Chapitre 7 : Assaut sur New Naya
Odion, le Prince des Ténèbres, était en train de survoler la région de Naya, vieille de plus de cinq cent ans. Malgré tout ce qu'Odion avait fait jadis pour promouvoir le succès de la mort et de la désolation, cette région puait la vie. Odion et son Pokemon en étaient presque déboussolés. Ils la sentaient au plus profond de leurs esprits : cette vile sensation qui leur apprenait que les terres qu'ils survolaient grouillaient d'être vivants. Des milliers. Des dizaines de milliers. Des millions.
Comment la vie avait-elle pu reprendre ses droits de la sorte ? C'était une hérésie ! Mais d'un autre côté, Odion s'en réjouissait. Plus de vivants signifiait pour lui plus de victimes, plus de pauvres âmes à libérer du fardeau de la vie et à remettre à Mère. Et plus Odion tuait, plus il devenait fort. La purification de cette région serait le point d'orgue de son plan avant d'aller trouver et tuer Archangeos, ce vil protecteur de la Lumière. Alors, il n'aurait même plus besoin de rentrer à son époque. Il établirait son règne ici. Après tout, si tout l'Univers lui appartenait, il en était de même pour toutes les époques et toutes les dimensions.
Toute cette vie autour de lui le dépaysait un peu, mais rien ne pourrait le perturber tant qu'il était avec Mère. Quand il était apparu dans cette époque à partir du Monastère du Temps, il avait trouvé le temple quasiment en ruine et au centre d'un immense désert, qui n'était pas là à l'époque d'où il venait. Il avait croisé alors un petit groupe de gens, habillés étrangement, qui semblaient admirer le paysage. Odion avait appris plus tard qu'il s'agissait de touristes. Ainsi nommait-on à cette époque les étrangers qui venaient quelque part pour le plaisir de découvrir. Et ceux qui visitaient les alentours du Monastère du Temps n'avaient pas été déçus dans leurs découvertes. Odion leur avait montré une certaine spécialité de son temps : une vague noire et froide, puis un éternel et paisible oubli.
Ensuite, il avait laissé ses pas le porter jusqu'à l'endroit où dormait Mère. Il pouvait la sentir dans son esprit, même cinq cents ans plus tard. Mère était retournée au Temple Maudit, en attendant son retour. Les deux champions de la mort s'étaient alors à nouveau réunis, et ils avaient immédiatement frappé. Odion n'avait pas pu résister à l'odeur de tous ces vivants d'une ville à proximité du Temple Maudit. Cancrania, il croyait se rappeler. En tous cas, en moins d'une minute, tous ses habitants avaient péri, emporté par la Déferlante de Mort fusionnée d'Odion et de Mère. Quel bonheur indescriptible quand il avait senti la mort emporter au même instant ce nombre incalculable d'âmes. Ce fut tel un orgasme, et Odion avait hâte d'expérimenter ça à nouveau.
Mais même si tuer était plaisant et était sa raison de vivre, il y avait quelque chose de plus important qu'il devait faire avant. Éliminer Archangeos, le maître des Gardiens de l'Harmonie. Même si ces agaçants personnages avaient quasiment tous disparu, tant qu'Archangeos serait en vie, il aurait tout le loisir de recréer son ordre antique. C'était pour ça qu'Odion avait voyagé si loin dans le temps. Ce lâche d'Archangeos avait cru pouvoir lui échapper en se scellant lui-même pendant cinq cent ans, mais le temps n'était pas un obstacle pour le Prince des Ténèbres.Très bientôt, Archangeos sortirait de son sommeil, et serait alors vulnérable, sans plus aucun de ses Gardiens pour le protéger. Alors Odion le tuerait, et le règne de la mort et le sien sur ce monde deviendrait total.
Il y avait juste un autre facteur à prendre en compte : Geran. Mère lui avait dit qu'il avait franchi la Porte du Temps quelques secondes après lui. Odion ne s'en était pas rendu compte car quelques secondes dans la Porte du Temps équivalaient à plusieurs heures en dehors. Donc Geran était arrivé dans cette époque bien après lui, quand Odion était déjà parti du Monastère du Temps. Odion se méfiait de Geran. Il avait quelque chose de plus que tous les autres Gardiens de l'Harmonie qu'il avait tué. C'était son plus grand adversaire, et ce depuis bien longtemps. Peu avaient pu lui résister si longtemps et être encore en vie. Personne, à vrai dire, si ce n'était Archangeos. Heureusement, ces deux là allaient bientôt périr. Il ne pouvait pas en être autrement, car Odion était Dieu, et tout ce qu'il prédisait se réalisait selon Sa volonté.
