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A l'aube du pouvoir (T.1) de Raishini



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Informations

» Auteur : Raishini - Voir le profil
» Créé le 28/07/2012 à 23:21
» Dernière mise à jour le 16/11/2013 à 14:43

» Mots-clés :   Fantastique   Hoenn   Présence de poké-humains   Sinnoh

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Chapitre 11 : Raishini
Comment décrire avec des mots ce qu'il ressentait en l'instant ? Un désarroi grandissant mêlé à une peur viscérale ? Une vague de doute qui submergeait tous ses espoirs ? L'incompréhension la plus totale ? Ou tout cela à la fois ?

Alors qu'il venait tout juste de terminer sa harassante randonnée, Jérémie trouvait Cyril aux Éoliennes dans un état de détresse sans précédent. Qu'il s'agît en l'occurrence de Mathilde, Ariane ou même Ratchet n'y aurait pas changé grand chose. Mais ce cas de figure ne l'arrangeait pas plus que les autres et il devait bien se faire une raison.

Jérémie ne savait plus où donner de la tête tandis que Cyril hurlait, hurlait à perdre haleine. Ses veines ressortaient, frémissantes de sang. Les yeux avec lesquels il scrutait vaguement le plafond semblaient dénués de vie. Autour de lui, des particules flottaient à mi-hauteur, arrachées au carrelage même de la pièce. Mais le pire restait toutes ces étincelles. Ces dangereuses étincelles au grésillement sonore qui virevoltaient un peu partout dans la pièce en manquant d'électrocuter Jérémie.

Sincèrement, le garçon ne comprenait ni pourquoi, ni comment son ami avait pu se retrouver ici, dans une sorte de transe démentielle. Tout ce qu'il savait, c'est que Cyril générait une électricité telle qu'il l'avait aperçue sans aucun problème depuis l'extérieur, alors qu'il s'apprêtait à rejoindre Floraville. Et pourtant, il se trouvait à des centaines de mètres des Éoliennes à ce moment là !

Le bâtiment tremblait faiblement mais sûrement, et rien ne garantissait qu'il tienne longtemps. Assurément, il s'agissait là une vision troublante, presque apocalyptique. Jérémie devait agir sur-le-champ, sinon la situation pourrait s'avérer bien plus dangereuse et compliquée qu'actuellement. La gorge et le ventre noués, il réfléchissait longuement tout en s'efforçant d'être rapide dans sa démarche. Le résultat fut peu convaincant et il dut bien s'avouer vaincu. Lui, simple adolescent sans prétention, ne pouvait strictement rien faire au regard du problème qui se présentait. Cyril était devenu un véritable éclair humain qu'on ne pouvait approcher sans risque une décharge mortelle. Après tout, il ne pouvait quand même pas envisager de...

- Je n'ai pas d'autre choix, murmura-t-il pour son compte, essayant de ne pas prêter attention aux cris déchirants de Cyril.

Jérémie s'était décidé. Lui seul pouvait actuellement faire quelque chose pour stopper son ami. Si d'aventure il ne parvenait pas à son objectif, Cyril risquait de tout détruire dans un large rayon d'action, voire même d'être désintégré par sa propre puissance. Évidemment, Jérémie ne pouvait se résoudre à cela. Il tenterait le tout pour le tout, coûte que coûte. Dusse-t-il y laisser sa vie, il sauverait... son meilleur ami.

- Tiens-bon Cyril, je vais apaiser tes souffrances ! hurla Jérémie pour couvrir le fracas des matières en gravitation et des secousses. Glace, aide-moi !

Un peu désemparé et perdu, il agita les mains en direction de son compagnon et pria pour que son pouvoir se manifeste de lui-même. Mais peut-être savait-il déjà en son for intérieur que ce ne serait pas aussi facile. En effet, il ne s'étonna pas de voir que rien ne se passait. La partie était encore loin d'être gagnée. Bon sang !

- Marche, satané pouvoir ! tempêta Jérémie en contemplant ses mains tremblantes. Pourquoi donc tu ne fonctionnes pas maintenant, alors que j'en ai tant besoin ? Marche.... marche.... MMMAAARRRCCCHHHEEE !!!!

Son cri déformé parut résonner par-delà les cieux. Mais Jérémie se tut soudainement. Des cristaux de glace s'étaient formés au creux de ses paumes ouvertes... C'était exactement comme pour la première fois !

Un flot d'énergie inespéré coulait dans ses veines et l'englobait comme un baume salvateur. A présent, il pouvait le faire. Au plus profond de lui, il le savait...

