Ch. 07 Le bon agent Corwyn
La corne de brume retentit, les Nénucriquériens étaient tellement habitués que seuls les touristes se bouchaient les oreilles. Tout un tas de personnes affluait vers le bateau. Également beaucoup partaient vers le centre commercial, vers le musée ou la salle de concours. En cette période où le soleil se couchait tard, un homme avançait, le visage crispé, vers l'imposant ferry blanc. Il serrait sa valise noire si fort, que les veines de sa main droite apparaissaient doucement. Les sourcils froncés, il continuait à marcher, imperturbable, sillonnant son chemin à travers certains passants.
Des petits pieds qui courraient se firent entendre, perdus dans le flot des bruits alentours. Le petit garçon poussait les gens, s'essuyait les yeux avec le bas de son t-shirt tout en courant.
- Papa !
Il étouffa un second appel dans un sanglot. Il entrevit l'homme à la valise, renversa une vieille dame sur son passage. Il accéléra comme jamais et réussit enfin à accrocher sa petite main à la veste blanche de son père.
- Papa !
L'homme se retourna, dévoilant des yeux ambre d'une intensité, d'une douleur inconnue. Les passants pensaient qu'il s'agissait juste d'un marine qui partait et laissait son fils.
Mais c'était bien plus que ça.
- Pourquoi tu pars papa ? demanda la petit garçon.
Le père s'agenouilla, replaça une mèche noire de son garçon et saisit ses épaules. Il inspira à fond, et n'osait même pas regarder son fils dans les yeux. Il regarda son t-shirt avec Tanguy imprimé dessus.
- Écoute Nathan...
Un bruit faible se fit entendre de sa bouche, comme si l'homme avait mal.
- ... Je ne veux plus de toi, ni de Thomas, ni de ta mère...
Il se releva, le soleil lui éclairant encore plus ses yeux. Il répéta :
- Ni de ta mère.
Nathan se mit à pleurer, mais la corne de brume masquait les hoquets. Le père se releva, se retourna et partit.
- Un bisou !
Qu'il ait entendu ou pas, il ne se retourna pas, s'engouffra dans la masse des voyageurs. Nathan s'assit là, sur le béton et ne retint pas ses larmes.
= =
Il était de plus en plus susceptible. Il regardait le monde d'un œil bien plus critique. Il flanchait vers le bas, comme si ses pieds tentaient de grimper une pente de glace, et une fois tombé, glissait et tentait d'arracher le sol glacé de ses doigts. Il devenait asocial, et à seulement 23 ans, Nathan se faisait l'effet d'être un Ramoloss en fin de vie. Avec sa tasse de café en main, la porcelaine brûlante lui chauffant la paume, il épiait les dernières informations réunies sur Gamal. Il savait désormais qu'il avait tenté de ramener Isis chez lui une semaine avant le meurtre, et qu'elle l'avait giflé. Une dispute avait éclaté entre eux, mais depuis, rien de bien vilain. En voyant cette dispute, puis le meurtre d'Isis qui suivit, le directeur Rivérégo conclut rapidement que son neveu devait être le responsable.
Le problème qui ne collait pas du tout à l'affaire, et qui pour Nathan excluait donc ce potentiel suspect était la manière de tuer. Un dealeur a en général toutes les combines utiles pour tuer discrètement. Gamal, s'il avait tué Isis pour un règlement de compte sexuel, n'aurait aucun besoin de signer son meurtre pour faire comprendre qu'il y en aurait d'autres. Logiquement, ça ne pouvait pas être lui. Mais ça pouvait être une ruse.
Arcanin tira Nathan de sa rêverie en aboyant. Quand l'agent vit la poignée de sa porte bouger, il conclut que la personne qui arrivait était une habituée pour ne pas toquer.
Lou rentra, caressa le chien légendaire et lui tapota le dessus de la tête. Heledelle vola vers elle et se posa sur son épaule.
- Salut.
Il ne bougea pas la tête, toujours dans ses papiers, comme s'il continuait à réfléchir. Mais quand il fut envahi par son parfum sucré, il cligna des yeux, déconcentré.
- Salut.
Elle continuait de faire le tour des Pokémon, saluant donc Kirlia et Phyllali, assoupis côte à côte. Il la suivit du regard à mesure qu'elle s'approchait.
- Qu'est-ce que tu viens faire ici.
Ce n'était même pas une question ; ça ressemblait plutôt à un reproche. Un reproche un peu inutile, mais il fallait croire que Nathan aimait pointiller sa vie de rebondissements puérils.
- Je viens voir comment tu vas, dit-elle en s'asseyant près de lui.
- Et pourquoi ça ?
Elle pouffa, l'air moqueuse.
- Je sais pas, peut-être que c'est parce que tu t'es pris une balle dans le mollet, que ton collègue t'a cassé le nez, ou alors parce qu'hier tu t'es vexé pour rien, je sais pas, j'hésite !
- Ça va, ça va, j'ai compris.
- Non je crois pas. C'est dur pour des amis de voir quelqu'un ne pas profiter de la vie !
- Eh bien, ne restons pas amis.
