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Gardiens de l'Harmonie T.1 : La mélodie de vie de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 28/03/2012 à 08:23
» Dernière mise à jour le 28/08/2017 à 16:16

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Présence de Pokémon inventés   Région inventée   Romance

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Chapitre 4 : L'oncle Elias
Pour parvenir jusqu'à Villimote, Ad et Kinan durent traverser la forêt des châtaigniers, ainsi qu'on la nommait. Elle était assez vaste et ils ne la traverseraient pas en une journée, même s'ils pressaient le pas. Aussi se résolurent-ils à poser le campement pour cette nuit. Voilà deux jours qu'ils étaient partis de Vearnia, suivant la route de campagne sans trop dévier, passant de village en village, et s'arrêtant pour manger et dormir. Kinan n'arrêtait pas d'insister sur le bien que faisait ce grand air à l'organisme plutôt que de rester cloîtré dans un atelier sombre, entouré d'outils et de machines. Ad s'était abstenue de tout commentaire, mais il était clair que la vie au grand air n'était pas pour elle. Enfin, au moins, ça sortait Lopchu. Lui semblait apprécier cette ballade.

Kinan avait insisté pour qu'ils fassent un combat Pokemon tous les jours durant leur voyage. Ad n'avait pas été trop chaude, pour la simple et bonne raison que Kinan était meilleur dresseur qu'elle, et que si Ad avait hérité d'une seule chose de sa famille, c'était bien le proverbe : ne jouer que pour gagner. Mais elle estimait ne s'en être pas trop mal sortie. Elle avait perdu les deux matchs, oui, mais le second avait été serré sur la fin. Bon, et puis, contrairement à Kinan qui en avait quatre, Ad n'avait aucun badge à son actif. Elle n'en voulait pas, d'ailleurs. Elle n'avait ni le temps, ni l'envie, ni même la patience de les collectionner juste pour aller participer à la Ligue annuelle de Naya, et avoir une chance de défier le Conseil des 4. Conseil dont son oncle Elias faisait partie, entre autre.

Ad avait eu le mauvais goût de naître dans une famille à la fois noble et puissante, mais aussi dont ses membres étaient connus, pour la plupart, pour être de puissants dresseurs de Pokemon. Même Guben, son père disparu, avait remporté trois fois d'affilée la Ligue Pokemon en son temps. Et Ad savait aussi qu'elle avait un cousin, qu'elle n'avait jamais vu, qui était ni plus ni moins que le Maître Pokemon d'une autre région. Peut-être que le goût pour les combats Pokemon coulait dans les veines des Dialine aussi facilement que le goût pour l'argent. Arceus merci, Ad n'avait hérité d'aucun des deux. Ce qui était marrant, c'était que malgré tout, elle était une dresseuse Pokemon, et qu'elle avait l'un des plus gros comptes en banque de toute la région. Le hasard était parfois cruel. Avec l'aide de ses Pokemon, Kinan avait terminé de monter sa tente pour la nuit. Il ne réitéra pas sa proposition de la partager avec Ad, mais lui proposa carrément de la lui laisser tandis qu'il dormirait dans son sac de couchage.

- La galanterie marche peut-être très bien sur la plupart des filles, mais pas sur moi, répondit Ad en s'installant sur l'herbe fraîche du soir. À moins que le garçon ne souhaite vraiment que je le remercie... à ma façon.

- Laisse tomber, soupira Kinan. Je la connais, ta façon. La dernière fois que tu m'as « remercié », j'ai eu un bleu pendant plus d'une semaine.

- Ah oui, sourit Ad en se rappelant. C'est quand j'ai trébuché en soulevant cet énorme tuyau, et que tu es accouru vers moi pour me relever comme si j'étais la dernière des nunuches avec une robe si grande qu'elle ne sait plus marcher droit.

- On ne dirait vraiment pas que tu as passé toute ton enfance dans un grand manoir à apprendre par cœur les bonnes manières.

