Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Le Projet Wallace de Domino



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 22/07/2012 à 10:02
» Dernière mise à jour le 22/07/2012 à 10:02

» Mots-clés :   Action   Humour   Romance   Slice of life   Unys

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
006 - Piña Colada
« L'alcool nous fait ressembler à ce que l'on devient. »
(Serge Joncour)

« I don't know what's right and what's real anymore
And I don't know how I'm meant to feel anymore
And when do you think it will all become clear ?
Cause I'm being taken over by the Fear »

(Lilly Allen, The Fear)



« Salut. Moi, c'est Wallace Gribble. »

- Alors... Du Rhum ambré...
- Pas plus, pas plus arrête !! gloussa la voix.

« Je suis le genre de gars qui aime bien s'amuser, voyez. Parfois je rencontre des mecs dans les bars, soit on va chez lui, soit chez moi. Ou alors, spontanément, j'invite des mecs dans ma chambre. Des gars de la classe ou des types que j'ai croisé dans d'autres circonstances. Généralement ça se passe bien. Et toujours de la même façon. »

- Ensuite du rhum blanc...
- T'as déjà mis du rhum !
- J'en remets un autre genre !!
- Oh lala...

« Je les mets un peu pompette, et au moment fatidique, celui où lui et moi on est dans un bel état d'euphorie... »

- Du jus d'ananas...
- Exotique !
- Et la touche finale : Lait de coco !!

Wallace ferma le blender et agita avec un mouvement très professionnel. L'autre garçon observait, fasciné.

- Tu pourrais être barman...
- T'es pas le premier à me le dire.

« Je lui sers le cocktail que je fais le mieux... La Piña Colada... »

- Voiiiiilà.

« J'ai de supers verres à cocktails. J'y tiens beaucoup. Je sers la Piña dans un long verre en forme de vase très fin... je le fais boire au mec avec généralement une bonne grosse touche de romantisme à la con... »

- Tiens, je te rajoute un peu de crème fraîche pour adoucir !
- Merci, t'es super sympa, tu sais ça ?

Wallace eut un grand sourire. Il ajouta la crème fraîche dans le verre bien rempli d'un liquide laiteux.

- Génial... C'est mon combientième verre ?!
- J'sais pas ! ricana Wallace. A la tienne, mec.
- A la tienne, vieux !

« On trinque, j'embrasse le mec et ça finit par une petite sauterie entre adultes dont j'ai le secret. Le lendemain le mec se réveille et dégage. »

***

« Sauf ce matin... »

Wallace se réveilla grâce à son réveil avec un sacré mal de crâne, allongé dans son lit, contre le mur. Il se releva, la tête dans le cirage. Il s'assit, se recoiffa sommairement, et regarda dehors. Il faisait déjà jour.

« Qu'est-ce qui s'est passé hier ?! »

Wallace regarda avec qui il avait passé la nuit, et ses yeux doublèrent de diamètre.

C'était ni plus ni moins que Walter Ludges qui dormait encore comme une souche. Wallace avait son légendaire kimono noir, alors que son jeune ami handicapé portait un marcel blanc et un short bleu.

« ... Nan... Nan, j'ai quand même pas... Nan, on n'a pas... »

Wallace sembla terriblement coupable. Il resta un moment, éberlué, la main sur le front, à fixer le vide.

« Mais qu'est-ce que j'ai fait bon sang... »

Walter commença à se réveiller. Il se releva, un peu surpris.

- J... J'ai passé la nuit ici ?!
« ... »
- Oh bah zut alors, mes parents doivent psychoter à mort...
« ... Il s'en rappelle pas ?! »
- Wallace, tu peux m'aider à me lever ?
- ... Ouais, ouais...

Wallace passa par-dessus Walter. « J'me rappelle bien l'avoir touché, ouais... Mais où, ça... »

Wallace porta Walter jusqu'à son fauteuil.

- Pour le reste c'est mes Pokémon qui vont s'en charger... La salle de bains est où, Wallace ? Je me sens un peu barbouillé...

Wallace regarda l'heure.

- En sortant, au fond du couloir à droite. Grouille-toi, autant que possible j'aimerais éviter que les parents te croisent !
- ... Ah, oui, Perrine m'avait prévenu que chez toi, c'était folklo...
- Exactement ! Allez !
- Ca va, me vire pas non plus...
- N... Nan, c'est... pas du tout mon intention !

Walter haussa les épaules et se dirigea vers la porte que Wallace lui ouvrait. Walter regarda Wallace, étonné.

- Eh bah, je vois qu'on me traite comme un prince jusqu'au bout !

Walter sortit alors que Wallace était au comble de l'embarras.

« PUTAIN DE BORDEL DE MERDE ! J'ai couché avec Walter ! Avec un pote, quoi, merde ! Avec quelqu'un que je vais être obligé de revoir, de fréquenter ! Ça m'était jamais arrivé, je m'étais juré que ça ne m'arriverait jamais, bordel !! N'empêche, ça fait bizarre de voir un mec en fauteuil gay... Dis pas de bêtises, ferme ta gueule, Wallace Gribble ! T'as aucune idée de ce qui s'est passé l'autre soir ! Réfléchis, retrace cette soirée dans ta tête ! »

* 20h00 : Walter a été déposé par son père devant chez toi.

- Bonjour jeune homme, Colin Ludges, le père de Walter !
- C'est cool de vous rencontrer !
- J'espère que ça va bien se passer, Walter est un peu fragile...

Walter secoua vivement la tête derrière son père, ce que Wallace perçut.

- Oh, et je ne sais pas quelles sont vos habitudes, mais surtout pas d'alcool !
- Ah ?
- Oui, tu comprends, Walter pourrait mal le supporter...
- Ah, ouais...

Walter agita son index à côté de sa tête, l'air de dire « L'écoute pas, il est encore plus parano que Fox Mulder ! »

- Si jamais la sauterie dure trop longtemps, on peut compter sur toi pour que tu gardes Walter chez toi ?
- Bien sûr, monsieur ! Vous en faites pas !
- Merci !

Colin se retourna vers son fils.

- Walter, tu es sage, compris ?
- Oui papa...

Wallace simula l'absorption d'une bouteille d'alcool avec les doigts, ce qui fit sourire Walter.

- Et surtout, sois poli avec les parents de Wallace !

Wallace agita son index à côté de sa tête l'air de dire « Il croit vraiment que je vais te présenter à mes parents, mais il est taré, lui ! »

* 20h15 : Traverser la palissade.

- Pourquoi on passe pas par la porte ?
- Tu me remercieras le jour où tu verras le reste de ma famille ! grommela Wallace.

* 20h20 : Présentation de la chambre.

- Walter, ma chambre, ma chambre, Walter !
- ... quelque chose me dit que c'était plus chaleureux avec Perrine...
- Ah non, elle était curieuse, la petite femelle, toi, tu es un mec, tu es plus sérieux !
- ... ça alors, tu portes vraiment des kimonos ?!

Wallace regarda son camarade en haussant les épaules.

- Quel intérêt j'avais à mentir sur ça ?!
- Aucun, je suppose...

* 20h25 : Allumage de la console.

- Pour un handicapé, tu te démerdes bien !
- Quand on n'a pas de jambes, on a des doigts ! rétorqua Walter.

* 22h41 : DVD

- Mince, j'ai presque cru que tu allais mettre un porno...
- Crétin, j'aurais pas de porno en disque, je l'aurais mis directement sur mon ordi !
- Ah oui, ça paraît logique... Je remarque un truc pas logique, pourquoi on laisse sortir ce mec, visiblement la seule chose qu'il sait faire c'est le bruit de la poule !
- On m'a offert ce film y'a longtemps, je le regarde uniquement parce que tu es là !

* 23h17 : Fin du film.

- BWAAAAAHAHAHA !!!
- E... Elle a... elle a vraiment fait ça ?!! s'étonna Walter halluciné.
- OH PUTAIN ! OH PUTAIN J'AI JAMAIS VU UN TRUC AUSSI CON !!!
- Comment il s'appelle ce film... Luther the Geek ?! C'était ni Luther, ni Geek comme film...
- Allez, on ouvre une bouteille !

Walter haussa les sourcils.

- Sérieux ?!
- Baaaaaaah ouais ! On est entre potes, faut bien qu'on boive !
- Bon, bon... mais pas trop alors !


« Et après ça, il a tellement bu, et j'étais tellement séduisant, FORCEMENT il s'est passé quelque chose !!! »

Lindsay passa devant la chambre, à la grande horreur de Wallace.

- Il est avec toi, le robot ?
- ... eh meeeeeeerde...

***

Wallace prit son petit déjeuner avec Walter,... Lindsay et leurs parents. Dans un silence de marbre. Walter observait cela avec une certaine curiosité.

- Alors, euh... Wal... ter... T'es un robot, c'est ça ?
- Lindsay ! grommela le père.
- Je demande, c'est tout...

Walter haussa les sourcils.

- Euh, non, je suis juste un garçon en fauteuil roulant.
- Ah bon. Ça me rassure...

La mère de Wallace quitta ses airs pincés pour s'adresser à Walter.

