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Aide-toi et le ciel t'aidera de Kydra



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Informations

» Auteur : Kydra - Voir le profil
» Créé le 28/03/2012 à 18:31
» Dernière mise à jour le 16/03/2013 à 15:28

» Mots-clés :   Aventure   Présence d'armes

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Chapitre 25 : Picots
Nous étions très proches des rochers. Les autres humains n'avaient pas osé nous suivre jusque-là. Ils s'étaient contentés de nous mettre en garde sur la dangerosité d'accoster à cet endroit. Ils gardaient leur territoire aussi férocement que les Pokémon, avec autant de prudence tout de même. Je ne fus donc pas rassuré de les voir renoncer à nous chasser, mais apparemment, c'était la seule solution pour Vassili d'arriver sur cette terre. Lokhlass nageait contre le courant provoqué par les vagues fortes. Il avait du mal à ne pas se laisser emporter.

................- Qu'est-ce qu'on attend ? demanda Dynavolt en sautant dans l'eau.
................- Non ! C'est trop dangereux, tu vas t'écraser contre les rochers ! lui criai-je trop tard.
................- Eclair-de-Liberté, reviens ! renchérit Vassili.

Mais c'était trop tard. Sa tête tantôt dépassait des vagues, tantôt plongeait sous les flots. Vassili eut le bon réflexe. Il sortit immédiatement le Noigrume pour rappeler Dynavolt. Pour une fois que ces horribles fruits avaient une utilité pour les Pokémon ! Le petit était sauf, mais cela ne nous aidait pas à rejoindre la côte. Lokhlass se plaignait de trop se fatiguer à lutter contre les vagues, il voulait repartir au plus vite. Sa fonction était de transporter des voyageurs, pas de s'exposer à des dangers, nous ne pouvions pas le blâmer pour sa réaction.

Je pris une profonde inspiration puis m'envolai. J'espérais avoir assez de forces dans mes ailes pour atteindre un endroit sûr. Non sans mal, je posai la patte sur un gros rocher. Il était glissant à cause de l'humidité, j'eus du mal à m'y poser. Terreur-des-Hommes comprit alors ce que je voulais faire. Elle me lança des fils de bave sur tout le corps, sans les couper de son côté. Je fis alors signe à Vassili de se servir de ces cordes improvisées pour venir jusqu'à moi. Il n'hésita pas à s'y accrocher pour traverser. Des vagues plus puissantes que les autres l'atteignaient parfois, mais il avait une prise assez solide pour ne pas lâcher. J'avais beaucoup de difficultés à maintenir le fil tendu, mes pieds tenaient trop mal. La position était douloureuse ; je ne dis rien pour ne pas presser mon humain, ce qui aurait pu le déconcentrer. Ce fut ensuite au tour de Terreur-des-Hommes. Elle donna le fil à Lokhlass, qui le maintint dans sa bouche. Bien plus rapide que le précédent, elle me rejoignit, marchant le long de la corde aussi aisément que sur la terre.

Lokhlass coupa les fils, puis nous salua. En le regardant s'éloigner, je ne pus m'empêcher de penser encore une fois, une dernière, qu'il était le Pokémon le plus élégant. Même au milieu des vagues, dans l'eau noire et agitée, il était beau et fier. Tout comme sur la mer calme, il semblait glisser au-dessus de la houle. Sa mélodie avait toujours la même vocation apaisante. Je le remerciai chaleureusement pour son transport. Jusqu'à ce qu'il fût trop éloigné pour que je le visse encore surgir au sommet des vagues, je ne pus détacher mon regard de sa carapace grise. Je n'avais jamais entendu quelqu'un se plaindre de lui, ni eu vent d'une quelconque dispute. Un Pokémon ami avec tout le monde était pour moi une légende, mais quand on le voyait lui, on comprenait comment cela était possible.

Vassili me tira de ma contemplation en sortant Eclair-de-Liberté de son Noigrume. Le petit Pokémon se serra contre son humain, enfonçant son museau dans la peau amovible. Il tremblait de froid, de faim et d'inquiétude. Il réalisait seulement ce qui venait de se passer : en quelques heures à peine, nous avions tous frôlé la mort plusieurs fois. Il se remit peu à peu. Personne n'osait parler. Terreur-des-Hommes et moi nous regardions dans les yeux sans pour autant nous voir. Nous repoussions le moment où il faudrait rompre le silence, par peur de ce qu'il faudrait dire. Je sentais bien que Vassili voulait commencer la discussion, mais il ne l'osait pas non plus. Ce fut le petit, celui qui ne comprenait pas tous les enjeux, qui fit le premier pas.

