Chapitre 19 : Roigada VII (Le Bouquet Final 5/5)
-Vous voyez ? Il n'y a plus âme qui vive dans ses habitations.
Mélodelfe venait de faire entrer ses deux amies dans l'une des rares maisons encore intactes.
-C'est étrange en effet, confirma Fragilady. Ce village devait bien abriter des femmes et des enfants, je me demande où ils sont.
-Peut être qu'ils ont eu le temps de s'enfuir ? Espéra Joliflor.
Mélodelfe secoua la tête.
-Je ne pense pas. S'ils avaient eu le temps de fuir en masse sans se faire voir par l'armée de Machocs, ils auraient eu largement le temps d'emporter des choses avec eux.
Joliflor regarda autour d'elle et constata que même les objets précieux ou essentiels étaient toujours là. Comme si les habitants s'étaient volatilisés.
-En effet, confirma-t-elle. Ils n'auraient pas quitté le village sans rien emporter avec eux. Mais qu'en penses-tu, Mélodelfe ?
L'intéressée haussa les épaules.
-Je n'en ai aucune idée. C'est pour ça que je vous ai fais venir.
Pendant ce temps, Fragilady réfléchissait. Dans ce domaine là, également, elle excellait. Elle a su compenser ses handicaps par une foule de qualités qui s'avéraient toujours fort utiles. Après quelques minutes, elle ouvrit les yeux et s'adressa à ses amies.
-Je pense que quelqu'un les a cachés quelque part. Une personne qui était au courant de l'attaque et qui a pu à la fois lever des troupes et mettre les habitants sans défense en sûreté.
-Oui ! Approuva Mélodelfe. Tu dois certainement avoir raison, mais où cette personne à pu dissimuler tant de monde ?
-Je ne le sais pas encore, mais je pense que nous devrions essayer de trouver la personne qui a dirigé cette défense.
-Elle fait peut être partie des survivants ! Proposa Mélodelfe. Je vais aller les voir et je pourrais en même temps m'occuper des blessés !
-Excellente idée, pendant ce temps, Joliflor et moi irons inspecter la maison du chef du village. Peut être y trouverons-nous des indices.
***
-Pousse-toi de là, traître ! Et laisse-moi exécuter l'espion ! Intima l'un des cinq Ramoloss à Horn tout en mettant un pied en avant.
Sans crier gare Horn envoya un fulgurant coup de poing dans le visage du Ramoloss qui s'écroula quelques mètres plus loin. Puis il jeta un regard inquiet vers le petit Métamorph inconscient. Il espérait de tout cœur que quelqu'un arrive au plus vite. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était de le protéger de ces stupides Ramoloss.
-Quand le chef apprendra ton acte de trahison, il vous fera pendre. Toi et ton complice Métamorph.
Horn secoua la tête. Il n'en revenait pas qu'ils puissent être aussi idiots. Il leur répondit une fois de plus que ce Métamorph leur avait sauvé la vie à tous. Mais ils n'écoutaient même pas.
-Ah oui ? Il nous a sauvés ? Lança un autre Ramoloss. Regarde autour de toi, je vois que des morts. Contemple l'étendue de son sauvetage. En plus il a rassemblé nos femmes et nos enfants et peu de temps après ils avaient tous disparus !
-Ouais ! Il les a livrés à l'ennemi !
-Ouais ! Répéta un autre. Il faut tuer les traîtres qui ont offert nos femmes et nos enfants à l'ennemi !
-Tuons les traîtres !
-Oui !!!
Les cinq Ramoloss encerclaient Horn, leur visage était déformé par la haine. Le premier d'entre eux se jeta à l'assaut, beuglant de rage. Le grand Akwakwak regarda Métamorph.
-Si tu m'entends, sache que je crois en toi et que je te protégerais.
Puis il fit face à ses stupides adversaires. Il ne voulait pas les blesser, mais il le fera si cela s'avérerait nécessaire.
