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Aide-toi et le ciel t'aidera de Kydra



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» Auteur : Kydra - Voir le profil
» Créé le 01/05/2012 à 14:51
» Dernière mise à jour le 01/05/2012 à 14:51

» Mots-clés :   Aventure   Présence d'armes

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Chapitre 37 : Déflagration
Vassili s'approcha de l'humain excité. D'un geste de la patte, il essaya de le calmer, car tout ce qu'il prononçait était incompréhensible.

.................- Que se passe-t-il ? Calmez-vous ! Je peux peut-être vous aider…
.................- Xavier… hurla-t-il essoufflé. Sa baraque est en feu ! J'ai appelé les pompiers, mais il n'est pas encore sorti. Il va brûler vivant !
.................- On y va, lança Vassili qui partait déjà en courant.

Nous arrivâmes devant la tanière en feu. Plus nous nous approchions, plus la chaleur s'intensifiait. L'air aux alentours était aussi chaud que lors de nos pires journées de canicules sur notre terre. Les flammes s'échappaient de certaines ouvertures tandis que la fumée noire s'élevait dans le ciel. Même celle de la carapace d'un Chartor n'était pas aussi sombre. L'odeur de brûlé me chatouillait les narines et Eclair-de-Liberté n'arrêtait pas d'éternuer et tousser. Vassili hésita un moment, la patte devant sa tête pour se protéger, il voulait entrer. Au moment où il se décida à faire un pas en avant, quelque chose explosa dans un grand bruit à l'intérieur. Finalement, l'humain resta là, planté, impuissant, devant le spectacle qui se déroulait devant nous.

Enfin, l'idée arriva. Vassili se plaqua contre Newton, tête baissée et entra à pas comptés dans la tanière. Naïma l'appela pour qu'il revînt ; c'était déjà trop tard, il ne l'entendit pas, sa voix était couverte par l'incendie. Avec ma faiblesse au feu, je ne risquais pas de m'y aventurer, j'aurais grillé dès que je serais entré. Il en était de même pour Terreur-des-Hommes. D'ailleurs, même Eclair-de-Liberté n'osa pas aller chercher son cher humain. Il se contenta de m'adresser un air inquiet et de demander naïvement :

.................- Dis, tu crois qu'il va ressortir bientôt ? Il va avoir trop chaud !
.................- Je pense que ça devrait aller, répondis-je en ayant l'air convaincu.

Je n'en étais absolument pas sûr, mais je ne voulais pas que le jeune s'inquiétât. Eclair-de-Liberté se mit à tourner autour de nous, d'un pas nerveux à peine quelques secondes après le départ de Vassili. Naïma le caressa, essaya de le rassurer. Dès qu'elle eut rompu le contact physique avec lui, il repartit dans sa marche. De temps en temps, il nous jetait des regards, comme pour savoir si tout espoir n'était pas encore perdu. Enfin, il revint à la charge :

.................- Ça fait longtemps qu'il y est. Tu crois qu'il est carbonisé ?
.................- Non, ça ne fait pas longtemps, répondis-je d'un ton plus agressif que je ne l'aurais voulu. Il ne va pas revenir en deux secondes ! Arrête de demander maintenant !
.................- Ne t'en fais pas, essaya de rattraper Terreur-des-Hommes. Il sera prudent et Newton est avec lui. Il va le protéger.

De longues minutes plus tard, notre humain apparut enfin. Il avait le visage à la fois rouge et noir, était recourbé contre Newton. Sur le dos de ce dernier un enfant était couché, apparemment inanimé. Les deux revinrent vers nous. Vassili prit délicatement le fardeau que portait le cheval enflammé, pour le poser sur sa peau amovible, juste devant nous. Celui qui nous avait fait venir jusque-là se pencha sur lui et l'examina.

