001 - Au commencement était la parole...
« Le monde m'est nouveau à mon réveil, chaque matin »
(Colette)
« Petit poussin, je ne suis pas fréquentable
Alors oublie-moi et reprends ton cartable »
(Stupéflip, Le Cartable)
Unys était vraiment une belle région. Au fur et à mesure que la voiture avançait, le jeune homme observait par la vitre du côté passager. Les arbres, les fontaines, les arches… Cette région était d'une beauté naturelle à couper le souffle. Pour autant, le visage dans la voiture restait maussade. Le jeune homme avait avec lui un sac rempli de livres et de jeux vidéo qu'il avait déjà écrémé au fil de la route. Ne lui restait plus que le paysage à suivre, et il fallait bien dire que la vue n'était pas mauvaise. Il avait particulièrement apprécié le grand pont entre Volucité et Maillard.
Les parents avaient une conversation très agitée. La jeune fille blonde était calme et immobile aux côtés du jeune homme à l'arrière. Une famille presque normale en somme.
Ils arrivèrent à Ogoesse, leur destination finale. La maison était grande et de plein pied. De loin, elle ressemblait presque à un blockhaus. C'est ce qui – a priori – avait plu aux parents.
La petite famille sortit de la voiture et s'avança vers leur nouvelle demeure, l'air mêlé de curiosité et de hâte pour les parents, une certaine indifférence pour les enfants.
- Les déménageurs ont vraiment fait du bon travail…
- Mouais. N'empêche qu'il y a des cartons abimés, tu le vois bien toi aussi, non ?
- Oui mais bon, ça, on s'y attendait…
Wallace était derrière ses parents. C'était un jeune homme à l'allure taciturne, un brin sauvage, avec des cheveux noirs corbeau, de grands yeux noisette presque dorés et luisants comme ceux d'un chat et une allure désinvolte mais étudiée. Les cheveux légèrement en bataille, la chemise débraillée juste comme il faut et un pantalon assorti. Wallace aimait bien porter du noir, ça lui donnait une allure discrète quand il le fallait. Et là, franchement, il le fallait.
A ses côtés se trouvait sa sœur Lindsay, beaucoup plus détendue. Blonde, queue de cheval, grands yeux bleus, l'air concernée…
- Qu'est-ce que tu en penses, Lindsay ? demanda le père.
- Tant que mes affaires sont dans ma chambre…
- Wallace ?
Le jeune homme haussa légèrement les épaules.
- J'm'en fiche.
- Pour la dernière fois, jeune homme, cesses de me répondre comme ça !
- J'te réponds pas, tu me demandes mon avis, j'te le donne, et… j'm'en fiche !
- Tu ne peux pas te sentir un peu heureux à l'idée de changer de maison ?
- Et… quelle joie puis-je ressentir à l'idée de changer de maison quand je trouvais la précédente très bien comme elle était ?
- Oh, tu m'énerves…
La mère, une grande femme aux cheveux blonds, courts et frisés, au visage atteint par le temps, leva les yeux au ciel et marmonna :
- Il faudrait aller ranger, non ? Les enfants, vous pouvez vous occuper de vos chambres… Lindsay, je compte sur toi…
- Ne t'en fais pas, maman !
- Bien.
Elle s'en alla vers la cuisine. Le père soupira et passa au salon. Lindsay se dirigea vers sa chambre, suivie par Wallace. La chambre de Wallace avait sa porte dans le couloir. Il passa la porte à moitié blindée et se retrouva face à une grande pièce avec baie vitrée coulissante donnant sur le jardin.
- … cool…
Il observa les cartons et les meubles posés dans la chambre. Il chercha un carton précis, l'ouvrit et en tira son iPod ainsi qu'un bloc d'enceinte. Le jeune homme se mit une musique sympa et commença à ranger sa chambre en musique. Il avait mis le volume assez fort, mais ranger une chambre sur du Lady Gaga, c'était beaucoup plus agréable.
Et puis surtout, loin de sa famille, isolé dans son espace à lui, il se sentait nettement plus à l'aise. Après quelques déplacements, placements et replacements méthodiques, Wallace réussit à organiser sa chambre avant que l'album de la chanteuse folle s'achève.
- Wouh ! Juste à la fin de l'avant-dernière chanson ! J'assure !
Wallace éteignit son iPod et sortit histoire de voir où en étaient ses parents qui avaient presque fini. Il se prit à boire dans le frigo et repartit vers sa chambre sans proposer son aide à ses parents, sachant pertinemment qu'ils la lui refuseraient. Il s'en retourna donc dans sa chambre et ajusta sa garde-robe, composée majoritairement de chemises, de tricots de corps, de jeans et de pantalons discrets et de kimonos. Parce que Wallace adorait dormir en kimono.
Demain, il commencerait son premier jour en classe supérieure. Wallace se demandait si cela serait sympa, à Ogoesse. Il espérait vivement pouvoir explorer la ville un peu plus tard.
***
Le premier repas du soir dans la nouvelle maison était comme les anciens repas dans l'ancienne maison.
- J'espère vraiment que mon nouveau boulot sera mieux que l'ancien, je commençais vraiment à me faire chier… Le nouveau patron a l'air bien, déjà. Il ne me parle pas de haut, il m'appelle Monsieur Gribble, pas « Hey Gribble » comme l'autre…
Wallace leva les yeux au ciel en secouant la tête, aux côtés de son père, qui semblait s'adresser à sa mère, en face, qui hochait la tête de temps en temps. Lindsay, aux côtés de sa mère, semblait terriblement intéressée, ce qui affligeait encore plus Wallace.
- Lindsay, demain, ça ira, je présume ?
- Oh, oui ! L'association des Pom-Pom Girls a adoré ma vidéo de participation et je vais à coup sûr être prise dans l'équipe !
- Très bien. Quant à toi, Wallace, pas de bêtises, compris ?
Wallace acquiesça.
- Promis, papa, j'essaierais de ne pas avoir de trop bonnes notes pour ne pas faire d'ombrage à la carrière de Lindsay qui s'annonce, à coup sûr, florissante et pleine de débouchés intéressants. Tu as envoyé une vidéo de participation au MacDo du coin aussi ?
- Wallace, bon sang ! grommela le père.
- Tu es juste jaloux parce que moi j'ai un but dans la vie ! siffla Lindsay.
- On verra ça dans vingt ans quand tu auras eu trois enfants avec le capitaine de l'équipe de foot…
- Au moins, elle, elle aura des enfants…
Wallace regarda son père, l'œil mauvais. Ça, c'était la goutte de trop. La réaction fut épidermique.
- Je vois. Dans ce cas je vais également m'inscrire en tant que Pom-Pom Girl. Est-ce que vous portez toujours des jupes si courtes qu'on voit le haut de vos cuisses et le début de vos fesses ?
- WALLACE ! grogna son père.
- Non, parce que si je porte une mini-jupe, je tiens à ce que mes meilleurs attributs soient mis en valeur ! Pour l'équipe, bien sûr !
- Wallace, BON SANG !
- Oh ! Et je pourrais aussi essayer de me faire féconder par le capitaine de l'équipe de foot !
- TU SORS DE TABLE !
- D'accord.
Wallace sortit de table avec son assiette et ses couverts, satisfait et remboursé. A table, le père de Wallace semblait ulcéré.
- J'en ai marre qu'il soit comme ça, aussi provocateur…
La mère de Wallace ne put qu'approuver, s'essuyant les lèvres de la manière la plus embarrassée qui soit. Elle regarda Lindsay.
- Encore un peu de salade, chérie ?
- Non merci, maman, deux feuilles, c'est déjà beaucoup trop !
***
Le lendemain, Wallace et Lindsay étaient emmenés par leur mère à l'école. Wallace, à l'arrière, resta silencieux pendant tout le voyage alors que sa sœur et sa mère parlaient de choses et d'autres.
- J'espère juste que tu ne tomberas pas sur un coach trop strict. C'est difficile d'être pom-pom girl, ma chérie, c'est très physique.
Wallace leva les yeux au ciel. « C'est très difficile d'agiter des pompons, pfou… »
- Je sais maman, mais rassure-toi, je suis persuadée qu'avec les filles on sera à la hauteur et que le coach sera très satisfait !
« Oh oui, ça je pourrais te le confirmer, à genoux, vous serez à la bonne hauteur pour satisfaire le coach… »
- Au moins tu es optimiste !
- Ah bah ça oui !
« Ah bah ça, oui ! Ça va être tellement génial de pointer au chômage d'ici dix ans ! » songea Wallace, les yeux vers le ciel, atterré.
Wallace observait le paysage d'Ogoesse. Une ville bien policée, mais avec néanmoins quelques bars intéressants que Wallace se faisait un devoir de visiter plus tard. A seize ans, il avait faim d'aventure. De toute sorte.
L'établissement scolaire où Wallace suivrait ses cours était un impressionnant complexe blanc, tout à fait semblable à un campus universitaire. Le jeune homme était impressionné positivement. « Au moins on nous prend pas pour des cons… »
La mère de Wallace s'arrêta non loin de l'entrée.
- Bon, eh bien à ce soir.
- A ce soir, maman ! sourit Lindsay.
- Hm… marmonna Wallace en sortant de la voiture avec son sac.
Lindsay se dirigea immédiatement vers les autres pom-pom girls qui portaient le même uniforme qu'elle, ce qui provoqua chez lui un haussement de sourcils navré. « Bon, Wallace, cherche les mecs en noir avec une tête déprimante, ce sera ton troupeau… »
Wallace observa les jardins, les gens qui parlaient, qui échangeaient, qui pianotaient même sur des ordinateurs portables sur leurs genoux. « Parmi ces gens, il y en a peut-être de ma future promo… »
Il y avait beaucoup de monde et Wallace était vraiment très surpris, mais il se dit aussi que tout le monde ne viendrait pas en même temps en cours. « Mine de rien les mecs qui pensent les emplois du temps sont des malins… »
Devant des marches menant aux jardins faisant face à l'établissement, il aperçut un jeune homme en fauteuil roulant qui semblait embêté. Wallace approcha, mû par de vieux restes de sens civique.
