Smirnoff : L'autre hypothèse
Chapitre 1 – Bons mots
« Et pour tous ces mots qui blessent
Il y a ceux qui nous caressent
Qui illuminent, qui touchent l'infini
Même si le néant existe,
For a fraction on this life I will give anything, anytime… »
(Mylène Farmer, Les mots)
Précédemment, dans Smirnoff.
- EXPLIQUER QUOI ???? EXPLIQUER QUOI !!!!!!!
- MERDE !!! MERDE, PUTAIN DE MERDE !
- CETTE PUTE S'EST TAPE L'INSPECTEUR !!! ELLE A COUCHE AVEC CE CONNARD D'INSPECTEUR !!!
- SEISME !!!
- Toi la ferme, sale pute ! Je ne veux plus JAMAIS entendre parler de toi ! Tu voulais une vie classique ? TU L'AS TA PUTAIN DE VIE CLASSIQUE !!! MAIS COMMENT TU AS PU... OSER... ENVISAGER...
- T'es désolée ? Bah tant pis pour ta gueule !
- Ecoute-moi, Ethan, mon fils. N'écoute jamais ta pute de mère. Crache-lui à la gueule autant de fois que possible. Quitte-là dès que tu le pourras. C'est une salope. Comme toutes les femmes. Toutes des salopes. Tu m'entends, Ethan ?
- Adieu, pétasse. Adieu, vous tous ! Ça m'aura fait plaisir mais finalement je préfère la vie loin de vos gueules de cons !
***
Bien sûr, bien sûr, Roland réussit à s'enfuir. A retirer plein d'argent – tout le contenu du compte commun. Il avait repoussé ses chers amis ainsi que son meilleur pote. Et puis il arriva à l'aéroport.
- Un aller simple pour New York.
La réceptionniste allait enregistrer Roland sur le prochain vol. Deux policiers arrivèrent.
- Le prochain vol décolle dans sept minutes !
- Cool.
- Vous n'avez pas de bagages enregistrés…
Les policiers prirent Roland à partie.
Il est préférable de passer cette partie des évènements parce que – disons-le tout de suite – Roland ne s'est pas laissé faire.
Et puis il a été arrêté.
Et maintenant, notre histoire commence vraiment.
***
- Tu as QUOI ???
Lily regarda Finn.
- Cette QUESTION ! J'ai appelé les flics ! Roland est un gros con, il a un GPS dans sa bagnole, alors ils l'ont traqué. Je leur ai dit que Roland avait tenté de tuer une dizaine de personnes en détruisant une maison.
Toute la petite famille avait atterri au commissariat où Roland avait été inculpé, sauf Léopold, Charlie, Yann, Amy et Dimitri qui étaient à l'hôpital vu que Charlie était blessé (par Roland, de surcroit) de même que David et Denis ne se trouvaient pas dans les parages.
Malcolm était silencieux, la tête basse, un peu dans le gaz, aux côtés de Claire. Estelle était encore secouée. Kate, Bernice, Colin et Aude se tenaient là sans trop y croire, les deux derniers voulant surtout récupérer leurs enfants. Etienne et Linda semblaient stupéfaits. Lily et Finn étaient debout contre un mur à discuter.
Rachel tenait Ethan, sonnée. Mais elle était prête à se battre.
- Comment une chose pareille a pu arriver… souffla Etienne en secouant la tête.
Tout le monde regarda le patriarche, éberlué.
- Qu'est-ce que vous voulez dire ? demanda Malcolm.
- … tout ça… cette fuite, ce… ce déchaînement de rage… Rachel, mais enfin qu'est-ce qui t'a pris ?
Les regards se tournèrent vers Rachel qui tenait un Ethan absolument épuisé nerveusement d'avoir pleuré, et pleuré, et repleuré. Ce matin encore, il était dans les griffes d'une réceptionniste d'asile psychotique. Le voilà au commissariat parce que son père a été arrêté. J'veux dire, laissez-le respirer, ce pauvre gosse.
- Pardon ?!
- Tu sais ce que je veux dire… marmonna Etienne.
Les autres semblaient attendre la réponse aussi. Rachel soupira, sentant que ça allait être sa fête.
- Qu'est-ce qui m'a pris… Je ne sais pas, demandez à la femme assise à votre droite, elle aura probablement la réponse.