.................- Il ne restait que lui ? demanda-t-il sans détacher les yeux du garçon.
.................- Je n'en sais rien, je n'ai pas pu aller plus loin, répondit Vassili. C'était vraiment trop dangereux. Même Newton n'a pas osé traverser certaines portes.

Un grand bruit résonna derrière nous : un son modulé qui faisait mal aux oreilles extrêmement fort. Je me retournai. Deux grandes carapaces humaines rouges arrivaient. Ils s'arrêtèrent à côté de nous. Elles se mirent à cracher de l'eau sur la tanière, exactement comme Lokhlass l'aurait fait. On nous ordonna de nous écarter du garçon blessé. Alors qu'on se détournait, je pus enfin l'apercevoir. Il souffrait d'énormes brûlures, sur tout le corps et principalement le visage. J'avais l'habitude d'en voir, mais jamais des enfants. Je doutais qu'il pût survivre, vu son état. Cependant, il n'y avait jamais eu autant de moyens pour les sauver, les brûlés que j'avais vus.

Nous dûmes évacuer les alentours de la tanière en feu. Toute une zone fut interdite d'accès par des banderoles brillantes. Nous rentrâmes à regret chez Naïma. Elle, Vassili et même Terreur-des-Hommes avaient l'air bouleversés par ce qu'ils venaient de vivre. Evidemment, je n'étais pas joyeux, mais je n'étais pas réellement affecté. J'avais vu nombre de mes amis Pokémon tomber au combat, dans des conditions au moins aussi atroces que celles-ci. La mort d'humains était pour moi une banalité, le fait que ce ne fût pas pendant la guerre ne changeait pas énormément à mes yeux. Par contre, Eclair-de-Liberté avait le regard triste, sans doute plus parce qu'il compatissait avec Vassili qu'autre chose, à mon avis. Ce qui me frappa le plus, ce fut que Newton jetait des regards inquiets à son humain, comme s'il comprenait qu'il se passait quelque chose de bouleversant. Pourtant, tout comme moi, il avait dû en voir, des morts ! La fin de la journée se passa en silence. Je m'entraînai seul avec les autres Pokémon. Les humains, n'ayant pas la tête à cela, restèrent enfermés dans la tanière de Naïma.

Le soir, alors que nous rentrions de nos combats amicaux, les humains parlaient forts dans la petite tanière. Ils semblaient particulièrement heureux, ce qui m'étonna puisque quand nous les avions quittés, ils paraissaient plutôt tristes et n'avaient pas le cœur à rire. Neïko me lança un regard mécontent. Voyant que je n'en comprenais pas la raison, elle s'expliqua :

.................- Ils ont bu de l'alcool. Ils ne sont plus comme d'habitude après. J'ai déjà essayé. C'est bon, mais après, quand tu en as bu, tu fais n'importe quoi. On a perdu plein de combats quand Naïma en avait pris. Elle m'avait promis d'arrêter parce que sinon on ne serait pas les meilleurs. Tu ferais mieux de surveiller ton dresseur aussi, il va faire n'importe quoi.
.................- Vassili n'est pas mon dresseur, commençai-je.
.................- C'est vrai ? Ça va lui faire du mal ? me coupa Eclair-de-Liberté.
.................- Ça dépend, répondit Neïko. Si ça ne lui arrive pas trop souvent et qu'il a juste un peu plus envie de jouer avec toi que d'habitude, c'est marrant. Mais à un moment, Naïma était malade. Elle vomissait et elle restait couchée. Elle est même tombée K.O. une fois. Je ne sais pas si tu as déjà reçu une Onde Folie, mais le résultat est à peu près semblable. C'est pour ça que je la surveille maintenant. Sinon, on ne pourra jamais devenir les meilleurs. Il ne faut surtout pas que tu laisses Vassili boire trop.
.................- Ça veut dire que je vais pouvoir m'occuper de lui moi aussi ? demanda Eclair-de-Liberté, d'un air enjoué, comme si l'idée d'avoir une responsabilité envers Vassili le rendait heureux.
.................- En effet. Tu vois, nos humains s'occupent de nous et nous aussi, on doit s'occuper d'eux. On est une vraie équipe !
.................- Je vais aller le voir alors, comment on sait s'il a trop mangé d'alcool ?
.................- On ne le sait pas. Il faut le surveiller dès le début ! A part s'il est vraiment bizarre, mais là, c'est trop tard !
.................- Ne t'en fais pas, tu ne peux pas tout le temps être là, rassura Terreur-des-Hommes qui avait remarqué qu'Eclair-de-Liberté s'inquiétait déjà de ne pas avoir été assez disponible. C'est juste si tu vois qu'il boit souvent de l'alcool que tu devras le surveiller de près.

