Le Projet Wallace de Domino

« Il est bien plus divertissant d'être ennuyeux que d'être intéressant »
(Amélie Nothomb)

« On me dit qu'aujourd'hui, on me dit que les autres font ainsi
Je ne suis pas les autres, oh non, non… »
(Céline Dion, Pour que tu m'aimes encore)


- Les hommes, tous des pourris, tous des larves, tous des monstres !!

Disait-elle, autour d'un feu. Les lieux n'étaient pas sûrs. Elle avait vraiment eu de la malchance en se retrouvant avec ces abrutis. La seule chose à laquelle elle pensait à présent, c'était ses enfants et son mari. Les premiers coincés dans un stade, le second sur un front, quelque part.

Cette guerre commençait à la faire chier. Vraiment. Elle s'efforçait de survivre tant bien que mal, mais c'était très, très difficile, surtout seule. Elle ignorait où se trouvait sa famille, où elle se trouvait elle également.

Bien qu'elle bougeait peu, elle s'y contraignait afin d'éviter d'être une cible facile. Possédant peu de Pokémon puissants, elle se cantonnait à la diplomatie et à la négociation pour se défendre, espérant tomber sur les gens les moins belliqueux possibles.

Elle eut de la chance.

La femme tomba sur un camp de personnes ostensiblement pacifiques. Elles portaient des uniformes bleus. Pas de casque. Elle mit un certain temps à les approcher. Voyant qu'ils récupéraient les blessés ou les gens égarés pour les transporter en camion, elle décida de les approcher.

- Excusez-moi… Pardon…

Quand le groupe l'aperçut, ils pointèrent des armes vers elle. La femme leva les bras.

- Je ne suis pas une ennemie ! Je ne suis pas… Oh…

Elle portait un uniforme de soldat, évidemment.

- J… J'ai été mobilisée, mais j'ai quitté mon groupe, et…
- Baissez vos armes ! cria un jeune homme.

Le groupe baissa ses armes. La femme put respirer.

- Merci…
- Je me présente, je suis Justin Truce.
- Rassurez-moi, vous n'êtes pas un militaire…
- Oh, non ! Nous nous protégeons des militaires, nous avons cru que vous en étiez une. Nous sommes un groupe d'aide et d'intervention d'urgence. En fait, à titre personnel, je m'occupe du groupement d'action « Avenir Dresseurs ». Vous êtes en sécurité avec nous, du moment que vous n'êtes pas hostile.
- Je veux juste retrouver mon mari et mes enfants.
- On les a peut-être recensés… Vous êtes ?
- Koumé. LaBarbara Koumé. J'étais dans une unité de débiles avec deux crétins qui passaient leur temps à plaisanter ensemble dans un moment pareil…

Justin acquiesça.

- Koumé…
- Pardon, mon mari s'appelle Duncan Kingsley ! Et j'ai un grand fils, Shawn, et une fille, Naomi, elle doit avoir quatre ans à peine…
- Ah, Kingsley… Nous avons vu un monsieur Kingsley.
- Ouuuuuuuf…
- Restez avec nous, vous serez en sécurité jusqu'au moment où vous le retrouverez !

Une onde de choc traversa la lande. Tout le monde se mit à couvert. Une fois le choc passé, Justin se releva.

- Bon sang…
- Qu'est-ce que c'était ?! s'étonna LaBarbara.

Justin plissa les yeux.

- Je pense… que la guerre est sur le point de se terminer…

***

Naomi s'éveilla, pas super motivée.

Après les préparations d'usage, elle se précipita à la table du petit déjeuner où l'attendaient ses frères et son père. L'enfant de quatre ans s'appelait Jordan.

- Eh bien ma chérie, tu as des réveils de plus en plus difficiles…
- Il faut croire, oui… soupira Naomi.
- Tu dormirais mieux si tu faisais du sport.

Naomi regarda son père, surprise.

- C'est genre… prouvé scientifiquement ?!
- Eh bien, oui, on dort mieux quand on se dépense !
- Papa, c'est complètement ridicule, tu réalises ?
- Non, absolument pas. Regarde ton frère !

Shawn regarda sa sœur en hochant la tête.

- Fais du sport, sœurette, ça va te réussir.
- J'ai des études à réussir, moi, le sport, franchement…
- En tout cas dans tes options pour ces trois ans, je compte sur toi pour faire du sport.
- … et si je ne veux pas en faire ?
- Tu en feras.

Naomi se retourna vers sa mère, toujours en peignoir et qui tenait le café.

- Comme si moi j'avais eu le choix entre accepter et refuser quand je suis partie à la guerre !
« Oh non, pas le couplet sur la guerre… » soupira intérieurement Naomi.
- Tu vas faire ce que ton père te dit. De toute façon, qu'est-ce que tu pourrais faire d'autre, à part du sport ?
« Des… choses intéressantes ?! »
- Je vais avoir une journée terrible à la crèche… La mère de Tessa a mal regardé Jordan hier, je dois demander à cette femme POURQUOI elle a fait ça, et lui CLAQUER le beignet si la réponse ne me satisfait pas !
- LaBarbara, ne t'emporte pas trop…
- C'est de MON FILS qu'on parle ! D'où cette femme vulgaire et grosse se permet de regarder mon fils de travers ?!

Naomi soupira. « Je n'ai pas été élevée par cette femme, ça n'est PAS possible…

***

Naomi se retrouva devant le grand panneau des options. Holly et Gina arrivèrent.

- Salut Naomi !
- Salut !
- Bonjour les filles…

Elles choisirent leurs trois options à l'essai.

- On prend gym, hein ? marmonna Holly.
- Ouais, ça c'est clair. Après… songea Gina.
- Danse contemporaine ça peut être sympa !
- Hm… Et la dernière…
- La course. On en reste au sport, c'est là où on gagnera le plus de points.
- Exactement ! Voilà…

Naomi soupira. « J'aimerais que ce soit aussi simple pour moi… Une simple question de points. »

- A tout à l'heure, Naomi !
- A toute !
- A plus, les filles…

Naomi hésita à prendre le stylo attaché au fil pour inscrire son nom sur des listes d'options.

« Alors… »

Elle s'inscrivit pour la littérature. « Ça, c'est clair et net. C'est ce qui m'intéresse le plus. »

Puis pour le journal de l'école. « Tant qu'à faire, autant aider Christina. »

Enfin elle hésita sur la troisième. « Gym, vraiment ? Bon, il y aura au moins Gina et Holly qui sont assez sympa… Mais pour le reste… »

- Naomi, yo !

