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Quand la vie ne tient plus qu'à un rêve de Sanaito



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Informations

» Auteur : Sanaito - Voir le profil
» Créé le 03/03/2012 à 11:09
» Dernière mise à jour le 06/08/2012 à 14:28

» Mots-clés :   Aventure   Drame   Humour   Suspense

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Chapitre 1 : [Lena] Le prix de l'interdit
[size=4]ou ce qu'il faut payer lorsqu'on se dit qu'une pauvre forêt millénaire que personne n'ose franchir, c'est de la gnognote.[/size]
_____Sept heures et demie du matin. Mon réveil sonne, je l'éteins en grognant. Mais pourquoi l'ai-je mis ? C'est les vacances, bon sang, pas besoin de me lever tôt !
_Soudain, je me souviens. Alors je saute de mon lit, débarrassée de mon statut habituel de Parecool. Je me jette sur mon sac de voyage et revérifie encore son contenu : sandwichs, bouteilles d'eau, vêtements de rechange, sac de couchage, porte-monnaie et Poké Balls. Il ne me manque plus qu'un Pokémon, et je pars à l'aventure. Pour ce dernier point, aucun problème. Je n'ai qu'à aller le chercher au laboratoire.
_Je me prépare donc à partir, m'habillant et me coiffant soigneusement. Si je dois parcourir les routes de Riakoh, autant être jolie, eh ! Je m'observe dans le miroir une fois prête, de mes cheveux bouclés bleu ciel s'arrêtant en haut de mes épaules jusqu'à mes Converses indigo. Satisfaite par mon chemisier assorti à mes chaussures et mon jean-slim pâle, j'endosse mon sac à dos et descends dans la cuisine.
_Bien entendu, mes parents ne sont pas là. Ils ne sont jamais là, de toute façon. Je fais la moue et laisse un mot sur la table :

_"Je suis partie faire mon voyage initiatique. Bises, Lena."

_Je m'en vais sans manger. Je n'ai pas faim, trop dégoûtée qu'ils n'aient même pas attendu que je sois partie pour filer à leur travail. J'aurais aimé leur dire au revoir en face plutôt qu'à l'écrit. Ils m'énervent avec leur boulot encombrant. C'était mieux avant qu'on déménage dans ce trou paumé.
_Je les voyais plus souvent.
_Je me rends au centre de recherche du professeur Aubépine, qui étudie les cas des Pokémon de couleurs ou de tailles inhabituelles, pour recevoir le Tarsal qu'elle m'a promis il y a deux mois. À peine j'entre dans le bâtiment que mes oreilles sont agressées par de la musique électro mise à fond.
_Comme d'habitude, trop occupée à étudier au microscope des gènes de Pokémon divers en s'abîmant allègrement l'ouïe, elle ne me remarque pas, je suis obligée de couper le son pour qu'elle réagisse.

___Eh ! Qui a osé ? Ah, c'est toi, Lena ! Qu'est-ce qui t'amène ? me demande-t-elle en me tapant amicalement dans le dos – je crois qu'elle m'a décollé les poumons.
___Bah à ton avis, patate ? lui lancé-je familièrement, pour la taquiner. Je veux mon Pokémon, tiens !
___Ah oui, c'est aujourd'hui que tu quittes Shadrea pour affronter les Arènes ! fait-elle en se frappant le front – ça lui arrive si souvent qu'elle va finir par avoir un hématome. Ton Pokémon, donc… attends-moi ici, je reviens.

_Elle s'éclipse un instant, se rendant dans la réserve de Poké Balls. La voici de retour avec une petite balle rouge et blanche qu'elle me tend.

___Et voilà, j'espère qu'il sera à ta convenance, parce que ce genre de bestiole, c'est pas facile à trouver dans le coin ! sourit-elle.

_Je l'observe avec des yeux ronds comme des billes. C'est mon Pokémon ! Mon Tarsal ! J'appuie sur le bouton central, s'échappe une forme indistincte et rougeoyante. Elle prend forme peu à peu… en flottant dans les airs ? Les Tarsal seraient des Pokémon qui lévitent ? C'est étrange, je n'ai jamais rien appris de tel sur eux…
_Soudain, l'horrible réalité surgit à mes yeux. Je ne peux empêcher un gémissement dépité de franchir le seuil de ma gorge. Aubépine s'est complètement plantée ! Ce truc ne ressemble pas du tout à ce à quoi je m'attendais ! Un corps métallique bleuâtre, trois affreuses griffes arrières, un gros œil écarlate… C'EST QUOI CE MACHIN ?

