Chapitre 13: Souvenirs
A Brick-City ! Enfin ! C'était bon ! La lumière du soleil vint éblouir les trois « voyageurs ». Ils avaient marchés pendant longtemps, mais désormais, c'était bon. Il fallait maintenant se faire à la lumière du jour, au bruit constant des automobiles, et aux grands bâtiments. Il y avait quand même pire, comme une longue marche dans la forêt Krytren. Les Bâtiments étaient pour la plupart fait de vieilles briques, d'où le nom de la cité, même si certains d'entre eux commençaient à montrer les signes de l'avancée technologique humaine.
« Contente ? » demanda Mydreï, d'un ton qui traduisait sa réthorique.
Miréna hocha joyeusement la tête. Ah ... elle ne pensait pas qu'elle serait si heureuse de pouvoir remarcher dans une ville, dans des rues !
« Il va falloir que nous trouvions un hotêl, je pense. » annonça Miréna.
« Pourquoi déjà ? » s'interrogea Karl.
« Je veux prendre un bain ! » rétorqua joyeusement la jeune femme blonde.
« Allons-y. De toutes manières, on aurait fini par prendre une chambre, alors autant le faire tout de suite.
Ce qu'ils firent immédiatement, passant dans les différentes rues afin de chercher ce genre de lieu. Ils mirent néanmoins plusieurs minutes avant de trouver quelque chose qui s'apparentait à un hôtel.
C'était un hôtel modeste, mais il n'était pas ridicule non plus, bien que certaines fissures étaient visibles sur une partie du mur.
Ils ne mirent pas beaucoup de temps pour prendre une chambre au deuxième étage. Comme celle de la dernière fois, elle comportait deux lits.
« Bien, je prends la salle de bain ! » s'exclama Miréna, en fonçant vers celle-ci, ne laissant guère le temps aux autres pour réagir.
« ... Elle court vite. » s'en étonna presque Karl.
Mydreï jeta ses affaires sur son lit, et enleva sa veste désormais bien endommagée. Il allait devoir trouver d'autres vêtements.
Une question lui tourmenta l'esprit: qui en veut à Miréna ? Il semblerait que Saint-Kersen soit dans le coup, mais malheureusement, Métris ne sera sans doute pas le dernier fou à venir pour tenter de reprendre la jeune femme aux cheveux blonds, qui prenait actuellement un bain de relaxation. Les problèmes risquaient vraiment de se faire plus présents.
Cette dernière n'avait plus que sa tête en dehors du bain chaud qu'elle prenait. Cela lui faisait un bien fou, après ces derniers jours difficiles ...
« Miréna ... Miréna Vrayden ... » murmura t-elle.
Oui ... Vrayden ... c'était ... son nom de famille ! Elle ... le savait, maintenant ! Elle s'en souvenait ... la jeune femme se tint la tête, prise d'une migraine.
« Père ... est vivant ... » marmonna la jeune femme, serrant les dents.
Des flashs de plus en plus présents étaient en train de défiler dans sa mémoire. Elle s'appellait Miréna Vrayden. Sa mère avait disparue il y a de cela plusieurs années. Son père était donc veuf, mais il était encore en vie. Elle voyait à quoi il ressemblait ... maintenant. Mais pas de beaucoup de choses d'autres. Non ... pourquoi avait-elle été dans l'hopitâl de Saint-Kersen ? Etait-ce à cause de ses pouvoirs ? ... Oui ... elle s'en souvenait maintenant.
« Projet P-M-5 » ... c'était comme ça que l'homme à l'armure l'avait appellée ... elle était une expérience de laboratoire ... rien d'autre ... son père l'avait-il rejetée pour ça ? L'avait-il placé dans cet hopitâl pour cette raison ? Mais ces types là ne voulaient pas son bien ... non, ils se servaient d'elle, et rien d'autre ...
La jeune femme se sentie un peu triste, d'un coup. Ses souvenirs n'avaient pourtant pas été très clairs ... il n'y avait pas de quoi fondre en larmes !