***
Le Général Mackogneur était confiant car il contrôlait la situation. Il avait vu ses troupes fuir, mais il ne s'en était pas inquiété. En effet tout cela faisait partie du plan. En cas de problème, les ordres étaient de fuir de champ de bataille afin de se reformer quelquepart et d'attendre le signal du général pour repasser à l'attaque. Il avait entendu les battements de tambour indiquant que le bataillon reformé était prêt pour un nouvel assaut sur le village. Mais en plus de cela, il dominait de loin son adversaire. La petite et frêle Gardevoir commençait à montrer des signes de fatigue et il avait réussi, par la force des choses, à l'éloigner du champ de bataille. Le duel se déroulait maintenant dans un petit bois. Une fois qu'il l'aurait battue, il enverra le signal pour achever les survivants du village. Souriant, il se lança dans un furieux assaut afin d'épuiser son ennemie.
***
La Lame Feuille de Roigada tomba par terre. Il ne sentait plus du tout son bras droit. Sa respiration était saccadée et son cœur battait à tout rompre. Jamais il n'a atteint un tel niveau de fatigue. A plusieurs reprises il s'était sentit partir. Mais il rassemblait sa volonté pour ne pas s'évanouir.
Alakazam paraissait plus en forme que jamais, tailladant de toute part sans laisser une seconde de répit à son adversaire.
-On arrive au bout de ses forces à ce que je vois ! Railla-t-il. Il est temps pour toi de payer !
D'un bon il fondit sur Roigada. Son frère ramassa son sabre de la main gauche et l'interposa de justesse. Il voulait que tout cela cesse.
Il tenta encore une fois de le raisonner. Entre chaque croisement de fer, il essaya de placer un mot ou deux pour capter son attention. Mais il savait que cela était peine perdue. Même dans une situation le combat leur était impossible, Alakazam avait refusé de l'écouter.
Desespéré, il inspira et raffermit la poigne sur son épée et se décida à passer à l'attaque. Il n'avait cherché qu'à se défendre, car il ne voulait pas blesser son frère. Mais maintenant, il en allait de sa survie. Il fallait qu'il interrompe le combat d'une façon ou d'une autre.
***
Alarmée par les sons d'affrontements qu'elle venait de percevoir, Mélodelfe se dirigea au pas de courses dans leur direction. Elle pensait pourtant que l'assaut avait été totalement arrêté et que toutes les forces ennemies avaient déserté le champ de bataille.
Intriguée, elle se dirigea vers la place de la fontaine du village. Elle vit au loin un grand et puissant Akwakwak faire face à cinq Ramoloss en colère. Tout en accélérant son pas, elle vit une petite forme ensanglantée gire derrière l'Akwakwak qui semblait dominer le combat, malgré la supériorité numérique de ses opposants.
-STOP ! Cria-t-elle alors quelle s'approchait encore davantage.
Tous les combattants tournèrent la tête en direction du cri et affichèrent un air d'incompréhension. Tous sauf l'Akwakwak qui posa un genou à terre.
-Chevalier, acceptez mes salutations. Dit-il solennellement.
Mélodelfe était très surprise. Son ordre a été dissous durant dix années et elle ne s'attendait pas à ce que quelqu'un se souvienne encore des règles d'usage. Elle s'approcha de cet Akwakwak et lui posa une main sur l'épaule.
-Salutations, brave combattant. Le Doublon souhaite connaître votre nom.
-Je me prénomme Horn, habitant de ce petit village depuis de nombreuses années.
Des protestations s'échappèrent du groupe de Ramoloss.
-Il n'est pas de notre village !
-Ouais c'est un traître !
-Il faut le tuer !
Puis ils se mirent tous à parler en même temps, transformant le tout en un flot de paroles incompréhensible.
-Silence ! Ordonna Mélodelfe. Horn, que se passe-t-il ?
-Sauf votre respect Chevalier, je sollicite votre aide pour une urgence.
Il se dirigea vers le petit Métamorph bleu inconscient.
-Cette personne a besoin de soins.
A cette mention, les Ramoloss recommencèrent à protester.
Mélodelfe dégaina son Sabre Feuille et le pointa en direction du groupe.
-Le Doublon ne laisse jamais un blessé mourir. Je vais m'occuper de ce Métamorph, et je tranche la langue au prochain que j'entends parler sans mon autorisation.
Elle n'aimait pas être menaçante comme ça, mais elle n'avait pas le choix. Il fallait parfois montrer les crocs pour être respecté.
