002 - Et la parole était avec Wallace Gribble
« Si la chaussure ne nous va pas, devons-nous couper le pied ? »
(Gloria Steinem)
« Réécrire l'histoire, à nos étendards
De quel côté l'épée va frapper
Pour un peu d'amour, au son des tambours
Dans un monde réévolué»
(Etienne Daho, Réévolution)
- Wallace !!
Le gamin s'arrêta à quelques mètres du vase qu'il voulait observer, couvert de peintures anciennes représentant Florizarre, Méganium, Jungko, Torterra et Majaspic.
Sa grand-mère, la mère de son père, était une femme stricte. Wallace, presque neuf ans, se retourna vers sa grand-mère.
- Pardon mamie, je voulais regarder les jolis Pokémon !
- Tu peux regarder sans toucher, non ? C'est quoi le souci avec ce gosse, Carl ?!
Le père de Wallace haussa les épaules. Il avait toujours eu une grande timidité vis-à-vis de sa mère, une femme austère et autoritaire. Qui expliquait beaucoup de choses quant à son caractère de père.
- C'est un gosse, qu'est-ce que tu veux...
- Il est tout maigrichon, il n'a aucune force de caractère !
- Maman, dis pas ça devant lui, ok ?
- Il a neuf ans, il comprend rien à rien !
Wallace, sur le canapé du salon, ne comprenait en effet pas grand-chose. Il aurait aimé être insouciant comme sa grande-sœur qui coiffait ses poupées en silence. C'était une période bizarre pour elle aussi.
Sa mère arriva.
- A part ça, Béatrice, vous acceptez de garder Wallace un moment, le temps que nous... nous occupions de Lindsay ?
Wallace regarda sa sœur qui ne relevait pas la tête, comme si elle n'avait rien entendu. « C'est comme si elle était sourde depuis quelques temps... J'espère qu'ils pourront la soigner ! »
- J'ai le choix ?
- Ce... Enfin, ce serait gentil !
La mère de Wallace, tout aussi réservée face à cette femme.
- Evidemment, Margaret. J'accepte. Je serais un monstre pour refuser. Et ça n'est pas comme si le gamin était spécialement chiant, grommela la grand-mère.
- ... moins de mots grossiers devant le petit, maman... grommela le père de Wallace.
- Mouais.
***
Une fois ses parents partis, Béatrice apposa sa patte à l'éducation du petit Wallace.
-(- Tu t'assieds, tu ne bouges pas, mains sur les genoux, et tu regardes cette maudite télévision ! C'est compris ?
- Oui grand-mère...
- Bon. HERBERT ! VIENS MANGER !
Le grand-père de Wallace arriva, dans son fauteuil, plus ou moins diminué. Il se déplaçait en poussant une manette sur le bras de son siège.
- Allez ! Dépêche-toi ! Bon Dieu... j'ai oublié le gratin !
Wallace observait son grand-père alors que sa grand-mère allait chercher son gratin au four.
- Alors, ça va gamin ?
- Oui grand-père et toi ?
- Comme sur des roulettes ! Huhuhuh TOUSS ! TOUSS !!
Wallace regardait respectueusement son grand-père alors que sa grand-mère revenait avec le gratin et un paquet de chips. Elle posa le gratin sur la table, et balança le paquet de chips à Wallace.
- Mange ! J'ai pas le temps de te faire à manger, j'ai assez à m'occuper de ton grand-père !
Wallace hocha la tête.
- Oh, et il faudra aussi que je prépare le placard pour que tu dormes. Je refuse que tu salopes le canapé ! grommela Béatrice.
Wallace hocha la tête en ouvrant son paquet de chips, pas malheureux pour deux sous. Déjà à cette époque, il avait une grande capacité d'adaptation face aux choses de la vie.
***
Les jours passaient donc dans l'appartement étroit.
- Grand-mère, je veux regarder les dessins animés...
- Et moi je suis chez moi, j'ai payé la télé, la télécommande et le canapé sur lequel tu es assis, alors on regarde Les Feux de l'Amour !
C'est ainsi que Wallace fut contraint de regarder cette série fleuve, avec pour seule lecture un bien maigre programme télé.
***
- Qu'est-ce que tu fais, Herbert ?!
- J'apprends au petit à faire des mélanges de boisson.
- Quoi ?!
Wallace regardait, fasciné, son grand-père, barman à la retraite, qui lui apprenait à se servir d'un blender.
- Quand tu as mis toutes les liqueurs, tu secoues.
Wallace hocha la tête. Béatrice était folle.
- Mais enfin, mais ça va pas ? Tu lui apprends à faire de la bibine !!
- Des cocktails sans alcool, voyons, Béatrice, il a huit ans, je me doute bien qu'il ne va pas se faire de téquila non plus !
- Tu vas faire de lui un poivrot !
- Mais non. Je suis en train de lui apprendre à se faire du jus de fruits !
- Tu expliqueras tout ça à Carl, il en sera ravi !
- Carl aimait bien les jus de fruit que je lui servais !
Béatrice soupira en l'air, vaquant à ses occupations.
- Les glaçons doivent être pilés, sinon en fondant, ils diluent la boisson et enlèvent du goût.
- D'accord.
***
Malgré les rares distractions avec son grand-père, Wallace connaissait chez sa grand-mère un nouveau concept auquel, même à l'école, il n'avait jamais été confronté : L'ennui.
Sa mère lui manquait. La dame prévenante qui s'occupait toujours de lui avec soin n'était pas là, concentrée sur sa sœur. Wallace ne pouvait même pas lui en tenir rigueur.
Son père lui manquait. Le bonhomme volontiers silencieux lui manquait, cette présence, ce pilier dans sa vie de petit garçon, malgré sa distance, était loin.
Même son idiote de sœur trop calme lui manquait.
Eloigné de ses proches et confié à des moins proches du même sang que lui, Wallace apprenait à développer son petit monde intérieur. Tout cet ennui l'obligeait à cogiter.
***
Les parents de Wallace revinrent deux semaines de calvaire plus tard.
- Il ne vous a pas trop importuné ? demanda Margaret, la mère de Wallace.
- Bof. Ca dépendait des jours... soupira la vieille. Comment va la petite ?
La question étonna Margaret. Wallace vint vers sa mère, demandeur. Celle-ci le serra dans ses bras.
- Tout va bien, mon chéri ?
- ... oui oui maman...
Fondamentalement rien n'allait mal, il n'avait pas été frappé ou brutalisé, mais le fait de retrouver sa famille était un grand soulagement pour lui.
- Lindsay va mieux, maman, merci de t'en soucier.
- C'est vrai qu'elle a l'air mieux. Ça va Lindsay ?
Wallace aperçut sa sœur, auprès de son père. Elle semblait moins gourde qu'avant. Elle hocha la tête pour répondre à sa grand-mère.
- Oui mamie.
- Oui ? Eh bien tant mieux.
Lindsay regarda Wallace qui la salua d'une main timide – cette timidité typique entre frère et sœur.
Lindsay avança vers son frère et le serra dans ses bras à sa grande surprise.
- Tu m'as manqué, Wallace.
Le jeune garçon sembla très choqué par ce débordement d'affection inhabituel dans la famille. Ses parents en semblèrent même satisfaits, alors que lui, très honnêtement, n'y comprenait pas grand-chose.
