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Goodbye for Last Time, Goodbye for Ever de BulbiRom1



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» Auteur : BulbiRom1 - Voir le profil
» Créé le 25/02/2012 à 11:29
» Dernière mise à jour le 25/02/2012 à 17:06

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Chapitre 5 - Les larmes de l'envol
Une génération plus tard.
Teilaste, Faivore et tous les autres élèves ont énormément progressé. Leurs techniques se sont améliorées, leurs sens se sont affinés, leurs pouvoirs se sont décuplés. De temps en temps, ils se sont fait défier par d'autres membres de l'école afin de tester leur niveau, qu'ils soient nouveaux ou anciens. Teilaste en est souvent sorti victorieux, mais cela n'excluait pas quelques défaites cuisantes, auprès desquelles il apprit beaucoup. Malgré cela, il était globalement satisfait par deux combats dans tout son apprentissage. Le premier était un grand Arcanin au pelage argenté, qui le défia avec pour seul contrainte de n'utiliser que des attaques énergétiques. Il s'en était fallu d'un cheveu, mais Teilaste arriva à l'atteindre en pleine tête avec un Aurasphère à bout portant quelques secondes avant de subir un puissant Croc de Feu qui l'aurait sans doute mis au tapis. Le second était un Mackogneur armé d'une épée courte dans chaque main. Mais Teilaste ne se débina pas devant cette difficulté et réussi à combiner un Close-Combat et un Danse-Lame qui devint alors une capacité à la fois offensive et protectrice, grâce à l'usage de ses Tornades Occultes, parant les lames et frappant immédiatement après. Le Pokémon s'évanoui sur l'instant. Mais la fierté engendrée par ces combats était surtout due à la carrure des adversaires, car il apprit qu'il s'agissait de deux maîtres de l'école. Néanmoins il demeura modeste, comme on leur enseignait depuis trois générations maintenant, et continua à s'entraîner. Faivore, de son côté, le tenait aussi au courant de ses prouesses, et elle semblait représenter un des meilleurs éléments de l'école.
Leur relation progressait de jour en jour, mais leur comportement ne changeait pas beaucoup. Ils continuaient de se parler normalement, évoquant seulement quelques sujets encore plus intimes que ceux qu'ils évoquaient déjà. Le Lucario s'étonnait d'ailleurs qu'ils parlaient déjà de choses qu'on ne partage pas forcément, même entre amis proches, avant qu'il ne lui « déclare » sa flamme. Toujours est-il qu'ils s'aimaient plus que tout, ne pouvant être loin de l'autre plus d'une demi-journée sans en ressentir le terrible, l'oppressant manque de l'être cher. Durant la Saison Rejaillissante, ils s'allongeaient dans l'herbe, main dans la main, et pendant la Saison Déchue, ils allaient marcher au milieu des feuilles au crépuscule de leur vie et des arbres en deuil, et s'arrêtaient sous l'un d'entre eux où ces sortes de larmes végétales s'accrochaient encore au cycle infini. La Saison Auréolée, ils admiraient le coucher de l'astre de lumière au milieu des pétales tombées, laissant place aux premières graines, et lors de la Saison Morte, ils demeuraient au chaud contact l'un de l'autre, sous la neige tombante, si longtemps qu'ils semblaient transformés en seigneurs des glaces grâce à la robe que formait ces cristaux venus des cieux sur leurs corps immobiles, plongés dans cette éternelle et douce étreinte. Teilaste se découvrait une âme de poète, entretenue par les nombreux livres qu'il avait lu durant toute cette période, et était capable de créer un poème, sans prétention bien sûr, mais doux et profond, simplement inspiré par sa muse et les intempéries de la nature :
« Dans le reflet d'une larme, seul éclat dans l'ombre
Une âme blanche, dans l'aube aux émois
Telle une flamme, scindant vive l'onde
Jamais ne flanche, glissant sans cesse plus près de toi
Jusqu'au crépuscule, traversant les cieux
Je rejoins ton esprit et plonge dans ton cœur
Telle une goutte d'eau sur une lance de feu
Je t'aime plus que folie d'un amour qui jamais ne meurt.»
Et Faivore relançait, sur le même air :
« Mes yeux se posent au loin
Mais je ne vois plus que toi
Partout où j'irais, ce besoin
De t'avoir auprès de moi
Mais dans mon coeur, avec soin
Toujours je garderais
De toi, cette douce présence au moins
Car je t'aime et toujours je t'aimerais. »

Le bonheur, tout simplement.

