Ch.20 Révélations
Camille venait de se réveiller. Cela faisait une semaine qu'elle était dans cette forêt. Elle s'était habituée à sa situation. Cependant elle ne s'était pas encore faite à la sauvagerie des pokémons qui y grouillaient. Tristan avait alors pris l'habitude de ne sortir du Centre Pokémon que lorsque c'était vraiment nécessaire. C'est-à-dire pour aller chercher de l'eau et cueillir des baies. Tristan avait demandé à Camille de lui prêter ses dagues pour chasser quelques petits animaux qui survivaient comme ils pouvaient dans ce monde hostile à leurs espèces.
Cependant il ne ramenait jamais du gros gibier. Toujours des petits lapins ou écureuils qui se trouvaient au mauvais endroit au mauvais moment. La jeune fille passait ses journées dans le Centre Pokémon assise sur la même pierre que celle où elle s'attendait assise la première fois qu'elle est rentrée dans le bâtiment en ruines.
Depuis que Tristan lui avait raconté ce qui s'était passé lorsqu'il venait d'arriver dans ce monde, elle n'avait pas prononcé un seul mot, n'avait pas bougé si ce n'est pour manger et boire. Elle semblait tétanisée par ce que lui avait dit son nouvel ami. La nuit, elle faisait des cauchemars où Kinkaiser trouvait leur cachette, où il encornait Tristan puis Camille en prenant le soin de d'abord dévorer Tristan devant la jeune fille complètement tétanisée et horrifiée du ''spectacle''.
Tristan ne le savait pas. Il avait lui aussi fait des cauchemars de ce genre après le meurtre de ces gens. Il en avait perdu le sommeil tellement les visions qu'il avait l'épouvantaient. Chaque jour, il partait tôt le matin pour aller chercher des baies et dans de moindres cas de la viande.
À son retour, le garçon déposait sa récolte dans un coin de la pièce puis continuer de polir ou d'affuter sa lame d'épée. Depuis son arrivée dans ce monde, il avait dû s'en servir bon nombre de fois pour sauver sa vie.
En fait son épée était plus un katana qu'une épée. La fine lame était celle d'un katana. L'effilage très léger, permettait au combattant de faire de profondes entailles dans la chair de son adversaire. De plus de soixante centimètres, il ne respectait pas la longueur réglementaire mais permettait de fines fentes. La garde était celle d'une épée, ce qui troublait quelque peu celui qui observait l'arme. Sans protection pour les mains, on risquait de se le faire couper dès le premier coup tranchant porté un peu trop près. Mais ce n'était pas le cas de Tristan qui était devenu un expert dans le maniement de cette arme.
Il pouvait presque tout faire avec : trancher des fruit, des arbres, du poisson quand il en trouvait. Il lui arrivait même de se couper les cheveux avec. Sans se vanter, il était de loin le meilleur épéiste qui existe.
Quelques jours passèrent. Camille n'avait toujours pas décroché un mot. Elle paraissait être dans un autre monde, loin de son corps. Tristan, lui, commençait à en avoir marre de cette situation. Si ça continuait, il se donnerait l'autorisation pour faire revenir la jeune fille dans le monde qui l'entoure. Il ne pourrait pas continuer à vivre de la sorte.
Comme si elle l'avait entendu ses pensées, Camille sortit de sa torpeur plus tard dans l'après-midi. Elle s'était ''réveillée'' pendant que Tristan faisait sa cueillette habituelle de l'après-midi.
Quand il revint en début de soirée et qu'il ne vit pas Camille assise comme à son habitude sur son rocher, l'adolescent pensa tout de suite que des pokémons avaient trouvé sa planque et qu'ils avaient enlevé Camille pour le forcer à sortir. Il déposa en toute hâte les baies puis sortit en courant pour repérer le moindre indice qui pourrait lui indiquer la direction qu'ils avaient pris. Il alla vers l'ouest où le soleil commençait à tomber derrière la cime des arbres. Au détour d'un chêne centenaire, il manqua de se prendre une attaque Eco-Sphère.
- Tristan !! Ça va ? Tu n'as rien ? s'écria Camille, en se précipitant vers lui.
- Euh... oui ! Tant que tu ne me vises pas avec tes attaques, je pense que ça ira. D'ailleurs qu'est ce que tu fais ?
- Comme tu peux le voir, je m'entraîne pour t'aider à vaincre Kinkaiser.
- Je te croyais dans une sorte de transe dans un monde entre le nôtre et un autre dont j'ignore, mais où tu semblais perdue !
- J'ai mis du temps pour en sortir mais je suis de retour et je compte le faire remarquer. Tu m'aides ?