***
Devant le bureau du proviseur. Helen, Wallace, Walter, Perrine et Naomi attendaient sur des chaises, face à la porte du bureau.
- C'est mes parents qui vont être surpris... marmonna Naomi.
- C'est pas comme si c'était ta première fois... sourit Perrine, rêveuse.
- Les autres fois, j'avais pas fait de bêtise !
- Oui c'est vrai...
Helen souffla.
- Les enfants, je ne sais pas si vous avez conscience de ce qui est en train de se tramer dans ce bureau.
- Il appelle nos parents ? marmonna Walter.
- Pire, ils cherchent un moyen de vous cuisiner et de me cuisiner. Et soit vous lâchez, soit je vire, soit vous êtes forcés à changer de thème.
Wallace souffla et regarda ses trois camarades de classe.
- Pourquoi vous avez fait ça ?!
Perrine, Walter et Naomi regardèrent Wallace
- C'est... toi qui nous demande ça ?! s'étonna Walter.
Le jeune homme en chemise noire semblait affolé.
- J'veux dire... J'vous ai rien demandé !
- En fait on se demandait avec qui réaliser notre devoir. C'était toi ou Ana... marmonna Walter.
- On connait Ana depuis quelques classes en primaire, moi et Naomi !
- Et du coup quand tu as proposé ce thème... admit Walter.
- Franchement, ça avait l'air mille fois plus intéressant que « Art et Pokémon » ! admit Naomi.
- Il n'y a que moi qui voulais faire Art et Pokémon ! soupira Perrine. J'ai questionné dans la classe, personne n'était intéressé... J'aurais juré que toi, oui !
Wallace regarda Perrine, stupéfait.
- La seule fois où on s'est parlés, tu m'as dit « Tu me rappelles quelqu'un, et pas quelqu'un de bien » ! Et genre tu te permettais déjà de préjuger de ce que je pouvais accepter ou pas ?
Perrine haussa les épaules.
- J'ai l'œil, il paraît !
- Pis j'ai dit à Perrine que tu étais un gars bien ! assura Walter.
- J'te remercie pour le piston, Mario Kart...
Perrine et Naomi se tournèrent vers Wallace, interloquées. Walter ricana.
- Pas mal, pas mal !
La porte du proviseur s'ouvrit. L'assesseur regarda la bande.
- Le proviseur veut voir Mademoiselle Helen Clover et Monsieur Wallace Gribble !
Les deux se levèrent.
- Cool, on est dispensés ! sourit Perrine.
- Non, vous restez ici et vous attendez ! grommela l'assesseur.
- Ooooooh... geignirent Perrine et Walter.
- Vous êtes bêtes... soupira Naomi.
Wallace regarda les trois qui s'étaient joints à lui pour le projet, à moitié admiratif et à moitié profondément perturbé par cette attitude envers lui. « A croire qu'ils se foutent des problèmes qu'ils vont avoir... Et moi, pourquoi j'ai des frissons comme ça, là... »
- Monsieur Gribble, asseyez-vous. Pas vous, madame Clover.
- Très bien... marmonna Helen.
Le proviseur inspira et regarda Wallace très fermement.
- Jeune homme, sais-tu ce que sont les règles ?
- Oui.
- Sais-tu que parfois les règles sont faites pour une bonne chose ?
- Je me doute.
- Te doutes-tu donc que certains sujets épineux ne peuvent pas être soulevés comme ça ?
- Ca va, je fais pas un devoir sur la reproduction des Pokémon...
Le proviseur tapa dans ses mains.
- Voilà ! Voilà un très bon sujet pour un mémoire sur trois ans !!
Helen leva les yeux au ciel. Wallace grimaça.
- Vous plaisantez, ce serait dégueulasse, et on a vachement peu d'infos sur...
- C'est vous qui avez proposé !
Wallace plissa les yeux et eut ce même frisson brûlant qu'avec ses parents, quand il avait ce désir fumant de les provoquer. De DEVOIR les provoquer, devrait-on dire. Ce sentiment de devoir riposter parce qu'on sent qu'on se fout de notre gueule.
Wallace avait, avec le temps et l'entrainement, gagné autant d'expertise dans ce domaine qu'une catapulte pour balancer des charges. Et probablement la même puissance.
- Ouais ! Et je ferais ça en trois parties !
- Je suis RAVI de l'entendre ! sourit le proviseur, rassuré.
- Partie 1 : La taille des pénis des Pokémon mâles, Partie 2 : Le goût des pénis des Pokémon mâles, et Partie 3, lequel a le jet de foutre le plus intense ! Et en conclusion, lequel est le meilleur pour la reproduction ! Ça va être très compliqué à faire, je vais devoir donner de ma personne, mais je suis persuadé que l'établissement en sortira grandi, hein ?
Le proviseur resta stupéfait. Helen était surprise par l'aplomb du jeune homme. Qui lui paraissait cependant totalement détraqué également.
- ... euh... mais...
- Pour connaître le goût, j'ai le droit d'engager des Poképhiles ? C'est facile avec Internet, vous savez ? Au pire je peux faire le même devoir avec les Pokémon femelles, plus vendeur mais moins intéressant, je suppose.
Le proviseur secoua la tête, affligé.
- J'appelle vos parents !!
- Ok, mais je peux faire le devoir sur Roland Smirnoff et Direction Dresseurs alors ?
- Pardon ?
- Ce sont mes parents, c'est quand même à moi de vous dire si vous pouvez les appeler ou pas, si ça se trouve ils sont au travail, comment sauriez-vous.... Et puis, n'oubliez pas que vous m'en devez une, monsieur Grant.
- P... Pardon jeune homme ?!!
- Je vous ai dénoncé l'autre abruti de Monsieur Kemp, ça mérite une petite faveur, nan ?
Le proviseur balbutia, cherchant comment se retourner. Helen était impressionnée par la vivacité d'esprit de Wallace qui avait complètement imposé son rythme et son ton.
- R... Redevenons sérieux une minute...
« Et hop, il a dissipé l'envie d'appeler les parents ! Finement joué... » songea Helen, presque admirative.
- Roland Smirnoff est une personnalité très controversée. Il a été nommé président de l'association Pokémon pendant cinq ans. Vous savez ça ?
- Oui. « Merci Wikipédia... »
- Il a réformé le système. Nous lui devons beaucoup, c'est un homme brillant, un génie, vous comprenez ?
- Raison de plus pour faire un devoir sur lui, nan ?
- Eh bien non.
- Non ?
- Qui sait ce qui peut advenir dans un mémoire ! Vous pourriez... produire quelque chose d'offensant à son égard, découvrir des choses qui entacheraient son prestige !
Wallace pencha la tête.
- Et... alors ?
- Et alors c'est interdit !
- C'est interdit d'offenser Roland Smirnoff ?!
- Disons que c'est très mal vu et que nous risquons des poursuites judiciaires ! Sache, jeune homme, que les bureaux rattachés aux anciens travaux de Roland Smirnoff, ont déjà été prévenus !
- M'enfin, si ce mec a fait tant de belles choses, vous devriez au contraire me féliciter pour...