***
Gardevoir sentait ses forces l'abandonner petit à petit. Elle s'attendait à ce que le combat soit rude, mais pas à ce point. Elle savait bien que les Mackogneurs étaient des êtres très forts et endurants. Mais elle n'avait pas prévu que celui-ci parvienne à anticiper toutes ses attaques. Pour une raison qu'elle ignorait, son adversaire semblait prévoir chacun de ses mouvements. Elle décida donc de tenter une autre manœuvre d'approche.
Gardevoir ferma les yeux et laissa sa force psychique investir tout l'intérieur de son corps. La sensation était très agréable, elle sentit sa fatigue diminuer, ses douleurs disparaître et ses plaies se refermer. Elle avait cessé de compter le nombre de fois où elle avait fait appel à ce pouvoir, mais elle savait à sa puissante et cavalière migraine qu'elle était en train de puiser dans une réserve quasiment vide. Elle n'avait plus le droit à l'erreur désormais.
Aussi vive que l'éclair, elle fondit sur le Mackogneur avec hargne et conviction. Son Sabre feuille traversa sa garde et entailla la poitrine musculeuse de son adversaire. Celui-ci ne tarda pas à contre-attaquer, faisant s'abattre ses quatre lames sur Gardevoir. Elle en para deux et esquiva les autres d'un bond en arrière. Sans perdre une seconde, elle repassa à l'attaque feintant un coup de taille fulgurant. A la dernière seconde elle se baissa afin de balayer son adversaire de son pied droit. Surpris par cette manœuvre inattendue, le Mackogneur ne put esquiver à tant et perdit l'équilibre. Malgré le sang qui lui tambourinait les tempes, Gardevoir se leva et tendit sa main ouverte en direction de son ennemi.
Une force invisible le poussa en arrière, le faisant tomber. Elle pourrait maintenir son entrave psychique mais elle avait besoin pour cela de toute sa concentration, et si elle tentait quoi que ce soit elle ne pourrait pas maintenir son pouvoir actif. En proie au doute, elle attendit une seconde de trop et une violente douleur apparut dans son crâne, la faisant chanceler. Son adversaire en profita pour se dégager de cette emprise psychique. Gardevoir parvint à contrer de justesse un nouvel assaut. Elle avait envie de vomir tellement son crâne la faisait souffrir. Si elle voulait survivre, elle fallait qu'elle mette un terme au combat le plus rapidement possible. Elle réfléchit en hâte et ne vit qu'une seule façon d'en venir à bout. Ce serait la méthode la plus efficace, mais aussi la plus dangereuse. Elle savait qu'un tel assaut risquerait de la tuer elle aussi, au vu de sa fatigue intense.
-« Qui combat jusqu'à la mort, combat pour le Doublon » récita-t-elle pour se donner le courage nécessaire.
En dépit de sa migraine affreusement douloureuse, elle concentra son restant d'énergie psychique en un point précis et se lança à l'assaut. Elle se mit à charger son ennemi à toute vitesse, puis à la dernière seconde, elle relâcha son pouvoir. Une force invisible frappa la tête de Mackogneur, qui en tomba à la renverse. Gardevoir cria pour ne pas succomber à la douleur et dans sa fulgurante charge, enfonça son Sabre Feuille dans la poitrine de son adversaire.
L'immense masse musclée lâcha ses armes et s'écroula au sol, tel un pantin dont on venait de couper les fils. Gardevoir se laissa tomber de fatigue, décontractant ainsi tous ses muscles. Elle resta allongée dans le sol herbeux de la forêt durant plusieurs minutes, jusqu'à ce qu'elle puisse percevoir des sons d'entrechoquements de lames. Même si les bruits paraissaient éloignés, chaque coup accentuait sa migraine. Après avoir récupéré quelques forces, elle parvint à se lever. Avant de se diriger vers les sons, elle se posta devant le cadavre du Général Mackogneur.
-Tu as combattu jusqu'à la mort. Rien que par ce geste, tu as prouvé qu'un quart de ton âme était un Chevalier. Le Doublon honorera ta mort comme si tu avais été l'un des nôtres.