***

Un jour cependant, on annonça à une bonne partie des élèves qu'ils devaient se préparer à choisir leur université de combat où ils œuvreraient désormais jusqu'à la fin de leurs jours. Chacun fut bouleversé par la nouvelle, n'ayant pas vu les trois années passer. Tout le monde examina les différents cas possibles parmi les 4 lieux disponibles. Cependant, un seul intéressait Teilaste : Pragése, où s'entraînent les plus puissants et les plus habiles Combattants de ce monde, légèrement devant Nésepe, un autre endroit prestigieux, qu'il se réserva comme plan B. Car si Pragése était à ce point privilégiée par rapport aux autres possibilités, elle n'en était pas moins la plus difficile d'accès : les sélections étaient rudes et sévères. Mais Teilaste comptait sur sa réussite au « test de survie », il y a un peu plus d'une génération, il savait que le chemin lui serait facilité.
A la fin de leur période de réflexion de deux couchers, il en avisa Mulgio, qui le félicita de son choix et lui assura qu'il avait ses chances, avant de s'en aller dans la pièce réservée aux maîtres pour leur demander leur avis. Teilaste attendit paisiblement dans le hall, et le Cizayox revint rapidement, la mine déconfite.
- Teilaste, soupira-t-il, tout le monde est d'accord avec ton choix, tu en as les capacités. Malheureusement, ils n'accueilleront qu'une seule personne cette année, et quelqu'un d'autre fait également un bon candidat. Comme nous ne savons pas vraiment lequel des deux choisir, vous allez devoir vous affronter et nous devrons déterminer qui est le plus habile pour Pragése. Tu sais que nous avons horreur de devoir vous mettre dans des cases et d'avoir à départager des élèves, mais nous n'avons pas le choix. »
Le Lucario acquiesça. Il était tout à fait d'accord et s'y attendait. Le combat aurait lieu demain, et il décida de se reposer, car son destin pouvait bien dépendre de sa réussite.

Le lever suivant, Derale vint le réveiller aux aurores afin d'éviter d'éventuels curieux. Il suivit l'Alakazam jusqu'à la salle de combat la plus proche, et on lui demanda d'attendre, lui affirmant que son adversaire y était déjà. Les lumières étaient éteintes, ils voulaient jouer sur le suspense. Jouant franc-jeu, le Lucario décida de ne pas sonder son adversaire par le biais de l'aura. Néanmoins, ses pouvoirs désormais plus puissants le faisait inconsciemment, et il sentait une présence à laquelle il était habitué. Un camarade de classe, sans doute. Il dégaina les lames de son poing droit et son lanceur à gauche, en mode grappin. La règle consistait à mettre l' « ennemi » dans une position où il était totalement à la merci de l'autre Combattant et ne pouvait plus faire le moindre mouvement sans risquer de perdre conscience... au moins. Il entendit un cliquetis métallique en face, lui indiquant que l'autre était également prêt à sa battre. Mais ce bruit le figea. Il le reconnaissait.
- Préparez-vous ! fit une voix.
Teilaste se mis en garde. Soudain, la lumière jaillit. Et sa pupille se rétracta. Il tressaillit.

En face de lui se tenait Faivore.

***

Teilaste !?!
Mais je ce n'est... non... je ne peux pas... merde ! Pourquoi a-t-il fallu que je tombe contre lui ? Je ne vais jamais pouvoir me battre à fond ! En même temps, s'il y en avait bien un autre qui pouvait prétendre à Pragése, ça ne pouvait être que lui...
Mmmh ? Il me fait signe. Ne pas retenir mes coups ? Il en est sûr ? Gnnnn... D'accord... mais que si tu en fais de même !