- Ce qui pose problème c'est le lien que vous souhaitez faire entre Roland Smirnoff et Direction Dresseurs. Déjà, les deux n'ont rien à voir, et la plupart des établissements qui ont daigné faire ce lien ont perdu leurs subventions.
Wallace plissa les yeux.
- Mais je m'en fous, moi !
- Ces subventions représentent un tiers du budget de l'école, Wallace, on ne peut pas s'en passer... marmonna Helen.
Wallace regarda sa prof, vit qu'elle était dans son camp, s'en sentit rassuré et hocha la tête.
- Ok. Si jamais les bureaux rattachés à Roland Smirnoff donnent leur accord...
- Oh-ho, ce ne sera pas le cas ! ricana prétentieusement le proviseur Grant.
- Vous en savez quoi ?
- Je le sais c'est tout, et encore une fois, ne me répondez pas sur ce ton, jeune homme ou vous allez avoir des problèmes !
- Ah ouais ? Dans ce cas, vous, arrêtez de me menacer pour des broutilles !!
Le proviseur haussa les sourcils, stupéfait. Wallace se leva.
- C'est juste un mémoire, purée !! C'est pas comme si je me mettais à foutre le feu aux poubelles de l'école ! Franchement, vous avez rien d'autre à faire qu'à m'emmerder alors que pour une fois depuis que je suis dans cette école, j'ai trouvé quelque chose d'intéressant à faire ?! Et au lieu de ça, vous préfèreriez que je m'intéresse à deux Nidoran qui forniquent !! A des putains de spermatozoïdes de Pokémon qui fécondent des putains d'ovules de Pokémon ! Vous préféreriez que je filme deux Pokémon en train de s'emmancher plutôt que je fasse un simple devoir écrit sur une personnalité politique reconnue !! C'est VOUS qui avez un problème, pas MOI !
« Et pan dans le paf... » songea Helen, à cent pour cent d'accord.
- Nom d'Arceus, surveillez votre lang...
- Nan. Faites ce que vous voulez, je m'en fiche, mais moi je reste sur ma position et vous m'en ferez pas bouger. Vous voulez me virer ? Virez-moi, mais ce sera votre faute si je suis déscolarisé après ça !! Parce que « Devoir controversé », c'est un peu gravement giga con comme motif d'expulsion !!
Le proviseur acquiesça.
- Très bien, je vois... Madame Clover !
La prof se redressa.
- Vous êtes mise à pied jusqu'à nouvel ordre et vous n'enseignerez à nouveau que sur ordre d'un inspecteur d'académie !
Helen semblait s'en douter. Wallace grimaça.
- P... Pourquoi vous vous en prenez à elle ?!
- Je ne m'en prends pas à elle, c'est la procédure, jeune homme, vous auriez dû y penser avant ! Assesseur, faites entrer les trois autres !
« Voilà d'où venait ce frisson... »
Perrine, Naomi et Walter entrèrent dans le bureau.
- Nan, nan, attendez, nan, nan... geignit Wallace.
- Jeunes gens, vous ne ferez pas de mémoire pendant ces trois ans, et vous aurez en prime un zéro de moyenne à ce mémoire.
Wallace était de plus en plus paniqué.
- Quant à vous, Wallace, vous pouvez faire ce devoir tout seul s'il vous en convient.
Wallace avait grand peine à retrouver ses mots. « Ce frisson de ne pas avoir mon seul avenir sur les épaules, mais au contraire de voir mon destin mêlé à celui d'autres personnes... »
Wallace baissa la tête. « C'est moins facile maintenant... »
***
Wallace reçut son Pokémon académique à l'âge de 9 ans et demi, à sa rentrée scolaire à l'académie.
Lorsque la Pokéball s'ouvrit, il reçut un Larveyette. Le petit Pokémon chenille semblait particulièrement enjoué.
- Cool ! Je vais t'appeler... Tête de feuille !
Larveyette cracha une sécrétion à la tête de Wallace qui s'en dépêtra comme il put.
- ... Plutôt... Ficelle !
Le surnom fut reçu par un cri joyeux.
***
- Ficelle ?!
- Oui... marmonna Wallace, intrigué.
- C'est pas terrible... Pis pourquoi tu lui donnes un surnom ? s'étonna son père.
Wallace haussa les épaules.
- J'trouve ça marrant...
- Ça l'est pas, c'est ridicule... marmonna Lindsay en faisant ses devoirs.
Wallace serra les lèvres, mécontent. Sa mère arriva.
- L'important c'est surtout que tu sois content avec ton Pokémon... Si tu ne l'aimais pas, là, on devrait s'inquiéter...
- Maman, je peux aller jouer avec Ficelle dehors ?
- Oui mais ne te salis pas, ton oncle Jeffrey va passer pour dîner.
- Ah chouette, je pourrais lui montrer Ficelle !
- Ah bien sûr.
- Chouette, chouette, chouette !
Wallace sortit. Son père soupira.
- Surnommer ses Pokémon, pfft...
- Il ne fait rien de mal...
- C'est les bébés qui surnomment leurs Pokémon...
- Wallace n'a même pas dix ans, Carl, c'est un bébé !
- Tu le couves trop !
- Ah non, on ne va pas recommencer avec cette discussion !
***
- Une chenille ? Tu es sérieux, tu as eu une chenille comme Pokémon Académique ?!
Wallace acquiesça. Son oncle Jeffrey avait une petite trentaine, c'était un grand gaillard un peu aventurier sur les bords. La mère de Wallace, sa sœur, le disait perpétuellement en voyage ou à la conquête de diverses arènes Pokémon.
- Oui bah oui !
- T'as intérêt à bien t'en occuper, bonhomme, plus un Pokémon est petit au départ, meilleur il devient par la suite !
- C'est vrai ?
- Ouais. Tu crois quoi, les gros Pokémon sont toujours petits au début de leur vie !
- Cool ! Alors ça va devenir une grosse chenille ?
- Nan, nan, bien sûr que non, mais ce sera un Pokémon accompli et puissant ! Et qui deviendra ton meilleur ami. Tu comprends ?
Wallace hocha la tête.
- Et comment je peux l'entrainer, oncle Jeff ?
- Tout est question de méthode. Si tu veux je peux t'en apprendre.
- C'est vrai ?
- Ouais. Je peux même t'envoyer des bouquins pour t'aider.
***
- C'est embêtant, ça... marmonna Perrine.
- Carrément ! Je vous suis plus, là, je veux pas d'un zéro ! geignit Naomi.
- Vous faites ça parce que vous avez peur de Roland Smirnoff ? marmonna Walter avec un ton posé, calme, sage, un ton Walter quoi.
Le proviseur leva les yeux au ciel. Wallace observait, étonné. « Alors je ne suis pas le seul à pouvoir répondre comme ça... »
- Mais bien sûr que non, jeune homme !
- Bah si.
- Cela n'est pas vrai ! J'ai simplement peur que l'établissement en pâtisse !
Le proviseur était complètement décontenancé, Helen s'en apercevait bien, c'était surréaliste de voir un proviseur parler d'égal à égal avec des élèves. Wallace était toujours dans ses pensées.
- Roland Smirnoff n'a plus de fonctions, s'il s'attaque à l'établissement, ce ne sera jamais qu'un abus de pouvoir de la part de quelqu'un qui n'est plus aux affaires mais qui s'y croit encore.
