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Aide-toi et le ciel t'aidera de Kydra



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Informations

» Auteur : Kydra - Voir le profil
» Créé le 18/04/2012 à 21:49
» Dernière mise à jour le 21/11/2012 à 14:32

» Mots-clés :   Aventure   Présence d'armes

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Chapitre 34 : Barrage
Après quelques jours dans la neige, je commençai à avoir du mal à supporter la température. La nourriture se faisait de plus en plus rare, nos corps n'avaient donc plus aucune source d'énergie. Je finis par être obsédé par la sensation de froid. Je ne pensais qu'à me réchauffer. Dès que nous nous arrêtions, notre état empirait... Seulement, il nous fallait bien dormir ! Même couché contre Newton, je grelottais. Mes muscles tremblaient malgré moi. Parfois, je me forçais à accentuer les mouvements réflexes, sans résultat réel. Quand enfin nous devions repartir pour marcher, je me rassurais en me disant que l'activité allait m'apporter un peu de chaleur. Mais non, à chaque reprise de notre progression j'avais un peu plus froid... Je n'en pouvais plus !

Vassili avait l'air de souffrir encore plus que nous autres Pokémon. Il se faisait tout petit, serré contre nous. Même en marchant, il restait recroquevillé et de plus en plus au fil du temps. Quand on s'arrêtait, il remuait ses pattes, comme pour voir si elles fonctionnaient encore. Je pensais d'abord que c'était une idiotie, que nos membres répondraient forcément... Il semblait pourtant que mon humain s'engourdissait. Eclair-de-Liberté l'avait aussi remarqué. Il s'approcha de moi, l'air un peu embarrassé.

........................- Il a pas l'air bien, quand même, s'inquiéta-t-il.
........................- On a tous froid, répondis-je. On y est presque.
........................- Mais lui a plus froid que nous, il a pas de poils et il fait plus chaud chez nous.
........................- Je te signale que moi non plus, je n'ai pas de poils. Il faut que tu arrêtes de t'occuper de lui comme ça !

Eclair-de-Liberté se détourna visiblement agacé. Il alla se blottir contre Vassili, qui était lui-même en boule auprès de Newton. L'humain sortit ses pattes de sa peau amovible pour les enserrer autour de l'Elecsprint.

........................- Ne fais pas cette tête, supplia le Pokémon électrique.
........................- J'ai tellement froid, répondit l'intéressé en caressant le pelage jaune. Je ne sens plus mes doigts... J'espère qu'il fait plus chaud chez Ho-Oh et qu'on y arrivera bientôt, parce que je ne sais pas combien de temps je tiendrai encore.
........................- Surtout tiens bon ! J'ai encore besoin de toi. Pars pas rejoindre papa !

Nous prîmes quelques heures de repos, parce qu'il le fallait. Toutes nos pattes souffraient à force de tremper dans la neige. Elles étaient gelées, l'humain avait raison. Je vis que les siennes avaient en effet un aspect un peu bizarre. Pendant toute notre pause, Eclair-de-Liberté veilla avec inquiétude sur Vassili. Ce dernier luttait visiblement contre l'endormissement, tentant en vain de se réchauffer, comme nous tous. A chaque fois qu'il fermait les yeux un peu trop longtemps, une faible décharge électrique, amicale, l'aidait à rester lucide. Je me forçai quant à moi à échanger des regards fréquents avec Terreur-des-Hommes. Notre discussion silencieuse nous permettait de nous assurer que nous restions nous aussi réveillés. Aucun de nous ne trouvait cependant la force de parler. Je commençais à me demander qui gèlerait en premier ; j'étais convaincu qu'il y en aurait un avant d'atteindre notre but.

Terreur-des-Hommes avait elle aussi remarqué l'état de santé précaire de Vassili. Comme à son habitude et pour ma plus grande peine, elle se rangea encore une fois du côté d'Eclair-de-Liberté. Quand mes autres compagnons étaient assez éloignés, elle vint me parler.