- Et... que font tes parents dans la vie, Walter ?
- Mon père est ouvrier, ma mère est femme au foyer.
- Ouvrier... marmonna le père de Wallace.
- En fait il dirige des chantiers, c'est plutôt rare qu'il mette la main à la patte maintenant...
- C'est pas une vie...

Walter agita la tête dans son bol de céréales. Wallace allait faire un mauvais commentaire du genre « Parce qu'agent de sécurité dans une centrale c'est une vie ? » mais il s'en dispensa à cause de la présence de Walter.

- Et toi et Wallace, vous...
- ... on est dans la même classe ! avoua Walter.
- C'est juste un pote, papa...
- Ah ça, avec la soirée qu'on a passé ! sourit Walter.

Wallace rougit violemment, la tête basse. Lindsay soupira.

- Oui bah merci j'ai entendu...

Wallace regarda sa sœur, au comble de l'embarras humain. Le père de Wallace soupira d'un air entendu. « Putain de meeeeeeeeeeeeerde... » songea Wallace.

***

C'est un Wallace silencieux qui amena Walter jusqu'à l'école.

- Ta famille est spéciale... Ta mère n'a pratiquement pas prononcé un mot...
- Hm...
- Ton père est un peu... maladroit, dirais-je...
- C'est... ouais, c'est un peu ça...
- Mais c'était très sympa ! A refaire, peut-être ?
- Ouuuuuais, ouais, ouais bien sûr !
- Cool. Ça faisait longtemps que je m'étais pas amusé comme ça !

Wallace grimaça, de plus en plus mal à l'aise. Il arriva à l'école et trouva Perrine qui attendait sur un banc.

- Hey les garçons ! Je suis arrivée en avance cette fois !
- Pour une fois dans ta vie, tu veux dire ! grommela Wallace.
- On va dire que ça arrive de temps en temps quand le père de Walter me prévient.

Wallace laissa littéralement Walter sous la garde de Perrine comme s'il cédait un caddie plein de courses.

- J'ai... des trucs à faire...

Wallace s'éloigna vivement en marchant très vite. Walter le regarda, surpris. Perrine sembla toute aussi surprise.

- Un... problème ?
- Je sais pas... On a passé une super soirée hier, il est peut-être un peu gavé de me voir...
- Ça devait lui faire bizarre de recevoir quelqu'un pour autre chose que des galipettes...
- Mon père t'a prévenu alors ?!
- Oui ! Il m'a dit « Walter passe la nuit chez son ami Wallace, est-ce que tu peux essayer de le réceptionner tôt à l'école ? » Walter, bon sang, avoue enfin à ton père que tu n'es pas un bonhomme de neige !
- Un bonhomme de neige en fauteuil roulant, Perrine ! Cesse d'ignorer cette chose qui porte mon auguste corps !

Perrine soupira.

- Tu sais, Walter, je suis sûr que les gens peuvent aussi te juger sur autre chose que ton handicap...
- Oh je tends à penser qu'ils font tous un peu semblant de ne pas le remarquer...
- Si tu penses tout le temps comme ça...

Naomi arriva avec une nouvelle coiffure en brushing.

- MOOOONSTRE ! cria Perrine.
- Je savais que tu n'aimerais pas ! soupira Naomi.

Walter haussa les sourcils. Naomi regarda Walter, désespérée.

- Perrine déteste que je me coiffe, pour elle ça fait de moi un suppôt du démon...
- Pardon, j'y ai été trop fort... SUPERFICIELLE !!!
- Ah non, Monstre, j'accepte ! Superficielle c'est une insulte inacceptable !!

Walter haussa les sourcils.

- Primo, ça te va très bien...
- Merci...
- Deuxio, je me demande où est Wallace...

***

Wallace prenait ses affaires dans son casier. Il comptait bien éviter Walter toute la journée, et plus si possible.

« Pour moi, il y a les amis et les amants. Les amis, ils sont rares et j'ai du mal à être naturel avec eux. Les amants, ils sont réguliers et je me moque d'être nu ou habillé avec eux. Parfois j'y pense et je me dis : Finalement tu es un gros hypocrite. Tu es renfermé, tu es fier, tu as une personnalité foncièrement sociale mais tu détestes papoter ou fraterniser et au fond, tu te dévoiles sans complexe devant de parfaits inconnus. »

Wallace remarqua Tristan à l'écart de ses amis qui avaient un débat sempiternel sur la tenue d'une princesse de fiction et sur une créature ennuyeuse dans une trilogie ratée.

« Si, comme je le pensais, j'avais bel et bien couché avec Walter, cela entrait en contradiction totale avec « ce que je voulais faire » de Walter. »

Wallace ferma son casier, hésita, puis se lança et chargea le jeune homme, faisant fi de sa timidité à l'égard des autres.

« La formulation est abrupte, ok. Ce que je veux dire c'est que je comptais garder avec Walter une relation simple de copains, pas coucher avec lui par inadvertance après une soirée trop arrosée... Et pourquoi ça a l'air de m'embêter qu'il ne s'en rappelle plus ? Est-ce que je serais quelque peu romantique au fond ?! Non, impossible. Je sais même pas ce qu'il veut dire ce mot... »

- Hey !

Tristan leva la tête vers Wallace, effaré que le jeune homme daigne prendre du temps dans son emploi du temps de Prince pour lui parler.

- O... Oui ???

Tino, Robbie, Benjamin et Orson observaient l'intervention d'un corps étranger dans leur cellule de confort.

- Ecoute, notre prof nous a dit que pour nos recherches informatiques au sujet de notre devoir, on pouvait demander de l'aide à quelqu'un qui s'y connaissait...

Tristan acquiesça en hochant la tête si fort que ses vertèbres craquèrent.

- ... et j'ai cru comprendre que toi et tes potes vous vous y connaissiez, alors si l'un d'entre vous pouvait essayer de nous aider...
- Vous ne savez pas utiliser Google ?! demanda Benjamin, ironique.

Wallace regarda Benjamin, mauvais, leva ses yeux vers sa tignasse de cheveux bouclés, et le regarda à nouveau droit dans les lunettes.

- Et toi, tu sais utiliser un foutu peigne ?!
- Pard...
- Vu le sujet du devoir, elle avait l'air de dire qu'on ne pouvait faire les recherches que d'un point extérieur, pour éviter de se faire repérer...
- N'importe qui peut utiliser un brouilleur d'adresse IP, enfin, c'est à la portée du premier venu...

Wallace, lassé, regarda Orson.

- Oui, et n'importe qui peut avoir une vie en dehors de sa chambre, tu sais ? C'est à la portée du premier venu qui sort le week-end !

Orson haussa les sourcils. Wallace se tourna vers Tristan.

- Bref, j'ai cru comprendre que tu étais le moins chiant du tas, c'est pour ça que je te demande.
- Tu es obligé d'être aussi rude ?! s'étonna Tino.

Tristan hésita et balbutia à moitié alors que Wallace ignorait purement et simplement Tino.

- S'il s'agit juste d'aller sur des sites d'information, on peut se servir des ordinateurs de l'établissement en contournant les sécurités et en brouillant l'adresse IP par des moyens plus ou moins rudimentaires... ça devrait être facile, je vous aiderais !

Tino, Benjamin et Orson observaient leur pote, stupéfaits. Wallace hocha la tête et tapota l'épaule de Tristan qui se sentit fondre.

- Cool. Merci, mec.

Wallace s'éloigna. Tino grimaça et secoua la tête.

- Nan mais pour qui il se prend, celui-là ?!! Tristan, pourquoi t'as accepté ?!!

Tristan se retourna vers son meilleur copain. Robbie observait, plus étonné qu'autre chose.

- Euh... bah... c'est aussi pour le reste de son groupe, alors bon... j'ai rien contre Perrine, Naomi ou Walter, donc...
- Tu vas aider quelqu'un qui confond Star Wars et Star Trek ! rappela Benjamin.
- Pire que ça, tu vas aider un type qui vu d'ici m'a tout l'air d'être un connard fini ! soupira Tino.

Tristan hocha la tête, pas spécialement d'accord.

- M'enfin, Tristan ! Te laisse pas faire comme ça !
- Nan, ça va, je t'assure, je gère... Je gère !

Tino plissa les yeux.

- ... J'crois pas du tout ! J'crois que tu fais juste ça pour approcher une certaine fille, mais je vais me taire...

Benjamin et Orson regardèrent Tristan.

- Une fille... ? s'étonna Orson.
- ... Perrine ?! se demanda Benjamin.

Tristan soupira et rangea ses livres dans un casier. Robbie avait tout observé en silence.

***

Marina and the Diamonds – Shampain

Wallace entra dans la médiathèque. Il salua Denis qui pianotait à l'ordinateur.

- Hey Wallace !
- Bonjour Denis...

Lay dagger dead inside a lonely bed (Rester immobile dans un lit solitaire)
Trying to hide the hole inside my head (Essayant de cacher ce trou dans ma tête)

Le jeune homme se dirigea vers les étagères traitant des groupuscules et mouvements politiques à travers l'histoire et tomba sur un magazine traitant de Direction Dresseurs : « Direction Dresseurs, une vaste imposture ».