- RACHEL ! s'offusqua Linda.
- Voyez.
C'était inhabituel de la part de Rachel.
D'être en position de défense, s'entend.
- Je… je voulais dire…
- Taisez-vous. Vous autant que tout le monde ici. Personne ici ne peut me juger d'aucune sorte. Personne. Personne.
- Quand même, tu avoueras que…
- C'était sympa ton avortement, Lily ?
Etienne releva la tête vers sa fille, abasourdie.
- Non mais…
- QUOI, NON MAIS ? ON EST AU TRIBUNAL ? OK, J'AI FAIT UNE CONNERIE. QUI N'EN A PAS FAIT ICI, BORDEL DE MERDE ?
Silence.
- ALORS VOS GUEULES. SINON LA PROCHAINE QUI SE FOUT EN ROGNE ET QUI CASSE TOUT, C'EST LA GROSSE PUTE EN FACE DE VOUS ! OK ?
Re-silence. Rachel se rassit dans son siège, prête à bondir. Ethan ne s'est même pas réveillé.
Un policier arriva.
- Euh… Est-ce qu'on peut voir quelqu'un…
Rachel se leva avec Ethan.
- Moi.
- … pas avec le petit.
Rachel fronça les sourcils.
- Ça change quoi ?
- Ça change qu'on ne fait pas rentrer un enfant pour écrire une déposition.
- Elles font comment les mères avec un enfant qui n'ont personne pour le leur garder ?
- Vous… êtes entourée de gens qui sont là avec vous pour la même chose que vous ! rétorqua le policier.
- Ils viennent juste de me traiter de pute, disons que j'hésite.
- Je ne peux pas vous laisser entrer alors.
- Très bien…
Rachel se dirigea vers Claire qui releva la tête.
- Claire, je ne sais pas ce que tu penses en ce moment, si tu es avec moi, contre moi, si tu penses que je suis la dernière des trainées…
- Je… euh…
- S'il te plait, je te confie Ethan, ne le donne à aucun d'entre eux, sauf à moi si je te le redemande.
Claire allait dire quelque chose, mais Rachel passa l'enfant à Claire qui le prit dans ses bras. Rachel suivit ensuite le policier.
Claire regarda tout le monde qui semblait affligé.
- Elle est gonflée quand même… souffla Lily.
- Je la comprends un peu… marmonna Claire.
Malcolm acquiesça et regarda Etienne.
- Je crois qu'elle a peur que vous lui repreniez Ethan.
- Elle est complètement paranoïaque, ça n'est pas à l'ordre du jour… souffla Etienne. Je pense qu'elle est aussi perturbée que nous tous. Elle va se calmer…
***
Le policier relut la déposition, étonné.
- Vous… Euh… Une déposition c'est censé retracer le cours des évènements…
- Je ne veux pas déposer une plainte ou quoi que ce soit, affirma Rachel. C'est juste ma belle-sœur qui a appelé la police. En ce qui me concerne, tant que mon mari est ici, je veux le récupérer.
- … En gros vous dites que c'est votre faute, que vous avez trompé votre mari, qu'il a fait une crise de nerfs et qu'il est parti… en brisant votre maison…
- Il était en rage, une maison ça se remplace.
- … une maison où il y avait des gens.
- Personne n'est mort.
- … Madame Smirnoff… Vous avez conscience que votre mari avait récupéré tout l'argent sur votre compte commun ? Qu'il allait partir en vous laissant ? Que si on ne l'avait pas arrêté, il ne serait pas là, aussi proche de vous, dans le même bâtiment ?!
- Je veux juste que vous le relâchiez.
- Il a blessé des gens avec un de ses Pokémon. Nous sommes au courant que son Tartard a frappé monsieur Charlie Winchester, nous avons eu confirmation par son mari.
- Il n'est pas mort ?
Le policier resta éberlué.
- Madame Smirnoff…
- Je sais, notion de préjudice, etc, je m'en fous, laissez-moi parler à mon mari.
- En l'état actuel, ça semble compromis, il insulte quiconque s'approche de sa cellule, on a été obligé de l'isoler, on l'a d'abord mis avec tout le monde mais il s'est battu, ensuite on l'a mis dans le grillage d'à côté mais il provoquait les types à côté et a failli causer une émeute. On a dû le mettre dans une cellule de dégrisement.
- Laissez-moi lui parler.