***

Vive comme l'éclair, Faivore se précipita en avant. Elle balança sa Comète d'Argent en direction du Lucario, qui eu juste le temps d'esquiver. Il bondit, fit une pirouette et atterrit juste derrière la Kirlia. Puis il tendit son bras gauche et projeta son grappin depuis son lanceur, en direction de l'épaule de l'autre Pokémon. Mais la femelle était sur ses gardes et dévia le projectile à l'aide de sa chaîne.
Deux secondes s'étaient écoulées.

Le combat se prolongea longtemps de cette manière, avec acharnement et volonté. Les deux protagonistes débordaient d'énergie et rivalisaient de techniques et d'habilité. Même s'ils ne s'infligeaient pas de coups sérieux, on sentait la détermination de chacun. C'était une sorte de danse brutale, saccadée, mais également souple et aérienne du jeune couple. On ne savait pas si une attaque était réellement menaçante ou s'il s'agissait plus d'un don au partenaire. Puis vint le moment où ils commencèrent à utiliser leurs attaques énergétiques. Ce fut Teilaste qui commença par lancer un Danse-Lame qu'il combina avec ses Tornades Occultes, et martela l'Abri que Faivore créa alors pour se protéger d'une attaque possiblement dévastatrice. Mais la barrière finit par se briser, et elle répliqua immédiatement avec une Puissance Cachée. Le Lucario fut alors projeté en arrière par quelques-unes de ces boules énergétiques, puis éloigna les autres avec un Close-Combat. Une fois en « sécurité », il fonça de nouveau sur elle, toutes griffes sorties. Voyant le danger, elle sauta au plafond. Profitant de sa vulnérabilité, Teilaste envoya une rafale de trois Vibrobscur à angles différents, dont l'un deux effleura une des jambes de la Kirlia et la fit trébucher dans les airs, lui faisant rater sa réception. Elle atterrit durement sur un de ses genoux. Et ils continuèrent ainsi durant toute la matinée.

Puis il y eut un temps. Chacun à un bout de la salle, ils se regardaient, le souffle court et haletant. Teilaste avait les épaules qui se soulevaient à intervalle régulier, rapidement. Son regard transperçait quiconque le croisait et les légères étincelles de l'aura couraient le long de ses bras. Il était tellement concentré que chaque respiration de Faivore faisait battre son cœur et chaque mouvement de celle qu'il aimait faisait écho dans ses os. Ne faire qu'un avec sa cible. Anticiper et contrer. En face, la Kirlia ne le quittait pas des yeux non plus. Une petite mèche de ses cheveux maintenant en bataille était coincée dans sa bouche, mais elle ne semblait y porter attention. Ses yeux de rubis scrutaient chaque battement de paupière de son adversaire et sa poitrine se soulevait chaque fois que le mâle inspirait. Observer, analyser et intercepter. S'isoler du monde extérieur sans pour autant l'oublier. Tout leur enseignement refaisait surface, et chaque phrase de leurs tuteurs résonnait dans leur tête. Ils comprenaient désormais le sens de ces mots, et la façon dont ils auraient du réellement les appréhender. Depuis le début du combat, quelques curieux avaient poussé la porte de la salle sans qu'ils y prêtent attention jusqu'à maintenant, et un attroupement de novices et quelques autres élèves plus expérimentés venaient voir ce qui pouvait être le premier véritable combat auquel ils assistaient.