Lou baissa les yeux, visiblement affectée. Elle inspira et relâcha son souffle dans ce qui semblait être un tremblement, ce que Nathan ne manqua de remarquer. Il sentait qu'il devait un peu se rattraper. Il rassembla ses papiers, les mit à la même hauteur en les tapotant, et les éloigna de Lou en les poussant sur le coin de sa table basse.
- Comment vont tes frères et sœurs ? demanda-t-il gentiment.
Lou a sept frères et sœurs. Nathan a toujours regretté de n'avoir jamais pu les rencontrer. Ses parents avait toujours défendu Lou d'inviter qui que ce soit. C'était étonnant, mais ça pouvait se comprendre, certains n'aiment pas voir leur intimité saper par des inconnus. Ce n'était pas un problème, elle pouvait sortir autant qu'elle voulait, notamment avec Nathan et Timéo. Ils étaient un peu comme ses deux anges gardiens, lui permettant de découvrir le monde extérieur. Elle se racla la gorge avant de se lever.
- Très bien, très bien...
Elle déglutit, se rendant compte que pour revenir au sujet précédent, il fallait être directe.
- Je suis désolée, je ne devrais pas t'embêter par rapport à Nelly. C'est que j'aime pas que tu veuilles sauter dans ton passé. Ça ne t'a jamais rien apporté de bon.
- Tu t'excuses ?
Elle marqua un temps d'arrêt.
- Oui, et alors ? demanda-t-elle, surprise.
Il ricana, puis se leva pour se rapprocher d'elle.
- Je remarque tes efforts considérables pour t'abaisser à mon niveau de susceptibilité...
Elle se mordilla la lèvre. Il était tout près de son visage, cherchant à la déstabiliser. Son œil bleu et son œil vert regardèrent sur le côté, fuyant le regard ambre de Nathan. Lui, ça l'amusait plus qu'autre chose.
- ... mais tes excuses, elles sont inutiles. Arrête de croire que je suis un gamin au bord du suicide.
Il partit, posa sa tasse dans l'évier. Kirlia s'empressa de venir la laver, l'élevant de ses pouvoirs psychiques.
- Laisse-ça là, Kirlia, c'est pas à toi de faire ça !
Pendant ce temps, Lou se pencha sur les nouvelles photos encadrées sur l'étagère de Nathan. Malgré l'ensemble des meubles, des peintures, tout masqué dans les tons gris et d'un terne absolu, ce qui faisait ressortir la flemmardise de l'agent, il avait quand même le besoin de mettre le plus de photos possible. Elle remarqua l'une d'elles où Timéo, Nathan et elle posaient dans la piscine des Lacklaye, souriant au possible. Elle se remémora cette période où Nathan avait retrouvé cette joie de vivre grâce à Nelly.
- Tu veux la revoir parce que tu crois qu'elle va te réapprendre à être heureux ?
Il plissa la bouche, et se retourna vers Lou, l'indignation au visage.
- Si tu n'étais pas Lou, je t'en aurais foutu une.
- Mais je suis moi ! sourit-elle, contente qu'il l'ait pris docilement.
En scrutant les nouvelles photos, son regard se figea sur le portrait d'un garçon d'une quinzaine d'année, un très beau brun aux yeux bleus turquoise, au regard très sombre en revanche (oxymore lalala). Il avait un Furaiglon sur son épaule, et il était entouré d'arbres et de plantes, un somptueux paysage coloré de vert émeraude, pomme, anis ; le temps était radieux, le soleil faisait briller la rosée fraîche du matin déposée sur les grandes feuilles de palmiers. On aurait dit un garçon déplacé dans un élément totalement inconnu, comme si c'était un montage. Le regard irréaliste du garçon rappela Lou, qui secoua la tête.
- Dis... Pourquoi tu as mis une photo de Thomas ??!
Nathan claqua avec ses mains le bar, pas méchamment, mais assez fermement, commençant à perdre patience.
- Que je sache, le flic ici c'est moi, non ?
- Oui agent Corwyn, répondit-elle.
- Alors tu arrêtes avec tes questions indiscrètes.
- Que je sache, je suis une de tes plus proches amies, si ce n'est LA plus proche !
- C'est pas parce que tu en fais partie que tu devrais tout savoir. Et maintenant tu m'excuseras, mais avant de dîner avec mon ex, j'ai du travail.
Il se leva, déclencha une nouvelle distribution de café, et partit chercher sa veste dans sa chambre. Lou le suivait pendant qu'il allait à droite à gauche. Sa chambre était en désordre complet, la couette à moitié par terre, un tas de vêtements sales empilés sur le sol gris. Lou dédaigna la scène du regard, bien qu'habituée.
- Bien sûr. Donc non seulement tu m'évites, mais en plus tu ne pourras pas venir me voir chanter ce soir.
Il s'arrêta quelques secondes, alors qu'elle s'était imposée dans l'encadrement de la porte, puis il se remit à prendre ses PokéBall.
- Effectivement, je suis désolé.
- Oui, pour une fois que moi j'ai du travail comme tu dirais... marmonna-t-elle.
Alors qu'elle s'avançait vers le pas de la porte séparant sa chambre et l'entrée, il lui attrapa le bras.
