Ch. 01 End of the loneliness (Khimeira)
2161. La Guerre Interespèces fait rage depuis déjà 8 ans, et même si les humains ont capitulé un an plus tôt, l'esprit de résistance est encore bien présent.
Dans tous les pays du monde, on tend des embuscades, malheureusement rapidement et sévèrement réprimées. La population a fini par être en partie décimée, mais ce n'est pas tout: les vainqueurs s'amusent à organiser des exécutions arbitraires parmi nous, généralement une fois par semaine, pour inciter la population à rester chez elle.
Tous les petits groupes de résistants ont été supprimés, mais nous avons appris qu'un groupe de résistants résiste encore aux attaques. Pour des raisons de sécurité, l'emplacement de ce QG demeure secret.
Mais le secret pour y parvenir est qu'il faut suivre la route my [le reste de la lettre est illisible]
-Eh ben, avec ça, on est pas rendus.
J'étais en train de lire une lettre, sur un canapé dans un abri de fortune. J'avais trouvé cette lettre un quart d'heure plus tôt sur le cadavre d'un gars.
"Ça avait l'air d'un chic type", avais-je pensé au moment où je l'ai vu. C'est dommage, parce qu'on ne retrouvera jamais sa tête...
J'en avais donc profité pour prendre, sur le cadavre, le porte-feuille (ça pourra toujours servir) et la lettre, que j'étais par ailleurs en train de lire.
Le reste de la lettre (la partie illisible donc) était teintée de sang. Il y en avait un peu partout également à certains endroits, et faut avouer que je m'étais amusé à deviner quels mots ce mec avait bien pu écrire (ou lire, c'est selon).
"Joyeux", avais-je lancé en prenant la lettre sur le cadavre, que je n'avais pas touché par ailleurs: avec mes empreintes sur un lieu de crime, j'aurais sérieusement été dans la merde. Et, par ailleurs, j'en avais profité pour m'éclipser rapidement, pour ne pas attirer l'attention. Après tout, les corbeaux sont légion, ici.
Je m'appelle Tennessee. Oui, comme l'état américain. Après tout, tant qu'on ne m'avait pas appelé Kansas ou California, tout va bien.
Cela fait 6 mois que je me trouve à Chicago. La raison? Je sais que ce serait bien trop long à expliquer, mais je vais quand même vous raconter.
En fait, je ne suis pas de Chicago, mais de Detroit. J'y suis né, un beau jour de septembre 2143. Je suis le troisième enfant d'une famille de six. Je sais que ça n'a pas grande importance, mais qu'importe.
Mon père était légèrement illuminé: grand adorateur du président Nixon (c'était d'ailleurs son nom de famille, comme le mien aujourd'hui), il nous a élevés un peu à la dure. Nous? Ben, nous, les six enfants: Virginia, Carolina, Indiana, Oregon, Dakota et moi. Quand je vous disais que mon père était un illuminé: il nous a carrément appelés par un nom d'état américain. Mais passons.
Il nous a élevés à la dure: je ne me souviens même plus du nombre de claques qu'il a dû nous filer, ainsi qu'à mes soeurs. Et après ça, il nous demandait d'être gentils avec lui... Ben voyons.
En cours, j'étais un élève normal: ni trop bon, ni trop mauvais. J'ai passé les exams sans trop de brillance, comme à mon habitude. Après tout, rien ne m'intéressait clairement, sauf la physique.
Au collège, j'avais eu un prof de physique qui, en approfondissement pour les élèves très bons (duquel je faisais partie lors de mes années de collège) nous expliquait des théories que très peu de gens savaient comprendre. Etant donné que nous étions dans un établissement très haut placé avec des élèves extrêmement brillants, il pensait que nous pouvions comprendre. Ce prof, qui s'appelait monsieur Eartison, était un mordu de sciences, et en particulier de l'étude de la Terre. Il nous demandait souvent de lire ses bouquins, si nous voulions clairement en savoir plus, ce que je faisais souvent, en cachette de mes parents et en particulier de mon père, qui me voyait déjà engagé dans l'armée.
Malheureusement, ce prof a disparu. Nous n'en avons plus entendu parler depuis le début de la guerre Interespèces, il y a de cela 7 ans.
Pourtant, j'ai vécu avec ce rêve, le rêve de pouvoir un jour travailler pour découvrir ce qui se cache vraiment sous la terre, jusqu'au 21 juin 2160. Ce jour où tout a basculé.