Faivore se redressa. Tout le monde compris que l'assaut final approchait. Elle sortit un peu plus la chaîne de son enrouleur, tenant fermement la poignée reliée à la lame en arc de cercle. Puis elle fit lentement glisser sa main sur les maillons d'aciers. Teilaste attendait l'attaque. Puis sa compagne fit un mouvement sec du poignet, ce qui précipita de nouveau la courbe de fer dans sa direction telle une fusée. Il se prépara à la dévier, mais la Kirlia immobilisa finalement le projectile, leva une jambe, et se mit à tourner sur elle-même. La chaîne fut entraînée, et toute l'arme se mit à décrire un large cercle de métal aux bords tranchants. Le Pokémon au pelage bleuté n'osait plus bouger, le moindre de ses gestes l'exposant à la lame furieuse qui tourbillonnait dans la pièce, dirigée par une main experte qui avait dû passer des heures à affiner cette technique. Au lieu de tenter d'immobiliser l'attaque, il décida de lancer un puissant Aurasphère en direction du cœur de ce cône mortel. La boule d'aura frappa évidement la corde d'acier, qui répercuta une onde de choc dans toute l'arme qui dévia inexorablement. La Comète d'Argent se précipita alors, sans que Faivore ne l'eut désiré, en direction de Drixo, qui observait la scène dans un coin. Voyant qu'elle perdait le contrôle, elle mobilisa toute son énergie sur la lame, qui s'arrêta alors, entourée d'un halo violet-bleu, à la plus grande surprise du Cizayox qui s'était déjà préparé à esquiver. Teilaste vit alors qu'il tenait sa chance. Il se rua sur le Pokémon blanc et se prépara à lui assener un coup dangereux. Trop, selon lui. Il hésita un instant, ralenti son bras qui se préparait déjà à frapper cette créature qui était l'écho de son âme. Et c'est ce recul qui modifia son destin à jamais.

Voyant qu'elle était menacée, Faivore tenta un puissant Psyko sur son compagnon, qui lutta de toutes ses forces. Il avait toujours eu du mal à contrer les attaques mentales, et il devait se concentrer fortement pour ne pas perdre le contrôle de son corps. Profitant alors de son manque d'attention, elle jeta sa chaîne autour du corps robuste du Lucario. Celui-ci se retrouva alors empêtré dans les solides maillons, sans pouvoir faire un geste. Quand l'arme eut finit de l'encercler et de l'immobilier, il se retrouva avec la lame sous la gorge et blêmit légèrement. Les deux iris rouge de sa moitié se posèrent sur lui. Il déglutit. Délicatement, la Kirlia posa sa main sur le manche, passant le bras derrière son cou. Il sentit son souffle tiède et léger sur sa nuque, et la pupille du mâle se rétracta.
Elle l'embrassa sur la joue :
- Gagné, souffla le Pokémon aux cheveux émeraude.
Lentement, elle retira la lame et adressa un franc sourire à son aimé. Celui-ci tomba à terre une fois libéré, fébrile, haletant et encore sous le choc de la défaite si prompte et insoupçonnée. Rassemblant ses esprits, il se releva, se tourna vers elle et s'inclina en signe de respect. Alors tous les élèves laissèrent éclater leur joie, les professeurs ne purent se retenir d'applaudir modestement. On félicita le vainqueur, qui sorti bras dessus, bras dessous avec celui qu'elle avait affronté pendant plus de ce qui représentait 4 heures dans notre monde.

***

Merde ! Ce n'était pas loin !
Pourquoi mon bras s'est-il arrêté ? Mais avais-je vraiment à la blesser ?
Est-ce encore un tour du destin ?

Bon, tant pis, c'est comme ça. De toute façon, il semble qu'elle était bien plus douée que moi. Elle virevoltait, était là un instant, puis ailleurs celui d'après. Elle semblait danser avec sa chaîne, et je n'étais que le piètre acrobate qui lui tenait compagnie, celui que tente tant bien que mal de se faire remarquer alors qu'une étoile brille au milieu de la scène, et qu'elle qui dirige la valse. Bah, j'irai à Nésepe, c'est déjà pas si mal... J'aurai voulu la savoir ailleurs qu'à Pragése, tout de même, l'entraînement est réputé si difficile et je ne voudrais pas qu'elle en souffre. Enfin, si elle m'a battu, moi qui pensais m'en sortir là-bas, elle devrait très bien se débrouiller. C'est vraiment une fille forte.

