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Le vilain petit Canarticho [O-S] de BulbiRom1



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Informations

» Auteur : BulbiRom1 - Voir le profil
» Créé le 29/07/2012 à 21:04
» Dernière mise à jour le 29/07/2012 à 21:04

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Chapitre unique : Le vilain petit Canarticho
Cela aurait pu être un heureux événement, certes, mais qui aurait cependant appartenu au cadre de l'ordinaire. Installée sur une petite route verdoyante, le long d'une mare aux reflets bleu clair qui laissaient suggérer la grande propreté de ce coin aux teintes luxuriantes, la horde de Canarticho attendait en effet l'éclosion des quelques œufs couleur ivoire et amande qui logeaient paisiblement aux milieux des fleurs en bouton, mais qui arboraient déjà leurs premières nuances de rose, jaune, blanc… Ainsi, dans ce cadre arc-en-ciel, la communauté de canards se recueillait dans le silence afin d'admirer de tous leurs yeux la venue au monde de ces nouveaux arrivants.

L'attente ne fut que de courte durée, et les premières coquilles se fendillèrent sous les faibles coups des embryons d'ailes brunes qui les frappaient avec un poireau imaginaire. L'assistance poussa un soupir bouleversé à l'apparition des petits becs qui rappelaient la teinte et la douceur du miel. Les petits volatiles bruns au duvet ébouriffé sortirent les uns après les autres, jusqu'au dernier d'entre eux qui… Oh, mais qu'était-ce que cela ?!

En effet, le petit dernier s'avéra être si laid, si répugnant, si hideux, que toute l'assistance se jeta en arrière pour s'éloigner le plus vite possible de cette erreur de la nature. On recula d'un pas seulement cependant, par curiosité, car cette créature demeurait intrigante tant pareille chose n'eût pu être imaginée. L'attention fut cependant rapidement détournée de cette horreur puisque les petits Canarticho commençaient déjà à gambader en direction de verts brins d'herbe qu'ils portaient fièrement comme s'il s'agissait de leur premier poireau devant l'assemblée attendrie et émue aux larmes. Le « mouton noir », lui, s'empara d'une fleur de pissenlit déjà fanée, et toutes les têtes s'en détournèrent.

Ainsi naquit le vilain petit Canarticho.

***

Le soleil dardait de ses rayons d'or l'horizon. Lorsque l'un d'eux atteignit telle une flèche le coin de l'œil du Canarticho, celui se retourna en grommelant, comprenant qu'une nouvelle journée commençait. Peu à peu, une nuée d'ailes commencèrent à s'étirer çà et là ; tout le monde se réveillait. Le disgracieux Pokémon s'empara alors du poireau trop mûr qu'on avait bien voulu qu'il s'approprie et se dirigea vers la réserve de nourriture. Comme à son habitude, il se contenta des baies abîmées qu'on lui abandonnait mine de rien, comme si on n'acceptait pas l'idée qu'un membre pareil fasse partie de la communauté. Ce qui ne le dispensait bien sûr pas de participer aux mêmes corvées que les autres, et ainsi commença-t-il à farfouiller aux alentours de la mare à la recherche de nourriture pour le lendemain, pour que tout le monde ait de quoi subsister dans les jours à venir. Le rythme de vie d'un Pokémon est très simple.

Cependant, les autres prenaient grand soin de faire leurs petites affaires loin de lui. Alors qu'il revenait de la réserve où il avait déposé quelques fruits juteux mais dont il ne pourrait pas profiter, le vilain petit Canarticho vit quelques-uns de ses congénères batifolant gaiement dans l'eau, sans se soucier du groupe de Yanma qui volait au-dessus de leur tête, groupe qui donnait l'impression de danser ensemble, survolant alors quelques jeunes Zigzaton qui s'amusaient à se rouler dans la poussière. Le canard, lui, ne comprenait pas qu'une telle communion lui soit étrangère, et mira son reflet dans l'eau claire. Sa tête au teint un peu pâle (sans doute à cause de la couleur de la mare) lui apparut alors, et il s'examina attentivement. Il avait bien deux ailes toutes aussi grandes que celles des autres, un bec saillant, un poireau, deux yeux pétillants, deux pattes solides… N'était-il pas comme tout le monde, au bout du compte ? Quelle était la cause de cette discrimination ?

