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Goodbye for Last Time, Goodbye for Ever de BulbiRom1



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» Auteur : BulbiRom1 - Voir le profil
» Créé le 25/02/2012 à 11:32
» Dernière mise à jour le 25/02/2012 à 11:44

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Chapitre 6 - Je suis un Combattant de Nésepe
5 générations... 5 générations que je suis à Nésepe.
J'ai beau m'y sentir chez moi, je sens qu'il manque toujours quelque chose.
J'ai enfin été promu officiellement Expert Combattant. Il était temps. Les sages disaient que j'avais un grand potentiel, mais qu'une part d'ombre m'empêchait de progresser aussi vite que j'aurais dû. S'ils savaient comme c'est dur d'oublier ce genre de choses. En même temps, nous étions prévenus depuis le début, et ce qui nous arrive est normal. « Ne vous attachez à personne, il est possible que le lendemain vous ne la voyez plus jamais ». Je ne pensais pas que ça vaudrait aussi en ce sens, que cela m'aurait fait aussi mal. Par contre, je n'ai toujours pas été résolu à me séparer de l'anneau bleu-vert accroché à mon oreille.
Enfin bon, cela est fait. Je vais enfin avoir des missions un peu plus intéressantes que celles que j'ai eues précédemment. Si je récapitule bien, j'ai escorté cinq fois des gens quelque peu paranoïaques sur les bords, vu qu'aucun agresseur n'est jamais apparu. A moins que ce ne soit ma présence qui les en dissuadait, car j'avais quand même senti quelques sombre pensées par moments. A deux reprises, j'ai transporté des documents à des administrations où j'ai dû attendre plusieurs heures pour les rapporter avec quelques cachets supplémentaires, et bien d'autres du genre, alors que je voyais mes supérieurs se faire appeler pour arrêter des groupes entiers de fauteurs de troubles. La seule fois où mes talents de combat m'ont été utiles, c'est quand un Branette a tenté de m'agresser dans une ruelle obscure alors que j'effectuais une patrouille dans une petite ville.
Mais ce temps est révolu, je vais enfin pouvoir me rendre vraiment utile et laisser ces tâches, qui ont certes leur importance, mais qui ne me suffisent plus, aux nouveaux venus.
Par contre, un des nouveaux aspects de cet endroit que j'apprécie grandement sont les « prières d'élévation spirituel ». Nésepe n'est bien sûr pas une secte, mais les théories sur le repos de l'âme, l'autre monde et les énergies chaotiques et bienfaisantes qui empliraient le monde ne sont pas dépourvues d'intérêts. De plus, l'aura semble elle-même certifier quelques-unes de ces suppositions, et je commence à mieux comprendre cette force qui circule en moi. Et le directeur est également un Lucario, il n'est pas sans savoir quelques informations qu'il ne manque pas de me communiquer afin d'éclairer un peu plus ma voie.

C'est ça, la vie que je dois avoir.

***

La joie de Teilaste fut de courte durée. Alors qu'il n'avait toujours pas reçu sa première véritable mission, les quelques journaux qu'ils recevaient lui apprirent une nouvelle qui lui fit froid dans le dos :
« Le dirigeant de Pragése empoisonné : Nésepe, son concurrent, fortement soupçonné. »
Le Lucario fut particulièrement choqué par cette nouvelle, surtout qu'il ignorait cette rivalité entre les deux centres. Il n'y avait que trois « université » de combat sur tout le continent, et Pragése avait toujours été considérée comme supérieure à Nésepe, elle-même au-dessus de Tacambta, qui était celle qui recrutait le plus de personnel et où étaient partis la plupart des anciens compagnons de Teilaste (seulement deux autres étaient arrivé à Nésepe avec lui, et il n'en connaissait qu'un seul d'entre eux).
En continuant sa lecture, il apprit que les arguments principaux étaient que la méthode ressemblait fort aux techniques d'assassinats de son centre, et que le fait que celui-ci aie de plus en plus de réussites pouvait lui faire naître une soif de pouvoir et vouloir passer numéro un. La première raison ne le surpris pas plus que cela : il est vrai que, en cas de trop gros risques, les Nésepiens soient obligés de recourir au meurtre, de la manière la plus discrète possible, même si le poison n'était pas la plus utilisée. Le fait qu'aucune trace n'avait été laissée les classait donc comme principaux suspects. Mais l'histoire de la concurrence ne lui convenait pas : comment deux systèmes assurant la protection de toute une population pouvaient-ils être rivaux ? D'autant plus que sa « guilde » était réputée pour sa modestie et se contentait d'effectuer son travail sans aucun problème. Et d'ailleurs, comment pouvait-on définir que l'un était meilleur que l'autre ? A part le petit tournoi de combat qui avait lieu toutes les dix générations et qui opposait leurs meilleurs combattants, et encore, cela ne prouvait rien. Ils étaient de toute façon sensés combattre main dans la main... Alors pourquoi auraient-ils tué un de leurs plus grands alliés ? Non, c'était tout bonnement impossible.
Il lut en diagonale la fin de l'article. Seuls quelques mots retinrent son attention : « système de sécurité et garde expérimentée [...] réputée comme impénétrable [...] seul un véritable expert aurait pu réussir un tel coup [...] Un émissaire devrait bientôt se rendre à Nésepe afin d'entamer le dialogue et mettre au point une date de négociation. »
Cette dernière phrase fut la seule qu'il ait considérée comme importante, mais, alors qu'il se rendait vers le bureau du directeur pour lui annoncer la nouvelle, il remarqua un attroupement autour de l'entrée du bâtiment. Ainsi, il était déjà arrivé.