Mais l'arrivée de Geran en cette époque pourrait lui être bénéfique. Odion ignorait où Archangeos se terrait, attendant son réveil, et fouiller la région pierre après pierre se révélerait être long et fastidieux. Sinon, il devrait attendre son réveil pour le sentir, ce qui pouvait arriver demain, ou dans un an. Heureusement, Geran savait où se trouvait son maître, et il allait mener Odion tout droit à lui. Alors Odion avait prit la route pour trouver Geran. Il le sentait facilement malgré les distances. La trace de son Don était facilement repérable, vu que désormais, il était le seul Gardien de l'Harmonie sur cette planète. Puis rares étaient les esprits qui brillaient d'autant de lumière que le sien. Pour Odion, c'était comme suivre la trace du soleil, droit dans les yeux. C'était désagréable, mais il ne pouvait se tromper. Geran et lui étaient toujours irrémédiablement attirés l'un l'autre. C'était le destin qui le voulait ainsi. En réalité, c'était Odion lui-même qui le voulait, vu qu'il était Dieu, et que c'était lui qui créait le destin.
***
Ad raccrocha le combiné, furieuse. Mais elle était plus en colère contre elle-même que contre son frère, à vrai dire. Qu'est-ce qu'elle avait espéré en demandant de l'aide à Nathan, au juste ? La dernière chose de gentille qu'il ait fait pour elle devait être la broche du Ponyta en argent qu'il avait acheté pour elle alors qu'Ad fêtait ses sept ans. Ou peut-être était-ce ses six ans ? Elle ne se rappelait plus. Mais Nathan avait été sa dernière possibilité. Maintenant, elle ne voyait pas d'autres moyens de le sauver que de se rendre elle-même jusqu'à New Naya.
Peut-être que si elle se rendait, la Team Malware accepterait de relâcher Kinan ? Après tout, il n'avait rien à voir dans cette affaire. Enfin pas trop, du moins. Mais même si les Malware acceptaient, ce serait uniquement à condition qu'Ad travaille pour eux. Elle se voyait déjà avec leur tenue ridicule, en train de leur fabriquer des machines qui serviraient à la conquête de la région... Ad n'avait plus pleuré depuis des années, et si elle n'avait pas oublié comment on faisait, elle aurait fondu en larmes.
- Ad ? Qu'est-ce que tu fais encore là, à cette heure ci ?
La jeune fille se tourna pour voir son oncle Elias qui venait de rentrer dans le Centre. Elle se sentit si stupide qu'elle en aurait rougi. Son oncle pourrait l'aider ; il faisait partie du Conseil des 4 ! Ces dresseurs d'élite n'étaient pas soumis au Triumvirat, et ne rechignaient jamais à aider des dresseurs dans le besoin. Elle fut si heureuse de le voir qu'avec la pression accumulée ces dernières heures, elle se jeta dans ses bras. Ad fut même plus surprise par ce geste qu'Elias.
- Tu es blessée, remarqua Elias en touchant sa bosse au front. Où es ton ami Kinan ? Que s'est-il passé ?
Ad lui raconta fébrilement tout, et Elias dut lui faire répéter quelques phrases tellement ce qu'elle disait devenait incohérent. Quand il eut tout compris, son visage inquiet se mua en un masque de détermination.
- OK. Nous y allons immédiatement. Direction New Naya.
Son oncle ne perdait pas de temps, et Ad aimait ça. Elle se serait même attendue qu'il lui demande de rester ici en sécurité, du temps qu'il se chargerait de la Team Malware avec peut-être ses collègues du Conseil des 4, voire le Maître de la région lui-même. Mais non, il avait dit nous. Il faisait confiance en sa nièce et ne cherchait pas à la couver, comme elle l'avait toujours été dans sa jeunesse.
- Joëlle, dit Elias à l'infirmière qui avait tout écouté derrière le comptoir, anxieuse. Veuillez envoyer un message à la Ligue Pokemon. Dîtes à Maître Narek ou aux autres Élites ce qu'il en est. Il est temps de mettre un coup d'arrêt aux délires de la Team Malware. On n'enlève pas impunément un dresseur Pokemon, surtout si c'est un ami de ma nièce !
- Oui monsieur, fit docilement l'infirmière.