***
Le rubis sur le front de Crefollet se mit à briller d'une lueur intense. De son regard perçant, le petit dieu des Emotions chercha d'où pouvait provenir un sentiment si puissant. A partir de sa fenêtre magique, il avait une vue imprenable sur le monde entier. Visiblement, beaucoup de gens laissaient s'exprimer leurs plus fortes émotions en un même endroit et Crefollet voulait savoir d'où cela pouvait provenir. Il demanda à son âme de localiser la source de cette manifestation. Son esprit chercha, puis transmit les coordonnées à sa fenêtre. L'image du ciel étoilé commença à se brouiller, pour laisser place à la vue d'un village en ruine.
Les morts ce cet endroit étaient malheureux. Crefollet pouvait sentir leur tristesse et leur chagrin, à tel point qu'une larme coula sur sa joue. Il n'aimait pas quand les gens étaient malheureux et cela le faisait pleurer à chaque fois. Mais il ne pouvait rien faire pour ces pauvres âmes perdues. Mais les morts n'étaient pas les seuls à ressentir quelque chose en cet endroit. Crefollet put percevoir d'autres sentiments et tout en reniflant, il laissa son âme les localiser. Dans une clairière, non-loin du village pulsait une puissante vague de haine, si puissante que cela donna des palpitations à Crefollet. La haine était un poison et il le savait bien, et il eut pitié pour l'âme qui en souffrait ainsi.
Qui que ce soit, il doit être bien malheureux. Pensa-t-il.
Il se détourna de cette vision troublante et se dirigea vers ce qui lui semblait être une profonde inquiétude. Crefollet se laissa porter par cette vague et s'inquiéta lui aussi. Il comprit très vite qu'un être allait mourir et que la personne à son chevet lançait un appel vers le ciel pour que quelqu'un le sauve. Une infinie fierté s'empara de Crefollet. Ce qu'il aimait le plus au monde, c'était de voir des personnes se soucier pour la vie des autres et de se battre pour les protéger. Il avait pris sa décision, il allait faire appel à son ami.
A peine avait-il envisagé de le chercher qu'il apparut en face de lui, tous sourires.
-Salut ! Tu m'as appelé ?
Crefollet n'arrivait pas à croire que son ami puisse être aussi vivace et réactif.
-Bonjour Jirachi, j'ai besoin de ton aide. Regarde par la fenêtre.
L'intéressé observa le monde, puis il perçut à travers tout le tumulte ce qu'il percevait le mieux.
-Un vœu ! S'exclama-t-il. J'entends un vœu ! Tu veux que je le réalise, c'est ça ?
-Oui, mais seulement s'il te parait juste, écoute-le en entier.
Jirachi tendit l'oreille vers la fenêtre magique.
-Oui ! Oui ! Oui ! Je vais le réaliser !
Crefollet serra son ami dans ses bras.
-Merci, tu es génial.
-De rien ! Tu viens jouer avec nous ?
-Je ne sais pas…
-Allez ! Viens ! On va bien s'amuser ! On allait justement commencer une partie de cache-cache et cette fois c'est Mew qui compte !
-Bon d'accord ! Je viens !
***
Métamorph était incapable de déterminer comment il se sentait ni l'état dans lequel il était. Pour commencer, il ne voyait rien. Ensuite, ce qu'il entendait était tellement confus et lointain qu'il ne parvenait pas à identifier ce que cela pouvait être. Ce qui s'était passé juste avant son évanouissement demeurait très clairement dans son esprit. L'arrivée des Chevaliers, la perte de sa couverture, le coup d'épée et Horn. Son cœur s'emplit de joie au souvenir de cet instant.
Le Psykokwak s'était interposé entre lui et les Ramoloss qui cherchaient à le tuer. De toute son existence, personne ne l'avait jamais protégé ainsi. Métamorph avait envie de le remercier, mais il ne savait pas du tout où il se trouvait. Alors qu'il errait sans but dans cet endroit inconnu, quelqu'un lui attrapa la main et le tira dans une direction. Il se laissa d'abord porter sans rien dire, mais il finit tout de même par s'exprimer.
-Qui es-tu ? Et où m'emmènes-tu ?
Une voix juvénile et joyeuse lui répondit.
-Vers la bonne direction. Quelqu'un à souhaité que tu vives, alors je te mène jusqu'à la vie.
-Veux-tu dire que je suis mort ?
-Pas loin, confirma la petite voix. Mais c'est du passé maintenant.
-Pourquoi fais-tu ça pour moi ? Demanda Métamorph.