Watching the stars slide down to reach their end (Observant les étoiles se glisser vers leur fin)
Cause sleep is not my friend (Car le sommeil n'est pas mon ami)

Wallace consulta la revue. Une double page attira son attention et il alla la photocopier.

Drinking champagne to forget yesterday (Boire du champagne, pour oublier hier)
Coz I remember, the way, the way, the way (Car je me souviens de comment)

Devant la photocopieuse, Wallace, solitaire réfléchissait à des tas de choses.

It ended the day, the day, the day, the day (Cela a parachevé le jour)
That I walked away, away, away, away (Où je me suis dérobé)

Wallace se saisit de la photocopie, la plia et la rangea dans une poche.

Drinking champagne, made by the angel (Boire du champagne, conçu par un ange)
Who goes by the name of Glittering Gabriel (Répondant au nom de Gabriel l'étincelant)
Drinking champagne made of an angels
Tears and pain, now I feel celestial
(Boire du champagne, fait avec les larmes et les douleurs d'un ange, maintenant je me sens céleste)

- Normalement tu es censé me demander l'autorisation pour faire des photocopies...

Wallace se retourna vers Denis.

- D... Désolé...
- Ca va, je passe. Pour cette fois !

Wallace se mordilla les lèvres, pas très rassuré. Denis plissa les yeux.

- Toi, tu as le regard de quelqu'un qui se sent coupable.

Wallace leva les yeux vers le gérant de la médiathèque.

- Je dis ça parce que j'ai déjà eu ce regard à un moment dans ma vie.
- ... J'me sens pas vraiment coupable, disons que je m'en veux.
- C'est... pareil !

Wallace soupira.

- Vous avez déjà eu l'impression de foutre en l'air quelque chose qui aurait pu être super génial ?

Denis eut un soupir entendu.

- Moui, disons que c'est presque l'histoire de ma vie. Dans ce cas, le mieux est de te confronter directement aux choses. Soit ça casse, soit ça passe, mais vaut mieux être sûr.

Wallace acquiesça.

- Merci, Denis.
- Oh, et ici c'est Monsieur Truman, hein !
- ... ouais, pardon...
- File, les cours vont commencer !
- Ouais... euh, la revue...
- Je vais la ranger, ne t'occupe pas de ça voyons !

Wallace acquiesça et repartit, le rose aux joues. Denis sortit le magazine de la photocopieuse, regarda la référence et alla le ranger, puis il gambada en sifflotant.

***

- Vous entendez ça ?

Perrine et Walter regardèrent Naomi qui semblait tendre l'oreille.

- Le SILENCE ! Wallace est mort ou quoi ?
- Ce matin il m'a laissé Walter et il s'est barré... marmonna Perrine.
- Hm, je crois qu'il a un peu honte à cause d'hier soir...

Perrine regarda Walter.

- Ah oui tu étais chez lui hier soir... pourquoi il devrait avoir honte ?!
- Déjà on a bu de l'alcool...
- WALTER LUDGES !!!
- Je sais, je sais, ne le répète pas à mon père, ok ?
- Je suis quasiment OBLIGEE !
- Si tu fais ça, je dis à tes parents que tu n'as jamais utilisé la peinture à l'huile qu'ils t'ont offerte !!

Perrine resta muette.

- Je... préfère la peinture à l'eau !!
- Cela n'excuse pas que tu ne profites pas de leur cadeau...
- Pour quelle autre raison Wallace pourrait avoir honte ? demanda Naomi.
- Eh bah...

Wallace arrivait justement.

- ...j'ai vu ses fesses !
- HEIN ?
- NOOON !

Wallace s'éloigna dans une manœuvre ninja périlleuse.

- Bah vous vous doutez bien qu'il s'est changé avant de dormir... Et donc il porte réellement des kimonos !
- Oh seigneur... et il a dormi comme ça avec toi ?
- Il s'est plutôt écroulé, il avait l'air bien pété... j'avais pas mal bu aussi mais apparemment je tiens bien l'alcool !

Wallace s'était caché derrière des casiers, totalement honteux. « Putain on l'a vraiment fait alors, j'ai vraiment fait une connerie pareille avec un pote !!! »

- Si tu essaies d'imiter James Bond, c'est raté, lui au moins il avait de la classe...

Wallace regarda Santana qui appuya son propos par un hochement de tête.

- ... De quoi j'me mêle ?
- Tu es d'un désespérant...
- Et toi t'es... t'es... t'es...
- Une salope ? Une pute ? Une merdeuse ? Prends le temps de réfléchir, je t'en prie.

Wallace cherchait un mot qui ne vint pas tant il était pris au dépourvu. Santana s'éloigna en haussant les épaules.

- Décidément, tu faisais plus le malin quand on se battait...
- ......... gnnnnnnnnnnn !!!

Santana arriva vers Rebecca, Violette et Amélia.

- Yo, les garces.

Rebecca grimaça. Violette regarda Santana, effarée. Amélia retrouva une barrette dans son casier.

- Oh, Rebecca, regarde...
- J'espère que vous avez toutes commencé le minimum de recherches que j'avais préconisé...
- T'es pas prof et on n'a pas de délai ! grommela Rebecca.
- Exactement, on travaillera quand on le voudra ! admit Violette.
- Et elle me va toujours aussi bien... Rebecca, regarde ça !

Santana plissa les yeux.

- On travaille en groupe, les filles, j'ai besoin que vous fassiez votre part minimum.
- Et nous on est trop intelligentes pour se laisser diriger par toi ! grogna Rebecca.
- Exactement ! rétorqua Violette avec aplomb.

Santana leva les yeux au ciel.

- Vous devriez toutes les deux prendre exemple sur Amélia.

Rebecca et Violette regardèrent Amélia. Devenue le centre d'attention, la blonde prit la pose avec sa barrette.

- Je suis jolie ? Mon profil est sympa ?
- Et... en quoi, s'il te plait, devrions-nous suivre son exemple ?
- Eh bien, j'ai cru comprendre que vous étiez trop intelligentes pour être de jolies vaches sans cervelle, alors faites comme Amélia et faites-vous faire une lobotomie, au moins tout le monde saura à quoi s'en tenir !

Rebecca et Violette ouvrirent la bouche de stupeur. Amélia haussa les sourcils.

- Mais j'ai jamais fait de lobotomie, moi ! s'étonna Amélia.
- Oh, vraiment ? On jurerait, pourtant ! s'exclama Santana d'un air très exagéré.

L'asiatique tourna les talons, laissant les filles à leurs fanfreluches.

***

Le cours de fondamentaux s'avéra étrange. Wallace s'éloigna ostensiblement de ses amis en se mettant en hauteur – alors que le groupe s'était abonné au premier rang pour rester avec Walter. Dans le reste de la classe, on n'avait pas spécialement repéré le manège.

- Vous allez donc lire ce texte et en effectuer un commentaire argumenté pour la semaine prochaine. On passe aux mathématiques et on reprend le chapitre sur les probabilités...

***

Sortie du cours. Wallace se précipita dehors. Walter lui roula après.

- Wallace, attends !
- ...
- Wallace ! Hé ! Wallace !

Lequel s'aventura dans les escaliers, là où Walter ne pouvait pas le suivre. Walter haussa les sourcils.

- ... mais, euh...
- Il est où ? demanda Perrine.
- Il est monté !
- Quoi, mais on va manger !
- Je sais pas ce que j'ai fait mais je crois qu'il m'évite...
- Tu lui as volé quelque chose ? T'as mal parlé à ses parents ?! Nan, ça je sens qu'il aurait apprécié !

Walter plissa les yeux.

- J'sais pas, on a passé une super bonne soirée, je pensais qu'on passerait la journée à papoter... J'arrive pas à me rappeler si j'ai fait quelque chose d'inconvenant...

Perrine soupira.

- J'essaierais de lui parler quand il arrêtera de faire le bébé...

Naomi arriva toute contente.

- Quinn, Lucy et Francis veulent manger avec nous !

Perrine regarda son amie, ennuyée.

- Tu fais chier, Naomi Kingsley !!
- Je t'aime aussi, Perrine Truman. Il faut parler aux gens, c'est bien de parler aux gens !
- Ouais, aux gens qui sont au même étage que vous... marmonna Walter.

***

« Je ne peux même pas lui faire face ou lui répondre, c'est affolant. J'ai presque du mal à me comprendre moi-même. Je ne peux pas faire face à mon propre acte. Enfin, à l'acte que je crois avoir fait... Mais s'il a vu mes fesses... Bordel, pourquoi je suis un tel poivrot ! »

Wallace s'était réfugié dans un stade intérieur où des troisième années faisaient une partie de basket.

« Le pire c'est que si ça se trouve il ne s'est rien passé et je psychote pour rien... mais je me connais, je sais à quel point je suis obsédé par ça... Walter est pas super sexy mais il est pas dégueu non plus... Et surtout je lui ai servi une Piña Colada !! LA BOISSON que je sers à tous les mecs avec qui je couche !! Celle que je fais le mieux !! »

Wallace soupira en observant les beaux mecs tenter de marquer des paniers.

