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Route 66 [Fic commune] de Resistance



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» Auteur : Resistance - Voir le profil
» Créé le 08/04/2012 à 21:49
» Dernière mise à jour le 25/02/2013 à 01:32

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Ch. 03 La ville dans un jardin (Silver Zekrom)
Je traînais lamentablement mes godasses sur le sable, épuisé. La chaleur infernale qui régnait m'accablait ; les rayons UV de notre Soleil de plomb me cuisaient en silence dans ma chemise blanche sale et déchirée, ma cravate noire balancée par les courants d'air bouillants. Le silence, trop profond. L'immensité désertique à perte de vue, les ruines des baraques paumées. J'errais, âme en peine, depuis deux jours déjà, m'agrippant à la fine lanière de cuir tenant ma petite bouteille couleur argent en bandoulière, récipient vissé contenant ce qui m'avait assuré la survie jusqu'ici ; je scrutai l'horizon, épiant le moindre mirage miroitant d'un abri de fortune. Mais avec ce climat de merde, j'en avais plein le cul. Je levai la tête vers les cieux et m'égosillai, exaspéré et seul :

- JE VOUS HAIS TOUS ! TOUS !

Même pas un écho pour faire classe, ne serait-ce que pour être entendu par la moindre maudite bestiole.

- AH HA ! NE CROYEZ PAS M'AVOIR SI FACILEMENT ! criai-je. Je ne suis peut-être qu'un humain, mais moi, au moins, je sais parfaitement ce que je fais ! Ah ha ha ! VOUS FAITES MOINS LES MALINS, HEIN ?!

J'agitai désespérément les poings, donnant des coups dans le vide et marmonnant, énervé :

- Allez, montrez-vous ! Venez vous battre ! Vous voulez un adversaire à votre taille ? Vous nous croyez inférieurs ? Sortez du sable, arrêter de vous camoufler ! BANDE DE MAUVIETTES !

Je titubai, m'empêtrant maladroitement dans mes jambes, trébuchant sur un gros caillou, perdis soudain l'équilibre, et m'explosai sur le sol comme une merde. Je me relevai aussitôt, certain d'avoir entendu un bruissement sur le sable, bondis sur mes chaussures de cuir décidément pas faites pour une randonnée dans un monde dévasté, et détalais comme un Lockpin sur plusieurs mètres, soufflant :

- Non ! Vous ne m'aurez pas ! Jamais ! Si je dois crever, je le ferais tout seul, salauds !

Puis je m'arrêtai, trop faible pour continuer à courir sans raison, sans but, sans espoir, haletant. Je me retournai : rien. Juste des traces de pas désordonnées sur la fine couche sablonneuse. Les miennes. Je dévissai alors machinalement la gourde qui brillait au soleil, la portai à mes lèvres, et engloutis une gorgée du liquide chaud et extrêmement acide. Je déglutis, rebouchais la bouteille et me remis à errer :

- Ah ! Alors ? On se cache ?

Aucune réponse.

- Vous faites bien de vous cacher ! Vous faites vos salopes en venant foutre la merde dans la vie des honnêtes gens un jour de fête, d'amour, de mariage quoi, vous défoncez tout, éventrez tout le monde, salissant la belle robe de maman, et vous ne finissez même pas votre tuerie ? C'EST LAMENTABLE ! On voit bien qu'à défaut de tuer, vous ne savez pas vous y prendre ! Bouuuuuuh ! Bouuuuuh ! criai-je dans le vide en secouant verticalement mon pouce droit, le bras tendu, dans un semblant d'état second.

Le sable volait, la fournaise qui régnait brûlait, mais le paysage restait inlassablement muet, aussi bien de vie que d'espoir. Ils ne m'auront pas. Tout me tournait dans la tête ; les supplices endurés, les souvenirs horribles, gravés dans ma mémoire depuis huit ans. Les hurlements lointains, le vitrail explosant en milles morceaux, des dizaines de monstres, des dizaines de ceux que j'appelais autrefois "Pokémon", furent vomis par la vitre ainsi brisée ; l'image de l'apocalypse, des flammes carbonisant, des griffes lacérant, des pattes écrabouillant, des crocs ensanglantés, des décharges mortelles et des météores destructeurs régnant au sein du lieu saint dévasté. L'image de la ville entière attaquée, envahie, atomisée, détruite, rasée, tuée, assassinée, hurlante de partout, souffrant dans des cris agonisants, des explosions de puissance giclant à travers le sang des innocents, tous autant humains que créatures dévouées. Et Scorvol, plongeant, arrêtant le Dynamopoing, envoyé à terre, qui finit broyé, enfoncé dans le sol sous les coups déferlants du Mackogneur. C'était un sacrifice. La dernière de ces bestioles que j'ai pu aimer. Je me vois courir dans les rues mourantes et enflammées, d'où rugissaient, mêlées, les créatures tueuses et les innocents tués. Je me vois courir, ne comprenant pas, ne comprenant rien, fuyant juste, par instinct, par incompréhension, par peur. J'ai couru. Inlassablement. Fuyant l'inimaginable.