___Ouh, t'as l'air abasourdie. Il est classe, le Terhal que tu m'as demandé, hein ? s'exclame la scientifique, fière d'elle – à tort.

_Un Terhal. Je comprends. À force de se bousiller les tympans avec "David-Guetta-en-veux-tu-en-voilà", elle a mal compris ma demande en confondant le nom de ce Pokémon (?) avec Tarsal. Pff.
_Je suis sur le point de protester mais une voiture arrive, klaxonnant bruyamment et me coupant dans mon élan. Je vois la chercheuse prendre des dossiers à la va-vite et sauter dans la décapotable de son mari. Elle m'adresse un clin d'œil émeraude.

___Profite bien de ton nouveau compagnon ! me crie-t-elle pour couvrir le bruit du moteur. Moi, je dois aller à une conférence à Rivamar, dans la région de Sinnoh ! J'enverrai une carte postale à tes parents ! Bonne chance pour ton voyage !
___Mais attends ! hurlé-je à mon tour.

_Mais il est déjà trop tard. L'auto démarre en trombe et file à toute vitesse, à tel point que les longs cheveux bruns de Vanessa Aubépine volent au vent. Je soupire et regarde mon fardeau me rejoindre sans se presser, son corps de métal flottant stupidement autour de moi. Beuh ! la poisse ! Me trimballer cette chose !
_Je sors le Pokédex de ma poche, offert hier par la biologiste Pokémon. Je le place devant lui et l'active, sa voix synthétique me répond :

_« Terhal, le Pokémon Boulefer. Il se sert de ses trois griffes postérieures pour s'ancrer profondément dans la roche et dormir sans risquer de s'écraser au sol ou de dériver par lévitation. Il ne connaît que l'attaque Bélier, laquelle est par conséquent très puissante. Menacé, il lui arrive de se joindre à d'autres Terhal. Ils s'accordent et attaquent donc à l'unisson. »

_Bélier, c'est tout ? On se moque du monde ! Je m'en tape qu'elle soit plus efficace que la moyenne ! Ça reste sa seule capacité ! Qu'est-ce que je fais contre un type Spectre, moi, puisque les attaques Normal ne les atteignent pas ? Je danse ?
_Il veut me câliner, j'ai un mouvement de recul, écœurée. Ah ! que son acier est froid ! Et son œil… il me fiche la trouille ! Je m'éloigne plus encore de cet espèce de cyclope tout moche et pas du tout girly. J'aurai l'air de quoi avec ça ?

___Terhaaaaal… gémit-il soudain, l'air profondément affligé.

_Eh, mais où est-ce qu'il va maintenant ? Il… il se barre ma parole ! Reviens ici tout de suite !

___Ne va pas par là, toi ! C'est la forêt, c'est dangereux, si tu y vas, je ne pourrai pas te suivre !

_Évidemment, il s'en fout. En même temps, je pense qu'il n'a de toute façon pas envie d'être accompagné par une Dresseuse qui vient de lui montrer clairement qu'il lui inspire tout le dégoût du monde.
_Mais bon, toute manière, il n'est pas très rapide. Encore un peu de course et je serai assez près pour le viser avec le jet de lumière rouge de ma Poké Ball. Je tente de la saisir dans la poche de ma veste, lâche deux secondes la route du regard.
_J'aurais dû me douter de ce que ce court instant d'inattention allait me coûter. Je trébuche et tombe, m'écrase, m'étale de tout mon long au sol. Le temps de me relever, mon Pokémon disparaît dans les bois. Je vois juste un éclat argenté avant qu'il ne s'efface derrière les buissons.
_Je m'approche de l'orée de la Forêt des Ombres. Le sentier existant est tout ce qu'il y a de plus interdit. Enroulé autour de deux arbres situés de chaque côté du chemin sauvage, une grande banderole jaune fluo, histoire de bien dire "keep out", "forbidden", "warning", "do not… euh… pénétrer ces lieux" – maille inegliche ize véri bade*.
_Pourtant… si je veux partir en voyage, je dois récupérer mon partenaire, c'est essentiel, aussi nul qu'il soit. Et puis Vanessa m'en voudra beaucoup si elle apprend ça. Elle a dit qu'elle avait peiné pour l'obtenir !
_Je prends donc ma décision : j'enjambe les bandes fluorescentes.