« Que j'ai couché avec lui ou pas, je ne sers la Piña qu'aux mecs avec qui je VEUX coucher, donc j'ai forcément à un moment donné voulu coucher avec lui, et ça c'est pas bien, merde ! J'ai pas à avoir ce genre d'envies dégueulasses avec un ami ! »

Wallace commença à déprimer alors qu'il avait en face de lui des tas de mecs en sueur.

« Je suis le roi des cons. Je suis incapable de faire les choses correctement. Je vais passer trois ans terribles à devoir parler avec un type avec qui j'ai probablement voulu coucher, tout ça parce que je suis un abruti assoiffé de sexe ! »

***

- Franchement, comme moi je le vois, ça m'a surtout l'air d'être un abruti assoiffé de sexe !

Perrine, Naomi et Walter regardèrent Francis qui venait tout simplement de donner son avis.

- Le mec, on fait la queue au self, normal, il me drague !!
- Francis, tu ne portes que des t-shirts près du corps avec un col en V sans rien en dessous, si je n'étais pas ton amie, je croirais aussi que tu es gay ! soupira Quinn.
- Je prends juste soin de moi, je fais pas ça pour me faire draguer par un détraqué !

Walter soupira.

- Wallace n'est pas un détraqué...
- En tout cas il est bizarre et il a l'air carrément pervers.

Walter leva les yeux au ciel. Naomi tenta de temporiser.

- Formellement c'est un gars bien, tu sais, quand on... passe ses petits défauts...
- Il est venu dîner chez moi, c'était très sympa ! admit Perrine.
- Quel genre de type drague quelqu'un qu'il connait à peine ? Je serais vous, je me méfierais !
- Eh bah moi je serais toi...

Walter se servit un verre d'eau.

- ... j'éviterais de trop casser du sucre sur le dos d'un ami devant des gens qui le connaissent et l'estiment un minimum.
- Je crois qu'en effet tu es un peu malpoli, là... confessa Lucy en rehaussant ses lunettes.
- Tu avoueras quand même qu'il est méga louche, le jour où on a choisi les thèmes il avait l'air d'un démon ! Qui, dans son accès de folie, vous a quand même envoyés tous les trois chez le proviseur !
- Tu pourrais juste la fermer, bordel ?

Perrine et Naomi regardèrent Walter, stupéfaites. Quinn et Lucy regardèrent Francis, pas surprises.

- Q... Quoi ?!
- Tais-toi ! Tu as le droit d'avoir ton opinion sur Wallace mais pas de nous la balancer comme ça, comme si on était d'accord avec toi ! Nous sommes ses amis, on l'apprécie pour ce qu'il est, il est un peu gravement con parfois, ok, mais c'est un gars bien ! Alors stop !
- Ah ouais, alors pourquoi il ne mange pas avec vous aujourd'hui ? Et pourquoi il n'était pas assis avec vous aujourd'hui en cours ?

Walter soupira. Quinn leva les yeux au ciel.

- Tu sais t'arrêter à un moment quand tu t'enfonces dans la connerie ?!
- Je dis ce que je pense !

Walter renversa son verre sur le pantalon de Francis, juste à côté de lui, sous les yeux effarés de Perrine et Naomi.

- Et moi j'ai pas soif ! grommela Walter. Tu rangeras mon plateau, Perrine ?

La cousine de Walter hocha la tête alors que le jeune homme s'éloigna en roulant nonchalamment, noir comme le café. Francis se releva, transi par le froid de l'eau renversée.

- PUTAIN !
- Tu l'as bien cherché... marmonna Quinn.
- Je valide ! ajouta Lucy.
- EH ! SI T'ETAIS PAS HANDICAPE, JE T'EN AURAIS MIS PLEIN LA TETE !
- Francis, merde ! grommela Quinn.
- Eeeeeh !!! grogna Perrine.

Walter se retourna dans un dérapage maîtrisé, et il gratifia Francis d'un doigt d'honneur bien placé. Naomi était éberluée, ne pensant pas Walter aussi prompt à la fureur. Le jeune handicapé quitta la cantine, furieux.

- NAN MAIS... NAN MAIS...

Perrine prit son plateau, s'apprêtant à partir. Quinn la stoppa d'un geste de la main.

- Non, non, non ! Francis, tu bouges !
- Hein ?!
- Tu é-va-cues ! T'es déjà pas super sortable mais là, franchement...
- M... M'enfin, t'as vu ce qu'il a fait...
- Tu t'en prends à son ami et tu n'arrêtes pas quand il te le demande poliment, forcément, ça va le mettre en pétard ! Tu es conscient d'à quel point tu es embarrassant, parfois ?

Francis regarda Quinn, paumé. Il prit son plateau et s'en alla vers une autre table. La brunette leva les yeux au ciel.

- Désolée, il est carrément lourd.
- C'est... le moins qu'on puisse dire... acquiesça Perrine.
- Toi et lui vous sortez ensemble, si j'ai bien compris ? demanda Naomi.

Quinn hésita à répondre, grimaça et finalement se leva avec son plateau.

- A... tout à l'heure en cours !

Perrine et Naomi se regardèrent, interloquées. Lucy n'osait pas se lever.

- ... J'ai pas fini de manger, moi !

***

- Franchement, on est d'accord, Judy était à chier ce matin, on aurait dit qu'elle avait mangé une entrecôte au petit déjeuner !! grommela la fille aux cheveux noirs en couettes.
- Ah nan, t'es injuste, là, elle a fait de son mieux, c'est le coach qui en demande trop, j'ai rien trouvé à redire ! souffla une autre fille rousse. T'en penses quoi, Lindsay ?

Les filles se trouvèrent une table où elles accueillirent également les garçons du club de Pokéfoot.

- On a toutes été excellentes, si on se tire dans les pattes on sera jamais prêtes pour les matches, alors si on n'a rien à dire de gentil, on se tait, c'est comme ça que ma maman m'a appris !
- T'as raison, ouais...
- T'es trop rationnelle, Lindsay, des fois je me dis que tu devrais faire arbitre !
- Ouais exactement !
- Une fille arbitre ? Ça va pas ?! ricana un footballer.
- Ca se peut ! marmonna une fille.
- Bah ouais !
- Lindsay !!

Wallace s'assit face à sa sœur.

- ... cette place est réservée !! grommela Lindsay.
- Il FAUT que je te parle !
- Mais jamais de la vie ! rétorqua Lindsay, gênée.
- Lindsay, c'est qui, ce beau mec ?

La blonde regarda ses amies.

- C'est... mon... frangin !
- Waouh !
- Hanlala !
- Lindsay, tu sais que j'aurais jamais osé venir te parler en public si c'était pas super important !
- Il est célibataire ?!
- Comment il s'appelle ?

Lindsay regarda ses amies et regarda Wallace.

- C'est à propos d'hier soir ?

Wallace hocha la tête. Les amis de Lindsay penchèrent la tête.

- Ouais, quand t'as ramené ce mec, là...

Perplexité des amis de Lindsay : + 15

- ... le gars en fauteuil roulant...

Perplexité des amis de Lindsay : + 30

- ... chez nous...

Lindsay remarqua ses amis qui semblaient penser à quelque chose d'absolument répugnant.

- ... Eeeeeeet que je n'étais absolument pas dans la même pièce, je regardais « Confessions d'une maman ado » sur la chaîne 24 dans ma chambre !
- Ah !
- Ouf !
- La vache !

Wallace regarda les amis de Lindsay comme s'ils avaient besoin d'un internement en asile psychiatrique.

- En quoi je peux t'aider ?
- Je peux pas t'en parler devant eux !
- Bah alors m'en parle pas, va manger ailleurs et fous-moi la paix, Chelsea va arriver !
- Ok, ok... Disons que tu fais quelque chose qui contrevienne à tes principes !
- Qui quoi à mes principes ?!
- ... Par exemple : Tu adores les salades de fruits !

Lindsay acquiesça.

- Ta préférée c'est la salade de fruits exotiques, on est d'accord.
- Oui...
- Mais en ce moment, tu es au régime, donc, pas de salade de fruits exotiques, trop de calories, tout ça.
- Oui...
- Imagine que tu en manges une par erreur, tu te trompes de préparation, et tu manges une salade exotique par erreur au lieu d'une salade de fruits normale !
- ... j'ai mal à la tête...
- ... Comment tu gères la culpab... Le fait que tu vas probablement grossir ?

Lindsay sembla faire un effort démesuré pour réfléchir devant ses amis intrigués par la conversation surréaliste.

- ... Déjà, je suis pas idiote au point de me tromper de préparation ou pour ne pas m'en apercevoir quand je la prépare.
- ... Hmmm...
- Ensuite bah... C'est pas grave.

Wallace haussa les sourcils.

- Pas grave ?!
- Bah oui, les kilos ça se perd. C'est pas comme si ça pouvait pas s'arranger. C'est pour ça que tu voulais me parler, pour discuter de salade de fruits ?!
- ... Ouais !
- Bah c'est débile. Dégage.
- Ok, merci Lindsay !
- Ouais, bon, j'sais pas trop pourquoi, mais si tu veux...