........................- Vassili ne tiendra pas jusqu'en haut. Je crois que nous nous sommes perdus, en plus... Dans cette masse blanche, tous les sentiers se ressemblent. On aurait dû trouver l'entrée de la grotte que j'avais remarquée beaucoup plus tôt. Si ce n'est pas le bon chemin, ou tout au moins pas du tout le plus court, il risque de mourir. On ne peut pas prendre ce risque, il faut redescendre ! On reviendra plus tard, tout n'est pas perdu.

........................- Ce n'est pas le moment d'abandonner. Ho-Oh est un Pokémon feu, il fera forcément plus chaud en se rapprochant de son nid. On ne doit plus être très loin, depuis le temps qu'on marche.
........................- Justement, il ne fait pas plus chaud par ici, il ferait même de plus en plus froid.
........................- Non, c'est nous qui avons de plus en plus froid, ce n'est qu'une impression !
........................- Ne cache pas la réalité... Toi non plus, tu ne sais pas si c'est le bon chemin.
........................- Il faut continuer ! Après tout ce chemin parcouru, je refuse de faire demi-tour maintenant.
........................- Tu sais, finalement, nous avons marché longtemps, mais la neige nous empêche d'aller très vite. Je ne sais même pas si nous sommes vraiment près du but. Nous avons tous les pattes gelées... Après Vassili, nous y passerons tous. Attendons qu'il arrête de neiger pour revenir...
........................- Crois-tu vraiment qu'il arrêtera un jour de neiger ici ?
........................- Je l'espère. Au moins, revenons prêts à affronter ce froid. Même si nous arrivons en haut, il nous faudra redescendre ensuite, supporter une nouvelle fois la température.
........................- Ho-Oh pourra peut-être nous aider pour la descente.
........................- Et... et si l'oiseau n'existait pas, si ce n'était qu'une légende ? Ce sont nos vies qui sont en jeu. Chaque fois que je vois l'un de nous fermer les yeux, j'ai peur que le moment soit venu où il ne les rouvrira jamais. Si on sombre dans le sommeil, on ne se réveillera pas. On est au bord du précipice, aux portes du royaume de Darkrai. Il faut rebrousser chemin.
........................- Nous avons promis de monter là-haut. C'est notre mission, c'est pour notre terre. On ne peut pas abandonner nos convictions. Il faut qu'on fasse quelque chose contre ces humains.
........................- Contre ces combats, pas contre les humains, me reprit-elle. Je suis maintenant convaincue qu'ils ne sont pas nos ennemis directement.

Cette dernière phrase eut pour effet de m'énerver. J'avais déjà du mal à accepter la perspective d'un retour en arrière, le rappel de notre différence d'opinion au sujet des humains était la goutte d'eau de trop, surtout étant donné mon état de fatigue. Pour une fois, je réussis à contenir ma réaction à l'intérieur de moi-même, avec difficulté... Cependant, toute ma motivation disparut d'un coup, je n'avais plus envie de faire quoi que ce fût contre cette guerre. Peut-être qu'au moins, à force de ne pouvoir que constater la violence et l'horreur des combats, on finirait par me croire !

........................- Très bien, on va faire demi-tour, annonçai-je d'un air résigné, d'une petite voix.

Terreur-des-Hommes ne répondit pas. Elle avait sans doute compris m'avoir vexé avec sa réflexion. Elle devait s'en vouloir d'avoir remis ce sujet au goût du jour dans un moment pareil. Au moins, l'idée de rebrousser chemin fut bien accueillie par Eclair-de-Liberté. Nous eûmes un peu plus de mal à convaincre Vassili, mais amoché comme il l'était, ce ne fut pas aussi difficile que j'aurais pu l'imaginer.

