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Quand la vie ne tient plus qu'à un rêve de Sanaito



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Informations

» Auteur : Sanaito - Voir le profil
» Créé le 03/03/2012 à 11:11
» Dernière mise à jour le 06/08/2012 à 14:29

» Mots-clés :   Aventure   Drame   Humour   Suspense

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Chapitre 2 : [Naryaku] Menace malgré elle
[size=4]ou quand on inspire la crainte même aux humains les plus baraqués, c'est assez paradoxal de faire rire un ado malade.[/size]
___Que… que…

_Oups. Découverte. Je mords une dernière fois dans le délicieux nougat que je tiens puis me sauve en l'emportant. Et j'entame un décompte à partir de trois.

___AAAAAAAAAAAAHHHHH ! UN DA-DA-DARKRAI !

_Je suis arrivée pile à zéro et cette vieille femme hurle. Mes prévisions s'améliorent. Je mâchonne et avale ma friandise favorite avec satisfaction. Et je reprends une bouchée. Je ferais n'importe quoi pour de la nourriture. Surtout du nougat. C'est bon le nougat. C'est sucré, c'est doux, c'est tendre, c'est fondant, c'est ce que les humains ont inventé de mieux. Je pourrais écrire une ode complète sur le nougat.
_Ô douce sucrerie
_Mon palais tu ravis
_Dans ma bouche tu mollis
_Déverse un goût exqu…

___Le voilà !
___Attrapons-le !
___On le tient !

_Eh, c'est pas cool ! Ils m'ont interrompue en pleine composition artistique ! J'ai plus d'inspi', maintenant, c'est malin ! Qu'est-ce qu'ils peuvent être agaçants quand même, ces Hommes ! J'ai tué personne à ce que je sache ! J'ai juste eu un petit creux ! Et je n'ai pas bouffé l'un des leurs ! Alors relax, quoi !
_Ils se jettent tous sur moi, ce qui fait quand même une petite demi-douzaine. Oh, ça sent le roussi. Je m'écarte en vitesse et file dans un autre couloir, me ruant vers la chambre de Ludovic. Ils me poursuivent, du moins, ceux qui ont réussi à se relever après s'être aplati au sol en croyant me plaquer.
_J'ouvre la porte et la referme derrière moi. Je ne me préoccupe pas de la verrouiller, le tout est qu'il ne me voit pas pendant un court instant, c'est tout. J'ouvre la fenêtre en grand, mais pas pour m'enfuir. J'ai trente secondes. Je pousse un sifflement ultrasonique, indétectable pour les humains. Le but est qu'il m'entende.
_Vingt secondes.
_Les pas se rapprochent, j'entends les protestations des infirmiers et des passants bousculés par ceux qui me traquent.
_Dix secondes.
_Ne pas désespérer. Il va arriver… il arrive !

___Vite, prends ma place ! lui crié-je vivement alors qu'il entre, pendant que je me glisse sous un meuble, ombre indétectable.
___Pff, soit, grogne-t-il en se métamorphosant et en refermant la fenêtre, pour faire croire qu'elle est bloquée.

_Une réplique de moi, faussement effrayée, accueille donc le groupe d'hommes en colère. La comédie habituelle peut commencer.

___Tu es fait, à présent, Darkrai, tu n'as plus d'issues possibles on dirait ! fait l'un d'eux.
___Iiik, laissez-moi tranquille, vous me faites peur, bouhouhou ! pleurniche lamentablement mon double – il exagère un peu, là, non ?
___Ah ah ah ! Chouine autant que tu veux, tu vas mourir ! ricane un autre.
___Au-au secours ! gémit ma copie en s'illuminant soudain.
___À terre ! Cette ordure prépare un sale coup ! alerte un troisième.

_Bah non. Pas de coup fumant ou d'explosion spectaculairement mortelle…

___Eh les mecs ! On s'est plantés, là ! C'est pas un Darkrai !

_… juste une transformation en Zoroark qui perturbe bien correctement les honnêtes gens. Car tel est mon plan : faire croire aux humains qu'ils ont pourchassé une pauvre illusion depuis le début. Alors qu'en fait, nous sommes deux : Un faux Darkrai… et une vraie ! Moi !

