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Nous ne t'avons pas oublié [One-Shot] de OO8_le_grand



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» Auteur : OO8_le_grand - Voir le profil
» Créé le 06/08/2012 à 21:21
» Dernière mise à jour le 20/02/2013 à 23:12

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Chapitre unique
Au bord d'un rivage, au sommet d'une haute falaise, se trouvait une tombe. Elle était là depuis ce qui semblait être une éternité. La pierre commençait à se recouvrir de mousse, ce qui la dégradait, lentement, mais sûrement. Dessus, il y avait une simple phrase :
"Ici fit Gilbert Decroix,
Honnête marin qui a donné sa vie pour sauver celle de son pokemon et de son équipage.
Qu'on le considère comme un héros !"

Aucune date n'était inscrite, s'il y en avait une, le temps avait fait son œuvre et l'avait lentement effacé.
Les vagues étaient forte aujourd'hui, sans doute dû aux fortes bourrasques. Une tempête semblait ce profiler et la falaise paressait trembler devant la force des vagues. Certaine partie de l'écume arrivait à décoller et à atterrir sur le bord de la tombe. Il n'y avait pas de pluie, il n'y avait aucun nuage, seulement un beau ciel bleu accompagné du bruit que faisaient les arbres lorsque le vent pénétrait au sein de leur feuillage.
La falaise se trouvait à environ vingt mètres de hauteur par rapport au niveau de l'océan. Une hauteur impressionnante, mais aujourd'hui quiconque venait pour la première fois aurait dit qu'à peine cinq mètres les séparaient, tant le remue était violent.
On distinguait au loin un charmant village, un haut phare apparaissait distinctement et un port, qui semblait plutôt imposant, logeait des bateaux de taille différente, dont un bateau de croisière vue la grandeur que semblait faire l'appareil. Un chemin fait de terre, qui paressait partir du village allait jusqu'à la tombe. Il n'y avait pas trop d'arbre, le chemin n'était donc nullement abrité de la lumière du jour, il se contentait de longer le bord de la falaise afin d'amener les curieux à cet endroit qui l'était tout autant.

Une femme arrivait. Plutôt vieille, elle semblait âgée de cinquante ans, elle avait les cheveux attachés et leurs couleurs semblaient avoir viré au gris depuis longtemps. Une simple robe, comme on n'en faisait plus depuis longtemps, l'habillait, ce qui ne lui permettait pas d'avancer facilement parmi ces bourrasques. Elle tenait à son bras un panier repas, la jeune femme voulait visiblement pique-niquer et ce malgré le mauvais temps.
Elle marchait doucement et remettait plusieurs fois le chouchou qui lui tenait les cheveux, le vent cherchant sans cesse à la décoiffer. Elle arriva finalement au niveau de la tombe et un sourire s'afficha sur son visage.
"J'avais bien dit qu'un jour je viendrais"
Le visage de la vieille femme exprimait une très grande douceur, sans doute causé par son sourire qui reflétait une gentillesse sans borne et ses grands et beaux yeux amande. Malgré les années et les rides qui commençaient à marquer le visage de la femme, elle était plutôt belle. Elle paraissait assez contente d'elle-même, comme si elle venait de réaliser un objectif qu'elle s'était fixée depuis longtemps.
"Cela fait pas mal de temps que tu es mort, dit-elle en s'asseyant, et pourtant on parle toujours de toi dans la famille. On te considère presque comme un héros."

Une violente bourrasque décrocha le chouchou qui lui tenait les cheveux, elle tenta de le rattraper, mais celui-ci tomba à l'eau. C'était peine perdue. Ses cheveux longs volaient maintenant aisément au bon vouloir de la nature.
"Je ne me suis pas présenté, continua-t-elle après avoir regardé son chouchou disparaître parmi l'écume, je me prénomme Ange Decroix. Enchanté de te rencontrer très cher arrière-papi"
Elle parlait comme si la pierre allait lui répondre, mais bien sûr celle-ci resta de marbre. Ange sourit, elle ne savait pas quoi ajouter. Parler à un arrière-grand-père que l'on n'a jamais rencontré n'est pas chose facile, et pourtant, après avoir entendu tant de choses sur lui, elle avait voulu se déplacer, le rencontrer. Oh bien sûr, la rencontre est plutôt subjective, la pierre n'avait pas d'oreille pour écouter, ni de bouche pour lui répondre.
Cent cinquante ans, elle n'était pas étonnée plus que ça que la date est disparue de la tombe ! C'était en 1862 que tout cela c'était passé et voici ce qu'on lui avait raconté.