Instinctivement mais sûrement, Jérémie laissa son esprit le guider, l'énergie se canaliser jusque dans les extrémités de ses doigts. Un froid intense dont il ne ressentait aucunement la morsure s'infiltrait dans l'air et gelait déjà une partie du sol...

Enfin, il braqua ses mains vers Cyril, toujours emprisonné dans un dôme étincelant. Les habits de ce dernier partaient en lambeaux de tissus. Ses hurlements lui déchiraient à la fois le cœur et les tympans... Le moment était venu d'agir pour lui venir en aide.

- Tiens-bon Cyril !

Surgit droit de ses mains, une gerbe de glace semi-solide fusa. Semblable à une fontaine de cristal ondoyante, elle finit par atteindre Cyril dans un écran de vapeur. L'électricité qui n'avait pas interagi avec l'attaque se dissipa d'elle-même tandis que Cyril disparaissait sous une prison translucide... Bientôt, il fut entravé par un carcan de glace incomplet mais suffisant pour stopper tout geste de sa part. Son visage grimaçant se radoucit et il cessa de crier à pleins poumons...

- Non, Jérémie, tu n'aurais pas dû faire ça, haleta le jeune homme en baissant la tête. Tu as vu tout ce que j'ai fait ? Juste parce que j'avais peur et qu'ils me couraient après... Tu n'aurais pas dû prendre un tel risque. Au contraire, tu aurais dû me laisser et...

Sa voix se perdit dans sa gorge alors que Jérémie l'étreignait comme un frère, des larmes coulant sur ses joues et venant se cristalliser sur le sol. La glace se brisa soudainement et retomba dans un tintement aigu, telle une pluie de petites perles...

- Ne dis pas d'âneries, rétorqua Jérémie avec un mélange de soulagement et d'exaspération. De quoi aurais-je l'air si je te laissais à ton triste sort ? Et puis, ce serait la même chose que commettre un crime envers quelqu'un de sa famille...

Cyril releva la tête, ouvrant des yeux brillants et teintés par la surprise. Sans qu'il le veuille, des larmes vinrent rouler à leur tour sur son visage et rejoignirent celles de Jérémie. Ce dernier tremblait. Il avait eu si peur que les choses tournent mal... Tellement peur... qu'il préférait ne penser qu'à la joie de savoir Cyril là, en vie et à ses côtés. Seule cette vérité bien tangible comptait. Toute autre était secondaire...

- Ne bougez plus ou nous tirons ! hurla brusquement une voix grave suivie du cliquetis bien caractéristique des pistolets que l'on arme.

Une seconde série de cliquetis suffit à indiquer aux deux adolescents qu'il y avait bien plus que cinq ou six ennemis présents à portée de tir. La troupe de policiers et de Pokémon qu'ils avisaient du regard était sur leur flanc, plus exactement. Le spectacle qu'ils offraient aurait pu paraître poignant si l'espace autour d'eux n'avait pas été intégralement détruit. Et manifestement, les représentants de l'ordre n'y voyaient là qu'une raison supplémentaire de se méfier.

- Levez les mains très lentement et approchez de cinq pas en vous écartant l'un de l'autre ! ordonna celui qui semblait être le chef, un robuste gaillard arborant sur son uniforme un insigne flamboyant.

Braquant son pistolet sur eux, il les toisait férocement de ses yeux de rapace. Incrédule, Jérémie lâcha Cyril et s'éloigna de lui avant de lever précautionneusement les mains. Il sentait peser sur lui et son ami les regards méprisants des policiers. On aurait dit qu'ils ne demandaient qu'à appuyer sur la détente pour les abattre tous deux sur-le-champ. Pourquoi donc le destin leur jouait-il un tour aussi pendable que celui-ci ?

- Ah, ah, nous vous tenons mes lascars ! tonna le chef en ricanant haut et fort, son visage rondelet se déformant étrangement. Si jeunes et pourtant déjà si profondément enracinés dans les bas-fonds du crime ! Nous pensions avoir Cyril Seko, alias Raishini ou Foudre de Mort, mais nous avons maintenant un de ses acolytes ! Tant mieux, la prime touchée n'en sera que plus élevée ! Si ce jeune homme accompagne Raishini, c'est qu'il doit être de mèche et donc forcément enregistré ! A combien s'élève sa prime, Maurice ? aboya-t-il à l'adresse de l'un de ses hommes sans détourner le regard, les bajoues frémissantes d'excitation.

