Pokémon Asylum de Auraman

Quand Chris posa le pied sur la terre ferme, il poussa aussitôt un soupir de soulagement. Ce voyage qu'il pensait être reposant s'était finalement révélé être éprouvant et il n'était pas près d'accepter un autre petit travail du genre. Mais il avait appris des choses importantes et il fallait qu'il en fasse part à l'inspecteur-chef rapidement, afin que la police puisse faire progresser l'enquête. Il se trouvait de nouveau à Cap Pointe, et l'endroit avait légèrement changé depuis la dernière fois. La minuscule bourgade avait l'air encore plus fermée que d'habitude et il n'y avait personne dehors, à part les passagers qui venaient de débarquer ainsi qu'une voiture de police qui était garée à côté du phare. « J'espère qu'ils ne craignent pas les Mangriff... » songea Chris en s'approchant d'elle car les policiers qui l'occupaient lui faisaient des appels de phare. Lorsqu'il arriva à sa hauteur, la vitre avant s'ouvrit et le visage de l'agent Jenny apparut, préoccupé.

-Ah, vous êtes là, dit-elle, apparemment angoissée. Nous avons cru qu'il vous était arrivé malheur. C'est devenu très dangereux ici et nous allons vous conduire jusqu'à Norande. Montez à l'arrière.
-En effet, l'atmosphère de Niocle a changé depuis la dernière fois...remarqua le jeune homme en ouvrant la portière arrière avant de s'asseoir sur le siège confortable de la voiture.

Le véhicule démarra et quitta le port rapidement.

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La voiture s'arrêta au bout d'une heure de route devant un grand bâtiment de Norande. L'hôpital était moins grand que la Compagnie Glaucquage mais n'était pas pour autant petit et c'était l'un des plus haut gratte-ciel de la région. On soignait ici toutes sortes de maladies et Chris se demanda pourquoi on l'emmenait ici. Il était en parfaite santé !

-L'inspecteur Nirvan se trouve là-dedans, expliqua l'agent Jenny. Vous le trouverez dans la chambre n°15.
-Que lui est-il arrivé ? S'inquiéta Chris.
-Rien du tout. Vous verrez vous-même. Dépêchez-vous, vous connaissez son sale caractère !

Chris acquiesça et quitta le véhicule afin d'entrer dans l'hôpital. Le hall était immense et d'une propreté incroyable. A croire qu'ils lavaient l'intérieur à coups de pistolets à eau. Quelques patients attendaient leur tour, assis sur des canapés blancs et lisant des journaux pour ceux qui étaient en état de le faire. D'autres buvaient un café à une table basse blanche, ou s'appuyaient contre les murs blancs. Tout était blanc, ici, sauf les plantes vertes et les patients. Et encore, certains patients allaient très bien avec cette couleur. Mais Chris n'avait pas vraiment le temps ni l'envie de s'attarder ici et il prit l'ascenseur pour se rendre à la chambre 15, qui se trouvait au fond d'un long couloir d'une couleur parfaitement normale. Le blanc. Le jeune homme n'était venu dans ce bâtiment qu'une seule fois, un an plus tôt, à la suite d'une histoire de vol à la Compagnie Glaucquage, et on l'avait transféré ici afin qu'il reçoive les meilleurs soins possibles. Mais c'était du passé et à présent, il était parfaitement rétabli. Cependant, il n'aimait pas du tout cet endroit et il avait hâte de s'en aller. Il traversa le couloir et frappa à la porte derrière laquelle des rires de démence se faisaient entendre. La porte (blanche évidemment) s'ouvrit presque aussitôt et Chris se retrouva devant l'inspecteur-chef Nirvan qui avait l'air profondément agacé.

-Ah, vous voilà, vous ! S'écria t-il.

Derrière l'inspecteur, le jeune homme aperçut la cause des rires. Un petit groupe de patients étaient allongés dans des lits et rigolaient sardoniquement, les yeux exorbités.

-Des amis à vous ? Demanda Chris.
-Amusant, répondit Nirvan. Restons dans le couloir, nous serons mieux pour parler.

Il refermèrent la porte et restèrent seuls dans le couloir.