Pokémon #374_____Heureusement que nous ne sommes pas une centaine d'années en arrière, sinon, je serais déjà morte. Autrefois, le Bois du Requiem – l'autre nom de cette charmante forêt – était hyper surveillée par ses principaux habitants : les Darkrai. Rien que d'évoquer leur nom me fait froid dans le dos.
_Ce sont des créatures impitoyables, sadiques, cruelles, effrayantes. Ceci n'est qu'un échantillon de leur nature démoniaque, paraît-il. Rien qui ne puisse encourager qui que ce soit à les croiser, surtout pas moi.
_Mais comme je disais tout à l'heure, l'époque est révolue. Maintenant, puisque les humains évitent naturellement le coin – dans leur intérêt –, ils ne patrouillent plus. Du moins plus aussi près du village, parce que plus loin, personne n'a pu aller vérifier, les rares téméraires n'étant jamais revenus.
_Je me sens soudain complètement folle d'être ici. Tant pis, je retourne sur mes pas. Il reviendra de lui-même, c'est certain. L'endroit n'est pas terrible pour un Pokémon comme lui, il lui faudrait des montagnes. Je reprends donc la route en sens inverse, confortée dans cette hypothèse.
_C'est alors que j'aperçois une étrange bête, occupée à mâchonner un morceau d'une des baies qu'elle tient dans ses pattes bleues, dont le doigt central est rouge. Ses joues de même couleur gonflent et dégonflent à chaque mastication. Il avale et me fixe de ses yeux jaunes cernés de noir semblant hurler à eux seuls « waaaah… que le monde est moche et ennuyeux ».
_J'en profite pour sortir mon Pokédex :

_« Cradopaud, le Pokémon Toxique. C'est un redoutable combattant qui n'hésite pas à être tout à fait déloyal pour parvenir à ses fins. Parmi ses pires coups bas, il y a son fameux crachat de poison au visage, contenu dans les petits sacs de ses joues. Il existe à Sinnoh une ville qui les révère au point qu'elle organise tous les ans un concours du meilleur Cradopaud. »

_Décidemment, on aura tout entendu. Un concours pour ces pathétiques batraciens ? Mais d'un autre côté, il me serait utile de l'attraper. Je ne suis pas idiote, je sais que mes chances de capture sont amoindries si je ne peux pas l'affaiblir avant de lancer ma Poké Ball. Mais celui qui devait s'occuper de ce point s'étant défilé, je vais devoir faire sans. Espérons que, puisqu'il mange, il sera moins vigilant.
_Ma balle touche sa tête de plein fouet. Il disparaît à l'intérieur. Elle s'agite, je retiens ma respiration. Est-ce si simple ?… Non, bien sûr. Elle se rouvre et ce crapaud de malheur ressort. Il fait alors une chose que je ne comprends pas sur le coup : il pleurniche.
_Le souffle dans ma nuque aurait dû m'alarmer. Mais non. Trop étonnée par la réaction de la bestiole, je n'ai pas prêté attention à l'ombre se dessinant devant moi. Quand je la remarque enfin, il me faut encore quelques secondes de réflexion pour réaliser que :
_De un, je tourne le dos au soleil.
_De deux, je n'ai pas cette forme-là !… Si ?
_Je me retourne brusquement, me retrouve nez à… quelque chose faisant office de nez avec un monstre ressemblant un peu au chouineur que j'ai voulu capturer. Celui-ci se réfugie derrière l'effrayant crapaud. C'est peut-être sa mère… Ah… j'ai menacé son enfant…
_
_SAUVE QUI PEUT !!!

Pokémon #374_____Où suis-je ? J'en sais rien. Où je vais ? J'en sais rien. Si je vais courir encore longtemps ? On dirait bien. Ma seule certitude, c'est que je suis dans la merde, parce que ma poursuivante est rapide, même avec son gosse sur le dos ! Je perds mon souffle et ma vitesse, en plus !
_Je regarde derrière moi, sans stopper ma fuite. Je les vois s'arrêter, sans raison apparente. Ils abandonnent ? Ah ah ! Vous ne faites pas le poids face à celle qui est arrivée première au cross du collège l'année dernière ! Hé hé, je suis plus endurante que des Pokémon, quelle gloire !
_Soudain, tout bascule. Si j'avais été dans un cartoon, j'aurais eu le temps de dire « oups, je vais avoir mal ». Mais je ne suis pas dans un dessin animé. Je suis dans le monde réel. Et dans le monde réel, il n'y a pas de temps de pause assez long entre le saut dans le vide et la chute pour avoir le temps de déclamer une phrase complète.
_Je me contente donc du traditionnel « AAAAAAAAHHHHHHHH !!!!! » avant de plonger dans les profondeurs du fleuve Délivrance dont le lit s'était ouvert en traître devant moi alors que je surveillais mes arrières.
_Plouf.