- Là n'est pas la question !
- Elle est où, alors ? marmonna Perrine en regardant à droite et à gauche.
- Non mais... Qu'est-ce que c'est que ces jeunes insolents ?
Wallace ne disait plus rien, hébété que ses camarades aient la même volonté que lui. Helen soupira.
- Des jeunes qui sont curieux et qui veulent en savoir plus, ceux-là même que le système de Roland Smirnoff tient à récompenser...
- Mademoiselle Clover, vous n'êtes pas en position de discuter !
- Je suis mise à pied, de toute façon, alors que je parle ou que je me taise...
Le proviseur s'étonna d'autant plus. Wallace était muet de stupeur, il pensait vraiment être la seule personne de cet établissement à être aussi véhément et acide. Helen poursuivit, voyant que l'homme était légèrement désœuvré.
- Je suis prête à les superviser, monsieur le proviseur. Et à prendre sur moi toutes les conséquences que leur devoir aura sur l'établissement. Ça n'est pas grand-chose, sinon la garantie qu'ils seront sous ma surveillance.
Le proviseur soupira.
- De toute façon, vous allez attendre dehors la réponse des bureaux qui s'occupent des affaires de Roland Smirnoff. Mademoiselle Clover, retournez en classe pour saisir les derniers groupes de travail de vos élèves.
- Je ne suis plus mise à pied ?
- ... Non, vous... restez en poste. C'est l'appel des bureaux qui décidera de l'avenir de ce groupe de travail... Dont je ne veux pas, ça c'est certain !
- Ouais, mais c'est pas vous qui décidez !
Helen, Walter, Perrine et Naomi regardèrent Wallace qui les regarda.
- Quoi, c'est vrai, nan ?
***
Helen, l'assesseur et les élèves retournaient en classe.
- Bien... Euh, désolée de cet incident, je vais poursuivre le cours, avec les groupes suivants, si vous avez pu vous décider...
Wallace en avait profité pour se mettre entre Walter et Perrine.
- Vous êtes vraiment sûrs de vouloir faire ça avec moi ?
- Ouais, au moins on va pas s'ennuyer ! admit Perrine.
- Et puis très honnêtement, on n'avait pas trop le choix... souffla Walter.
- Hein ?
- D... Disons que c'était ça ou passer une année ennuyeuse, donc bon... rectifia Walter.
- J'espère pour vous que ça va être amusant, parce que vu les problèmes qu'on a risqué à l'instant... soupira Naomi.
- Mais oui, t'inquiète pas... acquiesça Perrine.
L'assesseur prenait note du groupe de Francis, Lucy, Quinn et Ana, puis du groupe Holly, Gina, Lilian et Léon. Helen semblait particulièrement stressée. « Tu viens de risquer ta carrière, Helen, tout ça à cause d'un gamin volcanique qui voulait faire un devoir sur l'homme politique le plus controversé de cette décennie... »
- Tristan, Tino, Robbie et Christina pour « Littérature et Pokémon », très bien... Donc enfin, Clive, Andréa, Benjamin et Orson.
- Oui, pour Temps primitifs et Pokémon, signala Andréa.
- Ok... Très bien. Je vais vous libérer afin que vous puissiez aller commencer vos recherches à la médiathèque, normalement monsieur Truman est prévenu.
Les élèves sortirent. Helen alla au-devant des quatre élèves.
- Vous êtes bien conscients que vous venez de vous mettre dans un sacré pétrin...
Wallace, Walter et Perrine hochèrent la tête.
- J'espère que vous aurez les épaules solides, parce que maintenant, impossible de reculer...
Naomi regarda ses camarades qui semblaient sûrs d'eux.
***
- Alors ma chérie, ça s'est bien passé ce matin ?
Wallace s'étonna de voir que le père de Perrine était le responsable de la médiathèque. C'était un grand homme aux cheveux châtains avec une certaine classe. « Presque sexy, eh ! »
- Oui, ça va !
- Sur quoi portera votre devoir alors ? Histoire que je vous donne la rangée où vous pouvez fouiller...
- Histoire de l'association Pokémon !
Wallace grimaça encore plus. « Elle ment ?! »
- Très bien, très bien... Allée G, ouvrages et documentation politique !
- Merci papa !
Le petit groupe se dirigea vers l'allée G. Wallace s'approcha de Perrine.
- L'histoire de l'association Pokémon, hein ?
- Inutile de l'inquiéter en lui disant que j'ai dû aller chez le proviseur ce matin.
- Hm... Pas bête.
- TIENS !
Wallace, Walter, Naomi et Perrine s'arrêtèrent dans les rangées où se trouvaient Rebecca, Amélia, Violette et Santana. Alors que cette dernière faisait sérieusement les recherches, Violette se recoiffait, Amélia se limait les ongles et Rebecca consultait son téléphone.
- Mais c'est notre bande de super rebelles qui sont allés chez le proviseur ! Alors ? Quel effet ça fait quand quelqu'un fait attention à vous ?
Wallace, Naomi, Perrine et Walter se regardèrent.
- Je veux dire, vous êtes tellement nazes qu'il vous fallait bien ça pour donner du piment à vos existences ! « Ouuuuh j'ai été chez le proviseur ! J'aurais un sujet de conversation à table ce soir, géniaaaaaaaal !! »
Violette et Amélia eurent un rire obligé devant l'imitation caustique de leur camarade. Walter allait parler mais Wallace fut plus rapide.
- Va bouffer tes tampons, Rebecca, sérieusement... Venez !
Wallace repartit, suivi par le groupe qui n'avait pas contredit leur nouveau leader.
- M... MAIS... MAIS COMMENT OSE-T-IL !!!
- Quel besoin avais-tu de l'emmerder aussi ? soupira Santana.
Rebecca regarda Santana.
- Tu insinues que c'est MA faute ?
- Je n'insinue pas, je constate...
- ... On travaille ensemble, tu n'es pas censée être aussi méchante !
- Grandis un peu, ma pauvre...
- Eh, c'est pas sympa ce que tu dis ! geignit Violette.
- Ouais, sois plus sympa, c'est pas sympa de pas être sympa...
Violette, Rebecca et Santana regardèrent Amélia qui retournait à ses ongles.
- Vous trouvez que j'ai de beaux ongles ? Hein les filles ?!
Wallace, Perrine, Naomi et Walter arrivaient à leur rangée.
- On y va...
- Prem's sur les étagères du bas !
Perrine regarda Walter, blasée.
- Tu sais que j'aime pas tes blagues par rapport à ton handicap !
- Wallace aime bien !
- C'est cool que tu en ries, comme ça les autres sont moins gênés et tes rapports avec eux sont plus sincères. Enfin, c'est juste mon avis. Et pis comme ça on peut te vanner en retour !
Walter acquiesça. Naomi soupira.
- N'empêche, c'est du sérieux ton handicap, nan ? Tu pourras marcher un jour ?
Wallace regarda Naomi qui était très sérieuse. Walter haussa les épaules.
- On verra. Ça dépendra de plein de trucs. Réussite des opérations, des traitements, de la rééducation...
- Ca, c'est moins marrant... marmonna Wallace.
- Walter portait des béquilles étant enfant mais avec l'âge et la croissance, ça s'est aggravé, expliqua Perrine.