Le désigné feuilleta fébrilement une liasse d'avis de recherche, envoyant voler quelques feuilles dans sa précipitation.

- Alors ça vient ? grommela le chef en serrant les dents. Qui donc m'a fichu des incapables pareils, bon sang ?!

- Monsieur l'inspecteur, il n'est pas fiché ! balbutia le dénommé Maurice en faisant la grimace, comme s'il craignait qu'on ne le frappe. En revanche, je peux vous dire qu'il s'agit de Jérémie Marchal. Il est le fils de Hélia Marchal, actuellement champion de la Ligue Pokémon de Hoenn et G-Man en chef du service de Hoenn !

L'inspecteur arbora un rictus d'auto-satisfaction et claqua des doigts. Deux hommes s'empressèrent alors d'entraver Cyril avec une combinaison en caoutchouc qui le recouvrit des pieds à la tête. Puis ils le soulevèrent par la tête et les pieds comme une vulgaire planche de bois et sortirent en trombe du bâtiment.

- Alors tu es le fils Marchal, hein ? marmonna l'inspecteur avec un plaisir malsain.

Jérémie avait esquissé un geste d'arrêt en voyant qu'on emmenait Cyril. Malgré tout, il savait que tenter de le secourir était en l'occurrence inutile. La moindre incartade de sa part lui vaudrait d'être criblé d'une vingtaine de balles dans la poitrine. Pourtant, son cœur serré et battant à tout rompre entre ses côtes lui dictait exactement l'attitude inverse. Ainsi, s'il avait écouté ses sentiments présents, le jeune homme se serait aussitôt rué au secours de son ami. Néanmoins, il savait que se tenir à carreau était sa seule porte de sortie. Les policiers ne savaient pas qu'il avait un pouvoir, lui aussi. Le seul témoin oculaire était Cyril. Par conséquent, il ne devait en aucun cas l'utiliser ici et maintenant. A tout prix, il devait le contenir en lui...

- Tu sais que je suis un vieux rival de ton paternel ? poursuivit l'inspecteur sans relever son trouble. Autrefois il m'a cruellement humilié et je me suis juré de lui faire subir un affront similaire à son tour. J'ai à présent la possibilité de faire pression sur lui... Tu vas donc gentiment venir avec nous, ou je me ferai un plaisir de te coller une balle là, juste entre les deux yeux, ajouta-t-il en se grattant le bas du front. Et puisqu'il y a pas mal de témoins qui t'ont vu manifester des signes d'affection pour Raishini, nul doute que tu plongeras toi aussi. T'auras un passeport pour la tôle vite fait bien fait !

- Très bien, dit simplement Jérémie d'une voix neutre. Faites ce que vous avez à faire. Je n'opposerai aucune résistance.

L'inspecteur parut presque offensé par tant de désinvolture mais il se contenta d'un silence hargneux et s'approcha du jeune homme d'un air belliqueux.

- Nous allons donc t'emmener, dit-il d'un ton étrange. Mais avant... j'aimerais beaucoup m'amuser à tes dépens, gamin !

Et il décocha un coup de pied circulaire meurtrier en direction du visage de Jérémie. Pris au dépourvu, celui-ci encaissa le choc dans un craquement sourd. Étonnamment, sa conscience ne fut qu'effleurée temporairement par cet assaut, comme détachée de tout. Sa souffrance était bien réelle et palpable, mais il avait l'impression d'en être un simple spectateur, et non pas la cible immédiate. Quelqu'un d'autre paraissait subir les remontrances, bien qu'il soit dans son corps. C'était très étrange...

Des étoiles dansèrent telles de petites comètes à peine visibles devant ses yeux. Un côté de son visage était engourdi tandis que ses membres flageolaient et qu'il basculait lentement en arrière... Et pourtant, sa chute avait des allures d'illusion, de même que le visage de l'homme qui l'avait frappé sans remords. Chaque détail lui apparaissait flou et ondoyant, comme s'il regardait à travers une mauvaise paire de lunettes.

Jérémie s'attendait presque à ce que des bras le réceptionnent délicatement. Il se sentait immergé dans une sorte de rêve éveillé que lui seul pouvait comprendre et saisir dans ses moindres détails. Brièvement, il eut une pensée pour ses compagnons.

Des éclats de rire malsains lui parvinrent à travers l'ultime sifflement qui précéda sa retombée. Puis il y eut un nouveau choc, une douleur plus atroce encore, et le monde de Jérémie sombra dans un abîme de ténèbres.