-Parce que ça me fait plaisir de réaliser les souhaits des gens quand ils sont sincères et désintéressés.
Quelques temps s'écoulèrent, puis la voix joyeuse reprit.
-Voilà nous y sommes. Tu ne vois rien, mais ne t'en fais pas. Fais dix pas droit devant toi. Et remercie la personne qui a souhaité ta survie car sans elle, tu serais mort à l'heure qu'il est. Allez Salut !
Comme la petite voix lui avait indiqué, il fit un premier pas vers l'avant. Les sons qu'il avait entendu semblaient à présent moins éloignées, mais il ne parvenait toujours pas en déterminer quelconque sens. Plus il avançait, plus les bruits s'intensifiaient et se clarifiaient. Il prit peur à mi chemin. Peut être qu'il valait mieux qu'il reste mort. Peut être que c'était là l'occasion de rencontrer son père et de lui mettre un coup de poing dans la figure. Puis la petite voix lui revint en mémoire. Une volonté a souhaité qu'il vive, Il ne pouvait pas la trahir. Métamorph rassembla son courage et fit les cinq derniers pas avant de commencer à chuter.
-Il ouvre les yeux ! S'exclama une voix grave.
-Oui ! C'est un véritable miracle ! Approuva une voix féminine.
Une déchirante vague de douleur s'empara de Métamorph. Elle partait de sa poitrine et se répandait dans tout son corps.
-Attention ! Il Souffre ! S'inquiéta la première voix.
-Je m'en occupe, assura la seconde.
Il entendit alors une douce musique apparaître. Un chant mélodieux et d'une délicatesse presque magique. Il essaya d'en comprendre les paroles, mais il sentit une puissante torpeur s'emparer de lui. Une saine fatigue qui envahit tout son esprit et le porta sur un nuage de coton vers le monde de Cresselia.
***
Mélodelfe acheva son chant et constata que le petit patient dormait paisiblement. Elle regarda autour d'elle et vit que sa chanson avait affecté tout le monde autour d'elle. Le groupe de Ramoloss à l'entée de la pièce étaient affalés les uns sur les autres et ronflaient la bouche grande ouverte. Assis sur une chaise au chevet de Métamorph, le grand Akwakwak dormait également.
Mélodelfe voulut d'abord le laisser dormir, mais lui seul semblait savoir ce qui s'était passé. Elle posa alors sa main sur le front de Horn qui s'éveilla en une demi-seconde.
-Comment va-t-il ? Fut sa première question.
-Il est tiré d'affaire, lui assura Mélodelfe.
-Je ne sais comment vous remercier, dit Horn reconnaissant.
-N'en parlons plus. En revanche j'ai quelques questions à vous poser.
-Tout ce que vous voudrez.
Il enchaîna sur un long récit ou il expliqua tout ce qu'il savait. La vision de sa fille, le lien entre son village et le clan des Machocs, la réaction du chef du village, l'attaque nocturne, l'apparition de Métamorph ayant usurpé l'identité du chef du village pour assurer la défense du village, l'intervention des Chevaliers et enfin la découverte de la vérité sur Métamorph.
-Si j'ai bien compris, tenta de résumer Mélodelfe. Ce village entretenait des rapports très amicaux avec les Machocs jusqu'à ce que ces dernies décident à les attaquer en pleine nuit.
-C'est bien ça.
-Et quand votre fille à eu la vision de l'attaque quelques jours avant, le chef du village vous a ri au nez quand vous êtes venu l'avertir.
-Oui, et d'ailleurs ma fille s'est rendue au château royal pour prévenir le roi. Mais visiblement il n'est pas intervenu.
Mélodelfe sourit.
-C'est là que vous vous trompez Seigneur Horn, C'est lui-même qui nous a appelés. A mon avis, tel que je le connais, il est en train d'agir au péril de sa vie d'une façon ou d'une autre.
-Cela veut dire que ma fille est arrivée saine et sauve ?
-Je ne sais pas, avoua Mélodelfe. Mais si elle pu avertir notre Roi, elle doit certainement être en sécurité dans le Château.
Horn poussa un gros soupir de soulagement.
-Ensuite, au milieu de la nuit, votre chef du village s'est levé et à organisé la défense contre l'attaque qui allait avoir lieu ?