- Merci de me descendre devant tout le monde... plus bas que d'habitude... Dis donc, Wallace, tu y es allé fort avec Rebecca !
- Elle est vraiment trop garce, faut bien lui rentrer dans le lard à un moment donné...
Dans les autres groupes, c'était pas vraiment l'effervescence de travail.
- Après ça, je lui dis « Mec, t'es vraiment trop un tocard, voilà comment faut s'y prendre ! », j'arrive, je dis à la nana, « Meuf, t'es vraiment trop belle, c'est surréaliste, viens, on va manger ensemble », et après ça...
- Naaaaaaan meeeeeeec ! ricana Mike.
- J'te jure ! ricana Steven. Ça a pas trainé, c'est moi qui te le dis !!
Fey leva les yeux au ciel alors qu'elle cherchait des ouvrages historiques sur le sport et qu'elle notait les références. James ricanait avec ses camarades. Il regarda Fey qui le regarda, pas vraiment fière. James se ressaisit et se contenta de participer à la conversation sans rigoler, ce que Fey trouva toujours aussi affligeant.
- Et... tu... es un vampire ?
Benjamin frappa Orson sur la tête.
- Ce qu'il veut dire c'est que ton look semble indiquer que...
- J'aime les histoires de vampires, ouais.
Andréa observait Clive discuter avec leurs camarades de travail.
- Vraiment ? Lesquelles ?
- J'ai lu les Twilight par exemple.
Benjamin fit une tête dégoutée. Orson écarquilla les yeux, ne pensant pas que cela fut possible.
- J'en ai fait une critique détaillée en deux-cent pages, elle est sur le net.
- QUOI ? s'étonna Benjamin.
- C'est vrai, je l'ai lue, c'est même très drôle ! sourit Andréa.
- Pas du tout, c'est très sérieux... marmonna Clive.
- Ah non, Clive, tu consacres trente pages à dire que c'est le plus affligeant Mary-Sue de grosse frustrée jamais publié, c'est excellent !
- C'est objectif ! répondit très sérieusement Clive.
- Et... tu as d'autres références ? demanda Benjamin.
- Ann Rice aussi... Bram Stoker, évidemment...
- C'est déjà plus tolérable pour mon organisme ! souffla Orson.
Holly et Gina observaient, surprises, les jumeaux travailler de leur côté et elles du leur.
- On... va pouvoir avancer comme ça ?! demanda Holly.
- C'est eux qui sont venus vers nous pour qu'on travaille ensemble, je suppose qu'ils avaient une bonne raison... marmonna Gina.
- C'est trop bizarre, ils sont super silencieux, on dirait un vieux couple !
- Chut, Holly, ils vont t'entendre !
Wallace trouva un livre.
- « Préceptes du bien-être des Pokémon en milieu civilisé » ? Par Smirnoff... Etienne... Ça a l'air bougrement chiant...
- On devrait juste chercher les ouvrages sans les regarder spécifiquement, juste lister la biographie...
Perrine regarda dans l'allée d'à côté. Quinn, Lucy et Ana observaient, atterrées, Francis qui planchait déjà avec un calepin.
- Fascinant ! Les Pokémon dans le Monde, c'est fascinant !! On devrait commencer par l'Afrique, c'est tellement varié ! Et aussi travailler sur les dysmorphies selon les régions !
Lucy leva les yeux au ciel. Ana, désemparée, regarda Quinn qui soupira.
- Ne t'en fais pas, c'est... normal, on va dire. Francis, tu fais peur à Ana !
- Bah quoi, je bosse !
Perrine plissa les yeux. « Finalement, mes parents ne sont pas bizarres... »
- TOIIIIII !
Walter, Naomi, Wallace et Perrine se retournèrent vers Rebecca.
- Quoi ? Moi ? répondit Wallace.
- Tu m'as vraiment trop mal parlé tout à l'heure ! Je REFUSE de laisser cette insulte impunie, alors on va se battre !!
- Ici ???
- Réforme Smirnoff, les combats dans l'école sont autorisés... marmonna Walter.
- Toi, la Roulotte, ne la ramène pas ! C'est entre moi et ce crétin !
Wallace soupira.
- Y'a trop d'étagères, là...
- Oh mais écoutez-le, ce péquenot ! Il ne sait même pas qu'il y a un terrain au bout de la médiathèque !!
- Y'a un terrain au bout de la médiathèque ?! s'étonna Wallace.
Perrine, Naomi et Walter hochèrent la tête en même temps.
- Quel péquenot j'vous jure... grommela Rebecca, folle de rage.
***
- Larveyette, attaque Sécrétion !
Le Pokémon visait des cibles. Wallace, douze ans, s'entrainait à son académie. En ce moment, ses professeurs avaient de grandes discussions mais il ne comprenait pas à propos de quoi.
- Hey, Wallace !
Wallace ordonna une autre attaque à Larveyette qui envoya une flopée de feuilles sur les cibles. Il regarda la fille qui lui adressait la parole.
- Wallace, je prends mon courage à deux mains...
- Hm ?
- Est-ce que tu veux sortir avec moi ?
Wallace regarda la fille, surpris. Les autres garçons observaient la scène.
- Euh... Pour... pour quoi faire ?!
- Hein ?
- Enfin j'veux dire... j'veux bien, mais... qu'est-ce que je devrais faire ? On ira faire les courses ensemble, je devrais t'aider pour faire tes devoirs ? On va devoir se mettre côte à côte en classe ?
La fille regarda Wallace comme si c'était un demeuré et s'éloigna en grimaçant.
- Euh... Bah...
Les garçons vinrent vers Wallace.
- Vieux, est-ce que tu viens de rembarrer Nora Kepner ?
- Genre la fille la plus belle de l'académie ?!
Wallace haussa les épaules.
- Elle... voulait me faire perdre mon temps !
- Perdre ton temps ? Vieux, j'adorerais sortir avec cette nana, elle est super canon !
- Grave !!
Wallace sembla perplexe.
- Mais euh... qu'est-ce que vous faites de si intéressant avec les filles avec qui vous sortez ?!
Les autres gars regardèrent Wallace, puis ils éclatèrent de rire. Wallace plissa les yeux, sans réponse. Il observa sa sœur derrière les grillages du terrain d'entrainement. Elle était entourée de filles et un garçon la tenait assez affectueusement. Wallace grimaça. « Ah... ah bon... »
***
- Comment ça va, Lindsay, l'école ?
La blondinette haussa les épaules.
- Ca va. Un garçon m'a encore proposé de sortir avec lui...
- Eh bien... soupira Margaret.
- J'espère que tu les repousses au moins !
- Ah ça oui, papa...
- Et toi, Wallace ? Les filles ?
Wallace, douze ans au compteur, haussa les épaules.
- Je sais pas trop, papa, ça m'intéresse pas des masses, les filles.
Le père de Wallace haussa les sourcils, stupéfait. Sa mère s'étonna.
- Comment ça ?
- Baaaah je sais pas, j'ai pas trop envie de sortir avec elles... Elles ont l'air nulles...
- Ne sois pas trop exigeant, mon chéri, une fille que tu penses nulle peut s'avérer au final très intéressante ! sourit sa mère.
- Hm...