A cette époque, la charmante région de Johto était dirigée par un empereur, l'empereur Julian III. Il était aimé du peuple, avec lui les taxes n'étaient jamais trop hautes et le peuple pouvait manger à sa faim. Il se sentait cependant en rivalité avec la région de Kanto, très proche, dont la révolution l'avait fait devenir une république depuis vingt ans. Il avait soif de conquête et souhaitais découvrir des zones qu'il pourrait exploiter et ainsi faire prospérer son royaume. Et pour lui une seul zone correspondait à cette attente : les Tourb'Iles.
Cette zone était cependant effrayante. On y racontait des choses qui faisaient trembler les marins, tel que la disparition de nombreux navires, la mort mystérieuse de nombreux matelots et la plus effrayante de tous, la téléportation d'un navire qui venait de pénétrer au sein des îles, et qui avait été retrouvé, deux semaines plus tard, dans l'Antre du Dragon, c'est-à-dire à l'autre bout de la région.
Bref, les marins préféraient éviter au maximum cette zone et quand l'empereur parla de son projet à ses conseillers, ils ne se privèrent pas de lui dire comme quoi cette aventure était risquée et qu'aucun marin ne voudrait s'engager dans une telle aventure, quel que fut la récompense qu'il leur proposerait. Mais l'empereur voulait réussir son projet et il recruta de force les marins, car sinon leur femme serait brûlée et leur enfant égorgé.
Le peuple tenta bien sûr de résister, mais l'empereur avait les moyens de gérer ce genre de révolte et il réussit à mettre en place tout un équipage constitué, exactement, de quarante-trois personnes. Gilbert Decroix faisait partie de ces marins. Il habitait près du port d'où le départ de l'expédition était prévu, les autorités étaient donc venues le chercher dès le départ. Sa femme, nommé Madeleine Decroix, était enceinte et à ses yeux aucune chose n'était plus précieuse qu'elle et l'enfant qu'elle portait. Afin d'épargner sa famille, il accepta.
Gilbert avait avec lui un Maraiste. Ce pokemon vouait une amitié profonde avec la famille, qui lui avait toujours proposé de repartir vivre dans la nature s'il le voulait. C'était un ami et non un pokemon attrapé pour combattre. Quand le navire où embarqua Gilbert fut sur le point de partir, Madeleine eut une parole forte
"Part avec lui, je t'en prie ! Protège-le ! Nous t'avons toujours considéré comme un ami et nous ne t'avons jamais rien demandé, mais aujourd'hui j'ai besoin de toi mon ami. Aide moi je t'en prie"
Le pokemon avait déjà voulu partir, mais il s'était dit qu'il devait protéger Madeleine pendant que Gilbert ne pouvait pas. Mais la femme avait dit ç d'une telle tristesse, qu'il accepta et parti aussitôt. Aucun refus de la part de l'équipage de le voir embarquer avec eux, qui était plutôt soulagé d'avoir un pokemon à ses côtés et Gilbert bien qu'inquiet de laisser Madeleine seul, fut heureux de revoir son ami.

Une nouvelle bourrasque de vent ébouriffa Ange. Le vent était tellement fort, que le panier-repas qu'elle avait posé sur le sol bougea. Elle l'avait allégé du sandwich qu'il contenait et le mangeait lentement, se remémorant ce qu'on lui avait raconté sur cet ancêtre. Nouvelle bourrasque et cette fois-ci le panier s'envola et tomba à la mer. Elle n'eut pas suffisamment de vitesse pour tenter de le rattraper et tenta plutôt de tenir son sandwich, qu'elle avait failli lâcher. Doucement, elle retira l'aluminium qui le recouvrait et commença à manger.