J'avais réussi à négocier avec mon père pour avoir quelques jours de vacances pour décompresser en attendant les résultats des exams (car oui, après tout, j'étais pas sorti depuis au moins... on va dire six mois, étant enfermé dans ma chambre à longueur de journée pour bosser), et surtout pour être un peu loin de la famille, qui avait rendu l'ambiance encore plus oppressante. Il m'a accordé une semaine. Je partis donc, avec trois amis d'enfance, qui habitaient mon quartier, et on est allés au seul endroit où tous les jeunes américains se devaient d'aller au moins une fois dans leur vie: à New York.
Cette ville cosmopolite, exceptionnelle, pourtant pas encore touchée par les bombardements qui auront lieu quelques jours plus tard. Une ville qui éait encore humaine; heureusement, car il s'agissait quand même du centre de l'Amérique, voire du monde.
Nous avons passé trois jours de rêve, profitant de nos différents achats, de nos nuits dans des petits hôtels assez beaux qui avaient vue sur les énormes hôtels, luxueux, juste en face. Trois jours pendant lesquels nous n'avons eu de nouvelles de personne.
Nous ne sommes pas restés plus longtemps puisqu'on a appris par le biais de la télévision, trois jours plus tard, que les Pokémon avaient attaqué Detroit. On est rentrés en voiture aussi vite qu'on a pu, allant à presque 200 mph* sur l'autoroute qui nous ramenait chez nous. Mais ce "aussi vite qu'on a pu" n'était peut-être pas suffisant.
Quand nous sommes arrivés, nous n'avons pu que constater l'ampleur des dégâts: la quasi-totalité des maisons étaient détruites, on voyait des jeunes chialer devant le cadavre parfois brûlé de leur frère, leurs parents ou même de toute leur famille. En voyant ce spectacle, nous nous sommes aperçus que nous avions très peu de chances de retrouver notre famille vivante dans ce massacre.
Nous avons alors décidé de voir notre quartier. C'est en y arrivant que nous nous sommes aperçus que c'était encore pire: aucune maison n'avait été épargnée, et on voyait encore certains Pokémon charognards en train de bouffer les cadavres encore chauds de certains membres de notre quartier. Le spectacle en était presque écoeurant. Nous nous sommes arrêtés devant une première maison, celle d'un de nous quatre. La voiture avait explosé, la maison brûlé, et plus aucun signe de vie ne semblait s'échapper de cette maison. Le constat était le même pour mes deux autres amis. Mais pour moi, cela semblait inimaginable.
Pourtant, lorsqu'on est arrivés devant chez moi, je n'osai pas y croire: la maison a été entièrement détruite quasiment pierre par pierre, et plus aucun moyen de locomotion n'était possible. Le problème, c'est que je ne pouvais plus rien y faire.
Sauf que, malgré ça, le destin a finalement continué à s'acharner sur moi; quelques secondes plus tard, quand je me retournai, je ne vis plus mes amis. Pire: en face de moi se trouvait un Jungko. Il semblait apparemment affamé, puisqu'il me regardait avec un air insistant, l'air de vouloir sérieusement me bouffer.
Je regardai autour de moi; personne. Et quand je vis mes amis d'enfance en train de se faire dévorer, j'ai compris ma situation: soit je partais, soit j'étais tué.
J'ai eu alors ce réflexe que n'importe quel être humain aurait dans une situation pareille: courir. Sentir ta respiration devenir complètement folle. Je remerciai mes cours d'athlétisme, sur le coup. Parce que si je n'en avais pas fait dans ma jeunesse, je pense que ce Pokémon aurait eu plus rapidement que prévu son déjeuner.
Je me tapai alors un sprint jusqu'à ce qui me semblait être ma porte de sortie: le lac Michigan. En effet, la route me semblait carrément suicidaire (puisque j'allais en avoir d'autres après, ce qui rendait la tâche encore pire), et la forêt était le domaine de prédilection de ce Pokémon, donc je n'avais clairement aucune chance.
Il y avait une distance qui me parut une éternité, tant je courais maintenant pour ma survie et plus pour le simple plaisir de courir.
