tentant...
- Tout à fait d'accord, le prof est très intéressant et honnêtement, finir l'année en présentant un recueil de critiques argumentées d'au moins dix ouvrages, ça me botte complètement.
- Hm. Et puis, bah j'ai encore Philo à passer, mais honnêtement je crois que le choix est déjà fait...
- Ça doit toujours être plus intéressant qu'Arts... J'ai choisi ça par défaut, histoire d'être avec Perrine...
- Elle peint vraiment bien ! admit Walter.
- Je sais, oui, j'ai une de ses peintures chez moi !
- A coup sûr le ou la prof va lui demander de monter une expo, j'ai hâte de voir sa réaction...
- Ses parents le lui ont déjà dit... les miens aussi !
- Et les miens donc ! sourit Walter.
***
- Nous allons maintenant vous délivrer le fameux cours de premiers soins obligatoire que nous devons donner à chaque élève... alors...
Perrine et Naomi observaient avec attention, debout comme tous les élèves devant un mannequin en caoutchouc.
- Dans le cas où le cœur de votre Pokémon s'arrêterait de battre, vous devez exercer une pression sur la poitrine afin de tenter de réactiver manuellement la fonction cardiaque.
Perrine et Naomi effectuèrent les gestes tout comme les autres élèves.
- Ce geste permet de gagner du temps pendant que l'alerte est donnée car seul un vrai médecin peut soigner concrètement un Pokémon. En cas d'hémorragie...
Naomi souffla.
- Sous-entendu, ça sert à rien.
- Exactement, c'est pas comme si on allait devenir docteurs... marmonna Perrine.
Naomi sourit ,narquoise.
- Perrine, bon sang mais tu parles !
- Oui et apparemment j'arrive même à être drôle !
Les deux filles ricanèrent.
- Euh... Mesdemoiselles, ça n'est pas un cours humoristique !
- Pardon ! s'exclama Naomi.
- Pardon monsieur... se renfrogna Perrine.***
David Truman arriva dans l'établissement entouré de quelques internes. Son assistant personnel était à ses côtés.
- J'ai décalé tous vos rendez-vous...
- Hmmm...
- Il n'y a pas eu de grosses perturbations dans votre emploi du temps.
- C'était le but de la réorganisation de l'emploi du temps.
- Et vous êtes absolument superbe dans ce costume !
David hocha la tête.
- Merci. C'est un trois-pièces de grand couturier, je déteste ça mais ça me donne l'air d'avoir mon âge !
- Si vous avez besoin de la moindre reprise, j'appelle un tailleur dans la minute !
- Ça ira, Wilton, ça ira... Pas de zèle, je vous prie.
- C'est comme vous voulez.
Les internes semblaient lassés.
- Ils sont lourds à flirter... grommela l'un.
- Ca date pas d'aujourd'hui... soupira l'autre.
David et sa clique atteignirent rapidement la salle de conférence. Le proviseur Grant et son assistant Tenorman les attendaient.
- Docteur Truman, c'est un honneur !
- Monsieur...
- Enchanté ! salua Tenorman.
- Je peux prendre place ?
- Bien sûr !
David acquiesça et entra dans la salle, suivi par ses ouailles.
- Truman... il a un lien avec le gérant de la médiathèque ?!
- Je crois avoir compris qu'ils s'accouplaient de temps en temps... marmonna indifféremment le proviseur.
- ... ahon...
Tenorman haussa les sourcils, intrigué.
***
- Eh bien nous sommes ravis de rencontrer une fillette qui n'est pas surprise de voir deux papas ! acquiesça Denis.
- Denis, voyons...
Perrine leva les yeux au ciel. Naomi acquiesça en souriant.
- Je vois bien pire à la télévision chaque jour !
Denis et David se regardèrent.
- ... pour m'inquiéter du fait que deux hommes soient parents !
- Oh !
- Oui, effectivement, il y a des choses plus graves ! admit David.
Perrine observait le petit manège. Elle avait invité Naomi parce qu'en expliquant sa journée à ses parents, elle avait bien été obligée de leur confesser qu'elle s'était faite une amie. CQFD. Surpris par cet aveu, David et Denis avaient cherché à en savoir plus sur un tel évènement.
- Tes parents travaillent dans quoi ?
- Mon père est gérant de société, ma mère garde des enfants de temps en temps.
- Oh... gérant de société... s'étonna Denis.
- Et vous ?
Denis soupira.
- Je suis libraire en arrêt maladie !
Denis était toujours en fauteuil. Cela faisait à peine quatre mois qu'ils avaient emménagé.
- Et moi je suis résident dans un hôpital du coin.
Naomi acquiesça.
- Ouah ! Ça doit être passionnant !
- C'est un travail sérieux, prenant plutôt.
- Pas autant que gérant de société... assura Denis.
- Parfois j'aimerais bien que mes parents soient aussi normaux...
David et Denis se regardèrent.
- On... n'est absolument pas normaux...
- Nan, surtout David, il est totalement anormal !
Perrine sourit. David frappa l'épaule de Denis.
- N'importe quoi !!
- Oh ça va, tu sais que je plaisante !
Perrine était contente.
Ça faisait du bien, un repas où, même pour faire bonne figure, ses parents avaient vraiment l'air normal.
- Comment vous vous êtes rencontrées, toutes les deux, au fait ?
Naomi et Perrine se regardèrent. Naomi haussa les épaules.
- On est dans la même classe depuis trois bons mois, à force, on a sympathisé !
Perrine remercia Naomi intérieurement à deux titres.
D'abord, elle était juste parfaite face à deux olibrius comme ses parents.