- Hé, ne pars pas vexée non plus.
- Je ne le suis pas, affirma-t-elle, un peu livide.
Ils restèrent silencieux quelques secondes dans l'entrée, devant la porte de l'appartement. Sentant que la discussion s'essoufflait, il ajouta :
- Aujourd'hui, je vais m'occuper de l'alibi de Gamal et passer l'entraînement mensuel.
- Le truc du B.I.C pour voir si tes Pokémon ont la forme ?
- Oui, le « truc » ! sourit-il en l'imitant.
- La S.E.M.P, nié ! reprit-elle.
Une brève tape sur son torse, puis Lou quitta l'appartement, guillerette. Nathan la regarda s'en aller, sourit en voyant sa jupe fleurie remonter avec la brise. Ses cheveux faisaient une vague au vent, s'écrasant contre son dos. Elle se retourna une dernière fois, et lui fit mine rapidement d'être retournée, occupé à fermer la porte à clef. Cette dernière haussa les épaules, pas dupe.
- Et... bon dîner ! gloussa-elle en s'engouffrant dans sa petite voiture bleue.
Nathan eut un vrai sourire qui se dessina sur son visage. C'était rare de le voir, ce sourire blanc et charmeur. Il répondit, avant qu'elle referme sa portière.
- C'est ça !
= =
Au B.I.C, il y a des bureaux, comme dans n'importe quelle institution policière, des salles d'interrogatoires, des voitures et camionnettes de fonction. Ce qu'il y a en plus, c'est un grand complexe sportif. Encadré par une équipe médicale chargée de vérifier la santé des Pokémon-agents, ce complexe doit être obligatoirement visité par tous les agents en fonction une fois par mois. Cela pour plusieurs raisons : voir si les Pokémon engagés ont toujours la santé, morale et physique, nécessaire pour gérer leur stress face à différentes situations, si les performances pour lesquelles ils ont été retenus sont toujours fonctionnelles, ou s'ils ne subissent pas de mauvais traitements. Un Pokémon travaillant pour un agent est obligatoirement mené à faire des sacrifices, reniant sa vie pour celle des autres, prêt à mourir au combat. Car ce ne sont plus des combats d'Arène, ou entre amis, ils se battent contre des gens mauvais, prêts à tout, souvent à tuer. Il y a longtemps eu polémique sur le fait d'utiliser les Pokémon lors d'interventions. Jusqu'à ce qu'un commandant du B.I.C se fasse arracher la tête par un Drattak ennemi. Ça avait fait la une de tous les journaux pendant deux semaines. Voilà qu'il voulait combattre seul contre plus fort que lui, et le résultat n'était pas beau à voir.
Nathan marchait tranquillement, d'un pas assuré vers le complexe. Il n'aimait pas particulièrement ce genre de visite médicale, où il fallait s'entraîner durement. Néanmoins, elle était nécessaire pour préserver l'entraînement d'Arcanin, Phyllali, Heledelle et Kirlia, qui, il fallait l'avouer, n'était pas très régulier. Tout le monde sait autour de lui qu'il a toujours eu du mal à entraîner un Pokémon normalement. Alors tout le monde lui demande s'il l'a fait telle ou telle semaine, et lui répond que oui, agacé par ce suivi. Quand Nathan était adolescent, il n'avait pas appris à être quelqu'un de régulier. Il entraînait ses Pokémon intensivement pendant des mois, puis rien pendant des semaines. Il ressentait un sentiment étrange, comme s'il était écœuré de les faire combattre. Il n'empêche que bizarrement, ses Pokémon n'en ont été que plus fort. Il les incluait tellement dans sa vie quotidienne, que leur mentalité a primé sur les capacités physiques, faisant de cette équipe, une équipe soudée.
Lorsqu'il franchit la porte, le hall blanc absorbant la lumière aveugla ses yeux. Il plissa les paupières et mit sa main en visière, pour le rapide laps de temps où il devait s'y habituer. Il franchit six ou sept salles, reliées par des couloirs, croisant des agents qui le saluaient du plat de la main.
- Bonne chance agent Corwyn, on a un évaluateur spécial aujourd'hui ! lui lança un agent plutôt corpulent en le rencontrant dans un des couloirs.
- C'est-à-dire ? demanda-t-il en ralentissant doucement tout en se retournant.
- C'est un champion d'arène !
- TANGUY ?!
Le regard de Nathan s'agrandit à l'idée de revoir Tanguy. Mais l'homme en face secoua son index en signe de négation. Partant déçu, le grand brun poussa une grande porte très lourde et pénétra dans la salle principale, la S.E.M.P, Salle d'Étude Médicale Pokémon. C'était une sorte de parcours. Un nécessaire pour examiner un Pokémon, comme on examinerait un humain chez le médecin. Ensuite, des parcours d'obstacles, très réalistes, mêlant matière végétale, boue, et labyrinthe. Une femme en blouse blanche attendait seule à un bureau, avec des papiers dans les mains pour la suite, puis enfin, un terrain de Combat, tout simple. Son regard s'assombrit soudainement à la vue de ce grand rectangle de sable cerclé de craie blanche.
- Bonjour monsieur.