___Bon bah on n'a plus rien à faire ici, alors… Eh, le Zoroark, ne nous refais plus jamais un coup pareil, hein ? C'est la troisième fois ce mois-ci ! Ça commence à bien faire ! Si tu continues, on va prévenir ton maître !
___Je suis profondément navré. C'est que, voyez-vous, cette apparence m'est si confortable que j'ai tendance à la prendre à tort et à travers…
___Et ne vole plus de nourriture, bon sang ! Ça commence à bien faire !
___Pardon, pardon…
___Hum.

_Ils quittèrent la pièce en grommelant un peu, mais c'est pas grave. Encore une affaire dans la poche ! La troisième fois que je fais le coup ? Mais non ! C'est juste la troisième fois que je suis grillée, c'est tout…

___Tu as été impec' ! Rien à redire ! Super timing ! rié-je en sortant de ma cachette.
___Je commence à en avoir assez de t'assister dans tes méfaits, Naryaku. Le vol, c'est un crime. La prochaine fois, je n'agirai pas, grince-t-il.
___Oh… mais c'est que… je risque la mort sinon… tu les as bien entendu comme moi, hein ? marmonné-je en prenant un air penaud.
___Arrête ça, veux-tu ? Tu me tiens toujours ce discours pour me faire plier à tes volontés ! gronde-t-il. Mais je ne suis ni ton esclave, ni ton tuteur ! Puisque tu sais si bien ce que tu risques en faisant ces bévues, cesse ! Ton entêtement est désolant et puéril !
___Mais je… je… Pourquoi es-tu si dur avec moi ? Tu te rends compte de ce que tu viens de dire ? Tu ne tiens pas assez à moi pour vouloir que je vive, c'est ça ? Tu me dégoûtes ! sangloté-je en me prenant la tête dans les mains.
___N-non ! Je ne voulais pas dire ça. Excuse-moi, d'accord ? Ce n'est pas grave. C'est juste que… essaie quand même de rester sage, promis ? se rattrape-t-il en m'offrant ses pattes dans lesquelles je me réfugie.
___Oui… promis, soufflé-je.
___Bien. Je dois retourner auprès du docteur, d'accord ? Je lui dirai que tu es avec Ludovic.

_Il s'éloigne à son tour, me laissant seule. Je sèche mes larmes et un grand sourire prend place sur mon visage – même si personne ne peut le voir puisqu'il est trop fin. J'ai promis d'essayé de me contenir, pas de réussir. C'est ça qui est hilarant avec Kiirisss : le maître de l'illusion est super manipulable à partir du moment où tu le prends par les sentiments.
_Pauvre renard, je lui en fais voir de toutes les couleurs. Mais en même temps, qu'est-ce que ça peut être efficace pour tuer l'ennui, les conneries ! S'il avait une bouche, je suis sûre que mon nougat me dirait qu'il est d'accord avec moi. S'il avait un cerveau pour le penser, aussi. Mais vu qu'il n'a ni l'un ni l'autre, je vais me contenter de le manger.
_… Je suis bizarre d'imaginer des trucs aussi tordus, quand même.

Pokémon #491___Salut Na', tu vas bien aujourd'hui ?
___S'lut. Ouais, comme d'hab'. Arrête de me poser cette question, pov' tache.
___Mais c'est que…
___Je sais. Tu te fais du souci pour moi. Ben arrête. Ça me gave. Et arrête aussi de m'appeler Na'. Ça te briserait l'esprit de penser* "Naryaku" ?
___Toi, tu viens de te faire rabrouer.
___Comment t'as deviné ?
___Facile. C'est toujours moi qui ramasse ta mauvaise humeur après,
NA'.
___Pff. J'en ai déjà marre de t'entendre. Tu deviens de plus en plus bête à chaque minute.
___Je m'efforce de prendre exemple sur mon aînée, et je me débrouille plutôt bien, on dirait, si j'arrive à me conforter dans ma sottise aussi rapidement que celle-ci. Au fait, mon aînée, vu que je n'ai pas de grande sœur, bah c'est toi.
___Ha ha ha, je suis morte de rire.