- Madame, si je fais ça, je vous mets en danger, votre mari est un homme dangereux.
- Mon mari est en colère, je l'ai trompé avec un inspecteur de police alors qu'on enquêtait sur la disparition de notre fils.
- Un inspecteur ? Quel inspecteur ?
- Je vous dis qui c'est à une seule condition.
- Vous n'êtes pas en position de…
- Je n'ai pas fait de déposition, vous ne pouvez rien me faire tant que je n'en ai pas faite. Laissez-moi entrer dans la cellule de mon mari, je vous dirais après lui avoir parlé quel est le policier avec qui j'ai fauté.
L'homme qui était censé interroger Rachel soupira.
- Très bien…
***
Rachel repassa par la salle où se trouvait tout le monde pour suivre le policier et se rendre aux cellules de dégrisement.
- Tout va bien, je vais juste voir Roland, prévint-elle.
- Quoi ?! Attends, quoi ?! s'étonna Finn.
- Rachel, mais enfin… s'étonna Estelle.
- Oh mon Dieu… souffla Kate en se couvrant la bouche.
- Rachel, Rachel !!
Malcolm suivit sa sœur.
- Rachel…
Elle se retourna vers son frère.
- Je l'aime toujours, Mac. C'est mon mari, c'est le père de mo… mes enfants. Je ne peux plus vivre sans lui.
- …
Malcolm aurait pu lui répondre « t'aurais pu y penser avant de… » mais il n'osa pas et préféra lui tendre la lettre de Roland.
- Je sais pas ce qu'il a écrit, mais…
- … merci, Malcolm.
Rachel poursuivit son chemin. Etienne secoua la tête.
- Il va la tuer…
- Je ne pense pas… marmonna Malcolm en se rasseyant à sa place.
Le policier tapa à la porte et allait parler, mais Rachel lui somma de ne rien dire.
- Laissez-moi juste entrer.
- … Je reste derrière la porte, si jamais ça devient critique, vous hurlez.
- Il y a des chances pour que je crie un peu. Je frapperais pour sortir.
- Bon.
Le policier ouvrit et Rachel entra. Roland, assis au fond, se leva.
- DEGAGE ! FOUS LE CAMP !
Le policier ferma derrière elle.
- PUTAIN DE TOUTES LES PERSONNES AU MONDE…
- Oh vas-y continue, j'ai tout mon temps.
- NE FAIS PAS LA MALIGNE !!!
Rachel acquiesça. Roland se leva du petit lit inconfortable.
- Fous le camp, Rachel, merde !
- Tu m'appelles par mon nom, c'est un progrès.
- DU VENT SALE PUTE MERDE !!! JE VEUX PAS TE VOIR ! TU VEUX QUE JE TE FRAPPE OU QUOI ??? C'EST CA QUE TU VEUX ??? PUTAIN !
- Si ça peut te calmer.
- ME PROVOQUE PAS ! C'EST TOI QUI EST EN FAUTE !
- Je sais.
- ARRETE ! ARRETE PUTAIN !! TU ME DEBECTES, RACHEL !!
- Je sais, je me débecte aussi.
- TAIS-TOI ! TU VAS TE TAIRE OUI OU MERDE ???
Rachel sortit la lettre de Malcolm, elle l'ouvrit et la lut.
- « Cher Malcolm. Dans une vie, il faut parfois… »
- … COMMENT OSES-TU…
- « choisir entre vivre à l'encontre de ses convictions »
- DONNE-MOI CA !!!
Roland se jeta sur Rachel qui le retint à bout de pied, coincée dans un coin.
- « et s'en satisfaire, vivre selon ses convictions »
- RENDS-MOI CA, ESPECE DE VIPERE !! VIPERE MENTEUSE, VICIEUSE, PETASSE, SALE PUTE T'ES QU'UNE SALE PUTE, MERDE !!!
- « et s'en plaindre, ou vivre en regardant les mêmes trains passer par sa fenêtre sans pour autant avoir un moment où on est vraiment heureux… »
Rachel repoussa Roland qui se rattrapa au mur.
- Tu le penses vraiment ?!
- C'EST PAS TES AFFAIRES !
- Tu n'étais pas heureux ?!
Roland regarda Rachel, surpris. Elle continua la lecture.