................- C'est loin Ho-Oh ?
................- Je n'en sais plus rien, lâcha Terreur-des-Hommes en secouant la tête.
................- Où on va dormir ? C'est moche, y a pas un arbre et il fait froid ici. Je veux rentrer chez nous, reprit le petit.
................- On ne peut pas reculer. Maintenant qu'on a choisi d'aller voir le grand oiseau, on va le faire. Et on y arrivera, je te le promets, mon grand, répondis-je. C'est important pour nous et pour Vassili. Tant qu'on est avec toi, tu n'as rien à craindre...
................- Vous êtes sûrs de votre affaire, les gars ? demanda Vassili qui nous regardait parler sans comprendre depuis le début. Mais que me faites-vous faire ? Qu'est-ce qui pourrait bien régler tous nos problèmes ? Avez-vous seulement une idée de ce que je cherche ?
................- Ho-Oh, murmurai-je. Il peut arrêter la guerre.
................- Les légendes ne sont que des histoires, répondit-il une fois qu'il eût compris. Un Pokémon ne peut pas avoir un tel pouvoir. Il ne résoudra rien, quand bien même nous le trouverions. Je suis vraiment désolé pour toi, Aleph-Zéro.
................- Alors, on est venu pour rien ? demanda Dynavolt au bord des larmes. Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ? Euh... Tu t'appelles Vaillant-Rescapé et elle Terreur-des-Hommes, c'est qui Aleph-Zéro ? réalisa-t-il soudain.
................- Les humains ne comprennent pas notre langue. Ils ne sont pas assez intelligents pour cela. Alors il ne peut pas savoir comment je m'appelle en vrai, il est obligé de m'inventer un nouveau nom. Mais continue de m'appeler Vaillant-Rescapé, le sien est idiot.
................- Non, moi, je l'aime bien... Mais, et pour Ho-Oh alors, réponds-moi !
................- L'humain n'en sait rien. Ce Pokémon si puissant peut nous aider, bien sûr. Ne t'en fais pas, il désespère, parce que le chemin a été dur.
................- Oh, je vais le consoler, alors.

Eclair-de-Liberté se serra contre Vassili encore une fois. Ce dernier prit le petit dans ses bras et se mit enfin à marcher. Il ne parla plus pendant tout le temps où nous remontions le long des rochers. Son visage laissait transparaître à quel point il était en proie au désespoir. Pour lui, notre quête était inutile. Son opinion différait tellement de celle de Terreur-des-Hommes que je ressentais un malaise. L'un d'eux avait forcément tort. J'avais trop peur que ce fut mon amie, alors même que c'était à elle que je faisais le plus confiance. La Migalos me rassura d'un regard.

Vassili nous mena dans une cavité. L'odeur qui y régnait était absolument insupportable, mêlant celle des déchets humains à celle de l'urine. Il y avait d'horribles matériaux, blancs, qui reposaient sur tout le sol. Sans oublier que, comme l'avait si justement fait remarquer Dynavolt, il ne faisait pas très chaud. Mais quelle était cette terre ?

................- On va dormir ici, annonça Vassili. On ira chercher votre Ho-Oh, puisque je ne vois pas trop ce que je pourrais faire d'autre, à présent. Mais ça fait longtemps que je ne crois plus aux miracles. Je prends le premier tour de garde, j'ai besoin de réfléchir. Pour cette nuit, tous les hommes sont nos ennemis, réveillez-moi si on s'approche. Bonne nuit.