Non, en réalité, ce qui risque d'être le plus dur...
...
... c'est notre séparation.

***

Une fois les quelques blessures superficielles soignées, la journée se passa sans autres incidents, mais ni Teilaste ni Faivore n'oublièrent leur duel. Néanmoins, ils n'en reparlèrent à aucun moment et continuèrent à rester ensemble jusqu'au renouveau de l'astre nocturne. Les trois jours suivant s'écoulèrent comme à leur habitude, dans le calme, la tranquillité et la paisible lenteur commune à cette ancienne abbaye qu'ils avaient fréquentée depuis trois générations.

Mais au quatrième lever, chaque élève ayant fini sa formation fut pris à l'écart. Les résultats des demandes aux écoles supérieures de combat fini par arriver (le territoire étant petit, les nouvelles et autres courriers circulaient vite), et les tuteurs s'étaient immédiatement disposés à leur indiquer leur orientation. Sans aucune surprise, la Kirlia et le Lucario furent acceptés où ils le désiraient. Chacun avait ensuite la journée pour récupérer leurs affaires, s'habituer à l'idée de quitter l'endroit et se reposer pour le voyage qu'ils devraient entreprendre au prochain lever, à l'aube, et en solitaire pour la plupart.

N'ayant pas beaucoup d'effets personnels, les deux amoureux avaient rapidement préparé leur paquetage, et ne se lâchèrent pas de tout le cycle de l'astre du jour, sachant que cette journée était la dernière qu'ils passeraient ensemble. Ils se promenèrent au milieu de ces murs amis et en profitèrent pour dire adieu à toutes leurs connaissances. Une ultime fois, ils goutèrent à quelques instants de solitude à l'ombre des vieux arbres perdant leurs feuilles à l'approche d'une nouvelle Saison Déchue, dans le petit jardin à l'arrière de l'école. C'est à ces moments que Faivore, la tête sur l'épaule de Teilaste, se laissait aller à la mélancolie de ces moments passés et qui constituaient sa joie de vivre. Ses larmes coulaient d'elle-même, et le Pokémon au pelage bleu voulu les lui essuyer quand il s'en rendit compte, presque immédiatement. Mais elle lui retint le bras.
- Laisse, murmura-t-elle. Ce sont les flots qui irriguent les souvenirs des instants partagés. Je ne veux pas déjà que tu les effaces.
Comprenant sa décision, il retira la main sans dire un mot, un pâle sourire sur les lèvres. Puis, sans qu'il le veuille, ses yeux s'embrumèrent à leur tour et les premières gouttes perlèrent sur son visage. Il ne bougea pas non plus.

Quelques instants plus tard, il vit à travers ses larmes que des petits points brillaient d'un halo bleu-violacé tout autour d'eux, puis s'envolaient pour se rassembler. Les dernières traces d'eau disparurent de son pelage et s'en allèrent rejoindre les autres gouttes qui provenaient toutes des yeux du jeune couple. Toujours conservant les larmes à l'aide d'un Psyko, Faivore se leva doucement et l'invita à le suivre. Lentement, main dans la main, ils s'approchèrent d'une magnifique fleur blanche qui tenait le coup malgré cette période de dépérissement des plantes. Goutte à goutte, elle l'arrosa, puis projeta l'eau restante dans toute la vallée.
- Comme ça, nous seront ici pour toujours, souffla Faivore, souriante
Lui rendant son sourire, Teilaste s'agenouilla alors devant le bouton blanc et étendit sa paume devant les pétales humides. Il ferma les yeux, puis sa patte et la fleur commencèrent à irradier d'une faible lumière bleue. Lentement, patiemment, de fines arabesques verte et saphir commencèrent à se dessiner sur la peau d'ivoire de la plante, qui semblait alors protégée à jamais contre l'usure du temps tant sa beauté ne pouvait penser à être détruite.
Cette fleur, qu'ils avaient déjà fait naître par leur amour, était maintenant une part de leur âme en plus d'être le reflet de leur cœur.

