Ch. 05 Le début de notre aventure (Khimeira)
J'ai accueilli cette jeune fille, Linda, un peu froidement, il faut l'avouer.
Mais je pense clairement qu'il le fallait: pour ma survie, il fallait tout le temps que je vérifie si la personne que j'avais en face de moi était un humain ou un Pokémon. Et le petit appareil thermosensible (que j'avais tout le temps sur moi par ailleurs) était en quelque sorte le petit bijou qui me sauvait la vie.
Je m'explique: imaginons que vous ayez un humain en face de vous. Comment savoir si c'est un "vrai" humain ou un Pokémon déguisé, quand absolument rien ne sépare l'humain du Pokémon déguisé (et encore, ce cas est généralement très rare, puisque les Pokémon ne produisent généralement que des pâles copies qu'il est facile de discerner)?
La réponse se voit dans la température. En effet, la température corporelle d'un humain "normal" est de 100 degrés Fahrenheit (ce qui équivaut, dans le système européen, à environ 37,7 degrés Celsius); celle d'un Pokémon est de 102, soit environ 38,5 degrés Celsius. Lorsqu'un Pokémon se transforme, sa température corporelle reste pourtant à 102, même quand il est en pleine forme. C'est généralement cette très légère différence, invisible aux humains, qui fait que beaucoup d'humains se font berner, puis machinalement tuer.
Très peu de gens, comme moi, s'étaient procurés (ou même fabriqués) cet appareil thermosensible, qui réagit à un écart d'un degré (Fahrenheit, j'entends) au-dessus voir même en-dessous de 100 degrés en émettant une lumière rouge. Sinon, si la température est à peu près celle d'un humain, le voyant s'allume vert. Jusqu'à présent, je n'ai eu aucune erreur. Jusqu'à présent.
Je disais donc que Linda est rentrée, puis je lui ai proposé un café. Etant donné que c'est le premier humain vivant qui rentrait chez moi, je préférai la mettre à l'aise. Elle accepta la proposition puis s'assit sur un fauteuil, dans le salon. Alors que je préparai le café (avec la vieille machine à café de mes parents qui a échappé au massacre), je vis que Linda était en train de regarder le mur, et plus précisément le mur du fond, sur lequel étaient accrochées toutes les photos de mes "victimes".
Cela me fit d'ailleurs penser à quelque chose: je partis chercher la photo (qui devait être finie de développer), regardai sous toutes les coutures pour voir s'il n'y a aucun défaut. Après en avoir conclu qu'il n'y avait pas de défaut, je pris la photo, une punaise puis accrochai cette nouvelle photo au mur du fond. Cela faisait donc ma quinzième victime depuis que je me suis défiitivement installé (et je crois aussi depuis que j'ai volé cet appareil photo dans un magasin).
La victime était un Mangriff. C'est arrivé ce matin, aux aurores.
Il s'amusait, tous les jours, vers 7 ou 8 heures du matin, à prendre ses quartiers devant chez moi. Bien sûr, ce qu'il faisait, c'est qu'il arrivait avec un gamin, une quinzaine d'années au grand maximum, et tué au préalable, avant de le bouffer juste devant chez moi. Et même si je commençai à avoir l'habitude, j'en avais marre de l'entendre éclater de rire. Alors ce matin, alors qu'il était en train de se repaître d'une nouvelle victime, je me suis bien placé et je lui ai tiré dessus. La balle est arrivée dans son bras, ce qui l'a arrêté dans son élan. Il est rentré dans une colère noire, puis, après avoir vu que c'était moi qui lui avais tiré dessus, s'est jeté sur ma porte et l'a défoncé. Pauvre de lui. Il ne savait pas que je l'attendais juste à l'entrée.
Je l'ai pris au niveau du cou, et crac. Puis je l'ai laissé tomber par terre, et j'ai pris une photo. Il était à l'agonie, en train de me supplier, limite des larmes dans les yeux.
Je l'ai achevé sans aucun remords. Je devais le faire. Pour ma survie.
Revenons au sujet.
Linda regardait donc encore le mur du fond, complètement affolée. Je pense que ça pouvait se comprendre: quand une personne se retrouve chez un serial killer, la seule envie qu'elle a est de ne pas être rajouté sur la liste.