Et ensuite elle haussait les épaules.
Peu importait la façon dont elles s'étaient rencontrées, l'important c'était ce qu'elles partageaient.***
Perrine était installée aux côtés de Wallace qui était aux côtés d'Helen.
- Pourquoi ça vous intéresse, une conférence sur la médecine ? s'étonna Wallace.
Helen regarda son élève.
- Je pourrais te retourner la même question !
- ... ça peut être utile !
- Oui, voilà, c'est exactement ma raison aussi.
Perrine se posa une question. Était-il possible de s'ennuyer plus ? Elle songea qu'elle pourrait également être morte et tout se rétablit dans sa tête, ce qu'elle manifesta par le haussement d'une épaule.
- Pourquoi on ne suit pas d'option en médecine, d'ailleurs ? s'étonna Wallace.
- Parce que Roland Smirnoff estimait que vous ne seriez aptes à suivre une telle formation qu'à l'âge de 19 ans. Pour être formé avant, il faut entrer en école spécialisée et payante.
- C'est débile, soigner des Pokémon ça devrait être quelque chose que tout le monde devrait apprendre et pas se résumer aux premiers soins à l'académie !
- Je suis on ne peut plus d'accord, mais Roland Smirnoff estimait que la médecine était une mission divine et sacrée réservée aux seules vocations de jeunesse. Du coup nous avons moins de médecins, mais ils sont plus compétents. Comprenne qui pourra.
Perrine soupira et sembla s'éclairer un peu plus lorsque son père parut sur scène. La salle, composée de professeurs, d'élèves d'années avancées et de spécialistes, applaudit le médecin réputé et son équipe. Perrine garda un œil sur l'assistant qui semblait aux petits soins, portant même une bouteille d'eau.
- ... tiens, ton père a un amant ?!
Perrine regarda Wallace, ulcérée.
- Wallace, enfin... marmonna Helen, étonnée
- Tais-toi, juste... tais-toi pendant au moins une demi-heure !
- Si tu veux pas de moi ici, t'as juste à me le dire ! assura Wallace avec son air relax.
Perrine fulmina comme l'Etna alors que David se plaçait face au micro.
- Mesdames et messieurs...
Tout le monde cessa d'applaudir.
- Je me présente, je suis le docteur David Truman. Je suis actuellement sous-directeur à l'hôpital général de soins Pokémon d'Ogoesse. C'est une lourde responsabilité. Je m'occupe d'énormément de dossiers, de la gestion des plannings, de la gestion tout court, j'assure la bonne tenue de mon aile de l'hôpital. C'est très difficile. Pour autant, je pense que la santé est un domaine crucial, surtout la santé de vos Pokémon.
Le proviseur observait, tandis que Tenorman avait quitté son siège.
- Si je suis ici c'est... dans le but officieux de...
Le proviseur se frictionna le front. « Cette année va être longue, mais longue... »
- ... vous expliquer que la médecine c'est bien mais que vous ne pourrez en faire que dans trois ans. Voilà. Officiellement, je vais vous expliquer les alternatives que vous avez. Il vous est possible de suivre des cours de santé par correspondance, et gratuits même, si vous vous présentez dans un hôpital avec votre carte scolaire. Evidemment, personne ne vous le dit, parce qu'on préfère que vous vous concentriez sur des choses plus importantes comme... l'espèce de secte débile qui traine dans l'établissement et que tout le personnel fait semblant de ne pas remarquer...
Quelques personnes, visiblement de Direction Dresseurs, quittèrent la salle. Le proviseur leva les yeux au ciel.
- Ou encore de vous enseigner pourquoi la réforme Smirnoff est tellement super géniale qu'il ne faut absolument pas la discuter, la contredire ou même la détourner !
Le proviseur écrasa son visage dans sa main. Helen sourit. Wallace hocha la tête.
- OK, maintenant mon cœur balance entre tes deux papas... David est plus sexy que je ne le pensais !
- Et toi tu pourrais bien mourir plus vite que je ne le voudrais... grommela Perrine.
- Je tiens à vous dire à tous qu'il y a un avenir derrière ces murs, un avenir qui n'est pas le simple fait d'une éducation psychorigide menée dans un établissement avec, certes, de grands moyens, mais que vous pouvez accomplir de grandes choses en pensant par vous-même, pas en suivant un programme d'entrainement pour faire évoluer un Magicarpe. Je vais m'atteler maintenant à vous livrer les cas médicaux les plus impressionnants de ces dernières années.
Wallace s'en réjouit d'avance. Helen allait prendre des notes. Perrine s'assit plus correctement.
- J'aurais dû m'en douter dès le départ...
Perrine, Wallace et Helen se retournèrent vers la personne qui se trouvait derrière eux.
- Vous êtes la fille de David Truman, n'est-ce pas ?
Perrine hocha la tête, intriguée. Tenorman acquiesça.
- Je vois. C'est pour ça que Roland Smirnoff vous a laissé faire ce devoir.
Wallace et Helen semblaient tendus. Perrine se contenta d'un simple regard neutre sur l'assistant du proviseur.
- Certains le savent, d'autres pas, c'est un peu un secret de polichinelle, mais en ce qui me concerne, à l'époque de « L'incident », j'étais comme qui dirait à l'endroit idéal...
Perrine ne comprenait rien. Helen était prête à intervenir.
- Ce qui fait que je sais que monsieur David Truman ici présent n'est autre que David Anicet Smirnoff, frère de Roland Smirnoff.
Wallace se mordilla les lèvres. Helen observait sans emphase. Perrine acquiesça mollement.