- Et puis de toute façon, tu n'as pas le choix, Wallace, il va bien falloir que tu sortes avec une fille ! On n'est pas dans un asile d'anormaux, ici...
Wallace acquiesça, penaud. Sur le coup, il pensait avoir été totalement incompris.
***
Quelques mois plus tard, Wallace avait commencé à s'isoler de plus en plus de sa famille et même du reste des gens, et à se construire une identité de plus en plus solitaire. Il s'occupait de diverses manières mais toujours seul.
A l'ennui qui avait amorcé la construction de son petit monde intérieur s'était succédé une incompréhension de la part du monde extérieur qui avait engagé plus loin le processus.
Alors que les autres garçons invitaient leurs amis ou jouaient au ballon, Wallace semblait moins enclin à bouger ou à sociabiliser. Le peu d'amis qu'il avait déjà, il s'en éloignait à présent, se consacrant à son entrainement.
- Je comprends pas ce qui se passe... Je comprends pas pourquoi j'arrive pas à être comme les autres, pourquoi je peux pas juste... être là et avoir la même vie que tout le monde... Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? Hein Ficelle ?
Larveyette regardait son maître, inquiète. Le Pokémon se mit alors à évoluer en Couverdure.
Paradoxalement, elle ressemblait à son maître : L'air renfrogné et renfermée sur elle-même.
***
Rebecca et Wallace se firent face. Walter, Perrine et Naomi se placèrent derrière lui.
- Euh...
- On va pas bosser pendant que tu te la coules douce à combattre ! grommela Perrine.
- Ah bah merci ! Vas-y à ma place, tant que tu y es !!
- Violette !! cria Rebecca en claquant des doigts.
La jeune fille approcha.
- Oui ?
- On va faire un double. Wallace est fort, il a réussi à battre Santana quand même !
- C'est pas MA version de l'histoire... grommela la principale intéressée.
- Pourquoi pas moi, Rebecca ?
- Amélia, ton Cerfrousse est tout juste bon à endormir les Ptitard !!
- Oh... Mais j'ai un Balignon aussi, Rebecca !
- C'est juste une patate ! Prête, Violette ?
- Hm !
Wallace regarda derrière lui. Perrine soupira.
- J'arrive !
Perrine se plaça aux côtés de Wallace.
- Merci !
- Nos destins sont liés maintenant, on n'y peut rien, hein...
- Allez, Camélia !
La Rosélia de Rebecca sortit de sa Pokéball.
- Martial, go !!
Karaclée apparut à ses côtés. Perrine haussa les sourcils.
- Wow !
- Eh bah... Un Karaclée ?! s'étonna Wallace.
- C'est mon Pokémon Académique, précisa Violette.
- Marrant, Martial c'est aussi le nom de mon oncle... marmonna Perrine.
Wallace souffla.
- String, Go !!
Manternel apparut. Le Pokémon exécuta quelques pas de danse. Perrine acquiesça.
- Allez, Mona !!
Un Kecleon apparut. Rebecca ricana.
- Aussi laide que toi !
- Oui, bravo, Rebecca, on sait tous que les injures, ça aide à gagner... soupira Perrine.
Wallace regarda Perrine. « Elle se laisse pas faire ! »
- Hmph ! Camélia, attaque Dard Venin !!
Rosélia balança une flopée de dards vers Manternel. Kecleon s'interposa pour se prendre l'attaque.
- Hahahaha ! N'importe quoi !! Violette, éclate-moi cette idiote !
- ...
- Allez, Close Combat, quoi ! Tu peux l'avoir en un seul coup !
- J'en doute, Rebecca...
- Violette, bon sang, tu me donnes mal au crâne !
- ... bon très bien, Martial, attaque Close Combat !
Karaclée sauta sur Kecleon et le roua de coups, ce qui s'avéra particulièrement inutile. Perrine regarda Wallace.
- Tu as compris ce que je voulais faire ou tu me laisses égoïstement tout me prendre ?
- J'ai compris le coup de Déguisement... à savoir que si Kecleon se prend une attaque Poison, il devient forcément Poison, donc les attaques Combat sont forcément moins puissantes...
- Bon, sourit Perrine.
- Ah !!
- J'en étais sûre... marmonna Violette.
- ... mais je ne pensais pas que tu réagirais si vite en fait !
- Je n'en ai pas l'air mais je me débrouille en combat !
- J'vois ça, oui.
- HMPH ! Wallace, tu comptes juste sur cette vache pour t'aider, c'est pitoyable !
- Eeeeeeeh !
- Oh, laisse, Wallace, ça ne m'atteint pas...
- ... quand bien même...
Manternel sembla disparaître. Elle réapparut après avoir frappé Rosélia d'une vive Plaie-Croix, à laquelle le Pokémon Epine ne résista pas.
- AAAAAAAAAAAAH !!!
- ... j'aime pas qu'on s'en prenne aux gens avec qui je bosse !
- Merci pour cet excès dégoulinant de galanterie !
- Mais de rien !
- M... M... Camélia !!!
- Si tu passais autant de temps à t'entrainer qu'à insulter les gens, tu serais maître de la Ligue, ma pauvre fille... souffla Wallace.
- Martial, Lame de Roc !!
Le Karaclée prépara autour de son poing une valse de cailloux qu'il projeta vers Manternel. Kecleon s'interposa avec son type Combat. « Le moment que j'attendais ! »
- Balayette !!
Un coup de pied particulièrement souple repoussa vivement Kecleon en arrière. Le pauvre Pokémon vert était aussi KO que Rosélia.
- Oups...
- Tu ne peux pas te contenter d'utiliser Kecleon à la défensive, en même temps... marmonna Wallace.
- Je sais bien, là j'étais dans ma tactique de Double Combat !
- Bah c'est pas glorieux...
- Oh l'autre ! Dire que je t'ai protégé !!
- Hem-hem...
Violette regardait Wallace qui haussa les épaules.
- J'ai pas réellement d'intérêt à t'affronter, tu m'as rien fait...
- Ne serait-ce que pour défendre l'honneur de ma meilleure amie Rebecca !
- Super, Violette, vas-y, mets-lui sa pâtée !! grogna Rebecca.
Wallace hocha la tête.
- String, attaque Sécrétion !!
Manternel envoya son fil gluant sur Karaclée qui contra l'attaque avec son bras. Manternel avait attaché son adversaire, lequel avait seulement un bras emmailloté.
- Martial, Force !!!
Karaclée rejeta violemment le bras en arrière et attira ainsi Manternel à lui.
- Eh !! String !!
- Lame de Roc !!!
Karaclée se prépara à frapper Manternel avec son attaque. Wallace sourit.
- Désolé ma grande ! TempêteVerte !!
Manternel s'entoura de feuilles. Avec celles-ci, il brisa les rochers de la Lame de Roc.
- Ah, non !!!
Karaclée fut également vivement frappé de toutes parts. Violette semblait désemparée.
- Finissons-en !! Lame d'Air !
Manternel accrut sa vitesse de déplacement. Au sol, il commença à tournoyer tout en approchant de Karaclée.
« Quel style de combat gracieux et poétique... » songea Tristan, ébahi.
- TENACITE !
