Un souffle d'été
L'herbe sèche bruissait sous nos pas, nous avancions doucement dans ce grand labyrinthe qu'était la forêt d'Empoigne où je me réfugiais depuis mes quatre ans. Braise me suivait comme à son habitude d'un pas nonchalant, elle aimait cette forêt et ses prairies et clairières presque autant que moi, non, autant que moi. Nous aimions la paix sereine qui y régnait, ce silence seulement troublé par le grondement sourd du torrent.
Soudain, Braise feula et son poil se hérissa. Alertée, je passais la main dans sa fourrure pour la rassurer. Nous continuâmes notre route, moi frissonnant malgré la chaleur et Braise agitant ses neufs queues pour me montrer son inquiétude. Une voix résonna dans la forêt, nous nous mîmes alors à courir dans cette direction. Nous aperçûmes des gens et nous montâmes dans l'arbre le plus proche. Nous y voilà, cachées dans les branches de l'arbre, l'écorce nous écorchait les mains et les pattes et les feuilles nous chatouillaient les bras. Luttant contre le rire qui allaient nous prendre, nous observions la scène.
Surprise, je reconnu ma mère en compagnie d'Artie et d'une adolescente brune qui m'était totalement inconnue. D'un mouvement de tête, Braise me montra les deux individus avec qui ils étaient en grande conversation, je faillis m'étouffer de rire devant le ridicule de leurs tenues ! Mais le plus important était dans la conversation.
Ma chère mère, d'un ton qu'elle voulait calme, leur dit :
- Rendez nous donc ce crâne, qu'on en finisse !
- Non, notre maître en a besoin pour servir nos objectifs, répondirent-ils.
- Vous avez été vaincus et tout vos alliés on prit la fuite ! soyez donc raisonnables, dit Artie.
- Donnez moi ce crâne, leur ordonna ma mère de son ton le plus autoritaire.
J'observais alors la jeune fille jusque là silencieuse et un peu en retrait. Elle se taisait.
Enfin les deux lascars, vaincus, jetèrent le crâne de dragon au pied de ma mère et partirent en courant.
Ma mère se retourna et s'adressa à la fille :
- Merci Lily, le musée de Maillard te doit une fière chandelle ! Tu seras toujours la bienvenue ici.
Lily puisque c'était son nom, balbutia un "Merci m'dame" presque imperceptible avant de disparaître derrière les arbres en direction de la route menant à Volucité.
Artie prit alors la parole : - Nous devrions nous aussi songer à rentrer. Katia, descends de ton perchoir et viens nous rejoindre, Braise aussi !
Je descendais de l'arbre avec précaution pour aller ensuite me planter devant ma mère et Artie.
Devant l'air goguenard de Braise, je compris que je devais être rouge comme une pivoine ce qui eu pour effet de me gêner encore plus et de me faire baisser la tête, sous les yeux de ma mère qui me regardaient avec un air rempli de désapprobation. Même Braise, se faisait toute petite.
- Eh , si on allait tous boire une limonade au café, histoire d'expliquer à Pachirisu ce qui c'est passé ? proposa Artie qui avait senti le malaise ambiant.
- D'accord, pour le café mais toi, le pachirisu tu ne perds rien pour attendre, dit-elle en s'adressant à moi.
- Oui mum' murmurais-je, honteuse.
Nous commençâmes à marcher vers Maillard, la bonne humeur d'Artie était contagieuse. Bientôt nous nous mîmes à rire avec lui de ma mésaventure, ma mère trouvait d'ailleurs que pachirisu était un très bon surnom pour moi. Moi, j'espérais juste que ce surnom ne resterait pas...
Nous passâmes devant Marie-Jo une infirmière aux goûts un peu étranges qui vivait dans la forêt d'Empoigne. Elle nous apostropha :
- Alors vous avez récupéré votre fossile m'dam Aloé ? Si vous avez un problème appelez-moi !
Je forme une équipe de choc avec mon nanméouïe chéri, on les aurait envoyer au tapis en moins d'deux.
- Oui, ne vous inquiétez pas Marie-Jo on pensera à vous la prochaine fois, lui répondit-elle avec une note d'amusement dans la voix.
Nous arrivâmes enfin au café, on nous installa en terrasse et on nous apporta nos limonades.
On entendait seulement l'accordéon, nous sirotions tous notre limonade. J'adorais le goût de cette boisson pétillante à base de baies citrus, elle était si rafraîchissante et c'était tellement agréable pendant une journée d'été aussi torride.
L'accordéoniste qui avait maintenant cessé de jouer m'interpella :
-Alors Katia, comment va ton Kyukon ?
Oh très bien Monsieur Sébastien, lui dis-je, à peine avais-je eu le temps de répondre que Braise était allée se frotter contre ses jambes à grand renfort de miaulements. J'éprouvais une pointe de jalousie, aussi, la rappelais-je assez sèchement.
