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Route 66 [Fic commune] de Resistance



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» Auteur : Resistance - Voir le profil
» Créé le 01/08/2012 à 19:09
» Dernière mise à jour le 03/08/2012 à 16:45

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Ch. 10 Sur les chapeaux de roue (Svetlana_16)
OK. Là, je devais bien admettre qu'il avait raison, le fou. Il m'avait remise à ma place. Et puis bien. Le hic, c'est que, même si je savais pertinemment qu'il avait raison, je ne pouvais me résoudre à combattre. Va falloir trouver autre chose, mon vieux. La violence est une des dernières conneries que je ferais avant de mourir. J'avais réussi à y échapper pendant ma période de délinquance, je n'allais pas ruiner tous mes efforts à cause d'un malade mental !
À propos de délinquance... Ils étaient sciés quand j'ai démarré la voiture. J'ai absolument adoré la tronche que faisait Ambre. À noter dans le livre des meilleurs moments que j'aurais vécus sur cette putain de route avec ces trois ahuris. Enfin bref, le fait est que j'étais particulièrement heureuse d'avoir trouvé une voiture à conduire. Ça m'avait fait tellement plaisir que pendant un moment, je n'étais plus sur la route 66 avec Tennessee Nixon, Démétrios Truc et Ambre Bidule, mais j'étais chez moi, avec Evoli et Roselia. Cet instant de bonheur a tourné court quand Tennessee m'a rappelée à l'ordre.

Je conduisais maintenant un modèle relativement ancien de Ford, une Sabre 200. J'aimais bien les vieilles voitures, ça me donnait l'illusion d'être quinze ans en arrière, avant la guerre Interespèce. Comme dirait l'autre, « c'tait l'bon vieux temps ! » En fait, n'importe quel prétexte était bon pour oublier ma situation actuelle : orpheline, sans Pokémon, sans maison, condamnée à me taper TOUTE la route la plus longue des USA pour rejoindre un camp de résistants anti-Pokémon, et tout ça à cause de la guerre et, pour couronner le tout, accompagnée d'un sadique qui tue des Pokémon à mains nues et les prend en photo avant de les achever, d'un mec bizarre mais sympa que je n'arrive pas à « ranger » dans une catégorie (je vais devoir en inventer une pour lui, je crois), et d'une emmerdeuse capable de me planter une flèche dans l'œil si je fais un truc qui lui plaît pas. Bilan des courses : MAIS QU'EST-CE QUE JE FOUS LÀ, PAR ARCEUS ?!

Heureusement, la nouvelle acquisition de notre groupe hétéroclite, à savoir la bagnole, me permettait de me concentrer sur autre chose que mes compagnons d'infortune : la route, en tant qu'étendue de terre et/ou goudron qui a la particularité de devenir sacrément dangereuse quand on la quitte. Drôle de définition...
La voiture n'avait pas dû rouler depuis longtemps : elle était crade, faisait un bruit inquiétant et puait le moisi. D'un autre côté, on ne devait pas sentir très bon, nous non plus. Pareil pour l'aspect. Donc le seul truc gênant, c'était le bruit de la voiture. Lequel ? Eh bien, imaginez que vous accrochez cinq ou six casseroles à votre Galopa et que vous le faites partir à fond la caisse. Ajoutez un bruit d'ordinateur en train de ramer comme pas possible, et un léger fond de truc qui ressemble (de très loin) à de la musique métal, et voilà, vous aurez à peu près le son émis par la voiture que nous avions réquisitionnée. Vive mon imagination.

Après plusieurs centaines de kilomètres de route sans encombres notables, chose que nous savions maintenant apprécier, j'aperçus dans le rétroviseur, qui était à moitié défoncé, quelques formes suspectes se déplaçant légèrement plus vite que nous et fonçant dans notre direction. Des Pokémon. Super. Tennessee aussi les avait vus. Faut dire qu'il passait son temps à regarder de tous les côtés comme s'il avait peur d'une attaque. Eh bien il avait raison de se méfier.

