Dream Team de Domino

- … Woaw !!! Tu…

Jean grimaça, humilié.

- Ça craint… Battu par un Granivol et un Okéoké… j'me sens mal…
- C'est la honte, assurément ! souffla Patty.
- Je t'ai rien demandé !

Moosh tenta de monter les marches. Kévin grommela.

- Moosh, tu comprends pas quoi ?!
- Mais arrête de faire le bébé et viens !!
« Vous faites les bébés tous les deux !!! » songèrent Patty et Jean.
- Mais non, euh !! J'aime pas me battre, Moosh !
- C'est pas ce que je viens de voir !
- Je suis bon pour repousser les gens et détourner l'attention, mais…

Kévin baissa la tête.

- … si pour l'examen de sélection du candidat le plus méritant, on me demandait de me battre pour toi, j'en serais incapable ! Imagine ça ! Pense à ce détail ! Imagine que c'est à cause de moi que tout s'écroule, Moosh !

Moosh haussa les sourcils. Patty trouva la remarque pertinente.

- Ca alors, je suis sûre que Moosh n'y avait même pas pensé ! Hein, Moosh !
- C… C'est pas grave, on t'entrainera ! Je t'entrainerais, et Jean aussi !
- Nan, j'ai trop la honte ! grogna Jean en rappelant ses Pokémon.
- Je refuse !!

Kévin releva la tête, gêné.

- Je refuse d'être entrainé.
- Bah alors c'est pas grave…
- Je ne suis pas et je ne veux pas être un combattant, Moosh ! C'est pour ça que tu dois rebrousser chemin et trouver un meilleur allié que moi !
- Mais… mais…

Moosh se mit à pleurer.

- C'est toi que je veux !!
- Et ça recommence… soupira Patty, atterrée.
- Vu de l'extérieur c'est moins stressant ! admit Jean.
- Mais Moosh…

Kévin pleurait aussi !!

- Moosh, je veux pas être un boulet pour toi !!
- Ce sera pas le cas ! Au pire tu te battras pas, tu resteras en arrière pour nous encourager !
- C'EST UN TRUC DE FILLES !
- Dans ce cas, tu te battras, se battre c'est un truc de garçon, non ?!
- C'est juste moi ou leur conversation est complètement débile ? geignit Jean.
- Débile, répliqua Patty du tac au tac en hochant la tête.

Kévin soupira.

- C'est inconcevable, Moosh, je me refuse à être un combattant.
- Mais pourquoi ?!

Kévin explosa :

- MAIS PARCE QUE C'EST NUL, LA FORCE ! CA SERT A RIEN ! T'AS PAS COMPRIS ??? C'EST NUL, NUL, NUL !!! JE VEUX PAS COMBATTRE, JE VEUX JAMAIS COMBATTRE ET JE VEUX PAS ETRE FORT !

Moosh, Patty et Jean regardèrent Kévin, absolument interloqués.

***

Lorsque Kévin n'avait que dix ans, il se retrouva avec ses parents dans un stade à visionner des matches. Et celui en cours opposait deux grands dresseurs avec leurs Pokémon. Les parents de Kévin étaient uniquement ici parce que c'était un match de charité auquel ils avaient coutume de contribuer. Mais le petit Kévin, lui, s'ennuyait. A l'époque, il était déjà bien intrépide, alors il sortit du stade et se rendit dans le hall d'accueil. Comme là aussi, il n'y avait rien d'intéressant, Kévin se déplaça jusque sur le parking. Il entendit des voix et chercha d'où elles provenaient.

Deux hommes. Face à face. Kévin se cacha entre deux voitures, à quatre pattes, et observa. Mais il ne voyait pas grand-chose.

- Frère…
- Les négociations s'arrêtent là. Je trouve ton projet complètement irrationnel, Rémulus. Tu ne sais pas vers quoi tu t'aventures.
- C'est pourtant très simple, mon frère…

L'homme qui s'appelait Rémulus parut tout de suite étrange à Kévin. Sa voix était étouffée par ce qui ressemblait à un masque de loup.

- Le comté de Holon Nord n'est qu'une stupide et vaste étendue de glace qui n'intéresse personne. Cependant le Sud Holon est une terre désorganisée, politiquement sinistrée et à la population pauvre et sans volonté.

L'homme au masque de loup se frappa le torse.

- Moi, Rémulus Janus, je saurais unifier cette terre et la transformer en puissance mondiale ! Même la Ligue Pokémon tremblera devant moi !! Peux-tu le comprendre, Tarquin ? Peux-tu comprendre mon ambition de créer un nouveau pays ?

Le dénommé Tarquin envoya Braségali.