Naomi se retourna vers Mike.

- Oh… hey…
- Tu vas prendre Course, hein ? Histoire qu'on se voie souvent !
- … je sais pas encore.
- Oh allez Naomi, c'est simple, tu prends trois options sportives, tu vois laquelle te plait le plus, et voilà !
- Le sport ça ne m'intéresse pas trop… marmonna la jeune fille.
- L'important c'est pas que ça t'intéresse ! On est à l'école, meuf ! T'es pas obligée de travailler pour ces options alors ne t'oblige pas ! Pourquoi se prendre la tête quand tout peut être re-lax ! Allez, à toute en cours, ma jolie !

Naomi regarda Mike partir en souriant poliment. « Vivement qu'on puisse porter plainte pour harcèlement à l'école… »

Elle choisit comme dernière option « Arts ».

« Et voilà. Naomi Kingsley désobéit à son propre destin ! »

Elle traversa le couloir. Ce faisant, elle croisa Fey.

- Salut Fey !
- Hey, Naomi. T'as vu James ?
- Nan. Mais il était pas avec Mike, j'ai croisé Mike seul.
- Oh… Je vais essayer de le trouver alors.
- Hm, ça m'a l'air d'être le bon moment !
- Merci !

Elle passa aussi devant les jumeaux, leur fit un signe mais ils lui répondirent à peine.

- On fera évoluer nos Pokémon en même temps, un point c'est tout !
- Puisque je te dis que c'est pas possible, techniquement parlant !

Finalement elle arriva auprès de Perrine. Qui la regarda bizarrement.

- T'as la tête d'un enfant qui n'a pas pris son bain. La même tête que mon petit frère fait quand il n'a pas pris son bain, du moins.
- Je suis si mignonne que ça ?
- Naomi Kingsley, qu'avez-vous fait ?
- J'ai pas indiqué d'option sportive, j'ai juste mis trois options qui n'ont rien à voir.
- Oh, toi, t'es bonne pour l'enfer !
- T'as vu ça ?! Où sont les garçons ?
- Eh bien…

Wallace perdait patience.

- DECIDE-TOI !
- Mais je suis en train de me décider !

Walter tentait de choisir quelque chose à boire au distributeur de boisson.

- Prends de l'eau minérale et on n'en parle plus !!!
- Mais j'adore le thé glacé… et le jus de fruits ! Donc j'hésite !
- Tu me les brises !! Pourquoi j'ai accepté de t'aider à prendre une boisson ?
- Parce que t'es gentil ?
- … Masochiste, plutôt !

Naomi acquiesça.

- Ils font presque un beau couple tous les deux !
- Naomi, ne mets pas d'images salaces dans ma tête, s'il te plait… souffla Perrine.
- Ah loin de moi l'idée ! ricana Naomi. Tes options…
- J'hésite encore… Par chance je suis naturellement dispensée de sport…
- J'ai a-do-ré quand le prof t'a encouragé quand tu faisais ton 100 mètres, c'était trop mignon !
- J'ai moins aimé les élèves derrière qui frappaient dans leurs mains en rythme…
- On peut pas tout avoir, ma Perrine.

Les deux filles se tournèrent vers les sportifs qui avaient une discussion agitée, visiblement à propos de l'émission de télé réalité de la veille. Elles s'en retournèrent cependant à leurs casiers. Non loin d'elles, Andréa et Santana discutaient, à demi observées par Clive.

- Moi, porter du noir ? J'ai pas ce genre d'habitudes…
- Pourtant je t'assure, Santana, cette petite veste en cuir noir était top.
- Depuis quand t'es aussi frivole ?
- Pas frivole, juste un peu fétichiste des vêtements sympas !! geignit Andréa en souriant.
- Je suppose que je ne peux pas te faire lapider pour ça… marmonna Santana.
- Eh non.
- Faudrait quand même qu'on aille faire du shopping ensemble, je sens que tu serais de bon conseil.
- Faudra s'organiser ça alors.
- Hm. J'te laisse, je dois défoncer la lime à ongles de Rebecca avant qu'elle ne réduise ses doigts à l'état de copeaux…

Santana s'éloigna avec sa nonchalance habituelle. Clive regarda Andréa.

- Sympa ta copine.
- Elle est rude mais c'est une fille bien.
- Elle ferait une proie intéressante…
- Je t'arrête tout de suite : Primo elle trouverait très vite ton trip gothique-vampire-Légolas totalement ridicule, deuxio elle ne s'intéresse pas aux garçons.

Clive considéra un instant les paroles de son amie et hocha la tête.

- Je vois.
- Clive, tu devrais changer de style et d'approche, si tu veux… des proies !
- Personne ne me changera, Andréa.
- Ah ça, non, j'ai plus de chances de déplacer un iceberg en tirant à la corde !

Wallace et Walter revinrent vers Naomi et Perrine. Walter avait choisi une bouteille d'eau.

- Tout ça pour ça ?! s'étonna Perrine.
- J'hésitais entre coca et orange…
- Du coup je lui ai pris de l'eau comme ça il arrêtait d'hésiter et je pouvais profiter de ma matinée ici… Non pas que j'aie des choses passionnantes à faire…
- Tu as choisi tes options ? demanda Naomi.

Wallace regarda Naomi, très intrigué.

- Christina, sors de ce corps !
- Je… suis bel et bien moi !
- J'ai pas été les noter. J'attends le dernier moment.
- Tu ne devrais pas prendre ça à la légère.
- Tu ne devrais pas prendre ça aussi sérieusement.

Perrine et Walter observèrent le débat.

- Je prends ça sérieusement parce que plus tard, sur mon diplôme après ces trois années, il y aura inscrit « Spécialité : Mon option ». Pas « Spécialité : Les bons conseils de Wallace ».

Wallace hocha la tête alors que Walter et Perrine souriaient.

- Donc moi tu ne me prends pas au sérieux.
- Je te prends autant au sérieux que n'importe quel camarade de classe.
- Quel pragmatisme… Y'a un être humain derrière tous ces principes ?!

Naomi grimaça, blessée. C'est ce moment que choisit Denis Truman pour passer dans le couloir.

- Hey, Perrine !
- Papa…
- Bonjour monsieur Truman ! salua Wallace.
- Oncle Denis… salua Walter.
- Monsieur… insista Naomi.
- Coucou les enfants. Perrine, je vous ai mis de côté la documentation sur l'histoire de l'association Pokémon.