Puis je suis arrivé, et voyant qu'elle n'était pas très bavarde, j'ai commencé la conversation:
-Tu... viens d'où comme ça?
-Evanston.
Elle n'avait pas envie de discuter, ça se voyait. Le ton employé, sec et rapide, et surtout le fait que ses réponses étaient très courtes, montraient qu'elle tenait à finir cette conversation le plus vite possible. Je renchéris alors:
-Et tes parents?
Cette fois-ci, elle ne répondit pas. Je connaissais la réponse, donc c'était presque inutile de poser la question. Elle me semblait très peu bavarde: cela voulait dire que soit elle est encore sous le choc, soit elle n'a pas envie de me répondre. Les deux réponses sont parfaitement possibles.
Voyant qu'elle ne répondit pas, je renchéris encore:
-Comment t'es arrivée ici?
La jeune fille se retourna et lança d'un ton assassin:
-Si tu crois que je vais te raconter tout comme ça, tu te fous le doigt dans l'oeil.
Bon. A ce que je vois, elle n'a pas l'air de vouloir discuter. Je la laissai alors dans le silence.
S'en suivit alors un silence pesant: elle ne voulait rien dire et elle ne voulait pas m'entendre, ce qui fait que toute tentative de discussion était inutile.
Je commençai alors à réfléchir: comment allais-je bien pouvoir la loger? Peut-être que je vais lui laisser mon lit et que je vais dormir dans le sofa, je l'avais bien fait dans les situations extrêmes. Dans tous les cas, je devais faire mon gentleman: c'est une femme, de mon âge, j'étais dans le devoir de lui laisser la plus grande part, c'est-à-dire le lit.
Je me dirigeai vers le sèche-linge, que j'avais rempli au préalable, puis l'allumai. A ce moment-là, Linda me regarda avec des yeux ronds, me prenant sans doute pour un cinglé. En même temps, quelle idée d'allumer un sèche-linge alors que des Pokémon peuvent débarquer à tout moment et tuer tous les occupants s'y trouvant.
-Arrête!
Je ne répondis pas, et continuai à me diriger tranquillement vers le fauteuil, pour la regarder droit dans les yeux. Tu vas bien finir par craquer au bout d'un moment, ma grande...
-S'il te plaît, arrête! J'ai pas envie qu'on se fasse repérer, alors éteins ce sèche-linge, s'il te plaît!
Je la regardai encore dans les yeux, ne bougeant pas. Elle semblait à deux doigts de chialer. Je voulais qu'elle balance...
-JE T'EN PRIE! JE TE DIRAI TOUT!
Voilà ce que je voulais entendre.
Je me levai, puis me dirigeai vers le sèche-linge et l'éteignis, avant de me diriger vers Linda et de m'asseoir sur le fauteuil, juste en face d'elle. Elle commença:
-Voilà. Je suis arrivée d'Evanston, où je vivais depuis la mort de mes parents.
-Comment sont morts tes parents?
-Lors du raid du 1er janvier...
"Rho la la, t'es vraiment une flippette. Y a personne; la ville est déserte."
C'était une voix masculine qui venait de sortir cette phrase. Je fis signe à Linda de se taire, et pris mon treillis que je me mis sur les épaules.
A ce moment-là, j'entendis une voix féminine lancer:
"Crétin, bouffon, imbécile, tu vas nous faire tuer!"
Il y avait donc bien quelqu'un derrière cette porte. Je pris le fusil qui était sur le bureau, à côté de mon ordinateur portable (un vieux modèle des années 2110) puis me dirigeai vers la porte. Je sentis Linda qui, derrière moi, allait se cacher dans la salle de développement de mes photos.
Pendant ce temps-là, le mec tambourinait à la porte.
"Hellooo! Le 'quelqu'un'! Êtes-vous là?"
Oui, j'étais là, puisque j'ouvris brusquement la porte. Cela fit reculer le gusse, qui manqua de se casser la gueule dans l'escalier par ailleurs.
J'en profitai pour observer les deux personnes qui se trouvaient devant moi: il y avait une jeune fille, cheveux brun-roux et longs, habillée assez légèrement (un T-Shirt et un jean, ainsi que des tongs), qui resta complètement pétrifiée au moment où je sortis avec mon fusil à la main. Le deuxième, qui devait être le gusse qui a frappé à la porte, était vêtu d'un pantalon de costard noir, une chemise blanche et une cravate, ainsi que des chaussures en cuir.