- … Salut… ?
- Oh. Hey… marmonna le garçon en fauteuil.
- Tu… as… besoin d'aide ?
- J'attends ma cousine qui est censée venir m'aider, en fait.
- J'vois pas de cousine dans les parages… Tu veux que…
- Oh, non, non… elle va arriver, pas la peine…
Wallace regarda le petit mec un peu distrait dans son fauteuil, un modèle dynamique avec les bras. Il portait même des mitaines en cuir pour rouler sans se blesser. Ce qui surprit Wallace, c'était ce regard bleu-gris, des yeux à la fois un peu tristes mais également très éveillés.
- C'est quoi, ton nom ? demanda Wallace.
- Walter.
- Moi c'est Wallace. Bon, bah j'applique la solidarité des gens dont le nom commence par la même lettre, hein…
Wallace prit les poignées et poussa le fauteuil jusque vers la rampe.
- Eeeeeeeh !!!
- Oh ça va hein…
- Non mais ça va pas !
- Excuse-moi de t'aider !
- Mais c'était pas la peine !!
- On aurait dit que si !
Wallace arriva en haut avec Walter qui grommelait toujours.
- Et voilà !
- C'était pas nécessaire…
Wallace regarda Walter, circonspect.
- Pas nécessaire, vraiment ?
- Non. Ma cousine serait bien arrivée à un moment ou à un autre.
- C'est ça. En attendant, t'es en haut, maintenant.
- Super, comme ça je peux attendre ma cousine en haut !
- Tu lui feras la surprise, tu lui diras qu'un connard en chemise t'a aidé.
- Quelle chemise affreuse en plus !
- Toujours mieux que ton pull en tweed, c'est ignoble de porter ça !
- Désolé de ne pas être un mannequin, niveau démarche j'ai toujours eu du mal !
Wallace regarda Walter et éclata de rire, à la grande surprise du jeune handicapé.
- P… Pas mal, celle-là ! Héhéhéh !
- … la plupart des gens sont très embarrassés quand je fais ce genre de blagues !
- Bah c'est que t'es mal entouré. Tu m'excuses, j'ai envie d'aller voir dans quelle classe je suis. Tchao.
Wallace s'éloigna. Walter haussa les sourcils. « Bizarre, ce gars… »
- Walter !
Le jeune homme en fauteuil se retourna vers sa cousine, Perrine. Une grande fille robuste, un peu forte, avec une robe aubergine et une coupe au carré qu'elle affectionnait particulièrement.
- Oh, salut, Perrine.
- Tu es monté seul ? La pente m'a l'air assez raide !
- … un… étudiant m'a aidé !
- Ah ! Alors, tu vois bien que tous les étudiants ne sont pas des enfoirés !
- Ca m'avait tout l'air d'être un cas à part !
- Mouais. Bon, eh bien je vais enfin pouvoir vous présenter. Naomi…
La jeune fille noire derrière Perrine s'avança. Elle portait une belle robe blanche avec une ceinture de tissu jaune.
- Je te présente Naomi. Naomi, mon cousin Walter.
- Enchantée !
- De même…
Walter serra la main de la jeune fille.
- Bon, eh bien en route vers notre destinée… savoir dans quelle promo nous serons. Prions pour que ce soit la même.
- Y'a peu de chances… marmonna Walter.
- Cesse d'être aussi pessimiste ! soupira Perrine.
***
Wallace arriva près des tableaux, plutôt clairsemés. Il regarda vers le premier, qui classait les élèves de la 1ère 1, première classe de première année.
Il trouva son nom du premier coup.
- La chance… Et si ce Walter Ludges est bien le même que celui que j'ai aidé, alors on sera dans la même classe…
Wallace n'avait même pas remarqué qu'il pensait tout haut. Une jeune fille asiatique à ses côtés soupira en levant les yeux au ciel. Wallace la regarda, et la jeune fille à la coiffure particulière, des couettes rondes de chaque côté de sa tête, lui lança un regard désabusé.
- … un problème ?
Elle ne répondit rien et partit d'un pas leste. Wallace remarqua qu'elle portait un chemisier typique des pays asiatiques, de couleur rose pastel, ainsi qu'un pantalon blanc moulant. « C'est pas comme si elle se fringuait bien… » songea Wallace.
- ON EST DANS LA MEME CLAAAASSE !!!
- SUPER SUPER SUPER !
- Ouaiiiiiiiiiiiis !!!
Craignant pour sa vie, Wallace s'éloigna, laissant la rousse, la brune et la blonde s'extasier.
- Rebecca, tu te rends compte, la même classe !!! sourit la brune aux cheveux courts.
- Trop bien Violette, j'aurais jamais imaginé ça ! T'as vu, Amélia ?! cria la rousse.
- Dis Rebecca, c'est quoi ce chiffre à côté de mon nom, c'est mon poids ?… marmonna une blonde apparemment très longue à la détente.
- C'est… ton numéro dans la liste, Amélia ! grommela Rebecca, atterrée.
- Heureusement…
- On est dans la même classe les filles c'est génial ! sourit de nouveau la brune.
- AH OUI TROP BIENNNNN !!!
Elles partirent en poussant des cris.
***
Wallace atteignit la salle où sa promo était attendue.
Il y retrouva Walter qu'il salua d'un geste de la main. Perrine regarda son cousin.
- Tu le connais ?
- … Vaguement, ouais…
Il y avait des tas de gens qu'il ne connaissait évidemment pas. Ayant habité Ville Griotte, il était ici en terrain inconnu. Il essaya donc d'aller au plus haut du petit amphithéâtre. Ce faisant, il heurta quelqu'un dans les escaliers.
- Put…
- Oups !!!
Wallace releva la tête pour tomber nez à nez avec un adolescent pas très à l'aise dans ses baskets. Portant une veste bleue sur un polo rouge à rayures horizontales noires, il avait l'air tout à fait banal au premier abord.
- Eh, fais gaffe, merde, j'ai failli tomber !!
- … euh… pa… Pardon…
- 'Tain…
Ce jeune homme, dont le nom était Tristan Edison, observa Wallace, qui arpentait les escaliers, assez longuement alors que celui-ci lui faisait dos. La seule réaction que Tristan trouva à formuler fut :
- … woaw…
- Tristan, tu viens ?
Tristan se retourna vers un gamin châtain à lunettes.
- Benjamin et Orson sont en plein débat sur Star Wars, j'ai besoin de toi pour les séparer !
- … J'arrive, Tino.
Wallace monta encore plus et arriva presque au sommet de l'amphithéâtre. Il trouva trois filles. Une rousse sexy et visiblement volcanique, une brune discrète aux cheveux courts et une blonde fashion à la bouche à moitié ouverte.
- Heeeeey Beau gosse !! Viens t'asseoir avec nous !! Heeeey !
- … j'le sens mal…
Wallace approcha des filles. La première, Rebecca, se leva.
- Bonjour ! Je suis Rebecca ! J'étais déjà la fille la plus populaire du secondaire, et je compte bien être la plus populaire du tertiaire ! Si tu veux briller en société, c'est avec moi !
- … avec toi quoi ?
- … avec moi qu'il faut s'afficher, voyons ! On t'a déjà dit que tu étais mignon ?
- Oui, souvent…
- Oh, un séducteur ! Et cette chemise… Tu es riche ?
- Non, je fais des petits boulots à droite à gauche…
- Ooooh un homme qui s'assume en plus ! Tu deviens craquant !
Wallace leva les yeux au ciel. Comment se débarrasser de la sangsue… Ses amies observaient, semblables à des brebis.
- Je tiens à ce que tu t'asseyes, tu es trop chou, tu DOIS t'asseoir à côté de moi !
- Euh, non…
- Quoi, pourquoi ?!
- Pour quelle raison enfin ?! s'étonna Violette.
- Bah ouais pour quelle raison… ? marmonna nonchalamment Amélia.
Wallace ne trouva rien de poli à dire, il haussa les épaules et fit demi-tour.
- Quel GOUJAT !
- Tu étais très bien, Rebecca, c'est lui qui est bizarre ! assura Violette.
- Jamais on ne m'avait regardée avec autant d'indifférence, mais pour qui se prend ce mec !
- Ne t'inquiète pas, Rebecca, je pense que ça n'altèrera en rien ta popularité !
- J'espère bien. Dis quelque chose, Amélia !
Amélia regarda Rebecca dans un mouvement de tête affreusement lent.
- … J'ai pas entendu, pour quelle raison il ne veut pas s'asseoir ?!
- … Amélia, bon sang !! grommela Rebecca.
Wallace trouva refuge auprès d'un élève noir en veste de sport rouge aux côtés d'un blond au sourire carnassier et d'un gros noir à l'air placide.
- Je peux ?
- Ouais, mec, vas-y !
Wallace s'assied et tendit la main.
- Wallace.
- Mike, ça c'est James et le petit blanc, là, c'est Steven.
- Hey.
- Yo.