Vassili attrapa les Noigrumes pour y faire entrer les Pokémon. Je manifestai vivement mon opposition. Si ce n'était pas nécessaire, je ne voulais absolument pas que mes amis fussent enfermés dans ces horribles fruits. Le dresseur fut surpris par la réaction aussi vive, mais il accepta mon choix sans rechigner. Je me couchai dans cette horrible cavité, aux côtés de mon amie Terreur-des-Hommes. Ponyta, sorti de son Noigrume, broutait les rares herbes qui poussaient à l'entrée de la cavité. J'avais peur que la clarté de son feu ne le fît remarquer, mais nous n'avions pas le choix, il devait bien manger. Dynavolt avait trouvé refuge à sa place habituelle : entre les pattes de notre humain. Ce dernier fixait la lune, au milieu du ciel noir. Il semblait bien préoccupé, comme il l'avait dit. Encore une fois, je réalisai que les enjeux de la guerre étaient bien plus complexes que je ne le croyais auparavant : j'ignorais totalement ce que souhaitait réellement Vassili.

Terreur-des-Hommes me réveilla alors qu'il faisait encore nuit.

................- Je pense qu'il y a des humains. J'ai vu des lumières dehors, dit-elle. Qu'est-ce qu'on fait ?
................- On réveille Vassili et on y va, répondis-je, heureux de devoir enfin quitter cet endroit insalubre.

On apercevait effectivement des points lumineux au loin. Vassili jeta un œil dehors, ne pouvant que le constater. Il fit rentrer Ponyta dans son Noigrume et souleva Eclair-de-Liberté dans ses pattes.

................- C'est déjà le matin ? murmura le petit en ouvrant à peine les yeux. Je suis encore fatigué...
................- On doit partir, il y a de méchants humains dehors. Tu peux marcher tout seul ? On ira plus vite s'il n'a pas besoin de te porter.
................- J'en ai marre de cet endroit. Je veux rentrer chez moi. Je veux que Vassili et moi, on soit tranquille. Pourquoi ils sont tous méchants ?
................- Tant qu'on n'aura pas vu Ho-Oh, on ne pourra pas rentrer chez nous... Alors courage, plus vite ce sera fait, plus vite tu pourras rester avec ton humain.

Eclair-de-Liberté sauta au sol pour s'étirer. Nous étions prêts à partir. Nous empruntions des chemins plutôt accidentés, ce qui ne nous facilitait pas la tâche dans le noir. Vassili trébucha plusieurs fois, rattrapé au dernier moment par Terreur-des-Hommes qui veillait sur nous. Elle et le petit marchaient plus aisément, ayant plus d'appuis au sol. Quant à moi, je battais régulièrement des ailes pour garder l'équilibre. L'environnement n'était guère plus propre ici que dans notre grotte. Néanmoins, les mauvaises odeurs ne persistaient pas, balayées par les vents. Nous marchâmes longtemps. Le manque de visibilité donnait l'impression de tourner en rond, mais ce n'était pas le cas. Je me retournais de temps en temps pour effectivement constater que la mer s'éloignait de plus en plus de nous.

Vassili s'arrêta. Il s'assit au milieu des cailloux et de la garrigue, sans se soucier de rester caché. Il élaborait déjà notre emploi du temps.

................- On va finir la nuit ici. Je doute qu'on nous cherche par là. Demain matin, on se rapprochera de la ville. Il faudra trouver un moyen de traverser la frontière : le Tagne se trouve au Fargon. Le Fargon, c'est un pays, un territoire si vous préférez, qui se trouve juste à côté de celui où nous sommes en ce moment. On n'a pas le droit d'entrer chez les autres. Mais on va se débrouiller. Ensuite, ce ne sera sans doute pas trop dur de trouver le Tagne, le mont au sommet duquel se trouve Ho-Oh. Par contre, il paraît que ce n'est pas évident d'atteindre les pics... On verra une fois là-bas, si on arrive déjà jusque-là.

Déjà dans notre cavité, j'avais eu froid. Là où Vassili nous avait arrêtés, il n'y avait aucun obstacle au vent. Ainsi, c'était comme si la température avait subitement chuté. Même recroquevillés les uns contre les autres, nous n'arrivions pas à conserver assez de chaleur. Eclair-de-Liberté avait en plus les poils mouillés, puisqu'il s'était jeté à l'eau. Je n'osais même pas imaginer à quel point il devait être gelé. Je le sentais grelotter contre moi, sans pouvoir rien faire d'autre qu'essayer de le couvrir le plus possible. Heureusement, nous étions tous éreintés, ce qui nous permit de nous endormir. Il ne restait que quelques heures à supporter avant le lever du soleil, ce qui, je l'espérais, ne nous laisserait pas le temps de trop souffrir du froid.