- Mais je suis toujours en vie, imbéciles ! AH HA HA ! MÊME HUIT ANS PLUS TARD ! CA S'APPELLE LA PUISSANCE SUPÉRIEURE, INCAPABLES !

Je marchais toujours, infatigable moralement, toujours tout droit, toujours sans objectif précis, à part celui de survivre, quoi qu'il advienne, délirant et pestant tout seul, contre le moindre rocher ou fin nuage, hurlant que je n'étais pas fini, que je ne le serai jamais.


Allez savoir si plusieurs minutes, heures ou je ne sais quoi s'était écoulé péniblement, j'arrivai enfin à discerner des immeubles lointains, une ville fantôme dans l'immensité perdue. Je courus, puisant toujours plus de forces (merci l'espoir), comme vivifié par cette vision, qui, espérons-le, n'était pas une de ces illusions merdiques que pouvaient créer les autres abrutis. Après une course tout aussi pénibles que ces putains d'heures à errer, j'atteignis l'ancienne agglomération, que je supposai agglomération, vu la taille du truc. Un panneau défoncé, taché de sang séché et poussiéreux, sur la périphérie de la ville, indiquait en grand :



CHICAGO




- Fantastique ! La région des Grands Lacs, hm ?

Je fis un tour complet sur moi-même, contemplant rapidement l'étendue brûlante et désertique :

- Ouais. Un été un peu trop chaud, peut-être ?

Je souris, fier malgré tout d'être arrivé ici-bas, bus un coup, et pénétrai dans l'enceinte dévastée. Les immeubles tenaient encore tant bien que mal debout, des corps en pleine décomposition jonchaient ici et là le sol de la ville, mêlés aux journaux et aux déchets visqueux et moisis tous aussi divers, variés et agréables à regarder. En plus de tous nous faire chier en nous trucidant et en changeant le climat sur la surface du globe, ces enfoirés avaient pillé les magasins, à ce que je voyais. Et puis, je vais pas m'attarder, hein, après tout, c'était détruit de partout, comme chaque ville, vidée de sa population, comme chaque ville, et... Complètement mort, comme chaque ville. Alors niveau ambiance, ça vous changeait pas du désert. Rajoutez juste de l'ombre. C'était donc parti pour une petite ballade rocambolesque et terriblement romantique dans l'ex-troisième ville des États-Unis. Et sautez pas de joie, surtout.


Une autre gorgée du liquide bien chaud - et qui commençait sérieusement à tourner - et de dizaines de pâtés de maisons vides plus tard, voilà qu'une averse soudaine se met soudain à tomber en cordes. Impassible, et même heureux que quelques nuages viennent aussi rapidement couvrir le ciel au-dessus de ma tête, je levai ma gourde, la débouchonnai, et la tendis droit devant moi. Dans le bruit de la pluie ruisselante et tombante en grosses gouttes sur le bitume de la ville silencieuse et des clapotements des quelques-unes qui parvenaient à passer l'ouverture de ma petite bouteille d'acier, je levai la tête au ciel, fermant les yeux, remerciant l'imbécilité du monstre de mes deux qui avaient déclenché cette Danse Pluie, profitant de la fraîcheur et de l'humidité, enfin. C'est alors que, au loin, j'entendis crier. Un cri de ces bestioles de merde. Forcément, s'il pleuvait momentanément, c'est que l'attaque venait de l'un d'eux. L'averse, qui, justement, s'atténuait, jusqu'à s'estomper totalement, avait dû être créée le temps d'un combat. Je rebouchonnai vite fait bien fait ma gourde, agitai frénétiquement, l'eau recueillie permettant de diluer un peu le contenu, et me mis en marche rapidement, comptant finalement traverser la ville rapidement plutôt que d'avoir à perdre du temps à... empêcher ce truc de me tuer.