Ad était stupéfaite par la puissance qui se dégageait d'Elias, tout d'un coup. Lui qui était toujours gentil et affable s'était transformé en une espèce de chef de guerre. C'était une chose qu'on retrouvait chez sa sœur, la mère d'Ad. Si l'ancien Triumvirat l'avait choisi en son temps comme présidente, c'était parce qu'elle était dotée d'un charisme réel quand elle s'adressait avec force et conviction aux gens. Hélas, Ad n'avait pas hérité de ce trait de famille. Elle était timide et renfermée, et n'avait aucune sorte de talent oratoire ou d'expression du visage qui poussait les gens à tout et n'importe quoi.
- New Naya est loin, dit Ad. Comment on va s'y rendre ?
- Ça ne nous prendra qu'un peu plus d'une heure en voiture.
- Mais les Pokemon de Kinan ? Ils sont six, et je n'ai pas leurs Pokeball pour les enfermer. Ils ne pourront pas nous suivre.
- Ils n'en auront pas besoin, affirma Elias. Avec les miens, ça suffira. Joëlle, vous vous occupez des Pokemon du garçon jusqu'à ce qu'on revienne, s'il vous plaît.
- Bien sûr monsieur.
Ad se sentit un peu mal à l'aise de les laisser là alors qu'ils étaient privés de leur dresseur. Mais elle les rassura.
- Ne vous inquiétez pas. On reviendra vite avec Kinan. Ce crétin me doit une Master Ball.
Adélie et son oncle marchèrent rapidement jusqu'à la maison d'Elias. Ce dernier rentra quelques secondes, le temps de laisser un mot à sa fille, puis fit démarrer sa vieille voiture rouge. Ils parlèrent peu pendant le trajet. Ça arrangeait Ad. Elle n'avait jamais été une grande bavarde, et là, elle avait la gorge tellement nouée que prononcer un mot lui paraissait comme un exploit surhumain. Pourtant, s'il y avait bien quelqu'un avec qui elle était à l'aise, c'était son oncle.
- Ne t'en fais pas, chérie, lui dit-il alors qu'ils avaient dépassé la ville d'Adervun. Je ne laisserai pas ces tarés de la Malware te faire du mal, à toi comme à ton ami. Et si il s'avérait qu'ils aient déjà fait du mal à Kinan, je te promets qu'ils auront tout le temps de le regretter amèrement.
- C'est moi qu'ils voulaient, murmura Ad avec difficulté. Ils ont pris Kinan pour me forcer à venir à eux.
- Et de ce côté là, ils ont bien réussi. Mais ils ne poseront pas la main sur toi.
Elias lui décocha ensuite un coup d'œil amusé et fier à la fois.
- C'est la rançon du succès, ma nièce. Si tu n'étais pas aussi intelligente, la Team Malware t'aurait laissé tranquille.
- Si je n'étais pas aussi intelligente, je me demande où je serais, aujourd'hui. Probablement encore dans les jupes de mère, dans des ballets ou des dîners de gala, nageant dans l'argent et dans des robes chics, des trucs comme ça.
- Pauvre fille, va, rigola Elias. T'es bien la gamine à ton père. Lui aussi était né avec une cuillère en or dans la bouche, pourtant, il n'a jamais fait mystère de son dédain pour tout ça.
- Mais il est quand même devenu l'un des triumvirs, lui rappela Ad.
- Plus par devoir que par autre chose. Il aimait sa famille, vu qu'il était le seul héritier, il n'avait pas d'autre choix. Mais c'était un bon dirigeant. C'est quand même à lui que l'on doit le bannissement de ce fou d'Avlos Zolnys et sa famille dégénérée.
Ad n'avait pas connu les Zolnys - ils avaient été banni avant sa naissance - mais avait entendu bon nombre d'histoires sur eux. Il y a encore vingt ans, les familles régnantes de la région Naya étaient au nombre de quatre, et le Triumvirat était une Tétrarchie. Les Zolnys étaient sans nul doute la famille la plus importante. Mais cette famille était d'une arrogance qui allait bien au-delà de toute mensuration, et ses membres avaient la fâcheuse habitude de s'épouser entre eux, même entre frères et sœurs, pour préserver la pureté de leur lignée. Ils étaient devenus au fil du temps des tyrans paranoïaques, et Avlos, le représentant des Zolnys à la Tétrarchie de l'époque, était le joyau de la famille en termes de folie et d'égo démesuré.