-Attachez vos ceintures.

Je n'en revenais pas. La première parole prononcée par le militaire depuis plusieurs kilomètres était pour moi synonyme de gros ennuis. J'avais compris ce qu'il voulait et ça ne me plaisait pas, mais alors pas du tout...

-Tu déconnes, j'espère...
-J'ai une tête à plaisanter ? demanda-t-il sèchement.

Effectivement, il n'avait PAS une tête à plaisanter. De plus, nos poursuivants se rapprochaient dangereusement. Mais je voulais tout de même tenter de trouver une autre solution. Je ne voulais pas crever pour avoir essayé d'échapper à une dizaine de Colombeau.

-Tu peux pas me demander ça...
-Linda...

Encore le regard qui fout la trouille. Sauf que cette fois je n'avais le temps ni d'avoir peur, ni de discuter. J'ai accéléré.

-OK, tu l'auras cherché. Accrochez-vous derrière !

Les deux autres passagers, jusque là silencieux, manifestèrent des signes d'incompréhension, mais attachèrent tout de même leurs ceintures sans râler puisqu'entre-temps ils avaient remarqué les Pokémon qui nous collaient au train. Tennessee commença à décompter :

-3...

Je continuais d'accélérer. Mais ce que j'allais faire ne m'enchantait absolument pas.

-2...

J'étais maintenant à 336 à l'heure. Et j'attendais la fin du compte à rebours comme on attend le moment où on va se faire écraser par un camion.

-1...


Maintenant. J'appuyai de toutes mes forces sur la pédale de frein. La voiture pila net, ma ceinture faillit me briser les côtes, mais nous étions tous vivants. La preuve, Démétrios a commencé à beugler :

-NON MAIS ÇA VA PAS LA TÊTE ?! T'AURAIS PU NOUS TUER !!

Et en plus c'était moi qu'il engueulait ! J'aurais crié une réponse très peu délicate si je n'avais pas eu le souffle coupé.
Quelque chose s'écrasa bruyamment contre la vitre arrière, mettant fin aux hurlements de Démétrios. Tennessee, apparemment lui aussi un peu sonné, prit la parole :

-On sort. Tout de suite.

Je me suis détachée le plus vite que j'ai pu et j'ai bondi hors de la voiture. Les Colombeau étaient presque tous englués contre la vitre par leur propre sang. Tennessee me parut soudain très pâle. Peut-être était-ce dû aux quelques boyaux qui pendouillaient par-ci par-là ? Non, peu probable. Il ne bronche pas quand il fait couler le sang, alors je ne voyais pas comment des tripes pendantes pourraient lui poser problème. Les autres Pokémon étaient un peu étourdis par le choc (comme nous, d'ailleurs), mais ils n'allaient pas tarder à nous attaquer si nous ne bougions pas. C'est pourquoi nous avons détalé comme des Laporeille pour ne pas avoir à combattre. Pour une fois que je n'étais pas la seule à éviter la bataille...
Mais bien sûr, c'était sans compter sur notre poisse probablement légendaire ! À peine avions-nous commencé à courir que nous avons vu surgir de nulle part D'AUTRES Colombeau !

-Rhaa, mais foutez-nous la paix, merde !