- Ce n'est pas la question, répliqua Ad. Bonnes manières ou non, je n'apprécie pas du tout cette attitude protectrice que les hommes peuvent avoir à l'égard des femmes. Je trouve ça très macho. Comme s'ils pensaient qu'on n'était pas capable de se protéger nous-mêmes.

- Mais toutes les femmes ne sont pas comme toi, Ad. Et heureusement, sinon le monde connaîtrait une révolution sans précédent, au terme de laquelle ce serait désormais les hommes qui feraient le ménage et s'occuperaient des enfants pendant que les femmes iraient travailler à l'usine. Je plains d'avance le pauvre gars qui t'épousera, un jour.

Malgré son ton moqueur, Ad comprit très bien que ça n'aurait pas dérangé outre mesure Kinan de se voir dans ce rôle-là.

- Je vais lui épargner bien des malheurs, répondit Ad, car jamais je ne me marierai. Je ne suis pas faite pour la vie à deux.

- Tiens, en voilà un scoop, ironisa Kinan. Bah, tu diras autre chose quand tes hormones te travailleront, et que tu rencontreras le prince charmant arrivant sur son beau Galopa enflammé...

- S'il se présente, je le refroidirai sans doute avec un tuyau d'arrosage. Maintenant la ferme, je dors.

Ad se retourna dans son sac de couchage, et entendit le clic de la fermeture éclair de la tente de Kinan. Elle se surprit à penser aux dernières paroles de Kinan, sur le prince charmant. Etant jeune, elle n'avait pas échappé aux rêves de toutes les jeunes filles de ce genre. Et étant un peu comme une princesse de par sa naissance, Ad s'était fait pas mal de films comprenant un beau jeune homme qui l'amenait vivre avec lui dans son pays merveilleux. Aujourd'hui, elle ne s'intéressait guère aux garçons. À seize ans, elle n'avait jamais embrassé quiconque, et ça ne la rendait pas plus bête pour autant. Pourtant, elle l'aurait facilement pu. Ça lui donnait la nausée de le penser, mais elle était jolie et très riche. Tout ce qu'elle méprisait chez les autres filles, elle le possédait. Ainsi, ce n'était pas les garçons qui pouvaient lui manquer.

Et en dépit de ce que pouvait penser Kinan, elle n'était pas totalement insensible au sexe opposé. Elle pouvait regarder un beau garçon passer quand elle en voyait un. Mais elle le regardait comme elle regardait un arc-en-ciel, ou une machine particulièrement belle. Quelque chose d'agréable à regarder, mais ça s'arrêtait là. Ad n'avait aucune idée de comment aborder un garçon, ni aucune envie particulière de le faire. Et puis, quand le garçon apprendrait à la connaître, il filerait sans demander son reste.

Elle avait de vagues souvenirs de sa mère et de son père quand ils étaient tous les deux. Sa mère était le parfait archétype de la femme soumise et obséquieuse devant son mari, ayant dans ses journées pour seul but de trouver une robe à porter qui arracherait un sourire à son homme. Tout cela l'écœurait. Bon évidemment, si sa mère et son père ne s'étaient pas rencontrés, Ad ne serait pas là aujourd'hui, mais ça l'écœurait quand même. Elle se promit de ne jamais tomber amoureuse. Et bien entendu, c'était une promesse qu'elle ne pourrait pas tenir, mais ça, elle l'ignorait encore.


***


Ils arrivèrent à Villimote le lendemain. C'était plutôt une ville industrielle, qui vivait pas mal du forage de charbon. Les montagnes de Zaelle, au nord d'ici, recelaient quantité de minéraux précieux, ce qui faisait de Villimote la première exportatrice d'énergie de la région. Kinan n'en tenait plus et était prêt à exploser. Il était toujours comme ça peu avant un match important. Il ne cessait de regarder de droite à gauche dans l'espoir d'apercevoir l'arène Pokemon de la ville, en manquant de rentrer dans des passants plusieurs fois. Enfin, ils la repérèrent : l'arène de Villimote, avec un toit violet arrondi, et divers symboles colorés sur les murs. De l'avis d'Ad, ça ressemblait plus à un chapiteau de cirque qu'à une arène. Mais Madison avait toujours eu un penchant pour l'excentricité.