- Comme vous êtes sa nièce, il ne pouvait pas s'attaquer à vous. Ou alors il y avait peut-être une autre raison, mais celle-là m'apparaît la plus crédible.
Perrine se mordilla les lèvres. Wallace fronça les sourcils.
- Dans tous les cas, sachez mademoiselle qu'à présent que je sais, vous et votre petite bande n'avez pas intérêt à faire les malins. Cette information restera secrète à moins que votre stupide devoir ne cause des problèmes à l'établissement. Dans ce cas, croyez bien mademoiselle que j'aurais bien du mal à taire plus longtemps ce que je sais.
Tenorman se leva et retourna auprès du proviseur alors que David continuait son discours en montrant des diapos.
- ... ça va ? demanda Wallace.
- Ca a l'air d'aller ?! Je viens de me faire menacer par un adulte que je ne connais pas, tout va bien !
- Ouais, mais tu te doutes qu'il va rien faire...
- Tais-toi, Wallace, ok ? Tais-toi.
Wallace hocha la tête et se rassit. Helen se contenta de rester silencieuse.
***
- Les dernières coupes du monde étaient sympa... je sais pas pourquoi, dès qu'on en arrive aux dernières strates de la compétition, ça m'intéresse moins !
Naomi acquiesça. Discussion classique sur le Pokéfoot.
- Toi aussi tu préfères l'effusion épique de la dizaine d'équipes inconnues à l'émergence des équipes les plus fortes dans des bastons courues d'avance !
- Tout à fait ! assura Walter.
- Ça me appelle quand mon frère regarde le basket... il est toujours pour la meilleure équipe des deux... Parfois il se retourne même contre une équipe qu'il a encouragé le jour d'avant... c'est ridicule.
- C'est l'esprit de compétition sportive, je suppose... On est toujours plus concentré sur le plus fort parce que c'est lui qui domine, qui vainc son adversaire à chaque fois, donc celui qu'on craint.
Naomi sembla très surprise.
- Tu es en train de suggérer que mon grand sportif de frère a en réalité un cœur, une sensibilité et des craintes comme tout un chacun !
- Je suppose du moins ! ricana Walter.
- C'est vrai qu'il est gentil, j'exagère. Tu as des frères et sœurs ?
- Deux sœurs jumelles... soupira Walter.
- Oula, elles ont l'air de t'enthousiasmer !
- Ce sont des gamines quoi... J'peux pas trop être un grand-frère idéal vu que...
Walter se désigna.
- ... à part les prendre sur mes genoux pour jouer à la Formule 1, j'peux pas trop faire grand-chose !
- Oh Walter...
- Quoi ? C'est vrai, nan...
- Tu peux très bien être un bon grand frère sans pouvoir marcher ! L'un n'empêche pas l'autre.
- J'ai tendance à me trouver plus handicapé que je ne le suis, certes, mais... Qu'est-ce qu'elles vont avoir comme image de moi plus tard, sinon celle du type en fauteuil... Parfois je me pose des tas de questions sur l'avenir, comment mon handicap va évoluer, est-ce que ça me permettra d'avoir un travail, d'avoir une vraie vie.
Naomi haussa les sourcils.
- Je... pensais qu'on mangeait, pas qu'on allait se déprimer mutuellement... encore que je doute avoir une vie aussi incertaine...
- Je ne prétends pas non plus avoir la pire vie, j'ai surtout beaucoup d'incertitudes, mais mes parents font ce qu'ils peuvent pour me rassurer... enfin surtout ma mère, mon père est plus anxiogène qu'un film d'horreur à deux heures du matin dans le noir le plus complet...
Naomi sourit.
- Ma mère a fait la guerre et depuis elle se prend pour une héroïne... alors que très honnêtement je doute qu'elle ait été si héroïque que ça !
- Chez nous c'est sujet tabou la guerre... souffla Walter.
- Tu étais où, toi ? Moi j'étais dans un stade avec mon père...
Walter sembla quelque peu absent.
- Je me souviens plus où j'étais.
- Ah... ?
- C'est flou dans ma tête ! assura Walter en souriant. Je crois que quelque part je ne veux pas trop y repenser...
Naomi soupira.
- J'ai l'impression d'être une simple idiote trop chanceuse à côté de toi...
- Et inversement, j'ai l'impression d'être un petit enfant africain souffrant de la famine...
Walter regarda Naomi. Petit silence embarrassé. Jusqu'à ce que Naomi éclate de rire.
- Tu verrais ta TÊTE !
- D... désolé, c'était inconvenant ! geignit Walter.
- Non, non, au contraire c'était un peu ça oui...
- Pardon vraiment, je voulais pas...
- J'étais en train d'imaginer un petit africain en fauteuil roulant !
- Oh non Naomi !! ricana Walter à son tour.
- Désolée c'est plus fort que moi ! gloussait toujours la jeune fille.
Walter sourit. « Depuis quand t'es maladroit, Walter ? »
***
Le discours terminé, le proviseur félicita évidemment le conférencier.
- Je ne vous félicite pas pour ce discours... contestataire !
- Merci ! signifia David sans un regard pour l'agent administratif.
- Ce n'est pas parce que vous menez un mode de vie... excentrique que vous pouvez tout vous permettre !
David acquiesça.
- Vous avez entièrement raison.
- A l'avenir, vous n'aurez pas autant de liberté dans vos conférences, soyez-en assuré !
- Hm, très bien, c'est tout ce que vous aviez à me dire ? souffla David
Le proviseur regarda David, se mit à bouillir de rage une demi-seconde avant de s'éloigner, fortement courroucé.
Perrine rejoignit son père.
- Tu étais dans la salle, ma puce !