Ce ne fut pourtant que quelques minutes plus tard que j'arrivai à destination. Me sachant poursuivi, je jetai tout de même un regard en arrière: je ne le dépassai que de quelques mètres. J'usai alors de toutes mes forces pour parcourir les derniers mètres puis fis un plongeon dans le lac.
L'eau tiède me fit un bien fou: non seulement j'étais sauvé (car, par peur de se mouiller, le Jungko avait préféré rester sur le rivage), mais en plus je pouvais sortir mon Pokémon eau. Par ailleurs, il fallait avouer, j'ai eu énormément de chance en attrapant ce Lokhlass quelques mois plus tôt. J'avais réussi, non sans mal, à me faire ami avec lui, pour que je puisse monter sans problème sur son dos et me balader un peu sur le lac, pour le plaisir, puis finalement le capturer (car c'est un mâle, je précise).
Sauf que le plaisir, pour le coup, s'est un peu transformé en urgence, parce qu'en plus, il essayait de me tuer en me lançant des attaques Lame-Feuille qui, si j'avais eu un niveau de plongée encore plus mauvais, m'aurait sans doute achevé. Je l'ai sorti en catastrophe de sa Pokéball, puis je lui ai tout d'abord ordonné une attaque Laser Glace. Il s'exécuta, et le Jungko partit rapidement, sans demander son reste. Je lui ai ensuite demandé de me conduire très vite le plus loin possible de ce Jungko qui, quelques minutes plus tôt, si je n'avais pas réagi en courant, aurait eu le droit à son déjeuner personnel.
Pendant que mon Pokémon me conduisait à bon port, je regardai au loin cette ville de Detroit, qui avait fait mon enfance. Je commençai à chialer. C'était toute ma jeunesse que je quittais. Je me rappelai alors tous ces moments que j'y ai passé: mes premiers pas, mes premières claques, mes premiers devoirs, mes premiers coups de fouet, mon premier amour, mes premiers coups de genou dans les parties. En fait, quand j'y pense, mon père a été un odieux connard, puisque mes bons souvenirs sont assez souvent associés aux violences qu'il m'infligeait. La capture de mon seul et unique Pokémon, peu avant la guerre, avait changé la donne: mon père savait que je me vengerais, un jour où l'autre, donc il a arrêté, et s'est concentré sur mes frères et soeurs. De plus, nos différentes disputes, notamment au sujet des études (il voulait que je parte à l'armée juste après mon diplôme, je voulais à tout prix faire des études), nous avaient séparé définitivement. De plus, étant le deuxième homme de la maison car étant le garçon le plus âgé, je faisais en sorte de réparer les conneries que mon père avait faites. En réalité, je crois que je n'ai jaamis eu une enfance normale. Mais j'arrêtai de trop penser et me concentrai sur le voyage.
Pendant le trajet, j'étais à deux doigts de m'endormir: j'avais gaspillé trop de forces à courir et à réfléchir, et il fallait que je mange quelque chose. Sauf que le problème, c'est que si j'avais pris un sac de bouffe en courant pour échapper à cette saloperie, le contenu de ce sac aurait servi d'accompagnement pour le déjeuner du Jungko. Ha ha. La bonne blague.
Je passai donc une demi-heure, avec mon ventre qui criait famine, à somnoler en attendant d'arriver à un endroit un peu plus clément, où je pourrais ne serait-ce que me nourrir.
Une petite heure plus tard, Lokhlass et moi arrivâmes sur le rivage. Je regardai la ville au loin: le panneau ne nous laissait aucun doute, il s'agissait de Chicago.
Sauf que j'ai bien failli ne jamais y arriver.
En effet, le destin s'acharna une nouvelle fois à essayer de me faire la peau, puisqu'à peine sommes-nous arrivés sur le rivage qu'un groupe de Pokémon, dont le leader semblait être un Lucario, s'approcha de nous. J'eus le pressentiment que ça allait aller très vite et effectivement, cela partit très rapidement en massacre: les autres Pokémon se précipitèrent sur mon Lokhlass. En quelques minutes, ce dernier était mort, gisant par terre, sur le sable, dans une mare de sang. Le châtiment qu'on réservait aux traîtres. Je n'avais pas réagi.
Je n'avais pas pu réagir.
