Boule de Moi (Concours amateur "Couette")
Au milieu de moi
Petit peu, petit rien
Petite boule de moi
L'indépendante foi
Au milieu de moi, au milieu de moi
Petit Être Citron
Enrobé de Thé
Enrobé d'un temple de Thé
Petit Chose vert de papier
Petite boule de moi
Emmailloté, emmitouflé
Emballé par cet effet
Petite chose aux yeux discrets
Se balançant doucement au gré des pollens
Dodelinant intrigant, mi coton mi laine
Petite boule de moi
Hybride de rampant et d'orchidée
Hybride de paresse et de désintérêt
Enrobé délicatement dans ce doux temple de thé
Au teint parfait, au teint ouaté
A la mine rafraîchie par la rosée du matin
Qui l'abreuve, j'en suis certain
Car j'étais là, moi, petite boule de moi
Au demeurant solitaire, sans attache ni loi
Vaquant à travers les bois, je le vois
Une petite créature près d'un arbre lovée
Petit être citron enrobé de thé
Emprisonné sous une verte couverture
Je décidais alors de l'appeler Couverdure
Transi par le froid, effrayé par l'hiver
Le regard suppliant sans en avoir l'air
Je l'ai porté, il n'était pas lourd
Jusque chez moi, il faisait encore jour
Du mieux que j'ai pu j'ai pris soin de lui
Je lui ai tout offert, mon feu et mon logis
Les soirées, je les passais sous ma couette
La lampe allumée, les yeux en fête
A mes côtés mon fidèle nouvel allié
Ainsi ensemble nous aimions passer nos soirées
Des instants sans maux, sans contrariétés
Des heures de calme et de complicité
J'ai appris à l'élever, le nourrir, l'éduquer
Lui apprendre des tours pour braver le danger
Pour l'un et pour l'autre des moments précieux
Alors qu'avant j'étais timide et peu audacieux
A présent j'étais ouvert aussi bien à la vie qu'à la ville
Je sentais que lui aussi avait le sourire tranquille
De ceux qui doucement s'aventurent sans crainte
Hors des forêts de doute et de contrainte
Pour rejoindre peu à peu la place au soleil
Le temps passé ensemble faisait des merveilles
Au début d'un été sans aspérité
Entre le déchirement et la raison partagé
Je pris la décision de le relâcher
Le rendre à la vie sauvage qui lui était destinée
Me vouer à l'indépendance qui m'était assignée
Je n'avais pas vraiment le cœur à m'y résigner
Mais il le fallait, c'était sans autre procès
Cela prit un après-midi de larmes et d'adieux
Au retour, je m'assénais que c'était pour le mieux…
Sans lui, sans ce petit être à feuilles sans failles
J'en étais réduis à un homme de paille pas de taille
Sa présence me manquait
Son absence me minait
L'envie de le retrouver se fit sentir
J'abandonnais, ne souhaitant pas souffrir
Peu à peu je m'enfermais à nouveau sous mes couettes
Attendant lentement que la nuit prenne l'escampette
Et les jours passent ainsi
Sans passion, avec ennui
En regardant au fond de la nuit, je le vois presque gambader
Aurons-nous à nouveau l'occasion de nous rencontrer ?
Sous ma couette, je patientais
Sous ma couette, c'était inutile
Dans ma couette, je suis sorti
Près du pas de ma porte, dans la nuit noire, j'observais
Et je l'ai vue : La silhouette gracile
D'une mante docile
Se mouvant avec saccades et tremblements
Tout, y compris ses yeux, était différent
Mais je l'avais reconnu
Même avec sa tête cornue
Il avait tombé les barrières fragiles, les doutes et les dilemmes
J'étais ravagé par la solitude, et lui n'était plus le même
Je l'apprivoiserai de nouveau durant des jours et des mois
Et il deviendrait peu à peu boule de moi