Nathan sursauta lorsqu'il fut appelé.
- Oui ? Vous voulez mes Pokémon peut-être.
- Je veux bien, effectivement, sourit-elle.
Il l'observa, dubitatif. Il remarquait que c'était le type parfait pour Timéo : une grande blonde élancée, aux cheveux longs remontés dans une haute queue de Ponyta, avec de grands yeux bleu clair hypnotisant n'importe qui. Nathan sortit ses quatre Pokémon.
- Je récapitule pour voir si les données n'ont pas changé depuis le moi dernier : Arcanin, Pokémon obtenu à l'école primaire se charge principalement de la recherche olfactive, et n'a jamais eu de blessures quelconques. Souffre seulement d'une taille anormalement petite.
- Il n'en souffre pas ! grommela-t-il.
- Tout le monde souffre de quelque chose quand c'est petit, dit-elle en haussant les sourcils, sans doute pour le provoquer.
- C'est pas parce que vous complexez de vos petits nibards que tout le monde est obnubilé par ça.
Elle releva le buste, hallucinée. Elle toussota vaguement.
- Donc Arcanin va très bien, sourit-il.
- Heledelle, obtenue toujours enfant, est votre Pokémon chargé d'assurer la sécurité, transporte des objets sur de longues distances.
- C'est çaaaaaa, dit-il en tournant sur lui-même, déjà agacé.
- Kirlia, obtenu adolescent, est votre principal attaquant, grâce à ses capacités Psy paralysantes.
- Ouiiii... répondit-il en se tenant la tête, tournante à cause de ses mouvements.
- Et enfin, Phyllali, obtenue depuis seulement quelques années, est le Canalyseur, servant à stopper les criminels, soit par ses capacités endormantes ou ses lianes.
- Eh ben voilà, c'était pas compliqué ! Rajoutez par contre qu'elle s'est cassée la patte il y a deux jours après la dernière visite.
- Comment ça ? demanda-t-elle en consultant son ordinateur.
- Un Rinoféros lui a marché dessus quand elle essayait de le coincer avec Fouet Lianes.
- Vous auriez pu le dire la dernière fois.
Il s'avança en souriant, joueur.
- Oups. J'ai oublié.
Après avoir noté, elle passa sur chacun un scanner portatif, échappant une lumière bleutée. Ils se laissent tous faire, déjà totalement habitués, et las de résister. C'était pour leur bien, après tout.
- Tout est normal, aucun problème notable.
- Si j'vous le dis...
La blonde s'approcha de lui.
- Si vous ne m'aviez pas remballé, je vous aurais bien invité à boire un verre...
Surpris par son audace, Nathan se retint d'être désagréable, et ne lui répondit rien, à part une petite grimace. Faisant signe à ses Pokémon, il se dirigea vers l'épreuve suivante. La petite compagnie se retrouva nez-à-nez avec une plate-forme d'une centaine de mètres carrés. Le principe était de traverser le labyrinthe pour se rendre de l'autre côté, tout bêtement.
Un homme très grand, aux bras triplement musclés que ceux de Nathan qui étaient pourtant déjà dessinés, ainsi qu'une mâchoire carrée et un sourire carnassier arriva. Il était habillé en cuir noir, recouvrant tout son corps, portait des lunettes de soleil alors qu'ils étaient en intérieur, et semblait assez imbu de lui-même. Nathan regarda les pieds du colosse : il devait chausser du 49 grand minimum.
- Erm... Vous êtes l'entraîneur de ce parcours ?
- Tout à fait, mon p'tit.
Le brun fut très surpris d'entendre autant de sagesse dans cette voix, de douceur et de calme. Le contraste était très perturbant, on aurait dit que l'homme était issu d'une série américaine et était mal doublé par la voix Poképolite. Il désigna de sa grande et grosse main qui devait faire le double de celle de l'agent, le terrain tout boueux et farci de végétations.
- Tu devras réagir à toutes mes consignes, pour tester tes aptitudes à l'obéissance. Ce mois-ci, le parcours est truffé de Pokémon Insecte. Il est donc nécessaire d'employer la plus grande prudence. Ils sont rusés, et n'hésiteront pas à vous mettre dans un sacré pétrin s'il le faut, notamm...
- Merci bien Golemastoc, vous avez beau être le plus gentil des grands monsieurs, je fais ce boulot depuis quelques années, donc j'en ai passé des parcours...
- Alors vas-y, mon p'tit ! sourit-il. Chrono... 3... 2... 1... TOP !
Nathan s'élança rapidement dans le parcours.
- DANS LA BOUE ET QU'ÇA SAUTE !
Il se mit déjà à grogner, ce que l'examinateur ne manqua pas de remarquer. Il se jeta tout de même dans la boue, s'en badigeonna sur le visage pour avoir l'esprit guerrier. Il se mit à ramper, afin de passer sous les ronces.
- Heledelle, ne touche pas la boue avec tes ailes, elle est trop lourde !
- TOUS LES POKÉMON DOIVENT ACCOMPLIR L'ORDRE DONNÉ ! cria l'homme dans le mégaphone.
- Arcanin, Lance-Flamme.