Le peuple détestait Avlos Zolnys, mais les membres régnants des familles Akenvas et Sochenfort avaient trop peur, et Zolnys les faisait danser comme des marionnettes. Seul Guben Dialine, le jeune et courageux chef de la famille Dialine, avait osé s'opposer aux Zolnys et à leur folle dictature. Il s'en était suivi une année de guerre civile et d'alliances entre les différentes grandes familles de la région, et finalement, les Zolnys furent vaincus, et bannis à jamais du gouvernement et même de la région. Guben Dialine était alors devenu le héros du peuple, et avait épousé Fastia Hugerson, qui devint présidente de la région quelques années plus tard, elle aussi étant très appréciée du peuple.
Ad était fier de son père, même si elle l'avait peu connu. Elle toucha distraitement le médaillon de la famille Dialine qu'il lui avait donné, se demandant s'il était encore vivant aujourd'hui, où il était et pourquoi il n'est jamais revenu depuis dix ans. Puis elle se força à revenir à l'instant présent. Kinan, le seul ami qu'elle avait, était en danger et avait besoin d'elle ! Arrivés à la dernière ville avant New Naya, Tardsho, ils s'arrêtèrent un moment pour manger un peu et se dégourdir les jambes. Elias brisa le silence de cette nuit sans étoile.
- Alors comme ça, tu as rencontré ce cher vieux Balterik. Toujours avec ses Pokemon poisons qui sentent mauvais, ce vieux grigou ?
Ad se souvint avec colère que l'ancien Maître avait refusé de l'aider. Elle fit par de son désenchantement à son oncle.
- N'est-ce pas du devoir des Maîtres d'aider tous dresseurs dans la détresse ? demanda-t-elle enfin.
- Balterik n'est plus le Maître, maintenant. Et ne le juge pas trop sévèrement, Ad. Il a toujours été bon et attentionné envers tout le monde et s'il a décidé de ne pas porter secours à Kinan, c'est qu'il avait vraiment quelque chose de bien plus important sur le feu. Le vieux a toujours eu une raison à tout. Mais c'est un type bien.
- Je suis content que tu penses encore ça de moi, Elias mon ami, fit une voix derrière eux.
Ad se tourna en sursautant. Maître Balterik se tenait devant eux. Elias resta un moment sans voix, puis éclata de rire. Il serra le vieux Maître dans ses bras.
- Par Arceus, vous nous avez fichu la trouille, Maître ! Vous n'avez rien perdu de votre talent à apparaître silencieusement à l'improviste, hein ?
- J'ai été formé par le grand Koga, Maître des Pokemon poisons et des arts ninjas. Ces choses là ne s'oublient pas.
- Vous êtes venus finalement, déclara Ad.
Balterik se tourna vers elle.
- Quand je t'ai vu, jeune fille, j'ignorais que tu étais une parente d'un de mes anciens disciples, et la fille de mon vieil ami Guben. Pourtant, j'aurais dû, tu lui ressembles beaucoup. Mais je n'ai pas changé d'avis pour ça. J'aurai besoin de ton aide pour quelque chose d'important, jeune fille.
Ad cligna des yeux.
- En l'état actuel des choses, c'est moi qui ai plutôt besoin de votre aide.
- Oui. Et c'est pour cela que je viens vous aider, toi et ton oncle. Après qu'on ait libéré ce garçon, accepterais-tu de revenir aux montagnes de Zaelle pour que je t'y parle de quelque chose ?
- Pourquoi ne pas m'en parler maintenant et ici ?
- Car j'aimerai te présenter à quelqu'un là-bas. Quelqu'un de très important, qui a jugé que tu l'étais toi aussi. C'est pour cela que je dois te protéger.
Ad ne comprenait rien au charabia du vieux maître mais elle s'en fichait pour le moment. S'il venait les aider à sauver Kinan, ça n'en serait que mieux, et Ad serait prête à écouter tout ce qu'il voudra ensuite. Elle hocha la tête, sans trop savoir ce que valait cet assentiment, mais qu'importe.
- Au fait, comment êtes-vous venu jusqu'ici, Maître ? demanda Elias. Vous avez toujours détesté la technologie, et les Pokémon poisons qui peuvent voler ne sont pas légions.
- Certes. Il suffisait juste que je demande gentiment à un brave Pokemon sauvage de m'amener jusqu'à vous.
Ad n'eut ni le temps ni l'envie de s'étonner qu'on puisse arriver à demander à un Pokemon sauvage de nous transporter quelque part. Mais c'était un bel exploit, sans nul doute. Kinan s'en serait émerveillé. Penser à son ami lui fit paraître une sensation de froid dans l'estomac. Arceus seul savait ce que les Malware lui avaient fait, ou étaient en train de lui faire.