J'accélérai alors la cadence, ma chemise délabrée gorgée d'eau, mon frok trempé et ma cravate dégoulinante, la mèche de cheveux mouillée dans les yeux, martelant des pieds la chaussée, des proches hurlements de bestiole agonisante faisant lugubrement écho dans les rues vides. Et là, au croisement suivant, j'aperçus du coin de l'œil du mouvement sur ma droite. Je me planquai furtivement au coin de la grande avenue, derrière un monceau de mur explosé, me plaquant le dos sur la paroi froide, ma respiration soudainement accélérée, mes muscles se crispant d'un coup. Ne pas bouger. Ne pas être repéré. Un rugissement colossal, grave, profond : un gros bestiau. Ne pas laisser échapper le moindre souffle. Faut que tu restes en vie. Ils t'auront pas, pas maintenant. Un coup brutal sur le goudron, mêlé à un dernier râle soudain de douleur et à un craquement. Je mis la main dans ma poche, sortant frénétiquement et tout fébrilement mon unique arme. Je l'empoignai fermement, m'encastrant presque dans le mur tellement je m'appuyai contre, et ne contrôlant pas mes tremblements. Des pas extrêmement lourds. Un souffle puissant, bestial et sauvage. En plus, si j'ai de la chance, il a une vision rayon X. Putain de bordel de merde.

Je restai bien cinq bonnes minutes ainsi planqué. Le silence s'était petit à petit réintégré à la société, et je pensais être enfin à nouveau seul dans ce quartier. Tout doucement, très légèrement, m'approchant prudemment puisque, après tout, je risquai ma vie, je jetai un coup d'œil rapide et efficace par la gauche, sur l'avenue : un corps vert et maigre, gisant en plein milieu de la chaussée, et plus aucun gros pas beau entre les deux rangées de grattes-ciel délabrés. Je bondis hors de ma cachette, brandissant courageusement mon arme de poche redoutable, filant droit vers le lieu de l'affrontement sur la pointe des pieds : un Feuiloutan avait le thorax et tout ce qu'il y a à l'intérieur écrabouillé sur le sol, des débris et des traces de pas ensanglantées s'en allant vers une certaine direction. La bestiole avait reçu plusieurs coups violents précédemment, à en juger par ses hématomes sur ses autre membres. S'il avait été piétiné, c'est qu'il y avait une bonne raison : il a dû faire son con. Ou autre chose. Et puis, je m'en branlais, de ce qu'il avait pu faire ; je prélevais des feuilles de sa mèche (enfin, de ce qu'il en restait) et les introduisis dans ma gourde encore bien remplie. Je la rebouchai, l'agitant pour mélanger le tout vigoureusement, me relevant et épiant les alentours. Une fois le tout bien préparé, je pris une autre poignée de feuilles de la mèche du monstre mort, et mâchouillai ma cueillette amère, me dirigeant résolument vers l'opposé des traces de pas. Le soleil revint alors, les derniers nuages s'évaporant rapidement, la chaleur cuisant de nouveau le seul survivant humain dans la ville qui sifflotait en manquant de s'étouffer avec les graines au goût dégueu, mais restant tout de même inébranlable, ayant vu et survécu à des situations dramatiques, et qui, du haut de ses 18 ans, avait tout de même la carrure flamboyante et le charisme extraordinaire d'un jeune assuré et conquérant. Bien sûr que j'avais la classe. Seul humain des alentours que je croyais que j'étais, tout du moins.

Et, effectivement, comme on ne si attend pas du tout avec cette remarque finale, je me suis rapidement rendu que je n'étais pas seul dans mon désespoir courageux. Après une gentille petite pérégrination toute rose et mignonne dans les ruelles sales, en ruines et qui faisaient résonner la mélodie sifflée entre les cadavres décharnés, j'entendis des cris. Humains. J'accourus alors, empoignant ma fidèle arme blanche improvisée mais certainement utile dans mon autre main, remettant ma gourde en bandoulière, me rapprochai rapidement des interjections venimeuses et des sons égosillés. A un virage, je tombai alors sur une autre scène de massacre, mais tout de même plus romanesque : un Tengalice, au sol, une flèche plantée dans le bide, devant une nana, la tête baissée sur le corps d'une petite fille, probablement décédée, vu ce qu'elle s'était pris dans la gueule. Je remarquai, quelques mètres à côté, un arc, brisé en deux, sur le bitume. Devant cette scène de victoire des miens, je me précipitai aussitôt ; mais la nana, bien en vie, leva brusquement la tête, me lança un regard perçant à travers ses larmes et ses mèches de cheveux tombantes, et, par réflexe probablement, passa son bras d'un coup derrière son dos et essaya d'attraper quelque chose. En vain, bien entendu. Elle parut fortement déstabilisée, et je lançai, souriant pour rassurer :

- Nan mais t'en fais pas, hein ! Je veux pas te zigouiller !