Le Lucario se releva sans un bruit, et se tourna vers le Pokémon à la chevelure d'émeraude. Il lui prit la main, et ils firent encore quelques pas dans l'herbe, sans quitter le regard de l'autre qui luisait éternellement d'une lueur ambre. Ils s'arrêtèrent, admirèrent une dernière fois l'immensité des montagnes, et Faivore se jeta au cou de Teilaste. Ils roulèrent dans l'herbe puis s'immobilisèrent, l'un dans les bras l'un de l'autre, les lèvres posées sur celle cette personne qu'ils aimaient plus que tout au monde, plus que l'astre du jour qui se lève et se couche, plus que la mer qui soupire jour après jour à chaque contact que le vent lui offre, plus que les champs d'or dont les épis de blé de la Saison Auréolée se dressent fièrement devant les immenses montagnes, plus que les nuages qui pleurent dès que la chaleur les oublie, ou qui grondent dès que le froid a tendance à les abandonner. Ces sons qu'ils entendent, ce sont le concert de deux vies qui ne sont pas faites pour se séparer. Les tambours de leurs cœurs indissociables, les vents de leur souffle infini et fusionné par les émotions, les cordes que leur étreinte et multiples contacts affectifs font jouer, mais surtout le chœur qui répète sans cesse ce même mot qu'ils n'ont pas besoin de se dire, car ce qu'ils ressentent lui est de loin supérieur et ne peut être exprimé avec la simple parole et pensée.

Ils restèrent ainsi pendant un temps interminable mais qui leur semblera toujours être un instant. Et quand ils se séparèrent à contrecœur, ils admirèrent à nouveau le coucher de la sphère de lumière, qui sera le dernier qu'ils purent apprécier ensemble. Ils touchèrent mutuellement les anneaux d'encre turquoise comme s'il s'agissait de précieuses bagues de fiançailles, et, main dans la main, ils retournèrent dans leurs quartiers en posant un dernier instant leur regard sur la fleur qui avait été l'éternel témoin de leur relation amoureuse.

***

Le dernier lever qu'ils purent apprécier en la présence de l'autre leur sembla être une véritable torture émotionnelle. Leur ultime étreinte, même si elle eut duré des siècles, leur sembla infiniment courte. Ils s'embrassèrent une dernière fois sous le porche qu'ils avaient franchi ensemble il y a trois générations et, après avoir serré la main une dernière fois à tous leurs camarades de classe (notamment à Drixo et Ngh'snark, à qui ils avaient pardonné depuis longtemps) et échangé une énième tape amical sur l'épaule avec leurs anciens maîtres (Grofen essuya même une larme), ils partirent chacun de leur côté. Teilaste et Faivore ne pouvaient arrêter de se retourner pour voir l'autre moitié de leur âme disparaître sur l'horizon, mais décidèrent finalement que ce n'était pas raisonnable et finirent par se faire un rapide signe de la main.

Après un moment d'inaction, le Lucario décida que c'en était trop pour lui et s'enfuit sur les routes afin de ne pas laisser ses sentiments le rattraper. Des larmes roulaient sur ses joues et s'envolaient dans l'herbe mourante en cette Saison Déchue tout autour de ce chemin poussiéreux qui représentait le sentier de son nouveau destin. Il avait quitté un embranchement de la vie et se dirigeait vers un avenir qui serait tellement différent, simplement à cause de l'absence d'une lumière pour éclairer ses pas.
L'image de Faivore agitant la main en signe d'adieu ressurgit brutalement dans son esprit. Il secoua la tête afin d'oublier rapidement cette pensée empoisonnée qui ne voulait que le forcer à faire demi-tour et renier sa prochaine existence. Puis il redoubla d'efforts pour accélérer sa course et se séparer d'une autre âme.

Loin dans la plaine, sans qu'on ne la distingue vraiment, une ombre flottait au-dessus du sol. Sur ce qui devait être sa bouche, on distingua un large sourire empli de satisfaction et de soulagement.