Perrine plissa les yeux.

- Papa, et ton intégrité professionnelle ?!
- Je suis responsable de la médiathèque, pas agent de l'état, ma chérie. A plus tard !
- Oui…

Wallace regarda attentivement Denis partir.

- Ton père a des fesses divines.
- Les tiennes vont être inutilisables si tu continues à mater mon père… grommela Perrine.
- Néanmoins, tu as vu, Naomi ? Quelqu'un qui contrevient à ses principes ! Cela ne t'alarme pas ?

Naomi plissa les yeux.

- Tu essaies de me faire dire…
- Que tu es une fille extrêmement coincée.

Naomi sembla offusquée.

- Je ne suis pas coincée ! Perrine, dis-lui !
- Elle adore le cidre, elle lit beaucoup et elle adore regarder les matches de Pokéfoot !
- Tiens, moi aussi ! signala Walter. Quelle est ton équipe préférée ?!
- Les Noarfang's de Mauville… marmonna Naomi, toujours fâchée.
- Oh… C'est une équipe technique… je préfère celles centrées sur l'attaque.
- Supporter des Cizayox ?! demanda Naomi, curieuse.
- Entre autres… marmonna Walter.

Wallace grimaça.

- Oh-mon-Dieu, Walter ! Tu es sale !
- J'aime regarder ce sport, c'est tout… j'aimerais aussi le pratiquer mais bon…
- Pas d'apitoiement, c'est encore plus sale. Et toi Naomi… quelle vie affreuse !
- Wallace… geignit Perrine.
- Tu ne bois pas d'alcool ? Tu ne vas pas danser ? Tu ne sors pas ?
- On fait du shopping avec Perrine parfois !
- C'est pas ce que j'appelle « Sortir » !
- Je ne veux même pas savoir ce que tu appelles sortir ! asséna Naomi.
- Ce soir, tu viens avec moi dans un bar !

Naomi haussa les sourcils.

- Quoi ?!
- Allez. Prouve-moi que tu peux t'amuser !
- … Euh… Ok… Où et à quelle heure ?
- Ce soir, tu me rejoins devant l'école, ça prendra une petite demi-heure, juré !

Naomi acquiesça, l'air peu convaincue. La cloche retentit.

***

- MAMAN !!!
- MA CHERIE !!

Naomi, alors fillette, se mit à courir vers sa mère. La guerre était finie. Les blessés revenaient en nombre. Les soldats en état participaient à l'effort. Les médecins étaient de corvée.

Naomi dans ses bras, LaBarbara regarda Shawn, son grand fils. Devant eux passèrent deux brancardiers portant un blond blessé par balle.

- Vous allez tous bien !!
- C'était un peu la folie mais papa a su nous protéger !
- Chérie, tu vas bien !
- Duncan !!

LaBarbara serra son mari dans ses bras.

- Mon Dieu si nous pouvions ne jamais être séparés à nouveau !!
- Tout va bien maman, tout va bien maintenant ! assura Shawn.

Naomi semblait plus effrayée, plus craintive à l'idée qu'une nouvelle catastrophe comme celle-là n'éclate. Pour elle, tout n'allait pas bien.

***

- Mais je ne veux pas qu'elle aille voir un psy ! Duncan, mince !!
- Elle dort très mal, elle parle peu, elle a l'air absolument perdue. Bar, on n'a pas le choix.

LaBarbara soupira.

- Mais comment ça a pu lui arriver ?!
- Shawn est un garçon solide. Naomi a moins supporté la pression, elle a à peine cinq ans…
- Tu es certain que personne n'a approché d'elle ? Si quelqu'un a abusé de ma fille…
- Mais non ! Effectivement les nuits étaient difficiles mais je montais la garde !

Shawn écoutait la conversation des adultes. Ayant quelques années de plus que sa sœur, il comprenait beaucoup de choses. Notamment le fait que sa sœur avait forcément mal vécu les choses. C'était un peu une guerre, quand même.

***

- LaBarbara ! Bar ! Viens voir !

La femme arriva et vit Shawn qui parlait avec sa sœur dans le jardin, accompagné d'un Pokémon.

- Si tu veux, elle est à toi. Regarde, elle est toute douce et toute gentille !

La Kungfouine prit les mains de Naomi qui la regarda, enchantée.

- Tu vois ? T'as plus à avoir peur maintenant, t'as un Pokémon avec toi. Hein ? Tu comprends ? Elle va te protéger.

Naomi hocha la tête et décida de gambader dans le jardin aux côtés de la petite fouine rouge et jaune crème. Duncan et LaBarbara vinrent aux côtés de Shawn.

- Eh bien bravo Shawn…
- Je voulais pas l'entrainer alors j'ai trouvé que ça… marmonna le gamin.

Naomi semblait dès lors largement plus heureuse.

***

Helen Clover et son fidèle Miradar continuaient leur cours devant les élèves plus ou moins intéressés.

- En tant que prof principale, je me dois de vous signaler que dès la semaine prochaine, vous aurez droit, à la place de vos cours habituels, à des plages horaires pour vos recherches sur vos mémoires ainsi qu'aux essais pour vos options. Les emplois du temps seront disponibles à la fin de la semaine et sur le site de l'école. Bien, on continue donc le programme…

***

- Vous avez choisi vos options ?

Wallace, Perrine et Walter regardèrent Naomi alors qu'Helen leur posait cette question après le cours.

- Pourquoi vous me regardez ? s'étonna Naomi.
- Tu aimes bien en parler, nan ? marmonna Wallace.
- Je sais m'amuser, Wallace ! J'ai choisi les miennes.
- Perrine ?
- Aussi, oui… en même temps je connais déjà mon choix définitif.
- Walter ?
- J'ai choisi mes essais, j'attends que Wallace choisisse les siennes, le tableau d'affichage est trop haut pour moi…

Helen acquiesça.

- Et toi Wallace ?
- Pas encore. Madame, est-ce que vous aimez sortir ?!

Naomi, Perrine et Walter regardèrent leur camarade, stupéfaits.

- Moi ? Euh… De temps en temps, oui mais… ça ne vous regarde pas…
- Tu vois, Naomi ! Même la prof s'amuse !
- Wallace…
- Excusez-moi madame, mais je voulais le point de vue de quelqu'un qui a réussi. Tu vois, Naomi, les options, c'est pas un drame !
- C'est extrêmement important, Wallace, cela détermine votre spécialité pour plus tard…

Naomi regarda Wallace, victorieuse. Le jeune homme leva les yeux au ciel.