- Je te souhaite bonne chance maintenant, dit Ad à Kinan.

- Tu ne viens pas voir le combat ?

- Je ne tiens pas plus que ça à me retrouver en face de Madison. Ça serait dommage que tu affrontes une championne physiquement diminuée après les coups que je lui aurais donnés. Garde en tête qu'elle utilise que des Pokemon psychiques, et qu'elle adore les coups en traître et les tactiques sans honneur, comme endormir ou rendre confus tous tes Pokemon pour t'empêcher d'attaquer.

- Tu l'as déjà affronté, apparemment ?

Ad lui servit un sourire féroce.

- Oui, la dernière fois qu'on s'est vu, il y a trois ans, si je me souviens bien. Mais je ne l'ai pas affronté en combat Pokemon, si tu vois ce que je veux dire...

- Bien sûr, soupira Kinan. Bon, je vais éviter de lui dire que je te connais alors. Dès que j'en ai terminé, on part pour les montagnes de Zaelle rencontrer Maître Balterik.

- Je n'ai pas encore dit oui à ce sujet, rétorqua Ad. Je t'ai juste promis que je t'accompagnerais jusqu'à Villimote.

- Oh allez, ce n'est plus trop loin maintenant. Et une Master Ball vaut bien ça.

- On verra, éluda Ad. Je vais un peu me balader. On se retrouve dans le Centre Pokemon à midi. Je pense qu'après ton combat, c'est là où tu devras aller en premier.

Ad secoua la main tandis que Kinan se déversait en protestations, puis elle quitta la place de l'arène. Maintenant, elle devait trouver où habitait l'oncle Elias. Pas trop loin de l'arène, sans doute, vu que sa fille en était la championne. Elle laissa sortir Lopchu de sa Pokeball. Sa couleur rose et le fait que ce soit un Pokemon très peu commun attirerait vite l'attention sur elle ; tout le monde à Naya connaissait la célèbre Adélie Dialine, la fille qui avait renié sa famille et qui avait créé à elle seule l'involuteur que beaucoup de monde utilisait aujourd'hui. D'ordinaire, elle aimait bien passer inaperçue où elle allait, mais là, les rumeurs sur sa présence dans la ville arriveraient sûrement aux oreilles de son oncle. Tandis qu'elle marchait entre les rues du centre-ville, sous les regards stupéfaits et curieux de plusieurs passants, elle tomba sur un journal de la veille par terre, avec un titre qui l'interpella. Elle le ramassa et lut en première page :

« CATASTROPHE INEXPLIQUÉE : CANCRENIA DEVENUE UNE VILLE MORTE ! »

L'image en dessous du titre montrait les rues de Cancrenia, une ville au Nord-est de la région, qui ne comptait plus que des corps allongés par terre. Le sous-titre annonçait :

« Pas une personne n'a survécu à ce qui semble être un génocide de masse sur la population de Cancrenia. On dénombre 20.349 victimes humaines et de nombreux Pokemon morts. Le Triumvirat assure que toute la lumière sera faite sur ce drame atroce, mais se refuse encore à donner plus de détails. Tuerie ou catastrophe naturelle ? »

Stupéfaite, Ad s'assit sur un rebord de mur et lut l'article dans son intégralité, qui s'étalait sur six pages. Six pages pour pas grand-chose, car personne ne savait rien. L'étude des corps n'aurait rien révélé, et les autorités n'ont rien trouvé dans la ville ou à ses alentours qui puisse expliquer cela. Quand même, plus de vingt-mille personnes ne mourraient pas sans explication. Même le Triumvirat qui sert plus de décoration à la région que de véritable gouvernement ne peut pas laisser passer un truc pareil !

- C'est terrible, ouais, dit quelqu'un à côté d'elle.

