8 - L'Histoire commence enfin
Quelques heures plus tard, Punky prit ses provisions, mit un imperméable, et sortit Ponyta pour une chevauchée plus que prudente. Les morphéos des météorologistes ne s'étaient pas trompés, la pluie était extrêmement violente, et le sol glissait beaucoup trop pour se précipiter. L'adolescente s'allongeait sur la crinière de la bête pour en épargner les flammes, en revanche, de sa queue émanait une fumée opaque – heureusement, Ponyta était forte. Ce n'était pas une grosse pluie qui allait venir à bout de ses forces, mais il fallait faire attention tout de même.
La marche parut horriblement longue, martelée par cette cascade incessante et particulièrement assommante. L'air était lourd, et les deux amies peinaient presque à respirer. La boue était agaçante, plus collante et glissante que d'habitude. La crinière de Ponyta réchauffait Punky, lui permettant de ne pas grelotter.
Lorsqu'elles arrivèrent au lieu de rendez-vous, il n'y avait personne... personne à part une ombre qui s'avançait vers elles, venant de la ville.
-Ce doit être Antonio, dit l'adolescente pour elle même.
L'ombre, comme pour lui répondre, leva la tête et lui adressa de grands gestes de la main : C'était bien Antonio apparemment. Elle l'attendit donc patiemment.
-Bah... ils sont déjà partis ? demanda l'italien lorsqu'il fut assez près pour caresser le museau de Ponyta.
-J'ai vu personne... ça doit être à cause de la pluie...
-Bon, ça va alors. J'me demandais si le prof aurait les noix pour faire la sortie avec ce temps.
-T'as réussi ?
-Ouais j'ai téléchargé l'application GPS avec les fichiers de mon vieux.
-Cool, bon on y va alors.
Le travail du père d'Antonio se situait dans le milieu de l'électronique. C'était l'un des employés de la marque Leppa* (Leppa étant l'anagramme de Apple) et le concepteur de nouvelles applications toujours plus performantes. Antonio n'avait eu qu'à copier l'application sur son Imatos via l'ordinateur de son père.
Le GPS marchait très bien, bien mieux qu'un GPS normal en fait. Les satellites Leppa étaient les plus performants du monde. La marche se passait très bien pour Ponyta et Punky, mais pas pour Antonio qui manquait de glisser tous les 500 mètres.
-Au fait, t'as pris quel pokémon ?
-Un canarticho.
-Haha t'as pas plus rebelle ?
-Ouais... c'est sûr que Ponyta est bien plus douce et agréable, se lamenta-t-il en lui caressant le flanc. Elle craint rien sous la pluie ?
-Ça doit pas être très agréable, mais elle tient le coup. Elle est forte ma beauté.
L'animal hennit comme pour la remercier.
Lorsqu'ils furent à un kilomètre et demi de la Tour Fragmentée, ils réalisèrent qu'ils ne s'étaient pas arrêtés depuis un moment. Antonio se plaignait qu'il était fatigué, mais l'adolescente ne comptait pas s'arrêter si près de son objectif. Les épais nuages masquaient le soleil de telle manière que l'on aurait pu croire à un crépuscule mourant. Le martèlement incessant et étonnamment puissant de la tempête les empêchait presque de s'entendre. Une sorte de tension régnait dans le val, comme si la faune toute entière les observait. L'air était lourd, horriblement pesant... c'est alors que Punky releva la tête.
Ses yeux s'écarquillèrent de stupeur. Sa peau fut prise d'une incontrôlable chair de poule. Là, dans les cieux, une dizaine de rapaces poursuivaient un ptera. Chaque animal était chevauché par un dresseur, et visiblement le ptera était le plus rapide. Les ptera étaient des pokémons extrêmement rares et coûteux, son dresseur devait être exceptionnel pour pouvoir le chevaucher. Malheureusement, ils étaient trop haut pour pouvoir en distinguer les visages. D'énormes éclairs, horriblement bruyants, firent leur apparition. Les adolescents sursautèrent, puis un petit ricanement se fit entendre. Punky tourna vivement la tête : le ténéfix l'observait, perché sur un rocher.
-Il est là !!! hurla la rebelle.
Le spectre bondit de son point d'observation pour s'enfuir. La teigne talonna violemment Ponyta, qui s'élança à la poursuite du petit curieux.
-Cette fois-ci tu ne t'enfuiras pas !
La jument aura vite fait de le rattraper, il n'était pas si rapide que ça. Et puis sa destination s'était vite montrée : la Tour Fragmentée. Il devait y avoir quelque chose de particulier dans cette tour pour qu'il veuille absolument l'y attirer.
Les portes s'ouvrirent devant lui. Il s'engouffra dans les ténèbres. Les deux amies n'eurent aucune hésitation. L'une guidée par sa confiance et l'autre par son obsession, elles pénétrèrent à leur tour dans l'antre...
Mais il n'y avait rien de plus qu'une grande obscurité, et le rire moqueur du petit spectre... lorsque les portes se refermèrent sur elles.