Pourquoi ne l'aimait-on pas ?

***

Quelques temps étaient passés encore, et le Canarticho avait continué de grandir, enfermé dans ses doutes et ses questions. Un jour qu'il s'était cependant levé de bonne humeur, il prit la décision de forcer le destin et de se faire accepter. Aussi se rendit-il la tête haute jusqu'à la réserve de nourriture, bombant le bréchet, le bec pointant vers le soleil levant. Mais il n'eut pas l'effet escompté ;
- Tiens, le monstre fait son beau !, fit l'un des emplumés.
Les autres pouffaient sur son passage. Arrivé à la réserve, il refusa d'un geste qui se voulait ferme les baies trop vertes qu'on lui proposait.
-Bah, si tu ne veux pas manger, c'est ton problème, l'affreux.
Et on l'envoya balader.
Ne prêtant pas attention à toutes ces piques, il approcha un petit groupe qui regardait quelques Ecayon qui nageaient près de la rive. Timidement, il leur demanda s'il pouvait se joindre à eux. « Va-t-en, le moche, tu vas faire peur aux poissons » et une salve de rires fut la seule réponse qu'il obtint. Dépité, il décida de rebrousser chemin, sentant qu'aujourd'hui n'allait finalement pas être une aussi bonne journée qu'il le pensait… Il se dirigea alors d'un pas mou vers le nid familial, sans remarquer les petits canetons effrayés qui se précipitaient derrière leurs parents à son passage.

Lorsqu'il arriva finalement chez lui, il était presque en larme. Sa mère, qui était encore là, lui demanda ce qui n'allait pas. Il lui expliqua les réactions des autres avec une voix chevrotante.
-Tu sais, ils ne sont pas si méchants, tenta-t-elle de le réconforter. Au fond, ils ne savent pas ce qu'ils disent… Je pense même qu'ils sont jaloux de toi !
-Tu penses vraiment ?, couina le Canarticho.
-Mais oui. Il faut s'accepter tel que l'on est, et tout ira pour le mieux. Si tu te sens bien dans ta peau, tout le monde t'aimera.
-Et toi, tu trouves que je suis un monstre ?, fit-il dans un sanglot.
Sa mère déglutit.
-Mais non, je t'assure. Je t'aime beaucoup.
Le canard tenta alors de s'approcher d'elle pour se lover dans ses plumes. Mais elle poussa alors un cri d'effroi et bascula en arrière avant qu'il ne puisse l'atteindre. Il en fut tellement surpris qu'il en laissa tomber son poireau.
-Mais… Maman… ? Tu disais que…
-Je… oh… Pardon, mon fils, je ne voulais pas… Ne t'approche pas… Euh, non, si…, balbutia-t-elle.
Des larmes coulèrent le long des pommettes de celui qu'on traitait comme un monstre. Il reprit son poireau et s'enfuit, amer, avant que sa génitrice ne puisse esquisser un geste.

Il passa en courant devant tout le troupeau et s'en éloigna aussi loin qu'il put, puis il s'assit et attendit, s'interrogeant sur ce qu'il devait faire. Les heures passèrent sans qu'il y fît attention pendant qu'il tentait de sécher ses larmes, entendant seulement le vent dans les arbres et les nasillements du reste de la horde qui n'avait pas été plus affectée que cela par l'incident. Mais, étrangement, au bout d'un moment, cet amalgame de petits éclats se mua en une clameur violente, caractéristique des cris d'effroi. Le Canarticho se demandait ce qu'il se passait, mais ne bougeait toujours pas, encore frustré de l'évènement précédent, et se boucha les oreilles.