- Oui... Bah oui, fallait bien que je vienne te voir...
- Mais non, voyons... Tout va bien ?
- Comme d'habitude, quoi... l'école, tout ça...
David regarda sa fille qui le regardait d'un air...
- Tu sais, Perrine, c'est moi le papa et toi la fille, non l'inverse !
- ... euh...
- Parfois j'ai l'impression que tu penses que tu dois veiller sur moi, mais... c'est l'inverse, tu comprends, c'est à moi de veiller sur toi !
Perrine hocha la tête.
- Alors arrête d'être aussi... tendue ! Il ne va rien m'arriver !
Perrine acquiesça. David tapota l'épaule de sa fille.
- Tu sais que je serais toujours là pour toi, hm ? Je dois y aller, si tu as besoin de quoi que ce soit...
- Papa, je suis à l'école, là, je n'ai besoin de rien !
- Oui, oui, pardon ! Mais si tu as besoin de parler...
Perrine acquiesça.
- Je sais papa.
David acquiesça.
- Et je sais également que j'ai une grande fille. Un peu trop grande pour son âge !
Perrine sourit. David sourit à son tour et tapota le dos de sa fille.
- J'ai à faire, tu m'excuses ?
- J'ai à faire aussi, papa, j'ai des cours !
- Je sais ça ! A ce soir !
- Oui...
Perrine regarda son père, souriante.
***
- Merci encore de m'avoir invitée à dîner !
- David avait envie de faire des lasagnes... soupira Denis.
- Ça doit devenir une tradition ! J'y tiens ! taquina David.
Perrine mangeait le plus proprement du monde. Naomi la regardait, surprise par le comportement des parents de Perrine. Mais Perrine haussa les épaules. Laisse-donc faire, va. Tant qu'ils ne se battent pas.
- Tu peux mettre les infos, David ?
- On a une invitée, Denis !
- C'est pas grave, j'ai envie de regarder aussi ! admit Naomi.
David haussa les épaules et alluma la télé.
[Et dans l'actualité, une nouvelle candidature à la présidence de l'association Pokémon.]
- Pschhh, la politique... soupira David.
- C'est important, David, cette association a du pouvoir !
- A part commander des photocopieuses et décider de la longueur des terrains de combat ?
[En effet, l'éminent professeur Roland Smirnoff, qui avait disparu il y a six mois de ça...]
David releva la tête brusquement. Denis se tourna vers l'écran, médusé. Perrine reconnaissait le nom... mais où l'avait-elle entendu, déjà...
L'écran montrait Roland appuyé à un pupitre. Il portait une chemise très stricte et des lunettes à montures noires.
[- Trop longtemps le système éducatif a été laissé à l'abandon, il est temps que nous commencions à prêter attention à nos enfants et à ce qui peut leur arriver ! Je veux bâtir un nouveau monde, un monde où éduquer sera la priorité !]
Denis regarda David qui était immobile.
- Ca va, chéri ?
David hocha à peine la tête.
[- Je pense, en tant que maître de la Zone de Combat de New York City, être le plus à même pour devenir président de l'association Pokémon de Poképolis et ainsi asseoir mon autorité, mon pouvoir et toute ma sagesse sur ce continent berceau des Pokémon.]
- C'est presque marrant, il va se planter en beauté...
David tomba de sa chaise.
- Dav...
Perrine, stupéfaite, observa son père, à terre, la main serrant sa poitrine. Naomi elle-même était très impressionnée.
- M... Monsieur Smirnoff !! s'étonna la jeune fille.
- DAVID !!!
Denis regarda sa fille, désespéré. Sur son fauteuil, la jambe maintenue raide, il était incapable de se déplacer ou même de soutenir son compagnon.
- P... PERRINE, APPELLE DES SECOURS !
Dans un réflexe immédiat, la fille de David se jeta sur son père. David regarda sa fille, étonné. De voir son frère revenir ainsi, faisant le coq, le jeune homme en avait eu le souffle littéralement coupé. « Faiblesse cardiaque momentanée », diront les médecins plus tard.
Et la petite Perrine de faire un massage cardiaque en règle à son père, cloué au sol, sous les yeux hallucinés de Denis. Naomi se jeta sur le téléphone et appela une ambulance comme on lui avait appris.
Et puis Denis, cloué dans son fauteuil, ne pouvait que rester spectateur d'une scène surréaliste. Une petite fille qui tentait de réanimer le cœur de son père. Ce qu'elle réussit, vu que ce n'était pas une vraie crise cardiaque, juste une faiblesse.
David respirait bruyamment. Perrine cessa quand elle vit que son père respirait par lui-même.
- L... L'ambulance arrive ! prononça Naomi, choquée, tenant le téléphone.
Denis n'avait d'yeux que pour Perrine, essoufflée, agenouillée aux côtés de son père. La fillette regardait son oncle à la télévision.
[- Je vais y arriver, nous allons y arriver, VOUS allez y arriver, c'est une question d'effort commun, de solidarité, d'union de nos forces !]
Le regard de Perrine prit une teinte méconnaissable chez une enfant d'un tel âge. Un sentiment de haine et de rancœur incommensurable. Elle se leva uniquement pour se jeter sur la télécommande et changer de chaîne avec véhémence, ce après quoi elle reprit son calme et retourna auprès de son père.***
Perrine regarda son père saluer les notables dans la salle. Wallace arriva auprès d'elle.
- Il a vraiment fait un super discours...
- Hm...
- T'es sûre que non pour cette histoire d'amant ? Ça serait drôle !
- Ca ne serait pas drôle, Wallace, arrête ça tout de suite !
- Pourquoi tu t'énerves aussi facilement avec moi ?!