Voyant que l'Elecsprint hésitait finalement à aller voir son humain, sans doute de peur que son comportement eût vraiment changé, Terreur-des-Hommes l'encouragea à tout de même rejoindre Vassili. Comme mon amie lui emboita le pas, je me décidai aussi à les suivre.

Eclair-de-Liberté se présenta à la porte de la tanière et appela son humain. Celui-ci apparut rapidement, fit un grand sourire quand il aperçut le jeune, qui ne tarda pas à lui sauter dessus. Les deux tombèrent en arrière. Isabelle les observait d'un œil bienveillant alors qu'ils jouaient ensemble comme des bébés Pokémon. Neïko avait raison, Vassili n'agissait pas comme à son habitude et ses réflexes étaient bien diminués. Naïma, quant à elle, cessa d'avoir l'air joyeux quand elle remarqua le regard que lui lançait son Osselait. Elle alla d'ailleurs la voir et se lança dans des explications, racontant que sa mère et Vassili lui avaient proposé et qu'elle avait été raisonnable. Je fus surpris de voir que ses arguments satisfirent son interlocutrice. Les deux se comprenaient et semblaient jouir d'une confiance réciproque sans limite.

Vint ensuite (et enfin !) l'heure de manger, plus tard que d'habitude. Les trois humains parlaient fort et riaient souvent, même si la remarque ne semblait pas forcément s'y prêter. Isabelle se montra curieuse sur les histoires de Vassili.