Christopher voyait de moins en moins net. Sa démarche était hésitante et bancale. À chaque fois qu'il essayait de mettre un pied devant l'autre, il trébuchait et se rattrapait à un arbre ou un tronc à proximité. Foutu Insécateur !! Pourquoi a t-il empoisonnée ses lames ? À en croire ce qu'il avait laissé paraître, il ne voulait pas tuer de sang froid. Enfin Christopher ne se vantait pas de pouvoir occulter ses sentiments mais il en était fier. Savoir faire preuve d'impartialité, inhumanité selon le point de vue, était très utile.
Depuis le début de cette épreuve, Christopher avait rencontré Florian qui était mort face à son combattant pokémon et Insécateur qui l'avait empoisonné. S'il ne trouvait rien pour se soigner il allait mourir lui aussi. Depuis qu'il avait rencontré le pokémon insecte, il avait parcouru quelques kilomètres vers le sud espérant trouver de l'eau. Malheureusement pour lui, il n'en trouva pas.
Au fur et à mesure que la journée avançait, au plus Christopher avait du mal à garder ses idées claires. Souvent embrouillé, il voyait parfois des monstres dignes des mythologies antiques. Il crut même voir l'Hydre alors qu'un Séviper était en train de l'étouffer. Il eut heureusement la présence d'esprit d'appeler un de ses pokémons pour le sortir de ce mauvais pas. Cependant cela ne lui octroya que quelques minutes de vie en plus. Alors qu'il s'appuyait une énième fois contre un arbre pour reprendre son souffle, le jeune adulte de 18 ans tomba au sol. Il sombra dans un long sommeil.
Quand il se réveilla, il était dans un espace baigné de lumière blanche très vive. Il dût plisser les yeux avant de s'habituer petit à petit à la luminosité des lieux.
- Ravi de te rencontrer Christopher ! Tu es un valeureux guerrier ! Nous aurons bien besoin de toi dans quelques temps ! Avant je suppose que tu as des questions et tu voudrais avoir des réponses ? l'accueillit Héra.
- En fait j'en ai pas beaucoup. La première est qu'est ce que je fais ici, pourquoi, comment ?? répondit le jeune homme.
- Tu es ici parce qu'un autre élève fait l'objet d'une ancienne prophétie et qu'il est en train de déchaîner les dieux à cause de cela. Tu es arrivé dans ces lieux grâce à la ''magie'' de mes compères. Nous avons entouré toute l'arène dans laquelle tu te trouvais de sorts qui permettront à tous ceux qui ''meurent'' de venir ici et recevoir les soins nécessaires.
- Qui êtes vous, et depuis combien de temps suis-je ici ?
- Je ne peux malheureusement pas répondre à la première question. Pas pour le moment. Tu es resté endormi pendant quelques heures seulement, le temps que l'antidote agisse. Si tu veux bien me suivre, je vais te conduire auprès des autres et je répondrais à ta dernière question quand nous y serons.
Christopher suivit alors la déesse, mais ne fut pas satisfait pour autant des réponses qu'elle lui avait données. Ils marchèrent quelques minutes à travers plusieurs couloirs pour arriver jusqu'à une grande salle moins illuminée que les couloirs et l'infirmerie, s'y trouvait déjà Florian et Audrey. Les deux autres élèves des îles Sevii se mirent debout quand la mère des dieux entra aux côtés de Christopher
- Bienvenue à tous les trois dans mon temple qui a été érigé en mon honneur il y a de cela plusieurs centaines d'années. Vous êtes ici car dans le groupe de huit dans lequel vous étiez en début de semaine il y a un élève qui fait l'objet d'une prophétie...
- Tout ça on le sait ! Vous nous l'avez dit à notre réveil !! s'impatienta Christopher .
- Toi oui mais eux non. Les blessures qu'ils ont eues nécessitaient plus de temps pour guérir. Alors si tu veux bien me laisser finir.
Christopher acquiesça malgré la colère et l'impatiente qui montaient en lui.
- Comme je le disais un parmi les huit élèves fait l'objet d'une prophétie. C'est pourquoi vous êtes là. On ne pouvait pas le faire venir seul sans attirer les soupçons. Alors nous avons pris possession des corps de vos adultes référents dans vos lycées. La suite vous la connaissez. Nous sommes allées à Johto puis avons escaladé la Grotte de Glace pour enfin arriver dans les plaines du nord de Johkan. Aujourd'hui nous sommes ici un peu plus au nord que là où vous étiez il y a plusieurs heures dans mon temple. Vous allez me demander pourquoi vous huit et pas seulement la personne visée. Je répondrais en disant que je voulais aussi vérifier si vous les 7 autres participants au tournoi étiez assez forts pour pouvoir vous joindre aux batailles à venir.