Le Pokémon grilla les ronces pour faciliter le passage à l'oiseau. L'examinateur grommela, mais sans plus. Les habits de Nathan étaient on ne peut plus sales, néanmoins, il ne chercha pas à se débarrasser de quoi que ce soit.
- C'est là où un Pokémon Eau ne serait pas de refus... geignit Nathan.
- Tu m'ôtes les mots de la bouche, gamin.
Il continua sa course en prenant différents chemins de terre, chacun encadré par des grands buissons verts. Il sentait qu'il se surélevait par rapport au sol du Complexe. Au bout de quelques minutes, il se retrouva face à un fossé, où quelques lianes pendaient au-dessus. Celles-ci portaient des Mimigal, des Chenipan et plusieurs Coconfort regardaient l'agent.
- ON TRAVERSE ÇA ET QU'ÇA SAUTE ! hurla le type.
- Heledelle, fais tomber les vermines, Phyllali, Fouet Lianes et rends toi directement de l'autre côté, on arrive !
Ni une ni deux, Heledelle fonça en piquet vers les Pokémon et les fit tomber, pendant que Phyllali traversait aisément le fossé avec ses lianes. Une fois de l'autre côté, elle regarda son dresseur.
- Tire tes lianes jusqu'ici pour transporter Arc... WOA !
Basculement dans le vide. Le corps qui s'alourdit et va s'écraser contre le sol. Un Mimigal qui lui fait un sourire machiavélique, pour lui faire comprendre qu'il est l'auteur du crime. Phyllali ne pouvait rien lâcher, ni l'aider, puisqu'elle tenait Arcanin.
- Kirlia !
Le Pokémon Psy lévita jusqu'à maintenir Nathan avec ses pouvoirs psychiques. Bien que douloureux, les pouvoirs lui permirent de le remonter de l'autre côté. L'instructeur regarda la réaction de Nathan face à l'Insecte coupable. Il avait froncé les sourcils, et se retenait visiblement d'exploser.
- Heledelle, si tu veux le manger, t'as quartier libre.
Les yeux du Pokémon s'ouvrirent grands, et fonça vers la bête de l'autre côté du fossé. Le cri du Mimigal perça dans le Complexe, et ce dernier réussit à se cacher à temps pour ne pas être dévoré.
- Reviens ici, on continue ! cria Nathan.
Passer entre les plantes, les détruire et mettre K.O des Pokémon sous l'ordre de Géant Vert était en fait un petit jeu pour Nathan. C'était facile, en gros, c'était ce qu'il rencontrait souvent, une habitude. Lorsque des pics en métal allaient s'écraser sur lui, il demanda à Arcanin de les faire fondre, à Kirlia de les rejeter sur les plantes avec son Psyko pour les arracher. Le parcours s'acheva assez rapidement, même si les cinq aventuriers en ressortirent sales et fatigués.
- Temps très honorable, 14 minutes 38. Jolie symbiose avec les Pokémon, bonne répartition des capacités de chacun, et bonne maîtrise de soi. Comportement louable, totalement apte à assurer les fonctions d'un point de vue physique.
- Donc santé morale et physique, au tapis ! sourit Nathan, fier de lui.
Le grand bonhomme rangea son chronomètre et lui présenta avec son grand bras montrant l'étape suivante, une dame en blouse blanche à un bureau.
- Au revoir gamin, peut-être au mois prochain, si c'est toujours moi qui bosse ici.
Nathan ne pouvait pas utiliser ses PokéBall jusqu'à la fin de l'épreuve du Complexe. Il avança vers la femme, une brune d'une quarantaine d'années. Ses cheveux remontés en chignon et ses yeux cachés par des lunettes fines et rectangulaires, ne lui donnaient pas du tout un air stricte, bien au contraire ; on aurait cru une jeune femme innocente.
- Bonjour, agent Corwyn.
- Bonjour. Vous vous occupez de quoi ici ?
La dame haussa doucement les sourcils tout en souriant.
- Je suis psychiatre.
= =
– C'est inutile maman, il va bien.
- Qu'est ce que tu en sais, tu es parent peut-être ?
Le garçon soupira et partit dans sa chambre, sa console de jeux dans la main. Maria ferma les yeux et inspira, avant de se rendre dans le jardin. Son fils était là, avec son Caninos, assis, le regard fixe, comme hypnotisé.
= =
- Qu'est-ce que tu vois mon chéri ?
- Je ne suis pas votre chéri.
La psychologue s'étonna, avant de ranger l'image qu'elle avait dans la main.
- Tu préfères parler ?
Nathan ne répondit pas. Il tenait sa peluche Saquedeneu dans les mains. Il s'amusait à enrouler les fils autour de ses doigts.
- Bien... Est-ce que ton papa te manque ?
Du haut de ses huit ans, Nathan esquissa un sourire.
- Vous avez des parents vous aussi, nan ? S'ils partent, vous serez triste, c'est logique. Arrêtez de me parler comme si je savais pas ce qu'il se passait.
La psy écarquilla les yeux.
- Vous avez des enfants ? demanda Nathan.
Croyant que ça l'aiderait à parler, elle acquiesça.