- Salut…
Wallace resta là à attendre la prof. Il observa les autres élèves de la classe. Walter, l'élève de ce matin, était avec une petite grosse et une fille noire. « On dirait des mormons prêts à faire du porte à porte… »
Wallace repéra également deux frères jumeaux. « Blonds avec des taches de rousseur ? Berk ! »
Un type très pâle avec de longs cheveux blonds couverts de gel aux côtés d'une fille sérieuse avec une queue de cheval blonde. « Eux, ils couchent ensemble. »
Un groupe de geeks avec en bout de table un blondinet à l'air rêveur. « Quatre fanas d'ordis, berk. Un blond à l'air rêveur : Ti-ding, ti-ding, ti-ding ! »
Ainsi qu'un grand type brun avec des lunettes à monture noire entouré d'une fille aux longs cheveux noirs et d'une petite asiatique avec la coupe au bol et de fines lunettes. Wallace plissa les yeux. « Le mec à lunettes, faudra que je me le fasse… »
Un professeur arriva, une femme d'âge adulte, cheveux noirs teints en roux portés en chignon, l'air strict avec un chemisier blanc et une jupe beige. Wallace plissa les yeux. « Elle a l'air tarte ! »
- Bonjour tout le monde, si vous pouviez vous asseoir et faire silence…
Les élèves s'assirent rapidement à leurs places et s'apprêtaient à écouter le discours de leur professeur principal. Un Miradar droit comme un I patientait à côté de son bureau, observant fièrement sa maîtresse, les pattes avant croisées.
- Je suis Helen Clover, professeur d'Histoire, et je serais votre professeur principal pour les trois années que vous allez passer ici. Vous êtes donc la première année 1, vous êtes tous nouveaux ici, au Complexe Educatif Tertiaire d'Ogoesse. Sachez tout d'abord que nous avons régulièrement des conférences, des animations, des visites d'invités prestigieux par exemple l'Association Pokémon qui régulièrement nous propose des intervenants. Référez-vous en au panneau d'affichage situé à l'entrée. L'accès au Complexe vous est autorisée tous les jours de la semaine sous certaines limites, il vous est plus que recommandé d'y passer régulièrement même pendant les vacances étant donné que pendant trois ans vous allez devoir écrire un mémoire à plusieurs, par groupes de quatre très exactement.
On entendit un brouhaha de plaintes et d'interrogations.
- Rassurez-vous, vous vous déciderez pour les groupes et le sujet pendant une semaine…
Cela n'atténua pas le boucan.
- Où on va trouver quelqu'un pour bosser pour nous ? grommela Rebecca à ses deux amies.
« Et merde, je vais devoir fraterniser… » songea Wallace.
« Et merde, y'a que des pisseuses ou des branleurs dans cette classe… » songea Santana.
- Trop fort ! On prend ta meuf avec nous, James ? s'enjoua Mike.
- J'sais pas trop, mec, j'sais pas trop… répondit mollement James.
- On peut se mettre nous trois ensemble, encore faut-il trouver un quatrième larron ! admit Perrine.
- Et de préférence quelqu'un qui bosse !
Perrine regarda Naomi qui haussa les épaules.
- J'veux pas d'un tire au flanc en plus de pointures comme toi ou moi !
- Je… fais mes devoirs aussi… assura Walter, un poil offensé.
- J'disais pas le contraire, juste que voilà, Perrine, choisis quelqu'un de fiable !
- Oui, madame ! soupira Perrine. Eeeeeh, pourquoi moi ?!
- J'ai jamais été une bonne chef ! admit Naomi.
- Et moi j'ai des roues ! rappela Walter.
Perrine roula des yeux et retourna à son croquis de salle de classe remplie de démons et de sorcières. Helen reprit la parole.
- Voilà, voilà, vous avez à part ça accès à plusieurs endroits de l'établissement. La médiathèque est gérée par monsieur Denis Truman, je vous recommande de faire appel à lui dans le cadre de vos recherches.
Perrine leva les yeux au ciel.
- Vous avez aussi accès aux salles de sport, aux terrains d'entrainement, aux salles informatiques, mais également aux simples casiers qui se trouvent en dehors de la salle, sur les murs. De toute façon vous savez ça depuis la visite guidée, pour ceux qui l'ont faite. Bien. Vous allez sortir vos ordinateurs, je vais vous donner le code Internet et vous allez ainsi accéder à votre espace personnel d'étudiant…
La salle s'activa. Pendant ce temps-là, Wallace se demandait à la fois avec qui il allait faire son devoir et sur quel sujet.
- Eh, Wallace j'crois, tu te mets avec nous ? demanda Mike.
- Euh bah…
- Vieux, nan, Fey va me démolir si je me mets pas avec elle ! grommela James.
- … Ah ouais, ok, oublie ça, vieux.
Wallace plissa les yeux, ne sachant pas s'il devait être fier d'être le « vieux » de Mike. La prof se contenta d'allumer le rétroprojecteur qui indiqua aux élèves la marche à suivre. Elle ne semblait pas excessivement férue d'informatique.
- Très bien… Donc moi je serais votre professeur d'histoire ainsi que votre référent ici, vous pouvez me voir presque tout le temps étant donné que je n'ai quasiment que vous en classe, vu que les effectifs ont été drastiquement augmentés par la Réforme Smirnoff…
Wallace haussa un sourcil. « Tiens, ils font de la vodka et de la politique ?!… cette marque est pleine de surprises ! »
- … ainsi que nos moyens mais nous y reviendrons plus tard. Mon cours se divisera en plusieurs parties…
Wallace était déjà sur Wikipédia à chercher de qui pouvait venir cette réforme.
« Smirnoff… Homonymie :
Victor Smirnoff, psychanalyste français ;
Yakov Smirnoff, comédien et humoriste américain d'origine russe ;
Etienne Smirnoff, professeur de stratégie Poképolite et écrivain d'essais sur les Pokémon ;
Roland Smirnoff, fils d'Etienne Smirnoff, personnalité politique Poképolite ;
Smirnoff une marque de boissons alcoolisées. »
- … entre autres nous allons aborder les grands faits historiques et politiques qui ont rythmé Poképolis mais également le monde dans son ensemble, politique, géopolitique, j'essaierais d'explorer avec vous ces thématiques qui ont traversé notre histoire car – j'enfonce des portes ouvertes – connaître le passé c'est mieux comprendre le présent.
« Je suppose donc que c'est ce Roland… mais c'est pas possible, il a à peine 35 ans… »
- Bien, étant donné que nous avons la matinée, autant commencer maintenant…
Wallace ferma sa recherche pour se consacrer au cours. « On va pas prendre de mauvaises habitudes dès la rentrée, hein… »
***
- Heeeeeeeeey !
« Je vais commettre un putain d'homicide… »
Wallace, en direction de la salle suivante, se retrouva abordé par Rebecca, Amélia et Violette.
- Oh mon Dieu, j'ai justement pensé à toi pour ce devoir ! Ça te dit de te mettre avec nous ?
- Euh… Je sais pas trop…
- Oh mais tu n'as pas à hésiter, avec des camarades aussi impressionnantes que nous…
Wallace regarda la rousse prétentieuse, la brunette effacée et la blonde à moitié endormie.
- … euh…
- Allez, disons que c'est ok !
- … quel est mon nom ?
Rebecca regarda Wallace, intriguée.
- Pardon ?
- Je te demande quel est mon nom. Si tu penses que je suis aussi bien que ça, c'est que tu me connais bien, que tu es à même d'évaluer ma capacité à bosser avec vous, je te demande donc quel est mon nom.
Rebecca, prise au dépourvu, déclencha son seul moyen de défense…
- Ah oui ? Et le mien, c'est quoi ?!
Le « Ah ouais, et toi ? ».
- Rebecca, tu me l'as dit en te présentant au début du cours de Madame Clover. Manque de pot pour toi, je l'ai retenu, je suis bon pour retenir les noms.
- … Mais c'est ta faute, tu as été particulièrement impoli !!
- Tu ne me l'as pas demandé, nuance.
- Eh bien je te le demande maintenant !
- Trop tard. Quoi qu'il en soit, je ne suis pas intéressé pour le moment, alors…
Wallace s'en retourna vers le prochain cours en suivant les élèves. Rebecca grommela.
- Mais c'est QUOI son problème ???
- Ce garçon n'ira pas loin dans la vie, il n'a pas la notion des contacts humains ! soupira Violette.
- J'aime bien sa chemise…
Rebecca, furibonde, regarda Amélia qui haussa les épaules.
Wallace se glissa parmi les autres élèves. Il se retrouva à marcher derrière l'élève mignon qu'il avait repéré, accompagné d'une brunette un peu tarte et d'une asiatique avec la coupe au bol. « Zut, il est entouré de ses copines, j'peux pas l'aborder ! »
- J'en sais rien, la prof avait l'air du genre classique, sans plus…
- Tu dérailles, Francis, ce cours était super intéressant, l'année s'annonce très sympa avec une prof aussi agréable.
- Mouais. T'en penses quoi, Lucy ?
L'asiatique haussa les épaules.
- C'est juste le premier jour, pas de quoi extrapoler.
- C'est pour ça que j'adore me confier à elle ! assura la brune.
- Vous vous racontez des trucs de gonzesses à tous les coups ! souffla Francis.
- Non, on parle de toi… et de moi.
- Quoi ? T'es pas sérieuse, Quinn ?!! Tu lui racontes des trucs aussi perso ?!
- C'est ma meilleure amie ! Et c'est aussi la tienne !
Wallace grommela. « Eh merde, il est forcément hétéro… Bon, je le garde de côté, à vérifier plus tard ! »
La classe s'arrêta en rang dans le couloir, derrière la porte. Wallace était auprès de Perrine, Walter et Naomi. Ne les connaissant pas, il ne se risqua pas à entrer dans la conversation.
- J'ai presque hâte de rentrer chez moi, je sais pas pourquoi mais les cours ça me stresse ! soupira Perrine.
- Dit celle qui n'avait que des bonnes notes l'an passé… soupira Naomi.
- J'étais en avance sur les autres, nuance !
- Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre… soupira Walter. Et pour ce devoir ?
- Ca s'annonce pas super passionnant… marmonna Perrine.