_Malgré les apparences, j'aime discuter mentalement avec mon Dresseur. Il a beau être dans le coma, son âme résiste incroyablement bien à l'asthénie. En communiquant un peu chaque jour avec lui par télépathie, je m'efforce de faire travailler cette ténacité, en le forçant à la mettre en œuvre. C'est tout ce que je peux faire pour l'instant.
_L'être humain est une chose bien faible, il faut le dire. Même un Magicarpe peut leur tenir tête. Mais dans l'ensemble, ils se débrouillent plutôt bien pour pallier à leurs faiblesses. Sauf ceux qui n'ont pas de bol et qui naissent plus fragiles encore que les autres. Comme Ludovic.
_Sa maladie de cœur était en sommeil il y a deux ans, rien ne transparaissait encore. Elle aurait pu le rester si je n'avais pas été l'élément déclencheur de son réveil. Mais c'est trop tard, le mal est fait.
_Maintenant, il lui faut une greffe, et vite. Je donnerais bien le mien, seulement, je suis un Pokémon, je ne pense pas être compatible – même si je ne suis pas forte en biologie humaine. Et puis quand j'ai dit ça à Ludo, il a dit qu'il préférait crever que me laisser être disséquée pour lui.
_De toute façon, quand bien même je pourrais lui donner un organe, l'éthique ne le permettrait pas. Greffer à un humain une partie d'un Darkrai ? Ce serait pire que lui faire incuber la peste, voyons ! Pff.

___Allez, raconte, tu t'es faite gronder pour quoi cette fois ? T'as encore joué les chapardeuses ? me demande-t-il.
___Tu sais à quel point je peux avoir faim. C'est incessant et frustrant. Crois bien que j'aimerais être rassasiée, pour une fois. Au moment où je te parle, là, je rêve d'un steak saignant, salivé-je.
___T'es sûre que c'est pas une maladie ? Surtout que tu ne grossis jamais, tu as même tendance à maigrir, fait-il remarquer.
___Tu insinues que j'ai le tænia ? N'importe quoi, y a que vous pour être atteints par ses bestioles, raillé-je. J'ai juste tout le temps la dalle, rien de plus. C'est normal, ce sera peut-être pareil pour toi quand t'auras l'équivalent de mon âge.

_Évidemment, je ne m'attends pas à ce qu'il atteigne cent soixante-cinq ans. Seize ans et demi est pour un Homme l'âge qui correspond au mien. Or, je ne suis même pas certaine qu'il parvienne à survivre jusque-là…

___J'espère pas, sale goinfre ! ricane-t-il.

_Lui, au moins, ne doute pas autant que moi. C'est un optimiste-né. Les histoires se terminent toujours bien dans son imaginaire. Reste à savoir si cette règle s'appliquera à la sienne – qu'elle ne sera pas plus courte que les autres.

___Tu te rends compte qu'il y a des humaines qui te tueraient pour pouvoir manger autant qu'elles veulent sans prendre de poids ? plaisante-t-il.
___Elles me tueraient pour moins que ça – pour ma simple existence, grincé-je.
___C'est pas ce que je voulais dire…
___Encore heureux !