Elle ne répondit pas. Elle jeta un regard furtif vers l'arc cassé. Puis elle me regarda. Son arc, de nouveau. Moi. Son arc. Moi.

- Hé, qu'est-ce que tu...

Puis, rapide comme l'éclair, elle bondit, agile comme un Luxray, sur les reste de son arc, puis, tout aussi vive, se rua vers moi comme une furie, élevant vers les cieux ce qu'il restait de l'arme de pointe. Réagissant à cette action qui me sembla quelque peu hostile, j'empoignai fermement mon petit arsenal, le pointant droit vers la nana aux longs cheveux. Elle s'arrêta soudain, calmant ses ardeurs et me regardant étrangement, puis baissa ce qu'il restait de l'arc, me considérant. Je souris, fier de mon intimidation et de mon arme intimidante :

- Hé ! On se calme, hm ? Je sais que je suis pas moche, mais de là à exciter n'importe quelle gonzesse qui vaque dans les ruines de Chicago... !

Elle ne répondit pas. Enfin, pas pendant un moment, avant de critiquer sec :

- Tu te crois malin, avec ton stylo dans la main ?
- C'EST PAS UN SIMPLE STYLO, C'EST UNE ARME REDOUTABLE, OKAY ?
- Ouais, c'est ça, rétorqua-t-elle en s'en retournant vers le corps de la gamine. Débile.

Je protestai que moi au moins, j'avais survécu pendant huit ans, depuis le soulèvement des putains de bestioles, mais me tus aussitôt, remarquant judicieusement qu'elle aussi, devait avoir survécu pendant huit ans à ces putains de bestioles. Je remarquai également que, chose étrange et ne devant pas spécialement être commode pour courir comme elle l'avait fait, elle était en tongs. Ouais, une touriste, quoi. Elle ne releva pas ma remarque, et je rangeai mon puissant stylo dans ma poche, et remis convenablement ma bandoulière sur mon épaule. La nana pas commode s'agenouilla devant le corps de la petite fille, et sembla lier ses mains, baissant de nouveau la tête, faisant tomber sa chevelure auburn, délicate, ce qui était notable après un survival d'environ 2 922 jours. Je notai qu'elle avait dans son dos un carquois, rempli de deux flèches. Je m'approchai d'elle, puis lançai :

- Tu la connais ?

Aucune réponse. Je ris, mettant les mains dans les poches :

- Maintenant que j'y regarde à deux fois, t'es quand même vachement mignonne !

Je n'eus pas le temps de sortir un des nombreux autres compliments que je pouvais lui faire avant d'espérer survivre en couple quand je me pris, dans un éclair, une droite bien placée en plein dans la mâchoire. Je m'écroulai sur le sol, me tenant fermement la mâchoire, un peu étonné par cette réaction. Elle décocha aussitôt, froide et me perçant de ses yeux gris :

- Écoute, machin, j'ai déjà assez de problèmes comme ça pour pas que tu viennes te frotter à moi. Au cas où t'aurais pas remarqué, on est en temps de guerre. Alors tu retournes d'où tu viens, tu te barres, tu te suicides, tu vas te faire bouffer, tuer ou capturer, en tout cas tu me lâches. T'es trop remarquable et un peu trop chiant ; tu m'attirerais des ennuis.

Puis elle me tourna le dos, le regard vers le cadavre. La nana baissa sa main droite et la posa doucement sur le front de la gamine, lui fermant les yeux, et elle vint voir la créature Plante et Ténèbres morte, tira d'un coup la flèche plantée, la secoua pour enlever quelques gouttes d'hémoglobine, puis, la rangeant dans son carquois avec style, partit, remontant l'avenue, mettant sur son épaule la corde de l'arc, attachée au deux bouts courbés branlants, sans se retourner. Je me relevai et rétorquai :

- J'te signale quand même qu'on est en temps de guerre, justement, et que les membres d'un même camp doivent se serrer les coudes. ET PUIS J'TE SIGNALE AUSSI QUE T'ES EN TONGS !
- Ouais. C'est ça, répondit-elle sèchement en me faisant signe de virer, s'en allant toujours.
- On doit se soutenir ! criai-je, décidé à ne pas la laisser partir.

Elle répliqua :

- T'as pas quelqu'un d'autre à soutenir ? Retourne voir ta mère, elle doit être en train de s'inquiéter.