Loin d'ici, dans une demeure plutôt luxueuse, un homme était éffondré au pied de son lit. Il pleurait à chaude larmes. Et cela faisait plusieurs jours qu'il le faisait, maintenant.
« Miréna ... ma fille ... » sanglota t-il. « Si seulement ... si seulement j'avais été un bon père ... »
Oui ... il n'avait pas fait le meilleur pour sa fille, il en était convaincue ... et sa femme non plus ... Leyna ... elle aussi avait disparue ... il ne servait à rien !
Il aurait dû intervenir plus tôt, dès les premiers symptômes, oui ... il aurait dû le faire. Il entendait encore le premier cri de sa jeune fille, âgée d'alors 7 ans, dans sa chambre. Jusqu'ici, rien d'anormal ... mais quand ce cri avait fait trembler toute la chambre ... il y avait des questions à se poser ... pourtant à l'époque, les médecins n'avaient rien détectés d'anormal. Sa femme lui disait que quelque chose était étrange, mais lui pensait que ce n'était pas grand chose, peut-être le fruit de leur imagination, la peur.
A l'âge des 10 ans de sa fille, il voulut lui offrir un joli cadeau d'anniversaire. Il n'a rien trouvé de mieux que faire ... un accident de voiture, dans lequel sa femme a disparue ... il a privé sa fille d'une mère. Il était un monstre !
Et bien entendu ... il y avait ces dernières années. Sa fille avait sombrée. Il n'avait rien pu faire. Il l'a envoyé à Saint-Kersen, et eux non plus, n'ont rien pu faire. Il était trop tard, c'est ça ! S'il avait agi plus tôt, il n'y aurait rien eu du tout !
Ses larmes coulèrent de plus belle. Il avait fini par tout perdre. Désormais, son argent ne lui servait à rien s'il ne pouvait pas le partager avec ses proches. Quelle triste existence ...
Miréna sortie de son bain. Elle portait désormais une jupe noire qui lui arrivait jusqu'aux genous, tandis que le haut était constitué d'un t-shirt aux manches longues tout ce qui avait de plus sobre, qui était tout de même une sorte de décolleté, laissant apparaître son pendentif. Ce haut était de couleur blanche. Elle portait néanmoins toujours ses bottes noires.
« Tiens ? Tu as d'autres vêtements ? » demanda Mydreï, qui était assis sur son lit, lisant le journal. Quant à Karl, il était simplement en train de dormir.
« Oui ... lorsque j'ai quitté Saint-Kersen, un type m'avait donné un sac avec ça ... »
« Un type ? Tu veux dire qu'il t'a laissée partir ? »
« Oui. Je ne sais toujours pas pourquoi. »
« Cette histoire est de plus en plus complexe. Bon, on finira bien par comprendre ce qui s'est déroulé. En attendant, tiens ça. » dit-il, en lui lançant une enveloppe.
Miréna fut assez surprise, et eu un peu de mal à attraper ce qui fut lancé.
« Heu .. qu'est-ce qu'elle contient ? »
« Un téléphone. J'y ai déjà ajouté mon numéro, tu pourras me joindre en cas de besoin. » répondit calmement Mydreï, en reportant son attention sur le journal.
« M ... merci. » répondit la jeune femme, un peu prise de court. « Mais ... tu l'as acheté ? Si c'est le cas, je dois te rembourser, non ? J'ai un peu d'argent, grâce au type dont je t'ai déjà parlé. »
« Inutile. Je n'accepte de l'argent que lorsque je réussis des missions, je n'ai rien fait là. En revanche, tu ne veux pas aller t'acheter de nouveaux habits ? Il paraîtrait que les femmes aiment beaucoup cela. »
« Honnêtement ... je ne sais même plus ce qu'est être une femme ... » rétorqua t-elle, un peu mélancolique.