Finalement, une heure plus tard encore, ne supportant pas ces cris incessants qu'il n'arrivait pas à dissimuler et qui l'interloquaient sans cesse, il se leva et rebroussa lentement chemin. Et si c'était de sa faute ? Arrivé à l'emplacement du troupeau, il se dissimula dans les fourrés cramoisis et observa la scène avec horreur.
Un énorme Elektek faisait tourner ses bras dans une sorte de tornade jaune et noire qui décimait tous les canards bruns des alentours. Leur légume qui leur échappait des ailes à chaque coup formaient une gerbe verte avant de s'embraser dans de maigres flammes orangées causées par l'électricité. L'herbe autour était également grillée et prenait des teintes mordorées. Les Canarticho déjà K.O. avaient les plumes roussies, couleur terre de sienne, et laissaient pendre une langue rose pâle. Mais le plus étrange était cet humain avec un béret rouge, derrière le Pokémon jaune, qui levait un doigt sur ses mains à chaque volatile assommé.

Ne supportant plus cette vision et se disant que, malgré tout, ses « amis » ne méritaient pas ça, le vilain petit Canarticho décida de s'interposer. Empoignant son poireau, il se planta devant l'Elektek, pas très sûr de lui.
-Ah, en voilà un beau !, s'écria le dresseur, et l'Elektek s'arrêta de faire tourner ses bras, avant de mystérieusement disparaître dans un éclair rouge vif.
Un gros Cizayox d'une couleur équivalente le remplaça alors, faisant claquer ses pinces dans l'air pour intimider son adversaire. Le Pokémon oiseau balançait son légume devant lui, de moins en moins rassuré. Ils se fixèrent un instant. Puis, tout à coup, l'insecte lui bondit dessus et lui infligea une violente entaille avant même qu'il ne puisse battre d'un cil. Il fut propulsé en arrière par la violence du choc et, alors que sa vision se troublait, il se demandait comment il arrivait encore à tenir debout. Il n'eut pas le temps de chercher une réponse, car il eut juste le temps de voir un caillou blanc et bleu lui atterrir sur la tête, et tout disparût.

***

Noir. Noir, noir, et encore du noir. C'est tout ce que pouvait voir le pauvre canard autour de lui. Il n'arrivait pas à bouger, comme enfermé. Que s'était-il passé ? Où était-il ? Que sont devenus les autres ? Est-ce qu'il était mort ? Pourquoi ?
En proie à une totale ignorance de sa situation, le Canarticho se remuait dans tous les sens, donnait des coups de poireau. Rien à faire, il était complètement perdu et désœuvré. Soudain, il se sentit comme aspiré. N'ayant rien à faire de mieux, il se laissa faire, et recouvrit finalement la vue en arrivant au beau milieu d'une sorte de petit parc vert… Cependant, il était cloîtré dans une cage de verre. Il jeta un œil à droite, à gauche, et vit un paisible Insolourdo à côté de lui. Voulant l'interroger, il s'approcha de lui, mais… Non, lui non plus n'était visiblement pas « normal ». Il y avait quelque chose qui le dérangeait chez ce Pokémon, et il pensait comprendre le malaise que ressentaient les autres de sa horde en le voyant lui. Il leva la tête, et vit qu'il était entouré d'autres créatures toutes aussi anormales. Il comprit alors ce qui se passait : on l'avait emmené dans une exposition des horreurs, comme s'il était un trophée parce qu'il était un véritable monstre. Le Canarticho commença à s'inquiéter, quand l'Insolourdo se tourna mollement vers lui.
-Eeeeh, salut mec !, lui lança-t-il lentement. Ca fait plaisir de voir des nouveaux ici ! Bienvenue !
Le canard s'éloigna alors le plus possible de lui en lâchant un « Coin ! » apeuré et retentissant, tandis que tous les regards convergeaient peu à peu vers lui.
-Maaaaais stresse pas, décrispe-toi voyons !, continua l'autre. De toute façon, dès que l'humain est parti, ta prison de verre va se déferra. Et on ne va pas te manger !
Il rigola mollement. C'est vrai, pensa le Canarticho en regardant ses pattes, qui voudrait dévorer un canard hideux comme lui. Il embrassa des yeux l'assemblée, et il crut percevoir de la tendresse dans les regards qu'il croisait.
-Mais t'inquiètes pas, on n'est pas si mal ici… entre nous.

Le Shiney-Hunter éteignit le PC. Il sorti un petit carnet de sa poche et raya la mention « Canarticho » avant d'ouvrir son Pokédex.
-Bon, au suivant !