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Aide-toi et le ciel t'aidera de Kydra



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Informations

» Auteur : Kydra - Voir le profil
» Créé le 12/04/2012 à 13:40
» Dernière mise à jour le 26/04/2013 à 10:42

» Mots-clés :   Aventure   Présence d'armes

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Chapitre 31 : Plénitude
L'atmosphère resta tendue durant quelques jours, malgré notre réconciliation. Eclair-de-Liberté me surveillait, ne cachant même pas son manège. Il épiait mes moindres gestes et guettait mes paroles, de peur que je m'en prisse à son cher Vassili. Ce dernier ne savait pas où se mettre. Il ne voulait pas réprimander sans cesse son Elecsprint, pour ne pas m'énerver. D'un autre côté, on sentait bien qu'il aurait souhaité que ces querelles se terminassent plus vite. A chacune de mes actions, il ignorait comment réagir, de peur de me vexer. J'étais plus embêté qu'autre chose par cette attitude. Quant à Terreur-des-Hommes, elle craignait que je lui eusse gardé une rancœur. Elle était très attentionnée à mon égard, ce qui finissait de me mettre à mon tour mal à l'aise. Finalement, je trouvais un net avantage au mutisme de Newton qui, lui, ne semblait en avoir après personne et n'était aucunement dérangé par le comportement de quiconque.

Notre cheval de feu se contentait de porter docilement son nouveau cavalier. Vassili le montait à cru, faute de moyens : les selles qu'utilisaient les humains étaient très chères, selon lui. Il nous avait en effet appris qu'il avait dépensé tout ce qui lui restait pour acheter quelques provisions pour la route, avant la compétition (j'étais à présent allergique à ce mot, me rappelant l'origine de tous nos différends). Je pensais que tenir sur le dos d'un Ponyta était chose évidente pour les humains, mais je me trompais. La première journée passée à marcher donna à Vassili une douleur terrible dans les muscles, le lendemain, il marchait comme un Psykokwak, de manière tellement comique que même Eclair-de-Liberté ne put s'empêcher de se moquer de lui. Et encore, ce n'était rien face à ce qui l'attendait plus tard. En quelques jours, il apparut sur ses pattes arrière de terribles brulures. Evidemment, Newton n'utilisait pas ses pouvoirs de feu, elles étaient causées par les frottements contre la peau du Pokémon. Notre humain ne s'en plaignit pas devant nous. Seul Eclair-de-Liberté avait été mis au courant, il ne nous l'apprit qu'après que nous eussions juré de ne pas en parler à son dresseur. Nous l'aurions de toute façon remarqué : sa souffrance était visible et empirait chaque jour.

Les maigres pauses que nous nous offrions ne nous apaisaient nullement. Les provisions de Vassili étaient certes délicieuses, mais bien trop peu nombreuses, d'autant plus que, dans cette région, les animaux et Pokémon avaient tendance à se cacher. Il nous était donc très difficile de trouver de quoi calmer nos estomacs, vidés par de longues heures de marche. Notre seul réel plaisir arrivait à l'heure de dormir. Loin des sentiers humains, nous gardions suffisamment de tranquillité. Il fallait certes monter la garde, au cas où de grands prédateurs nous prendraient pour cible, mais les tours étaient relativement courts, comme nous étions cinq. Newton prenait toujours la dernière partie : juste avant le lever du soleil, il y avait moins de risques... Le seul inconvénient venait de la température, froide. Enfin, cela nous semblait à tous dérisoire face aux activités de la journée. Une fois serrés les uns contre les autres et avec la chaleur naturelle du Ponyta, le climat était supportable. La pluie fut également au rendez-vous, très désagréable pour Newton. Nous dûmes alors multiplier les pauses pour lui, progressant à pattes alors qu'il s'abritait dans son Noigrume.