Wallace s'éloigna en acquiesçant. « Ca peut s'arranger... » Et puis son pessimisme reprit le dessus. « Tu parles, une salade de fruits et un pote, ça a rien à voir ! »

***

Le cours de combat direct intéressa peu Wallace qui s'était une fois de plus placé loin de ses amis.

- Pour commencer ce cours j'appelle... cette jeune fille !

Fey, à l'opposé du groupe de Mike, se désigna.

- Oui, toi.

La jeune fille haussa les épaules et se leva.

- Contre, contre, contre... Ce jeune homme !

Tino haussa les sourcils.

- Moi ?!
- Nan, ton pupitre ! Vous êtes bouchés ou quoi ?
- Vous pourriez faire l'effort de retenir mon nom, madame, il n'y a que quatre lettres, vous savez !

La classe regarda Tino qui venait d'être particulièrement insolent. La prof croisa les bras.

- Mon pote, cet exercice est noté et tu pars avec moins deux !
- Eh bah c'est la première fois que je suis fier d'avoir moins deux points !
- Tu veux être fier d'avoir un zéro ?
- Non madame !
- Alors ferme ton clapet et viens te battre, morveux !

Tino descendit les marches de l'amphithéâtre, penaud, sous les ricanements des autres.

- Eh, mon pote...

Tino se tourna vers James qui l'avait interpellé. Le petit ami de Fey semblait menaçant.

- Si jamais tu gagnes, je t'explose à la sortie !

Haussements de sourcils dans la classe. Tristan haussa les sourcils. « Tiens, on peut dépasser le million de points au casse-briques... intéressant... »

- Et si tu « l'exploses à la sortie », tu peux toujours courir pour qu'on continue à sortir ensemble !

La classe fit un gros « Ouuuuuh ! » qui remit James à sa place. Mike et Steven étaient morts de rire.

- Elle te tient par les burnes, mec ! ricana Steven.

Lequel se prit une tarte par James.

- Argh, putain !
- Vas-y, ferme ta gueule, mec, ok ?
- C'est bon, putain, fous-moi la paix !
- OH !

Silence dans la salle. Tout le monde se tourna vers la prof.

- Les feux de l'amour là-haut, on stoppe. Le môme au nom à quatre lettres, tu rappliques !

Tino arriva prestement sur le terrain face au bureau.

- Booooon. Un contre un, magnez-vous, on a déjà perdu assez de temps.
- Laporeille !

Fey envoya son Pokémon. Tino sembla lassé d'avance. « Ca me gonfle... »

- Ouais... M. Mime !

Le Pokémon sortit de sa Pokéball et tapa dans ses mains.

- Commencez !
- Ouais bah ça va pas trainer... Tourmagik !

M. Mime fit tourner ses poignets l'un autour de l'autre. Tristan plissa les yeux. « Il est lourd quand il fait ça... »

M. Mime donna son Mouchoir Choix au Laporeille de Fey.

- Euh... Oui... Uppercut !

Le Pokémon agita ses oreilles de façon complètement erratique et sembla incapable de faire autre chose. Et surtout il allait à toute vitesse.

- L... Laporeille ?!
- Tourmagik, passation de Mouchoir Choix, ton Pokémon est super rapide mais ne peut que faire une seule attaque. Simple, efficace, radical.

Laporeille fonça vers M. Mime.

- Protection...

Laporeille fut stoppé par un mur translucide. Le reste de la classe était surpris par le flegme et le calme d'exécution de Tino, sans arrogance ni vanité, il semblait juste se faire chier.

- L... Laporeille... J... Je peux faire quoi ?
- Pas grand-chose, j'en suis désolé, c'est ma façon de me battre... Rien de personnel. Bouclier.

M. Mime renforça ses défenses. Laporeille, bloqué par des murs, frappait très difficilement son adversaire.

- M... J... J'suis complètement bloquée !
- Je sais...

Fey regarda Laporeille s'acharner alors que Tino avait encore des tonnes d'options. Elle haussa les épaules et rappela son Pokémon.

- C'est le gamin qui gagne... C'est juste moi ou c'est le combat le plus naze que j'ai jamais vu ?!

Tino s'étonna.

- Je me suis juste battu comme je le fais toujours !
- Et l'offensive, alors ? Tu crois que tu vas toujours gagner juste en jouant les cerveaux ?
« Nous y revoilà... » pensa Walter.
- Vous connaissez un autre moyen de gagner qu'en utilisant son cerveau ?!

Fey s'étonna. « J'aurais pas dit mieux ! »

- Le combat c'est avant tout un échange de coup, je ne sais même pas si ce qu'on vient de voir peut être appelé un combat !
- Appelez ça comme vous voulez, je m'en moque.
- En attendant, je ne peux pas vous noter là-dessus.
- Tant que mon adversaire n'a pas de zéro...
- Je vais être obligée de vous refaire combattre à un autre moment. On passe à la théorie vu que la pratique c'était quelque peu indigeste...

Tino et Fey retournèrent à leur place. James lança un regard mauvais vers le jeune geek. Tristan regarda son ami, pas vraiment surpris.

- Tu peux pas t'empêcher de faire ton malin, hein ?
- J'vois pas de quoi tu parles... marmonna Tino.

***

Wallace partit rapidement de l'établissement après le cours, alors qu'il restait l'heure obligatoire de recherche.

Les élèves se dirigèrent donc à la médiathèque. Walter, Perrine et Naomi, se demandant où était Wallace, demandèrent aux autres élèves.

- Je l'ai vu partir... marmonna Andréa.
- Vraiment ?! s'étonna Perrine.
- Il avait l'air décidé à ne pas rester, en tout cas, il avait un pas tout à fait résolu...

Naomi soupira.

- S'il commence à nous lâcher...
- Pire, cette absence va être consignée dans son dossier... marmonna Perrine.

Walter soupira.

- Ok, là je commence à le prendre mal.

Perrine et Naomi regardèrent Walter. Andréa partit rejoindre Clive.

- C'est forcément ma faute ! Il s'est rien passé entre ce matin et le moment où il a pris ses distances ! Maintenant, reste à savoir ce que je lui ai fait...
- Faut avouer qu'il est difficile à comprendre aujourd'hui, déjà que d'habitude il est cryptique, mais là...
- En attendant, faut aller faire notre heure de recherche ! rappela Naomi.

Les deux autres acquiescèrent et se dirigèrent vers la médiathèque.

***

Le Wallace s'était arrêté dans un bar, complètement dévasté par son propre comportement.

« J'pensais que j'aurais jamais à me remettre en question, que je serais jamais ce genre de mec qui change sur un coup de tête après avoir fait une grosse connerie... Est-ce que je suis ce genre de mec qui apprend vraiment quelque chose de ses erreurs ? Est-ce que ça pourra redevenir comme avant avec Walter ? »

Wallace soupira en regardant son Planteur qu'il laissait mijoter, assis au comptoir du bar, quelque peu déprimé.

« Je sais même pas si je veux rencontrer quelqu'un ce soir... »

***

- Je l'ai vu ce matin, si vous voulez tout savoir, il était un peu déboussolé...
- Comment ça ?

Denis regarda Walter et sembla réfléchir.

- Il... est allé faire une photocopie, on a discuté et il est parti.
- Discuté de quoi ?
- De... Il avait l'air de s'en vouloir pour quelque chose.

Walter plissa les yeux.

- ... Est-ce que ce serait juste parce qu'il m'a fait boire ? Mon père l'avait prévenu... mais ça m'étonnerait qu'il ait pris les conseils de mon père au sérieux !
- Oui c'est pas le genre...
- Où est-il, en ce moment ? demanda Denis.
- Il est parti ! soupira Naomi.
- Ah... Bon je vais quand même le noter présent, il est venu ce matin après tout... Si vous avez besoin d'aide pour vos recherches...
- Nan, ça ira papa, merci.
- Ok, bonnes recherches !

Le trio se dirigea vers les étagères, un peu déprimés.

Santana soupirait en regardant ses camarades de travail chercher à reculons.

- Vous pourriez, je sais pas, vous bouger un peu le cul ?
- Tu n'as aucun ordre à nous donner ! grogna Rebecca.
- Exactement ! ajouta Violette.
- Hm, ouais ! souffla Amélia.
- Vous savez, à moi toute seule, je ne pourrais pas faire tout le travail, alors soit vous vous bougez, soit on va se taper une belle bulle collective, alors...

Santana agita le doigt, l'air de dire « Obéissez, les dindes ».

- Tu sais quoi, Santana...
- Tiens, tu sais prononcer mon nom, finalement !
- ... Tu nous parles de haut, l'air de dire « Ouh, je suis la plus intelligente, je suis la plus forte, je suis belle et tout le toutim », mais au fond, tu fais juste ça parce que tu n'as personne d'autre à qui parler vu que tu es... Une immense garce !

Santana haussa les sourcils.

- Je...
- Alors si t'es pas contente du « rythme où on cherche », bah t'as qu'à te trouver des amies, pour changer !

Rebecca sortit son poudrier et se remaquilla, narquoise. Santana se tut, mouchée, sous les yeux indifférents de Violette et Amélia.