Elle leva les yeux du journal pour voir un homme adossé contre le mur. Il avait un court bouc de la même couleur que ses cheveux châtains, et un habit flamboyant. On retrouvait sur son visage quelques traits qu'il partageait avec sa petite sœur, Fastia Dialine.

- Oncle Elias !

Elias Hugerson lui servit son franc et grand sourire, si différent du rictus hypocrite dont elle avait l'habitude chez sa mère.

- C'est une surprise de te voir quitter ton atelier, gamine. T'as laissé combien de paparazzis inconscients sur ton chemin pour venir jusqu'ici ?

Ad éclata de rire et alla serrer son oncle dans ses bras. Il était le seul membre de sa famille encore capable de la faire rire franchement, et de lui faire ressentir une certaine affection. Depuis aussi longtemps qu'elle s'en rappelait, oncle Elias avait toujours été gentil avec elle. Il l'avait plusieurs fois fait sortir de son manoir pour l'amener en des lieux insolites que Fastia n'approuverait sûrement pas. Il lui achetait souvent des glaces ou des bonbons, alors qu'elle était soumise à une alimentation stricte chez elle.

Elias avait grandi dans la grande famille des Hugerson. Ce n'était pas l'une des trois puissantes de Naya, à savoir les Dialine, les Akenvas et les Sochenfort, mais c'était quand même une famille aisée et avec une forte influence auprès du Triumvirat. Et oncle Elias avait été comme Ad ; se souciant peu de l'argent et de la politique, il s'était plutôt lancé dans sa propre voie : le dressage de Pokemon, et il était rapidement devenu membre du Conseil des 4. Puis sa sœur, Fastia, avait épousé Guben Dialine, ce qui avait naturellement fait le plus grand bonheur de leurs parents. Toute famille rêvait de s'unir à l'une des trois puissantes.

Bien que ne s'entendant pas très bien avec sa sœur, Elias était devenu ami avec le père d'Ad, car tous les deux partageaient la même passion pour les Pokemon. Quand Ad était née, Guben avait insisté pour qu'Elias devienne son parrain. Fastia, qui avait déjà refusé à l'époque pour Nathan, avait fini par accepter, de mauvaise grâce. Ad s'en félicitait. Elle n'aurait pu avoir meilleur parrain. La seule chose qui dérangeait Ad chez son oncle, c'était sa femme, Frilvia, et leur fille, Madison. Tante Frilvia n'avait jamais aimé la filleule de son mari, et avait toujours tout fait pour l'embêter.

Ad n'avait jamais su ce qu'elle avait pu faire à Frilvia pour qu'elle la haïsse à ce point. Le problème, c'était que cette chère tante Frilvia avait appris à sa fille Madison à détester Ad autant qu'elle, et elle s'était avérée une élève douée. Ad pensait que Madison était jalouse d'elle. Jalouse de sa famille et de sa fortune. Mais si elle savait... Ad aurait été ravie d'échanger sa place avec elle à n'importe quel moment. Par Arceus, qu'elle aurait aimé avoir l'oncle Elias pour père, et ne pas avoir à grandir selon les normes et les restrictions de l'aristocratie !

- J'ai pas mal entendu parler de toi depuis que je t'ai laissé dans cet atelier tout moisi, dit son oncle après l'avoir relâché. Tu as fait ton petit chemin apparemment. J'imagine que ta mère doit s'être retrouvée sur les fesses. Alors, quel bon vent t'amène ici ?

- Rien de particulier. Un ami voulait venir ici pour défier Madison, donc je l'ai accompagné pour passer te voir.

- Touchante attention pour ton vieux tonton. Viens donc, ne restons pas là, j'ai l'impression que pas un badaud ne nous regarde avec de grands yeux ronds.

Ad ne lui donnait pas tort. La fille Dialine et un membre du Conseil des 4 ensembles pouvaient attirer pas mal de regard. Oncle Elias l'accompagna chez lui. Ad fut surprit par le caractère très modeste de sa maison. En tant que dresseur d'élite et sœur de l'ancienne présidente, il aurait pu se trouver bien mieux. Mais Elias lui dit qu'il n'avait pas besoin de plus.