Il eut juste le temps de voir le vieux Lucario au pelage gris qui conclut le dialogue par un « je comprends, je ferrai le nécessaire ». Le Linéon qui venait d'apporter le message rabaissa alors la visière de son casque et repartit à toute vitesse à travers la plaine. Le vieux Pokémon fit alors signe à Teilaste de l'accompagner à l'écart.
- Oui, maître ? dit le renard au pelage bleu, masquant sa curiosité.
- Oh, cesse de m'appeler maître, je te l'ai dis cent fois. Dis-moi simplement Torm, comme tout le monde.
- Bien,... Torm.
- Voilà. J'ai besoin de toi. Tu tentes de me le cacher, mais je sens que tu voudrais savoir ce qui se passe. Tu es cultivé et tu as dû lire les nouvelles, tu connais donc la situation. Ce Linéon que tu as vu partir est bel et bien l'émissaire envoyé par Pragése, et il est venu m'exposer la situation : un archiviste de leur guilde va venir nous rejoindre, ayant étudié un cas similaire qui avait déjà eu lieu par le passé, et ainsi voir comment le conflit a été résolu. De part sa qualité de négociateur, il sera également possible d'élever un débat, voire même de prouver notre innocence.
- Certes, mais vous ne voulez tout de même pas que j'y participe ? le coupa presque Teilaste, troublé par cette perspective peu agréable car n'étant pas très assuré dans la matière de la rhétorique.
-Non, bien sûr que non, ne t'inquiète pas. Tu auras en charge l'équipe qui devra l'escorter de Pragése à Nésepe, à travers la Grande Plaine du Centre. Cette manœuvre a bien sûr pour but de protéger cet érudit, et qui par conséquent n'est pas très adroit pour se battre et se défendre, mais vous devrez essayer de gagner sa sympathie afin que son jugement soit le moins néfaste pour notre organisation.
- Bien. Combien seront-nous ?
Torm hésita à lui annoncer le nombre, et finalement lâcha...
- Dix...
- Dix ? Il commença à s'emporter. Mais, sauf votre respect, pourquoi un si grand effectif pour un seul homme ? Je sais la Plaine considérée comme dangereuse, mais...
- Ce ne sont pas mes conditions, le coupa sèchement le vieux Lucario. Les Praségistes nous ont toujours considérés comme des vantards et estiment qu'il valait mieux être trop que pas assez. Ils nous ont toujours sous-estimées.
- Mais vous savez que cela représente tout de même dix pour cent de nos membres.
- Je sais... Maintenant laisse-moi, je veux aller demander conseil aux sages et planifier notre rencontre.
La conversation était close.

Teilaste ne pouvait pas se plaindre de sa nouvelle mission. Même s'il s'agissait encore d'une escorte, elle était d'autant plus trépidante par son passage par la Grande Plaine du Centre. C'était un terrain gigantesque n'appartenant à personne en particulier, hors de l'influence des dirigeants et était le parfait repère pour brigands et autres malfaiteurs. Sans compter les Pokémon qui avaient renié la vie citadine et vivaient désormais de pêche et de chasse, aspirant à un retour aux origines afin de repartir sur de meilleures bases (ce qui était d'ailleurs sans aucun sens, car les énergies de ce monde étaient nullement néfaste pour l'environnement, et ils n'auraient jamais pu aussi bien progresser dans tous les domaines en suivant une autre voie que celle qui les guidait toujours), mais ils s'attaquaient surtout à quiconque semblait avoir trop profité du progrès (progrès qui ne quittait d'ailleurs jamais les grandes agglomérations, certains villages restaient encore bien en retard par rapport à la capitale). Seule les armures et quelques armes contenaient l'équivalent de ce qui serait des composants électroniques dans notre monde, aussi ils avaient peu de chances de se faire agresser par ces gens qui cherchaient juste un prétexte à leur misanthropie. Donc, en résumé, il aurait à traverser un territoire dangereux en compagnie de neuf autres Combattants moins expérimentés et sous ses ordres afin d'escorter un érudit. Enfin un objectif intéressant.
Mais finalement, il ne lui plaisait pas. Dans ce contexte de tensions, le fait qu'un si grand nombre de guerriers soit avec lui alors que trois auraient suffit le tourmentait. Néanmoins, il n'avait pas le choix, et il partirait au prochain lever.