- J'ai du mal, je dois avouer.
- Je vois…

Rémulus envoya Ptéra. L'oiseau de pierre fonça vers le coq de combat.

- Cru'Aile !!

L'attaque vrombit et frôla presque Kévin, apeuré. Braségali repoussa la créature avec un torrent de flammes. Les deux adversaires criaient des choses incompréhensibles auxquelles Kévin ne pouvait pas comprendre grand-chose. La bataille était violente, des voitures furent défoncées ou brûlées. Kévin tenta de s'échapper mais il fut pris par le souffle d'une explosion qui le projeta dans les airs.

- WAAAAAAAAH !

Le gamin atterrit sur du foin, dans une camionnette. Pas inconscient, il se cacha et attendit la fin de la violente bataille.

On le retrouva quelques heures plus tard. Ses parents le serrèrent dans leurs bras, inquiets. Mais surtout, Kévin avait été traumatisé par la violence de cette bataille. Il était frissonnant et grimaçant, incapable de parler. Il mit une semaine à retrouver l'usage de la parole. Et depuis ce moment, il décida qu'il ne serait jamais un combattant et qu'il ferait tout pour éviter de combattre.

***

- Je vais pas rejoindre ton groupe, Moosh parce que je serais jamais un combattant. J'ai vu un combat si horrible qu'il m'a dégoûté du combat à tout jamais. Si je viens avec toi, Moosh, il y a des chances que je devienne fort et ça c'est hors de question.
- Mais euh… Je m'en fiche.
- Pour le moment, oui, mais viendra un moment où tu ne t'en ficheras plus !

Moosh soupira en baissant la tête. Patty souffla.

- Moosh, ça va, tu connais la musique, non ? Tu ne peux pas obliger…
- C'EST MEME PAS VRAI !

Patty pencha la tête. Jean fit de petits yeux.

- TU SAIS TRES BIEN QUE C'EST MEME PAS VRAI ET QUE JE TE FORCERAIS JAMAIS A DEVENIR FORT !
- OUAIS BAH J'EN SUIS PAS SI SUR !
- AH OUAIS ?
- OUAIS !
- OUAIS ?
- OUAIS !
- Mais quel âge ils ont ??? s'étonna Patty.
- Quinze ans, pourquoi… marmonna Jean.

Moosh et Kévin se tournèrent le dos, les bras croisés, la mine boudeuse.

- J'te cause plus !
- Moi non plus ! grommela Moosh.

Silence. Patty et Jean se regardent l'air de se demander dans quel mauvais film ils sont tombés.

- … et sinon, tu viendrais jouer demain ?
- Ouais, ouais bien sûr… acquiesça Moosh.

Patty et Jean tombèrent à la renverse.

***

Moosh, Patty et Jean avaient accepté de prendre congé et de ne revenir que le lendemain pour discuter à tête reposée. Sur la place, l'effervescence s'était nettement dissipée et il ne restait plus que quelques recrues.

- Bon… On va prendre un hôtel pas loin…
- Un bien, hein ! Un super avec des salles de bains
- Je dormirais dehors…
- Oh nooooon ! geignit Moosh.
« Ca me rassure dans un sens… » songea Patty, méfiante.
- Pourquoi ?! demanda Moosh.
- Je n'ai pas l'habitude de dormir dans une chambre. J'ai passé les douze dernières années de ma vie dehors, je ne pense pas être capable de dormir dans un endroit fermé comme ça.

Patty et Moosh sourirent.

- T'as peur de dormir dans un lit ?! s'étonna Moosh.
- T'as peur de quelque chose ? Le Grand Jean Georges ?! s'étonna Patty.
- J'vais vous tuer ! grommela Jean.

Le trio se dirigea vers un hôtel. Malheureusement la plupart des Ligues s'y étaient déjà établies, certaines fêtant l'arrivée de leurs nouveaux membres.

- Oups…
- … Pourquoi je me maudis de ne pas y avoir pensé avant ?! grommela Patty contre elle-même.

Jean Georges semblait s'en foutre.

- On fait quoi ?! soupira Patty.
- On pourrait camper ! sourit Moosh.
- Ouais, j'approuve le camping, acquiesça Jean.
- JA-MAIS !
- Oh je sais ! Un camping sur la place !

Patty saisit la chevelure blonde de Moosh, folle de rage.

- GHHHHHHH…
- Aouch ! Aouch, Patty tu me fais mal…
- PROPOSE UNE SOLUTION SERIEUSE !
- Je… je sais pas, moi ! On pourrait aller dormir chez Kévin…

Patty lâcha les cheveux de Moosh qui avait les larmes aux yeux.