Au fur et à mesure, les tensions s'apaisèrent. Eclair-de-Liberté retrouva sa jovialité et son enthousiasme, de même que Terreur-des-Hommes perdit sa gêne quand elle s'adressait à moi. Malgré la fatigue occasionnée par le voyage, Vassili et moi continuâmes à nous entraîner au combat chaque soir, comme il me l'avait demandé. En comparaison avec l'effort de la journée, l'activité n'en rajoutait pas beaucoup. Elle était même agréable, nous oubliions notre calvaire le temps du duel. Les premières séances après notre dispute furent difficiles. Après les premiers jours passés, ce fut bien plus plaisant. Eclair-de-Liberté s'entraînait avec Terreur-des-Hommes, mais il était moins endurant que nous, à cause de son extrême jeunesse. Il ne travaillait donc pas trop longtemps après avoir beaucoup marché. Par conséquent, il en profitait pour nous regarder combattre. Je commentais nos matches pour lui, afin qu'il apprît à repérer la bonne stratégie. Evidemment, il ne manquait pas d'encourager Vassili, sans succès puisque je dominais toujours sans trop de mal. Nous eûmes tout de même de grands éclats de rire, car nous nous livrions parfois à des pitreries, en fin d'affrontement, pour amuser la galerie et surtout nous détendre. Je me dis que finalement, si on oubliait notre épuisement, notre vie n'avait pas que de mauvais côtés.

Nous rencontrâmes quelques Pokémon sauvages et dresseurs qui nous provoquèrent en duel. Les premiers pour des considérations territoriales, les autres par simple provocation. L'occasion se présentait alors de disputer un réel combat, chose que nous apprécions tous (même Vassili !). Nous ne perdîmes aucun de ces affrontements, à ma grande joie. Ces moments restaient tout de même anecdotiques puisque nous évitions à la fois les zones urbaines et totalement sauvages. Les Pokémon avaient l'habitude, sauf pour les plus téméraires, d'éviter les équipes d'apprivoisés, pour ne pas risquer de se faire capturer. Quant aux humains, ils se trouvaient plutôt dans leurs nids ou à la chasse dans les hautes herbes, donc pas sur les petits chemins que nous empruntions.

Le soir, autour de la lueur que fournissait Newton, et après notre entraînement quotidien, nous passions du temps ensemble. Nous ne parlions pas à chaque fois, mais nos regards se croisaient et nous semblions nous comprendre. Cela me rappelait les moments passés dans la forêt avec nos équipes de combat. Je compris alors ce que Terreur-des-Hommes attendait de moi au sujet de Vassili. Quand je le regardais de cette manière, j'oubliais presque qu'il était humain, je voyais en lui un autre Pokémon, ce que ses yeux ne cessaient de me rappeler. Une fois, il lui prit l'envie de se confier à nous.

................- C'est marrant, quand je suis avec vous, j'ai l'impression de revoir Masha. Je vous ai déjà parlé d'elle, c'était ma sœur. Quand nous étions jeunes et qu'être ami avec un Pokémon n'était pas encore un crime, elle avait adopté Toupah, le Baudrive. Il te ressemblait beaucoup, Eclair-de-Liberté : câlin, joueur et très brave. J'étais un gamin, nous passions du temps à jouer dehors avec lui et quand on était fatigué, on se couchait dans l'herbe et on discutait de l'avenir. Elle avait six ans de plus que moi et nourrissait le rêve de ne faire qu'un avec ses Pokémon, pour devenir une combattante hors pair. Elle est partie à quinze ans avec Toupah pour revenir à dix-neuf en compagnie de cinq tueurs effrayants. Aleph-Zéro, tu ressembles à Nédavra, son Gallame, fier et puissant, mais distant. Quant à toi, dit-il en regardant Terreur-des-Hommes, tu serais Modak le Voltali, calme et gentille au premier abord, mais redoutable en combat. Par contre, Newton, fit-il en riant, je crois que toi, tu n'as pas d'alter ego. Quoique, tu pourrais être Nijnoïa la Rhinocorne que je lui ai offert pour son retour, pas encore habituée aux humains. Elle me manque terriblement. Au départ, des opposants au régime ont exigé une amélioration des conditions de vie, pour les Pokémon et humains, exploités honteusement. Le jumeau de Masha, mon frère Dimitri, y a participé. Mais cela n'a eu aucun effet. Alors quand les opposants ont manifesté dans les rues, le gouvernement a tenté de régler le problème par Pokémon interposés. C'est là que les dresseurs et leurs Pokémon, dont Masha, se sont révoltés ; ils ne voulaient pas faire la guerre pour le régime. Sauf que les politiciens ont insisté, certains ont cédés et vous, les Pokémon, vous êtes soulevés. Vous avez eu raison, c'est ce que nous aurions dû faire immédiatement, c'est ce que nous avons fait peu de temps après, mais il était trop tard pour le faire à vos côtés. C'est vraiment dommage que nous ayons perdu notre amitié... Vous ne savez pas à quel point ça me fait plaisir de vous avoir avec moi à ce moment !