***

Un cycle de l'astre du jour avait suffit aux dix Combattant à rejoindre Pragése. A leur arrivée, tous se détournèrent d'eux et leur lancèrent un regard noir. Mais ils ne s'aventurèrent pas dans la bâtisse, à laquelle ils ne jetèrent même pas un coup d'œil. Le négociateur devrait les rejoindre après le coucher de la sphère blanche, aux premières lueurs de l'aube. En attendant, ils furent placés à l'écart du bâtiment, dans des tentes miteuses au toit percé. Charmant.
Les Nésepiens décidèrent d'organiser des tours de garde pour la nuit. Le choix fut rapidement fait par Teilaste, qui décida d'être le cinquième, soit celui qui passerait la plus mauvaise nuit, coupée exactement en deux afin de surveiller leur campement.

Rien n'eut été à signaler, sinon quelques Praségistes curieux qui les approchèrent un peu trop à leur goût, et à qui ils firent rapidement comprendre, d'un regard froid, qu'à la même manière que le bâtiment n'avait pas accueilli les étrangers, ses habitants n'étaient pas les bienvenus chez eux.

Aux premiers rayons du jour, tous se levèrent et se rééquipèrent sans bruit, puis allèrent chercher le Drascore qu'ils devraient donc accompagner. Celui-ci portant une grande toge blanche qui ne laissait émerger que ses bras et sa tête. Il avait un air suffisant et dédaigneux que Teilaste réprouvât immédiatement. Il le sonda sans attendre, et sentit que ce Pokémon de lettre n'allait pas être un agréable compagnon. Après un contact bref et déplaisant, « Monsieur », puisque c'est ainsi qu'il voulait être appelé, suivit les Combattants sans un bruit. Il était évident qu'aucun contact amical ne serait à espérer.
Le retour fut épouvantable. Le groupe fut tout d'abord agressé par des bandits de grand chemin qui voulurent les détrousser de leur équipement qui semblait de grande valeur. Une courte bataille s'ensuivit, et les voleurs abandonnèrent rapidement ce combat trop inégal, leurs adversaires étant trop expérimentés. A un moment seulement, « Monsieur » s'exposa un peu trop, et Fglot, un Chapignon, essuya dans le bras le carreau d'arbalète qui était destiné à leur protégé. Le muscle était perforé et il n'avait aucun moyen de le soigner tant qu'ils ne seraient pas rentrés.
Puis l'érudit, alors qu'ils n'avaient parcouru qu'un huitième du chemin, se dit fatigué et leur demanda s'il n'existait pas un coin agréable afin de se reposer. Jugeant qu'il valait mieux ne pas le froisser, ils découvrirent qu'un petit lac se trouvait plus ou moins sur leur trajet, et s'y dirigèrent, accompagné du Drascore qui se plaignait qu'ils n'y aient pas pensé avant.

Au moment de repartir, ils aperçurent un nuage de fumée un peu plus loin. Mais, retardés par le blessé et le négociateur qui trouvait n'importe quel prétexte pour ralentir la cadence, ils ne purent pas savoir de quoi il s'agissait. Même par le biais de l'aura, Teilaste ne réussit pas à distinguer quelque chose de précis, si ce n'était qu'il s'agissait d'un groupe d'une grosse centaine de personne ou animaux.

