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A l'aube du pouvoir (T.1) de Raishini



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Informations

» Auteur : Raishini - Voir le profil
» Créé le 22/07/2012 à 17:10
» Dernière mise à jour le 16/11/2013 à 14:43

» Mots-clés :   Fantastique   Hoenn   Présence de poké-humains   Sinnoh

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Chapitre 10 : Une vérité qui blesse
Le ciel se colorait d'un bleu captivant quelque part au dessus de sa tête. Une galerie givrée le bordait de chaque côté, réverbérant les rayons de soleil qui filtraient. Ce tapis luisant aux reflets presque argentés aurait pu sembler magnifique à ses yeux s'il ne l'avait pas empli d'effroi. Pourquoi donc transformait-il tout ce qu'il touchait ? Alors même qu'il peinait à se fixer des repères, il était investi d'une lugubre capacité... En un claquement de doigt, pourrait-il déclencher une ère glaciaire et emprisonner toute une région ? Chaque fois qu'il y pensait, Jérémie se sentait défaillir.

A présent, le jeune homme tentait maladroitement de ne pas entrer en contact avec ce qui le cernait. Au demeurant, cela n'était pas une mince affaire. Le moindre geste lui faisait courir le risque de frôler une branche, un tronc ou un buisson. Un simple faux pas serait irrémédiablement sanctionné par l'apparition d'un nouvel iceberg miniature, lequel viendrait alors exterminer toute forme de vie végétale.

Plus encore que de détériorer la nature, -à laquelle il accordait pourtant une importance primordiale-, Jérémie craignait de blesser d'autres personnes du fait de sa nouvelle capacité. Après tout, quelle assurance avait-il de ne pas faire de sa prochaine rencontre un esquimau grandeur nature ? Comment pourrait-il jamais assumer ce cadeau empoisonné ?

C'est en errant à travers les fourrés au vert chatoyant qu'il réalisa la pleine gravité de la situation. Le dresseur eut beau s'escrimer et se contorsionner, il ne parvint à éviter le pire. Alors qu'il pénétrait dans un massif particulièrement épais, sa main droite effleura une branche basse. A partir de là, il ne put qu'assister, impuissant, au gel de l'intégralité dudit massif dans un tintement aigu. Bientôt, un dôme translucide et scintillant comme un mur de cristal l'enveloppa pour finir par l'enfermer complètement. Il était pris au piège.

- ET MINCE ! hurla Jérémie de dépit en tapant contre la paroi dure comme du béton.

Hélas, ce dernier geste d'humeur ne parvint qu'à lui arracher une exclamation de douleur supplémentaire. Le voilà seul, séparé de tout. Le duvet feutré et chaleureux de son Galifeu lui manquait, de même que l'enthousiasme de Cyril, la compassion de Mathilde ainsi que la sérénité captivante d'Ariane. Jérémie se prit même à regretter les coups de gueule de Ratchet.

Comment diable avait-il pu en arriver à de telles extrémités du grotesque ?


Lésées par les chocs répétés contre la glace, les mains de Jérémie le faisaient affreusement souffrir. S'escrimer des pieds et des poings pour tenter de fissurer la glace n'avait fait qu'entamer son moral. Un moral qui lui, ne demeurait pas aussi inflexible que cette barrière infranchissable. Bien loin de céder, le mur avait brisé ses assauts en même temps que ses espoirs. Maintenant, seuls l'abattement et la déception vivaient en lui.

Il ne voulait pas finir ici, stupidement et seul. Non, il ne voulait pas de cette solitude. A tout prix, il devait trouver une solution.

- Reprends-toi, murmura-t-il en s'asseyant en tailleur. Reste calme. Si tu as pu générer cette glace, tu dois être capable de la détruire également. C'est juste une question de self-contrôle...

Calme, posé, Jérémie inspira puis expira lentement. Son esprit tout entier était focalisé sur l'image d'une glace en train de fondre.... Ce n'était certes pas le moyen le plus créatif de s'en sortir, mais probablement était-ce là ce qu'il y avait de plus raisonnable à faire. Et pour preuve : autour de lui, la prison cristalline se fissura puis se brisa.

Cette pluie fine aux reflets changeants tomba au sol avec un bruit mat tandis que Jérémie se relevait, le cœur soudain allégé d'un énorme poids. A présent, il avait le contrôle, -tout du moins partiel-, de cette impressionnante faculté. Oui, il le savait au plus profond de lui-même. Et il s'agissait là d'un soulagement à nul pareil.

Restait maintenant à sortir de cette forêt, magnifique mais déstabilisante. Sans un point de repère pour le guider, Jérémie risquait fort de ne pas sortir de ce labyrinthe naturel en un temps record. Peut-être même n'en sortirait-il pas du tout.

Un craquement suivi d'un bruissement agité alarmèrent les sens de Jérémie qui fit volte-face et courut se dissimuler derrière un arbre proche. Cela était d'autant plus difficile qu'il devait éviter tout contact avec le tronc pour ne pas se trahir. Car il les avait entendues... Les voix de quatre personnes lui parvenaient faiblement mais de façon assez audible pour qu'il puisse en comprendre le sens. Et le tour que leur conversation prenait ne lui plaisait pas :

- Selon les rumeurs, des personnes dotées d'étranges capacités ont fait irruption à Sinnoh et sèmeraient le chaos. Toute personne louche devra donc être interpellée. Il se peut que certaines d'entre elles se dissimulent dans la forêt Vestigion, alors restons prudents.

Soufflant le plus discrètement possible, Jérémie se plaqua contre le tronc, comme voulant se fondre en lui. Les bruits de pas et les échos de la conversation se rapprochaient de plus en plus...

