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Aide-toi et le ciel t'aidera de Kydra



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Informations

» Auteur : Kydra - Voir le profil
» Créé le 17/03/2012 à 13:26
» Dernière mise à jour le 19/11/2012 à 17:03

» Mots-clés :   Aventure   Présence d'armes

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Chapitre 22 : Repli
Lokhlass n'avait pas repris la mer. Tout comme nous, intrigué, il attendait de voir ce que Vassili était capable de faire. Une fois les Noigrumes au point, il désirait partir immédiatement. Nous aussi, nous ne voulions pas traîner. Il ne restait qu'un petit détail à régler. Ponyta et moi ne pourrions pas manger pendant la traversée, puisqu'il n'y aurait aucune plante sur l'eau. Comme il n'était pas question de faire des escales, nous devions aller faire des provisions. Mon humain avait tissé les toiles de Terreur-des-Hommes pour confectionner de quoi porter la nourriture. Je me chargeais de cueillir. Je me déplaçai donc vers les arbres, en prenant soin de ne pas rester trop longtemps à découvert.

Je revenais calmement, joyeux de pouvoir enfin partir pour notre quête. J'étais persuadé que Ho-Oh pourrait faire quelque chose pour nous. J'aperçus, non loin de la plage, en contrebas, des Pokémon qui progressaient vers la mer. Ils venaient pour des représailles, cela ne faisait aucun doute. Je voyais bien Malin-Fureteur se trouver derrière cette affaire. Nous avions dû être localisés par un espion volant, rester si longtemps au même endroit s'avérait une erreur à laquelle nous n'avions pas pensé, pris dans notre impatience du départ. Je courus le plus vite possible pour rejoindre mes amis. Heureusement, le groupe avançait bien moins vite que moi. Nous avions le temps de prendre la mer. Une fois sur l'eau, je doutais qu'ils prissent la peine de nous poursuivre encore : peu d'entre nous, Pokémon de la forêt, savions nager suffisamment bien.

Quand j'arrivais, Dynavolt affrontait des Krabby, dirigé par Vassili. Le connaissant, le petit Pokémon avait dû insister pour s'entraîner. Il aimait par dessus tout que son humain s'occupât de lui. Il ne se débrouillait pas si mal en combat. Il avait un sacré avantage : sa motivation. Il était encore plus dévoué à son nouveau dresseur que je ne l'étais à Protectrice-Colérique. Si ce dernier avait exigé du petit qu'il se jetât du haut d'une falaise, il l'aurait fait. Il avait bien choisi son ami, ses efforts étaient plus que récompensés. Déjà, les deux créatures, si différentes pourtant, étaient complices. Je n'aurais jamais cru possible une telle chose si elle ne se déroulait pas sous mes yeux. Les Pokémon crabes ne résistaient pas longtemps aux attaques électriques acharnées. Même quand un autre venait soutenir son camarade, Eclair-de-Liberté ne se décourageait pas. Il affrontait avec joie tous les adversaires qui se présentaient à lui. Il avait certainement un bon potentiel. Quel beau spectacle pour moi qui affectionnait tant le combat ! J'étais encore plus décidé à prendre Vassili en main pour en faire à la fois un bon combattant et un dresseur hors pair. Mon humain serait le meilleur de tous !

Je ne traînais pas. En quelques phrases, j'expliquais aux Pokémon que nous devions nous dépêcher. Pour Vassili, je fis comme je pus. Je fus d'ailleurs étonné de parvenir si facilement à communiquer. Il fallait le reconnaître, l'un comme l'autre, nous faisions des progrès. Evidemment, je comprenais bien plus aisément que lui, mais il fallait reconnaître que j'étais écouté avec effort. J'aimais de plus en plus le caractère de mon humain, toujours prêt à échanger, toujours à l'écoute, mais se confiant aussi. En quelques minutes, nous fûmes prêts au départ. Ponyta, Terreur-des-Hommes et Dynavolt rentrés dans leurs Pokéball de fortune, prenaient place dans la peau amovible de Vassili. Nous laissâmes la selle et la machine à capacités au milieu des rochers. Les Noigrumes avaient pour but de nous alléger, il ne fallait pas compenser en nous chargeant inutilement.

Lokhlass commença à glisser sur l'eau plate. Son dos était confortable, assez grand pour que Vassili et moi y soyons bien. Nous étions à peine éloignés que les Pokémon arrivaient déjà sur la plage. Ils n'hésitèrent pas à utiliser leurs capacités à distance contre nous, mais nous étions bien trop loin. Certains, capables de voler, se lancèrent à notre poursuite. Eclair-de-Liberté les saturait d'attaques électriques et ils furent bien vite découragés de nous suivre encore.