Quelques secondes plus tard, le Lucario me regarda avec un grand sourire. Je compris instinctivement qu'il voulait me faire la peau. Sauf que cette fois-ci, je n'eus pas la possibilité de m'échapper, puisque deux Gallame me prirent les bras et deux Machopeur s'occupèrent des jambes. Ne pouvant plus bouger, je n'ai pas donc pu esquiver l'attaque Forte-Paume que le Lucario m'a lancé juste au niveau de l'abdomen.
Je tentai de crier, me débattre, faire quelque chose: impossible. Tout mouvement aurait été un calvaire pour moi, et l'attaque m'avait quasiment privé de respiration.
Les Pokémon me lâchèrent, et je m'écroulai par terre, sur le sable, incapable de me lever à nouveau. Je ne pus qu'entendre les rires des Pokémon présents autour de moi, et le meneur s'approcher et me souffler à l'oreille:
-On va être gentils: sur le coup, on va pas te tuer tout de suite: en effet, ce serait un peu lâche de ne tuer qu'un seul humain alors qu'on peut en tuer des centaines en cherchant dans cette ville, tout près. Non. Je pense que, au contraire, on va plutôt te laisser agoniser, histoire que tu comprennes ce qu'est la souffrance !
Il avait appuyé ce dernier mot et m'avait balancé un coup de pied dans les côtes. Tandis que je me tordais de douleur, attendant de mourir, j'entendis à nouveau des rires. Du moins, plus pour longtemps, puisque je m'effondrai quelques secondes plus tard.
Le lendemain matin, lorsque je repris mes esprits, je m'aperçus que j'étais toujours sur la plage. Mais je m'aperçus d'une deuxième chose, qui me fit comprendre la gravité de ma situation: mon Lokhlass s'était comme effondré de tout son long sur moi, ce qui me privait de respiration. Ce ne fut pas un problème au premier abord, mais je commençai à paniquer quand je m'aperçus d'un problème essentiel: je n'avais plus sa Pokéball.
Ce qui semblait une formalité devenait tout à coup impossible: j'étais piégé, dans l'incapacité de sortir, et mon objectif était alors de sortir le plus rapidement possible, avant de ne plus avoir de souffle et mourir écrasé par le poids de mon propre Pokémon, qui est mort par-dessus le marché, et dans ce cas-là ne plus jamais passer le panneau "Chicago". Après une dizaine de minutes d'effort, je parvins à m'extirper de ce corps dans une douleur atroce, qui dépassait toutes celles que j'ai pu avoir à cause de mon père (ou d'autres personnes encore) jusqu'à présent.
A ce moment-là, je me regardai de pied en cap: mes vêtements étaient encore présents. Le seul truc suspect était un gros trou qui transperçait mon polo. Je l'enlevai et remarquais une trace noire, extrêmement grande. "La trace de l'attaque d'hier", pensai-je au départ.
Après avoir vérifié que mon Pokémon était bien mort, je le carassai une dernière fois puis essayai, dans un ultime effort, de le pousser dans l'eau. Etant donné que j'étais extrêmement fatigué, que je n'avais toujours pas mangé et que l'attaque Forte-Paume a laissé de grosses traces, la douleur était insurmontable, mais je n'en tins pas compte. Les Vaututrice, qui se trouvaient sur les arbres plus haut, semblaient me regarder fixement. Peut-être voulaient-ils attendre que je m'effondre pour qu'ils puissent se servir allègrement. Finalement, dans une douleur absolument atroce, je parvins à pousser mon ancien Pokémon dans l'eau au bout d'une dizaine de minutes, puis, en me retournant une dernière fois en en laissant tomber une larme ,je me dirigeai vers ma nouvelle destination: Chicago.
Je rentrai dans la ville, avec mon jean, mes baskets et deux-trois polos que j'avais piquées sur le chemin et m'aperçus que la ville était vide. Comme si plus personne n'y vivait. Les journaux indiquaient que je n'avais pas "dormi" une journée, mais bien deux jours, comme si les charognards ne s'étaient finalement pas occupés de moi.
Je réussis, grâce à des matériaux de récup', à me fabriquer un refuge, coincé entre deux immeubles. C'était assez grand dans l'ensemble, et je pouvais loger assez tranquillement, tout compte fait.
En réalité, c'est à peu près quand j'ai fini le refuge que j'ai commencé à tuer des Pokémon, en cachette.
Dès qu'un Pokémon était laissé seul lors des passages à Chicago, il était automatiquement mort, dans d'atroces souffrances. Et tout ça grâce à qui? Eh ben grâce à BIBI.
