Chapitre 1 : L'arrivée
Chapitre 1 : L'arrivée
Il était 18h28 sur le grand Océan Pacifique. Les eaux étaient calmes, peu de vagues.
Un bateau fendait cependant ce calme, cette mer d'huile. L'équipe d'Harry Clarke se trouvait à bord de ce navire, équipée de gilets de sauvetage, de radios et de pistolets ainsi que de leurs Pokémons. La procédure du G.E.A.R les obligeaità trouver leurs autres armes sur le terrain pour faciliter l'infiltration.
L'équipe d'Harry, qui conduisait le navire justement, était composée d'un homme et d'une femme : Ivan Kovaliov et May Saw. Tous les trois étaient des experts en matière de piratage informatique, de réparation, de sécurité et d'action sur le terrain. Trois des meilleurs agents du G.E.A.R.
Leur navire voguait dans la tombée de la nuit en direction de Pacifique-1, jusqu'à ce qu'ils aperçoivent la plateforme d'accueil des navires et l'héliport. May dit à Harry de s'approcher doucement du quai, pour qu'elle puisse amarrer leur esquif.
Une fois les amarres assurées, le reste de l'équipe aborda la plateforme d'accueil tout en restant sur leurs gardes.
Ils sortirent leurs pistolets de leur holster et inspectèrent les environs de façon calme et mesurée. Ne jamais perdre son sang-froid, telle était la devise la plus importante sur le terrain.
Les environs étaient totalement déserts. Personne ne vint les accueillir, l'équipe était seule au milieu des containers et des grues. Les trois membres ne baissèrent pas leur garde pour autant et continuèrent leur fouille méthodique des lieux.
Ivan finit par trouver l'ascenseur qui les mènerait vers l'intérieur du complexe. Harry et May le rejoignirent.
Harry appuya sur le bouton d'appel. Les portes s'ouvrirent sur la cage. Les murs semblaient recouverts de sang coagulés.
_Qu'est-ce qui s'est passé ici ? demanda Ivan.
_Je ne sais pas, mais je pense qu'on a vraiment affaire à un groupe de fous, lui dit Harry en inspectant la cage. Si on veut le savoir, on ferait mieux de descendre.
May et Ivan acquiescèrent et entrèrent tous les trois.
La porte de l'ascenseur se referma et leur descente commença. L'ascenseur était assez large et puissant pour soutenir une dizaine de personnes et mille kilos.
Pourtant, vu l'état dans lequel la cage était, les trois membres étaient mal à l'aise et ne voyaient aucun moyen de se mettre à couvert s'ils tombaient sous le feu de l'ennemi. Ou pire encore, s'ils tenaient compte des tâches de sang coagulé.
Leur descente se faisait doucement, puis à un moment donné, ils purent avoir une vue, à travers des parois vitrées, des fonds marins.
Les eaux étaient désertes, aucun Pokémon marin ne nageait paisiblement dans les eaux. Un grondement aigu et sourd se mit cependant à raisonner. Il venait des profondeurs abyssales.
_Ça ne ressemble pas du tout à un cri de Pokémon, dit Ivan.
_C'est beaucoup plus inquiétant, rajouta May.
_Restez sur vos gardes. Et préparez vos Pokéballs. On aura besoin de nos vieux partenaires.
Les minutes s'écoulèrent, presque éternellement. Une odeur âcre, mêlée à celle de la chair pourrie se faisait de plus en plus sentir à mesure que l'équipe s'approchait de leur but.
Cela faisait plusieurs heures que Ian et Diamond étaient cloitrés dans leur chambre, recroquevillés sur eux-mêmes, et surtout dans le silence oppressant qui avait suivi le passage de la créature dans les conduits.
De temps en temps, un bruit métallique d'un outil tombant quelque part au loin ou encore un cri de terreur et de douleur les faisaient sursauter, les effrayaient même, mais rien de plus ne se passait.
Diamond avait tenté plusieurs fois depuis 20 minutes d'appeler ses parents sur leurs portables ou le téléphone de leur chambre, mais sans succès. Les lignes internes étaient coupées et il n'y avait pas de signal pour le téléphone portable.
Il finit par abandonner, se disant que tout va bien. Mais il finit par se ressaisir, se disant qu'il ne pouvait pas laisser tomber ses parents et se leva de son lit.
Il saisit ses Pokéballs et se dirigea vers la porte de la chambre.
_Où tu vas ? lui demanda Ian.