- Pourquoi vous vous occupez pas d'eux ? Moi je vous ai rien demandé, et eux, ils doivent attendre que ça.
- Pourquoi tu dis cela ?
Son regard devint froid.
- Parce qu'on est dimanche.
La psychologue eut un air implorant, et ne se préoccupa plus de Nathan, perdue dans ses pensées.
En ce bref instant, le jeune garçon comprit que tout l'art de la manipulation reposait dans les mots. Il comprenait petit à petit qu'il pourrait devenir un monstre de mystère en détournant tout à son avantage. Il voulait devenir quelqu'un d'insondable, l'une des seules personnes qui pouvaient garder l'entier contrôle et l'entier savoir sur soi-même. Il voulait tout comprendre, et tout rejeter en même temps. Peu importe ce que ça lui vaudrait, il devrait apprendre à s'exiler des autres. C'était l'enclenchement d'un nouveau personnage.
= =
Nathan sourit malicieusement, puis s'assit sur la chaise face au bureau.
- Alors. Arcanin ne souffre pas de sa petite taille, ça lui permet d'être unique et je l'aime comme ça, il le sait. Phyllali est adorable, elle s'insert parfaitement dans l'équipe. Kirlia et moi cherchions une Pierre Aube pour préparer son évolution, qu'il attend grandement, pas vrai ?
Le Pokémon en question hocha vivement la tête, acquiesçant. Nathan semblait prendre ses marques, écartant les bras et posant son pied gauche sur son genou droit en regardant le plafond.
- Et Heledelle est toujours la même, fidèle, parfaite et c'est ma chérie aussi.
La psychiatre notait tout ça passivement, sans parler.
- Et voilà c'est fini, mes Pokémon vont super bien.
- Et vous ?
Nathan qui était en train de se relever, regarda la femme.
- Quoi moi ? répéta-t-il.
- Eh bien comment allez vous.
Il ricana. Puis il croisa les mains derrière sa tête.
- Très bien. J'adore mon job. Mais en fait je suis pressé, donc j'aimerais aller me battre vite fait contre le champion pour ensuite pouvoir partir, c'est possible ?
- Ça le serait si vous ne me mentiez pas.
Il leva les yeux au ciel, déjà agacé.
- Je veux la vértié, clama-t-elle.
- Quelle vérité ? Elle est là la vérité !
Elle le fixa dans les yeux, consciente de son potentiel à faire cracher le morceau. Nathan freina son sourire, puis baissa la tête.
- Vous avez raison.
La psychiatre sourit, satisfaite. Elle se repositionna, et se concentra.
- Ma vie est un pur désastre. Je n'ai pas de femme. Pas de famille unie. Je ne fume pas, je ne bois pas, je ne couche pas à droite à gauche, je ne trompe personne. Je passe mes journées à me préoccuper de la vie des autres. Si ça se trouve, un jour je devrais m'occuper de vous, parce que votre mari sera mort. Et je n'aurais même pas le droit d'être gentil avec vous, parce que c'est mon job d'être dégueulasse avec les autres pour qu'ils comprennent qu'eux aussi peuvent être suspects. C'est un peu comme vous en définitive : vous devez écouter les autres, et vous faites semblant de vous y intéresser. Mais c'est quoi qui vous intéresse vraiment ? Le fric ? Les relations professionnelles ? Bref, vous en avez rien à faire de moi, et j'en ai rien à faire de vous.
La dame retira ses lunettes, et n'osa pas souffler un mot.
- Bonne journée quand même, la salua Nathan en lui tournant le dos.
Les quatre Pokémon le suivirent, fiers de leur dresseur. La psychiatre nota brièvement l'attitude des ses quatre compagnons, ainsi que la remarque « Mentalement fort... Mais peut-être dangereux. » et attendit le prochain agent.
= =
Ce nouvel adversaire qu'allait devoir affronter Nathan n'était autre qu'un vieux champion. Un vieil homme encore en forme, pas tassé par l'âge, mais maigre. Avec une grande moustache épaisse et blanche comme de la laine, il portait des lunettes de soleil, et un chapeau blanc et rouge. L'ensemble de son attirail portait les couleurs du Père Noël. En voyant Nathan, Auguste de Cramois'île eut un flambant sourire.
- Hé gamin ! Plaisir de te rencontrer.
Nathan se sentait honoré d'affronter un champion venu de loin, et même si ce n'était pas Tanguy, il était content. L'homme l'encouragea à mettre les pieds sur le terrain de sable, ce qu'il fit.
- Je te propose un Combat Double, qu'en penses-tu jeunot ?
- Ça me va.
- Je vais montrer en premier mes Pokémon, pour voir tes choix stratégiques à la suite. Maganon et Melodelfe !
Les deux Pokémon apparurent des PokéBall. Un examinateur du Combat était là, tranquillement assis sur une chaise blanche, les jambes croisées. C'était mieux vu quand un agent savait directement lesquels envoyer. Donc Nathan envoya rapidement Arcanin et Heledelle.
- Choix... pas inintéressant, mais en même temps, tu n'as pas une équipe très diversifiée, approuva Auguste.