- Ouille ouille ouille !!
- OUIIIIIIIIIIII ! BRAVO MOOSH !!!
« Mais pourquoi, pourquoi donc les ai-je rejoints ?!! » songea Jean, affligé.
- ALLEZ, ON VA !!

La petite troupe quitta l'hôtel et se dirigea vers la maison de Kévin. Jean et Patty repérèrent Brett Brown et son groupe assis sur un banc pas loin.

Moosh rappela Doduo avant d'aller frapper chez Kévin. On mit du temps à lui ouvrir. Kévin regarda Moosh qui avait joint ses mains pour supplier.

- S'teuplé Kévin, on peut dormir chez toi ?!
- Hein ?
- Steuplé-steuplé-steuplééééééé !!!

Patty poussa Moosh en arrière.

- Excuse-nous, on ne voudrait pas abuser, mais l'hôtel est complet, si ça ne t'embête pas de nous laisser une chambre ou deux…
- Bien sûr, bien sûr… Tant que vous n'essayez pas de me recruter sans mon consentement !
- Un recrutement surprise ! sourit Moosh.
- Exactement ! ricana Kévin. J'veux pas de ça !
- On peut essayer quand même ?
- Naaaaaaaaan ! grommela Kévin.

Patty et Moosh entrèrent. Jean resta sur le pas de la porte.

- … bah entre ! cria Kévin.
- Je… suis mieux dehors !
- Sérieux ? Dernière chance !
- Je préfère dormir dehors. Vous avez un balcon couvert, je peux y grimper ?
- Ouais, sur la façade, le balcon à droite.
- Merci bien.

Kévin ferma sa porte. Patty avait pris la chambre des femmes de ménage. Moosh cherchait une chambre.

- Euh… je peux dormir où ?
- N'importe où.

Moosh plissa les yeux.

- T'es toujours fâché ?
- J'étais pas fâché, j'étais sérieux, Moosh, je ne veux pas devenir un combattant.
- Pour la millième fois, je ne veux pas te forcer ! Demande à Patty ou à Jean si je les ai obligés à quoi que ce soit !

Patty sortit la tête de sa chambre.

- La première chose que tu m'as dit quand je me suis jointe à toi c'est « Hin, t'es pas une combattante, ça me gêne ! »
- Mais euh…
- Et pour Jean, tu l'as harcelé pendant trois jours avant qu'il ne te rejoigne quasiment de force !!
- …
- Alors arrête de raconter des bobards. Bonne nuit Kévin !
- Hm ! salua Kévin.

Patty ferma sa porte. Moosh baissa la tête.

- O… Ok, dans un sens je préfèrerais recruter des combattants… mais y'a pas que ça, hein ?
- Y'a quoi d'autre, Moosh ? Tu as besoin de gens qui savent se battre, pas de faibles qui savent tout juste tenir les gens à distance !

Moosh regarda Kévin, tout dépité.

- Mais on est copains, nan ?
- Ca fait pas tout !

Moosh se dirigea, dépité, vers une chambre.

- Tu sais, si moi j'étais chef de la Ligue, eh bah pour moi être copains, ça ferait tout !

Moosh alla se coucher devant un Kévin dubitatif.

***

Au dehors, un sombre projet se préparait.

Les trois personnes sur le banc se levèrent.

- Je pense qu'il est temps… marmonna Brett Brown en ajustant son chapeau.
- Chef, les trois sont entrés dans cette maison. Je pense qu'on devrait attendre un autre jour qu'ils soient partis…
- Et ce sera quel jour, Revo ? On a attendu, on a étudié les plans de la maison, et là on a une occasion en or en pleine nuit !
- Tu as surtout eu de la chance.

Le patron regarda son bras-droit alors que Monsieur Pilou se complaisait dans un silence béat, sa bouche à moitié ouverte, prêt à baver.

- … Tu as raison, je me gargarise peut-être un peu vite… Tu penses qu'on devrait rediscuter le plan ?
- Non, bien sûr que non, saisissons notre chance et allons-y, une fois là-bas on n'aura plus rien à perdre.

Brett sourit.

- Nous sommes des voleurs après tout…

Il sortit son Spinda.

- Distorsion !

Spinda créa une sorte de grande pièce où l'espace-temps était déformé et pleinement sien. Brett sourit.

- Echange, maintenant, Spinda !!

Spinda tourna sur lui-même et s'illumina de rose.

Les places de Brett Brown et Jean Georges furent échangées, et l'homme des bois se retrouva endormi sur le banc, alors que le groupe de Brett Brown se retrouva sur le balcon.

- Hm ! Oui, nous avons bien fait d'enregistrer cet homme. Cela nous aura été profitable. Entrons dans cette baraque et dévalisons-là.