-Bon sang de bonsoir, nous avons les pieds dans les Tadmorv, jura Nirvan.
-Que se passe t-il ?
-Plein de choses. Vous voyez, hier soir, l'un des membres du Conseil 4 de la région a été attaqué par un des Pokémon échappés de l'Asile. Il s'agit de Marley, du type Acier. Il était venu à Norande parce qu'il venait voir son ami Loïc avec les autres membres du Conseil 4 (ils font des inspections de temps en temps), et il est resté trop longtemps dans un bar, on ne le changera pas. Bref, il a ratatiné le Pokémon et s'en est heureusement sorti. L'ennui, c'est qu'il est passé au commissariat pour le signaler. Et vous voyez, nous avons un gros problème. Nous avons caché à tout le monde ce qui se passait à Niocle, parce qu'il fallait que l'affaire reste secrète. Sans quoi, tout le monde voudrait s'en aller. Pour éviter cela, nous n'avons mis personne au courant. Mais après l'agression de Marley, celui-ci a voulu savoir la vérité et nous lui avons dit. Niocle a été mise au courant de l'évasion de Nocpure ce matin. Et les gens sont barricadés chez eux depuis.
-Ceci explique cela...Mais que faites-vous dans cet hôpital ?
-Ah ça, c'est encore autre chose. Vous vous rappelez de ces cristaux rouges que nous avons trouvé ? Je les ai fait analyser. J'ai assisté aux expériences et heureusement ! Ces gens-là sont les scientifiques qui les ont examinés. La dernière expérience qu'ils ont faite les a mis dans cet état-là. Apparemment, l'utilisation de certains lasers a provoqué une réaction inattendue. Ils sont devenus fous et j'ai failli le devenir aussi. Les lasers ont envoyé des radiations abominables.
-Vous êtes en train de me dire que ces cristaux ont le pouvoir de rendre les gens fous ?! S'exclama Chris. Mais c'est impossible !
-Visiblement si. Et nous ne pouvons plus faire d'analyses dessus, c'est bien trop dangereux. D'autres gens pourraient finir dans le même état.
-Moi, je me demande surtout ce que ces cristaux faisaient sur les lieux de crime...On dirait que les Pokémon en laissent tomber quand ils se battent...C'est vraiment très étrange. Et au toucher, ils sont très désagréables. Mais que peuvent bien être ces fichus cristaux ?!!
-Ne vous énervez pas. Voilà pour mon petit débriefing. A vous maintenant. Qu'avez-vous appris d'intéressant ?
-Eh bien, le Pokémon que nous recherchons s'appelle Mewtwo. C'est un Pokémon qui a été cloné à partir d'un autre Pokémon, Mew. Il est l'invention de Giovanni, le dirigeant de la Team Rocket. Vous vous souvenez sans doute de lui. Il l'a conçu pour être une créature surpuissante, presque invincible. Il maîtrise les pouvoirs psychiques et il les maîtrise plutôt bien. J'ai pu le constater moi-même.
-Que voulez-vous dire ?
-Certains Pokémon m'ont suivi à Kanto, par je ne sais quel mystère. Ils voulaient m'éliminer et cela m'a parut étrange qu'ils viennent jusque là-bas pour moi.
-En effet, c'est très bizarre.
-Mais j'ai appris quelque chose de bien pire, de bien plus terrifiant. Apparemment, d'après mes sources, il y a un homme derrière tout cela. Quelqu'un tire les ficelles. Quelqu'un de très bien renseigné sur la folie des Pokémon.

A ce moment, la porte s'ouvrit brusquement, laissant apparaître le directeur Penson qui avait l'air affolé.

-Messieurs, dit-il.

Et il monta dans l'ascenseur afin de quitter l'hôpital.

-Voilà qui est étrange...murmura Nirvan. Vous avez vu comme il était pressé ? Ce n'est pas naturel, il était parfaitement normal en arrivant ici plus tôt. Vous pensez qu'il aurait pu écouter notre conversation ?
-Avec les rires des fous derrière, ça m'étonnerait. Mais après tout, pourquoi pas ? Peut-être est-ce lui, l'homme que nous cherchons.
-Le directeur Penson ? C'est un brave type, je ne vois pas quel intérêt il aurait à détruire son propre asile, mettre ko tous ses gardes et à libérer des malades mentaux pour qu'ils sèment la pagaille dans la région...
-Peut-être essaie t-il de frauder l'assurance ?
-Il est déjà très riche, cela ne lui servirait à rien !
-On n'est jamais assez riche. Et n'oubliez pas qu'il est la seule personne de l'Asile à ne pas s'être fait attaquer par Mewtwo. C'est tout de même très bizarre.
-Puisque nous parlons de ce Pokémon, il est curieux qu'il soit dirigé par quelqu'un, vu sa puissance.
-Il doit avoir un moyen de le contrôler...Je ne sais pas encore lequel, mais je suis sûr que le directeur Penson n'est pas étranger à cette affaire. Inspecteur, si vous me le permettez, je vais rentrer chez moi maintenant. Le voyage a été très éprouvant et je n'ai qu'une envie, aller me coucher. Alors à bientôt, inspecteur, et tenez-moi au courant des prochains événements.
-Ne vous inquiétez pas, je le ferai. Je vais continuer à mener l'enquête.