- Un toit sur la tête, une cuisine, une salle de bain, un lit et un petit salon. Et surtout, un petit trône pour faire mes besoins. Cela me suffit. D'autant que Madison ne viens plus que rarement ici ; elle passe son temps dans l'arène, et dort et mange là-bas.

- Et tante Frilvia ? Elle n'est pas là ? demanda Ad.

Ad avait demandé par pure politesse, mais son absence n'avait pas lieu de la bouleverser, bien au contraire.

- Elle est partie pour un contrat de deux ans à Sinnoh, exhumer de vieilles ruines, répondit Elias, indifférent.

Tante Frilvia était archéologue, spécialisée dans tout ce qui concernait les légendes et les mythes Pokemon des anciens temps. Elias alla préparer du thé, tandis qu'Ad fouillait dans son sac pour sortir son carnet de chèque. Elle en remplit un et le tendit à son oncle.

- Pour m'avoir aidé quand j'en avais besoin, dit-elle.

Elias regarda le nombre indiqué dans la case, et pâlit.

- Est-ce que je vois triple ? Ou est-ce qu'il y a bien sept foutus zéro après le 1 ?

- Dix million de Pokédollars. Une goutte d'eau par rapport à ce que je détiens.

- T'es malade, pauvre fille ! Grandir avec Fastia t'as fait perdre toute notion concernant l'argent. Si j'ai bonne mémoire, je ne t'ai refilé qu'un peu plus de mille Pokédollars pour que tu t'installes dans cet atelier, et mille de plus pour le rénover et t'acheter quelques pièces.

- Sans ton argent, je me serai retrouvée à la rue, sans rien faire. C'est grâce à toi que j'ai tout ce que j'ai, maintenant. Je t'en prie, prends-les.

- Mais qu'est-ce que tu veux que je fasse de dix millions ? protesta Elias, presque apeuré devant la perspective de tant d'argent. Mon salaire de membre du Conseil des 4 est déjà presque trop élevé pour moi !

Ad se rappelait que son oncle était comme elle concernant l'argent. Il s'en fichait. Si on avait voulu donner dix millions à Ad comme ça, elle aurait sûrement prit le chèque et l'aurait déchiré.

- Achète-toi une plus grande télé, rigola Ad. Ou des chaises qui ne grincent pas. Ou une baignoire à la place d'une douche. Donnes-en à Madison.

- Je crains que si elle sache que cet argent vient de toi, elle ne le donne au premier mendiant venu, dit Elias avec un sourire d'excuse.

- Alors ne lui dit rien. Mais parait-il qu'on peut tout faire avec l'argent dans ce monde.

Elias éclata de rire.

- La devise de la famille Sochenfort, non ?

- Oui, mais elle irait très bien aux Dialine, aussi.

Ils parlèrent de tout et de rien en buvant leur thé. Ils parlaient depuis pas mal de temps de cette catastrophe à Cancrenia quand Ad prit conscience de l'heure.

- Je dois y aller, mon oncle. Kinan va m'attendre. Je lui ai promis de venir le retrouver à midi.

- Allons donc, invite-le et restez manger chez moi. J'aime bien causer avec les dresseurs ambitieux.

Ad prit conscience qu'elle n'avait même pas révélé à Kinan que son oncle faisait partie du Conseil des 4. Mais vu sa passion pour les personnalités du dressage Pokemon, il connaissait sûrement déjà Elias Hugerson. Ad envoya Lopchu pour aller chercher Kinan, qui devait sûrement être au centre Pokemon maintenant. Quand Kinan arriva, il ouvrit grand la bouche sans qu'aucun son ne puisse en sortir en voyant avec qui se trouvait Ad.

- M... Maî... Maître Elias du Conseil des 4 ?!

- Ferme la bouche avant de gober une mouche, mon garçon, dit Elias. Et je ne suis pas Maître. Arceus m'en garde, avec tous ce que Maître Narek a à faire...

Kinan regarda avec insistance Ad, lui demandant mentalement des explications.