Je sais, tout le monde va me prendre pour un gros cinglé et un psychopathe, mais je trouvais amusant de les voir souffrir de cette manière. Par ailleurs, je ne m'attaquais qu'à des plus gros que moi, pour avoir un sentiment de supériorité au moment où je les achevais, mais aussi parce que c'est lâche de s'attaquer à plus petit que soi. C'est ce que mon père m'a toujours appris: toujours chercher la merde aux plus grands, jamais aux plus petits, c'est ce qui fera de moi un homme.
Je me souviens du premier Pokémon que j'ai tué. C'était quelques heures à peine après avoir fini mon refuge, et la victime était (par un grand hasard) le même Jungko qui avait essayé de me bouffer il y a quatre mois, lors de mon "voyage" de Detroit à Chicago.
J'étais parti chercher mon stock de bouffe avant de m'enfermer dans mon refuge pour quelques jours quand je l'ai vu arriver. Je me suis caché, puis j'ai attendu. Et quand il est passé devant ma cachette, je lui ai sauté dessus. C'était aussi simple que ça, et il n'a rien vu venir.
Tout s'est passé tellement vite, et ma poussée d'adrénaline était tellement forte que je ne me souviens presque plus de comment je l'ai vraiment tué. Mais je sais que sa photo, avec son regard suppliant qui voulait que je l'épargne, est sur le mur du fond, à gauche quand on rentre. J'ai une petite pensée pour lui, mine de rien. Ca lui apprendra, à vouloir essayer de me bouffer.
Quand j'y pense, je l'ai tué à mains nues, en fait. J'avais pas d'armes sur moi. Mon fait d'armes a surpris tout Chicago, mais bon, j'en avais strictement rien à foutre. Ce n'était qu'une simple vengeance, après tout.
Finalement, quand j'y repense, j'ai tué quasiment toutes mes victimes à mains nues. C'en était flippant, mais c'était aussi utile quand on avait rien sous la main.
En tout, quand je regarde les photos prises des Pokémon victimes de ma haine, je m'aperçois que j'en ai buté quatorze. En l'espace de deux mois. Dont onze à mains nues. Je suis tellement capable de faire mieux que ça, c'en est déprimant.
J'ai appris à vivre caché, mais surtout, et aussi, à me protéger dès que possible. Quand j'ai vu ce mec à qui il manquait maintenant sa tête et surtout sa vie, je me suis dit qu'il avait beau vivre caché, il s'est pas assez protégé. Aussi, quand je vois ces filles qui se font violer, ces mecs qui se font tuer, en pleine rue, et qu'on laisse aux charognards ou alors qu'on emmène pour qu'ils servent de repas... Ca me donne envie de gerber, sérieux.
J'ai envie que ça change, faire en sorte que ces saloperies ne contrôlent pas le monde et ne le plongent dans le chaos.
Cette organisation de résistants serait le seul moyen pour moi de me défouler. De montrer ce que je savais faire.
Sérieusement, je me voyais avec la médaille du mérite accrochée sur ma veste de treillis que j'aurai mise pour l'occasion. Pour rendre hommage à mon père, tué trop tôt par ces saloperies. Ou alors être pardonné pour mes crimes, parce que c'était tout simplement de la légitime défense.
Alors que je réfléchissais et me languissais de mes futurs exploits, quelque chose ouvrit la porte de mon refuge. Mon premier réflexe a finalement été de prendre tout de suite mon fusil, que j'avais volé dans un magasin lors d'une émeute à New York, la veille de ce fameux incident. Ça s'avérait quand même utile parce que finalement, tu pouvais même en abattre de loin. Mais là, dans une situation pareille, un humain et un Pokémon signifiaient la même chose: un ennemi à abattre.
J'allumai ensuite la lumière.
Devant moi se tenait une jeune fille, qui semblait avoir environ mon âge. Yeux bleu marine, cheveux brun-roux, un peu plus petite que moi. Elle semblait complètement affolée.
Je n'en pris pas compte: j'avais le doigt sur la détente, prêt à tirer.
Qu'elle soit humaine ou qu'elle soit un Pokémon, je n'en ai strictement rien à foutre: si elle fait un geste brusque, je tire. Et tant pis pour les conséquences.
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*200 mph équivaut approximativement à 340 km/h.