_Chercher mes parents, lui dit Diamond la main sur la poignée de la porte. Et voir ce qu'il se passe. Tous ces cris et ces bruits qu'on entend depuis tout à l'heure ne me disent rien qui vaille. Je ne veux pas qu'il arrive quelque chose à mes parents. Je veux comprendre ce qui se passe.
_On ne sait même pas où sont tes parents. Ce Complexe est immense, on ne sait pas sur quoi on va tomber. Et puis, on n'a rien à manger. On a besoin de nourriture pour explorer le Complexe. Alors, allons d'abord fouiller les cuisines. Ensuite, on va les chercher. Ca ta va ?
Diamond acquiesça. Ian se leva, se mit derrière lui et Diamond ouvrit la porte.
Le couloir était désert, des ampoules sautaient, clignotaient, d'autres avaient éclaté par surtension. Le silence était sinistre, le couloir étroit tout d'un coup.
Le conduit d'aération, dans lequel était passé la chose, était tout cabossé, à moitié démonté. Diamond sortit une lampe torche d'un des tiroirs de la chambre, vérifia le niveau de la batterie et invita Ian à faire comme lui, prendre une torche.
La lampe ne leur servirait pas sur le moment, mais elle pourrait leur être utile n'importe quand.
Les deux adolescents remontèrent alors le couloir, en direction des salles à manger. Le couloir bifurquait vers la gauche, d'où un panneau indiquait « Restaurant et salles à manger ».
Des affiches montraient des slogans tels que « Le travail d'équipe est un atout fondamental » ou « Pour votre sécurité et votre confort, mettez votre casque lors du travail dans la mine ». Tous ces slogans qui servaient à motiver les travailleurs donnaient une allure de station-fantôme à la mine.
Une porte, juste après le tournant, bloquait l'accès à la salle suivante. Il était marqué au-dessus « Vers les restaurants et salles à manger ». Les adolescents espéraient pouvoir trouver à manger dans les cuisines.
Un autre couloir s'étala devant eux, mais plus court. Il s'agissait plus d'une sorte de vestibule, une petite pièce séparant deux grandes.
La deuxième porte donna alors sur une salle plongée dans l'obscurité. Les deux adolescents se saisirent de leurs torches et les allumèrent.
Ils se trouvèrent dans la salle à manger des mineurs.
Le restaurant devrait se situer dans la pièce d'à côté, dit Diamond. Les tables et les chaises étaient en désordre.
Il n'y avait personne, mais une odeur putride flottait dans l'air. Une odeur de mort. Ian fit remarquer à Diamond des tâches de sang éparpillées un peu partout.
_C'est dingue comme cette pièce, qui hier était accueillante, est maintenant devenue effrayante, dit Diamond en promenant son faisceau lumineux un peu partout.
Les deux adolescents progressaient lentement dans le noir, sur le qui-vive. Des petits bruits de pattes se faisaient entendre. Des bruits très rapides. Ils les entendaient mais ne les voyaient pas.
Ils continuèrent vers la porte au fond, indiquant le restaurant.
Les bruits de pattes semblaient se rapprocher, la tension était palpable. Un grand bruit de plaque de métal tombant au sol se fit entendre et les fit sursauter.
Diamond pointa son faisceau vers l'origine du bruit et vit en effet une plaque d'aération qui était tombée à cause d'un Rattata qui montra le bout de son museau aux adolescents, curieux.
Puis, il fila entre les tables et les distributeurs de boisson.
Diamond et Ian reprirent leur souffle, calmant leurs battements de cœur très rapides et continuèrent vers la porte. Quelque chose derrière une table renversée les fit s'arrêter.
Un bras dépassait. Il ne bougeait pas. Diamond s'avança lentement pour voir le propriétaire du bras caché par le meuble.
Mais il n'y avait personne : le bras était seul, arraché, baignant dans une flaque de sang. Un haut-le-cœur violent saisit Diamond qui ne put s'empêcher de vomir un peu plus loin. Ian jeta un coup d'œil à son tour et sa mine parut plus horrifiée.
Comment est-ce que tout ceci avait-il pu se passer en si peu de temps ? Une journée s'était écoulée seulement entre le moment où ils étaient en train de flâner dans la chambre et l'instant même où ils se trouvaient, dans cette salle à manger !
Un bruit surgit soudain dans l'obscurité. Le même que tout à l'heure : la chose dans les conduits était revenue.
Elle s'agitait dans le plafond, au-dessus de leur tête, grognant et fracassant les plaques de tôle.
Diamond regardait au-dessus de lui, essayant de localiser l'origine. Son regard redescendit cependant sur la bouche d'aération ouverte par le Rattata et ses yeux s'arrondirent de frayeur.