L'attaque frappa Karaclée mais le Pokémon résista courageusement à la frappe pourtant violente. Wallace resta stupéfait. Santana hocha la tête, impressionnée. Walter était franchement surpris. Rebecca toujours aussi sanguinaire.
- Qu'est-ce que tu attends, Violette, bouffe-le !!
- ...
- ...
Wallace savait qu'il pouvait à présent la battre, mais encore fallait-il que ce soit avec un certain honneur. L'adversaire avait beau paraître superficiel, elle n'en avait pas moins été impressionnante.
- Pourquoi ça prend autant de temps ? soupira Amélia.
- Tais-toi idiote, Violette va venger mon honneur !
Violette regarda Wallace qui savait bien que c'était à lui d'agir. Mais par le biais du combat, il avait semblé à Wallace que Violette était une autre sorte de personne que celle qu'elle voulait bien montrer.
- Plaie-Croix... marmonna-t-il sans conviction
En un mouvement d'escrime, Manternel mit Karaclée KO. Violette baissa la tête et rappela son Pokémon.
- AH NOOOOOOOON !!! C'EST PAS VRAI !
- On retourne à nos recherches... soupira Wallace.
Tout comme le reste de la classe qui avait bien observé la joute.
- Les enfants...
Wallace, Perrine, Naomi et Walter se tournèrent vers Helen Clover.
- Le proviseur nous attend.
Le groupe hocha la tête.
***
La nouvelle nature solitaire de Wallace l'avait poussé à adopter un comportement de plus en plus discret et de plus en plus dissimulateur. C'est à l'âge de quatorze ans qu'il eut son premier baiser avec un garçon derrière l'académie. Lorsqu'il arriva à sa dernière année, il comprit enfin toutes les rumeurs qui circulaient : Ce genre de classes est rempli de gens qui « ne pensent qu'à ça ».
Et Wallace se sentait à l'aise avec eux.
Il gardait des rapports cordiaux mais néanmoins réservés avec sa famille.
- Qu'est-ce que tu as fait, aujourd'hui, Wallace ?
- La routine, m'man, les cours. Quelque part j'ai hâte que ça se finisse...
- De toute façon il est probable qu'on déménage d'ici l'année prochaine.
- Ah ? s'étonna Wallace en regardant son père.
- Ton père a trouvé un nouveau poste à Unys.
Wallace acquiesça.
- Cool. Si vous voulez bien m'excuser...
Wallace sortit de table sous les yeux de sa mère, son père et sa sœur.
- Il est si discret... soupira sa mère.
- C'est un ado, quoi... marmonna son père.
***
Un certain évènement donna à Wallace l'envie d'être plus ouvert sur le monde et d'arrêter de se cacher.
- T'es vraiment un sale enfoiré !
- Je vois pas en quoi ! sourit Wallace en levant les mains.
- Après ce qu'on a fait toi et moi, du jour au lendemain, on se parle plus ?!
- Pourquoi on devrait se parler ? Et en quoi ça fait de moi un enfoiré ?
L'autre type sembla au comble de la rage.
- On a partagé des choses !! On a discuté toute la nuit !!
- J'ai juste pas envie qu'on poursuive ! C'est tout ! Si moi j'veux pas... ça n'existe pas !
- Tu vas voir ta face ! Maraiste !
- Ficelle, à toi !
Couverdure sortit de sa Pokéball.
- Laser Glace ! T'es mort, connard !!
Maraiste ouvrit la bouche et balança le rayon gelé. Couverdure se retrouva assailli.
- Ficelle !! Tranch'Herbe !
Le Couverdure de Wallace envoya une volée de feuilles qui vinrent à bout de Maraiste d'un seul coup. A cette époque, Wallace était déjà considéré comme un des meilleurs éléments de sa promo.
- Bon. Voilà qui est réglé.
- Ça change rien !
- C'est toi qui as voulu qu'on se batte...
- Ça change rien au fait que tu sois quelqu'un de complètement faux, Wallace Gribble !
- ... V'la autre chose...
Les autres élèves observaient la scène, intrigués.
- Tu fais genre personne connait ta vraie nature, mais tout le monde ici voit bien quel genre d'animal tu es, ça sert à rien de prétendre être autre chose !
- C'est ça, garde ton charabia pour les rédacs...
- Pauvre type, va !
Wallace regarda le mec partir, légèrement blessé.
***
A table, le soir même, Wallace réalisa ce que son ex-amant d'un soir avait voulu lui dire.
- Tu me passes les pommes de terre, Wallace ? demanda sa mère.
- Hm...
Wallace passa le plat à sa mère.
- Euh... Maman, papa...
Les parents de Wallace le regardèrent. Lindsay releva la tête.
- Euh... Je... Je voulais vous dire que j'étais homosexuel... Que j'aimais les garçons, quoi...
Le père de Wallace resta figé dans une expression complètement abasourdie. Sa mère secoua la tête.
- Mais non, voyons, Wallace.
- ... Si, maman, je suis homosexuel.
- Comment pourrais-tu le savoir, mon chéri, tu n'as que quinze ans.
- J'en sais que j'ai déjà embrassé plein de mecs et même fait des trucs avec eux...
- ... C'est juste pour t'amuser, non ?
- Non, j'aime vraiment ça, maman !
Désabusée, la mère se leva de table et alla s'isoler.
- Maman ?
- Mais enfin, mais TU TE RENDS COMPTE ???
Wallace regarda son père, étonné.
- Mais enfin, Wallace !! D'où t'es venue cette idée, bon sang ?!
- Quelle idée, papa, c'est ce que je suis, c'est tout...
- Bon dieu de merde ! J'te préviens, je ne veux plus entendre parler de ça ! Plus jamais ! Tu m'as bien compris ? Et ta mère non plus !
- Il faudra bien qu'on en reparle, papa, c'est... ça fait partie de moi !
- Oh putain de nom de dieu, hors de question ! Je vais chercher ta mère, elle doit être morte de chagrin !
- J'vois pas pourquoi...
- TU LA FERMES, COMPRIS ? Je ne veux plus t'entendre me répondre sur ce ton !
- ...
Le père de Wallace partit. Wallace grimaça et regarda sa sœur.
- Putain, c'est quoi leur problème ?
- Toi, visiblement... répondit Lindsay.
Wallace haussa les sourcils et replongea dans son assiette, pas plus avancé maintenant qu'il était au grand jour.
***
Une fois dans sa chambre, Wallace entendait bien que ça criait en bas, et à cause de lui.
« Génial, Wallace, bravo, bien joué, tu as superbement foiré ton coming-out... Tout ça pour essayer de rajuster ton amour-propre, bravo... »
Son Couverdure le regardait, intrigué. Les cris s'arrêtèrent au rez-de-chaussée. Wallace souffla, soulagé. « Au moins y'a pas eu de vaisselle cassée et personne n'est parti de la maison... et a priori je ne suis pas viré de la baraque... »
Wallace se leva.
« Je suppose que maintenant, c'est moi contre le reste du monde... J'ai intérêt à savoir me défendre... Donc à être partout le même Wallace, celui qui envoie chier tout le monde... C'est comme ça que je me sens bien, que je me sens... fort ? »
Comme pour confirmer ses dires, Couverdure évolua à ce moment précis en Manternel. Le Pokémon salua généreusement son maître.