.................- Ma sœur a disparu. Enfin, il y a peu de chances pour qu'elle soit encore en vie. A Vogra, en ce moment, les prisonniers politiques ne survivent pas longtemps, à mon avis. Ils sont venus la chercher un jour, à la maison. Je n'étais pas là et heureusement pour lui, mon frère Dimitri était déjà parti depuis quelques jours. Il savait bien que rester là-bas serait trop dangereux pour eux, mais Masha ne pouvait pas se résoudre à quitter le pays. Ce qui me fend encore plus le cœur, c'est que ses Pokémon n'ont pas voulu la laisser affronter seule son destin. Au lieu de ne perdre que ma sœur, j'ai perdu ma sœur et des amis intimes. Elle pensait que si tous les opposants partaient, le régime aurait gagné. Quelque part, elle n'a pas tort, mais maintenant qu'elle est morte, c'est aussi une victoire pour eux. La seule différence, c'est que la manière dont tout ça se termine est plus préjudiciable à notre cher gouvernement. Au moins, Dimitri peut continuer à s'exprimer ! Je n'ai pas pu avoir de nouvelles de lui, il est bien caché… Je ne sais même pas où il est ; je ne peux pas prendre contact. J'espère seulement qu'il va bien. Peut-être qu'avec la révolte qui est en marche, il se décidera à rentrer. J'espère qu'il ne m'en voudra pas d'être parti moi aussi.
.................- Même s'il rentrait et que tu y étais aussi, j'ai bien peur que tu aies du mal à le retrouver, dit Isabelle.
.................- Je pense qu'il aurait les moyens de me chercher… C'est une grande figure de l'opposition. C'est en grande partie grâce à lui – ou peut-être à cause de lui – que je suis devenu celui que je suis aujourd'hui. Je lui dois beaucoup, dans tous les domaines ! Il a été mon mentor en sport comme en politique mais aussi pour mes études : il était professeur de physique. Quant à mon amour des Pokémon, je le dois à Masha, ajouta Vassili en s'adressant à Naïma. J'avais choisi un métier qui faisait leur fierté à tous les deux, mettant la science au service des Pokémon. Malheureusement, je n'ai pas eu l'occasion de l'exercer bien longtemps, la politique a pris le dessus. J'espère que Dimitri aura un rôle dans le prochain gouvernement.
.................- Et toi, il te trouvera peut-être une place aussi, ça ne t'intéresse pas ? demanda Isabelle.
.................- Je ne sais pas… Je n'ai ni le charisme, ni le génie de mon frère, qui est un meneur né. Je ne suis pas sûr d'avoir les capacités pour assumer un poste en politique. Et je ne veux surtout pas que le futur gouvernement finisse comme celui que nous combattons ; je n'accepterai jamais une place si je suis pistonné par Dimitri.
.................- Pourtant, je suis sûre que tu dois bien te débrouiller et tu es vraiment passionné !
.................- Ça oui ! Mais ça ne suffit pas pour être bon !
.................- Tu n'as jamais pensé être dresseur ? demanda Naïma qui commençait à se désintéresser de la conversation.
.................- Oui et non. Quand j'étais tout petit et que je jouais avec les Pokémon de Masha, je rêvais de partir comme elle pour devenir moi aussi dresseur. J'étais très proche de ses Pokémon, c'était un peu comme s'ils étaient autant à moi qu'à elle. Du coup, je n'ai jamais vraiment pensé à en avoir pour moi tout seul, j'avais un peu peur que les siens soient jaloux. Puis le temps a passé sans que j'aie mes propres Pokémon et Dimitri m'a fait découvrir la physique, Il passait beaucoup de temps à m'expliquer les cours, pensant qu'ingénieur était un emploi plus stable que dresseur. Par les temps qui courent, il avait mille fois raison, évidemment ! J'aimais vraiment ce qu'il me faisait découvrir. Mes parents poussaient dans le même sens, sentant les problèmes politiques arriver. N'étant pas aussi « extrémistes » que mon frère et ma sœur, ils voulaient me préserver du conflit et m'assuraient qu'ayant les capacités pour être ingénieur, que ce serait sans doute un meilleur parti et qu'en plus, j'œuvrerai pour les Pokémon. J'ai évidemment été convaincu. Ce qu'ils ne savaient pas trop, c'est que Dimitri (et Masha quand elle était là) continuaient tout de même à me pousser à participer aux actions contre le régime…

.................- Mais à chaque question qu'on te pose t'en reviens à ta politique ! s'exclama Naïma. T'es relou à la fin ! Venez les gars – et les filles – on va s'entraîner un peu encore !

Isabelle, elle, n'avait pas l'air d'en avoir marre d'écouter les histoires de Vassili. Je décidai de suivre Naïma, n'étant moi non plus pas trop à l'aise avec ce qu'il racontait. En réalité, je ne comprenais pas vraiment le sens de « gouvernement », « physique », « études »… Pourtant, je me doutais qu'il s'agissait du même genre de conflits que ceux que nous pouvions avoir chez les Pokémon : Malin-Fureteur qui voulait être chef, les Granivol ne pensant qu'à conserver leur colline pour eux, le territoire férocement gardé de Trioxhydre… Quand Vassili parlait, j'avais l'impression qu'il était question de ces problèmes, mais racontés avec des mots que je ne connaissais pas. D'ailleurs, en sortant de la tanière, Terreur-des-Hommes me dit, d'un ton compatissant :

.................- Il a l'air d'avoir encore plus souffert que nous de cette guerre. Il n'est vraiment pas différent…

Je fis un petit signe de la tête pour acquiescer, mais je ne répondis rien.