- Bon, bon. Vous venez avec moi et Naomi ce soir, on va se faire un bar !
- Wallace, je suis votre professeur, pas votre amie, quand même ! Oh, au fait, le directeur de la médiathèque est venu me voir pour me dire qu'il vous avait mis de la documentation de côté…

Perrine acquiesça.

- A ce propos, madame, vaut mieux pas lui parler du vrai sujet du devoir.
- C'est ton père, n'est-ce pas ?
- Oui et… je préfère qu'il reste dans l'ignorance du vrai sujet du devoir.
- Très bien. Je ne… comptais pas spécialement lui en parler de toute façon…
- Merci.
- Et pour le bar alors ? reprit Wallace.

Helen eut un petit rire et regarda Wallace.

- C'est non, Wallace. Je suis votre professeur, encore une fois, pas votre amie.
- Bon bah au moins j'aurais proposé…
- C'est très gentil de votre part.
- Vous êtes pas obligée de me vouvoyer, vous savez…

Helen regarda Wallace alors que Perrine, Walter et Naomi observaient leur camarade.

- Allez déjeuner, c'est ce que je vais faire de ce pas.

***

- Comment tu fais ?
- Comment je fais quoi ?

Naomi regarda Wallace, étonnée et incrédule.

- Pour faire preuve d'autant d'aplomb ! Tu te permets de reluquer le père de Perrine, tu parles familièrement à la prof…

Wallace haussa les épaules.

- C'est ma nature, je suis comme ça, je suis un animal social. J'ai passé trop de temps replié sur moi-même, comme tous les timides de nature j'ai un grand côté exubérant. Un côté que tu as toi aussi, je suppose.

Naomi soupira.

- Je ne suis pas timide, je suis sage et polie.
- Ennuyeuse.
- Sage et Polie, je respecte les règles et j'ai un régime de vie strict. Je suis quelqu'un de sain, ce qui n'est pas ton cas.
- C'est encore ta ferveur religieuse qui parle ?
- Ma famille est athée, Wallace ! soupira Naomi.
- Je veux juste que tu réalises qu'il y a autre chose dans la vie que l'école !
- Je sais ça, mais je m'y intéresserais quand j'aurais fini l'école. Je suis une fille concentrée.
- Tu te prives des bonnes choses de la vie !

Naomi acquiesça et soupira.

- Très bien, monsieur « Viva la Vida ». A quel âge as-tu perdu ta virginité ?
- C'était l'an dernier dans les toilettes de mon académie élémentaire avec un garçon qui était tenté également. On a fait ça assez vite mais c'était pas mal.

Naomi acquiesça alors que Walter et Perrine étaient abasourdis par cet échange franc du collier.

- Très bien. Maintenant que tu as vécu ça, je suppose que tu vois le sexe comme une simple formalité.

Wallace acquiesça.

- Comme un jeu, plutôt. Je fais des rencontres, je couche et après bye-bye.
- Et après je trouve le Miasmax de mon père dégoûtant…
- M'en parle pas, le mien avec son Grotadmorv… souffla Perrine.
- Bien. Moi, je suis vierge.
- Oh-mon-DIEU !!! s'offusqua Wallace.
- NAOMI ! geignit outrageusement Perrine.
- Trop de détails, oh lala… geignit Walter.
- Donc j'ai encore plein de belles choses à vivre et à découvrir. Toi, tu as seize ans et tu vis déjà le sexe comme une routine. Tu vas donc très vite t'ennuyer. Moi j'aurais toute la vie pour vivre pleinement des choses que tu as vécues sans les savourer. Mon style de vie diffère du tien mais j'ai vécu jusqu'à maintenant de façon très satisfaisante, alors que toi, tu as foncé droit dans un mur dont tu vas avoir du mal à te dés-encastrer pour découvrir de nouveaux horizons.

Wallace regarda Naomi et hocha la tête, semblant encaisser ce qu'elle disait.

- Tu… n'as pas tort.
- Merci de le reconnaître.

Le groupe mangea dans le calme ce qui étonna Perrine.

- Attendez, plus rien après ça ?!

Wallace haussa les épaules.

- Elle a eu raison… C'est rare que je l'admette mais elle a marqué un point… Du moins son argument est juste. Après c'est moi et ma vie que ça regarde.
- Je ne l'ai pas contesté, et il en va de même pour moi ! ajouta Naomi.
- Certes.

Walter s'étonna et regarda Perrine.

- C'est moi ou Naomi vient de calmer Wallace ?!
- Baaaaah… écoute, oui !

Le groupe termina tranquillement son repas.

Rebecca attrapa une branche de céleri.

- Moi, si je devais sortir avec un garçon, ce serait Robbie. Il est archi mignon, j'adore les blonds en plus !

Violette haussa les épaules.

- Moi je ne sais pas trop… Francis est casé, nan ?
- On ne sait pas ! assura Rebecca. Quinn et lui ne se tiennent jamais la main, ils mangent rarement ensemble, c'est très suspect !
- Alors, euh… Tristan ?
- Oh je t'en prie, Violette, c'est un repoussant petit fana des ordinateurs ! Si Wallace n'était pas aussi con, je serais bien sortie avec lui, mais visiblement monsieur préfère les grosses…

Amélia soupira.

- Je ne trouverais jamais de mari moi non plus, je suis tellement grosse…
- Et toi, Amélia, quel garçon de la classe te tente ? demanda Violette.
- … Les jumeaux, comme ça, ça m'en ferait deux pour le prix d'un !

Holly, Gina, Violette et Rebecca regardèrent leur camarade qui haussa les épaules. Rebecca tira la langue.

- Je déteste les taches de rousseur, c'est tellement laid !! Les filles ?!

Holly haussa les épaules.

- Je sais pas… Steven s'il est célibataire !
- Steven ? Ah oui je n'y pensais plus… Personnellement les sportifs ne me tentent pas, mais bon si c'est ton truc… marmonna Rebecca.

Violette acquiesça à sa suite. Gina semblait songeuse.

***

Le Pokémon Académique de Naomi fut un Cadoizo, ce dont elle se satisfit parfaitement, le Pokémon étant très réceptif à l'élevage, à l'inverse de Kungfouine qui était un pur Pokémon de combat. Sur le moment, les autres élèves la regardaient avec interrogation, se demandant comment elle pouvait rester avec un Pokémon pareil. Naomi avait vu des élèves changer leur Pokémon mais elle, ça ne la tentait pas du tout. Trop de paperasse pour rien.