- C'est encore loin ?
- Si vous passez votre temps à nous ralentir, il est évident que le temps va vous paraître long... lâcha un Vigoroth, excédé.
- Pug'la, l'interpella sèchement Teilaste. Ne manque pas de respect à notre protégé !
- Pardon... Monsieur.
Fglot laissa échapper un petit rire sec, puis la douleur de son bras lui tordit le visage.
Mais il était vrai que le Drascore leur tapait sérieusement sur les nerfs à tous. Voilà maintenant plus de deux levers et couchers qu'ils marchaient lentement pour qu'il aille à son rythme, et il y avait des chances que cela en prenne trois au total. Même s'ils avaient mené quelques combats, et que personne d'autre n'avait été touché, ils s'ennuyaient ferme en compagnie de ce casse-moral.
Soudain, le Lucario fit un mouvement du bras pour interrompre la troupe devant un buisson.
- Qu'est-ce qui se passe ? glissa l'érudit, vaguement inquiet
- ...
- S'il vous plaît ?
- ... Rien, rassurez vous, on y va.
Ils reprirent la route comme si de rien n'était, mais Teilaste scruta le bosquet tout en marchant. Il sentait une présence, deux Pokémon qui les observaient. Il était désormais trop loin pour connaître leurs intentions, mais ils ne semblaient pas leur vouloir du mal. Il avait même eu l'impression de sentir de la crainte quand il s'était arrêté, comme s'ils avaient eu peur d'être découverts. Mais il décida que cela n'avait plus d'importance, et oublia vite l'incident.

Trois arrêts plus tard, ils reconnurent les sentiers proches de Nésepe. Ils accélérèrent le pas et demandèrent à leur protégé de faire un dernier effort. Celui-ci n'arrêtait pas de se comporter bizarrement depuis le dernier arrêt devant les fourrés, faisant des gestes brusques de temps à autres lorsque quelqu'un lui tournait le dos, si bien qu'il fut discrètement décidé d'encadrer ce personnage qui semblait bien devenir dangereux. Et enfin...
- Vous avez vu ?, fit l'un d'eux de manière anodine, il va y avoir de l'orage, on peut voir de gros nuages là-bas.
Mais quelque chose clochait avec ces volutes. Elles étaient beaucoup trop sombres pour qu'il s'agisse de simples nuages. Soudain, Teilaste eut un nœud dans la gorge. Il se précipita vers son objectif.
- Dépêchez-vous, hurla-t-il à ses coéquipiers.
Ils passèrent la petite butte juste avant le bâtiment et s'arrêtèrent net.
En face d'eux, il ne restait que les ruines de Nésepe. Quelques charpentes étaient encore en feu çà et là, et les corps de leurs compagnons gisaient au sol, calcinés ou portant les traces d'une lutte sanglante. Une bourrasque de vent les enveloppa.
- Ce n'est pas un orage...
Teilaste se tourna vers le Drascore qui tentait de les rattraper en courant comme il le pouvait.
... c'est une tempête !