- Ah, moi je pense que ça peut donner des trucs sympa. La morale et l'éthique dans le monde des Pokémon, ça serait un bon sujet, bien percutant ! admit Naomi.
- Hm, oui… Pourquoi pas… marmonna Walter.
- Euh… je suis pas comme vous, j'aime pas réfléchir, moi ! grommela Perrine.
Wallace leva les yeux au ciel. Mais la conversation à sa gauche n'était pas meilleure.
- C'est n'importe quoi, Orson, tu ne peux pas comparer Secret of Evermore à Secret of Mana.
- Je dis simplement que les deux jeux ont le mérite d'être presque identiques tout en exploitant différemment leurs systèmes de jeu !
Benjamin soupira. D'un simple coup d'œil, Wallace pouvait dire qu'il était juif. Disons qu'un garçon pâlot, avec de grosses lunettes et une bonne touffe de cheveux frisés, ça ne trompait pas grand monde.
- Orson, parfois, tu me sidères. Secret of Mana pouvait se jouer à trois joueurs ! TROIS JOUEURS !!! Secret of Evermore avait tout juste un système élaboré de niveaux d'armes, de magie et de personnages !
- Tu oublies les devises… marmonna Tino qui mangeait une barre de céréales alors que Tristan semblait atterré par ce débat.
- Ah oui ! Qu'est-ce que tu dis de ça ! Quatre monnaies différentes dans Secret of Evermore !! asséna Orson.
- Ca ne change rien, Secret of Mana est toujours meilleur ! grommela Benjamin.
- Dans Secret of Evermore, tu contrôles un chien ! grogna Orson.
- Dans Secret of Mana, tu grimpes sur un dragon ! grommela Benjamin.
- On peut très bien jouer aux deux, aussi… marmonna Tristan.
Benjamin et Orson regardèrent leur quatrième camarade. Tino regarda Tristan, intrigué. « T'es sûr de vouloir t'en mêler ?! »
- Non, non et non ! grommela Orson. Secret of Mana est vieux et dépassé !
- C'est le look du héros de Secret of Evermore qui est vieux et dépassé !
- RETIRE CA !
- NAN !
Tino regarda Tristan l'air de dire « Ça va être un long cycle scolaire… »
Wallace songeait à une manière rapide et discrète de se suicider. Le professeur les fit fort heureusement rentrer en classe pour le cours de fondamentaux.
Wallace se plaça derrière Perrine, Walter et Naomi, seul sur son rang à l'exception d'une élève aux cheveux roux et courts.
- Je suis Ulrich Paxton, professeur de fondamentaux. Conformément à la réforme Smirnoff, vous avez à présent autant d'heures d'Histoire et de Fondamentaux que de cours consacrés au dressage. Bien, je vais procéder à l'appel… Clive Barker…
L'élève blond super pâle aux longs cheveux couverts de gel, look un peu vampire, leva la main.
- Violette Benson…
L'amie de Rebecca leva la main.
- Orson Bertelin…
Le geek un peu benêt, châtain, coiffure sage et pull Jacquard beige foncé, leva la main.
- Gina Crawford…
Une hispanique aux cheveux noirs, l'air très confiante, leva la main.
- Mike Denton…
Le black en veste sportive fit savoir sa présence.
- Tristan Edison…
Le jeune homme aux cheveux châtains courts leva la main.
- Rebecca Gates…
La rousse prétentieuse signala sa présence.
- Quinn Greyson…
La brunette un peu tarte que Wallace suivait dans le couloir leva la main.
- Wallace Gribble…
Le jeune homme leva la main.
- Léon Grimes…
L'un des deux jumeaux, un petit blondinet dégourdi avec des taches de rousseur, leva la main.
- Lilian Grimes…
Le second frère jumeau leva la main.
- Fey Hope…
Une grosse fille black à lunettes avec deux mèches roses devant son visage leva une main discrète.
- Andréa Hunter…
La fille à la queue de cheval à côté de Clive leva le bras.
- Tino Ketts…
Le pote de Tristan leva une main enthousiaste.
- Naomi Kingsley…
L'amie de Perrine leva la main.
- Santana Lan…
L'asiatique à l'air hautain leva un doigt.
- Amélia Levy…
La blonde leva indifféremment la main.
- Walter Ludges…
Le jeune homme en fauteuil leva le bras.
- … je saurais m'en souvenir.
Walter leva les yeux au ciel.
- Robbie Mayer…
Un blond aux yeux rêveurs leva la main.
- James Pitterson…
Le gros pote black de Mike leva la main.
- Benjamin Ratsone…
Le jeune homme à lunettes avec les cheveux noirs bouclés leva la main.
- Christina Rockwell…
Une jeune fille à lunettes avec de longs cheveux blonds vénitiens leva la main.
- Ana Sevreska…
La rousse aux cheveux courts aux côtés de Wallace leva la main.
- Lucy Tien…
La petite asiatique avec la coupe au bol leva une petite main.
- … ma parole c'est l'auberge espagnole cette classe…
Les élèves plissèrent les yeux, intrigués.
- Perrine Truman…
Perrine leva la main, encore interloquée par les propos du professeur.
- Steven Weldon…
Le blond au sourire carnassier aux côtés de Mike leva la main.
- Holly Williams…
Une blonde très réveillée et dynamique leva la main.
- Et enfin Francis Zuckerman…
Le pote de Lucy et Quinn leva la main.
- Très bien. On va pouvoir commencer ce cours…
***
Au repas de midi, Wallace se retrouva… à la table des geeks.
- Le problème avec toi, Tino, c'est que tu crois que Star Wars, c'est juste les films !!
- Nan mais, Benjamin, ce ne sont que des films ! L'univers étendu n'est absolument pas intéressant !
- C'est là que tu te trompes !!
« Pourquoi, pourquoi, pourquoi je me suis assis avec eux… Le couloir ça m'avait pas suffi en fait. Wallace aime les hommes et la souffrance psychologique. Bon sang, je suis vraiment un foutu détraqué… » songea Wallace.
Wallace regarda Robbie en face de lui. Blond, yeux bleus rêveurs, belle petite trogne…
« Ah ouaiiiiiiiiis… Voilà pourquoi j'me suis mis làààààààà… »
- Les gars, les gars…
« Et il est encore plus mignon quand il parle… »
- Je pense que ce que Benjamin veut dire c'est que pour lui, les films représentent tout un univers !
- C'est ça !
- Et qu'il n'est nul besoin d'y ajouter quelque surplus inutile comme des romans, des séries dérivées…
- Certaines sont pas mal ! souffla Tino.
- Mais ça n'est pas le canon ! souffla Orson.
Tristan ne participait pas au débat. Assis à côté de Robbie, il fixait Wallace qui ne lui adressait aucun regard, concentré sur Robbie et de toute façon totalement largué par la conversation.
- Tu en penses quoi… Wallace, c'est ça ?
Wallace regarda Robbie qui lui proposait la parole. Wallace n'y connaissait rien, Star Wars pour lui c'était un vieux film…
- Euuuh… Bah… J'aime bien le mec en bleu avec les longues oreilles pointues…
Benjamin, Orson et Tino semblaient consternés.
- Noob… soupira Orson.
- Double Noob… acquiesça Tino.
- Triple, même… affligeant… soupira Benjamin.
- Hein ?!
- Tu… parles de Star Trek… marmonna Tristan.
- … C'est pareil, nan ?!
Soupirs de consternation. Robbie serra les dents, embarrassé. Tristan regardait Wallace, pas très satisfait. Wallace grommela en prenant son plateau.
- De toute façon vous êtes lourdingues avec vos conversations débiles, j'aurais même pas dû manger avec vous !
Wallace s'en alla ailleurs. Orson soupira.
- Oh non, notre table est en nombre impair maintenant…
- Tu peux laisser tes obsessions numériques de côté ? Nous venons d'avoir un parfait exemple d'inculture manifeste ! soupira Benjamin.
Tino regarda Robbie.
- Tu peux encore arrêter leur dispute ?
- Je sais pas trop… Vous vous connaissez depuis longtemps, je crois…
- Depuis le cycle primaire… souffla Tristan presque lassé.
- Ah ouais quand même !
Wallace se retrouva à une autre table non loin de Clive et Andréa.
- De toute façon tu vas bien être obligé de parler à des gens, le devoir il faut le faire à quatre !
- Ca m'emmerde… soupira Clive.
- Je me mets avec toi, c'est une chose, mais après… marmonna Andréa.
- On n'a qu'à demander aux jumeaux… même s'ils ont l'air super cons.
- Si tu commences comme ça…
Wallace se contenta de manger sans participer à la conversation. « Chaque fois que je l'ouvre, ça fout la merde… »
***
Pour les cours de l'après-midi, Wallace resta dans son coin à tapoter mécaniquement sur son ordinateur les mots du professeur de Combat Direct, une femme apparemment assez rude.
- Et vous m'ferez un plaisir de choisir rapidement vos options, que je sache qui est une fillette ou pas. Je sens déjà qu'on va avoir droit à des sportifs…
Mike et ses potes acquiescèrent.
- … des tarés d'informatique…
Tristan, Tino, Benjamin et Orson se regardèrent.
- … et que sais-je d'autre… Vous, là, pourquoi vous portez des gants ?
Walter, désigné, regarda ses gants.
- C'est parce que… je me déplace en bougeant mes roues, madame…
- Et alors ?
- … et alors, les roues touchent le sol, donc elles sont sales, donc je dois porter ces mitaines en cuir pour pas me salir ou me blesser !
- Je vois, j'ai déjà une fillette dans la classe, super…
Walter leva les yeux au ciel en secouant la tête.
- Bref. Pour bien commencer l'année, je vais faire combattre deux personnes… Qui pense être très, très fort voire imbattable ?