Tino était le genre de personne à rester fixé sur un évènement et à le repasser en boucle. Une habitude qu'à force, Tristan avait fini par supporter.

- Cette prof, faut la briser. L'embêtant avec les gens étroits d'esprits c'est qu'ils ont toujours la bouche ouverte !
- Tu as tout à fait raison ! admit Christina.
- C'est quand même une prof... marmonna Tristan.
- C'est une personne stupide, les gens stupides, tu sais comme moi qu'il faut les écraser. S'il y a bien une chose que je déteste c'est la stupidité.

Tristan plissa les yeux. « Dit le mec qui ne sait pas faire ses lacets et qui a une intolérance au lactose... ». Robbie cherchait des livres précis mais ne tombait que sur des romans à l'eau de rose.

- A la limite la seule chose qui m'embête c'est que...
- Eh, toi, là !

Tino se retourna vers l'imposant James.

- D'où tu humilies ma copine ?
- C... C'était un combat, je l'ai affrontée dans les règles !
- Ouais bah la prochaine fois tu t'y prends un peu moins comme une grosse pute, compris la crevette ? Si jamais tu traines encore ma copine dans la boue, j'te décalque ta race !
- Peut-être que tu veux qu'on aille régler ça sur le terrain ? demanda très casuellement Tino.

Tristan se frappa le front avec la paume. « Et après c'est MOI qui fait le con en voulant aider Wallace pour son devoir ! »

- Pardon ? T'as entendu ce que je t'ai dit ? J'vais te marave ta race à coups de tartes dans la gueule, j'vais pas salir mes Pokémon sur toi !
- Eh, on se calme !

James regarda Robbie.

- Y'a aucune raison de s'énerver, ok ? C'était juste un cours, ils étaient obligés de se battre, Tino s'est battu, Fey s'est battue, fin de l'histoire !
- T'es qui, toi ? D'où tu te mêles de mes affaires ?
- La vache, moi j'aurais pas aimé ! admit Steven.

Robbie regarda Steven et Mike derrière leur pote.

- Vas-y, James, te laisse pas faire, il piétine l'honneur de ta copine, fous-lui une branlée ! argua Mike.
- Grave, pis l'autre qui s'interpose, genre chevalier servant ! ricana Steven.
- Les gars, c'est vraiment pas nécessaire ! lâcha Robbie en s'interposant carrément de tout son être.

Tristan était juste admiratif de Robbie qui avait un courage que décidément il n'avait pas.

- LES GARS, MERDE !!!

Fey arriva et demanda à Robbie et Tino de s'éloigner d'un geste ferme.

- Voilà POURQUOI je déteste trainer avec vous ! Vous êtes des abrutis !! James, arrête de menacer Tino, il m'a battue, c'est comme ça, point !
- C'était pas réglo !
- Je m'en moque, c'est MOI que ça regarde, inutile de faire le macho de dernière minute, tu es ridicule ! Quant à vous deux, les gros débiles de service...

Steven et Mike haussèrent les épaules.

- Retournez à vos recherches, je suis pas votre putain de bonniche !
- Eh tu me parles sur un autre ton, la gros...

James se retourna vers Steven qui leva les mains.

- J'ai rien dit ! Ok ! On y retourne !
- Y'a intérêt.
- Je te demande pas de faire des excuses à Tino mais le cœur y est !

James soupira.

- Ca va, je laisse courir.
- Hm... se contenta Tino.

Le groupe s'en retourna à son allée. Tino haussa les épaules. Robbie souffla, soulagé. Tristan plissa les yeux.

- Tu... T'as rien à dire ?
- Hein ?!
- Tu... Je sais pas, tu pourrais remercier Robbie, il a quand même failli s'en prendre une à ta place !!

Tino regarda Tristan, intrigué.

- J... Occupe-toi de tes oignons ! Ok ?

Tristan semblait désemparé alors que Robbie, lui, avait bien compris que Tino avait été atteint dans sa fierté. Le grand blond fit un geste d'apaisement en direction de Tristan qui hocha la tête et s'écrasa.

***

Wallace acheva le septième shot et fut acclamé par les autres jeunes du bar.

- Trop fort !
- Quelle descente !!
- Génial !!

Wallace leva les mains pour assurer à tout le monde qu'il allait bien. Il s'en retourna vers le comptoir.

- Une planche de charcuterie, Marcel...
- Ca marche.

Wallace regarda le bar sous sa lumière artificielle migraineuse. L'alcool faisant peu à peu son effet, il peinait à tenir droit sur sa chaise. Un type qui devait avoir une trentaine d'année vint s'asseoir à ses côtés.

- Ca va pas, on dirait.
- ... Y'a eu des jours mieux... balbutia un Wallace imbibé.
- T'auras besoin d'aide pour rentrer chez toi ?

Wallace haussa les épaules en souriant.

- J'sais pas trop si je suis d'humeur à me faire baiser ce soir.

Le type haussa les sourcils.

- Pardon ? Je te propose juste de t'aider à rentrer chez toi, c'était pas une proposition, je suis en couple !
- Tu parles, ils disent tous ça... « Je suis marié, j'aime ma femme, mais j'avoue qu'un p'tit coup d'bite entre les cuisses de temps en temps, c'est tout ce qui manque à mon mariage ! » C'est pathétique ! Personne n'aime personne, tout n'est qu'une affaire... de coups de pine et d'orgasmes insuffisants...

Le type regarda Wallace de travers et s'éloigna, voyant que le jeune homme n'était pas assez aviné pour être poli.

Wallace reçut sa planche de charcuterie, l'air totalement déprimé.

- ... Une simple affaire de quéquettes...

***

Wallace éclata de rire.

- T'es trop fort !
- N'est-ce pas ! Et après, je lui dis : Célia, ces chaussures sont affreuses ! Et elle croit que parce que mon père vend des fringues dans un magasin, je suis un expert !

Wallace était hilare.

- Alors elle les enlève et elle les balance à la poubelle !!
- HAHAHAHA !
- HAHAHA !! Quelle conne, hein !
- Tu... Tu m'étonnes !

Wallace regarda Jason Ridley, qu'on pouvait considérer comme son meilleur pote au secondaire. Déjà deux ans qu'ils étaient dans la même classe, et déjà deux ans qu'ils étaient inséparables au point que les gens se posaient des questions.

- Haaaa... Faut que tu viennes chez moi, ce soir, j'ai un nouveau jeu qu'il faut que je te montre !
- Ah ouais ?
- Ouais. Tu veux mon fromage ?
- Oh... Euh... J'te donne mon gâteau en échange ?
- Pas de ça entre nous, va !

Jason donna son fromage à Wallace. Le jeune homme leva les yeux vers son ami qui lui souriait.

***

Le soir même, Wallace et Jason jouaient à ce fameux jeu vidéo.

- Tu y as joué avant, c'est de la triche ! grommela Wallace.
- Arrête, tu te débrouilles super bien !

La partie s'acheva. Wallace semblait dépité d'avoir perdu.

- Et crotte !
- Oh, allez, fais pas la gueule !
- J'aime pas perdre !
- T'as pas perdu... enfin pas trop !
- J'te hais ! sourit Wallace.

Jason regarda Wallace.

- T'as... T'as déjà embrassé une fille, Wallace ?
- ... Moi ? Euh... Nan...
- Vraiment ?

Wallace eut une sensation étrange. Comme si un nœud se serrait dans son ventre.

- Bah... Ouais... C'est grave ?
- Tu vas avoir quinze ans, mon vieux ! Il serait temps que tu t'y mettes !
- Je t'avouerais que je sais pas trop quoi faire avec les filles... Comment m'y prendre, tout ça.

Jason acquiesça.

- Tu veux que je t'apprenne ?

Wallace regarda Jason, surpris. Le pote de Wallace se rapprocha de Wallace et posa ses lèvres sur les siennes. Wallace fut d'abord un peu perturbé, mais lorsque Jason s'enroula autour de lui comme un serpent, il se laissa faire. Les deux adolescents se regardèrent.

- Tu es tellement désirable, Wallace Gribble...

Wallace respirait fort. Il n'avait jamais connu ça.

- Euh... J... Jason, j'ai jamais...
- T'es encore vierge, ouais, je sais. C'est pour ça que je voulais que ce soit moi.
- Hein ?

Wallace sentit une main dans son pantalon.

- Jason !
- Chut...

Jason embrassa profondément Wallace qui ne pouvait que se laisser faire. Jason se releva et enleva son t-shirt devant un Wallace dépassé par la situation.

- Jason, attends...
- Oui ?

Wallace regarda Jason, ne sachant pas quoi faire.

- J... Ça me fait trop bizarre !
- Oh, ça c'est normal... Tu veux qu'on fasse une pause ?

Wallace regarda son bas-ventre tendu. Il regarda Jason qui souriait.

- Allez, fais-moi confiance, mec. C'est que du bonheur.

Jason attrapa les poignets de Wallace et étendit ses bras au-dessus de sa tête, puis il l'entraina dans un long baiser, un de ceux qui font fondre.

***

Le lendemain, Wallace et Jason se retrouvèrent à l'école.