Perrine regarda Wallace.
- Tu fais ça juste pour m'énerver ?!
- Je fais ça parce que tu t'énerves sur moi mais tu ne t'énerves pas contre ceux qui t'insultent et qui sont vraiment méchants avec toi !
Perrine se mordilla les lèvres.
- Ca servirait à rien...
- Qu'est-ce que t'en sais ?
- Wallace, c'est...
- Avec moi c'est facile...
- Parce que je te connais ! Comment je peux m'énerver sur des gens que je ne connais pas ? Et puis... à la réflexion, j'arrive facilement à oublier tout ce qu'ils me font ou ce qu'ils disent de moi...
- Vraiment ?
Perrine soupira.
- Tu tiens tant que ça à me faire suer ?
- Ouais ! Je veux que tu t'énerves contre quelqu'un qui en vaut la peine, quelqu'un qui te déteste et qui te le fait sentir. Comme la Rebecca.
Perrine soupira.
- Elle sert à rien, cette fille...
- Parlons d'autre chose alors... ce Tenorman, là...
Perrine se tourna vers le rouquin qui discutait avec le proviseur.
- ... Je pense pas qu'il soit dangereux, il ne nous en aurait pas parlé s'il avait voulu se servir de ça contre notre devoir...
- Il a voulu nous faire peur, tu penses ?
Perrine haussa les épaules.
- Peut-être qu'il cherchait juste la vérité et qu'il voulait s'assurer qu'il l'avait trouvée...
- Voilà.
Helen arriva avec des petits gâteaux et à boire.
- Tout va bien ?
Les deux adolescents hochèrent la tête.
- Perrine, ne t'en fais pas pour monsieur Tenorman, c'est juste l'assistant du proviseur, il ne peut rien faire de concret, tout au plus vendre la mèche, mais bon...
- Je suppose que vous comprenez mieux certaines choses aussi...
Helen acquiesça.
- Sachant que Walter est ton cousin, forcément...
- Oui voilà, ça s'est décidé spontanément... et c'est pour ça qu'on était aussi désinvoltes dans le bureau du proviseur... souffla Perrine.
Helen acquiesça lourdement.
- Ouah... D'accord... et moi ce jour-là, je me faisais presque pipi dessus...
- Pardon ?! s'étonnèrent Perrine et Wallace.
- Non rien les enfants !
- Je vais voir monsieur Truman ! sourit Wallace.
- Ne l'embête pas !! grommela Perrine.
Helen souffla et regarda Perrine.
- Il est intenable...
- Vous n'avez pas idée... soupira Perrine.
- Je me trompe en disant que tu es vraiment excessivement proche de tes parents ?
- Vous savez quoi ? A la maison, je fais les trois quarts des corvées.
Helen haussa les sourcils.
- Pas parce qu'ils me l'imposent, mais parce que je me sens redevable. Je passe sur toutes leurs disputes, sur tout le manque d'attention qu'ils me portent parce que... grâce à eux je vis dans une insolente normalité pour la première fois de ma vie depuis ma naissance.
Helen acquiesça. « Reste calme et hoche la tête, Helen, ces enfants se confient à toi, tu ne comprends pas pourquoi mais laisse-les se confier... »
- Et Wallace est vraiment un chic ami. Il m'énerve mais au moins il me pousse à m'affirmer... même si c'est inutile, je ne m'affirmerais jamais.
- ... pourquoi ?!
- Parce que ça impliquerait que je change et je ne veux pas changer, ma vie est très bien comme ça.
Perrine haussa les épaules.
- Enfin, ça, c'est ce que je me dis pour faire bien dans ma tête. Au fond, ce devoir, c'est ma poussée d'adrénaline, mon dopant, mon départ de flipper dans une vie confortable qu'une partie de moi, visiblement, n'aime pas trop...
Helen regarda Perrine, intriguée. La jeune fille haussa les épaules.
- Cherchez pas, j'ai toujours été un peu fofolle.
Perrine s'en alla vers le buffet. Helen sembla mystifiée. « D'accord, je comprends mieux des tas de choses d'un coup ! »
***
- Tu penses que je suis trop dure ?
- Ta mère doit avoir besoin qu'on la considère, ça m'a l'air d'être une femme forte mais très sensible au fond d'elle-même, si elle te rappelle tout le temps qu'elle a fait la guerre, c'est pour te dire : Je suis passé d'esthéticienne à soldat, j'ai morflé, ta vie peut changer du tout au tout en un instant alors sois une femme forte et affirmée parce que la vie ne fera pas de cadeau.
Naomi acquiesça.
- Probablement... mais elle pourrait s'y prendre autrement qu'en me rappelant ça à tout bout de champ !
- C'est ta mère, vous vous ressemblez, je suppose que tout comme toi, c'est quelqu'un de rigoureux qui tient bien à ce que les choses soient claires.
Naomi sourit en hochant la tête.
- Toi, tu vas devenir psychiatre !
- Ah nan, nan !! ricana Walter.
- Si, si ! Tu es très bon pour analyser.
- J'ai toujours aimé décortiquer les gens... quelque part c'est prétentieux comme attitude, on se pose comme entité supérieure qui se permet de juger du haut de son petit siège les autres gens selon leur attitude...
- Du haut de ton... petit siège ?
- Je pensais aux arbitres de tennis ! sourit Walter.
- Tu sais, Walt, c'est pas parce que tu es en fauteuil que tu as une position à part dans l'espèce humaine... en bien comme en mal !
- C'est compliqué, en fait... C'est comme ce vieux débat entre bipèdes et quadrupèdes du temps des dinosaures...