- ... Ficelle, ça fait trop gamin. A présent tu t'appelleras String ! C'est plus... C'est plus Moi !
***
« La dernière chose qu'elle m'a dit, c'est « Passe-moi les pommes de terre »... Pourquoi je me souviens de ça maintenant ?! »
- Madame Clover...
Elle regarda Wallace alors qu'ils se dirigeaient vers le bureau du proviseur.
- Je suis... Je suis vraiment désolé de vous avoir mis dans cette situation... Et désolé de ne pas vous avoir écouté...
Helen soupira en haussant les épaules.
- Que veux-tu, c'est la vie de professeur, un jour on tombe sur un élève trop curieux, ça crée des remous, et finalement... Advienne que pourra, l'année commence seulement, au pire on me retirera votre classe... Ce qui m'embête c'est pour vous, moi j'ai ma vie derrière moi...
- Vous êtes pas si vieille ! souffla Wallace.
Perrine se retourna vers lui, stupéfaite.
- J'ai 35 ans, ça fait plus de quinze ans que j'enseigne, Wallace... Bon j'ai fait des pauses dont une année sabbatique, mais bon...
- C'était une réponse beaucoup trop relax, vous auriez dû me répondre « t'as pas à me parler sur ce ton, vilain mioche » !
- Oh, j'en ai vu d'autres, et des bien pires ! soupira Helen. Faut savoir relativiser dans la vie, si je peux t'apprendre au moins une chose, que ce soit ça...
Wallace sourit. Ils entrèrent tous les cinq dans le bureau du proviseur qui semblait assez stressé, pour preuve sa grosse tasse de café fumante et quelques cigares. Un homme rouquin se tenait derrière lui. L'assesseur était également dans la pièce.
- Ne vous asseyez pas... Je ne veux plus vous voir dans mon bureau à partir de maintenant...
Helen pencha la tête sur le côté. Wallace haussa les sourcils.
- La décision a été prise aux plus hautes instances... Hm-mmm... Nous avons l'obligation de laisser votre devoir se faire sans interférer d'aucune sorte ni vous sanctionner de quelque manière... Tous autant que vous êtes.
Wallace sourit. Perrine de même. Naomi souffla, rassurée. Walter acquiesça, satisfait. Helen semblait également libérée d'un énorme poids.
- Content que vous ne fassiez pas les fiers. Sortez maintenant. Oh, et Madame Clover, je compte sur vous pour VRAIMENT les surveiller !
- C'était ce qui était prévu dès le départ, monsieur Grant.
- Filez, maintenant...
Le groupe sortit de la salle qui se ferma derrière eux. Chacun se regarda, étonné.
- C'est... aussi simple que ça ?! s'étonna Naomi.
- Je t'avoue que je m'attendais aussi à être grillé sur place... marmonna Walter.
- Faut croire que les ordres venaient de vraiment très, très haut... songea Perrine.
- Au moins maintenant, on est tranquilles... et on va faire un bête de mémoire super intéressant ! sourit Wallace.
Helen hocha la tête et s'en retourna en soupirant.
- Vous m'excuserez, les enfants, je vais... prendre l'air et mettre la tête dans un frigo...
Les quatre élèves regardèrent leur prof clopiner dans le couloir, épuisée nerveusement.
- Oh, et, en effet, vous avez intérêt à rendre un devoir béton, sinon je vous arrache les yeux !
Wallace, Perrine, Naomi et Walter se regardèrent.
- Oui, madame !
- Reçu !
- D'accord !
- Ça marche !
***
- A nous et à notre groupe de travail, puisse-t-il nous mener loin ! sourit Wallace.
- Avec un timbré comme toi, à coup sûr... marmonna Naomi.
Les verres trinquèrent entre eux dans la cantine de l'établissement.
- Timbré ?!
- T'as quand même pété un sacré plomb ce matin, je me sens pas en sécurité avec toi ! admit Naomi.
- C'était la chaleur du moment, tu sais pas ce qui se passe dans ma tête, frangine !
- F... Frangine ?! s'étonna Naomi.
- En tout cas, quelque chose me dit que ces trois années ne vont pas être de tout repos... soupira Perrine.
- Ouais... On accueille un vrai petit diable dans notre cercle... sourit Walter.
Wallace plissa les yeux.
- Je suis pas le diable, je dors en kimono !
- Sérieusement ?! s'étonna Perrine.
- Bah oui, pourquoi je plaisanterais à ce sujet ?
Walter haussa un sourcil, intrigué. Wallace haussa les épaules et claqua des doigts.
- Vous allez devoir faire avec, les filles, je suis plus classe que vous !
- V'la autre chose !!
- Oh seigneur, ça, au moins, ça va pas me dépayser... soupira Perrine.
- Comment ça ? s'étonna Wallace.
- Ah ça, non... sourit Walter.
- J'veux savoir, j'veux savoir !
- Quoi, que j'ai deux papas ?
Wallace regarda Perrine avec de la lumière dans les yeux.
- OH MON DIEU, je SAVAIS que tu étais exceptionnelle comme fille !!!
- ... c'est pour ça que tu m'appelais Terrine ?!
- Naaaaaaaaaan ça c'est parce que Perrine ça ressemble à Terrine, c'tout !! La vache, deux papas ! C'est vrai que ton père est super séduisant !!
- ... mmmeeeeeeerci... j'aime pas trop ce ton, ni cet œil vicieux...
- Pourquoi, il est très bien mon œil ! Il a bon goût paraît-il !
- Effectivement, Naomi, tu avais raison, je suis pas rassuré non plus... marmonna Walter.
- Ca va, Walter, on n'est pas en haut d'une pente ! sourit Wallace.
- ... c'est censé me rassurer ?!!!
Le groupe ricana. Wallace semblait enfin à sa place, enfin un peu chez lui, et enfin un peu accepté, ce qui, évidemment, lui faisait le plus grand bien.
***
- Monsieur le proviseur...
- A... Asseyez-vous, Tenorman...
Le secrétaire du proviseur, un grand rouquin à l'air strict, s'assied face au proviseur Grant.
- ... je... euh...
- Il vous a appelé en personne, n'est-ce pas ?
Le proviseur acquiesça, ayant du mal à trouver ses mots.
- Monsieur...
- J'ai... Il m'a demandé de citer la liste des noms des élèves... Je lui ai donné les quatre noms... Et tout ce qu'il a fait c'est rire et me dire que... si je les empêchais de faire le devoir... Il ferait de ma vie un enfer...
Tenorman plissa les yeux.
- Monsieur Grant, qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire, auparavant, il... n'aurait jamais accepté qu'on fasse un tel devoir sur lui !
- Je l'ignore, peut-être... peut-être qu'il... veut lâcher du lest...
- Absolument pas, monsieur, non... Impossible. Un homme aussi radical, un activiste comme Roland Smirnoff, « lâcher du lest », vous savez comme moi que c'est impensable.
Tenorman se leva.
- Je vais mener mon enquête de mon côté.
- ... Tenorman, c'est de la folie.
- Absolument pas, monsieur. Il a appelé en personne, il a voulu la liste des noms, il a donné son accord, ça c'est de la folie.
Tenorman sortit du bureau, sous le regard inquiet du proviseur.
- Par le grand Arceus, vers quoi nous dirigeons-nous...