C'est lui que je visai en premier, puisque c'était le plus près.
Intérieurement, je flippais; cela pouvait être un Pokémon déguisé, auquel cas je n'aurai pas le réflexe de l'éviter. Je gueulai alors, dans le but d'intimider le garçon qui se trouvait en face de moi:
-Qui t'envoie?
-Hé, il est aussi gentil que toi, dis-donc! lança-t-il ironiquement.
Apparemment, il n'avait pas tellement compris: je voulais une réponse.
Je tirai alors un coup en l'air. Le mec sursauta, la fille frémit. Je pointai alors le fusil au niveau de son nez, ce qui signifait qu'au moindre écart, c'était une balle entre les deux yeux.
-QUI T'ENVOIE? hurlai-je, en articulant bien pour que le gars entende.
-Hé, ho, du calme, hein! répondit-il, les mains en l'air. Personne! Je suis un humain qui survit dans ce bordel, c'est tout!
C'est ce qu'ils disent tous.
Je sortis alors mon appareil thermosensible (vous savez tous duquel il s'agit), puis le pointai sur le gars d'abord. Je demandai alors d'un ton neutre:
-Vos noms ?
-Démétrios Eartison, répondit le mec, qui était toujours en joue puisque je tenais mon fusil de l'autre main.
La fille n'avait pas répondu. Le gars avait sonné vert, passons à la fille.
Alors que je pointai mon appareil sur elle, je lançai:
-Et toi? Ton nom?
Le gars tenta de s'interposer, malgré le fait qu'il se trouvait toujours en joue:
-Si vous croyez pouvoir lui soutirer la moindre information, vous pouvez...
-Ambre Weaver, répondit la fille.
L'appareil était formel: le bip bip avait retenti, les deux avaient sonné vert. Vous savez tous ce que ça veut dire.
Je grommelai et leur demandai de rentrer sur un ton froid. Alors qu'ils rentraient, je vis Linda sortir de sa cachette et, d'un signe de tête, je lui indiquai que les deux jeunes ne nous feraient aucun mal. Elle sortit alors, salua les deux jeunes puis s'installa sur le fauteuil.
Les deux nouveaux arrivants, quant à eux, s'installèrent dans le sofa. Je leur servis du café. J'étais quand même un peu méfiant, mais j'essayai de les mettre à l'aise, en essayant dans le même temps de me mettre à l'aise.
Après avoir servi le café (sans sucre, je précise), je lançai:
-Bon, étant donné qu'on est dans la même merde, autant que je vous dise mon nom: je m'appelle Tennessee Nixon. Oui, je sais, mon prénom est étrange, mais allez demander ça à mon père.
-Bah, comme ça, on est deux à avoir un prénom de merde, rétorqua Démétrios.
Je ne tins pas compte de sa réflexion. Linda continua:
-Je suis Linda Leiderström. Enchantée.
Ambre et Démétrios se présentèrent alors à Linda. Après cet échange de salutations, je demandai à Linda de continuer son histoire, et elle accepta à condition que je raconte la mienne. J'acceptai, et je commençai:
-J'ai dix-huit ans. Je ne suis pas né à Chicago, mais en réalité à Detroit. Mon père était un général dans l'armée, et ma mère, en bonne femme de soldat, était mère au foyer. Je suis, du moins j'étais jusqu'à ce que toute ma famille meure pendant le raid de Detroit, il y a 6 mois, le troisième d'une famille de six enfants. Mon père nous a donné une éducation très dure, plus particulièrement à moi puisque j'étais le deuxième homme de la famille. Il a voulu m'apprendre à devenir un homme, et m'a tout appris.
C'est alors que je me trouvais à New York que j'ai appris que le raid avait été organisé. Quand je suis rentré, il était trop tard, et j'ai dû partir.
Je suis arrivé ici car c'est la ville qui me semblait non seulement la plus sûre, mais aussi la plus accessible depuis Detroit, car j'avais juste à traverser le lac Michigan. Sauf que je me suis fait tuer mon Lokhlass à l'arrivée. J'ai alors construit de mes mains, pendant quatre mois environ, mon petit chez-moi. Vous avez, dans les grandes lignes, mon histoire.