-Oui, c'est bien ça. Nous étions à mille lieux de nous douter que cela pouvait être un usurpateur.
-Imposture ou non. Cela vous a sauvé la vie à tous. Car si personne ne vous avait préparé à cet assaut, vous seriez tous morts dans vos lits et nous serions arrivés trop tard.
-C'est bien pour cette raison que je l'ai protégé. Je ne voulais pas que ces stupides Ramoloss le tuent.
-Vous avez eu rai…
La porte de la maison s'ouvrit, interrompant la conversation. Mélodelfe vit Joliflor et Fragilady entrer, elles portaient toutes les deux un prisonnier ligotés de lianes. Un Flagadoss et un Machoc.
-Regarde ce que nous avons trouvé. On a essayé de les cuisiner un peu, mais ils refusent de parler.
Joliflor tira le Flagadoss et, faisant fi de ses protestations, fouilla dans le grand Kokiyas qui lui mordait la queue en extirpa une grosse pépite d'or.
-Voilà qui devrait répondre à pas mal de questions, conclut Mélodelfe.
-En revanche, je n'ai rien pu obtenir de ce Machoc au sujet des femmes et des enfants du village. Informa Fragilady.
Mélodelfe porta son regard sur Horn.
-Sais-tu quelque chose à leur sujet ?
Il leva les mains.
-Je ne sais pas. Quand Métamorph à organisé les défenses, il a ordonné de rassembler tout les membres vulnérables du village. Mais comme nous étions tous absorbé par nos tâches, nous n'avons pas vu ce qu'il en était advenu.
-L...La…fon…
La voix de Métamorph était faible et incompréhensible. Tous se penchèrent à son chevet.
-La…fontaine…Portez…moi.
Sans attendre, Horn s'assit sur le lit. Métamorph escalada son dos avec difficulté.
-Suivez-moi ! Annonça le grand Akwakwak.
Horn se leva et se dirigea vers la Place de la Fontaine du Village, suivis par les trois Chevaliers.
***
Alakazam était au comble de l'extase.
Il maintenant son ennemi au sol avec son Sabre Feuille. Il pouvait à présent lui transpercer le cœur.
-Maintenant, tu va connaître la mort ! Jubila-t-il.
Si Roigada était effrayé, il n'en laissait rien paraître. Seule la tristesse apparaissait sur son visage.
-Je ne t'ai pas remplacé, Nost.
Alakazam sentit quelque chose en lui, très légèrement se serrer. Il cria.
-Rha ! Menteur ! Tu crois sincèrement que tu vas t'en sortir aussi facilement ? Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour me dire ça ?!
-Je n'ai jamais cessé de te le dire. C'est plutôt à moi de te demander pourquoi avoir attendu aussi longtemps avant de m'écouter ? Depuis le jour où tu es parti, je n'ai cessé à te faire parvenir des lettres. Une par semaine.
Ce quelque chose se serra encore davantage dans la poitrine d'Alakazam.
-Je les ai brûlées ! L'une après l'autre ! Ce que j'ai vu, ta trahison et le manquement à ta promesse m'ont amplement suffit ! Tu m'as volé toutes mes idées ! Tu m'as volé ma fille ! Tu m'as remplacé et jeté comme un déchet usé !
Une larme coula le long de son visage, puis il se mit à ricaner de folie.
-Alors ?! Où est ton ami Dracolosse ? Celui que j'ai vu à tes côtés lors de ton couronnement ? Ne va-t-il pas venir te sauver ?
-Ce Dracolosse est mort quelques jours après mon couronnement, et ce n'était pas mon ami. Ce que tu dis confirme que tu n'as lu aucune de mes lettres.
-N'essaie pas de me berner ! Tu m'as éloigné du trône ! Pour te faire couronner dans mon dos ! Alors que tu m'avais promis qu'on règnerait ensemble !
-Oui, je me souviens de notre promesse. Et je n'ai jamais voulu la trahir. Lors de mon sacre, j'ai cassé la Roche Royale en deux et depuis ce jour, la moitié qui te revient t'attend toujours.
-MENTEUR !
Alakazam enfonça sa lame contre la poitrine de Roigada. Une goutte de sang perla.