Nous descendîmes longtemps. Du moins, il me sembla que cela durait longtemps. Ce n'était en réalité pas le cas, je le constatai à mes dépends. En montant, nous avions un but et une réelle motivation. Pour le retour, il n'y avait qu'une amère déception qui semblait ralentir le temps. Ce désespoir atteignit son paroxysme quand nous nous trouvâmes face à un flanc de montagne qui plongeait raide. Terreur-des-Hommes avait donc bien raison, nous étions perdus, puisque nous n'avions pas gravi d'à-pic dans les jours précédents. Réalisant cela, Vassili se laissa glisser dans l'eau gelée. Il lança un regard à Eclair-de-Liberté, si expressif que même moi je compris. Il éprouvait la même chose que moi à l'idée d'abandonner son objectif, sa petite réserve d'énergie l'avait quitté avec son sens de l'orientation. Il sentait qu'il allait mourir de froid ; ses yeux laissaient transparaître des excuses à son protégé. La réponse fut immédiate : l'Elecsprint se jeta dans ses pattes. Il voulut lécher le visage de son humain, mais au dernier moment, il se rappela que cela le gèlerait. Il se contenta donc de frotter son museau froid contre lui, lui demandant de rester. Il se tourna vers moi, comme pour recevoir un conseil. Pour s'en remettre à moi au sujet de Vassili, c'était qu'il était bien à court d'idée. Je crus même apercevoir une larme givrée au coin de son œil.

Nous restâmes là à contempler le fossé. A vrai dire, personne ne savait ni que dire, ni que faire. Nous n'avions que la possibilité de laisser faire le hasard en tentant de contourner d'un côté ou de l'autre. Il se pouvait aussi qu'il n'y eût aucun chemin par-là... Nous devrions donc remonter un peu pour trouver le passage. Autant dire que nos vies allaient se décider sur un coup de chance. Forcément, nous avions tous du mal à accepter ce postulat. Comme aucun d'entre nous ne semblait avoir le courage de prendre la responsabilité du choix, je finis par proposer de partir par la gauche en essayant de l'affirmer avec conviction. Le résultat fut assez peu probant, mais dans notre état, cela suffit à ce que nous nous levâmes pour prendre péniblement la direction que j'avais indiquée.

Nous n'avions que peu avancé quand Vassili s'assit à nouveau. Il avait arrêté de monter Newton, celui-ci étant lui aussi largement fatigué. Le regard vide, il avoua :

........................- Cette fois, c'est vrai, mes pieds ne me portent plus. Je ne peux plus marcher.

Il allait dire autre chose, mais il se retint. Encore, je le vis hésiter à parler puis finalement se taire. Il fit cela plusieurs fois, puis il ferma les yeux. Eclair-de-Liberté réagit au quart de tour. Sa bouche s'emplit d'électricité. Il se jeta sur son humain pour le mordre à la cuisse. La décharge réveilla immédiatement l'intéressé qui eut un instant des yeux de Hoothoot. Vassili ouvrit la bouche, je me dis qu'enfin, il allait se décider à laisser sortir la phrase qui lui coûtait tant. Cependant, les lèvres se resserrèrent. Qu'étaient donc ces mots si difficiles ?

Eclair-de-Liberté se glissa sous la patte avant de Vassili. Tant bien que mal, il l'aida à se mettre debout. Ensemble, ils firent quelques mètres. La position était inconfortable pour les deux, ils savaient qu'ils ne pourraient pas continuer comme cela.

........................- Newton, prends-le s'il te plaît. Il faut le prendre avec nous. Il est gentil avec nous, allez, aide moi !

Je fus très surpris de voir le cheval enflammé faire quelques pas timides vers son humain. Il s'arrêta, ce qui me fit penser qu'il avait avancé par hasard. Pourtant, il reprit son chemin, toujours avec une pointe d'hésitation. Arrivé à la hauteur de Vassili, son encolure remplaça celle d'Eclair-de-Liberté. Il fléchit un peu le genou. Tout de suite, le Pokémon électrique fit monter l'humain.

Vassili semblait arriver à résister, sur le dos de sa monture. Par contre, le cheval, lui, peinait à avancer. Nous étions tous bien trop fatigués pour pouvoir nous permettre de prendre du poids supplémentaire. Je regardai Eclair-de-Liberté, qui n'avait pas l'air décidé à faire descendre son humain. Celui-ci comprit cependant tout seul. Il recommença à ouvrir la bouche et à la refermer immédiatement. La deuxième fois, il trouva le courage de s'exprimer vraiment. Son ton fut très déterminé et l'annonce sonna comme une sentence.

........................- Je m'arrête là, vous pouvez partir.