Mike, Rebecca, Violette, Amélia, James, Andréa, Holly, Francis, Gina et Steven levèrent la main.
- Ok, vous, j'vous déteste d'office, et vous avez intérêt à avoir de super notes avec moi sinon j'vous colle en retenue direct. Je retiendrais les visages !
Francis grimaça. Quinn et Lucy le regardèrent, atterrées.
- Crétin… grommela Quinn.
- Prétentieux… soupira Lucy.
- BON. Passé les « J'ai la plus grosse » de la classe… J'appelle la grande asiatique, là, en rose !
Santana se désigna et la prof hocha la tête. Lucy poussa un ouf de soulagement.
- Si j'y allais, c'était ta faute, crétin fini !!
- Ca va, c'est bon, calme-toi, arrête de me frapper ! geignit Francis.
La prof scruta la salle.
- Contre…
Santana descendait les marches du petit amphithéâtre.
- … le gamin avec l'autocollant « Bullshit » sur l'ordinateur.
Wallace releva la tête.
- Moi ?!
- Nan, le mur. Oui, toi. Ramène tes fesses.
La classe ricana. Wallace soupira et se leva.
- Vous pourriez au moins faire un effort pour retenir les noms…
- J't'ai demandé quelque chose ? De descendre. Alors tu t'exécutes ou c'est deux heures de colle.
Wallace descendit en grommelant.
- Vous avez pas le droit de nous coller…
- Pardon ?!
- J'ai dit « Vous allez voir, ça va donner ! » rétorqua Wallace.
- J'espère bien.
Wallace se plaça face à Santana. Laquelle semblait à l'aise. Wallace se souvint d'elle, il l'avait vue au panneau des listes des classes.
- Eh, mais je t'ai vue ce matin…
- Moi je t'ai vu toute la matinée, on est dans la même classe, crétin.
La classe se rit de Wallace, embarrassé. La prof alla s'asseoir à son bureau.
- Bien. Je vous rappelle les règles des combats directs depuis la Réforme Smirnoff – vu qu'on nous demande de vous le rappeler à chaque fois.
Wallace tiqua de l'œil. « Encore ce Smirnoff… »
- Vous avez droit à toutes les attaques sauf celles changeant le climat – pour des raisons évidentes. Les Pokémon avec Sable Volant, Crachin, Sécheresse ou Alerte Neige sont proscrits. Vous avez droit à un seul Pokémon, le combat s'arrête quand un des Pokémon est KO. La défaite est admise quand l'un des deux dresseurs rappelle son Pokémon en premier. L'usage des attaques Destruction, Tout ou Rien, Souvenir, Vœu Soin, Danse-Lune, Prélèvement Destin ou Explosion est également interdit et constitue la défaite immédiate de celui qui l'utilise par hasard ou par inadvertance. Vous êtes prêts ?!
Santana acquiesça. Wallace hocha la tête.
- Alors c'est parti.
- A toi de jouer…
- Tsunami, Go !
Santana appela une magnifique Moyade, rose et blanche, semblant légère et vaporeuse.
Wallace… avait appelé un Chartor. La créature grommela, semblant être dérangée.
- Tabasco… Oups…
- Bravo, joli choix. Tu comptais perdre ou je me trompe ? marmonna Santana.
- M… Nan ! Je peux changer ?
- Qu'est-ce que j'ai dit ? Un Pokémon. Tu sais compter ?! grommela la prof.
- Au cas où ça ne se verrait pas, je me suis trompé !
- Pas mon problème !
Wallace soupira. Chartor bâilla. Santana plissa les yeux.
- C'est une blague ?!
- J… Euh…
- Je rêve ou tu as envoyé un Pokémon qui ne t'obéit pas ?
- M… Si, il m'obéit… mais… pas tout le temps !
- Je vois… Tsunami, Ebullition !
Moyade recula et envoya avec maestria un grand jet d'eau chaude par sa bouche.
- ABRI !
Chartor s'enferma dans sa carapace et encaissa le jet d'eau.
- Tu ne vas pas tenir longtemps comme ça…
- CA VA ! Ok ? J'ai compris ! Je suis pas avantagé ! Moi Feu, toi Eau !
- Tu veux que j'y aille moins fort peut-être ? Ecume, Tsunami !
Moyade envoya une vive giclée savonneuse qui frappa Chartor de plein fouet. Le Pokémon Tortue recula, embarrassé par l'épaisse mousse.
- Mais qu'est-ce que…
- Je sais que ton Chartor est déjà lent, je veux juste jouer un peu !
- … Tabasco, Tour Rapide !
Chartor se débarrassa de l'écume en tournant sur lui-même. Santana haussa un sourcil.
- Je vais jouer aussi, tu vas voir !
- De quel droit me parles-tu de façon aussi assurée alors que je n'ai qu'un mot à dire et tu perds !
- Tu arrives à voir en fronçant les sourcils ? Surprenant, je pensais que vous, les asiatiques, ne pouviez pas faire les deux à la fois. Froncer les sourcils et voir !
La classe avait les yeux écarquillés. La prof de combat direct se tint le menton. Santana écarquilla les yeux, rouge de fureur.
- Je te demande PARDON ?
- Brouillard !
Chartor souffla une épaisse fumée noire.
- Non mais… ECUME !
Moyade cracha de nouveau sa mousse épaisse pour dissiper la fumée. Mais Chartor n'était plus au même endroit.
- Tabasco, attaque Exuviation !
Santana regarda de tous les côtés tout comme Moyade.
- Sale petit rat, je vais te…
Un Lance Flammes percuta Moyade qui ne fut pas touchée des masses.
- Oh le…
- J'AI DIT EXUVIATION, ABRUTI !!!
La fumée commençait à se dissiper. Wallace et Chartor s'engueulaient.
- E-XU-VIA-TION ! Grosse tortue débile !!!
Chartor grognait sur son maître.
- T'as vraiment un petit cerveau de tortue ! T'es vraiment trop con !! Le jour de ta capture j'aurais mieux fait de te laisser crever !!
- TSUNAMI, EBULLITION !!! hurla Santana, hors d'elle.
L'attaque fusa vers Chartor qui l'esquiva d'un rapide mouvement de recul. Le Pokémon se débarrassa de sa carapace. Wallace se frappa le front.
- Toi, c'est vraiment quand tu veux, hein !!
Tristan était fasciné par le style de Wallace. Walter était surpris d'un tel répondant. Mike, James et Steven, inattentifs au début de la séance, observaient avec attention. Santana grommela. « Je passe pour une conne à cause de cet abruti… »
- Lame de Roc !
La dresseuse asiatique haussa les sourcils. C'est cependant une attaque Bomb'Beurk qui frappa presque Moyade.
- Tabasco, je te conchie et tu finiras en PUTAIN DE SOUPE !
Le Chartor grogna en retour.
- Rien à battre de tes « Groar » !!! Attaque Lame de Roc !
Une nouvelle Bomb'Beurk souilla le visage de Moyade. Ce qui fit rire certains élèves.
- SILENCE !
Même la prof sursauta devant la fermeté de Santana. Les quelques élèves qui avaient ri (nommément Benjamin, Orson, Christina, Andréa, Francis et Fey) étaient blêmes.
- GICLEDO !
L'attaque partit dans les airs et retomba sur le sol avec un rayon très large. Chartor s'en prit une bonne louche, ce qui le mit KO d'office.
- … J'aurais essayé… marmonna Wallace en haussant les épaules.
- Cela t'apprendra à m'humilier de la sorte !
- « M'apprendra » ? « T'humilier » ?! T'as un Pokémon Eau face à un Pokémon Feu, tu galères pour me battre et je t'humilie ? T'as qu'à être moins nulle, hein !
- Gnnnnnnn !!!
Dans un geste enragé, Santana rappela Moyade… avant que Wallace ne rappelle Chartor.
- La victoire revient au petit mecton.
Santana sembla stupéfaite de sa propre bêtise. La classe était éberluée. Wallace ne put s'empêcher de rire.
- Haaaa… C'était trop facile.
- M… M…
- Je savais que je pouvais pas te battre, mais quand la prof a exposé ses règles, j'ai pas pu m'empêcher de penser à cette stratégie. Comme tu m'avais l'air bien colérique, je me suis dit « Avec elle, ça va marcher à coup sûr » !
- Mais… Hmmais… Mais…….
- C'est comme ça, t'y peux rien !
- Je me vengerais, sale petit minable, sois en sûr !!
- Ouais, un de ces jours…
- Notre prochain combat se passera autrement, je serais sans pitié !!
La prof soupira en se levant.
- C'était juste une démonstration, calme ta joie, nénette. Retournez à vos places.
Wallace s'en retourna d'un pas guilleret alors que les autres discutaient de ce combat peu orthodoxe. Santana semblait ulcérée. « Battue par ce minable, non mais je rêve !! »
Walter regarda Perrine qui semblait perplexe.
- Un souci ?
- … Rien, de voir quelqu'un d'aussi roublard et qui retourne aussi aisément les règles du jeu à son avantage… Ça me rappelle de mauvais souvenirs.
- Oh. Hm… Je vois.
***
La journée touchait à sa fin. Wallace avait été absolument nul sur le plan social, mais plutôt bon dans ses affaires habituelles. Et il avait surtout repéré et analysé les beaux mecs de la classe.
« En gros, ils sont tous hétéros. »
En rentrant vers chez lui, il repéra un bar pour hommes sympa. Ayant analysé les lieux auparavant, il savait par où rentrer discrètement chez lui. Un des murs avait une planche déplaçable, et il pouvait y passer sans se salir. Un avantage. De ce fait, il pouvait passer par la baie vitrée sur le côté de sa maison qui donnait sur sa chambre. Il y avait évidemment placé un cadenas.