Je me crispai soudain, serrant le poing, subitement énervé et gueulai :

- MA MÈRE EST MORTE, CONNASSE !
- La mienne aussi. Et j'en fais pas tout un plat.

Je courus à sa rencontre, exaspéré par ses grands airs mais décidément assez sexys, et je la suivis :

- Après tout, j'm'en branle de ce que tu me donnes comme ordres, puisque, après tout, on est dans la même situation tous les deux.

Je poursuivis, tendant ma main devant elle, qui marchait rapidement :

- Donc, tant qu'à faire, j'me présente : Eartinson. Démétrios Eartison.

Elle ne me répondit pas, se contenta juste d'un regard en coin. Je baissai ma main tendue, croisai les bars derrière ma tête, et ajoutai, blasé :

- Ouais, je sais, c'est un prénom pas commun. Mais il est classe, alors je l'porte fièrement. Si tu veux tout savoir, demande à mes obsessionnels de parents. Et puis, vu que ça te fait chier de parler et que te présenter doit te coûter un membre, tu peux économiser ta salive en m'appelant Dem.

Je la regardai en coin, et toujours pas de réponse. A l'affut, elle restait sur ses gardes et se déplaçait silencieusement, mais, s'il y avait un truc qu'elle évitait de faire, c'était de me regarder. Je conseillai :

- Tu sais, comme on cherche tous les deux à survivre, je pense que...

Elle nous avait fait bifurqué sur la droite, et nous passâmes à ce moment là devant une petite maisonnette toute pourrie, coincée entre deux immeubles ruinés. Elle s'arrêta soudain devant le pavillon, et se tourna vers la porte. Elle souffla, me faisant tenir à l'écart avec sa main droite :

- Y a quelqu'un là-dedans.
- Quelqu'un ? Tu peux pas être plus précise ?
- Chut ! chuchota-t-elle, exaspérée.
- Rho la la, t'es vraiment une flippette. Y a personne ; la ville est déserte.

Vu qu'elle me menaçait de me tuer très prochainement du regard, je montais rapidement les petites marches, tout sourire, vers la porte de la petite maison dans Chicago. Elle tenta de m'arrêter, mais j'atteignis la porte avant elle, et voulant lui prouver qu'il n'y avait personne, toquai bruyamment :

- Hellooo ! Le quelqu'un ! Êtes-vous là ?

Brusquement, du tumulte derrière la paroi gondée fermée. Shit. Y avait vraiment quelqu'un. Je reculai, hébété par ce que j'entendais et par la gaffe que je venais de faire, et la porte s'ouvrit soudain : un gars très très pas commode, pointant son fusil droit sur moi, le doigt sur la détente. J'arrêtai immédiatement de tituber, m'agrippant à ma gourde en bandoulière, et ne bougeait pas. La nana, au bas de l'escalier, était clouée sur place elle aussi, mais était sans doute plus assurée que je ne l'étais, n'étant pas dans sa ligne de mire, ELLE. Le gars beugla froidement, regardant frénétiquement ma nouvelle petite amie et moi :

- Qui vous envoie ?

Je me tournai vers mon accompagnatrice :

- Hé, il est aussi gentil que toi, dis donc !

Le gars appuya sur la détente. Le fusil vers le ciel. Je sursautai, elle cligna des yeux seulement, et lui frôla mon pif avec le bout de son canon de fusil :

- Qui t'envoie ?!
- Hé, ho, du calme, hein ! Personne ! Je suis un humain qui survit dans ce bordel, c'est tout !

Il sortit rapidement un espèce de GameBoy crépitant, deux petites antennes dirigées vers moi, puis vers la fille auburn à l'arc pété. Tout en me gardant en ligne de mire, il demanda, toujours aussi amicalement :

- Vos noms ?

- Démétrios Eartinson, lançai-je.

"Elle" ne répondit pas. Le gars insista :

- Et toi ? Ton nom ?

Je souris :

- Si vous croyez pouvoir lui soutirer la moindre information, vous pouvez...
- Ambre Weaver, répondit cordialement et le plus tout simplement du monde la nana.

Je me tournai vers elle, remarquant qu'elle cachait bien son jeu, elle se contenta d'un petit regard content en coin. La console portable à détecteur de boulets de l'autre gars gentil fit bip bip, et il somma :

- C'est bon. Entrez.

Eh bien, nous entrâmes. Bon, à part dire que la piaule du gars était la piaule d'un combattant de guerre, y rien à dire. Une deuxième nana sortit d'un pièce voisine, nous salua rapidement et notre hôte nous proposa, en signe de bienvenue :

- Un café ?