- Il paraît qu'un de ces dangers publics notoires sévit à Floraville depuis une demi-heure à peine... et qu'il ait presque entièrement rasé la ville dans un déferlement d'éclairs.

Des exclamations horrifiées et consternées suivirent ces propos. Même Jérémie eut des difficultés à demeurer impassible. Comment ça, presque entièrement rasée ?

La respiration du jeune homme faillit monter d'un cran à cette pensée. Qui donc pourrait bien en venir à de tels actes de destruction ?

- Toujours selon les informations, il s'agirait d'un simple adolescent, reprit l'un des patrouilleurs. Il n'aurait pas plus de quinze ans si l'on en croit les rapports. J'espère juste que nous n'aurons pas à nous en soucier et que nos confrères pourront s'en charger le plus vite possible...

Le timbre de celui qui parlait indiquait clairement son effroi et Jérémie ne pouvait que le comprendre. Quelques instants plus tard, le jeune homme desserra sa gorge et expira un bon coup : le cortège était passé tout près sans le remarquer. Il pouvait enfin décompresser un peu.

Hélas, les paroles de ces policiers lui revenaient sans cesse en tête. Si elles s'avéraient exactes, alors il aurait un gros problème... car aucun séide de Tobias n'avait quinze ans. Par conséquent, il ne pouvait s'agir que de...

Et puis non, pourquoi un de ses compagnons ferait-il cela ? Aucun n'avait un côté assez sombre pour se livrer à la barbarie et à la déprédation proprement dites. Pourtant, il y avait des détails troublants dans ce que les policiers avaient laissé échapper.

Une foule de sensations ambivalentes se pressait en lui comme une nuée incontrôlable. Chaque sujet abordé lui avait étiré un haussement de sourcil et il ne pouvait l'ignorer complètement. Il était à présent partagé entre ses principes et sa logique. Comment faire ?

Venir à l'encontre de ladite personne et tirer tout cela au clair avec elle, voilà la solution la plus simple. Quand bien même c'était un pari risqué et saugrenu, il se devait de le tenter. Peut-être y avait-il eu méprise... De toute façon, il n'avait guère à perdre dans sa situation.

Privé de ses amis, humains comme Pokémon, il était plus seul que jamais. Et la solitude avait toujours constitué sa plus grande crainte. Même s'il savait à présent dans quelle zone il se situait, ses doutes n'étaient pas apaisés pour autant. Aussi, puisque l'occasion lui était donnée de retrouver un camarade, autant la saisir avant qu'elle ne lui fausse compagnie. Décidément, il détestait... être seul.


Les tournants et les virages se succédaient entre les arbres sans que Jérémie parvienne à trouver une lueur d'espoir. Désorienté, accablé et perclus, il ne savait plus quoi penser. Cela faisait une bonne demi-heure qu'il errait dans cet étau de feuilles, de troncs et de racines sans trouver son chemin. Du moins, rien ne lui indiquait un tant soit peu s'il s'approchait ou non de l'orée de la forêt...

Autre fait angoissant, l'absence étrange de toute faune locale sur son passage. Mais où étaient donc passés les Pokémon ? De par son pouvoir, les aurait-il effrayés?

En examinant les alentours d'un œil vague, il s'était senti plus perdu et oppressé que jamais. Orion s'était emparé de son sac lors de leur passage transitoire au Mont Couronné. Par conséquent, il n'avait ni Pokédex, ni Pokénav, ni vivres, ni affaires de rechange. En somme, son désarroi était total.

Pour ne rien arranger, le ciel s'était paré d'un revêtement nuageux au gris presque noir. Un mur compact zébré d'éclairs que le vent amenait dans sa direction. Bientôt, la pale lueur du jour s'effacerait, noyée par le gouffre sombre de ces monstres aériens. Et la pluie reviendrait, avec son martèlement détestable et la froideur qu'elle répandait sur la chair des vivants...

Jérémie s'engagea maladroitement dans un raidillon creusé par l'injure du temps. Plus il s'engageait dans cette combe de terre poisseuse où toute végétation avait disparu, et plus il se sentait investi d'une obligation : celle de tout faire pour sauver ses amis, et au prix de sa vie s'il le fallait.

C'est alors qu'une faible lueur perça la végétation, vrillant la rétine de Jérémie. Un petit point lumineux, agaçant mais pourtant riche en promesses. Enhardi, l'adolescent se précipita vers cette chance de salut inespérée...

Un souffle de vent frais l'enveloppa en même temps qu'un rayonnement bienfaiteur. La sortie était bien là ! En franchir la limite rendait Jérémie euphorique et le transportait sur une vague de plénitude incomparable. Le bourdonnement lointain d'un quelconque insecte lui flatta l'oreille et une senteur enivrante de fleurs et d'herbe vint lui caresser les narines. Comparé à l'immensité impénétrable et parfois sombre de la forêt, le chemin de terre embaumé qui s'offrait à lui était un véritable bol d'air pur.

Pour la première fois depuis longtemps, l'adolescent se sentit vivifié et optimiste. C'est comme s'il venait d'échapper à un cauchemar qui l'aurait emprisonné. Libre et revigoré, il pouvait à présent tout faire, y comprit rallier Floraville dont il connaissait miraculeusement la position. Comme quoi, ses multiples incursions dans d'imposants livres n'avaient pas eu que des côtés négatifs.

Jérémie comprit qu'il était sorti par le bon côté de la forêt Vestigion, celui qui était le plus proche de Floraville. Pour une fois qu'il avait de la chance ! Ainsi, il pourrait s'y rendre dans les plus brefs délais. Restait à espérer qu'il ne fasse pas, à l'instar de ce qui avait failli se passer tout à l'heure, de mauvaises rencontres en chemin...