Naomi traitait son Cadoizo comme un compagnon de jeu et un ami proche, ce qui eut un effet remarquable sur le Pokémon. Elle n'était pourtant pas spécialement intéressée par l'élevage, mais elle se comportait avec lui comme s'il était son enfant, et cette méthode fit ses preuves un jour, en troisième année du cursus académique.

- Et maintenant…

Le professeur de combat direct était un dingue. Nourri par une idéologie naissante, venue tout droit d'un illuminé qui avait pris le contrôle de la région il y a peu, cet homme menait des cours absolument mauvais qui allaient obliger très tôt Naomi à penser par elle-même et à recouper ce que lui disait l'école.

Quand elle voyait les autres élèves aduler ce professeur, elle en était presque malade. Du haut de ses douze ans, Naomi savait déjà se méfier de ce que disaient les grands.

- Nous allons vérifier par l'exemple que certains Pokémon sont naturellement meilleurs que d'autres. J'appelle Tom Baker !

Un jeune homme brun, très beau, très populaire, descendit de l'amphithéâtre bondé et se rendit sur scène.

- Tom possède un Pokémon académique excellent. Sors ton Pokémon, Tom.

Vu d'ici, on aurait presque pu penser que le professeur et son jeune élève avaient une espèce de relation inappropriée. Non, c'étaient simplement les effets du grand favoritisme du début de la réforme : Mettre en avant les meilleurs éléments pour pousser les moins bons à se hisser à leur niveau.

Cela ne réussissait qu'à créer des tensions au sein des classes et des ambiances délétères entre les élèves.

Tom sortit son Pokémon. Un Charkos. Son Pokémon académique avait été un Kranidos. Depuis qu'il l'avait eu, il était considéré comme un des élèves les plus brillants de la promotion. Ce malgré ses notes exécrables en théorie.

- Charkos est un excellent Pokémon. Son aptitude spéciale est Brise Moule. Sa statistique d'attaque dépasse celle de tous vos Pokémon. A l'inverse, d'autres élèves parmi vous ont des Pokémon qu'on peut qualifier… d'inférieurs. Naomi Kingsley, si tu veux bien…

Naomi s'étonna franchement, ce jour-là. Désignée devant tout le monde comme détentrice d'un Pokémon « inférieur », elle ignorait comment réagir.

Elle regarda Perrine qui haussa les épaules. Elles étaient amies depuis l'an passé. Naomi savait que quand Perrine haussait les épaules, ça voulait dire « Peu importe. Vas-y, au pire, qu'est-ce qui peut t'arriver ? »

Naomi se leva donc, observée par les autres élèves comme une personne « inférieure ».

Si Naomi n'était pas noire en prime, la situation aurait presque pu être comique.

Elle monta sur la scène aux côtés du professeur et de Tom.

- Si tu pouvais sortir ton Cadoizo…

Naomi, bonne fille obéissante, s'exécuta.

- Naomi possède un Cadoizo. Ce Pokémon a des statistiques ridicules. Il n'évolue pas. Il est de type Glace et Vol. C'est un très mauvais Pokémon.

Naomi plissa les yeux, très visiblement offensée qu'on injurie ainsi son Pokémon.

- Nous allons maintenant les faire combattre et constater le résultat évident. Prêts ?
- Ouais, grave ! sourit Tom.
- Hm, se contenta Naomi.
- Vous pouvez commencer.
- Charkos, attaque FRACASSE TETE !!!

Charkos fonça tête baissée vers Cadoizo. L'attaque était fulgurante mais assez lente pour que Naomi voie clairement comment s'en sortir.

- Santa, Bluff !

Cadoizo frappa violemment dans ses mains, ce qui stoppa de facto l'attaque de Charkos. Le professeur s'étonna de l'usage de ce mouvement. « Bluff » n'était en effet qu'un mouvement qui avait une puissance de quarante points et qui était donc indigente.

- Toxik !

Cadoizo empoisonna crûment son adversaire. Tom haussa les sourcils, surpris. Le reste de la classe, pour qui ce combat s'annonçait banal et sans intérêt, releva la tête, soudainement intéressé.

- Euh… Naomi, voyons…
- Tête de Fer !

Le crâne de Charkos s'illumina et le Pokémon reprit sa charge inachevée.

- Abri, Santa.

Le Cadoizo se drapa derrière un mur de protection. Charkos était donc contré, et le Pokémon releva la tête, toujours touché par le poison. Tom serra les dents, frustré.

- Eh mais c'est quoi ton problème ?! grommela le jeune homme.
- Je n'ai aucun problème, répondit sèchement Naomi. Cadoizo, comme à l'entrainement !

Le Pokémon s'empara de sa queue épaisse et touffue qui lui servait occasionnellement de sac. Il l'agita brusquement comme s'il rechargeait un fusil. Le professeur ne comprenait plus rien, et ce qui s'annonçait comme un cours de propagande classique tournait au scandale.

- Canon Graine !!!

Le professeur fit de gros yeux. Naomi avait appris cette attaque auprès de son frère Shawn qui lui avait appris les bases des mécaniques d'apprentissage à l'ancienne.

Le coup partit et toucha Charkos en pleine tête. Affront suprême, le dinosaure s'effondra sur le dos, neutralisé doublement par l'attaque Plante et le Poison.

Naomi hocha la tête, satisfaite. Elle regarda le prof.

- Inférieur, hein ?
- … C… Dans des conditions normales, Charkos…
- Dans des conditions normales, j'aurais sorti un Pokémon combat.
- V… Vous n'auriez pas dû gagner !
- Oui et vous n'auriez pas dû faire un cours aussi stupide.

Naomi repartit vers sa place, fière d'elle, sous les applaudissements des élèves qui avaient tout entendu. Perrine elle-même applaudit. Naomi fut cependant un peu gênée quand la classe se leva pour mieux applaudir et quand le prof, ulcéré, partit chez le proviseur.

***

- Je ne SUPPORTERAIS plus cette insolence pendant mon cours. Naomi Kingsley a été trop loin.

Le proviseur de l'académie regarda Naomi.

- Ce que Monsieur Craig vient de dire est vrai, jeune fille ?

Naomi acquiesça.