Une fois dedans, Wallace put constater que rien n'avait été déplacé. « C'est comme avant alors… »
Wallace regarda sur une commode une vieille photo de famille. Il se trouvait devant sa mère qui lui caressait les cheveux en souriant. Son père était à ses côtés, lui tenant l'épaule, et ayant devant lui Lindsay. Avec eux, l'oncle de Wallace, le frère de sa mère. Wallace tenait Larveyette et sa sœur tenait un Marill. C'était pour la réception du Pokémon académique de Wallace. Le jeune homme soupira, déposa ses affaires et chercha une nouvelle chemise. Il alluma sa télé pour se faire un bruit de fond, mais au lieu de tomber sur la chaîne des clips, il tomba sur la chaîne info.
[Et que peut-on penser de ce mouvement ?]
Wallace grommela. « Maudites infos… Cravate ou pas cravate ? J'suis con moi, c'est un bar, pas un bordel ! »
[- Eh bien je dirais que Direction Dresseurs est un mouvement, certes potentiellement sectaire, je ne le dénie pas, mais néanmoins inoffensif à court terme.
- D'aucuns vous trouvent bien légers sur cette question…
- Ils ne savent pas de quoi ils parlent. J'ai une idée précise des dossiers que je gérais et celui sur Direction Dresseurs est clair comme de l'eau de roche.]
« Pourquoi j'ai cette chemise couleur crème ? Elle est affreuse ! Faudra que je la foute dans la cheminée cet hiver ! »
[- Direction Dresseurs est un groupe d'action dont le but est de donner une ligne de conduite à des jeunes perdus et désorientés.
- Vous approuvez leur action ?
- Je la connais et je la maîtrise, c'est déjà bien suffisant.]
« S'il maîtrise ça comme je maîtrise mon dressing, on n'est pas dans la merde ! »
[- Eh bien merci, monsieur Roland Smirnoff, ancien président de l'association Pokémon, de nous avoir accordé ces quelques mots.
- Mais de rien.]
Wallace se retourna vers sa télévision, les chemises à la main. Mais la chaîne était déjà passée au journaliste, et il n'avait pu voir la personne en question.
- Hein ? Hein ?!! Roland qui ?!
Wallace plissa les yeux. « Attends, mec, tu penses à des trucs de l'école alors que ta journée est finie ? Depuis quand tu fais ça ?! »
Il mit donc sa plus belle chemise et se rendit dans le bar qu'il avait repéré. Et il n'en repartit pas seul.
***
Le lendemain, Wallace fut réveillé par son propre réveil. Il se releva, tout comme le type qu'il avait ramené du bar.
- Eh bah. La nuit a été courte !
- Hm…
- Tu fais quelque chose ce matin ?
- Je vais en cours.
- En cours ?
Wallace se releva et prit le premier kimono qui lui passa sous la main.
- Bah oui. J'ai seize ans.
Le type ouvrit la bouche, effaré.
- S… Seize ans ?!
- Quoi, c'est illégal dans cette région ?
- N… Nan, mais… Je t'en donnais une vingtaine !
- Intéressant, maintenant file, si mon père te trouve ici, il va te briser un parpaing sur la tête.
Le gars se leva vite-fait et reprit ses affaires.
- On… se reverra ? demanda-t-il.
- Ca va pas la tête… soupira Wallace, atterré.
Le type leva les mains, acquiesçant, puis il s'échappa, tout débraillé, par la baie vitrée.
- Bon, bon, bon… J'ai besoin d'une douche et d'un bon thé… souffla Wallace.
***
Wallace et sa sœur sortirent de voiture.
- Je t'ai entendu, hier ! marmonna Lindsay, malicieusement.
- Et pis ? T'as appris des trucs ?
Lindsay leva les yeux, blasée, puis elle alla retrouver un groupe de filles. Wallace s'avança en soupirant vers le bâtiment.
« Même une gourde comme elle s'est faite des amis… J'ai pas l'air con, moi… Faut dire que je suis moins doué qu'elle pour ça, moi je fais attention aux gens que je fréquente… »
Wallace retrouva Walter au pied du même escalier de la veille.
- C'est pas vrai, tes darons te déposent ici et ils attendent le camion-benne ou quoi ?!
- … ça c'était méchant !
- J'ai pas beaucoup dormi, excuse-moi…
- Me remonte pas, Perrine arrive.
Wallace regarda autour.
- T'as une sacrée bonne vue…
- Elle arrive bientôt…
- Ouais bah…
Wallace poussa à nouveau Walter en haut de la rampe.
- T'es chiant !!
- Toi aussi, t'as qu'à marcher, merde !
- T'es chiant et t'es bigleux !
- Ouais bah moi j'peux pas te laisser là en ayant la conscience tranquille après !
- Puisque je te dis que Perrine va arriver !
Wallace arriva en haut avec Walter.
- Merci, une fois de plus…
- De rien… Donc Perrine c'est ta cousine ?
- Exact…
- Ca ressemble à Terrine… on lui a déjà dit ?
- Pas en face… marmonna une voix féminine.
Wallace se retourna vers Perrine et Naomi.
- Woups… Euh…
- T'en fais pas, t'es pas le premier. C'est donc toi qui as aidé Walter ?
- … C'est pas ma faute ! Il est là, en bas de la rampe, il pleure, il souffre…
- Je souffre pas ! grommela Walter.
- J'peux pas le laisser comme ça, ce serait pas humain pour cette pauvre petite chose !
Perrine plissa les yeux, blasée.
- Tu me rappelles quelqu'un que je connais…
- Ah ouais ?
- Et pas quelqu'un de bien. A tout à l'heure.
Perrine s'éloigna, suivie par Walter qui se tractait en bougeant ses roues.
- A toute, Wallace… marmonna ce dernier.
- Ouais…
Naomi suivit le cortège en regardant Wallace d'un air intrigué. Wallace la regarda, grognon. « Je suis vraiment, vraiment pas du matin… »
- Hey Wallace !!
Wallace releva la tête vers Rebecca.
- N'oublie pas ma proposition, hein ! Elle tient toujours !
Wallace leva les yeux au ciel. Rebecca et sa clique suivaient Perrine, Walter et Naomi en riant.
- Oh, mais c'est la foire des cas sociaux !
Rebecca, Violette et Amélia partirent en ricanant. Wallace grimaça. « Quelles putes ! »
La sonnerie retentit et Wallace se dirigea vers les salles de cours.
***
- C'est ainsi que nous notons… que… Attendez, je crois que j'ai sauté une page !
La classe entière soupira. Leur prof de Physique des Attaques était un jeune prof sans expérience, ils étaient sa première classe.
- Ah voilà ! C'est ainsi que nous notons une réaction entre Zénith et Lance Soleil qui, en réalité, accélère le processus de chargement… euh non, décélère le processus !
Wallace soupira. Il n'avait jamais fait aussi peu de points au casse-briques sur son ordinateur.
- De même, Danse pluie accroit… Euh, oui ?
- Excusez-moi, monsieur…
Une partie de la classe regarda Rebecca qui avait levé la main.
- … dans la mesure où on n'a pas le droit d'utiliser cette attaque en classe, pourquoi vous nous apprenez des choses dessus ?
- Euh… Eh bien parce qu'il y a un monde au-delà de ces murs et que le rôle d'un enseignant, tout comme celui d'un élève, n'est pas de se cantonner à penser ce qu'on lui demande de penser.
Wallace grimaça, tout comme Rebecca, mais pour différentes raisons : Wallace était intrigué par ce discours, et Rebecca avait du mal à comprendre la phrase.
- Bref… Danse Pluie accroît la concentration de Fatal Foudre, ce qui implique que la puissance de l'attaque est mieux maîtrisée, on peut dire que Fatal Foudre, sans la pluie, est incomplète, non définie, sans axe précis…
Wallace se remit à son casse-brique. Quelqu'un derrière lui murmura alors à l'oreille :
- Utilise les flèches PgUp et PgDown pour que la barre se déplace plus vite !
Wallace essaya et en effet cela allait plus vite. Il fit pause et se retourna vers Tristan qui lui faisait un sourire bien intentionné.
- … merci !
- D-De rien !
Wallace se retourna tout en continuant à papoter.
- T'es un des geeks, toi, nan ?
- Disons que… j'aime bien les ordis !
- Tu sais comment accéder aux sites pornos avec la connexion Wi-Fi d'ici ?
On entendit une souris tomber : Celle de Tristan. Le professeur s'étonna et releva la tête. Le jeune homme ramassa son matériel.
- Désolé ! Désolé !!
Tristan se rassit et ne répondit pas à la question de Wallace qui haussa les épaules.
***
La première intercours du matin permit à Wallace de s'offrir une petite cigarette devant l'établissement avec quelques autres fumeurs. Quelqu'un arriva vers lui. Un vieux monsieur aux cheveux blancs, crâne dégarni, lunettes à monture noire.
- Jeune homme ?
- Oui…
- Vous êtes bien un élève de première année 1 ?
- Oui monsieur…
- Je suis Aloysius Grant, le proviseur de cet établissement.
- Hm… « J'ai vu ce type aux portes ouvertes… »
- Votre professeur, monsieur Kemp, vous a-t-il paru… disons, suspect ?
Wallace haussa les sourcils.
- Disons qu'il savait à peine lire son cours et qu'il a balancé une réponse à une élève à propos de ne pas penser ce qu'on nous imposait de penser, en gros… Pourquoi ?
Le proviseur hocha la tête.
- Je vois, je vois… Messieurs !
Deux gorilles suivaient le proviseur. Wallace grimaça alors que le proviseur semblait se diriger d'un pas assuré quelque part… mais où ?
« J'espère que ça va pas me retomber dessus… » songea Wallace.