- Je te présente mon oncle, déclara-t-elle seulement.

- Ton... ton oncle ?! Tu ne m'as jamais dit...

- J'ai oublié.

- Oublié ?! Oublié d'avoir un oncle qui fait partie du Conseil des 4 !

- Bah, ce n'est pas si extraordinaire que ça, fiston, rigola Elias. Du moins comparé au fait que sa mère soit notre ancienne présidente et que son frère fasse partie du Triumvirat. Alors, comment s'est passé ce match contre ma fille ?

- Votre fille ? Vous voulez dire que Madison, la championne d'arène, est votre fille ?!

- Un peu mon neveu. Ça ne se voit pas trop, je l'admets. Elle a bien hérité de sa mère. Mais c'est bien ma gamine. À moins que ma femme m'ait trompé, bien sûr, conclut-il avec un sourire.

Kinan s'assit, l'air dépité.

- Elle m'a écrasé, souffla Kinan. Je n'ai jamais subi une défaite pareille !

Elias éclata de rire.

- Les challengers sortent souvent comme ça de l'arène. Faut pas t'en faire, petit gars. Ma fille est la championne la plus puissante de tout Naya. Tu as combien de badges ?

- Quatre, monsieur.

- Bah alors, tu auras tout le temps de t'entraîner. Et tu reviendras la battre en tout dernier.

- Maî... Monsieur... Est-ce que... Est-ce que vous accepterez de livrer un match contre moi, maintenant ?

Ad secoua la tête.

- Tu viens juste de dire que tu t'étais fait écraser contre Madison. Si tu ne peux pas battre un simple champion, t'es loin du compte pour affronter un membre du Conseil des 4.

- Je le sais, répliqua Kinan. Je ne me battrais pas pour gagner, mais pour avoir l'honneur et le privilège d'affronter un si haut dresseur. Pour observer comment il se bat face à moi. C'est dans les combats les plus difficiles que les Pokemon acquièrent le plus d'expérience.

- Bien dit, gamin, approuva Elias. C'est comme ça que parle un vrai dresseur. Ouais, je me ferai un plaisir de t'affronter. Mais d'abord, mangeons.

Ils mangèrent assez rapidement, mais Kinan avait battu tout le monde en arrivant au dessert avant que les deux autres n'aient attaqué le plat principal. Ad sourit en songeant que dans la famille d'où elle venait, un tel manque de politesse était inimaginable. Mais Elias n'en avait rien à faire.

- Alors comme ça, vous cherchez le vieux Balterik ? demanda-t-il après que Kinan lui ait expliqué leur prochaine destination.

- Vous l'avez connu, monsieur ? questionna Kinan, enthousiaste.

- Ouais, quelque temps, avant que Narek ne prenne sa place. J'ai toujours trouvé bizarre qu'il ait déclaré forfait avant même de commencer le match contre Narek, car il est certain que même si Narek est fort, Maître Balterik l'était encore plus. M'enfin, je suppose que le vieux avait ses raisons. Il en avait peut-être marre d'être Maître, et voulait partir voyager de région en région. Et si tu le trouves, mon garçon, qu'est-ce que tu vas lui demander ? Un combat ?

- Non monsieur. Je lui demanderai s'il veut bien me prendre comme élève !

- Tu veux devenir le disciple du vieux hein ? En voilà un qui ne manque pas d'ambition. Allez, sortons, et montre-moi ce que tu vaux !

Tout ce qu'on pouvait dire de ce combat, c'était qu'il était court. Même Ad, qui n'était pas spécialement une connaisseuse, avait vu dès la première minute que son oncle menait le jeu comme ce n'était pas permis. Elias était un maître du type Feu. Il avait appelé un Darumacho, une espèce de gros gorille qui se tenait sur deux pattes et sur ses bras, et qui était aussi de type combat. Quant à Kinan, il avait amené sur le terrain son Teraclope, un Pokemon de type Spectre couvert de bandelettes grisâtres. Ad savait qu'il serait immunisé contre toute attaque combat, mais le feu le blesserait quand même.