- Hey, Jason...
- Oh, Wallace ! Ça va ?
- Ouais... Alors, euh...

Wallace ne savait pas vraiment quoi dire. Jason sourit.

- T'inquiète, à la récré, j'te sucerais dans les toilettes ! Je sais que t'en meurs d'envie !

Wallace haussa les sourcils. Non, non, ce n'était assurément pas ce qu'il voulait dire. Il aurait voulu qu'ils gèrent plus correctement les suites de cette après-midi, mais visiblement ce n'était pas à l'ordre du jour.

***

Wallace commença à déprimer. A déprimer sévèrement parce que depuis une semaine, lui et celui qu'il considérait comme son meilleur ami ne discutaient plus que de sexe.

- Tu sais ce que j'adore ? Ce moment où je force le trou de balle et où toute ma queue rentre !
- ...
- J'parie que toi t'adores quand je te suce ! T'as toujours l'air de jouir un max !
- ... N... Nan, nan, ça suffit...

Jason s'étonna.

- Quoi ?
- On... On peut pas parler d'autre chose, redevenir comme avant ?!
- ... comme avant ?!
- Ouais, reparler de... broutilles, quoi !
- Mais...
- J'en peux plus, on fait que parler de bites, de culs, de sperme...
- Mais euh, Wallace, on a baisé !

Wallace grimaça.

- On peut plus redevenir amis comme avant, Wallace ! On a partagé de trop bons moments ! On a partagé nos corps, alors redevenir des copains...
- Mais... Mais ça peut pas devenir essentiel à ce point-là !
- T'as pas aimé, c'est ça ? Tu pouvais me le dire, hein !
- Tu m'as quasiment violé la première fois !
- Oui mais t'as aimé !

Wallace regarda Jason et son sourire malicieux. « Sourire malicieux de merde ! »

- Bah oui...
- Eh bah alors, autant en profiter !
- ... Mais alors on... on sort ensemble, quelque chose comme ça ?
- Ah non, non, pas du tout ! Eh, on reste potes, c'est juste qu'on se connait mieux que les autres potes !

Wallace regarda Jason.

- Alors... si je sors avec d'autres mecs...
- Fais comme tu veux !

Wallace haussa les sourcils.

- ... Alors tu t'en fous ?!
- Nan, fais ce que tu veux, je suis pas ton père quand même !

Wallace plissa les yeux, déçu.

- A... Alors...

Wallace sembla même carrément démoli.

- Alors tu m'aimes pas ?!
- ... Wallace, bordel, on a juste pris notre pied !
- Mais on est amis, ça fait deux ans qu'on...
- On est toujours amis, on baise ensemble, c'est tout quoi ! C'est pas grand-chose !!

Wallace secoua la tête et partit.

- Si, c'est grand-chose !

Wallace ne reparla plus à Jason de tout le reste de l'année.

***

- Et après ça, mes parents sont partis en vacances sans moi, mais finalement, j'étais bien à la maison, moi...
- Ouais...
- On passe une soirée sympa, hein ?

Wallace et son nouveau copain étaient dans la chambre de Wallace, sur le lit, et ils parlaient déjà depuis le début de la nuit. Wallace avait décidé d'y aller plus doucement qu'avec Jason.

- Hm. Tu veux boire autre chose ?
- Nan, nan, mais ta Piña Colada était excellente, merci encore !
- De rien, de rien... Au fait, c'était génial, ce combat avec ton Maraiste aujourd'hui !

Pour seule réponse, le mec embrassa Wallace et le fit retomber sur le lit.

***

Dans le lit, après l'effort, Wallace était stupéfait.

« Ce pouvoir... Quand je couche avec un mec, j'ai le pouvoir... »

Wallace eut alors un sourire malsain. « Moi aussi je peux coucher avec lui et le jeter... En plus sa conversation était chiante. Je suis vraiment obligé d'écouter son blabla ?! D'écouter le blabla de tout le monde ? Après tout si mon meilleur ami est capable de m'utiliser comme ça... »

Wallace se releva dans son lit.

« Je peux utiliser tout le monde ! »


***

Wallace haussa les sourcils, voyant sa planche arriver.

« Au moment où je recommençais à croire un peu en l'amitié, voilà que je refous tout en l'air... »

Il mangea mécaniquement le pâté et le jambon.

« J'me déteste... »

***

Wallace rentra tant bien que mal et même très maladroitement chez lui, par la porte qui plus est. De ce fait, son père le remarqua.

- Wallace ? Bon sang, mais t'as vu l'heure ?!
- C... ça va, hein, j'ai pas besoin qu'on me juge, ok ?
- Bordel...

Le père de Wallace porta son fils jusqu'à sa chambre, le posa sur son lit et le couvrit avec une couverture.

- Quelque chose me dit que j'en fais trop...
- Zzzz... merci p'pa... zzzz...

Le père de Wallace sortit de la chambre, à moitié satisfait.

***

Le lendemain, Wallace avait une sacrée gueule de bois.

- Wallace !!

Le brun se retourna et serra les dents. Il se mit à courir pour échapper à Walter.

- WALLACE, STOP ! IL FAUT QU'ON PARLE !

Wallace courut à grandes foulées. Il grimpa les escaliers pour échapper à Walter.

- Merde !!! Merde, merde, MERDE !!! Elektek !

Le Pokémon sortit derrière le fauteuil de Walter.

- Pousse-moi !!

Le Pokémon électrique poussa son maître jusqu'en haut de la rampe d'accès. Wallace haussa les sourcils.

- Chié !!
- Wallace, arrête-toi ! S'il te plait !!
- N... Nan !

Walter était poussé au niveau de Wallace qui courrait pourtant à bonne allure.

- Je sais pas ce que j'ai fait mais si je t'ai incommodé de quelque manière, je suis désolé !
- On en parlera plus tard, ok ?
- Si c'est à cause des cicatrices sur mes jambes, c'est juste à cause des opérations !
- Gnnnnn !!!

Wallace s'éloigna en accélérant. Walter soupira, tenu à distance. Elektek regarda son maître.

- Pfffff... Mais zut, quoi...

***

Wallace soupira, ayant semé son assaillant.

« Bordel... Bordel, c'que j'peux me détester d'être aussi con ! Pourquoi j'arrive pas à lui faire face, merde ! Pourquoi !!! »
- Wallace ?!

Wallace releva la tête vers Helen et son café.

- ... madame Clover ?!
- Tout va bien Wallace ?! Vous avez l'air essoufflé !

Wallace hésita, regardant à droite à gauche.

- ... Wallace ?
- ... Madame, ça va pas du tout...

Helen pencha la tête et désigna un banc à Wallace qui s'assit dessus, suivi par sa prof.

- Je... J'ai passé une soirée un peu arrosée avec Walter.
- Hm.
- Et... je lui ai servi une Piña Colada.
- Et ?
- Je ne sers de Piña Colada qu'aux mecs avec qui je veux coucher !

Helen haussa les sourcils.

- Je... Je m'en veux d'avoir, l'espace d'un instant, eu l'envie de coucher avec un gars que je considère comme un pote, un ami et qui aurait même pu devenir un super ami... Mais au fond avec cette soirée je sais que j'ai peut-être tout foutu en l'air ! Et surtout... J'me rappelle plus trop de la soirée en question, du coup j'ai peut-être couché avec Walter par inadvertance.

Helen acquiesça.

- D'accord... Euh, déjà je tiens à dire que vous êtes un peu jeune pour avoir une vie sexuelle, Wallace !
- C'est pas du tout la question !
- Wallace, vous vous êtes expliqués avec Walter ?
- ... J'ose plus le regarder en face !
- Pourtant c'est à lui que vous pensez en ce moment, c'est sur lui que repose votre stabilité, la preuve, un seul moment de doute et c'est l'anarchie dans votre tête !

Wallace acquiesça.

- Wallace, il faut savoir faire face à ses erreurs, c'est le seul moyen de retrouver sa stabilité.
- Ou de tout faire empirer...
- Mais au moins les choses sont claires. Soit c'est la fin de tout, soit c'est le début d'une nouvelle ère. Ou les deux : La fin d'une période, le début d'une nouvelle. Ça peut tourner au pire comme ça peut devenir mieux.

Wallace soupira.

- Je suis pas convaincu...
- C'est normal, vous ne serez convaincu que lorsque vous aurez parlé à Walter, jeune homme. Il faut que je prépare mon cours, excusez-moi.
- Madame...

Helen regarda Wallace.

- ... Merci, et... Vous pouvez me tutoyer, ça m'énerve que vous alterniez entre les deux.

Helen hocha la tête et s'en alla vers la salle des professeurs. Wallace prit une grande inspiration.

***

Naomi et Perrine achevèrent de remplir leurs bouteilles d'eau à la fontaine près des casiers.

- J'en ai ras le bol... soupira Walter, vraiment furax.

Les filles regardaient Walter qui grommelait tout en rangeant son casier. Le couloir était plein d'élèves de diverses classes.

- Il... Je comprends même pas ce qu'il fait ni pourquoi il le fait !
- Je suppose que ça va se tasser... De toute façon il va bien être obligé de te reparler, on doit faire ce devoir ! marmonna Perrine.
- Le voilà ! s'étonna Naomi.