***
Le cours suivant était avec Madame Clover. Son éternel Miradar semblait ranger des dossiers avec attention. La créature surveillait également la salle de ses grands yeux, ce qui n'était pas sans effrayer les élèves.
- Bien, avant de commencer le cours, je dois vous informer que votre professeur de Physique des attaques, Monsieur Kemp, va être remplacé… Le motif donné est « Incompétence »… ce qui me paraît un peu fumeux, si vous voulez mon avis…
Wallace écarquilla les yeux. « Putain, c'est ma faute !! »
- Enfin bon… Je vais continuer le chapitre que nous avions commencé hier… Alors… Dans un premier temps, les îles composant Poképolis sont indépendantes. Kanto s'appelait au départ Prim, Johto s'appelait Mett, Hoenn se prénommait Minair, Sinnoh s'appelait Joy et Unys se prénommait Akrom. C'étaient des états constitués avec des gouvernances précises. Prim était une monarchie dans ses premiers temps – ce qui explique la gouvernance toujours très dure qui y a régné. Johto était un protectorat agrémenté, c'est-à-dire qu'elle était sous la coupe de Kanto mais avec une indépendance certaine dans les prérogatives de la chancellerie. Hoenn était une dictature – ce qui n'étonnera personne – Sinnoh a toujours été une démocratie de gré ou de force – on retient notamment les démocraties forcées du 14ème siècle – quant à Unys c'était une monarchie absolue sous le contrôle de la dynastie Harmonia jusqu'à une période historiquement récente. Passons maintenant au petit trois : Les premiers pactes d'unification : Vers un état fédéral.
***
- Madame Clover…
Wallace venait voir la prof après le cours. Son Miradar rangeait le rétroprojecteur.
- Oui… Wallace, c'est ça ?
- Ouais…
- Je vous avais donc bien repéré, vous êtes l'étudiant avec l'autocollant « Bullshit » sur l'ordinateur !
- … je devrais retirer cet autocollant… C'est juste pour vous dire… Vous connaissez le proviseur ?
- De loin, c'est mon supérieur, je vois qui c'est, mais…
- Pour quelle autre raison que « Incompétence » il aurait pu virer un prof qui n'était là que depuis deux jours ?
- Alors là… Expression d'une opinion politique en cours, peut-être…
- Quel genre d'opinion politique ?
Helen plissa les yeux, réfléchissant.
- S'il a fait référence à la comparaison entre enseignement et service militaire par exemple, ou…
- Ou ?
- Cela vous intéresse tant que ça ?
- Je crois que c'est ma faute s'il a été viré, j'ai dit au proviseur que le prof nous avait dit de penser autrement que ce qu'on nous apprenait ici !
Helen ouvrit la bouche, l'air surprise mais pas étonnée.
- Oh…
- Oh ?
- Eh bien disons que… c'est non-conforme à la discipline du rectorat… Nous ne devons pas contester la valeur de l'enseignement, il y a même tout un chapitre dessus dans les textes…
- Ca a un rapport avec cette… réforme Smirnoff ?
Helen serra les dents.
- Ca, je ne peux pas vous le dire.
- J'ai raison, hein ? C'est pour ça que vous ne voulez pas me le dire !
- C'est l'heure du déjeuner, jeune homme, allez manger sinon il n'y aura plus rien à la cantine.
- Mais…
- Wallace… Vous n'êtes pas de la région, je présume ?
- Je viens de Ville Griotte à Johto.
- Je vois, une zone sans niveau supérieur de scolarisation et sans réforme intense… De fait, vous n'êtes pas au courant de la radicalisation du système éducatif…
- C'est-à-dire ?
Helen leva les yeux au ciel.
- Ecoutez, je suis ravie d'avoir un esprit aussi curieux parmi mes élèves. C'est un véritable don du ciel pour l'enseignante que je suis.
- Si ça peut vous rassurer, pour le moment, vous êtes le seul cours où je ne joue pas au casse-brique…
Helen grimaça et hocha la tête.
- Okay… Cependant il y a des sujets glissants sur lesquels il ne vaut mieux pas s'aventurer. Vous m'avez bien compris, monsieur Gribble ?
Wallace hocha la tête. Helen commença à s'éloigner.
- Merci et bon appétit.
- Pour autant…
Helen s'arrêta à quelques mètres de la porte. Wallace semblait songeur.
- … Vous nous avez dit que connaître le passé permettait de mieux comprendre le présent. Or, là, je comprends pas grand-chose. Vous parlez tous de cette « réforme Smirnoff ». Un prof se fait virer parce qu'il exprime une opinion légèrement divergente – Bon ok c'est moi qui l'ai dénoncé sans faire exprès – mais voilà… Et pis comment ça se fait que cette école ait autant de moyens ? Y'en a même trop, combien d'élèves vont les utiliser pleinement ?
- La plupart, sinon tous.
Wallace haussa un sourcil. Helen se retourna vers lui.
- Les élèves qui n'utilisent pas suffisamment le matériel de l'établissement perdent leur bourse, leurs AJD (allocations jeune dresseur, ndla) et l'entrée dans de nombreux établissements supérieurs.
Wallace grimaça. Helen soupira.
- Je ne vous ai rien dit, compris ?
- … compris…
Helen sortit de la salle. Wallace soupira. « C'est quoi ce bordel, sérieusement… »
***
Wallace mangeait seul à une table vide. Santana repartait en tenant son plateau terminé et lui lança un regard absolument meurtrier. Elle était suivie par Andréa.
- Ça fait bizarre d'être dans la même classe après tout ce temps, en tout cas…
- Hm, oui, bizarre les coïncidences dans la vie… marmonna Santana, crispée par la vision de Wallace.
Lequel soupira, laissant partir les deux anciennes camarades. Quelqu'un l'approcha.
- Hey !
Wallace leva la tête vers une des filles de la classe, Christina, la fille aux lunettes et aux longs cheveux châtains clairs. Un peu hippie sur les bords.
- … salut… esquissa Wallace.
- Bonjour Wallace, je suis Christina Rockwell !
- T'es dans ma classe, c'est ça ?
- Voilà ! Oh, et bravo pour ton match d'hier, c'était génial !
- M'ci… marmonna Wallace.
- Tu sais que la grande course aux options a commencé ?
- Ouais, j'ai cru comprendre, ouais.
- Est-ce que ça te dirait de participer au journal de l'école ? Il y a déjà une foule d'élèves, mais tous les talents sont acceptés !
- J'ai… déjà du mal à aligner des mots pour une rédac alors pour un journal…
- Ok, ok. En tout cas, je voulais te transmettre le tout premier numéro de cette année, qui est en réalité une liste des options proposées par l'école !
Wallace prit le feuillet.
- Cool, merci…
- Merci à toi ! Tu manges tout seul ?
- Ouais, j'adore, ça me fait croire que je pue comme un Rattata crevé, c'est démentiel. Tu devrais tenter, ça remet les idées en place !
Christina regarda Wallace, quelque peu médusée, puis elle s'en alla sans trop se poser de questions.
« Wow, Wallace, tu simules bien la puanteur, quel talent… » se dit Wallace en soupirant vers son assiette.
***
Le cours suivant était l'infâmant cours de sport. Wallace le redoutait par-dessus tout. Mais au moins le vestiaire des mecs était l'occasion de mater un peu.
- Le prof a l'air sacrément cool ! sourit Mike.
- Ouais, j'espère qu'il dirige aussi les options extrascolaires ! ajouta Steven.
- Tant qu'il fait pas trop chier… marmonna James.
Wallace s'habillait lentement mais sûrement. Il constata l'absence de Walter, ce qui après coup lui sembla normal. « C'que j'aimerais être handicapé moi aussi… »
***
- Ok, pour commencer, 100 mètres. Je vais mesurer votre temps.
« Génial, on aura une banane à l'arrivée je suppose… »
- Evidemment cet exercice est noté !
« Sinon c'est pas drôle… »
- On va commencer par… Hm… Tiens, Rebecca.
Les élèves se tournèrent vers la rousse qui sourit. Wallace gardait le même air neutre et lassé.
- Okay !!
- Sors un Pokémon pour courir avec toi, Rebecca !
- Oh oui super !!
« Et n'oublie pas d'agiter le buste pour améliorer ton chrono… » songea Wallace.
Wallace remarqua que Walter était derrière le prof et qu'il faisait le chrono. « Putain, mon royaume pour une tétraplégie !... Le prof est même pas sexy, on dirait un kéké de banlieue ! »
Rebecca préparait sa course avec un Grahyena.
- Son surnom c'est Goldie, ok ?
- Très bien ! Tu notes, Walter ?
- J'ai pas grand-chose d'autre à faire… marmonna le jeune homme.
- Tu sais te servir d'un chrono au moins ?
- Autant que de mes jambes, pourquoi ?
Le professeur regarda Walter, hébété, alors que Wallace ne put s'empêcher de pouffer. Le prof se mit alors à chercher QUI avait pouffé, mais Wallace avait repris son air stoïque.
- … très bien, Rebecca, c'est à toi !
La jeune fille se mit à courir aux côtés de son Pokémon et fit un temps correct mais pas transcendant non plus. Walter chronométrait et notait.
- Suivant… Mike !
Le sportif attitré de la classe s'échauffait et faisait son coq.
- Z'êtes prêts ? Comment je vais trop déchirer !
« Le fond de ton froc ? » songea Wallace en roulant les yeux.
Armé de son Colossinge, Mike fit un très bon temps et passa devant le prof et Walter comme une fusée.
- Wow, bravo ! Bien joué, Mike !
- Merci Coach !
« Prenez mon foie tout frais, je vous l'offre… »
- Suivante… Oui, j'alterne…
« Oh-hoho, comme c'est original ! »
- Tiens, Naomi !