Naomi regarda Walter, hallucinée. Walter haussa les épaules.
- Wow... maintenant je vois ce que Wallace aurait pu te trouver !
- Avec le recul je crois que c'était la conversation la plus ridicule de nos deux existences respectives...
- Perrine et moi on n'a pas eu besoin de recul, crois-moi... sourit Naomi.
- Je suppose qu'on était faits pour s'entendre de toute manière, on a le même genre d'humour... et on est aussi compliqués spirituellement l'un que l'autre.
Naomi hocha la tête, les yeux en l'air.
- Honnêtement, la ressemblance ne m'a pas sauté aux yeux tout de suite !
- J'ai les yeux plus clairs, oui !
Naomi sourit en rangeant les plateaux.
- Enfin bref, il va être temps d'aller en cours... marmonna Walter.
- Oh oui, encore un cours de combat direct destiné à combler le vide sidéral de notre emploi du temps... soupira Naomi.
- Je me demande si ça a été, la conférence de l'oncle David...
***
- C'était parfait, docteur Truman !
- Merci, Wilton.
Wallace allait approcher le médecin pour le féliciter.
- Une fois de plus je tiens à vous redire à quel point vous êtes magnifique dans ce costume.
- Wilton, Wilton, stop.
L'assistant regarda le chef de service qui soupira. Wallace s'arrêta à quelques mètres.
- J... Toi et moi, c'était juste une fois comme ça.
Wallace écarquilla les yeux, derrière les deux hommes.
- Tu as été génial quand j'ai eu cette crise de nerfs au bloc, mais c'était une autre époque... Je suis désolé, je me suis servi de toi... pour me distraire, mais ça ne se reproduira plus, et...
L'assistant semblait se décomposer.
- ... et je ne te garde pas comme assistant pour te faire souffrir en te donnant de faux espoirs, je te garde parce que tu es le meilleur et parce que je veux pour toujours me rappeler que j'ai commis une erreur terrible pour mon couple et ne jamais m'en dédouaner aussi facilement.
Wilton hocha la tête.
- Je... J'en avais bien conscience... je voulais juste... te... vous rassurer parce que je sais que ce genre d'évènement vous stresse.
- Ca va. Je suis à l'aise même si cette école est... l'œuvre du diable.
- Je vous laisse un moment, je vais vérifier les plannings.
- Bien. Merci pour tes attentions.
Wilton s'éloigna. Wallace grimaça et regarda vers Perrine qui hésitait entre chocolats et petits fours. Il s'engagea vers David.
- Ah, vous êtes là, monsieur Truman !
- Hein ? Oh, Wallace !
- C'était un super discours, bravo ! Vous les avez pas ratés !
David sourit.
- Fut un temps où je n'étais pas si désinvolte et intrépide !
- Hm... Je... J'habitais à Ville Griotte, je sais pas si je vous l'avais dit, et... votre discours m'a bien touché parce que... à une époque, j'aurais aimé savoir quoi faire pour soigner un Pokémon.
David acquiesça.
- On se sent bête dans ce genre de situation, et... j'ai même commis des erreurs, alors quand vous avez parlé d'alternatives, j'ai trouvé ça vraiment cool ! admit sincèrement Wallace.
David acquiesça en souriant.
- Oui je... en théorie je ne suis pas tenu de faire de la prévention sur cette alternative mais je me dois bien de le faire en tant que médecin. Cependant sache qu'on fait tous des erreurs, c'est humain en quelque sorte.
Wallace acquiesça. « Hm, on fait tous des erreurs, hm... »
- Merci en tout cas pour ce discours... vibrant !
- Mais de rien. Oh, au fait...
- Hm ?
- Plus de discours culpabilisants sur la nourriture à Firmin, compris ?
- Je lui ai juste dit d'arrêter de grignoter !
- Si tu recommences, on réduira ta paie de moitié !
- Maiiiiiiiiiiiis !!!
- Pas de mais, Wallace Gribble ! grommela gentiment David.
- J'ai des fringues à acheter moiiiii !
- Tu sais ce qu'il te reste à faire !
- Vous me censurez, monsieur Truman, z'êtes pas cool !!
- Pas de chichis sinon c'est payé une fois sur deux !
- Ah nan !!!
***
- Il va bien mais on le garde en observation cette nuit.
Denis acquiesça, affolé, dans le hall de l'hôpital.
- Est-ce que... j'ai la possibilité de... le voir ou...
- Oui, oui, bien sûr, je vous y amène.
L'infirmier poussa Denis. Perrine et Naomi restaient sur un banc dans ce même hall.
- Eh bah quelle soirée...
- Hm.
- Tout va bien ? T'as été balaise quand même !
- Oh, non, non, pas tant que ça...
- T'as sauvé la vie de ton père, Perrine !
- Mais nan, il s'en serait très bien sorti sans mon aide.
Naomi regarda Perrine et choisit de ne pas tergiverser plus. Visiblement, Perrine n'avait pas du tout envie d'en parler.
***
- David ?!
- Oh. Entre.
Denis roula auprès du lit de David qui allait bien mais qui était un peu fatigué.
- La vache, je pensais pas que...
- Denis, Perrine, elle...
Denis acquiesça.
- Elle s'est jetée sur toi pour te sauver la vie ! On se serait crus dans une de ces émissions avec ces enfants héroïques qui portent leurs parents hors de la maison à bout de bras pour les sauver des flammes !
- On est des parents horribles pour elle...
Denis regarda son compagnon, étonné.
- Quoi ?!
- Mais enfin Denis, regarde-là ! Elle est tellement à l'écart de notre couple qu'elle se débrouille toute seule ! Elle a seulement onze ans et elle sait utiliser un four !