A ce qu'on lui avait dit, le voyage aurait duré une semaine. Le bateau était rapide et le vent avait toujours soufflé en leur faveur. Sur le bateau, une ambiance de fête régnait en permanence. Les marins voulaient oublier pourquoi ils partaient et vers quoi ils se dirigeaient. Gilbert participait bien sûr à ces fêtes, mais gardait la tête froide. Il avait prévu de rentrer, il refusait que les Tourb'Ile l'emporte, comme tous les marins et les navires qui l'avaient précédé.
Maraiste avait peur. En plus du danger qui planait sur son ami, il ne se sentait pas rassuré par les îles vers lesquelles il voyageait. Et ce sentiment ne cessait de croître au fur et à mesure que le navire se rapprochait.
Enfin le navire atteint sa destination. Les quatre îles qui composaient l'archipel étaient nettement discernables. Un profond sentiment de mal-être avait régné sur le bateau en voyant ces îles apparaître, mais la vie de leur famille était en jeu et ils acceptaient d'aller jusqu'au bout.
Il n'y avait aucun homme de l'empereur sur le navire, juste des marins. L'idée était très claire, soit il ramenait quelque chose, soit il mourrait ici, soit il revenait les mains vide et mourrait là-bas. Le dilemme était difficile, mais les marins n'avaient pas le choix.
Soudain, un épais brouillard les encercla. En quelque seconde les Tourb'Iles n'avaient plus été visible. Une certaine frayeur monta sur le navire. Pendant cinq minutes il ne se passa rien et soudain, la mer se déchaîna ! Le bateau était balancé dans tous les sens, des énormes vagues s'abattaient sur le navire et tous les marins furent trempés jusqu'aux os en quelque instant. On entendait certain crier qu'il fallait faire demi-tour, d'autre qui voulait continuer et aller se poser à terre et d'autre enfin qui ne disait rien, la peur les avaient rendus totalement muet.
Gilbert faisait partie de ceux qui voulaient continuer, il voulait rentrer victorieux de son expédition, pour qu'ainsi il puisse revoir sa femme et son futur enfant. Il soutenait moralement les autres marins, tentait tant bien que mal de tenir le cap. Certains racontent qu'il pleurait en même temps qu'il tenait la barre.
Maraiste rattrapait les marins qui glissaient et s'approchait dangereusement du bord du navire. Il était rapide, car il était trempé et que cela décuplait lui permettait de décupler ses facultés, mais il ne devait pas plonger, l'eau était tellement agitée que cela aurait été dangereux pour lui et ce malgré son type eau. Cette tempête n'était pas normale et donnait l'impression que quiconque pénétrait à l'intérieur, humain et pokemon, ne pouvait pas s'en sortir.

Nouvelle bourrasque et Ange était tellement concentré qu'elle lâcha son sandwich, mangé à moitié, qui tomba à son tour dans la mer. Elle n'avait désormais plus rien à manger et l'écume des vagues montaient tellement haut qu'elle commençait à être trempé. Elle n'allait pas tarder à rentrer.

Le navire n'en avait plus pour très longtemps. On avait beau se démener pour rester en place, la proue du bateau commençait à casser et de l'eau pénétrait à l'intérieur. Gilbert avait pourtant l'impression d'avancer vers les îles, le vent allait dans ce sens, et pourtant rien à faire il n'y arrivait pas et le brouillard l'empêchait totalement de se repérer.
Maraiste commençait à s'épuiser. Il ne cessait de voyager d'un point à un autre, l'épuisement le guettait. Une violente vague percuta le bateau et un canot de sauvetage vint percuter le pont du navire. A l'intérieur, Maraiste vit une jeune fille d'à peine six ans. Elle avait peur, elle était terrorisée. Un marin vint la rejoindre et la pris dans ses bras. C'était une passagère clandestines que son père avait emmené, préférant la garder auprès d'elle.
Nouvelle vague et le navire fut violemment balancé vers la droite. La jeune fille glissa et tomba du bateau. Maraiste n'hésita pas. Il sauta et avant qu'elle ne touche le sol lui donna un coup dans le dos suffisamment fort pour qu'elle puisse remonter sans qu'elle ait trop mal. Cela fonctionna, elle réussit à s'accrocher sur le bord et son père l'aida à remonter. Fier de lui Maraiste ferma les yeux et se laissa lentement engloutir par l'océan. Il ne servait à rien de résister, il allait mourir ici...
Gilbert tenait la barre lorsqu'il vit son pokemon à la mer.
"Maraiste ! Non !!"
Sans réfléchir il courra et sauta dans l'eau. Le geste était parfaitement ridicule, mais l'homme n'avait pas réfléchi à ce qu'il faisait. Nageant tant bien que mal malgré le courant, il arriva au niveau de son pokemon, son ami. Maraiste voulu le repousser. Il devait retourner au navire, revoir sa femme. Sa vie à lui n'avait que peu d'importance. Mais Gilbert refusa.
"Tu es mon ami, tu fais partie de ma vie, si tu meurs sans que je fasse quelque chose je ne pourrais jamais m'en remettre."
Un morceau de roche dépassant du sol se rapprochait d'eux. S'ils se le prenaient, s'en étaient finis d'eux. Ils se regardaient, Gilbert pleurait.
"Prend bien soin de ma femme et de mon enfant..."
Et sous l'expression abasourdie de Maraiste, Gilbert se tourna de façon à ce qu'il se prenne le rocher et ainsi épargner son ami. Le coup l'assomma et Maraiste eut beau tous faire pour le retenir, l'homme ne bougeant plus, il commençait à couler. Mais Maraiste ne voulait pas le lâcher, il ne pouvait pas mourir.
L'océan retrouva alors soudain son calme et le brouillard disparu aussi soudainement qu'il était apparu. Le bateau était sur l'eau et en face se distinguait nettement le village d'où il venait de partir. Le navire n'avait pas coulé, il tenait toujours debout. Maraiste ne prêta cependant pas tous de suite attention à cela. Car alors qu'il tenait la main de son ami, celui-ci avait soudain disparu, comme si l'océan l'avait avalé. Il n'avait pourtant pas lâché sa main, il en était sûr. Gilbert avait tout simplement disparu. Il plongea et se mit à le chercher partout, mais en vain. Alors, Maraiste remonta sur le navire et pleura son ami qui venait d'abandonner sa famille pour le sauver.
Les marins et lui purent alors distinguer nettement une gigantesque ombre dans l'eau. Elle disparut rapidement et un long cri résonna alors à travers tout le navire...