Pokémon #374_____Je me perds dans une immensité de bulles furieuses et de vagues tranchantes. L'eau est glaciale, mes vêtements sont lourds et collent à ma peau meurtrie par les chocs contre les rochers que le puissant courant m'oblige à heurter de plein fouet. Et jamais je ne parviens à en agripper un pour échapper à la déferlante qui veut m'entraîner vers le fond.
_D'ailleurs, où est le fond ? Le haut et le bas s'inversent sans cesse, c'est déroutant. Impossible de nager, de voir, de respirer, de vivre. Les remous rugissants m'agressent les tympans, les tasses froides que je bois malgré moi me frigorifient, me tuent.
_Pourtant, peu à peu, le silence prend place. Je ressens moins les télescopages avec les divers obstacles alors que je suis toujours projetée violemment contre ceux-ci. Ma réflexion se noie en même temps que moi. Mais il y a bien une question que je parviens à me poser encore.
_Suis-je en train de… mourir ?
_… Je ne veux pas.
_… JE NE VEUX PAS !
_C'a été rapide et douloureux, comme si quelqu'un avait jugé bon de m'arracher les yeux pour que je puisse mieux percevoir mon environnement. Je repère le fond. Je sens mes jambes et mes pieds engourdis. Je donne un coup sec et le plus puissant possible. Et saute hors de l'eau, un instant.
_Tout s'est passé très vite ensuite. Alors que je suis prête à recommencer la manœuvre une fois immergée à nouveau, quelque chose me ceinture la taille et me soulève au-dessus des eaux déchaînées. Cette chose exerce une pression si forte sur mon ventre que j'en recrache des litres.
_Je penche ma tête en avant pour mieux rendre. Je remarque les deux bras noirs me retenant fermement. Et le sol s'éloignant plus que de raison. Non, pitié, ne me dites pas que c'est ce que je crois que c'est ?
_Je me vois redescendre puis posée en douceur à terre, parfaitement en dehors du lit, alors qu'il y a quelques secondes, j'étais encore dedans, des mètres et des mètres plus bas. Loin d'éprouver de la gratitude envers mon sauveur, je le regarde plutôt avec crainte.
_Je ne connais pas beaucoup de Pokémon, mais cette espèce-là, je la reconnaîtrais entre mille ! Grand à l'apparence faussement fantomatique, ayant des jambes à l'occasion – histoire d'être encore plus imposant –, d'un noir d'encre, la gorge protégée par un col hérissé de pointes écarlates, une masse nuageuse en guise de chevelure, et seul un œil turquoise apparent, mon sang ne fait qu'un douloureux tour avant que je réussisse à gémir.

___… Hum… Je viens de vous sauver la vie, un remerciement serait le bienvenu, s'il vous plaît, dit-il le plus naturellement du monde.
___Mais tu es un… un… balbutié-je.
___… Je suis ?… Oh, je vois. Navré, j'ai omis de reprendre ma véritable apparence, s'excuse-t-il. J'avais oublié à quel point certaines personnes peuvent être terrorisées par les Darkrai. Mais voyez-vous, il m'était plus simple ainsi de vous éloigner du fleuve par les airs et de vous faire recracher l'eau en même temps, comprenez-vous ?

_Il se met à scintiller légèrement, comme si les reflets d'un liquide rouge baigné de lumière se reflétaient sur lui. Son corps se modifie, et à la place du Darkrai se tient à présent un… un quoi ?
_Sorte de grand renard bipède gris aux griffes couleur sang, il ne me rassure pas beaucoup. Le plus impressionnant chez cet animal est son abondante crinière (?) pourpre rassemblée près de sa pointe par une perle aussi azur que ses yeux perçants.
_Bien sûr, attachés aussi bas, certaines mèches s'échappent, mais elles sont d'une étonnante couleur cendre par rapport aux autres poils de sa toison. Elles sont aussi sombres que celles autour de son cou, si longs qu'ils se perdent derrière lui, aussi loin que ses oreilles.
_J'allais sortir mon Pokédex – glissé dans mon sac waterproof, l'idée de génie que j'ai eue de l'acheter ! – lorsqu'il lève une patte comme pour interrompre mon geste.