Teraclope commença par une attaque Onde Folie, que Darumacho esquiva en se mettant en boule et en roulant à toute vitesse, produisant des gerbes de flammes sur son passage qui entourèrent Teraclope. Darumacho allait de plus en plus vite, et les flammes grossirent de telle sorte à engloutir totalement le pauvre Teraclope, qui ne put rien faire. Quand Darumacho cessa de tourner, et que le feu disparut, Teraclope était on ne peut plus K.O. Tout cela n'avait duré qu'une dizaine de seconde, et Elias n'avait prononcé aucun ordre.

- Qu'était-ce cette attaque ? Demanda Kinan, abasourdi, en rappelant son Pokemon. Ça ressemblait à une Roue de Feu, mais c'était trop puissant !

- Ce n'était pas Roue de Feu, garçon, expliqua Elias. Ce n'était même pas une attaque connue. Pourquoi devrait-on s'en tenir aux seules attaques référencées ? Nos Pokemon ont bien plus de possibilités que cela. Il suffit de les trouver. Mais je songerai à lui trouver un nom.

Ad n'était même pas au courant qu'on pouvait carrément inventer des attaques soi-même. Mais Kinan non plus, à en juger par son air abruti. C'était sans nul doute possible qu'aux grands dresseurs de la carrure de l'oncle Elias. Le reste du match ne se déroula pas mieux. Kinan appela son Grolem, qui, en une attaque Marto-Poing de Darumacho, s'en alla rejoindre le pays des rêves. Puis il appela son Capidextre, qui ne dura pas plus longtemps que ses camarades.

- C'est bon, j'arrête le carnage, soupira Kinan en le rappelant.

Ad savait qu'il possédait trois autres Pokemon, mais six ou trente, le résultat serait toujours le même. Et Kinan l'avait compris.

- J'ai encore du travail avant d'espérer arriver au quart du dresseur que vous êtes, monsieur.

- J'ai pas été cool, désolé fiston.

- Il n'aurait servi à rien que vous reteniez vos coups. Dans un vrai combat officiel, mes adversaires ne le feront pas.

L'oncle Elias lui mit la main sur l'épaule.

- Tout ce qui te sépare de moi, c'est uniquement l'expérience. Tu as l'état d'esprit pour devenir un grand dresseur, j'en suis sûr. Surtout si tu convaincs le vieux maître de te prendre comme disciple. Tu apprendras beaucoup de choses avec lui, et pas seulement sur le dressage Pokemon. C'est un grand sage, un philosophe, un érudit. Ça ne te ferait pas de mal à toi non plus, Ad.

Cette dernière haussa les épaules.

- Je vais accompagner Kinan, mais j'ai autre chose à faire qu'écouter un vieux sage palabrer sur les Pokemon et le but de toute vie.

- Essaie de ne pas me faire honte quand on le rencontrera, je te prie, intervint Kinan. Le mieux serait que tu parles un minimum, en fait.

Elias éclata de rire.

- Vous faîtes une sacrée paire, tous les deux. Ça me fait plaisir de te voir avec quelqu'un, ma nièce. Ne te laisse pas faire, fiston, ajouta-t-il discrètement à Kinan.

- Je ne fais que subir, monsieur, fit Kinan en soupirant de façon théâtrale. Mais cette fille nous a rendu riches, mes parents et moi, grâce à ses fichus involuteurs, donc le moins que je puisse faire c'est essayer de la sociabiliser un peu.

- Je te souhaite bien du courage, l'ami.

Puis Elias insista pour qu'ils restent chez lui jusqu'au lendemain. Il manquait de compagnie, disait-il, depuis que sa femme était partie et que sa fille passait sa vie à l'arène. Ils furent un peu à l'étroit pour dormir dans cette petite maison, cela étant, mais c'était mieux qu'en plein air. Le lendemain, de bonne heure, après les adieux avec Elias, ils quittèrent Villimote pour se diriger vers les montagnes de Zaelle qui perçaient au loin.