Wallace arriva et fit face à Walter devant les filles étonnées.

- ...
- ...

Perrine et Naomi se croyaient au tennis.

- ... Je suis absolument désolé, Walter !
- ... pourquoi ?!
- J'ai été un ami détestable, voilà pourquoi !
- Mais pas du tout !
- Si ! Un véritable ami ne sert pas à son pote la bonne vieille recette de séduction qu'il sert à ses coups d'un soir, c'était vraiment indigne de ma part et j'en suis désolé !!
- Attends, mais je ne l'ai absolument pas pris comme ça !
- Deuxièmement, je... Je me rappelle plus de rien, mais j'ai la sensation qu'on a couché ensemble !

Walter fit une grimace de cent pieds de long. Naomi regarda Perrine.

- J'ai pris de la drogue ce matin ?
- Si t'en a pris, je t'en ai chourré sans le savoir pour ma conso personnelle...
- Mais enfin...
- Alors ok, une part de moi se dit peut-être... Walter, il est gentil, il est drôle, il est même un peu mignon quelque part, mais il est plus... Il est plus précieux pour moi qu'un de ces mecs lambda avec qui je couche et puis après bye-bye ! Alors si jamais j'ai eu un geste inconvenant à ton égard avant-hier soir, j'en suis franchement, mais alors franchement désolé, mec, et si on pouvait... oublier tout ça et repartir à zéro...

Walter regarda un peu partout. Les autres élèves avaient observé la confrontation.

- ... alors Wallace... d'abord on n'a pas couché ensemble, je me rappelle très bien de la soirée.
- ................ ah ouais ?...
- Ouais. Ensuite... Ouah... Tu as vraiment cru qu'on avait couché ensemble ?
- Je suis une telle salope que ça me paraissait être la seule possibilité imaginable !

Perrine et Naomi firent une grimace hallucinée. Les autres élèves semblaient également ne pas en croire leurs oreilles.

- ... Tu veux dire que... malgré mon handicap, tu pourrais...
- Disons que ça me changerait des autres mecs mais non, ça me gêne pas... T'es un mec comme les autres, nan ?

Walter sembla très ému.

- ... waouh... Tu es... Tu es un être merveilleux, Wallace Gribble !
- ... Ah bon ?
- A...AH BOOON ? s'étonnèrent Perrine et Naomi.
- Tu ne juges pas les gens, tu les regardes tous avec le même œil ! Tu m'as vu comme un amant potentiel, et... je suppose qu'à tes yeux, c'est en quelque sorte une haute distinction !

Wallace agita la tête, hésitant à dire oui ou non. Perrine et Naomi avaient une attaque cérébrale simultanée due à l'incompréhension qui les submergeait.

- Wallace, tu n'as absolument pas à t'en vouloir ! Tu es un ami formidable, je suis heureux qu'on soit amis et... cette soirée chez toi était vraiment géniale, juré craché. Mais tu n'auras jamais mes fesses, elles appartiennent à mon fauteuil roulant !

Wallace regarda Walter, touché.

- J... J'avais tellement peur que tu me détestes !
- Et moi donc, je pensais que j'avais fait ou dit une connerie...
- Mais au final tu as assez d'humour pour m'accepter !
- Et toi tu es assez superficiel pour m'accepter aussi tel que je suis !
- W... Walter !

Wallace se précipita vers son pote pour le serrer affectueusement dans ses bras. Walter lui tapota le dos gentiment. Perrine et Naomi regardèrent leurs bouteilles d'eau respectives et les vidèrent dans une fontaine non loin. Les élèves, ayant encore moins compris quelque chose, se dispersèrent.

***

Marina and the Diamonds – I am not a Robot

You've been acting awful tough lately (Tu as agi de manière affreuse ces derniers temps)
Smoking a lot of cigarettes lately (Fumé des tas de cigarettes dernièrement)
But inside, you're just a little baby (Mais au fond de toi, tu es juste un petit bébé)

Tristan suivait Robbie, Tino, Benjamin et Orson jusqu'aux salles de classe. Ils furent rejoints par Christina.

- Robbie ! J'ai vu que tu voulais essayer d'intégrer l'option du journal de l'école ?
- Hm !
- CHOUETTE ! Je ne sais pas comment te remercier !
- ... t'as pas à le faire, j'ai envie de tenter, c'est tout !

It's okay to say you've got a weak spot (Ce n'est un drame d'admettre tes points faibles)
You don't always have to be on top (Tu n'as pas à toujours être au top)
Better to be hated than love, love, loved for what you're not
(Mieux vaut être détesté qu'être aimé pour ce que tu n'es pas)

- Toutes les pom-pom girls sont un peu salopes mais la Chelsea, c'est un sacré lot ! ricana Steven.
- Vieux, je suis toujours à fond sur Naomi, franchement, me parle pas d'autre meuf ! souffla Mike.
- Les mecs, c'est quoi cette volonté merdique de vous caser avec des gonzesses !

Fey passa dans le couloir, mais elle ne s'arrêta pas pour discuter avec James, pour la simple et bonne raison qu'il était avec ses potes débiles.

You're vulnerable, you're vulnerable (Tu es vulnérable, tu es vulnérable)
You are not a robot (Tu n'es pas un robot)
You're loveable, so loveable (Tu es chérissable, si chérissable)
But you're just troubled (Mais tu es juste perturbé...)

Helen ouvrit sa salle. Non loin de là, elle vit Wallace et Walter, côte à côte, qui plaisantaient comme si de rien n'était. La prof sourit, soulagée. Wallace eut un rapide regard de remerciement envers la prof qui sourit en hochant la tête.

Guess what? I'm not a robot, a robot (Devinez quoi ? Je ne suis pas un robot, un robot)

Clive et Andréa entrèrent dans la salle, suivis par Santana, Ana et les jumeaux Lilian et Léon.

Guess what? I'm not a robot, a robot (Devinez quoi ? Je ne suis pas un robot, un robot)

- Tu sais ce qui m'insupporte le plus ? Que tu me rabaisses comme ça devant les gens !
- Je n'ai franchement pas besoin de faire beaucoup d'efforts... soupira Quinn.

Francis grommela.

- Et arrête de me parler de haut comme ça !!
- On va finir par nous trouver bizarres si vous continuez à vous disputer... soupira Lucy.

You've been hanging with the unloved kids (Tu traines avec les souffre-douleurs)
Who you never really liked and you never trusted (Que tu n'as jamais aimé et en lesquels tu n'as jamais cru)
But you are so magnetic, you pick up all the pins (Mais tu es si magnétique, que tu ramasses tous les pin's)

- C'est du vernis à ongles, Amélia, bien sûr que c'est toxique !
- Mais je t'assure que mon Balignon adore l'odeur !
- Mais tu ne dois pas lui en donner à manger, voyons ! soupira Rebecca.
- Je peux lui en mettre sur les pieds ?
- Il n'a même pas d'ongles, voyons, Amélia !!

Violette secoua la tête en souriant.

Never committing to anything (Jamais engagé à quoi que ce soit)
You don't pick up the phone when it ring, ring, rings (Tu ne décroches pas le telephone quand il sonne)
Don't be so pathetic, just open up and sing (Ne sois pas si pathétique, ouvre ton coeur et chante)

- Je suppose qu'on ne saura jamais vraiment ce que voulait dire cette conversation, hein ? marmonna Naomi.
- Nan, y'a qu'eux deux qui peuvent savoir... marmonna Perrine.

Les filles suivaient Wallace et Walter qui se placèrent au premier rang de la salle de classe.

- Au moins je vais pouvoir recommencer à coucher à droite à gauche sans culpabiliser !
- Et moi je retrouve mon meilleur pousse-pousse pour la rampe à l'entrée de l'école !

I'm vulnerable, I'm vulnerable (Je suis vulnérable, je suis vulnérable)
I am not a robot (Je ne suis pas un robot)
You're loveable, so loveable (Tu es si chérissable, si chérissable)
But you're just troubled (Mais tu es si perturbé...)

Guess what? I'm not a robot, a robot

Les élèves se plaçaient l'un après l'autre, prêts à assister au cours d'histoire.

Guess what? I'm not a robot, a robot

Helen regarda les élèves de sa classe s'agiter, parler, interagir, vivre.
Elle s'apprêtait à briser cet équilibre pour le faire sien et leur enseigner des choses.

Can you teach me how to feel real? (Peux-tu m'apprendre comment vraiment ressentir ?)
Can you turn my power on? (Peux-tu mettre en marche mon alimentation ?)
Well, let the drum beat drop (Dans ce cas, laisse s'échoir le battement du tambour...)

- On peut commencer ?

Guess what? I'm not a robot
Guess what? I'm not a robot


Les élèves firent silence et se remirent en place, prêts à suivre. Helen acquiesça, accompagnée de son Miradar, et elle commença son cours...

Guess what? I'm not a robot, a robot
Guess what? I'm not a robot, a robot
Guess what? I'm not a robot, a robot
Guess what? I'm not a robot, a robot