Pour la suite, elle se finissait presque comme un conte de fée. L'empereur était mort d'une crise cardiaque durant leur voyage. Certains parlaient d'une coïncidence, mais beaucoup n'y croyait pas. On ne tua pas les familles des marins, revenu bredouille et on les honora pour le courage qu'ils eurent. On entendit cependant très peu parler de Gilbert et de son courage, sa mort passa quasiment inaperçu.
Maraiste revint voir la femme de Gilbert, qui pleura de longues semaines de la mort de son mari. Certains marins lui racontèrent le courage qu'eut l'homme de sa vie, mais cela n'apaisa que peu son chagrin. Elle accoucha trois mois après la mort de Gilbert, donnant naissance à des jumeaux : un garçon et une fille. Ce jour, qui était censé être heureux, Madeleine le passa à pleurer, ces enfants ne pourront jamais connaître leur père. C'est ce jour-là qu'elle et Maraiste décidèrent qu'il fallait tout de même lui rendre hommage. Ainsi, une semaine après l'accouchement, elle confia ses enfants à sa voisine et s'éloigna du village. Avec l'aide de Maraiste, elle porta une tombe qu'elle planta. Elle tenu à écrire elle-même quelque mot sur la tombe, puis se recueillit pendant deux heures. A leur retour, elle ne pleura plus et se focalisa sur l'éducation de ses enfants. Elle tenu cependant à perpétuer sa mémoire et raconta à ses enfants et ses petits-enfants, l'histoire de leur père et grand-père.
Maraiste resta avec la famille de longue année et quand les enfants de Madeleine furent grands et qu'ils commencèrent à se faire vieux, il partit un jour vers l'océan et nagea. Personne ne sut vers quelle direction il partait, mais plus personne ne le revit.

Le vent semblait redoubler d'intensité. Elle n'en pouvait plus, mais elle avait tenu à se remémorer cette histoire devant la tombe de son arrière-grand-père. C'était son grand-père, qui était donc le fils de Madeleine, qui lui avait raconté en premier. Elle se rappelait avoir été ébahi quand elle était jeune. Mais elle avait attendu toute ces années avant de, enfin, lui rendre visite.
"Merci grand-père... encore aujourd'hui ton souvenir plane sur la famille, comme si tu nous protégeais. Tu seras toujours un héros pour nous... ! Crois-moi, nous ne t'avons pas oublié"
Puis elle se leva, bien décider à partir. Soudain, une violente bourrasque lui arriva dessus. Elle perdit l'équilibre, fit quelques pas pour tenter de le retrouver, mais tomba de la falaise.
La chute fut courte, elle n'arrivait pas à croire à quel point tout ceci était arrivé vite. En quelque seconde, elle se trouvait dans l'eau, qui la glaçait jusqu'aux os. Le courant fort l'empêchait de faire le moindre mouvement. Elle tenta de sortir sa tête de l'eau pour retrouver son souffle, mais elle ne réussit qu'à boire la tasse. Alors, elle cessa de lutter et ce laissa lentement emporté vers le fond.

Une forme nageait avec elle. Doucement, elle n'arrivait pas à distinguer ce que c'était mais cela se rapprochait. Une fois que la forme fut à côté d'elle, elle sentit que cette chose lui attrapait le bras et la tirait vers la surface. Mais n'ayant plus assez de souffle, elle perdit connaissance.

A son réveil, elle se trouvait sur la plage, à quelques pas du village. Elle était sèche, elle respirait, elle n'était pas morte. Elle se redressa. Sa robe était pleine de sable, de même que ses cheveux. Le sel la grattait. Mais elle n'avait aucune blessure, alors que la chute avait été vertigineuse et elle allait bien. Elle n'en revenait pas de la chance qu'elle venait d'avoir, lorsqu'elle se souvint de ce qu'elle avait vu, de ce qui l'avait sauvé. C'était un Maraiste qui l'avait sauvé, elle en était persuadée. Son arrière-grand-père protégeait sa famille, elle en était désormais sûre et certaine.

"Nous ne t'avons pas oublié et nous ne t'oublierons jamais !"

Au loin, on entendit alors un long cri qui semblait résonner sur la plage et qui paraissait continuer à l'infinie.