Pour une fois, Ambre semblait d'accord avec moi. Mais elle a tout de même sorti son arc et ses brindilles. Franchement, je ne comprends pas comment on peut se battre avec trois bouts de bois et une corde. C'est lent, et dans l'éventualité d'un combat rapproché, on est complètement désarmé. Eh oui, c'est pas parce que je ne me bats pas que je n'ai aucune notion d'auto-défense ou de riposte armée. Mais j'ai quand même un sérieux problème avec tout ce qui est violent, offensif, ou synonyme. Donc l'arc d'Ambre et le flingue de Tennessee m'ont convaincue de tourner la tête. En fait, la seule arme que je supportais, c'est le stylo que Démétrios tenait fermement dans sa main, l'air persuadé que ce bidule pourrait le sauver. Démétrios avait une grande qualité, de mon point de vue : il était extrêmement drôle. Il avait le don de me faire marrer comme avant la guerre, et ça, c'était rare. Très rare. À ce stade de notre voyage, je commençais à apprécier ce garçon. Il me rappelait un de mes amis. Un vrai clown. Il est mort au début de la guerre. D'une certaine manière, Démétrios remplaçait cet ami perdu. Enfin, pas trop quand même...

Un dernier déclic d'appareil photo. Ambre arracha sa dernière flèche d'un œil pokémonesque, l'essuya plus ou moins et la rangea. Beurk. Quitte à recycler, elle pourrait au moins faire ça plus proprement. Là, c'était carrément dégueu de la voir retirer la flèche coincée dans l'œil comme une olive sur une pique à apéro.

Nous sommes repartis. J'avais la tête qui tournait un peu, à la fois à cause du soleil et à cause du massacre. J'ai entendu Démétrios s'approcher de moi. Allons bon, il voulait encore faire la conversation ? Après tout, pourquoi pas...

-Dis, je...je me demandais...t'étais dresseuse, avant ?

Tiens, drôle de question. Je ne m'y attendais pas.

-Oui, pourquoi ?
-Parce que, si t'étais dresseuse, tu faisais des combats de Pokémon. Alors je comprends pas pourquoi tu refuses de te battre.

C'est vrai que ça peut paraître paradoxal, vu comme ça. Mais pour moi, c'étaient deux choses bien distinctes. Pas question de les mélanger.

-C'est un reproche ?
-Non, un constat.
-Les combats Pokémon, ben...c'est pas pareil. Déjà, ce n'est pas moi qui me bats, ensuite, il n'y a pas d'enjeu réellement important, comme la survie. Pour moi, les combats Pokémon, c'est plus une question de réflexion que de force brute. C'est comme si on comparait un jeu d'échecs avec une vraie bataille du Moyen-âge.
-Ouais, effectivement, aucun rapport.

J'étais prête à parier qu'il ne comprenait pas et qu'il faisait semblant pour me faire plaisir. Si ça se trouve, il n'avait jamais entendu parler du jeu d'échecs. Ce qui n'aurait pas été très étonnant, d'ailleurs. Plus personnes ne jouait à ça, de nos jours. Même avant la Guerre Interespèce. Moi, j'étais plutôt douée, aux échecs. Je m'entraînais souvent avec ma mère. Du temps où elle était encore vivante. Et où les Pokémon étaient maintenus en esclavage par cet espèce de sérum débilitant. Quel gâchis, vraiment...
Démétrios me tira une fois de plus de mes pensées. Il ne voulait vraiment pas laisser le silence s'installer !

-Eh, à ton avis, on a combien de temps avant de se faire encore attaquer ?
-Euh...si on tient compte de la remarque de Tennessee à Chicago, à savoir « la seule route qui n'est pas surveillée », je dirais qu'on a un problème de paradoxe, et je ne suis donc pas en mesure de répondre à ta question. Maintenant, dans l'absolu, on a...voyons...80% de chances, sans compter la poisse, de se faire sauvagement agresser par une colonie de Mascaïman, Papinox, ou je ne sais quoi d'encore plus féroce, dans les 10 minutes.
-T'es vachement optimiste, toi...
-La vie m'a appris à mettre la malchance dans la balance à chaque calcul. Non, blague à part, quand on n'a pas de bol, il faut en tenir compte.

Le soleil commençait alors à se coucher, dévoilant alors un ciel qui changeait de couleur, plus clair à l'ouest qu'à l'est. La voix d'Ambre, par ailleurs, s'éleva :

-Dites, je voudrais pas casser votre petite discussion, mais... C'est quoi, cette grotte, là-bas?

