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Aide-toi et le ciel t'aidera de Kydra



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Informations

» Auteur : Kydra - Voir le profil
» Créé le 18/02/2012 à 15:39
» Dernière mise à jour le 14/03/2013 à 21:13

» Mots-clés :   Aventure   Présence d'armes

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Chapitre 20 : Larcin
Vassili me réveilla. Terreur-des-Hommes était déjà debout ; elle avait l'air encore endormi. Nous devions profiter de l'obscurité pour entrer dans le nid à l'abri des regards indiscrets. Même si je n'étais pas vraiment le bienvenu au milieu des humains, mon compagnon refusait d'y aller seul. Par contre, la Migalos resterait cachée, au cas où les choses tourneraient mal. Nous avions fait la leçon à « Eclair-de-Liberté » pour qu'il restât sagement sur la plage en nous attendant. J'espérais que son expérience précédente le convaincrait de ne pas se lancer dans une exploration des lieux alentours. Avec la frayeur qu'il avait eue, je ne m'inquiétais pas trop. Par contre, j'avais légèrement peur que quelqu'un ne passât, surtout les échangeurs qui l'avaient déjà pris une fois.

Nous arrivâmes devant un nid de taille moyenne. A cette heure, peu d'humains sortaient de leur tanière. Nous étions tous les deux quasiment seuls sur les chemins. Vassili me demanda de l'attendre et entra dans une des constructions. Il en ressortit avec des objets qui m'étaient naturellement tous inconnus. Pour l'instant, tout se déroulait parfaitement bien. J'en étais surpris moi-même. Ceux qui passaient à côté de moi faisaient comme si de rien n'était alors qu'ils n'avaient sans doute pas vu de Pokémon par ici depuis un bon moment. J'imaginais qu'ils étaient plus préoccupés par d'autres soucis que par la vue d'un Insécateur immobile et pacifique dans le nid. Je commençais à me détendre un peu, tout en gardant un œil attentif à ce qui se passait autour de moi. Mon humain allait et venait d'une tanière à l'autre, remplissant progressivement un petit sac tissé par les fils de Terreur-des-Hommes.

Peu à peu, les chemins se remplissaient. Le nid devenait vivant et animé. Après tant de jours passés en compagnie de seulement quelques Pokémon (et un humain !), j'appréciais l'activité, même si elle était humaine. Ils se rassemblaient. La foule devenait de plus en plus compacte. Elle criait, scandait ce qui semblait être des revendications véhémentes. Vassili me fit signe que nous devions partir en vitesse. Cet attroupement soudain n'augurait rien de bon, à son avis. Nos ennemis n'allaient pas tarder à se montrer... En nous éloignant un peu, je remarquai que la masse était relativement réduite. La densité était élevée, mais seulement sur une petite surface. La plupart des rues étaient encore vides un peu plus loin. J'espérais que les humains n'allaient pas soudainement sortir de leurs tanières dans les passages que nous empruntions, je me demandai donc d'où venait l'inquiétude soudaine de mon compagnon.

Nous tombâmes nez à nez avec un soldat au détour d'un bâtiment. L'humain eut une réaction de surprise qui ne dura pas. Il regarda fixement la peau amovible de Vassili, puis le bâton à capacités qu'il portait dans le dos. Une fois remis de ses émotions, le militaire hurla. Il appelait ses coéquipiers. Un petit groupe se détacha du peloton qui entourait la foule. Ils nous en voulaient personnellement, pourtant, nous ne les avions pas embêtés. En même temps, il fallait s'y attendre, nous étions au Nord. Nous nous engouffrâmes dans une petite rue. Au coin, un autre ennemi apparut. En une attaque de mon compagnon, il tomba, gravement blessé. Le bruit de la capacité avait néanmoins permis aux autres de nous localiser, je les entendais revenir vers nous.

La réaction de Vassili me surprit. Au lieu de garder son bâton à capacités, il le remit dans son dos et accéléra sa course. Il se tourna vers moi, sans arrêter de courir et m'annonça qu'il ne pouvait plus l'utiliser. Il allait être difficile de quitter le nid sans pouvoir attaquer à distance. Nous slalomions entre les constructions, espérant ainsi que nos ennemis nous perdissent de vue. Ils connaissaient sans doute bien mieux les lieux que nous, notre pari était donc très risqué. Heureusement, Terreur-des-Hommes devait nous aider, bien cachée. J'espérais qu'elle était en ce moment, quelque part près de nous, en train de stopper les soldats grâces à ses toiles. Nous arrivâmes dans un cul-de-sac. Il y avait juste une petite tanière, entourée par des barrières. Je m'envolai pour les dépasser, portant Vassili entre mes lames. Il était très lourd et je m'élevai trop lentement avec lui, ce qui me fit perdre beaucoup de temps. Je ne pouvais évidemment pas le laisser là pour autant !