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L'Asile Pokémon était toujours entouré de la banderole « scène de crime », mais il n'était plus surveillé que par deux ou trois policiers qui n'enquêtaient plus du tout. La nuit était tombée, à présent, et deux d'entre eux s'étaient endormis. Le troisième montait la garde sur l'une des murailles. Même une fois détruit, le bâtiment restait glauque de nuit et le garde n'était pas rassuré du tout. Vers 22 heures, le garde vit une silhouette familière s'avancer vers la porte.

-Halte ! Dit-il. Qui va là ?
-Le directeur Penson, ouvrez !
-Tout de suite, monsieur !

Le garde abaissa le levier et Penson entra dans la cour de sa propriété, l'air à la fois inquiet et satisfait.

-Alors, que venez-vous faire ici à cette heure de la nuit ? Demanda le policier.
-J'ai des rapports qui se trouvent dans mon bureau que j'aimerais récupérer. Ils pourraient bien faire avancer l'enquête.
-Alors allez vite les chercher ! Nous avons hâte que cette fichue investigation se termine !
-Je ferai vite, n'ayez crainte.

Il se mit à courir vers l'entrée du bâtiment et monta les escaliers au pas de course afin de se rendre dans son bureau. Si jamais il avait raison, il devait se trouver là. Et il avait raison. Quand le directeur poussa la porte, il y avait déjà quelqu'un dans son bureau qui fouillait la pièce rapidement.

-Je ne vous dérange pas trop j'espère, lança Penson. Vous m'avez l'air bien occupé.

Le personnage sursauta et fit volte-face lentement.

-Ah salut ! Dit-il. Alors, quoi de neuf ? Je regardais si le bureau était bien rangé et il est pas mal du tout dites-moi ! Tellement bien rangé que je n'arrive pas à trouver le rapport A-23. Vous savez où il se trouve, n'est-ce pas ? Il serait bête de ne pas me le dire.
-Je n'arrive pas à croire que vous soyez derrière tout cela, poursuivit le directeur. Mais je me suis douté de quelque chose quand Mr Zackarias et le professeur Nirvan ont parlé de Mewtwo et de ces cristaux. Je me suis souvenu de ce que vous m'aviez dit. Je suis désolé, mais je vais mettre un terme à tout cela.

Il tira une pokéball de sa ceinture et la pointa vers l'autre personne, prêt à envoyer un de ses Pokémon au combat.

-Je vais vous arrêter, pour les crimes que vous avez commis et que vous allez encore commettre. Rendez-vous sans résistance ou je serai dans l'obligation d'utiliser mes Pokémon pour obtenir le même résultat !
-Ah, mais je ne crois pas que vous ferez cela.
-Qu'est-ce que...

Penson se rendit compte qu'il ne pouvait plus bouger. Une aura bleue l'enveloppait et il était complètement paralysé. Soudain, il fut projeté contre le mur le plus proche et y resta collé, toujours incapable de faire le moindre geste. Alors il aperçut le Pokémon dont il avait entendu parler. Mewtwo venait d'entrer dans la pièce et il le maintenait à présent contre la façade du bureau.

-L...Lui ! Bredouilla Penson en essayant de se dégager de l'étreinte psychique du Pokémon. Mais comment est-il entré ?!
-Et moi, comment croyez-vous que je suis entré ? Je ne suis pas passé par les gardes. J'ai utilisé les compétences de mon cher ami Mewtwo pour pénétrer dans l'Asile. Vous m'avez sous-estimé, cher ami. Et alors, ce dossier ? Où se trouve t-il ? Fais-le parler, Mewtwo.

Mewtwo lança une autre capacité et força le directeur à cracher le morceau.

-Il est dans le tiroir secret du bureau, que l'on ouvre à l'aide du bouton caché sous le bureau.
-Merci !

L'homme récupéra le rapport et se dirigea vers Penson qui se trouvait toujours contre le mur.

-Dommage que vous ne puissiez pas dire ce que vous avez vu ce soir. Vu l'état dans lequel on vous retrouvera, je doute que l'on vous croie.

Il tira un cylindre étrange de sa poche et visa le directeur. Un rayon rouge s'échappa de l'objet et percuta le directeur qui s'effondra, évanoui. Mewtwo avait relâché son étreinte.

-Bonne soirée, directeur Penson...