Il se saisit d'une de ses Pokéballs et fit apparaitre son Cizayox. La chose se dirigeait vers l'ouverture et allait leur faire face.
La cage d'ascenseur s'ouvrit sur le hall d'accueil. Harry et ses coéquipiers en sortirent en trombe et se précipitèrent vers les colonnes pour se mettre à couvert.
La pièce était sombre, seules les lumières vertes de secours éclairaient faiblement la salle. Il n'y avait personne pour les accueillir ou leur tirer dessus.
May fut la première à sortir la tête de son abri pour en être sûre.
_RAS, leur dit-elle.
_Restez sur vos gardes, leur ordonna Harry. J'ai un mauvais pressentiment, tout de même.
Les trois agents se mirent à fouiller la pièce, les armes pointées devant eux.
Ivan fit sortir son Arcanin pour améliorer l'éclairage de la salle.
Du sang était répandu partout, des papiers administratifs, des sièges et des lampes gisaient sur le sol carrelé.
La scène était horrible.
Il n'y avait pas de cadavres, mais vu la quantité de sang, il y avait dû avoir un massacre dans cette salle.
Harry regarda au fond à droite et vit une immense brèche.
_Bon sang, vous avez vu ça ? fit-il à ses collègues.
_Comment s'est arrivé là ? demanda May en la regardant attentivement.
_Et regardez ça, aussi, dit Ivan.
Harry jeta un coup d'œil et remarqua que les contours de la brèche étaient recouverts d'une sorte de substance visqueuse. Comme s'il s'agissait de bave.
_Venez voir, dit-il à son équipe.
May et Ivan le rejoignirent et regardèrent alors la substance.
_Je vais en prendre un échantillon et l'analyser, dit Ivan en sortant d'une de ses poches un coton-tige et un tube à essai.
Il récolta un peu de bave et la mit dans le tube à essai.
Ce tube était spécial car équipé d'un petit dispositif composé d'un scanner à rayon et d'un ordinateur contenant une base de données sur tous les Pokémons et les autres formes de vie organiques.
L'ordinateur du tube était relié à un petit écran attaché à son bras qui lui montrait les données.
L'analyse dura quelques minutes.
_Voilà ce que j'ai, fit Ivan après l'analyse terminée. Il s'agit bien d'une substance organique mais elle semblerait venir d'une forme de vie inconnue. Il y a une part d'ADN de Tentacruel mais le reste est totalement inconnu de la base de données. Peut-être s'agit-il d'une nouvelle espèce ?
_Tu crois ? demanda Harry en constatant les dégâts. Peut-être était-ce ça qui a provoqué la panique dans cet endroit ?
Pendant ce temps, May était allée voir l'état des ordinateurs.
Les machines ne répondaient pas, leurs écrans étaient brisés. Les circuits internes avaient grillé.
May tenta de pirater les tours des ordinateurs avec un ordinateur portatif, mais rien à faire, il n'y avait plus de courant.
_Le courant principal est HS, dit-elle. Si on veut savoir ce qu'il s'est passé ici, je dois avoir un accès au réseau informatique. Le meilleur endroit pour ça est la salle de surveillance et de sécurité générale. Mais on doit d'abord faire un tour vers les générateurs principaux pour rétablir le courant.
Elle afficha sur son ordinateur portatif une carte de Pacifique-1.
Elle tapa dans la barre de recherche « générateurs principaux » et un tracé se fit de sa position jusqu'à la salle des générateurs.
Le chemin était plutôt tortueux, la salle se trouvait un étage en-dessous.
_J'ai trouvé, dit-elle enfin. Mais on a du chemin à faire. Suivez le guide.
Ils s'engagèrent vers la porte de gauche, les armes pointées en avant et se fiant à l'éclairage du feu d'Arcanin.
Le couloir était long et donnait sur une autre porte à leur droite au milieu du chemin. Le groupe s'avança jusqu'à la porte du fond. Ivan la poussa, se mettant sur le côté pour s'assurer un abri et il s'engagea dans la cage d'escalier.
Les escaliers étaient trop étroits pour Arcanin. Il dut rentrer le Pokémon dans sa ball et ils allumèrent leurs lampes accrochées sur une de leurs épaules.
Ils descendirent lentement les escaliers, entendant quelque fois le bruit d'un objet métallique tombant sur le sol, venant de nulle part.
Harry poussa la porte de l'étage du dessous et s'engagea dans le couloir. Les lampes au plafond éclairaient le corridor. Harry et ses coéquipiers éteignirent leurs lampes et se dirigèrent vers la porte du fond.