Vassili attrapa un bâton surmonté d'une grande lame en arc de cercle posé contre une table, à côté d'un tas de bois découpé. Un soldat apparut en face de nous, il venait de sauter la barrière de l'autre côté. Mon compagnon frappa de toutes ces forces dans le torse de notre ennemi, avant que celui-ci ne réagît. L'humain poussa un cri qui se termina dans un sifflement, puis tomba lourdement au sol, à plat dos. Mon ami retira la lame de son corps. Le sang coula alors plus vite de l'énorme plaie béante. Nous ne devions pas rester là, car déjà, des renforts accouraient. Nous survolâmes l'obstacle par lequel notre ennemi était arrivé, toujours avec autant de difficulté que pour le premier.

De nouveau entre les tanières, cinq humains qui arrivaient en sens inverse des autres nous barrèrent le chemin. Le premier n'eut même pas le temps de réagir, sa tête fut coupée en deux dans le sens vertical par un coup de Vassili. Je tranchai rapidement le cou du deuxième. La tête roula au sol. Le corps, seul, fit quelques pas désordonnés puis s'effondra à son tour. Les deux cadavres provoquèrent chez mon ami un air de dégoût, d'autant plus que l'intérieur du crâne de celui qu'il avait tué s'était répandu au sol. La lame de mon humain était lourde, ses coups étaient lents, mais très puissants. Je devais le couvrir pour lui laisser le temps de se préparer à frapper. Un autre humain allait attaquer ; ils étaient trop nombreux pour tous les stopper à deux. Il fut emprisonné dans une toile. Terreur-des-Hommes n'était pas loin, Arceus soit loué ! Je frappai et il tomba aussi. Les deux derniers, effrayés par les fils qui arrivaient sur eux sans en trouver la provenance, firent demi-tour. Nous n'attendîmes pas une seconde de plus pour fuir. D'autres humains n'allaient sans doute pas tarder à tenter de nous arrêter et ils trouveraient bien la Migalos, à force de chercher.

Dans notre course, nous passâmes devant trois Ponyta, sellés et bridés. Avant la guerre, on en voyait souvent comme ceux-ci près des champs. On les avait attachés à un poteau, devant une grande tanière. Vassili s'arrêta net, quelques mètres plus loin, pour rebrousser chemin. Il approcha l'un des Pokémon retenu par une longe, fixée au licol sous sa bride. Les rênes étaient passées par-dessus l'encolure, enroulées autour d'un morceau de la selle. La main tremblante, Vassili détacha le crochet qui retenait la corde au niveau de la tête. Il passa avec difficulté un pied dans la boucle. Ne lâchant pas son arme, il frappa les flancs du Ponyta de ses talons. Sans doute habitué à être monté par plusieurs humains, sans dresseur ni maître désigné, il ne brûla pas son nouveau cavalier. Le Pokémon s'élança en avant, manquant de désarçonner mon humain. J'eus le temps de voir que d'autres ennemis sortaient de la grande tanière, derrière nous.

Mon ami était agrippé à la partie saillante de la selle et galopait vers les arbres. Nous n'avions fait qu'une cinquantaine de mètres hors du nid, que déjà, il roulait lourdement au sol. Il avait tenté de lâcher sa prise pour faire tourner le Ponyta en direction de la plage et le virage l'avait déstabilisé. Le cheval de feu continua sa course sans se préoccuper de ce qui venait de se passer. J'accélérai pour le rattraper et glissai mon pied dans les rênes qui pendaient, secouées par les foulées rapides. Je pouvais maintenant obliger le Pokémon à me suivre. Je ne savais pas s'il avait vraiment remarqué que je n'étais pas humain moi non plus. Je n'eus néanmoins aucun mal à le ramener aux côtés de Vassili. Il se releva, chancelant, mais remonta en selle. Les ennemis arrivaient, j'entendais leurs pas et leurs cris. Ils sortaient eux-aussi du nid. Aussi, dès que mon humain fut stabilisé sur la selle, je repartis, tirant le Ponyta en avant. Par instinct de survie, Vassili n'avait toujours pas lâché sa grande lame.