- Oui. Sauf qu'il a dit que mon Pokémon était inférieur.
- Elle a dit que mon cours était stupide ! rétorqua le professeur.
- Monsieur Craig, pas d'enfantillages ! tempéra le proviseur.
- Je voulais simplement faire un exemple ! Naomi n'a rien compris à l'exercice !
- « Faire un exemple » ?! s'étonna le proviseur.
- Oui, vous savez bien, enfin, le programme qu'on doit suivre à la lettre…

Les parents de Naomi arrivèrent.

- Oh mon Dieu ! NAOMI ! s'offusqua LaBarbara de voir sa fille dans une telle situation.
- Monsieur le proviseur, qu'est-ce qui s'est passé ?! s'étonna Duncan.

Le proviseur regarda Naomi et le professeur.

- Il… semble que…
- Votre fille a été insolente !
- Le professeur a dit que mon Cadoizo était un Pokémon inférieur.

LaBarbara et Duncan regardèrent le professeur qui n'en menait pas large.

- Devant toute la classe… énonça Naomi.

Le proviseur serra les dents.

***

- C'est scandaleux ! A la prochaine convocation de cet acabit, je la change d'école !! grogna LaBarbara.
- Je ne comprends même pas qu'on nous ait convoqués, notre fille n'a rien fait de mal !
- Mais non ! Tu as entendu le proviseur, le professeur a juste « suivi le programme de façon trop littérale » ! Il a cautionné le fait qu'il ait traité notre fille d'inférieure !!
- Le Pokémon de notre fille !
- C'est PAREIL, Duncan !! Ce petit merdeux a ostracisé notre fille !!

Naomi était contente, elle avait fait valoir son point de vue, ce qui était – et restera – sa plus grande satisfaction dans la vie.

***

- Perrine !

Elle se retourna vers Wallace qui la rejoignit rapidement pour lui parler en privé.

- Moui ?
- J'ai deux-trois trucs à te demander.
- A propos de…
- Roland Smirnoff.
- Urh. Vas-y.
- Premièrement… Ton père a parlé du fait qu'il ait quitté sa femme.
- Je n'ai aucun détail là-dessus, je n'étais pas là.
- D'accord. Ensuite : Qui est Rachel ?
- L'ex-femme de Roland Smirnoff. Enfin, on n'est pas sûrs, elle a disparu de la circulation, mes parents ou même les parents de Walter n'ont aucune nouvelle.
- D'accord… La dernière fois que tu as vu Roland Smirnoff en vrai ?

Perrine réfléchit.

- Il était venu à la maison… pour… voir mes parents et faire signer un papier à son frère. Je m'en rappelle parce qu'à l'époque je peignais un tableau qui est au-dessus du lit de mes parents à présent.
- Alors il s'est passé quelque chose à ce moment-là…
- Après. Un peu plus tard dans la même journée. Le soir même, j'étais emmenée chez ma tante Judith.

Wallace hocha la tête.

- Tu pourras me retracer une chronologie précise ?
- Chronologie, oui, précise, non. Je date mes tableaux mais seulement quand je les finis, et j'ai fini « Les Mains Jointes » au moins deux-trois mois après mon retour de chez Tante Judith.

Wallace acquiesça.

- … et Rachel, quand l'as-tu revue la dernière fois ?

Perrine réfléchit.

- Alors là… Je me rappelle qu'on est allés la voir avec David qui était très inquiet…
- J'essaie de reconstituer le puzzle… Roland a quitté Rachel et peu après il est devenu président de l'association…
- Un peu après, oui, quelques mois après.
- Pourquoi avoir attendu, il ne pouvait pas le faire avec elle ?!
- Ne me demande pas de détails sur leur vie de couple…
- C'est vrai, pardon… Walter…
- Aura encore moins de détails que moi, il l'a très peu vu, encore moins que moi.
- Ok. Et Naomi est…
- Au parfum, tu peux lui en parler sans souci même si elle n'a jamais vu Roland Smirnoff en personne. Mais je lui en ai parlé.

Wallace hocha la tête.

- On va rassembler ces détails pour préparer la recherche informatique. Je pense qu'on peut aisément sympathiser avec les geeks… malgré leur conversation irritante.

A propos des geeks…

- Tu peux dire ce que tu veux, Pluton tourne autour du soleil, c'est une planète !
- Benjamin, bon sang, les scientifiques ont décidé que non, qu'elle était trop loin ! A ce niveau-là, on accepte tout ce qui tourne autour du soleil comme une planète, même les astéroïdes…

Robbie, qui trainait avec la petite bande depuis le début de l'année – enfin surtout avec Tino et Tristan – était très interloqué.

- Y'a un moment où ils font autre chose que débattre sur des sujets ?!
- De temps en temps, Benjamin s'entraine à compléter un Rubik's Cube les yeux fermés et Orson est passionné par les trains électriques… énonça Tino.
- Wow… Ça fait plaisir à entendre, l'espace d'un instant j'ai pensé qu'ils étaient deux magnétophones destinés à se répondre en permanence !
- Une… telle chose est impossible, Robbie ! signala très sérieusement Tino.
- Je sais !
- J'vais aux toilettes… marmonna Tristan.

Le jeune homme se dirigea vers la pièce en question. Robbie acquiesça.

- Moi aussi tiens.
- Bah on vous attend… Benjamin ! Orson !!
- Quoi ?
- Hein ?!
- Arrêtez-vous, Tristan et Robbie sont aux toilettes !!
- Oh.
- Ah.
- … parfois votre manque d'attention me sidère ! soupira Tino.

Robbie arriva après Tristan qui était aux pissotières aux côtés d'un grand type, probablement un troisième année. Il se dirigea quant à lui dans une cabine.

En plein dans son office, il entendit soudainement à l'extérieur :

- Qu'est-ce que tu regardes ?!
- R… Rien !
- Bah alors tourne la tête !

Robbie haussa les sourcils.

- T'as des soucis, mon pauvre, faut te faire soigner… grommela l'autre voix.

Robbie entendit des pas qui sortaient des toilettes. Il se rajusta et sortit pour voir Tristan devant les lavabos, se lavant nerveusement les mains. Il vint le rejoindre dans le même objectif.

- Tout va bien ?! demanda le blond.
- Oui… Oui, oui, juste… Je regardais dans le vide, j'avais pas fait attention à la direction dans laquelle je regardais…
- Ah… Fais gaffe, vieux, ça peut mal finir ce genre d'embrouilles !
- J'ai vu ça, oui… sourit faussement Tristan.

***

Le cours de combat direct de l'après-midi était un entrainement.