Nathan haussa les sourcils, vexé. Le champion l'autorisa à démarrer le combat, pour « compenser. »
- « Premièrement, identifier leurs capacités spéciales. » Heledelle, Aeropique, Arcanin, Vit.Extrême.
- Tout en vitesse, sourit le champion.
Auguste n'ordonna rien à ses Pokémon, laissant Heledelle frapper Melodelfe. Ce dernier après avoir infligé le coup tomba amoureux du Pokémon rose. « Joli sourire. Ne plus lui faire attaquer Melodelfe... » pensa Nathan. Arcanin allait tellement vite qu'il était invisible ; il tacla Maganon avec une réelle habileté.
- Puredpois.
Maganon cracha une fumée noire épaisse qui envahit les deux Pokémon de Nathan.
- Choc Psy, Melodelfe ! ordonna Auguste.
- Arcanin, Tunnel, Heledelle, Aile d'Acier !
L'attaque Psy fusa, alors qu'Arcanin s'enfonçait dans terrain. Heledelle rapprocha ses ailes en bouclier qui devinrent de l'acier. L'onde psychique s'écrasa contre la paroi grise.
- C'est pas mal ça ! sourit Auguste.
- C'est un ami Professeur de Combat qui m'a appris ça. Heledelle, Rengorgement !
- Melodelfe, va dans le trou. Maganon, Feinte.
Le Pokémon Normal sauta dans le Tunnel qu'Arcanin avait creusé et le poursuivit.
- Arcanin, allez ! cria Nathan.
Juste à temps, Arcanin parvint à frapper Maganon, alors que ce dernier attaquait Heledelle, coincé entre ses deux canons. Maganon poussa un cri déchirant, et lâcha l'oiseau, tout en pointant Arcanin avec son arme.
- Melodelfe, Berceuse !
- Heledelle, Rengorgement ! Arcanin, Canicule !
Heledelle entama un processus étrange où elle semblait avaler quelque chose, tout en bougeant le cou. Arcanin créa une tempête de flammes, où la chaleur devint rapidement envahissante. Grâce à sa Capacité Spéciale, cela augmentait sa puissance des attaques Feu. Autant grimper les capacités de ses Pokémon si c'était pour qu'ils s'endorment. Arcanin trébucha et s'effondra, tandis qu'Heledelle tombait sur lui, totalement assoupie. Maganon ne s'endormit pas.
- Esprit Vital, donc il n'a pas Corps Ardent, conclut Nathan.
- Bonne réflexion, petit. Maintenant que tes Pokémon sont endormis, je vais me faire plaisir. Maganon, Rebondifeu !
Maganon, malgré son poids, se mit à courir et s'abattit sur les Pokémon de Nathan, tout en crachant des flammes, et de ses canons, et de sa gueule.
- Je connais pas plus bête que vous, Auguste, pour le coup.
- J'ai compris trop tard que ton Arcanin avait Torche.
- Dans ce cas-là, quand vous hésitez, vous ne tentez pas, argua l'agent.
Auguste haussa les sourcils, étonné.
- J'ai pas envie de la jouer simple avec toi. Melodelfe, réveille-les, Torgnoles !
Le Pokémon Fée se jeta sur ses adversaires et les gifla de nombreuses reprises. À peine Arcanin eut-il ouvert les yeux que Nathan cria.
- Crocs Éclair !
Le chien ne réfléchit même pas, et bien qu'endolori, il mordit de toutes ses force le Pokémon, qui gémit. Heledelle reprit conscience, et voyant que Melodelfe l'avait frappée, elle ne voyait plus en lui l'amour parfait. Joli Sourire était annulé. Et comme Arcanin était également un mâle, Melodelfe n'avait aucune emprise sur lui.
- Heledelle, Rapace !
L'oiseau s'enflamma et piqua en direction de Maganon. Elle le tamponna avec une telle vivacité, que le Poing de Feu l'effleura seulement. Nathan jura dans sa barbe, énervé qu'elle n'est pas été brûlée. Néanmoins, Maganon fut sévèrement touché.
- Maganon, prépare-toi après la prochaine attaque !
Le Pokémon acquiesça en portant le canon vers son cou. Nathan eut un tilt à ce moment, en voyant une petite forme jaune parsemée de bleu.
- Heledelle, Picore ! Arcanin, Lance-Flamme !
Heledelle qui peinait déjà à tenter de se reposer, se remit à l'attaque et vola la Baie Sitrus coincé sur Maganon. Elle l'absorba rapidement, avant de narguer Maganon, qui avait de nouveau crié.
- NON !
- Picore, vous connaissez ? sourit Nathan.
- Bien sûr, double la puissance quand l'adversaire tient une Baie. 120, exactement.
- C'est bien ça, vous encore de bons restes, répondit Nathan.
Pendant ce temps, Arcanin renvoya les flammes, que Melodelfe détruisit avec son attaque Choc Psy.
- Melodelfe, Toxik !
- Heledelle, juste Rengorgement. Arcanin, Tunnel.
Melodelfe sauta vers Heledelle, qui se reposait tout en faisant ce rituel d'avalement. Melodelfe cracha une poudre violette, et Heledelle se laissa faire, l'humant carrément.