Les autres n'avaient pas réagi. Ils ne voulaient sans doute pas réagir, peut-être à cause de ce qui leur était arrivé.
-Bon, maintenant, à vous, lançai-je.
Aucun ne réagit, J'en conclus donc que c'était inutile, qu'ils ne se révèleraient pas. Aucun ne voulait clairement déballer sa vie privée, moi y compris. En effet, j'avais caché pas mal de choses, que je ne voulais pas tellement révéler.
-Question indiscrète, commençai-je: vous venez d'où comme ça?
-La banlieue est de Chicago, répondit Ambre, sur un ton neutre.
-Moi la banlieue nord, rétorqua Démétrios.
-Et moi je suis venue d'Evanston, en voiture, conclut Linda. Qui a entendu parler du raid de New York?
-J'ai vu ça, 530 000 victimes, lançai-je.
-Quel gâchis, lança Démétrios en baissant les yeux.
-Je te le fais pas dire.
S'en suivit alors un silence. J'en proftai pour réfléchir un peu sur la question du logement: en effet, nous étions maintenant quatre. Je savais que je me devais de les loger si jamais ils le voulaient. Je ne voulais pas les virer de chez moi, surtout après toutes les conneries qui ont dû leur arriver. Je n'ai pas le droit de laisser tomber des camarades humains. Ce serait, pour moi, de la traîtrise, et je ne me le permettrai pas.
Alors que je réfléchissais, je remarquai que tout le monde se trouvait dans un état d'émotion et de réflexion, ce qui provoquait un silence profond dans la salle. Ambre, finalement, cassa le silence:
-Bon, c'est pas tout, mais vous avez l'intention de faire quoi?
-Je sais pas pourquoi tu nous poses la question, commençai-je, mais moi c'est évident: je cherche à rallier la camp de résistants, qui se trouve à San Francisco.
-Moi aussi, lança Linda.
-De même, continua "Dem".
-Bon, ben au moins on a tous le même but, c'est déjà un bon début, lança Ambre. Mais par contre, j'ai une question qui est quand même assez importante: vous comptez y aller comment? Parce que moi, je vois aucun moyen d'aller jusqu'à San Francisco.
Grand silence. En y repensant, j'en conclus qu'elle n'avait pas tort... A moins que... Mais oui, c'est une évidence!
-Par la seule route qui ne soit pas surveillée par ces saloperies, lançai-je.
Tout le monde me regarda, étonné. Apparemment, aucun d'entre eux savaient qu'il y avait un moyen sûr de rejoindre San Francisco. Long, d'accord, mais sûr. Aucun d'entre eux ne savaient également que cette route reliait Chicago et San Francisco.
Ambre me regarda, avec l'air de dire "Tu es un gros crétin".
-Je sais pas pourquoi, mais j'ai envie de te contredire: ils ont pris TOUTES les routes.
-Ambre, tu en es sûre? lançai-je avec un sourire en coin.
Elle ne répondit pas. Signe que non, donc. Donc je pouvais continuer.
-La route 66, ça vous dit quelque chose?
-Ca me rappelle mes cours d'histoire, mais sans plus, lança Ambre.
-De même pour moi, ajouta Linda.
-Pourquoi tu nous en parles? finit Démétrios.
J'en étais presque abattu. C'était pourtant évident.
Je leur fis un léger sourire. Ils ne comprirent pas tout de suite.
-Parce que je pense que cette route est notre dernière chance d'arriver à l'Ouest vivants, commençai-je en fixant Dem.
Dem ne comprit toujours pas. Les deux filles, par contre, avaient sans doute compris puisque je vis un sourire éclairer leurs visages.
-Cette route est abandonnée depuis plus d'une centaine d'années, continuai-je. Je pense qu'il y aura donc aucun risque que cette route soit surveillée, puisque les migrants préfèrent l'autoroute.
-Et donc aucun risque de se faire attaquer par ces saloperies... lança Linda.
-Les grands esprits se rencontrent, à ce que je vois, ironisai-je.
Linda et Ambre commencèrent à sourire. Ca y est, j'avais marqué un point: elles me faisaient confiance, maintenant.