Elle fixait une grande ouverture dans la roche, à quelques centaines de mètres de l'endroit où nous étions.

-Un endroit où dormir, lança simplement Tennessee.

Ah, parce qu'on allait dormir dans cet endroit, en plus? Je me sentais de moins en moins rassurée. En effet, quand on va dans une grotte, il y a beaucoup de risques qu'il y ait un Pokémon gros et/ou dangereux à l'intérieur, donc qu'on se fasse tuer tous les quatre. Mais non, ce cher militaire nous jeta droit dans ce qui pourrait être un piège. Je le fis par ailleurs remarquer à Dem:

-Tu penses qu'il va pas nous emmener dans un piège?
-Oh mais je le connais suffisamment, il va nous emmener dans une grotte où il y a un gros Pokémon, il va le buter et on va se servir de sa peau comme couverture, qui sait? On peut s'attendre à tout, maintenant, avec lui.

Cette phrase de Démétrios acheva de me faire stresser au plus haut point. Mais bon, malgré le fait que je me retrouve avec un militaire complètement cinglé et une fille accueillante comme une porte de prison, il n'empêche que le militaire cinglé sait tuer à mains nues et la fille glaciale est une redoutable archère.
... Mais qu'est-ce que je suis en train de penser, là?
Enfin bref: nous arrivâmes quelques minutes plus tard devant la grotte, et Démétrios lança:

-Bon, est-ce que l'un de vous trois est capable de me dire où on se trouve précisément?

Moi, déjà, je ne savais pas, donc c'était fait. Ce fut logiquement notre cher militaire qui répondit:

-On a dû rouler plusieurs centaines de kilomètres, étant donné qu'on a eu plus de deux heures de route sans le moindre incident. Etant donné que nous avons passé le panneau nous indiquant notre arrivée dans l'état du Missouri, je dirais qu'on est à un peu plus de cinq cent kilomètres de Chicago. Et devinez quelle est la grotte collée à la Mother Road et se trouvant dans l'état de Missouri?
-... Les Meramec Caverns? concluai-je en suivant le raisonnement de Tennessee.
-MERCI. Enfin au moins une personne qui connait sa géographie dans ce monde d'illettrés.

En même temps, en disant "monde d'illettrés", il avait pas tout à fait tort: les gens n'arrivaient plus à apprendre, les enfants n'allaient pas à l'école (du moins les enfants pauvres) et, depuis que les Pokémon nous dominent, aucun humain ne peut avoir accès au savoir sans avoir une autorisation préalable. Par contre, il s'était trompé sur un point: j'étais nulle en géo.

Revenons à nos Wattouat.

Nous avançâmes donc dans la grotte, qui était vide. En même temps, c'était mieux: pas de Pokémon prêts à te sauter à la gorge à chaque instant, et au moins un endroit pour se reposer.
Nous nous trouvâmes d'ailleurs un petit coin bien intéressant et y installâmes notre campement de fortune. Tennessee avait sorti de la voiture quatre sacs de couchage: on avait tous trouvé ça utile et on en avait pris chacun un. Puis on s'est installés chacun le plus près possible les uns des autres (pour pouvoir prévenir rapidement en cas de problème) et on s'est posés dans nos sacs de couchage.
Je vis les trois autres se poser aussi tranquillement: Ambre ferma presque au maximum son sac de couchage, Démétrios faisait de même et Tennessee était, lui, un peu à l'air libre, collé contre un rocher, gardant toutefois un oeil ouvert pour éviter qu'un de nous quatre se fasse tuer en pleine nuit.
Soulagée de savoir qu'on avait quelqu'un pour nous protéger, je m'installai confortablement dans le sac de couchage, puis le refermai à peu près à la même hauteur que Dem' et Ambre l'avaient refermé, avant de fermer un oeil, puis l'autre, et plonger dans un profond sommeil.