___Je vous en prie, n'utilisez pas cet objet sur moi, c'est terriblement vexant de se voir décrit comme un vulgaire sujet d'étude. Laissez-moi me présenter en personne. Kiirisss est mon prénom, mais les humains ne distinguant que rarement les individus d'une même espèce quand ils les nomment – il pousse un soupir las –, je suis un Zoroark. Ma nature vous est-elle plus limpide à présent ?
___… Euh… sincèrement, pas du tout. Je ne sais absolument rien sur les Zoroark, alors que tu le veuilles ou non, j'ai absolument besoin d'utiliser mon Pokédex, répliqué-je tandis que je l'active.

_« Zoroark, le Pokémon Polymorfox. Passé maître dans l'art de l'illusion, son hypnose ne se limite pas à une seule personne. Il est capable de subjuguer un grand nombre de cibles afin d'achever à loisir les proies et d'éloigner les éventuelles menaces pour son territoire ou sa meute. Il est tout à fait capable de prendre l'apparence de n'importe quel Pokémon, mais pas de copier ses attaques, juste de les simuler. »

___Peuh, quel manque conséquent de données… persifle-t-il.
___Bah que veux-tu que j'y fasse, c'est pas moi qui ai créé ce bidule ! Eh mais… ça n'explique pas pourquoi tu parles ! m'écrié-je, perturbée en réalisant que ce Pokémon est en train de converser avec moi dans un français plus que correct.
___Je suis télépathe. Je vous communique les pensées que je souhaite que vous entendiez. C'est pour cela que ma bouche ne remue pas.
___Ah bon (je ravale ma remarque sur le fait que pour moi, il n'a pas une bouche mais une gueule). Euh… merci. Mais j'aimerais rentrer chez moi, maintenant. J'ai froid…
___Hum, tout à fait normal. Je vais vous raccompagner. Je connais bien cet endroit. Mais une question me brûle les lèvres (quelles lèvres ?) : que diable faisiez-vous ici malgré la menace qui plane sur quelque humain s'aventurant dans cette forêt ?
___Oh misère, c'est vrai ! Terhal ! J'étais là pour le chercher !
___Un Terhal dites-vous ? Je l'ai croisé, il me semble. Il était auréolé d'une tristesse insondable. Quelle infortune a pu donc l'affecter ainsi ?
___Mmh… Je sais pas, mens-je, peu résolue à avouer ma faute. Je le cherche pour lui demander, je suis sa Dresseuse.

_Ses oreilles se redressent soudainement sur sa tête, il se fait attentif. Il écoute des sons trop faibles pour moi, j'imagine. Il me regarde et m'annonce, l'air désolé :

___Je ne vais guère pouvoir m'attarder plus longtemps, ni vous guider, je regrette, j'ai une urgence. Mais heureusement pour vous, vous êtes encore assez éloignée du repère des Darkrai pour qu'ils expriment le besoin de vous neutraliser. À partir d'ici dirigez-vous vers la direction que je vais prendre, sans dévier. Vous retrouverez le chemin.
_» Et ne vous inquiétez pas trop pour votre compagnon de métal, il m'a assuré qu'il retournerait vous voir ensuite. Qu'il… eh bien… n'avait pas beaucoup le choix ? Enfin, qu'importe, il vous attendra devant le laboratoire de la scientifique Aubépine. Bonne continuation.

_Il bondit vivement et disparaît dans la cime d'un arbre qui bruisse faiblement, puis plus rien. J'obéis donc à son indication et en effet, je récupère le sentier.

___Coaaaaaatox !

_Je fais volte-face et entrevois avec horreur les yeux jaunes de la mère du Cradopaud. Une de ses pattes attrape le col de mon tee-shirt et me jette contre un tronc.
_Pas le temps de crier.
_Pas le temps de pleurer.
_Juste celui de regretter amèrement sa stupidité.
_Une griffe aiguisée et suintante d'un fluide violâtre s'abat sur moi.

Pokémon #374_*NDA (note de l'auteure) : "My english is very bad.", soit "Mon anglais est très mauvais.". Qui sait, peut-être que Lena a eu comme prof d'anglais Gladys de la BD "Les profs", ce qui expliquerait son accent épouvantable et son niveau navrant. Pathetic !