Sauf que Dem voulait, bien entendu, casser l'ambiance.
-Si je comprends bien, commença-t-il, nous devons faire une route de presque 2300 miles pour, peut-être, arriver vivants dans un camp de résistants. Etant donné que nous ne sommes que quatre, vous pensez pas que c'est un peu une opération suicide, au vu du nombre de Pokémon qu'on risque de trouver sur le chemin?
Une opération suicide? Non mais je rêve.
-Tu vois ces photos de Pokémon, là-bas? lançai-je en montrant les photos punaisées au mur.
Dem s'approcha puis regarda. Il y avait notamment un Feunard, un Dracaufeu, mais également un Jungko ou un Artikodin. J'ai l'habitude d'avoir des victimes variées; cela me permettait d'éviter qu'on me porte des soupçons. De plus, en les mettant n'importe où dans la ville, je jouais la carte de la sécurité en faisant croire que je pouvais être n'importe où. Cela pouvait également dépendre des saisons, aussi.
-Toutes les photos que tu vois sur ce mur, lançai-je sur un ton neutre, sont celles des Pokémon que j'ai tués. Les photos les montrent au moment où je leur adresse le coup de grâce.
A ce moment-là, Dem se retourna. Il semblait paniqué. Une bonne chose de faite.
-Alors, tu penses toujours que c'est une opération suicide, maintenant? ironisai-je, en le voyant faire cette tête de gars stressé.
Ambre et Linda se levèrent à leur tour pour examiner les photos. Ce fut finalement Ambre qui, au bout de quelques secondes d'examination minutieuse des photos, lança:
-Pas de tâches dans la majorité des cas... Hémorragie interne dans la plupart, à ce que je vois. Du travail de pros.
Elle a prononcé ces mots avec un soupçon de dégoût. J'en conclus donc qu'elle ne voulait pas le dire. Dire cette horrible vérité.
En même temps, j'ai été conditionné pour tuer. Mon père m'a conditionné pour que je rentre dans l'armée, et ce qui importait pour lui, c'est que je devienne un haut gradé.
C'est lui qui m'a entraîné à tuer à mains nues, au début de cette guerre. J'étais encore trop jeune, 11 ou 12 ans à l'époque. Et pourtant il m'a entraîné à l'art de l'assassinat. Je ne savais pas que ça allait me servir pour plus tard. Et pourtant, au vu des circonstances, je me suis dit que ça semblait utile, de savoir tuer sans armes.
-Et encore, crois-moi, j'ai galéré pour certains, ironisai-je en montrant ma jambe.
Cette jambe, sur laquelle on voyait de profondes traces de crocs. Souvenir d'une de mes victimes. Un Dracaufeu, adulte. Je m'étais attaqué à très gros, ce coup-ci. Peut-être un peu trop gros, puisque j'étais parti à plusieurs mètres au-dessus du sol. L'attaque Morsure a été très douloureuse. J'ai réussi à le maîtriser, il s'est évanoui en s'écrasant sur le sol. En arrivant, j'ai pris la photo. Et j'ai donné un coup de pied au niveau de la nuque. Ca ne résiste pas, généralement.
Toutes mes victimes ont été tuées de la même manière, en fait.
-Et cette petite signature avec le drapeau américain... Que c'est mignon... lança Linda dans un petit rire.
Je savais par ailleurs que son rire était nerveux. Elle pouvait pas se marrer dans une telle situation. Elle doit peut-être me prendre pour un taré. Sans doute.
Je lui répondis tout aussi ironiquement:
-Que veux-tu, je me contente de sauver la patrie, alors autant lui rendre hommage!
Puis j'éclatai de rire. Ce rire fit frissonner Dem tellement il était... presque sadique.
Soudain, j'eus un texto de la part d'un ami. Je le consultai directement:
"Dans une heure, ils rasent Chicago. Fais en sorte de partir vite.
Que Dieu te garde."
Là, je m'arrêtai net de rire. Il n'y avait pas du tout de quoi rire.
Je me levai précipitamment, et commençai à prendre mes affaires, et en particulier le double de mes photos. Les trois autres me regardèrent, étonnés.
-Tu fais quoi? lança Linda.
-Je me prépare, et vous feriez tous mieux d'en faire autant.
-Et pourquoi ça? lança Dem.