- Ok bande de moules. Nous voilà sur le terrain d'entrainement… Vous allez vous mettre deux par deux…

Des groupes commençaient à peine à se former que la prof mit le hola.

- … groupes que j'ai déjà constitués moi-même…
- Ooooooooooh…
- C'est la vie, les mioches. Quand je vous aurais mis en 14 groupes de deux, vous vous placerez sur les terrains et vous procéderez à des affrontements, en alternant offensive et défensive. Je surveille et évidemment je note. Alors donc…

C'est ainsi que Wallace se retrouva à s'entrainer avec Rebecca.

- ARRETE DE M'ESQUIVER !!!
- On est censés ALTERNER, gourdasse !
- Patricia, attaque Tranch'Air !!!

Le Colombeau de Rebecca agita les ailes pour tenter de vaincre le Manternel de Wallace qui esquivait avec grâce.

- Gribble, vous êtes censé contrer avec une attaque. Gates, recommencez !
- Ha !
- Pschh…
- Tranch'Air à nouveau, Patricia !
- String, attaque Sécrétion !

Le Manternel frappa les attaques de Colombeau qui brisèrent son fil. Quelques Tranch'Air atteignirent Manternel qui fut gravement repoussé et touché.

- String !!! Et merde…
- Hm ! Ça, c'est pour l'autre jour !
- Félicitations, pouffiasse, tu t'es vengée en beauté ! brailla Wallace en imitant Rebecca.
- Ne te MOQUE PAS de moi !
- Je suis OBLIGE de me moquer de toi, tu utilises des attaques spéciales avec un Colombeau !
- … Patricia, attaque…
- C'est à MOI d'attaquer. String, Tranche !!

Manternel fonça en agitant ses lames.

- Pfff ! Patricia, Tranch'Air !!

Le Colombeau frappa Manternel ad patres. Wallace grommela de frustration.

- Est-ce que tu connais seulement le sens du mot « ENTRAINEMENT » ?!
- Je me suis entrainée, voyons, je t'ai laminé, ça augmente l'expérience de ma merveilleuse Patricia !
- C'est juste un gros pigeon… grommela le jeune homme.

Santana était en duo avec Christina.

- Ohlala… Comment je peux attaquer ?!
- … en… criant le nom d'une attaque ? suggéra l'asiatique.

Le Fermite de Santana faisait face au Papilusion de Christina… qui n'en menait pas large.

- Oui mais… mais… face à un Pokémon acier… oh comme c'est dur !
- Tu as plusieurs moyens de m'attaquer quoi qu'il en soit, cesse de faire le bébé…
- J… Ne sois pas aussi dure, enfin !
- Moi ? Non, jamais. Bon, j'attaque puisque tu mets du temps…
- NON NON NON NON ! Pitié !!!
- … tu viens de demander pitié, là ?!!
- J… Oh mon Dieu je ne sais pas quoi faire !
- Moi si. Oxyde, Tête de Fer !

Fermite sauta comme une puce et frappa Papilusion d'un lourd coup de boule augmenté.

- PAPILUSION !!!! Mmmmm…
- … oh mon dieu…

Walter était en compagnie d'Andréa.

- On a eu la même idée ! s'étonna la jeune femme.
- C'est pas plus mal, ça va être productif. Feu Follet !

Le Tutafeh de Walter balança ses flammes.

- Polichombr, Ombre Portée !

Polichombr se déplaça rapidement, précédé par des silhouettes bleues de chine derrière lui. Ce faisant, il esquiva les Feux Follets.

- Bon, ça, tu maîtrises.
- Je suis loin d'être aussi bonne sur les attaques statistiques…
- Essaie pour voir ?
- Dépit !

Polichombr tourna autour de Tutafeh.

- …
- … ça va… diminuer le nombre de fois que tu vas faire Feu Follet !... nan ?
- Si, mais bon, tu pourrais… faire d'autres choses ! Moins… inutiles !
- Walter, je te croyais moins méchant !
- … « je suis pas méchant, je suis constructif ! »

Steven avait été placé avec un des jumeaux, Lilian.

- M'attaque pas. Tranche !

Sablaireau frappa Tritonde qui fut vivement sonné.

- Tritonde, at…
- M'attaque pas, j'te dis, sale morveux !

Lilian haussa les sourcils.

- Roulade !

Sablaireau fonça sur Tritonde et le percuta à plusieurs reprises.

- On est censés s'entrai…
- Rien à foutre. Combo Griffe !

Sablaireau frappa à répétition son adversaire, inactif.

- Mais enfin… Madame !!
- Tu vas la fermer ta gueule ? Tu veux déjeuner tranquille ? Si tu fermes pas ta gueule, t'auras toute l'équipe de foot pour te faire chier à midi, ok ? Alors tu fermes ta gueule !
- ……………..

Perrine avait été groupée avec Francis…

- EN AVAAAAAAAAANT !!!

… qui était franchement taré. Son Kadabra avait utilisé sa cuiller comme un sabre et il se lançait dans une Coupe Psycho ravageuse…

- Euh… Sandro…

Le Cacturne de Perrine la regarda, attendant un ordre. Perrine agita une main indifférente.

- Laisse-le frapper, va…

Violette faisait face à Ana.

- Avaltout, Bombe Beurk !

Le Mysdibule de Violette absorba l'attaque.

- Harvey, attaque Croc Fatal !!

Mysdibule sauta en arrière et mordit Avaltout d'un coup sec. Le Pokémon Poison recula, touché.

- Je ne peux pas l'arrêter… marmonna la jeune fille avec son fort accent russe.
- Tu pourrais peut-être…
- Je n'ai pas les bonnes attaques… Plaquage !

Avaltout chargea son adversaire. Violette hocha la tête.

- Non, en effet. Harvey, Coup Bas.

Mysdibule se retourna, partit dans un mouvement de danse étrange et frappa Avaltout au ventre, le stoppant dans sa charge.

- … Je suis inférieure…
- Nettement mais ça peut se travailler.
- Oh oui je l'espère…

Et Naomi se retrouvait avec Mike.

- T'es beaucoup trop mignonne, je peux pas frapper tes Pokémon !

Naomi regarda Kungfouine qui semblait attendre.

- Tu peux, Kimona est prête !
- Ok, mais tu m'en voudras pas alors ?
« Il est relou… »
- Mais non je t'en voudrais pas… « C'est pas comme si je tenais spécialement à toi… »
- Drakkarmin…

Le dragon se redressa.