La jeune fille élancée s'avança en s'échauffant modérément. Elle sortit un Kungfouine. Perrine observait, pas très enjouée d'être là non plus.
- Et top !
Naomi fit une très belle course, économisant ses foulées.
- Ouais ! Du potentiel !
« Sous-entendu : Feignasse… »
- Le surnom de Kungfouine c'est Kimona !
- Noté… marmonna Walter.
- Suivant, un autre potentiel… Tiens, Wallace !
Wallace s'étonna et se désigna.
- Oui, oui, toi.
- Oh putain… geignit Wallace assez haut pour que les élèves entendent.
Du coup un petit brouhaha s'éleva : Wallace n'aimait pas le sport. Il était donc foncièrement anormal. « Bande de cons… » grommela intérieurement Wallace, exaspéré par le caractère soumis de ses camarades.
Wallace sortit Manternel qui salua joyeusement. La classe s'arrêta de parler pour pousser un « Oh ! » enjoué par la présence de ce Pokémon joyeux au bon caractère.
- Prêt ?
- A mourir, oui… soupira silencieusement Wallace.
- Top !
Wallace trotta modérément et mit près de 20 secondes à faire son 100 mètres là où les autres avaient fait du 10-12 facile. Le professeur le regarda, éberlué.
- C'est… une blague ! Tu as conscience que tu vas être noté, là ?
- Ouais…
- Recommence, je ne peux pas croire que tu aies fait ça sérieusement !
- Croyez ce que vous voulez… Oh et le surnom de ma Manternel, c'est String !
Le professeur grimaça, stupéfait. Wallace rappela Manternel et retourna auprès des autres. Walter nota sur la feuille sans broncher
***
- Ton comportement était inacceptable ! Non seulement tu n'as pas pris mon cours au sérieux…
« Dans un vrai cours, le prof nous apprend des choses, trou du cul… j't'ai pas attendu pour apprendre à courir, gros naze… »
- … mais en plus tu m'as parlé d'une manière inacceptable.
« Les vrais profs vouvoient les élèves… »
- Est-ce que tu as bien compris ?
- Oui monsieur…
- Tu ne peux pas me répondre comme ça, d'accord ?
Wallace acquiesça.
- Je passe pour cette fois, mais à la prochaine désinvolture, ce sera un rapport !
- Ok, ok, désolé…
- Je comprends que tu n'aimes pas le sport mais efforce-toi de ne pas trop le montrer. Mets-y de la bonne volonté au moins.
- Je vous demande pardon.
- Bon. Va te rhabiller.
Wallace soupira et s'en alla au vestiaire, plus blasé que jamais. Dans le vestiaire, chacun se vantait de ses temps. Même les geeks semblaient à l'aise, ce qui révulsa Wallace.
***
L'après-midi, Fondamentaux. Wallace éclata son score au casse-brique. Après quoi il observa les options qui lui étaient proposées sur le feuillet que lui avait donné Christina. Il était obligé d'en choisir une. « Je peux pas choisir option Temps libre ? Pfffffff… »
***
Le soir venu, pas de passage au bar. Wallace, calmé par une classe où il ne se sentait pas très à l'aise, avait perdu sa verve provocatrice. Du coup, sa famille vivait devant lui comme des personnages de sitcom. Le matin, il avait cessé d'aider Walter, et il se faisait remarquer le moins possible en classe.
***
Wallace soupira. La semaine s'achevait, le cours d'histoire allait être l'occasion de constituer les groupes de travail, et Wallace n'avait ni sujet, ni camarades.
- Pourquoi tu fais chier, Pepsi ? Qu'est-ce que je t'ai fait au juste ?!
Le Tiplouf croisait les bras, refusant la nourriture que Wallace lui tendait dans le hall de l'académie
- Bon bah si tu veux me saouler…
Wallace laissa le pot de nourriture à son Pokémon qui se régala. Le dresseur se saisit le visage. « J'en ai marre, marre, marre… »
- Bonjour !
Wallace releva la tête vers un homme en tenue très stricte.
- … salut…
- Vous avez l'air désorienté…
- J'me drogue pas, ok ?
- Si jamais vous vous sentez mal ici, n'hésitez pas à nous rejoindre.
Wallace prit le prospectus qu'on lui tendait.
- A bientôt !
Wallace lut le prospectus : « Direction Dresseurs, le véritable avenir des dresseurs de Poképolis ».
Le jeune homme plissa les yeux.
***
Wallace posa le feuillet sur le bureau du proviseur.
- On m'a donné ça, dans le hall !
Le proviseur regarda le prospectus, étonné.
- Oui, et alors ?
- … C'est pas un genre de secte ? J'ai entendu à la télé que ces mecs étaient un mouvement sectaire !
- La position de l'établissement est claire : Indifférence vis-à-vis de ce mouvement.
- … C'est un ordre de Roland Smirnoff, je présume ?
Le proviseur haussa les sourcils.
- Pardon ?!
- … J'veux dire…
- Jeune homme, de quel droit vous haussez le ton ainsi devant moi ? Vous vous rendez compte que je peux appeler vos parents et leur dire que vous vous adressez ainsi à moi, le proviseur ?
Wallace resta stupéfait, tant par le surréalisme de cette conversation que par le ton menaçant et supérieur. « Genre le mec se sent plus péter quoi ! »
- Euh…
- Pas de Euh avec moi. Cessez de jouer les petits rebelles de pacotille, prenez ce papier et repartez en classe avant que je ne vous colle un rapport !
Wallace acquiesça, échaudé.
***
- Voilà !
Helen Clover, en compagnie d'une sorte d'assesseur ainsi que de son Miradar, avait élaboré un tableau où elle comptait ranger les sept groupes de travail de ces trois années.
- On y va… Qui a déjà un groupe ?
Mike leva la main.
- Mike ?
- Moi, Steven, James et Fey !
Fey roula les yeux, désabusée d'avance.
- Très bien… Pour quel thème ?
- Le sport et les Pokémon !
- D'accord. Je compte sur vous pour des détails historiques précis ! assura Helen.
- Euuuuuuuh ouais ! sourit Mike, plus si enthousiaste.
L'assesseur nota. Wallace revint de son entrevue avec le proviseur, bouillonnant de rage.
- Bonjour Wallace… Vous étiez… ?
- Chez le proviseur… répondit l'adolescent, ulcéré.
- Oh…
Helen ne connaissait pas encore très bien le jeune homme, mais elle décida de le laisser tranquille pour le moment.
- Qui d'autre ?
Rebecca leva la main.
- Rebecca ?
- Moi, Violette, Amélia et Santia… Satan… Sa…
- Santana… grommela l'asiatique caractérielle.
- Santana, voilà ! Et le thème ce sera… euh… Tu peux le dire, Tatiana ?
- SAN-TA-NA, godiche ! grommela l'élève à la Moyade
- Iiiih !
- L'origine des attaques des Pokémon Légendaires ! soupira l'asiatique, exaspérée.
Helen Clover acquiesça, satisfaite – même si elle doutait franchement que trois pimbêches et une élève à peu près correcte à première vue puissent rendre quelque chose de cohérent et d'intéressant.
- Ok… Ensuite… Euh, Wallace ?!
Le jeune homme ne sortait pas ses affaires, il était prostré, la tête entre ses bras.
- Wallace, tu veux sortir pour prendre l'air ?
Le jeune homme releva la tête, l'air absolument furieux.
- Je sais sur quel thème je vais bosser, madame.
- Et lequel ? demanda Helen, le plus simplement du monde.
Wallace poussa un lourd soupir qui agrémenta la tension dans l'air. Perrine regarda le jeune homme qui lui apparaissait volcanique. « Il me rappelle vraiment quelqu'un… »
- … J'veux faire mon devoir annuel sur Roland Smirnoff et Direction Dresseurs.
Helen grimaça, ayant senti que cela allait arriver. L'assesseur sembla offusqué. Perrine haussa les sourcils, troublée.
- Euh… Vous êtes sûr… ? demanda Helen à tout hasard et le plus doucement possible.
- Oui.
- Je… Je vous demande pardon, jeune homme ? Vous ne parlez pas sérieusement j'esp…
- JE SUIS SERIEUX, BORDEL DE MERDE. Notez ça, allez. Wallace, tout seul, qui fait un gentil devoir tout mignon, sur du PUTAIN DE PAPIER ROSE avec des FLEURS sur ce mec dont TOUT le monde nous parle mais dont il ne faut surtout pas prononcer le nom… Bah allez vous faire voir, moi j'le dis, et j'en ai rien à foutre. Vous me virez, tant pis.
L'assesseur sembla absolument outragé. Le reste de la classe n'osait même pas moufter. Helen agita ses mains devant elle en signe d'apaisement.
- Attendez, Wallace, un peu de calme, je vous prie, nul besoin de vous énerver, d'accord, on se calme, on respire et… On va se voir à la fin du cours, ok ?
- Nan. Je fais ça un point c'est tout.
Walter regarda Perrine qui regarda Naomi. Chacun haussa les épaules.
- Madame ?
Helen se tourna vers Perrine, sentant une voie de secours.
- Perrine ?
- Oui, euh… Si ça ne vous embête pas, moi, Naomi et Walter, on va se mettre avec lui, en groupe !
Wallace lui-même en était surpris. L'assesseur sembla s'arracher les cheveux. Helen eut des frissons d'effroi. « Oh bon sang… »
- J'appelle le proviseur !! C'est inadmissible !
L'assesseur sortit de la pièce. La classe se mit à digresser, étonnée par la tournure des choses. Helen sembla assez désemparée.
- D… Désolé, madame…
Helen fixa Wallace qui venait de lui crier cela.
- … J'veux juste comprendre, vous comprenez ?
Elle aurait bien voulu comprendre, elle aussi, en fait.