-Vas-y. Tue-moi. Je me suis préparé à ce moment. J'ai toujours su que tu étais le plus fort de nous deux au combat. Il faudra juste que tu garde à l'esprit que je t'aurais aimé jusqu'à mon dernier souffle, mon fre…
-SILENCE ! Hurla Nost en enfonçant poussant son épée contre lui.
Il ne pouvait plus écouter Roigada, cela faisait trop mal.
La tête de son frère roula sur le côté. Une flaque de sang naquit autour de son corps allongé au sol.
-Papa ! Qu'as-tu fais ?
Alakazam regarda derrière lui et se trouva nez-à-nez avec sa fille. Elle était là, debout et essoufflée. Papa. Le mot résonna dans son esprit déchirant son cœur. La puissance ne sa Némésis venait de s'évanouir. Il venait de tuer son propre frère, aveuglé par la haine. Une immense vague de tristesse s'empara de lui. Il se prit la tête dans les mains et hurla.
***
Constituée de quatre Léviators taillés dans la pierre crachant des jets d'eau retombant dans un bassin rond, la fontaine était vraiment une œuvre magnifique. Mélodelfe, Joliflor et Fragilady étaient déjà en train de l'examiner en détail tandis que Horn approchait en trottinant. Il ne courait pas vite, par peur de meurtrir son passager blessé.
-Voilà, je suis à la fontaine.
Métamorph lui demanda de le laisser descendre de son dos. A peine fut-il sur pied qu'il se métamorphosa en un petit Roucool. Horn le regarda décoller et se poser sur l'une des grandes têtes de Lievator et presser quelque chose avec son bec. Un bruit sourd retentit et les jets d'eau se désagrégèrent avant de totalement disparaître.
Le bassin se vida petit à petit, révélant une grille métallique au fond. Métamorph décolla, et sous le regard étonné des Chevaliers, adopta la forme d'un Mackogneur. De ses quatre puissants bras, il attrapa et souleva la grille. Epuisé, Métamorph perdit le contrôle et réintégra sa forme d'origine en lâchant son fardeau qui retomba avec fracas.
Fragilady se précipita dans sa direction et le prit dans ses bras.
-Ne te force pas, dit-elle avec douceur. Tu es encore blessé.
Métamorph la regarda dans les yeux.
-Descendez… par cette...gril… Parvint-il à dire avant de s'évanouir.
Horn s'avança et s'adressa aux Chevaliers.
-J'y vais, prenez soin de Métamorph.
Les intéressées opinèrent et laissèrent le volontaire emprunter l'accès déverrouillé.
Plusieurs minutes après sa disparition, la tête d'une femelle Ramoloss apparut dans l'ouverture. Elle fut suivie par trois petits. Puis d'autres sortirent à la suite, des femmes, des enfants et des anciens.
Bientôt la place se retrouva pleine d'une cinquantaine de personnes. Horn sortit en dernier et se dirigea vers Mélodelfe, tous sourires.
-Métamorph à dissimulé tout le monde dans le lac souterrain qui alimente la fontaine ! En plus de protéger le village, il a sauvé tout les membres sans défenses !
Mélodelfe se tourna vers le Flagadoss prisonnier en désignant Métamorph.
-Cette personne à beau être d'une apparence différente de la vôtre. Mais il a été un plus grand chef que vous ne le serez jamais.
***
Gardevoir était au bord des larmes, en proie à des sentiments contradictoires. Voilà dix années qu'elle n'avait plus vu son père. Il était parti le jour du couronnement d'Oncle Roigada, sans dire au revoir. Elle s'était souvent imaginé comment elle réagirait si elle le reverrait. Et maintenant qu'il était en face d'elle, plusieurs émotions la tiraillaient.
Elle s'était toujours imaginée se jeter dans ses bras et lui demander en pleurs pourquoi il ne lui avait plus jamais donné de nouvelles, mais une flamme de colère s'empara de son âme quand elle le vit enfoncer sa lame dans le corps d'Oncle Roigada.
-Papa ! Qu'as-tu fais !?
A la vitesse de l'éclair elle se rua vers le corps allongé du roi. Elle se mit à genoux dans la flaque de sang et chercha le pouls. Son cœur se serra quand elle constata que celui de son oncle ne battait plus. Elle se retourna et adressa à son père un assassin regard chargé de larmes.