« Pourtant, tu es plutôt élégante. » fit Mydreï, en ne quittant pas son journal des yeux.
Miréna rougissait légérement ... elle n'avait pas vraiment l'habitude d'être complimentée, cela la gênait un peu. Surtout qu'il disait ça assez naturellement, lui, sans aucune gêne.
« Tu as déjà ... eu une femme, dans ta vie ? » demanda timidement Miréna.
« Non. Ah moins que je ne puisse compter ma mère. »
Sa mère ... oui. Elle n'était plus depuis un bout de temps, maintenant. Mais il n'allait pas rester là à s'appitoyer sur son sort ... bien que cela pourrait lui venir à l'esprit, parfois. Ce n'était pas vraiment son genre.
« Je vois ... » fit la jeune femme, venant s'asseoir à coté de Mydreî. « J'ai eu quelques souvenirs, tout à l'heure. »
« Lesquels ? »
« Je m'appelle Miréna Vrayden ... et je crois que mon père est encore en vie. Ma mère a disparue ... » hésita un peu la femme.
« Miréna Vrayden ? Etonnant. »
« Pourquoi ? ... »
« Cela signifie que tu dois être la fille de Roy Vrayden. Il était assez connu à Kreinland. »
Miréna écarquilla les yeux. A ... Kreinland ?
« S'il te plaît ... dis moi en plus. »
« Je ne connais pas grand chose à son sujet. Je sais juste qu'il était un homme assez riche, et qu'il avait aidé au développement de la ville grâce à son argent, qu'il a donné aux écoles par exemple. » répondit Mydreï en arrêtant sa petite lecture, tournant désormais la tête vers la jeune femme qui était à coté de lui.
« Je vois ... » répondit-elle en baissant légérement la tête.
Elle aimerait en savoir plus ... pourquoi avait-elle perdue la mémoire de cette façon ? C'était frustrant. Elle voulait retrouver la mémoire, oh qu'elle le voulait !
« On retrouvera des informations sur ton passé, ne t'inquiètes pas. Lorsque cette histoire sera terminée, on ira le voir à Kreinland. »
« D'accord ... »
« Bon, tu ne veux vraiment pas aller acheter de nouvelles affaires ? » fit-il, pour détourner un peu le sujet.
« Si ... j'irais tout à l'heure. »
« Quant à moi, je vais faire un tour en ville tout de suite. Si jamais tu as des problèmes, tu sais quoi faire. Par contre, ce serait bien que tu restes avec Karl, si ça ne te dérange pas, au moins jusqu'à qu'il se réveille. »
« Oui. »
Mydreï se leva, et prit la porte de sortie. Lui aussi, il devait aller prendre des nouvelles affaires. Il avait encore un peu mal à sa côte, à cause du coup de genou sauvage de Métris l'autre jour, mais ça allait de mieux en mieux. Il se recouvrit le corps d'une longue cape noire, histoire qu'on ne voit pas son visage. Mesure de précaution, comme toujours, même s'il pouvait paraître étrange de porter de telles affaires en pleine rue.
Mais, le regard des autres, cela faisait longtemps qu'il s'en était détâché. La seule chose qu'il craignait là-dedans, c'est qu'on le reconnaisse, et que cela lui cause des ennuis.
Miréna était restée dans l'hôtel, avec Karl qui dormait paisiblement. En le regardant, la jeune femme se sentait un peu soulagée. C'était étrange, mais elle voyait en lui comme un sorte de contre poids à ses propres soucis, car il avait vécu pire, et restait souriant la plupart du temps. D'ailleurs, à son jeune âge, il avait déjà pu assister à plusieurs morts, sans que cela ne transparaisse dans son comportement quotidien. C'était presque effrayant, en un sens.
Elle, par contre, se sentait toujours aussi fragile psychologiquement, même si depuis son arrivée dans ce petit groupe, elle se sentait bien mieux. Mais les souvenirs qu'elle ne pouvait totalement appréhender la hantait un petit peu.