- Si nous repartions, mon oncle ? demanda-t-elle d'un ton neutre, mais Elias entendit bien la peur dans sa voix.
- Pour sûr. Vous montez avec nous, Maître ?
- Je vais continuer à dos de Pokemon, mon ami. Je vous suis de près.
Il poussa un léger sifflement, et un Déflaisan descendit du toit d'une maison pour prendre Balterik sur son dos. Ad se demanda vaguement ce que pouvait trouver ce type à se déplacer sur un Pokemon. Ad préférait largement faire confiance à quelque chose qui ne pensait pas et qu'elle dirigeait elle-même. En ce sens, elle était d'accord avec la Team Malware.
Une demi-heure plus tard, New Naya était enfin en vue. Ad y était déjà venu avec sa mère il y a des années. Elle ne se rappelait plus la raison - sans doute une quelconque réunion diplomatique - mais elle se souvenait parfaitement de ce qu'elle avait ressenti devant l'architecture avancée et unique au monde de cette ville du futur. Et c'était toujours le cas, malgré son dégoût pour la Team Malware. Mais dès qu'ils s'approchèrent, ils surent que quelque chose n'allait pas. Toute la ville était sombre, alors qu'en temps normal elle était la plus éclairée de la région. Et la grande porte d'entrée qui menait au dôme de transparacier qui abritait la mégalopole était hermétiquement close.
- Un couvre-feu ? s'étonna Elias.
- Ils nous attendent peut-être, suggéra Ad.
- Même si c'est le cas, ils ne peuvent pas prendre en otage tous les habitants de la ville. À quoi pensent donc ces imbéciles de la Malware ?
Balterik et le Déflaisan qu'il chevauchait atterrirent devant eux.
- J'ai vu des explosions d'en haut, leur signala le Maître. Je n'en suis pas certain à travers le dôme, mais il me semble que ça venait de la base des Malware.
- S'ils ont des problèmes, c'est bon pour nous.
Ad espérait de tout cœur que Kinan soit la source de ces problèmes.
- Comment on rentre, alors ? demanda-t-elle.
- Je crains que même le feu de mes Pokemon ne soit pas suffisant pour faire fondre le transparacier, avoua Elias. Ou peut-être que si, mais après quelques heures.
- Laisse-moi m'en occuper, mon ami, fit Balterik.
Il lança une de ses Pokeball qui laissa apparaître un Seviper, qui cracha une attaque Bomb-beurk contre la paroi de métal. Sous l'effet du poison, le mur grésilla et se mit à fumer. Dix secondes plus tard, le poison avait creusé un trou dans la paroi. Ad songea que si le poison de ce Seviper était suffisant pour désintégrer l'acier, tout être vivant qui en serait la cible, humain comme Pokemon, ne vivrait pas longtemps. Ad se demanda vaguement s'il y avait déjà eu des Pokemon morts lors des combats contre Balterik. Ad enjamba les bords encore fumants du trou pour se glisser dans le dôme. New Naya s'étendait devant elle, et en effet, on voyait au loin que l'intérieur de la base de la Team Malware était éclairé parfois par des flash d'explosions ou des fenêtres qui volaient en éclats. Il y avait des bruits de sirènes et des cris d'hommes.
- Quelqu'un est en train de faire un sacré boucan à l'intérieur, résuma Elias. Je parierais mes bottes que ton ami Kinan n'y est pas étranger.
Il éclata de son rire bourru et fit sortir deux de ses Pokemon : Darumacho et Maganon. En plus de son Seviper, Balterik avait appelé son fameux Letali. Ad fit de même et convoqua ses deux Pokemon. Sentant l'action toute proche, Lopchu évolua sans plus tarder en le puissant Kung-Fufu.
- Allons-y, à l'assaut de la Team Malware ! clama Elias en fonçant vers la base, suivi de près par Ad, Balterik et leurs Pokemon.
***
Odion survolait à présent un immense dôme de couleur grise, mais qui était aussi étrangement transparent, laissant apparaître la ville qu'il abritait, un amas de constructions toutes aussi grises que le reste, empilées les unes sur les autres. Odion sentait toutes les âmes que ce dôme abritait, mais mieux encore, il sentait la présence de Geran. Il était à l'intérieur, aucun doute. Cette nuit, la mort se régalerait de nouveaux arrivants. Comme en prévision du carnage à venir, le ciel se mit à gronder, et la pluie se mit à tomber.