- ... elle... est indépendante, en plus elle m'aide les week-ends quand tu n'es pas là...
- C'est pas normal, on est en train de lui pourrir son enfance ! Ce qu'elle a fait... c'était merveilleux bien sûr, je suis fier de ma poussinette, mais... c'est pas à elle de faire ça !
- J'étais pas vraiment en état...
- C'était un bête malaise cardiaque, Denis, j'aurais survécu sans problème, le coeur qu'on m'a greffé il y a six ans est en béton armé !
Denis acquiesça.
- Elle a eu un réflexe filial, elle voulait que tu vives, c'est tout...
- Elle est pétrifiée à l'idée de nous perdre et nous on la traite comme si elle était acquise, comme si on ne pouvait jamais perdre sa confiance ou son estime... Dorénavant...
David se releva.
- Dorénavant, il faudra... faire attention à ne pas se disputer devant elle ou... à se dire les choses de manière plus calme ! Enfin, lui... montrer que tout va bien !
- Mouais, ça c'est pas gagné, déjà... Et pour ton frère ?
David soupira.
- On allumera moins la télé...
- Bonne initiative... mais plus sérieusement, faut faire quelque chose, nan ?
- J'en parlerais avec Lily, mais la dernière fois qu'on s'est vus, il a failli nous faire rompre, alors là...
Denis soupira.
- Même quand ma jambe sera guérie, on va encore morfler, hein ?
- M'en parle pas... soupira David en se replongeant dans son confortable oreiller d'hôpital.***
- Et nous revoilà en cours... Heureusement que je suis bien payée pour ces heures sup...
La prof de combat direct scruta la salle.
- Ok... Le blond en veste de sport !
Steven se leva, tout sourire.
- Yes, yes, yes, allez, ça pue la victoire facile !
Le reste de la classe sembla intrigué.
- Contre... Tiens, la petite grosse !
Perrine écarquilla les yeux. Naomi ouvrit la bouche, stupéfaite. Wallace grimaça. Walter sembla carrément outré.
- Non mais dites donc... bredouilla Walter, choqué.
- Oh, eh, si on peut plus plaisanter... souffla la prof.
- Plaisanter ?! Vous êtes le professeur, pas une personne de son âge ou une camarade ! rétorqua Naomi.
- Et toi, t'as pas à me parler sur ce ton !
- C'est réciproque ! assura Wallace.
Blandine Barnes regarda Wallace Gribble, mauvaise. Dans la classe, certains élèves comme Fey, Quinn, Andréa, Ana, Robbie, Tristan, Lucy ou Santana étaient clairement choqués. D'autres tels que Mike, James, Gina, Holly, Rebecca, Violette et Amélia ricanaient à cette pique.
- Tu veux que ta note de la dernière fois baisse ?
Wallace ricana presque.
- Joli argument... vous avez été à l'école au moins une heure dans votre vie ?!
- C'est mon cours, je dis ce que je veux. En piste, bouboule !
Perrine se leva, pas outragée pour deux sous malgré les ahanements stupéfaits du reste de la classe.
- Vous n'avez pas le droit de lui parler comme ça ! grommela Quinn.
- Exactement, pour qui vous vous prenez ?! s'enquit Fey.
- En revanche j'ai le droit de vous coller des zéros alors SILENCE !
Perrine arriva sur le terrain alors que Steven semblait en plein fou-rire.
- Héhéhé... la petite grosse !
Perrine soupira intérieurement. « Courage, Perrine, dis-toi que tu as survécu... blablabla, la guerre, les parents, blablabla disputes à la con de tes parents... »
- Bon, un contre un, essayez de faire en sorte que ça ne dure pas longtemps...
- Ouaiiiis, allez Sablaireau !!
Le Pokémon de Steven apparut. La prof regarda Perrine.
- C'est à vous, madame-la-princesse-à-qui-il-faut-parler-gentiment !
Nouveaux rires dans les rangs. Wallace grommela. « Réagis, bon sang ! »
Perrine souffla. « C'est pas comme si j'étais une faible petite chose... »
- Sandro, go !
Cacturne apparut. Le famélique Pokémon regarda Perrine qui hocha la tête. Steven ricana.
- Tu devrais suivre son régime, ça t'aiderait sûrement !
- Sur ces belles paroles, vous pouvez commencer.
Madonna – Beat goes on- Tunnel !!
Sablaireau plongea dans le sol. Perrine semblait attendre comme une statue. Cacturne se prit le Pokémon dans sa remontée supersonique. La classe observait la confrontation.
- Disons... Dard Nuée, Sandro !
Cacturne croisa les bras et les décroisa pour envoyer des missiles lumineux issus des pointes sur ses bras. Sablaireau encaissa la faible attaque.
- T'es sérieuse ?! C'est trop naze comme attaque !
Don't sit there like some silly girl (Ne reste pas assise comme une parfaite idiote)
If you wait too long you'll be too late (Si tu attends trop longtemps, il sera trop tard)
- J'vais te montrer moi ! Gyroballe !
I'm not telling you something new (Je ne t'apprends rien de nouveau)
There ain't no time to lose (Il n'y a pas de temps à perdre)
Sablaireau fonça en boule sur Cacturne et lui ravala la façade.
It's time for you to celebrate (Il est temps pour toi de faire la fête)
Perrine fit l'hésitante.
- Je dirais... Représailles !
Cacturne sembla se débattre face à Sablaireau qui encaissa, là encore, sans problème.
So get down, beep beep, gotta get up outta your seat (Allez, il va falloir te lever de ton siege)
Get up, little girl (Lève-toi, petite fille)
- T'es nulle ou tu le fais exprès ?!