Vassili et moi étions dans la même position : tous deux allongés sur le magnifique dos de Lokhlass. De temps en temps, le gracieux Pokémon tournait la tête vers nous, avec un sourire rassurant, pour prendre de nos nouvelles. La mer calme berçait nos pensées au rythme de la houle. Grâce au vent, il ne faisait pas trop chaud, malgré l'absence de nuage. Le ciel, si bleu, m'aurait presque fait oublier que j'avais été contraint de quitter la vie que j'aimais tant. Parfois, le Pokémon transport entonnait un chant, dans un léger fredonnement. Le son de sa voix, si pure, faisait remonter en moi le souvenir des légendes que ma mère me contait quand je n'étais encore qu'un bébé Pokémon.

Dans ces histoires, dont le héros voyageait souvent à travers le monde, il y avait toujours un spécimen mythique. Il s'agissait souvent d'un protecteur au grand coeur. Il venait en aide au voyageur, à celui qui s'avérait être l'objet d'une quelconque prophétie. Non seulement le héros découvrait le monde et ses si beaux paysages, mais en plus, il le sauvait du mal, sans jamais manquer ni d'espoir, ni de courage. Il sortait toujours glorieux, victorieux dans une bataille finale acharnée et pouvait finir sa vie, enfin heureux. En réalité, durant toute ma vie de combattant, je n'avais jamais vu Pokémon aussi puissant que ces héros. Pourtant, j'espérais tout de même que Ho-Oh fût tel que l'étaient décrits les grands sauveurs. Je ne pouvais pas imaginer qu'il refusât de m'aider et encore moins qu'il n'existât pas. Plus que jamais, j'espérais que les croyances à son sujet, toutes issues de légendes, fussent réelles. Il devait sauver le monde. Cela ne pouvait être autrement. Tous ces mythes et même les prophéties qui annonçaient avec certitude que l'oiseau de feu était capable de cet exploit ne pouvaient pas mentir alors que j'allais risquer ma vie pour les confirmer.

Je réalisais alors l'ampleur de la tâche qui nous attendait, Terreur-des-Hommes et moi. Dans les histoires, les héros ressortaient toujours grandis, leurs exploits étaient largement exagérés. Déjà à court terme, quand nous gagnions une bataille, nous en rajoutions face aux autres. Les légendes datant de milliers d'années, devaient être sans doute encore plus embellies. Je me rappelais dans une grimace toutes les péripéties qui attendaient les personnages. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser que je n'étais même pas capable de survivre à un seul de ces événements. Autant dans un combat, il s'agissait de l'affaire de quelques heures, au maximum. Je pouvais anticiper mes chances de réussites ; même minces, je les envisageais. Là, je ne savais même pas quel chemin emprunter. J'ignorais aussi tout de cette nouvelle terre, des Pokémon qui y vivaient. Peut-être étaient-ils monstrueusement puissants... J'avais entendu dire par Protectrice-Colérique qu'il y avait des dresseurs, comme il en existait avant chez nous. Aussi loin que j'arrivais à remonter dans ma mémoire, je n'avais plus aucun souvenir de ce type d'humain. Il me restait une seule information : ils s'avéraient, selon ma mère, très dangereux pour notre liberté. Terreur-des-Hommes avait aussi parlé d'une montagne. Il n'était pas question de la simple colline des Granivol. Je détestais tous les Pokémon roche... et je n'avais jamais escaladé quelque montagne que ce fût.

Il persistait bien trop d'inconnues sur notre quête pour que je pusse évaluer nos chances de succès. Pourtant, je n'arrivais pas à désespérer. Comme dans toutes les missions qu'on m'avait confiées, l'espoir de la réussite ne me quittait pas, même après avoir pensé à tous ces éventuels obstacles. Je n'avais abandonné qu'une seule fois, elle remontait à deux semaines : lors de mon bannissement. J'en étais plus qu'honteux. Au final, je m'étais promis de ne plus jamais me sentir battu d'avance, comme je l'avais toujours fait jusque-là.

Mon inactivité commença à me peser. Le soleil déclinait déjà et je n'avais rien fait de la journée, à part écouter la douce mélopée de Lokhlass. Vassili s'était assis et relevé plusieurs fois : il s'était impatienté bien avant moi. Je me levai pour me rapprocher de la tête de Lokhlass. Celui-ci tourna son cou avec grâce, prêt à m'écouter.

................- Si nous bougeons un peu sur ton dos, seras-tu dérangé pour nager ?
................- Que veux-tu faire là-haut ? interrogea-t-il.
................- Mon humain a un regard de Pokémon et il ne sait même pas se battre. C'est pitoyable ! Je veux lui apprendre, il pourra mieux entraîner le petit...
................- Allez-y, mais ne sautez pas trop violemment, je suis un petit Pokémon fragile malgré ma grande carapace, fit-il en souriant. Si vous tombez à l'eau, permettez-moi de me moquer et s'il y a des Carvanha, ne vous en prenez qu'à vous-mêmes !
................- Autant que tu veux, il n'y a que Vassili qui risque de prendre un bain, répondis-je, sûr de moi. Puis, s'il se fait dévorer une patte, ce n'est pas bien grave... et Dynavolt ne sera pas là pour le voir !