_Je savais très bien qu'il n'avait pas l'intention de me blesser en disant ça. Je devrais arrêter d'être si sèche parfois. Surtout quand je n'ai aucune raison de l'être. Mais c'est plus fort que moi, je suis une mauvaise fille, tout le monde le sait. En particulier le père de Ludovic.
_La porte s'ouvre presque à la volée. Quand on parle de l'Absol**

___Pousse-toi. J'ai des analyses à faire.

_Après c'est moi qui me dit que je devrais faire preuve de plus d'amabilité ? Bah j'ai de beaux exemples à disposition, merci ! Kiirisss entre à la suite du docteur Pokevrst – c'est facile à prononcer avec de l'entraînement, si si, je vous assure –, son dresseur.
_Il me regarde d'un air désolé, comme toujours quand son maître me méprise. Je lui rends une grimace qui signifie "c'est pas à toi de t'excuser mais à ce crétin". Ce qu'il ne fera jamais, j'en ai bien peur. Et au fond, je le comprends. Il m'en veut d'avoir en quelque sorte dégradé la santé de son enfant. À sa place, je serai tout aussi froide.
_Il repart sitôt ses prélèvements faits. Je pousse un soupir de soulagement. Cette fois, je n'ai pas eu droit à l'engueulade, youpi ! Le renard est resté. Je le fixe avec l'expression de celle qui se demande ce qu'il fiche encore ici. Je ne tarde pas à le savoir :

___Je veux que tu viennes tout de suite avec moi. Il y a une chose que je tiens à te montrer, parce que tu en es indirectement responsable.
___Quoi ? Si c'est indirect, c'est qu'il y a eu un autre coupable ! Alors va le chercher lui ! répliqué-je.
___Inutile. Le second fautif, c'est moi, gémit-il en baissant la tête.
___… Ah…

_Je suis sur le cul. Ai-je bien compris le sens de sa phrase ? Saint Kiirisss a péché ? Damned ! Je dois me souvenir de cette date mémorable, cela ne se reproduira sans doute plus jamais.
_Je décide donc d'obéir, pour une fois. Deux actes inespérés en une journée, c'est dingue. Est-ce que l'abus de nougat à des effets hallucinatoires ? J'informe Ludovic que je dois partir avec le saint, il se met à rire. Bah quoi ? Il me conduit dans les couloirs déserts de l'hôpital fermé pour la nuit.
_J'entends soudain une alarme dans une des chambres. Je me change prestement en ombre et me mêle à celle du Pokémon illusionniste afin de me rendre presque invisible, parce que ma silhouette reste plus sombre. Mais les médecins et infirmiers de garde sont trop pressés pour prêter attention au sol, code bleu oblige.
_Et un mort de plus. Je déteste les hôpitaux.
_Il s'arrête devant la chambre trois cents dix-sept et m'invite à entrer la première. Je pousse la porte en silence et pose les yeux sur le lit occupé par une jeune fille qui ne doit pas être beaucoup plus âgée que mon dresseur.
_Immobile, le teint pâle, ses cheveux bleu ciel ternis, je peux ressentir à quel point son sommeil est agité, en dépit de son apparence tranquille. Une chose est sûre : je ne l'ai jamais vue. Un Terhal flotte en rond au-dessus d'elle en pleurnichant autant que peut le faire un Pokémon Acier.

___Euh… Rapport avec moi ? murmuré-je.
___… Cette fille a été empoisonnée par un Coatox dans la Forêt des Ombres.
___Quoi ? Mais qu'est-ce qu'elle foutait là-bas ? Elle est suicidaire ? m'étonné-je.
___Non. Elle recherchait ce Terhal. J'allais la raccompagner hors du bois quand je t'ai entendu siffler. Je n'ai eu donc que le temps de lui indiquer le chemin.
___Et alors ?
___Et alors si tu n'avais pas encore fait des tiennes, j'aurais été avec elle pour la protéger !
___Je… Mais… C'est que…

_Je finis par me taire. Inutile de parler si ce n'est que pour bafouiller.

___Tu vas donc m'aider à la sauver, d'une manière ou d'une autre ! Ou plus justement en m'accompagnant dans le Bois du Requiem pour trouver le remède miracle dont tu m'as tant parlé ! TU VIENS TOUT DE SUITE !

Pokémon #491_*Équivalent de l'expression "ça t'arracherait la langue de dire…", mais version télépathie.
_**Signifie "quand on parle du loup".