- « J'ai choisi de vivre selon ce que j'avais envie d'être, et pas selon ce que la vie m'imposait d'être. J'en ai fini avec ta sœur, avec toi, avec Ethan, avec les autres. A partir de maintenant vous devrez vivre sans moi. Je ne pense pas que cela sera très difficile »…
Rachel releva la tête.
- Comment oses-tu ?
- …
- Roland, c'est horrible ce que tu dis. Personne ne s'en fiche de toi. Tu es un homme bien. Ce que j'ai fait n'engage pas l'ensemble de notre mariage, de notre relation.
- … Je veux qu'on divorce.
- Vraiment ?
- Tu crois que je pourrais vivre avec toi qui… va faire la pute à la première crise venue ?!!
- Je n'ai pas « fait la pute », j'ai fait une grave erreur, mais une erreur qui n'est pas définitive…
- SI ! SI CA L'EST ! JE NE PENSE QU'A CA, RACHEL ! DEPUIS LE DEBUT !! MERDE !!
- Parce que tu fais une fixette, parce que tu es stupidement jaloux, parce que tu crois que c'est contre toi que j'ai fait ça.
- POUR QUOI D'AUTRE !!
- Parce que je sentais que peu à peu j'étais en train de tout perdre, Roland !
Roland regarda Rachel, pas sûr de comprendre.
- De tout perdre et… je… je voulais pas me retrouver seule, et…
- Tu crois que je vais accepter une excuse aussi conne ? « Je t'ai trompé parce que j'avais pas envie d'être seule » ?
- Ce n'est pas ça !
- C'est quoi alors ?
- Le sentiment que si on ne retrouvait pas Ethan, tu partirais et que je me retrouverais seule comme une conne avec le bébé à venir.
- … En plus, ouais, c'est vrai, t'es enceinte !! T'es enceinte de moi, t'as un bébé dans ton ventre, mais non, l'inspecteur est tellement sexy, tellement bonnard…
- Arrête…
- … ça doit être un bon coup, allons-y, après tout, Roland est un gros con, qu'est-ce qu'il a fait pour moi en cinq ans à part un gosse…
- Roland, je t'en prie…
Rachel soupira et continua la lettre.
- « J'imagine déjà Lily disant qu'elle se doutait que ce jour arriverait, ou David pleurant comme un bébé. Papa et maman doivent être choqués. Peu importe. Je ne suis plus là pour les voir. Et je ne m'en porte pas plus mal. » … ça aussi, je suis sûre que c'est faux.
- Pense ce que tu veux, j'en ai rien à faire.
- « Ne me pleurez pas. Pleurez le fait que quelque part, ce que j'ai fait était peut-être nécessaire pour briser une malédiction. Sans rancune, tu trouveras bien un autre meilleur pote à taquiner. »
Rachel releva la tête, hagarde.
- C'est vraiment ce que tu penses ?
- Quoi, que t'es une belle salope ?
- Non, que tu es maudit ?
- Quoi d'autre, sérieusement ! On est bien, toi et moi, je pensais que ça roulait, et là, PAF, à la moindre petite crise…
- Salaud !
- Quoi ? C'est moi le salaud maintenant ?!
- C'était PAS UNE PETITE CRISE, ROLAND ! JE TE DEFENDS DE DIRE CA ESPECE DE SALAUD HYPOCRITE !!!
Pour la première fois, Roland n'avait rien à rétorquer.
- J'ai cru que notre fils était MORT, COMBIEN de fois je me suis arrêtée dans l'enquête en me disant « mon Dieu, mon fils est peut-être mort, enterré vivant, dépecé, violé »…
- On l'a retrou…
- MAINTENANT OUI ON L'A RETROUVE, MAIS N'OSE PAS ME DIRE QUE PENDANT LES CINQ JOURS OU IL A DISPARU, ON N'ETAIT PAS EN CRISE ! ROLAND !! TU HURLAIS SUR TOUT LE MONDE, C'EST CLAIRE ET MALCOLM QUI ME L'ONT RACONTE !!!
Roland resta figé et silencieux.