- Et pourquoi accepterions-nous de vous aider ? s'énerva Christopher, sans aucune retenue.
- Je comprends que tu sois en colère. Je conçois que tu veuilles profiter de la vie tant que tu le peux et éviter à tout prix de l'écourter. Cependant les événements qui sont en place dépassent ton entendement. Tu ne peux pas agir seul, encore moins sous l'emprise de la colère. Si tu ne veux vraiment pas intervenir dans les événements prochains, dis-le et je ferais en sorte que tu ne te rappelles de rien et que tu continues de mener une existence normale.
- Je n'ai pas dis ça non plus. Je connais les gens comme vous. Ils veulent tous miser sur le cheval gagnant et laissez les autres en retrait pour soutenir le favorisé. J'ose espérer que vous ne voulez pas faire ça avec nous.
- Bien sûr que non. Je ne mettrais pas vos vies en danger sans que vous preniez part au combat si vous le souhaitez. Cependant je ne peux pas octroyer le même entraînement pour tous. C'est pourquoi en attendant que ''l'élu'' se montre au grand jour, vous allez pouvoir vous reposer, faire ce qu'il vous plaira dans mon temple. Il y a des salles de repos, des thermes, une jardin de plusieurs hectares si vous voulez sortir. Enfin je dois vous laisser vos amis risquent encore leur vie.
Héra leva le bras droit et les trois adolescents disparurent dans un halo de lumière avant qu'ils n'aient pu dire un mot.
Avec un mouvement rapide, Voltali esquiva l'Exploforce de Tyranocif. Il répliqua avec une Ball'Ombre sur Torterra qui se le prit de plein fouet. Les quatre pokémons étaient épuisés mais ceux de Maelle s'en sortaient mieux que ceux d'Ethan. Les pokémons n'étaient pas les seuls à se battre. Les deux dresseurs s'affrontaient aussi dans un duel très serré. Maelle avait choisi le corps à corps et avait sorti son épée de son fourreau. Le garçon aux cheveux longs n'avait d'autre choix que de prendre son bâton, l'arc n'étant pas la meilleure arme pour un combat rapproché.
Maelle avait très vite pris le dessus en attaquant sans relâche son adversaire. Et pour une fille, Ethan devait avouer qu'elle était plutôt douée. À chaque coup qu'il paraît, les ondes du choc se propageaient dans son corps, l'empêchant de bouger pendant quelques secondes. Évidemment la déesse dans le corps de Maelle en profitait pour lui porter des effilages le long du corps : sur les jambes, les bras, le torse, la joue. Si le combat s'éternisait encore plus, Ethan serait méconnaissable.
Ethan tenta une attaque feintée. Il porta son poids sur sa jambe droite en avançant mais il frappa dans le flanc gauche. Maelle ne vit pas la ruse et se fit propulsée contre son Laggron. Tyranocif profita de cette ouverture sur la défense ennemie et utilisa Tonnerre sur le starter de Hoenn. Voltali voulut s'interposer et protéger sa dresseuse mais Torterra l'assaillit d'Eco-sphère afin de l'en empêcher. La décharge électrique atteint sa cible et Maelle souffrit énormément. Le pokémon aquatique aida l'humaine à se relever puis repartit au combat toutes griffes dehors.
- Ha ha ha !!! rit Maelle. Bien joué ! Très bien joué ! Mais je crois que tu te montres un peu trop puissant à mon goût. Il va falloir arranger tout ça !
Sur ces mots, elle s'embrasa. Son corps fut parcouru de flammes. Cependant Ethan distingua bientôt deux brasiers différents. Le plus intense, le plus haut, se détacha du plus faible, le plus bas en s'élevant dans les airs. Quand la séparation fut nette, le premier brasier, le moins intense s'éteignit. Le garçon put alors découvrir le corps de la véritable Maelle. Il alla l'aider à se relever et s'éloigner le plus possible de l'autre source de flammes qui devint de plus en plus chaude.
Les flammes s'éteignirent et l'on put fantasmer sur la plus belle femme que le monde eut jamais porté. Une femme blonde aux yeux bleu lagon se dressait à trois mètres en hauteur. Elle n'était pas très habillée. Sa poitrine était couverte par un petit corsage blanc qui descendait juste en dessous des seins. Par dessus, un léger voile blanc mais transparent couvrait son ventre jusqu'à un bas de bikini blanc lui aussi. Elle portait une ceinture en cuir avec le fourreau de son épée qui y pendait.
- Qui est-ce ? demanda Maelle, d'une voix faible et tremblante.
- Mon nom est Aphrodite, déesse de l'amour ! Je vais vous tuer !