***

L'insecte arriva enfin au niveau du renard bleuté. Celui-ci était à genoux et contemplait le désastre. Ses compagnons étaient partis, sous ses ordres, rechercher d'éventuels survivants. Doucement, le Drascore se plaça dans son dos, profitant que l'autre soit abasourdi. Il releva lentement un pan de sa toge, et fit glisser l'épée qu'il dissimulait. Il posa sa main sur la poignée.
- Tu crois que je ne sens pas tes intentions ? murmura Teilaste.
Le bruit feutré de la lame d'acier glissant hors de l'étui fut sa seule réponse.
- Tu penses que je me sens perdu ? Que je n'ai plus de raison de me battre ?
Le Drascore posa sa lame contre son cou.
- Je m'en fous, rétorqua-t-il.
Il leva le bras, et l'abattit violement... dans le vide.
-Que... ?
Immédiatement, il sentit un bras autour de sa taille, deux lames sous son cou et un poids dans le dos.
- Parle, lui souffla doucement le Pokémon bleu.
- Comment as-tu...
- PARLE !
Il appuya sa Tornade Occulte sur son cou. La carapace se brisa légèrement et quelques gouttes de sang perlèrent sur la veste blanche.
- Je te tranche la tête tout de suite ou j'attends un peu ?
Les yeux de Teilaste brillaient d'un éclat meurtrier, enflammés par la haine et l'esprit de vengeance. Il fit jaillir les griffes de son autre gant et commença à racler son abdomen.
- Ok ok ok ok ! Je ne suis pas un érudit. Je suis un Combattant de Pragése ! Un maître, même. J'étais sensé vous éliminer dès que je savais que mes compagnons avaient réussi...
-... à détruire Nésepe.
- Oui ! Voilà, c'est ça !
Son regard commençait à s'emballer. Son adversaire accentuait la pression, et le liquide rouge affluait de plus en plus.
- Continue !
- Je devais *kof*... je devais vous retarder un maximum, voire même vous affaiblir durant le trajet, le temps que les autres fassent leur travail.
- Donc le nuage de poussière et ceux que j'ai senti dans le buisson...
- C'était eux ! Au retour, ils devaient envoyer deux espions afin de voir où nous en étions, et éventuellement me prévenir qu'ils avaient réussi.
- Pourquoi avez-vous fait cela ?
- Mais c'est l'esprit même de la vengeance ! Vous avez tué notre dirigeant !
- Et comment en es-tu sûr ?
- Mais c'est son conseiller qui nous l'a affirmé ! Il est médium, devin... C'est même lui qui le remplace maintenant !
- Je vois. Merci, Monsieur.
Il le jeta brutalement au sol. Le Drascore roula jusqu'au pied de la bâtisse qui avait désormais presque fini de brûler. Teilaste marcha lentement vers lui.
- Et maintenant, tu vas me tuer ?
- Nous autres, Combattants, n'ont l'autorisation de tuer qu'en cas de nécessité. Tu sembles l'avoir oublié. Vous n'êtes que des renégats, à Pragése ! Vous avez abandonné ce qui était la loi la plus importante de notre ordre ! Je vais donc te laisser vivre, débrouille-toi comme tu le peux, mais n'attends pas mon aide.
- Pfu...
Il cracha à terre
- Et qu'est-ce que tu crois pouvoir faire après ? Ce n'est plus la peine d'essayer de nous attaquer, vous êtes trop peu nombreux ! Et visiblement, vos compagnons se sont fait massacrer, je ne vois que très peu de corps des Praségistes. Vous allez vivre dans le désarroi et la honte de n'avoir rien fait ! Hahaha !
Il avait un rire caverneux. Depuis le début de leur conversation, Teilaste n'avait pas cessé de le sonder.
- Je vois que ta tâche était également de nous démoraliser si jamais tu échouais... Tes amis avaient sans doute peur des représailles ? Ont-ils réellement combattu, d'ailleurs, ou ont-ils juste incendié notre domaine, assassinant ceux qui s'échappaient ? De toute façon, ce que je vais faire ne te regarde en rien...
Sur ce, il commença à s'aventurer dans les ruines à la recherche d'autre survivants, laissant son ennemi abasourdit ramper le plus loin possible. Puis un craquement sourd se fit entendre, et un mur entier s'effondra. Un esprit disparu. Seul un bras violet inerte dépassa des débris de roche. Le Pokémon bleu n'en fut en rien émotionné, le destin châtiait ceux qui avaient tenté de modifier son cours un jour ou l'autre.

Le Lucario sonda les ruines entières, et dénombra une vingtaine de survivants, en comptant ses compagnons de voyage. Par endroits, un produit noir et gluant s'accrochait à ses pieds, qu'il détachait alors rageusement avant de le lancer dans les dernières braises. La sombre glue nourrit alors les flammes qui grandirent brutalement. Sans doute le produit utilisé pour brûler Nésepe. Soudain, un râle à sa droite détourna son attention. Il vit Torm, le corps à moitié brûlé et couvert de balafres qui lui tendait la patte. Il s'approcha du vieux Pokémon et s'agenouilla dans la poussière, à son chevet.
- Teilaste, fit-il faiblement
- Oui, c'est moi.
- Les Praségistes, ils...
- Je sais.
Il était calme. Il savait déjà ce qu'il allait se passer et était déjà résigné au pire.
- Venge-nous ! Tu savais que nous étions innocents. Ils ont violé la loi principale, les traîtres doivent être châtiés.
- Je ne peux pas tuer...
- Mais tu DOIS libérer nos consciences ! Et quand tu seras là-bas, que crois tu qu'ils feront ? Des rescapés ? La belle affaire ! Tu n'auras pas d'autres choix, ou ils auront ta peau, et celle de tous tes camarades. Je... *krofr*
Il cracha un caillot de sang.
- Je te fais confiance ! Tu es notre seul espoir ! Attaquez de nuit, et discrètement, puisque apparemment, nos méthodes sont ainsi faites. Adieu, Teilaste. Tu portes l'esprit des Nésepiens avec toi.
Il expira, mais sa poitrine ne se souleva plus. Le Lucario lui ferma les yeux sans afficher aucune émotion, même s'il était bouleversé par la brutale séparation de la seule personne qui lui avait appris à maîtriser parfaitement les mystères de l'aura. Fidel à son éducation spirituelle, il posa le poing sur la poitrine du défunt, la porta à ses lèvres, puis le colla sur son cœur.
Il se releva et rassembla ses compagnons.
Le crépuscule arriva et emporta le souvenir de nombreuses âmes qui n'eurent pas la chance de le voir une dernière fois.