- TU ETAIS AUSSI INQUIET QUE MOI SI CE N'EST PLUS ET SI CA AVAIT DURE PLUS LONGTEMPS, SI ON N'AVAIT PAS RETROUVE ETHAN, NOTRE MARIAGE SERAIT DEVENU UN ENFER, TU LE SAIS !! TU N'AVAIS PLUS D'ESPOIR, MOI NON PLUS ET MOI J'AI DECONNE, C'EST TOUT ! ALORS ARRETE DE FAIRE COMME SI C'ETAIT DERRIERE NOUS ET COMME SI TU AS TRAVERSE CA LES DOIGTS DANS LE NEZ, ESPECE DE GROS CONNARD EGOCENTRIQUE ET PRETENTIEUX DE MERDE !!!
Rachel serra les dents. Roland respirait bruyamment. Rachel le regarda, regrettant ses propos.
- …
- R… Roland, e…
- … comment t'as pu me faire ça…
Roland se mit à pleurer.
- Comment t'as pu… Comment…
Rachel regarda Roland qui fondait littéralement en larmes. Il s'était assis contre un mur de la cellule, laissant retomber l'immense pression de la rage, ayant eu affaire à autant de rage en face. Rachel approcha, elle n'aurait pas dû, lui auraient dit les policiers, mais elle était seule avec son mari, et son mari pleurait. Rachel le serra dans ses bras alors qu'il sanglotait.
- Rachel, j'ai mal…
- Je sais, je sais, je suis vraiment désolée, Roland. Vraiment.
- Ça fait mal…
- Je sais, j'aurais jamais dû, je sais.
Rachel avait bien compris que Roland s'était retrouvé face à un traumatisme d'enfance, ce qui l'avait poussé à s'énerver plus que de raison. C'est ça qui le faisait souffrir plus qu'autre chose, c'était la preuve qu'il avait eu tort de changer, et que sa vie était un immense gâchis. Du côté de Rachel, malgré l'acte, il y avait toujours un amour aussi profond et intact qu'au premier jour.
- Qu'est-ce qu'on va faire ?
C'est Roland qui avait posé la question. Rachel soupira.
- Ca va être un peu la merde, mais fais-moi confiance. Tu me fais confiance ?
Roland regarda Rachel, blasé.
- Sur ce coup-là ! grommela Rachel.
- Oui. Oui, bien sûr…
- Ok. Tu as essayé de détruire une maison où il y avait plein de gens et tu as frappé Charlie, c'est grave, ils peuvent t'inculper. J'ai négocié pour venir te voir ici, il faut absolument que j'arrive à te faire sortir même sous conditions, quitte à ce qu'on soit hébergés dans un truc social ou quoi. Je vais le faire mais déjà, je dois avoir une certitude. On reste ensemble, on repart comme avant, on fait table rase ?
Roland hésita en regardant de tous les côtés.
- Pense à Ethan, aussi.
Elle voulut lui dire qu'elle ne faisait confiance à personne autour d'eux, mais elle se ravisa, ne voulant pas balancer un bidon d'essence dans un braséro à peine éteint.
- Et à l'autre bébé… acquiesça Roland. Ok. Je…
Roland sembla se faire mal en le disant.
- Je pense pouvoir essayer de te pardonner, et on repart à zéro.
- Le début n'était pas nécessaire mais ça me fait plaisir. Je fais tout ce que je peux pour te sortir de là, c'est juré !
- Pas tout quand même.
Rachel grimaça. Roland sourit. Rachel acquiesça. Elle lui prit la main. Roland serra la main de Rachel dans la sienne.
***
Rachel sortit enfin de la cellule.
- Vous l'avez cal…
- C'est Sacha Nolan. C'est avec Sacha Nolan que j'ai couché.
Le policier plissa les yeux.
- L'inspecteur Sacha Nolan, de Hoenn Est ?!
Rachel hocha la tête.
- Putain, sa carrière est finie…
- Je m'en contrefous. J'ai besoin que mon mari sorte.
- Que… quoi ?!
- Que mon mari sorte.
- Madame, votre mari est accusé…
- Je sais, mais il peut sortir, non ? Il n'a tué personne.
- … On doit vérifier plusieurs choses…
- C'est-à-dire ?
Le policier à qui Rachel s'adressait était Pat Hummel, un vieux de la vieille ici, qui avait tout vu passer. Il soupira.
- On doit vérifier d'abord si personne ne veut porter plainte.
- Ca va prendre des heures ! grommela Rachel. Surtout, Roland a juste eu un coup de sang contre moi, c'est moi la victime principale et je refuse de porter plainte contre mon mari.