Des bruits de pattes se firent entendre au loin, suivit de coups contre des parois métalliques. Cette sensation de ne pas être seul et de ne pas voir où et ce qu'était le danger ne plaisait vraiment pas à Harry.
L'espace était trop étroit pour pouvoir se battre, trop confiné. Et, entre les différents bruits invisibles qui pouvaient se faire entendre, il y avait le silence.
Le silence des profondeurs de l'océan. Un bien étrange silence, selon Harry. Et qui ne le rassurait pas, car il sentait que n'importe quoi pouvait surgir de n'importe où dans cette mine.
La porte se trouva enfin à portée de main. Il alla tourner la poignée lorsqu'un cri se fit entendre. Un cri d'homme, un cri de peur.
Il tourna vite la poignée, ouvrit la porte d'un coup d'épaule et se précipita dans la suite de couloirs en direction des cris. Il poussa enfin une dernière porte et tomba sur une paroi vitrée.
Un homme, un ouvrier des mines vraisemblablement par sa tenue de travail, se trouvait de l'autre côté de la vitre. Il donnait des coups de poings sur la surface vitrée, comme s'il essayait de la briser.
_Aidez-moi ! cria-t-il en regardant Harry et ses collègues. Faites-moi sortir d'ici, je vous en supplie !
_Qu'est-ce qui se passe ? lui cria Harry. Qu'est-ce qui vous arrive ?
_Je suis attaqué ! Cette chose me poursuit ! Venez m'aider !
_Mais où sont vos Pokémons ?
_J'en sais rien ! Mes Pokéballs sont peut-être tombées quelque part ou bien mes Pokémons sont morts et... Oh mon Dieu ! Le voilà !
Une plaque d'aération murale se mit à sauter de ses gonds et s'écrasa un mètre plus loin sur le sol.
Il en sortit alors un Insécateur, mais qui était loin d'être normal.
Le Pokémon Insecte semblait être un mort-vivant, son cadavre à moitié déchiqueté, dévoré, le regard vide. Il n'y avait aucun doute pour Harry, ce Pokémon était bel et bien un mort-vivant, un zombi.
Et il avait du mal à y croire.
L'ouvrier frappa de plus belle contre la vitre, l'Insécateur se rapprochait. Ivan se saisit d'un extincteur et frappa à son tour contre la vitre, qui résistait.
Du plexiglas. Et qui semblait renforcé.
L'ouvrier continua de frapper en pleurant, en hurlant, puis son bras gauche fut tranché net.
Il hurla de douleur, s'effondra au sol. Son sang giclait sur le sol. Il fit face au monstre, se protégea instinctivement le visage de sa main droite. Le zombi lui ouvrit le ventre, mordit sa jambe et arracha des lambeaux de chair puis se saisit de la tête du mineur avec sa gueule, le secoua brutalement de droite à gauche jusqu'à ce que les vertèbres se brisent et que les hurlements cessent.
Le Pokémon se précipita alors vers le conduit d'où il venait en emportant sa proie avec lui. Harry, May et Ivan avait assisté à toute la scène, impuissants et horrifiés.
_Oh mon Dieu... fit May d'une voix étouffée, presque en pleurant.
_Quelle horreur... dit Ivan à son tour.
_Je ne sais pas comment c'est possible, mais cet Insécateur était bel et bien mort à voir son état... Et pourtant, il bougeait avec la même vitalité que s'il était vivant...
Ils restèrent un moment sans bouger, dévisageant la scène avec le sang éclaboussé sur le sol et la vitre et le bras tranché. De derniers réflexes nerveux firent légèrement bouger les doigts trois fois.
Harry se ressaisit et incita ses coéquipiers à continuer le chemin jusqu'à la salle des générateurs.
_Tout va bien ? Vous pensez pouvoir tenir le coup ? leur demanda-t-il.
_Oui, dit Ivan les yeux dans le vague.
_Ca ira... fit May d'une petite voix.
Ils ouvrirent la porte suivante et s'engagèrent dans une grande salle remplie de machineries.
Ils progressaient parmi les tuyaux sur des plates-formes grillagées et arrivèrent enfin vers la salle des générateurs.
Les générateurs principaux étaient éteints. Seul le générateur de secours tournait encore. Ivan se mit alors au travail et chercha un moyen de remettre en route le courant principal.
_Tous ces évènements... Ca nous dépasse, dit May à Harry.
_Oui, c'est complètement différent de ce que nous avons l'habitude de faire, lui dit-il.
_Mais qu'est-ce qui s'est passé, ici ? Et comment ?
_Je n'en sais rien, May... Mais on va finir par le découvrir.