Get down, beep beep, gotta get up outta your seatIt's time, your world (Il est temps, Ton Monde)
- Sérieusement, c'est pathétique ! ricanait le blond.
Get down, beep beep, gotta get up outta your seatYour life, your choice (Ta Vie, Ton Choix)
- Elle attend quoi ?! s'étonna Wallace.
- Elle a l'air confiante... marmonna Walter.
- Elle a intérêt à lui coller une raclée... grogna Naomi.
Get down, beep beep, gotta get up outta your seatIt's time, live it up (Il est temps, laisse-toi aller)
- On va s'amuser un peu alors ! Eclategriffe !!
Sablaireau fonça sur Cacturne. Perrine regardait indifféremment son adversaire.
On and on, on the beat goes (Sans arrêt, le rythme continue)
On and on, on the beat goes
On and on, on the beat goes
On and on, on the beat goesCacturne se prit l'attaque de façon assez sévère.
On and on, on the beat goes
On and on, on the beat goes
On and on, on the beat goes
On and on, on the beat goes- Nan mais attends, là, tu le fais exprès, c'est pas possible !
La classe regardait Perrine qui leva à peine les yeux vers Steven.
You don't have the luxury of time (Tu n'as pas le luxe de prendre ton temps)
You have got to say what's on your mind (Tu dois dire ce que tu as sur le cœur)
- Evidemment que je le fais exprès.
Your head lost in the stars (La tête perdue dans les étoiles)
You'll never go far (Tu n'iras pas loin)
Steven s'étonna franchement.
It's time for you to read the signs (C'est l'heure pour toi de lire les signes)
- Je suis beaucoup plus forte que toi, tu vois bien.
(So get down, beep beep, gotta get up outta your seat)Here comes, my hand (Voici ma main)
- Pardon ? Tu te prends pour qui, le boulet ?!
(Get down, beep beep, gotta get up outta your seat)Take it, you can (Prends-là, tu peux)
- Pour personne, je sais ce que je vaux, exactement ce que je vaux, répondit calmement Perrine.
(Get down, beep beep, gotta get up outta your seat)The time, is now (C'est le moment)
- Je sais que je suis grosse. Très grosse. Enorme. Gélatineuse.
(Get down, beep beep, gotta get up outta your seat)I'll show, you how (Je vais te montrer comment.)
Steven haussa les sourcils. La prof de même.
- Je suis énorme, plus grosse que toi, et évidemment comme toute grosse abomination, je vais t'écraser comme un insecte.
- ... Va te faire foutre, laideron prétentieux ! Tunnel !
Sablaireau s'enfonça sous terre.
On and on, on the beat goesOn and on, on the beat goesLe Pokémon ressortit mais fut esquivé par Cacturne.
On and on, on the beat goesOn and on, on the beat goes- Putain !
On and on, on the beat goesOn and on, on the beat goes- Finissons-en, Plaie-Croix !!! grogna Steven.
On and on, on the beat goesOn and on, on the beat goesSablaireau sautait pour exécuter l'attaque fatale.
- Sandro, attaque DANSE FOLLE !!!
Le Cacturne de Perrine se mit à danser et à entrainer le Sablaireau de Steven dans sa danse.
- Eh !!!
- Encore un coup de lâche... souffla la prof.
Perrine leva les yeux au ciel.
- Vous savez, je suis peut-être une grosse fille moche, mais moi au moins je ne suis pas une vache inculte !
La prof regarda Perrine, hallucinée. Wallace eut un sourire d'une fierté incommensurable alors que le reste de la classe était au bord de la standing ovation générale.
- VENDETTA !!!
Cacturne attrapa Sablaireau et lui colla la raclée de sa vie.
Say what you like, do what you feel (Dis ce que tu veux, fais ce que tu sens)
You know exactly who you are (Tu sais exactement qui tu es)
- Merde ! Putain ! Sablaireau !!
- Sandro, POING DARD !!!
Dans un uppercut surpuissant, Cacturne envoya Sablaireau bouler dans les airs. Le Pokémon Sol se retrouva complètement défoncé sous les yeux ahuris de toute la salle.
The time is right now (Le temps est venu)
You got to decide (Tu dois décider : )
Stand in the back or be the star (Rester dans l'ombre ou être la star)
- Voiiiiiiiiiilà. La grosse a gagné ! grogna Perrine, sur les nerfs.
Steven semblait attendre qu'elle rappelle Cacturne mais devant les yeux autoritaires de la jeune fille, il s'empressa de rappeler Sablaireau.
Perrine s'en retourna à sa place sous les applaudissements de ses camarades bienveillants, les autres restant sur le cul.
- Evidemment c'est un zéro pour la façon dont vous vous êtes adressée à moi, mademoiselle Truman...
- PARDON ?!
Perrine se retourna vers la prof, stoïque. Le reste de la classe regarda la prof, quelque peu alarmé par le manque de sens commun de la prof.
- VOUS me traitez de grosse et c'est MOI qui vous parle mal ?! grogna Perrine avec fermeté.
La prof sembla embarrassée. Wallace jubilait de voir son amie tenir tête à quelqu'un qui l'offense.
- Très bien, très bien, TRES BIEN ! Je ne vous note pas ! Satisfaite ?
- En quel honneur vous ne me notez pas ?!
La prof siffla en levant les mains.
- Vous serez notée, voilà ! Tchhhhh... On commence le cours !!
Perrine retourna à sa place.
- T'as été excellente ! sourit Wallace.
- Oh, toi, ta gueule ! grommela Perrine.