Ayant l'autorisation de bouger un peu, je me plaçai face à Vassili, en position d'attaque. Mon humain eut un air intrigué. Chez eux, le combat ne semblait pas vraiment être une pratique courante... Il ne se leva d'ailleurs même pas, se contentant de me fixer, assis. Pour le motiver un peu, je lui décochai un coup de pied, rapide mais peu puissant. Il cria, sans pour autant comprendre ce que j'attendais de lui. Je décollai alors légèrement du sol pour lui tourner autour, comme le faisaient les prédateurs pour jauger leur proie. Je n'eus pas vraiment de meilleur résultat. Finalement, je lui dis clairement : « Il faut savoir te battre, viens m'affronter ! » J'accompagnai mes paroles d'un geste de la lame, l'encourageant à se lever. Cette fois, mon élève se mit sur ses pattes et plaça un semblant de garde.

Pour commencer, je lui donnai une chance. Je frappai lentement, avec le côté non tranchant de ma lame, dans son torse. Il réagit, mais bien trop lentement. J'eus le temps de toucher ma cible, sans la blesser pour autant. Son blocage fut pitoyable, il ne se déplaça même pas pour éviter le coup. Je lui donnai encore quelques occasions. Il n'arrivait pas à se comporter correctement, même ses attaques ne rimaient à rien. Il visait des zones protégées par ma garde, frappait sans attendre l'ouverture, sans compter qu'il n'y mettait aucune force. Il devrait beaucoup travailler pour être capable de quoi que ce fût ! J'étais très intrigué. Il ne savait pas se battre et ne semblait même pas y prendre de plaisir. Alors pourquoi donc les humains se faisaient-ils la guerre ? Pourquoi avaient-ils attaqué les Pokémon ? C'était insensé ! Même si tuer n'était pas ce qui me plaisait vraiment, nous avions au moins le goût du combat. Peut-être que, justement, c'était parce qu'ils ne faisaient jamais de match amical qu'ils s'entretuaient comme cela... La compétition entre nous avait au moins, en plus du plaisir qu'apportait le défi, un avantage : nous nous défoulions sans garder de rancune.

Comme mon adversaire ne montrait aucun enthousiasme, je me décidai à passer moi-même aux choses sérieuses. Cette fois, je portai réellement le coup. L'extérieur de ma lame frappa violemment l'épaule de Vassili. Il laissa échapper un cri de douleur et tomba sur le dos de Lokhlass. Il s'accrocha de justesse à l'une des pointes saillantes, juste à temps pour ne pas tomber à l'eau. Notre hôte se retourna, surpris par le choc. Voyant que je ne m'étais pas surestimé, il me rendit mon sourire. Enfin, mon humain gagna en motivation. Il se jeta sur moi, visiblement déterminé. Il était pourtant toujours aussi lent. Je m'écartai, laissai traîner une patte qui le fit trébucher. Je le poussai au niveau de l'épaule. Non sans amusement, je le regardai plonger dans l'étendue bleue, m'éclaboussant dans sa chute. Il revint à la nage et, aidé par Lokhlass, il remonta.

Son séjour dans l'eau froide ne lui avait manifestement pas plu. Alors que je me repositionnais, lui me tourna le dos, refusant l'affrontement. Sauf que c'était moi qui décidais ! Je retournai sur lui pour le frapper encore une fois. Il s'énerva, me sommant d'arrêter sur le champ. Je secouai la tête négativement. Comme il n'avait pas le choix, il revint à la charge, aveuglé par la colère. Il s'agitait, donnant des coups désordonnés. Je bougeais à peine dans mes blocages et esquives, alors que lui se démenait. J'attendis une ouverture, qui ne mit pas longtemps à arriver. Ma lame toucha son ventre, ce qui le plia en deux. J'allais frapper à nouveau. Enfin, il interposa sa patte. Je vis sur son visage qu'il avait senti le coup, tout de même moins violemment qu'auparavant. Je revins sur lui, très lentement, pour qu'il pût esquiver. Il y parvint de justesse. Il se replaça face à moi, annonçant : « Je t'écoute, montre-moi au lieu de frapper ! »

Même étant bébé Pokémon, je n'avais jamais livré de combat aussi lent. Je laissais des ouvertures, je les lui désignai et encore, il mettait un temps fou à les viser. Je portai mes coups si lentement, qu'il m'était difficile de me retenir. Pourtant, il ne parvenait pas tous à les arrêter. J'avais décidé de lui apprendre, alors je le ferais, même si je commençais déjà à le regretter. Nous passâmes environ une heure à répéter les mêmes mouvements basiques. A la fin, il les exécutait plus naturellement, pourtant toujours faiblement et lentement.