Nous arrêtâmes notre course entre les arbres. Ils ne viendraient sans doute pas nous chercher jusque là. Vassili mit pied à terre et surveillait avec moi que personne ne s'approchât de notre position. Je pensais à Terreur-des-Hommes. Elle avait forcément vu que nous étions partis, je n'avais aucun doute là-dessus. Je m'inquiétais plutôt pour son départ, à elle. Après la pagaille que nous avions instaurée parmi les soldats, j'imaginais qu'il ne lui serait pas forcément très simple de quitter le nid en toute quiétude. Etant donné qu'elle avait attaqué pour nous protéger, si un de nos ennemis la croisait, je pensais bien qu'il l'abattrait. Pourtant, je ne pouvais pas retourner en arrière. Je me contentai donc d'attendre un peu, espérant la voir arriver...

Quand nous eûmes repris nos esprits, Vassili remonta en selle. Il me demanda, un peu gêné, de continuer à tenir le Ponyta pendant que nous avancions. Je pris donc les rênes. Le meilleur moyen de retrouver Terreur-des-Hommes demeurait de retourner sur la plage. Je savais qu'elle nous y rejoindrait dès qu'elle le pourrait. De plus, « Eclair-de-Liberté » nous y attendait. Il valait mieux le retrouver le plus vite possible, avant qu'il ne fît une autre bêtise, comme la dernière fois... Nous fîmes tout de même un grand détour pour aller jusqu'à la mer, pour ne pas nous rapprocher trop du nid.

Le Ponyta trottait à une allure régulière, sans broncher. Vassili avait une position qui avait l'air très inconfortable, mais il ne s'en plaignait pas. Il tenait fermement le pommeau et se concentrait manifestement pour rester en selle. Pour diminuer l'ennui sur la longueur du chemin, j'engageai la conversation avec le Pokémon feu. Je posai quelques questions anodines, histoire de détendre l'atmosphère. Mon interlocuteur ne me répondit pas. Je me tus un instant, le regardant dans les yeux. Je n'y vis qu'une expression vide. Il lui manquait la lueur farouche qu'avaient mes compagnons et qui faisait tant ressembler Vassili à l'un des nôtres. On ne pouvait pas dire non plus que le cheval ressemblait à un humain. Non, il me faisait penser à une enveloppe sans âme. Il avait certes des réactions d'être vivant : quand je lui parlais, il me regardait, si je bougeais les rênes, il réagissait. Mais quand je lui parlais, il semblait ne rien comprendre. On eut dit qu'il n'avait jamais rencontré d'autre Pokémon auparavant.

La plage se profila enfin. Pour traverser la zone à découvert qui nous séparait de celle-ci, nous devions être rapides. Un minimum de prudence était requis. Vassili talonna sa monture pour partir au galop vers la mer. Seulement, à la limite des arbres, le Ponyta stoppa, se retenant d'avancer de toutes ses forces, complètement arqué. Il relevait de plus en plus la tête. J'avais beau tirer et Vassili s'énerver, rien n'y faisait. A force d'insister, il finit même par faire quelques pas en arrière, puis se mit à tourner sa croupe autour de son poitrail. Je l'encourageais, mais, tout comme auparavant, il ne me comprenait pas mes mots. Finalement, son cavalier utilisa le manche de sa lame pour le faire réagir. Il lui donna un coup sec sur les flancs. Visiblement agacé, le Ponyta décocha une ruade qui faillit désarçonner Vassili une fois de plus. Heureusement, il réussit à se retenir avec sa patte libre. Je n'attendis pas un nouveau caprice pour foncer, moi aussi.

« Eclair-de-Liberté » nous reçut sur la plage. Il était ravi de nous revoir enfin. Il se jeta sur Vassili pour le lécher abondamment tout en lui annonçant sa joie. Il eut aussi quelques mots à mon égard. Je lui demandais s'il n'avait pas revu Terreur-des-Hommes. Comme je m'y attendais, elle n'était pas passée à découvert, restant bien hors de vue. Si elle n'était pas là au zénith, cela deviendrait inquiétant. Pour l'instant, il fallait lui laisser le temps de revenir.