-Tu l'as tué ! Comment as-tu pu tuer ton propre frère ?
Sans attendre la moindre réaction, la haine s'empara du corps de Gardevoir. Elle dégaina son sabre et se jeta sur Alakazam. Les lames se croisèrent.
-Pourquoi es-tu parti ? Pourquoi m'as-tu abandonné ? Pourquoi as-tu tué la personne qui t'aimait le plus au monde ? Tu es un monstre !
-TAIS-TOI ! S'énerva Alakazam. Tu ne sais rien ! Tu n'as pas le droit de me juger !
Les épées s'entrechoquèrent à plusieurs reprises, les deux combattants étaient d'une agilité hors du commun.
Sans dire mot, Gardevoir se désengagea du duel et courut en direction du corps de Roigada. Elle le serra contre elle et usa de ses dernières forces pour se téléporter.
A présent, elle se trouvait au sommet d'une colline. Délicatement, elle déposa le corps sans vie du roi sur un épais tapis d'herbes. Il ne lui restait que peu de temps.
Gardevoir appliqua ses deux mains sur la poitrine de Roigada et plongea son âme dans les entrailles de son corps. La migraine reprit aussitôt. Il ne lui restait plus d'énergie psychique, elle serait donc obligée de puiser sans ses ressources vitales pour le ramener à la vie. Elle commença par refermer toutes les plaies.
Son premier réflexe aurait été de relancer le cœur, mais si elle le faisait, elle aggraverait l'hémorragie interne. Gardevoir concentra donc ses forces dans la réparation des tissus meurtris. La migraine devenait insupportable, à tel point qu'elle dut attraper le bout de sa cape et le mordre pour ne pas succomber à la douleur.
Quand elle sentit le corps de Roigada se raidir, elle paniqua. Il ne fallait surtout pas que cela arrive. Elle déchaîna une vague psychique sur le cœur pour tenter de le relancer. Un premier battement retentit, mais rien de plus. Un sentiment de désespoir s'empara de Gardevoir, elle n'arrivait plus à utiliser ses pouvoirs.
Elle venait de donner tout ce qu'elle avait et il ne lui restait plus assez de force pour puiser dans son énergie vitale. Résignée, elle éclata en sanglots. Le soleil pointa le bout de son nez au moment où une voix grave et puissante retentit de derrière elle.
- Pousse-toi. Je m'en occupe.
***
Roigada sentit une immense vague de douleur lui déchirer la poitrine. Quand il parvint à ouvrir les yeux, une vive lumière l'aveugla. Il avait la sensation de brûler. Le sang lui tambourinnait les tempes. Une silhouette floue semblait se dessiner de cette lumière éblouissante. Puis il entendit une voix familière lui parler.
-Oncle Roigada ! Vous m'entendez ?
Il reconnut le timbre de Gardevoir.
-Ou…i…Parvint-il à dire.
Plusieurs minutes plus tard, il se retrouva assis au sommet d'une colline. Le soleil venait de se lever. Gardevoir était là, à genoux. Ses yeux étaient embués de larmes. Roigada porta sa main à sa poitrine et constata que sa blessure avait disparue.
-Suis-je en vie ? Demanda-t-il à sa nièce.
-Oui, vous êtes vivant ! Je suis si heureuse !
Doucement, elle se blottit contre lui.
-Est-ce toi qui m'as sauvé ?
Gardevoir posa son regard dans celui de son oncle.
-J'ai essayé. Mais ce n'est pas moi.
C'est à ce moment là qu'il comprit. Il ne connaissait que deux personnes capable de ressusciter.
-Où est-il ?
-Il vous a soigné et il est partit aussitôt sans dire mot.
Roigada se leva avec difficulté et porta son regard en direction du village. Les habitants étaient à la fête. Beaucoup de maison avaient brûlé, mais la plupart des habitants étaient sains et saufs. Le village allait renaître. Heureux, il se dirigea vers Gardevoir en boitant.
-Descendons et allons profiter des festivités.
Une vague de bonheur s'empara de Roigada. Depuis tout ce temps, en dépit de tout. Il avait eu raison d'y croire. Les Chevaliers du Doublons avaient répondu à son appel, et grâce à eux le village était sauf.
Mais surtout, il avait retrouvé son frère.
FIN