-Je viens de recevoir un message. Ils attaquent dans une heure.
-Attends... QUOI?
-Vous avez bien entendu. Dans une heure, cette ville est rasée. Si vous voulez partir avec moi, c'est maintenant.
Les trois n'hésitèrent pas. Je sortis une caisse d'armes, toutes volées au magasin lors de l'émeute ou prises à des personnes mortes car tuées par ces Pokémon de malheur.
-Quelqu'un veut un arc? lançai-je en me retournant avec un arc de très bonne qualité, que j'ai bien sûr subtilisé gratuitement dans un magasin new-yorkais.
Je vis les yeux d'Ambre scintiller.
-Bon, ben Ambre, la question ne se pose pas.
Je lui donnai directement l'arc. Elle aura tout le temps de me remercier après.
Quand aux deux autres, qui avaient insisté pour ne pas avoir d'arme, je ne leur en donnai pas, mais j'étais tout de même méfiant. Après tout, je doute qu'on puisse tuer des Pokémon avec des clés à molette ou un stylo, mais bon. Il faut leur faire confiance.
Pour ma part, je pris un couteau (très pratique) et un Desert Eagle au cas où. Pour les situations désespérées.
_______________________________________
Une demi-heure plus tard, nous nous trouvâmes tous les quatre à l'entrée de la route 66. J'en profitai pour faire les derniers réglages:
-Tout le monde a bien tout pris? Parce qu'on ne retrournera plus jamais en arrière. Du moins, pas avant que la guerre soit finie.
Tout le monde acquiesça.
-Je vous rappelle: nous allons faire la route 66 dans son intégralité. Vous allez peut-être voir des morts, vous allez peut-être combattre des Pokémon sur le chemin. Qui sait, peut-être qu'on n'arrivera jamais tous les quatre à San Francisco, et si c'est le cas, je ne me le pardonnerai pas. Mais ce que je dois vous dire, c'est: ne quittez JAMAIS la route seul. Sous aucun prétexte. Aussi, chacun doit s'entraider. Pour réussir à aller jusqu'au bout de cette foutue route et réussir à être libres, il faut qu'on le fasse tous les quatre ensemble. Alors ne tentez pas de jouer les héros seul. C'est compris?
Les autres acquiscèrent une nouvelle fois. Je mis ma main au centre du cercle que nous avions crée lorsque je leur avais donné les instructions.
-Un pour tous...
Les trois autres posèrent leur main sur la mienne, puis nous la levâmes et dîmes en même temps:
-Tous pour un.
Puis on est partis, tous les quatre. Aujourd'hui commençait notre voyage. Ce voyage allait peut-être nous mener jusqu'à la liberté, du moins si nous réussissions à en sortir vivants.
Alors que nous avions fait un petit kilomètre et que nous voyions encore notre belle ville de Chicago, des bruits d'explosion se firent entendre.
Le raid avait commencé.
Goodbye Chicago.
San Francisco, here we come...
______________________________
Pendant ce temps-là, deux Pokémon venaient de rentrer dans l'ancienne maison de Tennessee. Il y avait là un Simiabraz et un Galeking.
Ils virent directement les photos des différents Pokémon tués par cet humain, et le Pokémon simiesque rentra dans une colère noire, déchirant toutes les photos et les brûlant juste après. Pendant ce temps-là, le Galeking rentra dans la chambre, dans l'espoir peut-être de trouver l'humain à l'origine de ce massacre.
Arrivé dans la chambre, un enregistrement s'alluma, délivrant la voix de Tennessee.
"Ah ah ah. Sombres idiots. Vous pensiez que j'étais encore ici? Eh bien vous avez tort. Vous vouliez me tuer? Eh bien sachez que vous êtes mes prochaines victimes. Profitez bien de vos dernières secondes, sachant que vous n'arriverez pas à trouver la bombe qui se trouve dans cette chambre.
La Galeking comprit l'enregistrement et commença à paniquer.
-Par ailleurs, cette bombe va exploser...
Le Galeking sort de la chambre, prévient d'urgence le Simiabraz et les deux Pokémon commencent à sortir.
-... Maintenant.
Une explosion réduit alors la maisonnette, ainsi que les deux Pokémon qui s'y trouvaient encore, à l'état de cendres.