- Arcanin, maintenant !
- Maganon, Feinte.
Alors qu'Arcanin sortait de la terre, Maganon l'accueillit en lui infligeant un gros coup de canon. Le chien Légendaire recula et trébucha.
- Ton petit Arcanin ne résiste pas bien, on dirait ! ricana Auguste. Heledelle non plus apparemment.
Nathan regarda Heledelle écroulée, sans doute à cause du poison. Elle gigota un peu son aile.
- Melodelfe, Casse Brique ! Qu'on en finisse.
Melodelfe joignit ses petites pattes et sauta sur Heledelle, pattes braquées sur elle.
- AILES D'ACIER !
Heledelle renvoya son aile en pleine face, mettant K.O Melodelfe sur le coup.
- Quelle puissance... murmura Auguste.
- Cran plus Rengorgement. Ça fait pas mal de dégâts. Arcanin Vit.Extrême, Heledelle, dernière attaque, Aéropique !
- Maganon, Poing de Feu.
Au bout du bout, Heledelle frappa à la vitesse de l'éclair Maganon. Ce dernier réussit à lui flanquer un grand coup enflammé. Heledelle fut projetée sur plusieurs dizaines de mètres et s'écrasa sur le sol, devant Nathan. Le grand brun s'accroupit afin de la ramasser. Arcanin délivra son attaque en même temps, alors que Maganon n'était pas alerte. Les deux Pokémon Feu avaient du mal à tenir, surtout Maganon.
- Arcanin, Canicule.
- Puredpois ! ordonna le champion à son Pokémon.
Arcanin dégagea une chaleur extrême, qui s'échappait de tout son corps. Auguste résistait très bien, visiblement habitué. Nathan enveloppait l'espèce Hirondelle, plissant les yeux se protéger de la température. Maganon cracha encore une fois cette fumée qui puait le charbon. Les deux matières créèrent sur le terrain un brouillard complet, mêlé entre odeur du désert et du gaz.
- Maintenant ! hurla Nathan.
- Feinte, Maganon... Il peut arriver de n'importe où.
Maganon observait à droite à gauche, concentré, appuyé sur ses genoux. Il ne s'attendait déjà plus à recevoir le Pokémon sous les pieds, ce qu'Arcanin ne manqua pas de faire puissamment, avec son attaque Tunnel. Maganon s'écroula enfin.
- Piou, souffla Nathan.
Auguste rappela ses Pokémon, puis se rapprocha de l'agent. L'examinateur notait tout, concentré, et ne quittait plus ses notes des yeux. Il hochait la tête de temps en temps en se relisant. Auguste sourit, content.
- Tu as un gros potentiel. Une bonne tactique. Simpliste et prévisible, mais bonne.
- Il n'empêche que vous ne l'avez pas remarquée, réagit Nathan, de haut.
- Moi non. J'ai 65 ans. Mais les assassins que tu rencontres, à l'esprit ouvert et au cœur mauvais, oui.
Il lui tendit la main, et l'agent la saisit.
- File, toi qui as l'air pressé. Tu recevras les résultats demain. Mais je ne pense pas qu'il y ait de problèmes pour que tu sois agréé de nouveau.
- Honnêtement, moi non plus, sourit Nathan.
= =
Les bureaux étaient tranquilles. En fin de journée, beaucoup d'agents partent. Il n'y avait que Nathan qui arriva en courant, en poussant tout le monde. Il atterrit face à Camille et Kyle, assis tranquillement.
- Gamal n'est pas le tueur ! cria-t-il à moitié, essoufflé.
- On sait.
Il haussa les sourcils, puis acquiesça.
- Vous savez ?
- Ben oui. On est flics aussi. La théorie et le mode opératoire ne collent pas.
Il hocha lentement la tête. Il demanda à Camille où était Logan, pour apprendre qu'il était malade. Kyle ne le regardait même pas, ne lui prêtait plus attention et était absorbé sur son ordinateur. Nathan vint à sa suite, et le blond quitta immédiatement la page qu'il regardait.
- Han, mauvais joueur...
- T'as pas rendez-vous avec ton ex ? demanda-t-il, méfiant.
Nathan se retourna vers la fille à casquette, accusateur.
- Tu m'as balancé ?!
- Bah, il voulait savoir, c'tout !
Le brun regarda son rival en Caninos de faïence. Puis, il montra du doigt un point inconnu vers le fond des bureaux. Kyle observa rapidement, et il en profita pour se jeter avidement sur la souris.
- DÉGAGE DE LÀ ! cria Kyle.
- NON, LAISSE-MOI CRÉTIN !
- AAAAÏE IL M'A MORDU !!
Camille soupira, et s'en retourna prendre un soda. Le regard de Nathan s'agrandit, et il se mit à crier, triomphant.
- Un site de rencontre ?!
- J'ai le droit de connaître l'amour, nan ? geignit Kyle.
Nathan pouffa en le montrant du doigt. L'autre lui tira la langue, pendant que Camille murmurait "De vrais gamins..." Puis reculant, il atteignit la sortie du B.I.C, et mit ses mains en mode mégaphone, à l'adresse de Kyle.
- Non, ce soir, y a que moi !