Ses paroles me bouleversèrent un peu. J'imaginais difficilement les Pokémon prendre part à la vie des humains... Il en parlait cependant avec tant d'émotion, que cela ne pouvait être que réel. Eclair-de-Liberté avait tout de suite ressenti la peine de Vassili à l'évocation de ce souvenir. Il s'était rapproché de lui, lui léchant affectueusement les mains. Ce jour-là et presque malgré moi, j'étais très fier de mon humain, je me sentais heureux de l'avoir trouvé.

Après deux longues semaines de route, mélangeant journées de long trajet et de repos relatif, les reliefs furent enfin visibles. Un gigantesque amas de terre se dressait devant nous, recouvert de végétation au pied, puis de plus en plus dénudé. Tout autour de lui étaient construits des nids humains. Je ne pus m'empêcher de faire le rapprochement avec un Pokémon très rare dans nos régions : Torterra. Je n'en avais aperçu qu'un, une seule fois et de loin, étant jeune, mais j'étais persuadé de ne jamais pouvoir l'oublier. Quand ce Pokémon s'était déplacé, j'avais cru que toute une partie de notre terre allait migrer. Pendant quelques instants, je tentai d'imaginer cette montagne s'ébranler pour partir, de son pas lourd, vers un autre horizon. La seule différence qui me semblait évidente n'était que la taille. L'immense montagne semblait terminer le monde à cet endroit, si bien qu'on eût pu penser qu'il n'y avait rien au-delà. En fonction de l'heure de la journée, le sommet était visible ou perdu dans la brume. J'étais étonné que l'extrême pointe restât toujours blanche, même une fois les nuages disparus... Je me demandais si en escaladant ce mont, nous ne toucherions pas la voûte céleste. Ho-Oh devait pouvoir parler à Arceus de là où il était ! Une nouvelle vague de motivation m'envahit à l'idée de découvrir cet endroit.

Nous descendîmes le long d'une petite route, pour arriver devant les nids qui se trouvaient au pied de la montagne. On apercevait nettement les premières tanières. Comme aucun passage sans regroupement d'humains n'existait pour se rendre au Tagne, nous allions être forcés de traverser. Aucun de nous ne semblait très enthousiaste à cette idée. Vassili nous expliqua que dans leurs villes, il n'était pas commun de déambuler avec des Pokémon à ses côtés. Tout le monde dut rentrer dans son Noigrume respectif, ce qui me déplut. Je restai néanmoins seul avec notre humain, à progresser entre les tanières, dont la densité augmentait en se rapprochant de notre but. Nous nous trouvâmes finalement en plein milieu du nid, tout y était gris : la nature avait entièrement été chassée de ce lieu, le rendant extrêmement triste.

Encore une fois, dans le nid, les humains nous regardaient de travers, avec insistance. Je remarquai, non sans une pointe d'énervement, que les enfants se retournaient parfois après nous avoir dépassés. Certains s'écartaient même exagérément quand nous approchions... Mais pourquoi donc nous en voulaient-ils tous, dans tous les nids ? Quand nous atteignîmes une grande place grise et plate, les regards se tournaient un peu moins vers nous. J'aperçus autour de nous des Pokémon, absents jusqu'alors. Ils se livraient des combats, plus ou moins acharnés. Je jetai un coup d'œil rapide autour de moi pour constater qu'il semblait y en avoir de tous niveaux. Quelques rues plus loin se trouvait le seul bâtiment que j'aurais pu reconnaître : le Centre Pokémon. Je me doutais que Vassili prévoyait d'y faire un tour. Nous avions presque traversé ce lieu réservé aux combats quand une jeune humaine nous apostropha. Je m'étonnai de comprendre à nouveau ce qu'elle disait.

................- Toi ! Tu veux voir que je n'vaux pas que dalle ? Viens un peu par là, je vais t'écraser... Tu feras moins le malin après ça ! Tu crois que ton insecte aux lames ridicules a le niveau ? A part te la péter, il t'sert à quoi, hein ? Tiens, regarde, j'te parie cent que tu tiens même pas à deux contre un !