- Vous… êtes certaine d'être la victime ?!
- Vous êtes persuadé que je ne vais pas vous coller une beigne parce que vous êtes flic ? Vous me connaissez mal. Personne qui se trouvait dans la maison au moment où Roland l'a attaqué ne va porter plainte. Et auquel cas, je me porte garante pour mon mari, il ne sortira pas du territoire, je suis prête à signer.
- Bon, mais reste Charlie Winchester.
Rachel acquiesça.
- Lui, ok, vous pouvez lui demander.
- Alors on va appeler monsieur Winchester et voir s'il veut porter plainte. C'est un champion d'arène en plus, s'il porte plainte, vous allez le sentir passer.
Rachel soupira.
- Vous allez me dire aussi qu'il va falloir une caution pour qu'il sorte ?
- Même tarif que pour tout le monde, 10 000 Pokédollars. On peut les prélever sur l'argent que votre mari avait sur vous…
- Je veux, c'était sur notre compte commun !!
- Très bien, très bien. Priez pour que Charlie Winchester n'aie pas la rancune facile.
***
- Tu veux que je réajuste ton oreiller ?
- Mais non, tout va bien, Léo…
Charlie leva les yeux au ciel. Yann, Amy et Dimitri étaient dans la pièce également.
- J'ai eu beaucoup de chance qu'ils voient rapidement que j'avais une vertèbre légèrement déplacée…
- Heureusement que papa a menacé la moitié de l'hôpital… marmonna Yann.
Charlie regarda Léopold, blasé. Léo leva les mains.
- Coupaaaable…
Charlie sourit. On toqua à la porte. David, avec des fleurs.
- Salut… On m'a… euh…
Léo lança un regard noir vers le cadet Smirnoff tandis que Charlie était normal, bien qu'allongé sur un lit d'hôpital.
- Entre, David !
- J… Je suis désolé, c'est Lily qui… qui m'a dit ce qui s'était passé, j'ai… j'ai appris ce que Roland a fait…
- Oui, on peut dire que ton frère a été quelque peu sanguin cette fois… grommela Léopold.
- Je… je suis sûr que Roland avait des raisons de faire ce qu'il a fait…
- Comment va Denis ? demanda Charlie.
- B… Bien, il est sorti d'affaire, mais sa jambe est quand même dans un piteux état…
Un téléphone sonna. Yann sortit un téléphone de sa poche.
- C'est le tien, papa…
- Oh… Bah, réponds…
Yann répondit.
- Allô… … Non c'est Yann, son fils… Si je peux vous le passer euh… … ah, ok… attendez…
Yann regarda son père, couvrant le téléphone.
- Papa, c'est la police de Hoenn, ils veulent savoir si tu comptes porter plainte contre Roland…
Charlie haussa les sourcils. Léopold les fronça. David regarda Charlie, affolé.
- Euh…
Charlie regarda David, puis Léopold qui hocha la tête. Charlie serra les dents et regarda son fils.
- Bah… de toute façon il est parti, ça servirait à quoi, on va pas lancer un bête mandat d'arrêt international, ça sert à rien ces trucs là…
- Nan, apparemment il a été arrêté à l'aéroport et ils le détiennent au commissariat de Cimetronelle…
David s'illumina.
- Roland a été arrêté ! Il ne s'est pas enfui !! Chouette !!
- … J'aurais pas dit « Chouette »… marmonna Amy.
- Charlie, porte plainte ! grommela Léo.
Charlie regarda son mari alors que David était surpris.
- Mais euh… R… Roland était juste énervé…
- Il a frappé mon Charlie qui si ça se trouve va avoir des problèmes de dos toute sa vie !!
- J'avais déjà des problèmes de dos avant, Léo, ça va pas changer grand-chose, j'ai trente-cinq ans, pas dix-huit !
- … T… Tu es prêt à lui pardonner ça ?!
- Non, seulement de là à régler ça devant un tribunal… Non, j'en discuterais avec lui, s'il reste sur le territoire, on s'arrangera…
- On « s'arrangera » ?!! Charlie ! Il t'a frappé !!
- Et alors ? C'est pas grave !
- Le jour où tu seras tétraplégique à cause de tes problèmes de dos, on verra si c'est pas grave !
- Ooooook, j'ai entendu assez de conneries aujourd'hui, dis-leur que je ne porte pas plainte, Yann.