- Dis, tu trouves pas que mon Drakkarmin est trop beau ?
- Oui ça peut aller… « quelle affreuse créature… »
- Héhé ! Attaque Draco Rage !

Drakkarmin cracha une boule de feu rouge. Naomi soupira.

- Oulala. Kimona, Aura Sphère !

L'attaque contra à merveille la Draco Rage qui explosa au milieu du terrain.

- Woooow ! Bien dosé !
- Oui, j'aime ne pas gaspiller d'énergie pour mes attaques.
- C'est dément, t'es douée !
- Merci. « T'es d'une subtilité, ça fait peur… »
- A toi de m'attaquer !
- D'accord… Kimona, Météores !

Dans un grand mouvement de bras, Kungfouine envoya des étoiles dorées vers Drakkarmin qui les para de ses deux bras.

« Résistant… »
- Tu peux y aller à fond, moi et Drakkarmin on est imbattables.
- On va voir ça…
- Ouais ! Dracogriffe !

Drakkarmin fonça vers Kungfouine, le bras armé d'une puissance divine.

- Acrobatie !

La Kungfouine de Naomi sauta habilement par-dessus son adversaire. Mike observa le Pokémon, admiratif.

- Cool !
- N'est-ce pas.

Kungfouine retomba derrière Drakkarmin en position de grue.

- Allez, Naomi, lance-moi ta meilleure attaque !
- Tu es sûr ?!
- Ouais ! Juste pour voir si je la contre !
- T'es pas sérieux !
- Allez, essaie !
- Bon… Kimona, Aura Sphère !

Kungfouine leva sa patte et créa une sphère d'énergie bleue. D'un coup ressemblant à une Forte Paume, elle projeta la boule d'énergie vers Drakkarmin.

- Dracogriffe, à bout de bras !

Drakkarmin tendit les bras et contra sans souci la puissante attaque de Kungfouine.

- Ah mince !
- Héhéhé, j'te l'avais dit !
- La vache… Je m'attendais pas à ça !
- On continue ?
- … Ouais, attends, c'est ton tour ! signifia Naomi.

Et Amélia était assortie à Robbie…

- … Tu comptes…
- Attends, attends… Oh mon Dieu, je crois que mon Balignon est plus maigre que moi…

Robbie regarda son Marcacrin qui le regarda également, perplexe.

- Euh… Amélia, le but de l'exercice, c'est…
- Je suis occupée, là… Oh lala, c'est mes fesses, mes fesses sont plus grosses que mon Balignon…

Marcacrin regarda son maître, quelque peu surpris également.

***

- Je t'attends ce soir, Naomi ! Devant l'école à dix-neuf heures trente !
- D'accord, d'accord…
- Voilà la voiture de mon père… à demain les filles ! souffla Walter.
- Ouais !
- Salut, Walt !

Naomi et Perrine rentrèrent toutes les deux.

- Tu vas vraiment y aller ?!

Naomi regarda Perrine avec son même regard que ce matin. Perrine grimaça.

- Tu es méchante ! Pourquoi tu lui as dit que tu étais d'accord ?
- Wallace est sympa, mais je veux juste lui montrer que je ne suis pas à ses ordres.

Perrine acquiesça fermement.

- L'éternelle insoumise !
- Voilà. En fait il me ramène à celle que j'étais étant enfant. En grandissant, je me suis un peu trop assouplie face à l'autorité et lui… Je ne sais pas, il me donne des envies de me soulever à nouveau. Ce devoir, je suis à fond dessus, sérieusement, je veux aller au fond des choses autant que vous trois. Mais je veux aussi faire comprendre à Wallace que je suis indépendante, que j'ai ma façon de penser et qu'elle ne se pliera pas à la sienne.

Perrine secoua la tête.

- Tu es trop bavarde pour moi…
- Je sais. Mais en effet, je vais bien lui poser un lapin.
- Tu es méchante…
- Oui, mais j'assume !
- Toi qui d'habitude est si ouverte aux autres…

Naomi haussa les épaules.

- Bah justement, là, j'ai été surprise.
- Ah ?
- Oui. Surprise qu'il fasse le premier pas.

Perrine haussa un sourcil. Naomi hocha la tête.

- Bah oui, ces chicaneries sur les options, c'est juste un sujet de conversation qu'il a trouvé pour qu'on fasse connaissance. Tu n'as pas remarqué ça ?!

Perrine secoua la tête.

- Je suis pas aussi analyste que toi…
- Bref, quelque part j'ai trouvé ça mignon qu'il veuille à ce point se lier avec moi, ça m'a touchée quelque part.
- Bon. Tant mieux, je n'aurais pas à ramasser vos cadavres respectifs !

Naomi ricana.

- Oh, tu sais qui j'ai trouvé presque mignon, aujourd'hui ? Mike ! s'étonna presque Naomi.
- … Hein ?!
- Oui, bon, au début, je le trouvais relou, mais on s'est entrainés au cours tout à l'heure, et c'était vraiment sympa !
- Ah… Tu me surprendras toujours, Naomi…
- Tu dis toujours ça ! Bref, en fait on a un peu les mêmes attentes en combat…

***

Le soir venu, Wallace se retrouva au point de rendez-vous, la clope au bec. Il regarda sa montre, elle n'était visiblement pas à l'heure.

« J'm'en doutais… Trouillarde ! Bon, bah je vais en profiter pour tester ce nouveau bar tout seul… au moins je vais pouvoir draguer tranquille... »

Wallace partit. Au bout de la rue, quelqu'un dans une voiture l'observait. La personne se frappa le front avec le plat de la main.

- Bon sang de bois, ma pauvre Helen, qu'est-ce qui te prend, tout à coup ! N'importe quoi…

Helen Clover repartit promptement, sans que Wallace n'ait pu l'apercevoir.

***

Le lendemain matin, les élèves vaquaient tranquillement à leurs occupations.

Le professeur de sport et la coach de gymnastique passaient devant le panneau des options.

- Je l'ai ici… Naomi Kingsley, voilà !
- C'est elle ? Elle est vraiment bonne ?!
- Elle a beaucoup de potentiel en tout cas.
- Elle a une option en littérature… journalisme… et Arts ?! Pour les deux premières c'est cohérent mais pas la troisième…

Le prof de sport acquiesça et raya son nom des options Arts. La coach de gymnastique ajouta le nom dans la catégorie « Gymnastique ».

- Voilà qui est mieux, annonça la femme.