- Reste derrière moi et n'interviens pas ! ordonna Ethan à Maelle. Je vais refroidir tes ardeurs ! rugit-il à l'adresse de la divinité.
Se fiant à son instinct, Ethan s'éleva dans les airs sans savoir comment, et se dirigea à toute vitesse vers Aphrodite la main droite entourée d'un halo bleuté foncé. Aphrodite fut surprise par cette initiative. Elle retomba au sol avec beaucoup de violence. En se relevant, elle jeta un regard noir à Ethan qui atterrit lentement à quelques mètres.
- D'où tiens-tu les pouvoirs des dieux ? s'étonna la déesse de l'amour.
- Je l'ignore mais je sais que tu nous tueras pas ! Je le jure, je te vaincrais quoi qu'il en coûte ! Je ne supporte pas que l'on décide de la vie ou de la mort d'autrui que ce soit les dieux ou qui que ce soit d'autre ! répliqua Ethan.
En prononçant les derniers mots, il immobilisa Aphrodite en une expression mi stupéfaite mi horrifiée. Le jeune homme changea son poing en pierre. Cette fois, la déesse de l'amour, sut réagir à temps. Elle s'entoura des flammes des amoureux et s'envola. D'en haut, elle envoya des boules de feu que le garçon stoppa avec un mur d'eau. Aphrodite tenta de se rapprocher en se dissimulant grâce à un bouclier qui renvoie la lumière. Ethan subit pendant quelques minutes les attaques sans pouvoir se défendre, ignorant d'où viendrait le prochain coup.
Maelle ignorait tout de ce qui était en train de se passer sous ses yeux. Depuis son départ de chez elle, elle n'avait plus aucun souvenir. De temps en temps, elle avait quelques images de ce qui l'entourait mais seulement brèves. Une autre personne avait pris possession de son corps. Elle avait essayé de reprendre le contrôle de son corps, en vain. L'autre ''esprit'' l'oppressait même dans le coin qu'il lui restait de libre. Impuissante, Maelle assistait à tous les actes que son corps faisait et dont elle regrettait certains.
Cette fois encore, elle était spectatrice de ce qu'elle voyait et ne pouvait pas intervenir sans risquer de perdre la vie. Ethan encaissait beaucoup de coups mais en rendait aussi. La déesse de l'amour, comme elle le prétendait, se débrouillait extrêmement bien pour une femme qui se soucie plus de son corps que de ses problèmes. Pas étonnant que dans la mythologie grecque, elle ne joue pas un grand rôle.
Alors qu'Ethan s'apprêtait à relâcher une attaque dévastatrice, la femme concentra une vague d'énergie qu'elle libéra juste avant que son adversaire lance sa propre attaque. Comme une onde de choc, elle se propagea dans toutes les directions brisant les arbres et rochers qui se trouvaient à proximité. Dans un réflexe, l'adolescent transforma l'énergie en un bouclier protecteur. Mais cela ne suffit pas. Il se brisa et Ethan chuta lourdement près de Maelle. La jeune fille vint à son chevet.
- Ça va aller ? demanda t-elle.
- Non, elle est beaucoup trop forte. Je n'arrive pas à contrer ses coups, répondit-il le souffle court.
- Dis pas ça ! Je suis certaine que tu peux y arriver ! s'écria Maelle, en pleurs. Je ne veux pas mourir ! Tu m'entends ? Je ne veux pas qu'on meure ici !
- Je sais ! Moi aussi je ne veux pas mourir mais je n'ai plus de force. Elle peut faire ce qu'elle veut de nous.
À ce moment, dans une lumière aveuglante, une silhouette apparut. Grande, élancée, mince, dans sa plus belle tenue, Héra se tenait entre Aphrodite et les deux adolescents sur le sol.
- Que fais-tu là ? Tu n'as pas le droit d'interférer dans ce combat ! Laisse-moi finir ce que j'ai commencé ! cria Aphrodite à la nouvelle venue.
- Vraiment navrée mais je dois mettre fin à votre enfantillage. Allez les enfants on rentre à la maison, répondit Héra, un petit sourire sur les lèvres.
- Hors de question ! Tu ne me prendras pas cette victoire ! Depuis deux mille ans que je ne fais rien d'intéressant, maintenant que j'ai l'occasion de m'amuser tu ne vas pas m'en empêcher !
- Assez rigolé. On y va maintenant. Prenez ma main !
Sur ces paroles, Aphrodite s'élança vers les trois personnes une lance de flammes dans la main. À trois mètres d'eux, elle la lança mais trop tard. Avant que l'arme enflammée touche sa cible, elle avait déjà disparu. Il ne restait qu'Aphrodite dans la forêt.
- Non !!!