- D'ac… Mon père est dans un lit d'hôpital à cause de Roland Smirnoff mais il ne portera pas plainte contre lui… Voilà… De rien, au revoir…
Yann raccrocha.
- Désolé, papa, et désolé, David, mais je suis d'accord avec Léo, c'est pas super logique…
- On ne porte pas plainte les uns contre les autres entre amis, ça ne se fait pas. Roland ne l'aurait pas fait contre moi. Et j'aurais dit ça aussi même si David n'avait pas été là.
- Je… vais retourner auprès de Denis, hein…
- A plus tard, Dave. Oh et, tu as su qu'ils ont retrouvés Ethan !
- Que Dimitri a retrouvé Ethan ! sourit Yann.
- Ouais, merci Dimitri, vraiment…
- Je… me suis contenté d'être au bon endroit… admit Dimitri.
- Il a la victoire modeste ! ricana Charlie.
Dans son coin, Léopold bouillonnait contre Roland.
***
- Il a refusé.
- Je savais qu'il n'était pas con.
Scène surréaliste : Rachel à la réception qui s'adressait à Pat, et toute la famille derrière, Claire tenant toujours Ethan.
- On va donc procéder à la libération de votre mari… Il doit être assigné à résidence…
- Ca tombe bien, on n'en a plus…
- Un logement temporaire va vous être fourni pour deux mois.
- On a un enfant à charge, je pense utile de le mentionner.
- En effet. La caution de 10 000 Pokédollars va être prélevée sur l'argent qu'on a trouvé sur votre mari, il sera assigné à résidence avec un bracelet électronique.
- Je sens qu'il va adorer.
- Vous êtes susceptibles d'être appelés n'importe quand pour faire l'objet d'une poursuite judiciaire dans le cadre des actes de votre mari, et vous devrez répondre à l'appel dans les quarante-huit heures sans quoi vous serez forcés de vous y rendre par les autorités.
- Ok.
- Votre mari va donc être libéré sous ces conditions, signez ici…
Rachel s'y attela. Etienne s'étonna.
- Ca… Ça veut dire qu'il va venir ici ?
- Oui monsieur.
Echange de regards dans le groupe. Lily acquiesça.
- On repart.
- Hm.
- Ca vaut mieux je crois, sinon il va s'énerver… admit Linda.
- Sans rancune Rachel, mais on veut retrouver les enfants… marmonna Colin.
- A plus tard… lâcha Kate.
Ne restaient que Claire, qui tenait Ethan, et Malcolm.
- Rachel…
- Ca va, je comprends. Et Linda a raison dans un sens.
Pat ramena Roland. Lequel était tout penaud.
- … Y'a qu'eux ?
- Oui ! affirma Rachel.
- Tant mieux… Mac… Claire, désolé…
- Je… suppose que c'est excusable avec beaucoup de recul ! admit la jeune femme.
- On a un logement temporaire pour deux mois et tu vas porter un bracelet.
- Tout sauf rester ici…
- Tu as des griffures partout…
- Je me suis battu…
Rachel regarda Roland, à moitié inquiète et à moitié rassurée.
- On va rentrer et tout va rentrer dans l'ordre, ok ?
- T'es sûre de ça ?
- Non. Et toi ?
Roland haussa les épaules.
- J'suis jamais sûr de rien…
Ethan profita de cette accalmie pour se réveiller. Il vit son père.
- Papa ! Papa ! Papa !
- Heeeeey mon poussin…
- Papa t'es pas parti papa !!!
- Nan bonhomme. Désolé, papa a pété un câble…
Roland serra son fils dans ses bras, réalisant peu à peu ce qu'il aurait pu perdre.
- J'espère qu'il y aura une douche, je pue… grommela Roland.
- Oui papa sent pas bon ! grogna Ethan.
- Voilà l'adresse du logement où vous serez temporairement placés.
- Merci…
Roland regarda le policier, méfiant. Rachel regarda son mari.
- Tu ne vas pas commencer !
- Bien sûr que si…
- Oh et pour Sacha Nolan, il a été démis de ses fonctions et il n'exercera plus jamais dans la police, rassurez-vous.
Rachel resta interdite, alors que le visage de Roland s'emplit d'une infinie félicité.
- Voilà. Là, je suis calmé !
Malcolm et Claire se regardèrent, l'air entendus.