Il a souri puis s'est remis à jouer.
Artie brisant ainsi le silence a dit :
- Et si nous expliquons à ta fille ce qui s'est passé aujourd'hui ?
- C'est une excellente idée, je commence depuis le début donc puis tu complèteras, répondit ma mère.
- Je vais tenter de faire court, Lily est d'abord venue me défier à l'arène et à d'ailleurs résolu ma petite énigme avec brio. Notre match fut rapide mais sensationnel, son judokrak a réussi à mettre K-O März et Dixy. Je vais donc chercher un badge dans le laboratoire à l'entrée du musée, quand le musée est envahi de fumée. Je ne voyais pas à plus de deux mètres, je butais contre les vitrines et j'entendais les cris affolés des visiteurs. Soudain un voix grave s'éleva : " Emmenez le crâne du dragon, c'est peut-être ce que nous cherchons. ". La fumée commençait à se dissiper ainsi j'ai pu partir à leur poursuite avec Lily. Ce sont ses amis avec ton père qui ont veillé sur le musée durant ma courte absence. A toi, Artie, déclara ma mère.
- Je sortais d'un entrepôt que je venais de visiter lorsque j'ai vu ta mère qui courait en compagnie d'une adolescente brune derrière un groupe aux tendances vestimentaires plutôt étranges. Je décidais donc de les suivre. Une fois dans la forêt, aloé et l'adolescente ont enfin arrêté de courir et j'ai pu les questionner. Aloé m'a résumé rapidement les faits et nous avons commencé à les traquer de clairière en clairière. Je dois avouer que sans l'aide précieuse de Lily c'était chose impossible. D'ailleurs c'est elle qui a découvert les deux receleurs du crâne. La suite tu la connais, fit Artie.
- Nous pouvons d'ailleurs aussi remercier ton père, qui a eu la présence d'esprit d'ouvrir la fenêtre et de permettre ainsi à la fumée de se dissiper. Je pense que je vais rentrer, le musée m'attend, Katia tu peux encore un peu discuter avec Artie si tu veux, déclara ma mère. Elle se leva et partit. Moi je restais silencieuse le temps d'assimiler toutes ces informations.
C'est Artie qui brisa le silence en premier :
- Alors tu veux les voir ces croquis ! s'exclama-t-il.
- Bien-sûr, lui répondis-je d'une façon si spontanée qu'il en a été surpris.
Il me tendit son carnet de dessin, il était bleu, abimé et couvert d'herbe. Ce cahier était à l'image d'Artie : brouillon et proche de la nature. Je tournais rapidement les pages pour aller vers les dessins les plus récents. Comme d'habitude, c'était magnifique, Artie est vraiment un artiste talentueux. Il peignait ou dessiner tout et n'importe quoi, un paysage, des pokemons, des plantes, des randonneurs. Son dernier dessin retint cependant mon attention, il était fait au fusain et représentait apparemment une gravure de Viridium.
- Artie, peux-tu me dire où se trouve cette gravure s'il te plaît ? lui demandais-je.
- Toujours aussi fascinée par le seigneur de la forêt à ce que je vois, fit-il.
- Tu ne réponds pas à ma question là... rétorquais-je.
- Que dirais-tu si je te la montrais plutôt ? me dit-il avec une note d'amusement dans la voix.
- Que ce serait super ! m'exclamais-je.
- Alors disons demain matin dans la matinée, je serai sans doute au centre pokemon. Je compte d'ailleurs y passer la nuit. Alors c'est d'accord ? me demanda-t-il.
- Ok à demain alors ! fis-je en me levant.
- Attends ! dit-il en me donnant une feuille avant de se lever à son tour et de partir.
J'attendis qu'il parte avant de regarder ce qu'il m'avait donné. Je n'en crus pas mes yeux, c'était le dessin de viridium avec en bas griffonné au stylo : "Pour toi Katia, car je sais combien tu admires ce pokemon. Artie".
Je marchais donc vers ma maison, déjà impatiente d'être demain. Je remarquais à peine les gens qui nous saluaient moi et Braise. Seule Braise leur rendaient la pareille d'un discret mouvement de tête. Moi, j'étais perdue dans mes pensées. J'écoutais distraitement le chant des mélokriks. Les mélokriks chantaient !? C'est qu'il devait déjà être bien tard et j'accélérai le pas. Les derniers rayons du soleil éclairaient notre route, mais nous devions nous dépêcher.
Enfin nous aperçûmes le petit portillon blanc, nous nous mîmes à courir. Les Gracidées plantées dans le jardin embaumaient l'air. J'ouvris le portillon et étais sur le point de rentrer chez moi quand nous stoppâmes net.